Dame nature avait été fort généreuse avec Yavik et les heures passées a arpente les recoins foisonnant de gibier  par-ci et par-là dans tout Sylfaënne lui avait permis d'amasser quelques peaux et une belle poignée de trophées de chasse ... des défenses et des sabots de sangliers, un beau bouquet de plumes d'aigles, et même une belle pièce de cuir d'alligator. Sans oublier un beau petit ballot de peau de lièvres et lapins qui ferait certainement le bonheur du tanneur, du facteur coutelier et encore quelques autres artisans qui tenaient boutique dans la grande ville fourmillante de Kastalinn.  C'était donc dans le but de faire des affaires et pourquoi pas quelques emplettes, que Yavik s'était harnaché de son baluchon contenant toutes ces petites merveilles. Le Renard en espérait sa belle poignées d'espèces sonnantes et trébuchantes.

La remonté vers le nord de la forêt séculaire des elfes avant de prendre la direction du levant vers les plaines enherbées d'Aràn lui prit tout au plus quelques jours de marche tranquilles  sous les frondaisons généreuses. Il y avait toujours quelques chose  observer, la vie simple et pourtant si riche dans le sous-bois. Yavik aimait ses pérégrinations sylvestres.  il s'y sentait  vraiment chez lui.

Mais aborder les plaines qui s'étendent à perte de vue sur des lieux et des lieux, chichement jalonnées par des touffes de bosquets éparces. Cela déprimait un peu l'homme renard. Mais enfin bon il fallait bien la traverser cette plaine.  Il espérait seulement ne pas tomber sur une bande  de bandits  qui auraient à coup sur tenté de le dépouiller de sa précieuse cargaison. Les mauvaises rencontres criminelles se faisaient souvent aux abords des grandes citées. Et bien qu'elle disposa d'une garde tout-à-fait respectable et patrouillant souvent aux alentours, on était jamais à l'abris  d'une tentative crapuleuse opportuniste imprévisible.

Tout le long de la route qui le séparait de sa destination et à chaque fois qu'il le pouvait, Yavik observait depuis les hauteurs d'une fourche dans un arbre, les éventuels mouvements louches au loin devant lui. Histoire d'anticiper. Mais au final ses inquiétudes se dissipèrent  en constatant que les miles diminuaient et que la silhouette tout d'abord nimbée sur l'horizon, se dessinait et se précisait  plus finement peu à peu. C'est avec un soupire satisfait et un soulagement évident qu'il aborda les pieds de la fortification citadine.

Apres avoir passé les grandes portes non sans prendre le temps de saluer un ancien camarade de taverne qui venait d'être enrôlé dans les rangs de la garde de la porte ouest. Et qui, à la faveur de la lance en bois qu'il utilisait  comme tuteur pour lutter contre la pesanteur que lui imposait la cuite de la veille, ce nouveau conscrit raconta à Yavik les dernières rumeurs et les bruits officiels qui couraient en ville. Puis après une tape amicale dans le dos et la promesse de se retrouver ce soir à la petite taverne des trois fleurs ( l'antichambre, disait-on, du meilleurs bordel de ce coté-ci de la ville. un endroit réputé pour sa cervoise et le sourire de ses hôtesses ...) Yavik le laissa continuer "d'assurer la sécurité" de la porte ouest.  L'idée même de ce pilier de bar en charge de la sécurité de qui que se soit, y comprit lui-même dans les états où il avait l'habitude de se mettre, laissa un petit  rire moqueur se dessiner sur son visage humain tandis qu'il remontait l'une des artères principales  en direction du grand marché central où il devait commencé par rencontrer quelques artisans du cuir qui y tenaient leurs échoppes.

Les affaires se firent ainsi. Les prix se marchandèrent et finalement les transactions furent validées en quelques heures. Et quand enfin Yvik en eut terminé avec tout son chargement il s'estima  en droit de s'offrir une petit pause et profiter d'être là  pour flâner ou qui sait, peut être même, trouver celle chez qui il allait passer la nuit ce soir. Ha oui hors de question de payer une chambrée d'auberge lorsqu'il était dans une si grande ville où il était possible de croiser tant de damoiselles à conquérir. C'était autant de couches douillettes où Messire Renard le séducteur pouvait trouver refuge le temps  d'une nuit et de ses promesses éphémères.

