Voyageuse de la Caverne Mystérieuse (Quête)
Votre thérianthrope préférée (Event 10 ans)
Votre virtuose préférée (Event 10 ans)
Le membre le plus gentil (Event 10 ans)
Le membre avec qui vous préférez RP (Event 10 ans)
Sainte Holy Priez pour nous (Spécial)
Bénie par la Lune de Sang (Spécial)
Assise en tailleur sur le sol moussu des marais, je dus attendre quelques secondes pour que le monde cesse de tourner devant mes yeux. Lune, dans le même état d’épuisement général que moi, se couchai non loin en étendant ses ailes sombres sur les côtés. Je m’étais donné en spectacle et je n’aimais pas beaucoup ça. Pour une artiste de renommée, mon image se devait d’être impeccable en toutes circonstances… J’observais Styx du coin de l’œil, stoïque, sa posture aussi droite qu’à l’accoutumé, il m’était impossible de deviner ses pensées. Je l’observais encore lorsqu’il s’approcha de l’un des crapauds géants, je sentais encore la vie en lui, et qu’il commençait à me parler. Le vampire me tournait le dos mais je pus ressentir avec précision le moment où l’animal poussa son dernier soupir.
Je détournais enfin le regard, trouvant les reflets de la lune sur l’eau vaseuse du marais soudainement beaucoup plus intéressant. Et alors qu’il reprit la parole, je sortis de ma besace un de mes nombreux gâteaux aux gingembres et aux épices quelque peu… Particulières. Un tel dosage pour un humain aurait été mortel, mais pour un thérian au métabolisme ultra rapide c’était un bon moyen de retrouver des forces rapidement (une vieille recette de grand-mère). Après plusieurs bouchées je me sentais déjà beaucoup mieux et alors que je me tâtais à prendre le risque de me relever, ses derniers mots ures l’effet d’une douche glacé : ma magie, mes émotions, mon manque de contrôle. Tout ça pouvait me tuer.
Je mis du temps à répondre, fuyant le regard… Différent ? Du dévoreur. Je réfléchissais. Méditant sur ses paroles pleines de sagesses. Je finis la dernière bouchée de mon gâteau en fixant un point invisible au loin, puis poussant un profond soupir je me mis sur mes deux pieds. Je pris le temps de défroisser ma tenue bonne à jeter, plus pour la forme que par réel intérêt.
« Regarde là-bas, Holy, quelque chose brille ! » S’étonna la louve qui s’était elle-même relevée. Elle trottina vers l’objet en question et je la suivis.
« Je ne peux qu’être d’accord avec cette idée, Styx. Je capte des milliers d’émotions par jours, sans le vouloir. Pourtant je ne sais toujours pas contrôler les miennes… C’est frustrant. Par ailleurs je doute que la Lune ne me laisse ne serait-ce qu’une seconde chance si je venais à perdre le contrôle au point de… Eh bien, au point de me tuer… J’espère juste que ce jour-là, je n’emmènerais personne avec moi… » Je me penchais finalement vers cette lumière, marquant quelques poses dans mon monologue pour lancer quelques coups d’œil discret au vampire. Ce qui était posé là, sur le sol boueux des marais. C’était une plume noire comme la nuit, brillant faiblement d’une lueur bleutée.
« J’ignorais que tu pouvais perdre des plumes, Lune. Marmonnais-je avec surprise.
-Moi aussi. » Dit-elle en la scrutant également.
Je la pris et au contact de ma peau, je sentis comme un écho. Un écho de mes émotions, un écho de mon âme. Sous mes yeux ébahis elle se transforma, se durcissant comme de la pierre à l’image des plumes de stryge. Si on ne le savait pas, on pourrait croire à une pierre taillée avec précision. Elle rentrait facilement dans la paume de ma petite main. Elle était noire comme la nuit mais on pouvait voir par légère transparence une lumière bleutée pulser paresseusement à l’intérieur. Je me rapprochais enfin du vampire. Mon regard plus franc, j’avais fini de remettre de l’ordre dans mes idées. « Cette virtuose, pourrais-je la rencontrer ? Peut-être pourrait-elle m’apprendre à ne plus avoir peur de ce que je suis… » Il était difficile de révéler ses faiblesses, mais après tout j’avais réussi à les démontrer avec brio un peu plus tôt, alors les nier ne servait plus à rien.
Attendant sa réponse, je m’accroupis près de l’animal éviscéré en fronçant le nez, l’odeur était vraiment pire qu’il n’y paraissait. Faisant fi de mon odorat de limier, je sortis une fiole de mon sac et tentais de récolter un peu de bave comme le vampire avant moi. Le rendu n’était pas aussi propre mais j’étais plutôt fière d’avoir réussi toute seule.
