Le serpent qui voulait dévorer le chien

Depuis que l'elfe brun s'était remis en route vers l'Est de Dùralas, il avait dû s'habituer au climat du désert qui lui était insupportable lors de son arrivée au Centre du monde. La chaleur, la sécheresse, la sensation de soif à longueur de journée... Et puis ensuite la nuit froide à laquelle on a pas le temps de se faire car dès les premières lueurs du soleil, l'affolante température est déjà de retour. Nul besoin de s'étendre d'avantage sur l'expérience désagréable de notre héros, et nul besoin de vous expliquer que son humeur était particulièrement invivable et qu'il valait mieux pour lui éviter de croiser du monde.

Néanmoins, aux abords de la forêt de sapin, son état de santé s'était grandement amélioré puisque la chaleur s'évanouissait lentement au profit d'un temps plus clément, mais aussi plus hivernal. Car aussi étrange que cela puisse paraître, notre elfe en cavale ne supportait pas les temps estivaux et préférait grandement la fraîcheur de la neige ou le délicat vent de printemps à une canicule cuisante et une plage ensoleillée.

Quoi qu'il en soit, après de longs jours de marche pénible, Edrahil venait de mettre clairement les pieds dans cette immense forêt qui le séparait des Montagnes du Baldor où il devait se rendre. Sa prochaine destination était le grand marché de Baldör Heim où il trouverait les ingrédients qu'il lui manquait pour ses potions de dégradation visuelle. De plus, il pourrait profiter des monts environnants pour se remettre à l'entraînement avant de mener à bien la mission qu'il s'était donné une fois qu'il serait rentré à Endorial.

Vous devez maintenant vous demander ce qui a pu arriver d'intéressant entre le désert et la montagne. D'ailleurs même si vous ne vous posez pas la question je vous le dit, parce que c'est moi qui raconte l'histoire et que je vous emm- envoie cueillir des pâquerettes au Mexique. (Wtf le Mexique à Dùralas, en plus y'a pas de pâquerettes au Mexique, ferme ta gueule l'auteur.)

Alors voilà, l'elfe brun traçait tranquillement son chemin dans la forêt lorsqu'un chapi-chapo solitaire... NON MAIS. STOP. Tu racontes correctement où je te kick.

Pour en revenir à la véritable histoire, Edrahil pensait que la traversée de l'étendue forestière serait tranquille et sans encombre. Il pensait même ne croiser aucune autre âme sur les sentiers, car contrairement au royaume des elfes il se permettait s'emprunter les voies principales. Mais pourtant, un bruit distant se fit entendre au bout de quelques heures de marche. Un bruit métallique, un bruit lourd comme celui d'une imposante armure.

Comme à son habitude, le fourbe archer se hissa sur une branche d'arbre à l'abri des regards et attendit que l'individu bruyant fasse son apparition dans son champs de vision. Un peu agacé à l'idée de ne plus être seul dans les parages, il se dit qu'une bonne flèche dans la nuque de l'inconnu serait amplement méritée. Et en voyant l'imposant personnage se dresser non loin de l'arbre dans lequel il était planqué, Edrahil souleva même l'hypothèse de le tuer pour récupérer son armure et fondre toute cette quantité de métal afin de forger comme il ne l'avait pas fait depuis longtemps.

Silencieusement, il encocha une flèche à son arc et tendit la corde contre sa joue tandis qu'il essayait de viser correctement. Il cibla une faille classique de l'armure, au niveau du cou, puis libéra le projectile qui fila à vive allure pour tenter de se planter dans la chair de l'immense guerrier.

Cette fois-ci, le type colossal dans son armure géante ne broncha pas en voyant la flèche pointée dans sa direction. A vrai dire, cela ne semblait avoir strictement aucun effet sur sa condition physique et Edrahil en venait à se demander s'il était utile pour lui de continuer à gâcher ses munitions. Il abaissa son arc tandis que l'étranger s'asseyait en se calant le dos contre un tronc juste après lui avoir sifflé une cinglante réplique.

« Mh. »

L'elfe brun rangea son arc en le faisant passer par dessus son épaule. Pendant un long moment, il resta debout et silencieux à fixer le casque de l'armure qui n'avait pas l'air de contenir une forme de vie commune. Mais soudainement, il fut prit d'un rire frénétique qui le secoua de la tête aux pieds.

« Je dois reconnaître que je n'avais jamais été face à une telle situation. Même avec la meilleure des volontés, aucun de nous ne peut avoir l'autre. Je trouve cela particulièrement hilarant. »

Et tout en ricanant ses propos, Edrahil s'assit à son tour dans l'herbe de la forêt, conservant tout de même un œil vigilant sur la masse imposante qu'il venait de rencontrer.