C'est alors qu'il vit cette silhouette graciles avancer, féline,  en serpentant entre les badots, comme si elle devait s'y faufiler en réussissant à ne jamais  être touché par l'un d'eux. Vous savez ce genre d'apparition qui bien qu'elle veuille passer inaperçue ne manque pas d'attirer votre regard tant elle contraste avec la banalité morne et rangée des habitants de Kastalinn qu'elle traversait comme une étoile, sombre certes, mais néanmoins remarquable.  Et si l'on considère également les dagues qui pendaient à sa ceinture  chaloupée et cette mystérieuses capuche qui dissimulait une tête aux cheveux vraisemblablement très clair il était aisé d'en déduire qu'il s'agissait d'une femme étrangère probablement aussi dangereuse qu'énigmatique.  Ce genre d'apparition ne manquait pas d'éveiller la curiosité du Renard qui bien que ce genre de femme trainait dans son sillage une odeur de risque et de mystère n'était pas le genre de femme que Yavik apprécier de compter à son "tableau de chasse" ... non c'était du prédateur ça madame. Pas de la proie. Il préférait les petites citadines épleurées et les bourgeoises désespérées.

Mais savoir ce que cette sombre intrigante pouvait faire en ville , ça intriguait le rouquin .. il la suivit du regard  quand elle passa devant lui et l'étudia brièvement de pieds en cape. Cette peau sombre aux mains, cette chevelure pâle, peut être bien une elfe noire... oui … la curiosité du Renard en était piquée plus encore. Cette race avait toujours revêtu un voile de mystère et de préjugé romancé dans les avis de Yavik ... c'était l'occasion d'en apprendre un peu plus sur ces elfes là …

Il lui fila le train dans la foule, à bonne distance entre les étales et les clients qui faisaient leurs achats, attendant de voir où elle allait bien s'arrêter. Que cherchait-elle? quelqu'un? …ou bien un commerçant en particulier peut être. Il faut bien reconnaître que ces échoppes étaient très nombreuses et très variées. Cela ne s'appelait pas le grand marché de Kastallin pour rien.

Yavik suivait donc du regard et maintenait sa filature intrigué dans le sillage que dessinait cette étrange femme au milieu des habitant de la ville fortifiée. Quand elle s'arrêta devant l'échoppe de l'un des tanneurs, Yavik fit de même  face à la première étale qui était à sa hauteur en retrait, un sculpteur de couverts et d'ustensiles de cuisine en bois. Faisant mine de s'intéresser aux cuillères à soupe , il gardait la silhouette gracile dans le coin de l'œil. Il était trop éloigné pour entendre les échanges prononcés entre l'artisans et sa potentielle cliente. mais pouvoir voir au langage non verbal corporel que la femme encapuchonnée semblait contrariée sinon déçue de ce qu'elle pouvait voir sur l'étal. Car de toute évidence elle n'avait rien acheté
* hm ... elle cherche des trophées de chasse ... ou des peaux.*

Il l'observait silencieux manipulant la cuillère de bois qu'il avait en main tandis que le vendeur  tentait de le persuadé de mettre la main à la bourse pour en faire l'acquisition, tant cet article était de qualité et qu'il ne le regretterait pas. Yavik ne l'avait pas écouté un seul instant et quand la femme reprit son chemin il reposa la cuillère sur l'étal de l'échoppe et reprit sa filature  à même distance.

Lorsque quelques pas plus loin cette mystérieuse alpaguai un passant pour lui poser une question, Yavik remarqua que avait recours à des procédés "d'interrogatoire" qui ne ménageait pas le badaud. Le pauvre homme prit par surprise en avait la tête qui s'enfonçait entre les épaules. L'homme-renard considéra ceci avec une curiosité renouvelée. *une femme de poigne, directive ... aux manières expéditives ... une combattante sans nul doute, peut être même une tueuse professionnelle. ça collerait avec les dagues et le visage à demi-dissimulé ... hm ... *  

Bien qu'il désire découvrir ce qu'une femme telle que celle-ci pouvait venir faire à Kastalinn, il fallait se montrer prudent. On ne sait que trop bien de quoi ces assassins sont capables quand il se sentent acculés. la femme relâcha celui qu'elle venait  d'empoigner par le col pour le questionner afin de reprendre son chemin. Le pauvre bougre qui en était pâle comme un linge semblait avoir été fortement impressionné et il clignait des yeux d'émotion en réajustant le col de sa chemise ainsi que son gilet.

elle continuait son chemin, nouvellement orienté. Mais pour aller où? Yavik  profita que l'hibitant descendait dans sa direction pour à son tour l'aborder et lui poser la question suivante:

"bonjour mon brave! diantre vous semblez tout chamboulé ... il semblerait que vous venez de voir un fantôme."
"Je ... je .. non pas du tout je ne vois pas de quoi vous parlez"
"Qu'est ce que vous voulait cette femme ?"
L'homme se demanda si c'était son jour de malchance pour que ça lui tombe dessus deux fois de suite. Mais au moins celui-là  ne s'en prenait pas à lui de manière brutale.
"Heu et bien ... elle... elle cherchait le panneaux des chasseurs de prime de la ville!"
"hm ... intéressant" *ha!!! je m'en doutais!* triompha-t-il mentalement avant de tapoter l'épaule de l'humain et de le laisser là où il l'avait interpellé sans ajouter le moindre mot.