« Je ne voudrais pas être la personne qui boira cette potion… C’est… Vraiment dégoutant… » Bougonnais-je en lorgnant le liquide visqueux à l’intérieur de la fiole.
Me redressant rapidement, je respirais soudainement beaucoup mieux. Je rangeais mon nouvel ingrédient dans le compartiment adéquat avant de m’essuyer les mains sur mes habits sales. Mon regard se posa à nouveau sur la lune, presque, pas tout à fait totalement pleine.
« Il serait peut-être temps que je rentre, cette nuit à déjà été beaucoup trop longue pour moi, et les prochaines le seront tout autant, j’en ai bien peur. » J’avais dit les derniers mots sur le ton amusé qui m’allait si bien, on pouvait sentir la hâte que je ressentais à y être, accompagnée d’un sourire qui découvrait mes petits crocs canins.
Sur le départ, je m’approchais de Lune afin de grimper sur son dos mais je m’immobilisais dans mon geste, me retournant vers Styx, je lui tendais la petite plume de pierre.
« J’ai entendu dire que lorsqu’un stryge offre l’une de ses plumes, c’est un symbole de pur respect. Je voudrais que tu la gardes, s’il te plaît. Lune n’est peut-être pas une stryge mais elle a l’apparence d’un manegarm et c’est au moins aussi mystique. Puis je sortis quatre billets rouge et doré de ma sacoche (le sac de Mary Poppins, tu connais ?) que je tendis également au dévoreur. « Je n’en ai que quatre sur moi mais tu pourras toujours venir accompagner. C’est des billets VIP pour le cirque. Places au premier rang, boissons et maïs soufflé offert et visite des coulisses, évidemment. » J’attendis sa réponse, espérant qu’il accepterait mes cadeaux, mes prunelles bicolores pétillants.
Puis je m’éloignais, non sans effectuer l’une de mes élégantes révérences avant de sauter sur le dos de la louve.
« Bien, nous voilà parti. Je suis ravi d’avoir croisé votre route, Sir Sobek Elpoemer de Château-Rouge. Que la Lune vous baigne de sa douce lumière pour l’éternité. » Et d’un bon, Lune se projeta dans les airs, prenant de l’altitude pour voler au-dessus de la cime des arbres, direction Sylfaën.
Il terminait l'extraction de son ingrédient avec la même habitude dont il avait fait preuve au commencement; l'une de ses griffes rompait totalement la muqueuse buccale du monstre, il laissait retomber le cadavre mou, dépourvu de mouvement, comme il se retournait pour avancer vers Holy et s'assoir sur un rondin qui se tenait au milieu de ce bout de marais.
La lune brillait doucement, et dans l'eau à ses pieds, il parvenait à distinguer encore ce ravissant reflet qu'était le sien, mais à ses côtés, désormais se tenait la charmante petite thérianthrope, et il déportait ses yeux verts de sa projection à la sienne. Finalement, certains Dùralassiens étaient loin d'être insupportables ou inintéressants, peut-être devrait-il songer à sortir de son Massif. Pour sur, il avait mal pris qu'elle ne se déchaîne à son encontre, et peut-être même envisagé une revanche tôt ou tard... Mais là, comme il s'allumait un joint, sous une Lune radieuse et le corps satisfait de l'exercice du combat, il se fit honte. N'avait-il rien appris ? Les vendettas personnelles, la haine, la colère, étaient des choses triviales et sans importance, distillées dans les effluves du temps comme des cristaux de glace en plein été, destinés à disparaître sans laisser de traces. Alors il secouait la tête, et fermait les yeux un court instant, se laissant bercer par les notes mélodieuses de la voix d'Holy. Un timbre innocent, mais pas naïf, doux, mais pas passif, plein d'une énergie et d'une volonté qu'il n'entendait pas beaucoup au milieu des paroles parfaitement calculées des salles de bal.
Une voix qu'il avait oublié depuis Shakti et Hevoria.
