La Death
Note

En route pour Kastellin

Six longues journées de marche m’attendaient pour me rendre à Kastellin… cette cité humaine qu’ils appellent Capitale… à l’aube je quitterai la Perracie pour affronter le monde extérieur…une obligation plus qu’une envie. Ces cités me répugnaient au plus haut point…son agitation, sa puanteur, ses ménestrels avec leurs chansons des plus agaçantes…mais je n’avais guère le choix… il me fallait des ingrédients pour mes poisons et c’était un lieu de rendez-vous connus des chasseurs parait il. Il était donc temps que je prenne mon courage à deux mains pour m’y rendre.
Préparer mon sac, mes dagues, me motiver et me mettre en route…

Car tel était le lot quotidien des Elfes Noirs. Les parias que nous sommes accèdent difficilement dans les grandes cités. Tous nous craignent ou nous haïssent et nous leur rendons bien…de tous temps ils ont réussi à ne gagner que mon mépris. Tout juste bons à me servir de gagne pain quand ils ne m’embauchent pas pour assassiner leurs semblables… c’est bien une sous race ridicule que je prends plaisir à tuer… quel plaisir que de leur rendre service dans ces cas là. Je me délecte de leurs suppliques inutiles quand mon regard croise le leur avant que toute lueur de vie ne les quitte…c’est presque aussi jouissif que de tuer ces braillards de nains…

Toujours est il que je vais devoir me faire discrète et faire bonne figure si je veux espérer obtenir un bon prix pour ces ingrédients dont j’ai besoin. Quelques défenses et cuirs de sanglier, peut être même un nouveau contrat qui sait? Car mes dagues auront sans doute soif de sang une fois sur place. Peut être même pourrais-je rassembler assez d’or avec un contrat de quoi directement me recréer un poison… car je ne sais guère vers qui me guideront mes pas encore, mais ce dont je suis sûre, c’est que ce n’est pas les propositions du genre qui manquent dans ce genre d’endroits…

Pitoyables humains…

En route vers Kastellin (page 2)

A peine avais je posé un pied dans cette ville que je me sentais épiée. Difficile de savoir par qui tant les regards suspicieux et craintifs se posaient un à un sur moi. A croire que ces pitoyables humains n’avaient jamais croisé une Elfe Noire… toujours est il que je me dirigeais vers la Grand place du marché. Là était le but de ma visite en ville après tout. Je me faufilais entre les j’aidais et autres chalands à la recherche d’une étale qui vendrait ce que je recherchais. Quand enfin je trouvais ce que je recherchais, je fus bien obligée de me rendre à l’évidence. Ces humains étaient des voleurs! Des prix exorbitants pour des matières premières d’une qualité discutable quoi qu’ils en disent. Je croisais le regard d’un homme roux qui semblait m’observer avec insistance. Celui là je devrais le surveiller…mais je repris ma route comme si de rien n’était. Il me fallait quelques liquidités supplémentaires pour me procurer mes produits. Je demandais donc à un badaud que je croisais, où se trouvait le tableau des criminels recherchés pour m’y diriger. Mais cette impression d’être épiée ne me quittait pas…

Je choisis donc de passer par une ruelle un peu sombre et moins fréquentée. Personne…peut être étais je devenue paranoïaque avec le temps. Mais mieux vaut la paranoïa à la mort ou le vol de ma bourse déjà bien légère…je débouchais dans une nouvelle artère pour observer ce fameux panneau et finissais par trouver mon bonheur. Une cible correcte et bien rémunérée. Il me fallait une piste. Des informations…et quoi de mieux qu’une taverne miteuse pour cela. Fort heureusement ce n’est guère ce qui manque dans cette maudite ville. Je poussais donc la porte pour y repérer quelques informateurs probables après avoir commandé de quoi le rafraîchir. Une pinte de cervoise douteuse mais cela ferait l’affaire le temps d’observer un peu les lieux et de trouver une table en retrait de tous et de tout le monde. C’est alors que cet humain roux refît son apparition et se dirigea vers moi avec deux pintes d’hydromel. Je n’allais pas le tuer tout de suite. Cette présence c’était sûrement lui et je tenais avant tout à savoir ce qui le poussait à me suivre. Et il était fort en gueule et plein de verve. C’est le moins que l’on puisse dire… ce pitoyable humain comptait il faire ami ami avec l’ombre de la mort que je suis? Nous allons voir s’il ne mérite ne serait ce qu’un peu de mon intérêt…