Cette "chasseuse de prime"  avait-elle pressenti qu'on lui filait le train? possible. Ces assassin, chasseurs de primes et autres mercenaires de l'ombre étaient souvent très méfiants et prudents. Enfin tout du moins c'était une qualité indispensable si l'on voulait vivre et réussir un minimum dans la profession Toujours est-il qu'elle quitta l'artère principale pour s'engouffrer dans une ruelle contigüe et bien moins fréquentée. Yavik ne pouvait décemment pas la suivre dans un coupe-gorge pareil sans risquer d'être repéré, et éventuellement d'être à la merci de cette femme qui semblait être plus dangereuse encore qu'il ne l'avait supposé.

Heureusement il connaissait  bien le quartier qui entourait le grand marché et il savait très bien où menait cette ruelle là. Il prit alors la décision de laissé celle qu'il suivait s'enfoncer dans la pénombre étroite pour  la retrouver un peu plus loin sur l'autre axe qui menait justement au bureau des asséeurs de la citée devant lequel était planté un grand panneau de bois où les avis de recherches et quelques annonces d'emploi plus ou moins intéressantes étaient placardés.  Yavik se hâta d'aller jeter un coup d'œil aux quelques affiches plus ou moins vieillottes pour savoir ce que chacune proposait afin de savoir succinctement ce qui pouvait éveiller l'intérêt de la femme mystérieuses.

Il n'y avait plus qu'à pressé le pas pour aller se mettre dans un coin ayant un bon angle de vue sur le présentoir et attendre de voir l'intrigante refaire son apparition.

De son observatoire Yavik contemplait la grand rue et attentait l'apparition espérée. Quand enfin elle déboucha de la ruelle où il supposait qu'à juste titre elle allait arrivé, yavik la suivit du regard et la regarda détailler les divers annonces accrochées au panneau. Au bout d'un moment elle sortit ce qui devait être une fleur ténébreuse ... Une rose lui semblait il de là où il était. Puis elle sembla marquer un intérêt particulier pour l'une des affiches qu'elle tapota du velours noir de sa fleur en main. Yavik plissa les yeux et se dit qu'il irait voir de quelle annonce il s'agissait plus précisément après.

Quand soudain l'intrigante se retourna et parcouru la foule de son regard perçant. Quand ses yeux inquisiteurs passèrent sur  le rouquin qui tentait de n'être là que par pur hasard, il sentit que l'insistance qu'elle avait en le regardant ne pouvait signifier qu'une chose. Il avait été bel et bien repéré. Se sachant "découvert" il tint le regard de la jeune femme. Ce duel silencieux à plusieurs dizaines de mètres de distance avait une saveur d'invitation non formulée. Quelques choses qui avait du "je sais que tu me surveilles .. alors pourquoi restes-tu si éloigné ... approches si tu en as le courage"

Yavik fit une petite grimace amusé sous sa moustache. Il devait bien reconnaître qu'elle avait le dont de susciter son intérêt autant que ses interrogations. Qu'à cela ne tienne! Puisqu'il était démasqué dans sa filature il n'était plus vraiment indispensable de se la jouer discrète. Finalement l'entrevue distanciée s'interrompit quand l'elfe noire rangea sa rose et qu'elle détourna le regard pour poursuivre son chemin. Yavik lui laissa le loisir de s'éloigner et redescendit de son perchoir pour s'enquérir plus précisément de ce qui était stipulé sur l'annonce qui avait été touchée par la rose noire.

*hmf ... un maraud avec une belle somme promise pour sa tête ... c'est bien une chasseuse de prime*

Yavik décrocha l'annonce et la plia pour la glisser dans le revers de son pourpoint. Puis il chercha du regard la capuche sombre qui s'était éloignée. Il ne la vit pas dans un premier temps et il supposa que l'elfe noire s'était décidée à disparaître après qu'elle ait remarqué qu'on la suivait. Il remonta néanmoins la rue qui grimpait vers le quartier des tavernes. Une véritable ville dans la ville que Yavik connaissait on ne peut mieux. Ainsi déambula-t-il, balayant de son regard  les têtes qui passaient à la recherche de la capuche sombre. Il n'eut finalement qu'une fraction de seconde pour entrapercevoir celle qu'il poursuivait passer la porte de l'un des nombreux établissements qui distillaient et vendaient des breuvages alcoolisés et des repas copieux pour quelques piécettes.

