La pâle lumière de la Lune passant par la grande fenêtre caresse doucement ton visage endormi. Tu rêves… Niché au cœur du Château, blottis dans des couvertures chaudes et confortable. Un feu crépitant dans l'âtre d'une cheminée en pierre diffuse une chaleur bienveillante et les tapisseries brodées de couleurs chaudes sont réconfortantes.
Tu sombres dans les Ombres du sommeil.
Deux silhouettes se penchent au-dessus du couffin d'un bébé barbotant tranquillement. Ouvrant ses grands yeux, il regarde tantôt l'un des visages, tantôt l'autre. Une femme à la longue chevelure d'argent et aux yeux azur. Un homme à la peau pâle et aux yeux dorés. Le bébé tend ses petites mimines en gazouillant gaiement. Mais aucun des deux ne semble esquisser un geste vers la petite créature à la délicieuse odeur de lait.
« C'est elle ? Ce n'est qu'un bébé, comment pourrait-elle nous débarrasser de lui ? Demande la femme, perplexe.
-Pour l'instant, mais elle va grandir. Ne me dis pas que tu es pressée par le temps, très chère… Sens-tu toute cette Magie qui fourmille déjà dans ce petit corps ? Sa puissance ne va faire que croître, et avec un petit coup de pouce, elle pourrait devenir l'Arme que nous attendions tant. C'est l'Héritière de la prophétie, j'en suis sur cette fois.
-Je le sens… Le sang de Spelunca coule dans ses veines. La belle femme passa une main sur le front de l'enfant qui hoqueta un petit rire. Bénissons-la… Elle n'en sera que plus forte. »
Liant le geste à la parole, la louve argentée prit les mains du vampire. Ils fermèrent chacun leur tour les yeux, entrant dans une transe fantasmagorique sous le regard interrogateur du bébé.
« Ton nom résonne dans la nuit, enfant de la Lune et du Sang. Olyviah Spelunca Dän. Cette nuit, sous la Lune de Sang, reçoit le tribut qui te revient, Héritière du Sang-Mêlé. »
Un brouillard argenté parsemé de pourpre se répandit dans la pièce seulement éclairée par une petite bougie, et la lumière écarlate de la lune.
Il se déversa par la suite dans le corps du bébé qui fut parcouru de runes complexes, luminescente. L'enfant se mit à pleurer mais la prière ne cessa pas pour autant. Un de ses yeux fut pigmenté de poussière d'or, l'autre d'une vague d'azur.
« Enfant de la Prophétie… Enfant aux pouvoirs endormi… Le jour viendra où tu accompliras ta destinée... »
Les Ombres se dissipent, tu te réveilles dans une grande inspiration. Ouvrant les yeux, regardant tantôt à gauche, tantôt à droite, tu ne vois plus ni d’azur, ni d'or te scruter. Mais tu ressens une étrange sensation. Comme une Présence se dissipant peu à peu. Fugace, elle disparaît, tu ne peux plus la saisir.
« Olyviah Spelunca Dän. » Tu t'entends murmurer. Ce nom sonne étrangement familier à tes oreilles, pourtant tu semble ne jamais l'avoir entendu. Dans un geste d'urgence, tu te saisis d'un miroir en argent posé sur une table de nuit. Un œil discrètement parsemé d'or et une vague d'azur te regarde à nouveau.
Tu suffoques, le souffle court alors que la compréhension se fait claire dans ton esprit. Ce bébé…
« Ce bébé… C'était moi ! » La chaleur de la pièce se fait étouffante, les murs se font trop proches, les tapisseries menaçantes. Les couvertures encombrantes. Tu te lèves. Pieds nus sur les pierres froides, tu attrapes une cape que tu jettes sur tes épaules et tu parcours ainsi les longs couloirs du Château.
Tu te heurtes à quelques vampires s'adonnant à un sombre bal, ils ne te regardent qu'à peine, trop occupé à gérer leurs petites affaires. La nuit leur appartient, ce Château ne dort jamais. Tu cherches la sortie la plus proche, suffoquant maintenant de t'évader de ce spectacle morbide, quand enfin le froid de la nuit te griffe le visage.
Calme, apaisants, les jardins déserts t’accueillent de tous leurs espaces. La lune pâle te fait face, mais tu ne trouves aucun réconfort à la contempler. « Oh toi mère de la nuit… Que m'a tu fait devenir ? Ne suis-je finalement que l'objet de vos projets ? Ni plus, ni moins ? »