Il l'entendit discourir a propos de ces pouvoirs qu'il avait vu se manifester de manière si violente, en contraste complet avec sa nature, fruit d'un manque d'expérience sans doute, mais rien d'inquiétant. Parfois cela lui manquait la perte de contrôle, pas celles que lui offraient ses humeurs changeantes, mais ses débuts en tant que magicien, où des vagues l'entrainaient parfois au fond d'un déluge de puissance et qu'il en résultait les pires catastrophes qu'il n'ait jamais faites. Un temps loin de ses approches maitrisées et de son éternelle réflexion machiavélique (au sens métaphysique). Il ne répondit pas à Holy sur ce point, ces choses là ne peuvent se prédire ou s'éviter. Il avait tué, à tour de bras, jadis, et il pria seulement l'univers qu'Holy en soit épargnée. Il allait procéder à tirer une latte, lorsqu'il ne put se contenir. Les mots jaillirent par volonté propre hors de sa bouche, et il laissait errer ses yeux dans les ténèbres insondables du Marais. Son reflet n'importait plus.
- Si une telle chose doit se produire, ne vous en voulez pas trop. Le pouvoir n'est pas seulement une bénédiction, parfois, il fait de nous des monstres. La seule chose qui distingue les gens comme vous des gens comme moi, Holy, c'est le fait de choisir si l'on intègre les dégâts collatéraux comme inhérentes à notre nature. Je vous sais bien moins libertaire que moi, a ce propos, tout ira bien.
Voilà qui est curieux se dit-il comme la fumée brillante, translucide et onirique sous le satellite de diamants du ciel d'Hukutav, passait devant ses yeux. Constater sa propre nature violente pour en rassurer d'autres. Il parlait comme un mortel, et cela ne le dérangeait pas vraiment.
- Vous la rencontrerez, si tel est vôtre souhait, Holy, mais il faudra procéder avec précaution. Yuli est bien plus redoutable que ne le laisse présager son joli minois, pas grand chose ne m'effraye dans votre monde, mais elle... Il fit semblant de trembler, et éclata de rire, joyeusement. Au bout d'un moment, surpris de sa propre jovialité, il rougissait, et se ressaisissait. Qu'est-ce que... Enfin, quand vous désirerez passer à Château-Rouge j'organiserais et superviserais la rencontre. Elle a beaucoup à vous apprendre, et réciproquement, bien qu'elle ne daigne l'admettre, j'en ai bien peur. Tsss... Les sorcières et leur fierté.
De nouveau, ses iris scrutèrent nulle part, vagabondant au-dessus de la surface de l'eau comme il riait à entendre Holy se prononcer sur la nature des ingrédients qu'ils récoltaient. C'est vrai, la bave du Seigneur du Marais est un amplificateur puissant, fut-elle utilisée dans des poisons ou des remèdes, ses propriétés étaient redoutables. Puis elle annonçait son départ. Cela ne lui fit ni chaud ni froid, au départ, et il ne lui répondit que par un hochement de tête vague et pensif. Rentrer à Château-Rouge lui serait aisé avec un sortilège de téléportation, et l'endroit ne manquait pas de sang versé à utiliser pour cette fin, mais il n'en avait pas vraiment envie. Il voulait rester un peu plus longtemps, peut-être appellerait-il Alphonse Galhaad, son chevalier et amant, afin qu'ils ne se laissent bercer par les balancements de quelques quenouilles...
Oh. Holy lui tendait une plume, la comparant à la manière dont les Stryges offrent les leurs en guise de respect, ainsi que quatre places pour le Cirque. Face à cette charmante attention, il se levait, et acceptait son cadeau avec les yeux écarquillés.
- Merci, Holy, Lune. Allez dans la lumière, ne vous éloignez jamais trop de celle-ci, cela vient d'un vampire ne l'oubliez pas. Je ne manquerais pas de venir à l'un de vos spectacles, il me tarde de voir les effets de votre virtuosité sans ses effets destructeurs à l'œuvre. Oh, et pendant que j'y suis...
Alors qu'elle enfourchait sa monture afin de s'en aller, Styx lui jetait une chevalière en or ornée d'une rose en rubis. Le sceau du Régent, lancé comme s'il s'agissait d'une simple piécette.
- Montrez ceci à qui vous croiserez à Spelunca lorsque vous déciderez de venir à Château-Rouge. Cela vous évitera bien des problèmes.
Il s'était tourné, en levant une main en guise d'adieu, et avait marché jusqu'à la lisière qui séparait les herbes du miroir aqueux. Lorsqu'il se contemplait à nouveau, il remarquait cette expression de joie et sérénité qui ornait ses traits.
Plus tard, il étreindrait longtemps Alphonse dans ses bras, perpétuant cette étincelle de bonheur qu'il avait créé en compagnie d'Holy.
Les mortels murmurent que le Mal a tôt fait de vaincre le Bien, mais, si la question était posée à un agent malicieux de l'Immatériel comme Styx, ce dernier répondrait que le contraire était bien plus vrai.