Un peu plus et il la perdait définitivement de vue. Pressant le pas il arriva devant la porte et leva le nez pour observer la devanture qui grinçait au dessus de l'entrée. Peint sur une planche de bois qui avait du voir passer sous elle des milliers de voyageurs assoiffés, il lut : "Taverne du Corniaud à trois pattes" l'illustration qui la complétait ne laissait aucun doute sur son sens. On y voyait effectivement un chien à qui il manquait un membre mais qui portait néanmoins une choppe avec sa patte avant restante. Yavik connaissait cette taverne comme étant l'une de celles où les chambres étaient les moins chères ...et les moins propres de toute la ville. Il se souvint de cette fois où ne connaissant pas encore toutes les bonnes adresses du quartier, il s'y était aventuré et était ressortit le lendemain avec un sacré mal de crâne à cause de la caisse qu'il avait prise la veille mais également qu'il se grattait énormément à cause des puces de lit qu'il avait choppées cette nuit là. Bref pas le meilleur des souvenirs ni la meilleures des tavernes.

Mais qu'importe il n'était pas là pour refaire la literie. Il poussa donc la porte et  observa la clientèle en se rendant au comptoir où une matrone affairée à lustrer le zinc attendait les commandes. Yavik posa un coude  sur le métal poli par une éternité de clients avant lui et jeta un rapide coup d'œil dans le coin un peu plus sombre là-bas. Elle était là ... attablée seule avec une choppe mousseuse devant elle.

Yavik ne doutait pas qu'il avait été facilement repéré et identifié par l'elfe au moment même où il avait passé le pas de la porte. Il était donc temps de passer à une autre façon de faire ... la discrétion n'était plus de mise. Il interpella la tenancière et lui demanda:

"ça aime boire quoi une elfe noire ?" la gironde haussa un sourcil circonspect mais comprit très vite que le rouquin qui lui parlait voulait offrir une boisson à cette étrange femme qui était venue lui commander une cervoise quelques instants auparavant. Elle tourna son regard vers la femme dans le coin où elle était assise et répondit d'une voix brisée par des années de tabac et d'alcool fort " En général ces gens là aiment l'hydromel, mais elle a commandé une simple pinte de bière blonde "   Yavik porta la main à sa bourse en acquiesçant et en sorti une pièce d'or avant d'ajouter "Hm et bien servez-moi deux hydromels je vous prie ma bonne dame" La barmaid hocha la tête et servit les deux choppes commandées, puis elle encaissa l'or et rendit la monnaie au rouquin. Celui-ci  empoigna les deux anses d'une main et ajusta sa moustache de l'autre en se dirigeant tranquillement vers la table où était assise l'elfe noire.

Arrivé à sa hauteur il prit une choppe dans chaque main et se présenta avec un sourire amicale. signe qu'il ne cherchait en rien à arriver sur une attitude belliqueuse.

"La grosse tavernière m'a dit que vous autres elfes noirs appréciez l'hydromel ... permettez que je me joigne à vous pour vous faire goûter celle-ci? Je me présente, Kebris Solok " Yavik  ne donnait jamais son véritable nom au personnes inconnues, simple principe de prudence. Surtout avec les personnes qui portent des armes, cachent leurs visages sous des capuches et s'intéressent aux contrats mis sur la tête de malandrins locaux ... il posa tranquillement l'une des choppes devant la demoiselle et attendit qu'elle lui donne l'autorisation de s'asseoir à sa table.

Quand la demoiselle cessa de tenter de le tuer du regard et qu'elle lui indiqua d'un discret mouvement de tête qu'il pouvait s'installer, le jeune homme chuchota un merci tiré sur un sourire volontaire mais conscient que l'interlocuteur allait être un chouilla tendu ...  Yavik sentit bien à ce que l'on décrirait comme l'expression  physique des émotions intimes et que l'on nommerait  plus communément par "l'humeur" d'une personne, celle-là même que la jeune femme au visage enfoui sous des couches de mystères et d'opiniâtreté  exhalait à l'approche. Le renard allait devoir marcher sur un nid de fauvette avec des sabatons et jambières de plaque ...

Remarque Il reconnaitrait aisément si on lui demandait qu'il admettrait volontiers que la dite damoiselle puisse être un tantinet chafouin après avoir été suivi par un inconnu dans les rues d'une ville inconnue. c'est un fait.
Alors le renard joua sur la corde apaisante d'un discours rassurant.
Une fois qu'il assit son derrière sur la petite chaise de bois grinçant, il posa sa choppe d'hydromel sur la table devant lui et adressa un sourire simple à la jeune femme qui était plus tendu qu'une toile d'araignée dans la tempête.

Et d'une voix basse il commença:

"Je vous en prie, détendez vous, vous n'avez rien à craindre je ne vous veux aucun mal, croyez le bien." il accompagna ses mots d'un geste apaisé du plat de ses mains ouvertes s'approchant de la table calmement par vague douce. "Je comprend que vous soyez méfiante et quelques peu sur hrm!... la défensive ... Je vous demande de me pardonner,"son attitude continuait à alimenter cette volonté d'apaisement alors qu'il montrait que lui aussi se détendait pour installer un climat de confiance réciproque avec son interlocutrice. "Ce n'était pas mon intention de vous inquiéter et moins encore de vous espionner. J'attendais juste de pouvoir vous aborder dans un endroit plus calme ... plus propice aux échanges et à la conversation" Il montra d'une main ouverte vers le haut désignant la gargote douteuse où ils étaient installés avant de la reposer tranquillement sur la table. "Vous n'êtes pas du coin, ça se voit. J'vous comprend parfaitement, moi non plus je suis pas d'ici. Je fais juste un peu plus .. hm disons couleur local que vous voyez?..."Yavik commençait à agir plus spontanément, ayant limité cette attitude précautionneuse qu'il avait l'instant d'avant. Il paraissait d'humeur plus flegmatique et naturelle. Enclin à une complicité bon enfant. Il fit mine de vérifier d'un regard si personne ne les écoutait
parmi les poivrots et les autres clients pas moins soupçonnables qu'eux-même. " Moi je suis venu en ville pour vendre ce que la forêt m'a permit de chasser. Et certainement faire quelques achats ... Et puis  quand je vous ai vu vous intéresser aux peaux à l'étal du tanneur j'me suis! arrh! mon bon kebris faut pas qu'tu laisses un voyageur perdu s'fourvoyer dans cette grande citée qu'est Kastallinn ... première fois hm ?... c't'andouille de gratteur de carcasse vous a surement sortit son tarif spécial touriste .. mais oui c'est clair...Moi j'sais où vous pourriez vous procurer des peaux, des griffes .. des défenses et tout. Sans avoir à payer la différence de sa marge ... évidement. wheepfhh facile."  il quitta l'appuis désinvolte qu'il avait sur le dossier de sa chaise pour revenir dans une attitude plus proche de la table la tête inclinée légèrement sur le coté avec un air calme, sérieux et concerné." Du coup vous recherchiez quoi au juste?"

Le jeune homme roux lissa sa moustache et reprit son assise au dossier de la chaise.  Il inspira l'air concerné par la réflexion à ce qui lui avait été dit.  il fallait admettre que bien que cette probable future cliente, se montra on ne pouvait plus méfiante, rétive, et peu encline à tailler une bavette, les choses ne se présentaient pas si mal que ça. Déjà elle n'avait pas dégainé ses dagues pour les croiser sous la carotide du renard. C'était déjà en soit un petit miracle. Mais en plus de cela, elle semblait effectivement  en manque d'approvisionnement sur certains articles que Yavik le chasseur avait à sa disposition. Avec un peu de chance et encore un peu de diplomatie, il arriverait peut être à avoir une transaction commerciale profitable pour les deux. Advienne que pourra!

Il caressa une légère fois encore la moustache tout en regardant dans les yeux son interlocutrice. puis il opina du chef avec une moue admise pour répondre ainsi:

"Mais oui, aucun problème, trois paires de défenses et autant de peaux de la meilleure qualité. Plus un os doré, j'en prend bonne note madame... c'est tout à fait faisable!" il eut une petite mimique grimacée "Par contre pour la ferraille, j'vais pas pouvoir vous aider personnellement. Mais j'connais de très bon forgerons ayant pignon sur rue pas loin d'ici." Ajouta-t-il avec calme. "Pour ce qui est de mes tarifs , car je suis certain que ça vous intéresse grandement, Je vous fais le tout pour deux-cents vingt piécettes dorées pas une de plus!"
Bien qu'il souriait de manière simple, Yavik sonda la réaction de l'elfe noire à l'annonce de ce prix. Non pas qu'il chercha particulièrement à se faire une belle plu value lors de cette tractation, mais bien qu'il cherchait à savoir si la ténébreuse au tempérament froid était néanmoins solvable en espèces sonnantes et trébuchantes. "Je peux vous rassembler ça en quelques jours et vous les ramener ici en mains propres pour le paiement... Vous avez une préférence pour la nuance du pelage des sangliers?" renchérit-il le visage sympathique et interrogateur en étalant ses bras aux mains ouvertes de chaque coté de la chaise. il commençait à avoir soif et cette pinte d'hydromel ne méritait pas qu'on la fasse trop patienter. Et d'une parce que tiède c'est moins bon et de deux parce que le renard  n'en avait pas bu depuis un bail et qu'il avait la gorge bien sèche a tenir le crachoir ainsi  ... mais bon la tradition voulait qu'on ne trinque qu'en cas d'accord commercial .. comme pour celer et célébrer  la ratification tacite!

Renard avait lâché ses tarifs et l'expression physique de cette possible cliente ne traduisit pas un refus catégorique. Yavik en était soulagé et espérait sincèrement que la transaction arrive à un terme favorable. Mais quand l'elfe noire précisa que bien que le prix lui paraisse tout à fait légitime, elle ne possédait pas assez d'or pour se le permettre, cela fit grande déception au chasseur roux qui l'exprima d'une grimace contrite. Mais la suite des propos de la ténébreuse femme n'eut rien de plus engageant, quoi que très instructive.

- Ce qui ne me laisse que peu d’options… la première étant de trouver une belle proie à chasser et ramener sa tête ici afin de récupérer la prime…

Yavik admit que, comme le dit un des proverbes traditionnels  chez les les thérianthropes renards
"faute de grive, on mangera du merle", il faut savoir s'adapter et se contenter de ce que l'on a. A ce titre il devait reconnaître que la demoiselle saurait certainement trouver un moyen d'obtenir les dividendes nécessaires. Ceci étant  son propos confirmait bien ce que Yavik supposait qu'elle soit. Une chasseur de primes. Et des plus pragmatiques de surcroît. Il écoutait et la regardait en acquiesçant de petits mouvements de tête.

- La seconde… serait que je trouve un chasseur à l’extérieur de la ville pour me servir directement sur son corps encore chaud…

là Yavik tira une grimace inquiète de la commissure de ses lèvres. était-ce de lui qu'elle parlait? Comptait-elle lui tomber dessus, l'occire et le dépouiller ? Cette éventualité funeste le fit frémir d'un frisson qui parcouru toute son épine dorsale. Mais faisant mine de ne pas se sentir concerné, il haussa les sourcils comme pour dire "ha oui !? vraiment !? ... c'est original !!". Yavik se doutait que ce genre de femme ténébreuse et inquiétante puisse représenter une certaine menace, pour ne pas dire une menace certaine. Mais loin de lui l'envie de susciter une convoitise crapuleuse et meurtrière à son égard.
Mais alors qu'elle précisait que la couleur des peaux de sanglier lui importait peu, Yavik se redressa sur son assise et répondit non sans une pointe de nervosité dans la voix:

" Ah Madame comme il est fâcheux que vous n'ayez pas la somme requise. Même si je dispose encore d'une certaine marge de négociation pour vous baisser le prix, je ne pourrai décemment pas descendre en deçà de deux-cent pièces d'or ... " il se racla la gorge pour poursuivre " Et je pense que vous gagneriez bien plus et bien mieux votre sous en déchaînant votre art meurtrier sur un brigand plutôt qu'un chasseur ... Croyez le ça rapporte bien plus. Autant en or qu'en respectabilité ...surtout  par ici" souligna-t-il pour tenter de faire comprendre à l'assassin en toute diplomatie qu'elle ne gagnerait rien mais qu'elle perdrait tout à s'en prendre aux innocents (lui y comprit) qui vivaient en Kastallinn où dans ses alentours
Yavik céda finalement à la nécessité nerveuse de se désaltérer. Il s'empara de l'anse de sa choppe d'hydromel pour en descendre un bonne lampé qui laissa naturellement un liseré de mousse au bas de sa moustache. Relief qu'il aspira bien vite et qu'il lissa du doigt pour ne pas avoir l'air négligé.

Le rouquin considéra les complications de la situation pendant un instant.

Elle n'avait pas beaucoup d'argent, elle était une tueuse professionnelle et présentement armée, elle avait besoin de choses que Yavik possédait (pas actuellement sur lui mais quelle différence cela pouvait-il faire. Si elle le menaçait, il serait bien obligé d'accéder à ses exigences) Autant d'aspects aggravants pour se dire qu'il ne valait mieux pas insister. Mais comme le Renard n'aimait pas partir sur un échec et qu'il avait encore une carte à jouer (celle repliée dans le revers de son pourpoint), il ajouta après avoir bu une nouvelle gorgée de son hydromel, qui n'avait rien d'exceptionnel au demeurant:

"Donc ce que je vous propose c'est que lorsque vous aurez zigouillé assez de malandrins et que votre bourse sera alourdie, vous reviendrez me voir et nous ferons affaire, n'ayez crainte je vous réserve les peaux et les défenses pour une transaction prochaine... qu'en dites vous ?"

L'elfe noire sortit de son fourreau l'une de ses dagues dont elle vint piquer la pointe dans le bois de la table. Cet acte volontaire pour impressionner l'homme-renard n'eut pour effet que le contraire des mots que la femme employa ensuite.

- " Calmes toi humain…les gens nerveux me rendent nerveuse…
Tu me demandais deux cents vingt cinq pièces d’or il y a une minute… à présent, tu m’en demandes seulement cents… pensais tu m’arnaquer?…"

Comment espérait-elle sérieusement qu'il se sente à l'aise et qu'il ne soit pas nerveux avec cette lame qui vrillait par à-coups devant ses yeux. cela lui prit d'ailleurs quelques secondes mais il se rendit compte qu'à cause du léger stress qu'il éprouvait, il avait donné un prix ridiculement bas et complétement erroné en proposant cent pièces d'or au lieu des deux-cent que coutait réellement le lot d'ingrédients qui étaient proposés.

"Hein? que!? je vous ai dis cent pièces?  ha! quel sot je fais! c'est bien deux-cent que je voulais dire. Vous devez bien vous douter que le prix de deux-cent vingt pièces que je vous proposais en premier lieu pouvait se voir diminuer de vingt pièce mais pas de cent-vingt ... allons.. hrm..." Yavik en était confus, la situation devenait aussi ridicule que gênante.

Quand elle évoqua de nouveau la possibilité de mener une chasse à l'homme en questionnant les poivrots présents dans la taverne, les dieux seuls savaient avec quels procédés brutaux elle comptait bien s'y prendre, Yavik opina du chef comme pour l'encourager à jeter son dévolu funeste sur quelqu'un d'autre que lui-même. Mais quand elle poursuivit avec la seconde option qu'elle avait en tête:

-Il y aurait aussi une autre option… la traque et la chasse ça ne doit pas être si différent… un sanglier ça ne doit pas être très compliqué à tuer… tu es chasseur de ce que tu m’as dis… Yavik resta suspendu à ses lèvres durant le lapse de silence qu'elle imposa à son propos. dans son esprit le renard pestait *nom-d'une-moufette! pourquoi faut il toujours que je tombe sur des problèmes?! ...* la petite voix intérieure de sa propre conscience lui répondit alors *parce que tu les cherches!*

- Tu m’apprends les rudiments de la chasse et disons que je t’en devrais une humain… et je déteste devoir un service… surtout quand c’est pour un pitoyable humain… prends ça comme une fleur… je te dirais où et comment me contacter et si un jour tu as besoin de mes lames, elle seront à ta disposition…

Pour le coup  le chasseur en était stupéfait. Il ne s'attendait pas à ce que cette porteuse de dague en vienne à lui demander de lui enseigner l'art de la chasse. D'autant plus qu'elle incluait de "lui en devoir une" s'il acceptait de lui montrer comment traquer et tuer au mieux le gibier.  En d'autres circonstances Yavik aurait certainement renvoyer la balle en tentant de tirer meilleur profit du marché qu'on lui proposait. Mais en définitif, et au vues de la menace potentiellement mortelle que représentait cette femme en plus du fait qu'elle proposait de l'aider le jour où il aurait besoin de ses compétences assassines, il n'y avait guère bout de lard à marchander ... Inspirant la considération de ce nouveau rebondissement dans la tractation il laissa retomber ses épaules et face à cette lame qui toujours tournoyait sur elle-même, il répondit:

"Et bien.. heu je suppose que c'est envisageable oui ... vous apprendre comment et où on chasse au mieux le sanglier ... c'est! ... oui pourquoi pas!."

Yavik  termina sa choppe d'une traite tant il était surpris par la tournure que prenait l'affaire. Car il ne perdait pas de l'esprit que la demoiselle était selon ses propres mots capable de tuer un chasseur pour le dépouiller du fruit de son labeur. Cela ajoutait encore une probabilité peu enviable à l'équation d'autant que le facteur commun était la mort ... Autant que cela soit celle d'un sanglier plutôt que la sienne.
Le renard songea alors qu'il allait falloir être trèèèèès prudent avec cette "apprentie" surtout à partir du moment où elle obtiendrait ce qu'elle convoitait.

"Et vous voudriez partir en chasse sous peu je suppose ?"

Attentif et réservé, Yavik écoutait son interlocutrice, le regard méfiant et l'esprit concerné par ce qu'allait bien pouvoir être la suite de leur "relation". De toutes évidence cette assassin sentait qu'elle avait une forme d'ascendant psychologique de par son aspect sombre et menaçant. L'homme-renard en avait conscience et bien qu'il se sache très certainement plus malin qu'elle, il n'en était pas moins que cette dangerosité latente qui émanait d'elle le mettait vraiment mal à l'aise. Alors comprenons bien que l'idée de l'accompagner dans une partie de chasse ne l'enchantait guère sur le principe.

Apres avoir ranger le luisant de sa lame de dague et en réponse à la dernière interrogation du roux, elle poursuivit, sur d'elle-même:

- Et bien c’est toi le maître chasseur non?… il doit bien y avoir certaines choses à savoir avant d’aller traquer les animaux… tu étais plein de verve en arrivant à cette table tout à l’heure alors… je t’écoute… humain…

Yavik profita de cette question plus pragmatique pour se détacher quelques peu de cette nervosité sous-jacente qu'il éprouvait. Ces considérations techniques lui permirent de se recentrer et de mettre de coté, ne serait-ce qu'un temps cette inquiétude qu'elle lui inspirait tant par sa personnalité que par la façon qu'elle avait de jouer avec l'une de ses armes.

Des prérequis? Des préparatifs? Des notions préalables? évidemment qu'il y en avait et pléthores. Mais la plus importante de toute si l'on voulait faire une bonne chasse risquait de faire cruellement défaut à l'apprentie qu'elle était. L'amour de Dame nature et de ses plus belles créations.
Yavik inspira en réfléchissant à la manière qu'il allait utiliser pour expliquer tout cela aussi clairement que possible. il observa le plafond de la taverne le temps d'une réflexion puis commença:

"Naturellement, il ya de nombreux aspects et principes  quand l'on part en chasse qui ne s'acquièrent qu'avec la pratique, l'expérience et la connaissance qui en découle. Mais le premier point c'est de connaître le plus grands nombres de détails sur la vie, les habitudes, les instincts et le milieu naturel du gibier que l'on compte chasser." Il marqua un temps d'arrêt pour bien choisir ses mots et faire concis " Bien, alors en l'occurrence il s'agit du sanglier. Une bête méfiante qui ne se déplace qu'en de rare exception en solitaire. Il n'y a que les gros mâles et parfois des laies égarées qui ne soient pas en harde. Il faut donc parvenir à isolé un individu, ou mieux lever la piste d'un animal blessé ou malade ou encore perdu. Car je ne donne pas chèr de notre peua si une harde entière de sanglier venait à nous foncer dessus. Ensuite il faut l'approcher sans se faire repérer. Les sangliers ont un excellent odorat et si l'on ne prend pas garde à toujours être sous le vent, il nous sentirait facilement à une centaine de mètres"  Yavik sonda le regard carmin de l'elfe noire pour s'assurer qu'elle le suivait dans ses explications jusque là. Puis il continua " Enfin, il convient d'utiliser un matériel de chasse adapté à la proie. Autant pour l'immobiliser que pour lui porter le coup fatal. J'ajouterai d'ailleurs qu'une fois la bête morte le travail est loin d'être terminé. Car il faut bien évidemment l'éviscérer et la transporter. Je vous laisse imaginer l'état de votre dos si vous portiez une laie, même vidée, sur quelques lieux. Alors du coup vous avez quoi comme matériel pour chasser?" Yavik était très sérieux dans sa question, il avait beau très souvent se comporter avec une légèreté et un inconséquence déplorable, la chasse c'était une affaire sérieuse pour lui. Preuve en était que c'était grâce à cet art séculaire transmis de générations en générations que son peuple thérianthrope avait survécu et même prospéré. Mais la réponse qu'il eut lui fit pincer la retenue d'un fou rire. Qui eut cru que cette ténébreuse créature, menaçante, froide et probablement fatale, puisse lui sortir une telle ânerie:

-Je chasse à la dague. Je vais devoir m’approcher assez près de l’animal pour le tuer…on partira quand tu estimeras que le moment sera le plus propice…

Le rouquin en avait les yeux qui pétillaient de malice et d'hilarité intérieure. Pour le coup la superbe de cette redoutable elfe noire venait d'en prendre un vilain coup. Yavik se mordit l'intérieur de la joue pour ne pas rire et vexer la dame. et il ajouta:

"A la dague ...vous chassez à la dague?! je ne voudrai pas avoir l'air de mettre en doute vos capacités assassines, mais le sanglier ne se prélasse pas dans des salons bourgeois, ni ne déambule la hure en l'air à mirer les devantures  en attendant qu'on vienne lui faire rendre gorge comme vos "clients" habituels ... Il va falloir plus d'allonge que ça."
Il prit un air solennel, les yeux mis clos sur un ton presque péremptoire
"Personnellement je vous conseille plutôt l'arc ou la lance. Vous auriez de bien meilleurs résultats L'arc pour blesser les gigots du porcin, il en cavalerait bien moins vite, et la lance pour le clouer au sol... Apres, là oui, votre dague pourrait servir à achever l'animal. Une bête qui souffre d'agonie trop longtemps à une viande bien moins tendre. "

Yavik écarquilla les yeux bien malgré lui. Il était quelques peu subjugué de constater que l'on pouvait se donner des airs si redoutables et pourtant avoir si peu de sens logique quant à l'indispensable en terme de chasse ... Il ne souhaitait néanmoins pas aigrir plus que ne l'était déjà la tueuse. Il ajouta donc:

"Mais soit! si c'est là votre façon de faire ... Que sais-je peut-être est-ce une tradition par chez vous de chasser le gros gibier à la dague ... Pourquoi pas!
Et bien ma foi, l'heure n'est pas encore trop avancée. Nous pourrions avoir le temps de rallier un coin de forêt où je sais que les laies et les jeunes adultes viennent. Nous passerions la nuit sur place et nous lancerions la chasse au levé du jour ... c'est un moment propice pour le sanglier."

Yavik se leva et ajusta  sa veste sur ses épaules, prêt à partir.

"Qu'en dites vous ?"