Sous le voile de Nyx

Alors que je faisais ma ronde nocturne au hameau, je fis une rencontre des plus troublantes… la nuit brumeuse recouvrant la place de la guillotine offre bien des mirages au voyageur perdu. Et généralement ceux là essayent de se faire discrets éviter les mauvaises rencontres… mais pas elle. Pas cette femme, qui en pleine nuit, au beau milieu de la place se tenait devant une vieille affiche, n’ayant probablement pas conscience du danger de ce lieu maudit… je ne sais moi même pas pourquoi je me suis dirigée vers elle en serpentant à travers les couverts offerts par les différents murets effondrés… d’ailleurs mon apparition ne sembla pas particulièrement l’effrayer. Elle était étrangement calme… nonchalante…comme si elle ne craignait pas une mauvaise rencontre. Ou totalement inconsciente et trop sûre d’elle allez savoir. Une rencontre entre deux prédatrices possiblement. Elle tenta bien un coup vieux comme le monde en attirant mon attention sur deux soûlards bruyant dans mon dos, mais ils étaient bien trop peu discrets et distants de moi pour représenter une menace. Non… la menace était bien face à moi et venait de cette femme étrange gardant son visage en partie caché sous sa capuche… nos échanges ne furent pas spécialement cordiaux, mais au moins était elle prévenue. Dans mon fief en Perracie, la mort rôde à chaque coin de rue… que ce soit moi qui la donne ou une créature errante…je disparaissais dans l’ombre, une fois notre court échange terminé. La laissant continuer son chemin si elle le souhaitait. Son sort était entre ses mains. Moi j’avais mieux à faire. Ces deux ivrognes allaient payer leur imprudence de leur vie. Et j’allais récupérer leur bourse d’or visiblement bien pleine de ce que j’avais pu entendre de leur conversation…

Après tout les morts n’ont guère besoin d’or…et je finissais sans mal par les retrouver en direction du Luparnar. Ils beuglaient comme des cochons ivres qu’ils étaient…je préparais donc mon embuscade pour les intercepter. Un toit plutôt bas me donnait une vue dégagée sur la ruelle qu’ils allaient emprunter. C’est là que l’Ombre de la mort s’abattrait sur ces nigauds…l’attaque fût vive et meurtrière. C’est à peine si l’un a eu le temps de déchirer le silence de la nuit Perracienne de son cri de terreur… mes poches venaient de s’alourdir de quelques pièces d’or… et la ruelle venait de s’orner de deux nouveaux cadavres sanguinolents baignants dans leur propre sang…

La Perracie est ainsi… le hameau est cruel et la prudence est de mise lorsque l’on s’y balade que ce soit de jour ou de nuit. Pour y survivre, mieux vaut faire preuve de discrétion…car la mort rôde derrière chaque ombre ou murets que l’on peut croiser. Ses ruffians venaient de l’apprendre à leurs dépends…peut être que cette femme croisée plus tôt l’apprendrait elle aussi bientôt si elle faisait une mauvaise rencontre…

Quand on traque un rat, on attire les chats

Stellaraë… encore une pitoyable ville humaine. Elle porte pourtant un joli nom Elfique… quel dommage quand on voit ce qu’ils en ont fait. Mais j’avais quelques affaire à mener là bas ce soir là. Quelques contacts a voir, quelques informations à récupérer. Mais j’avais un peu de temps avant mon rendez-vous alors je me décidais à me rendre au Canari Jaune. Une taverne miteuse mais oh combien intéressante pour un assassin. Car ces stupides humains sont toujours à la recherche d’une fine lame discrète pour se salir les mains à leur place. Mais ce soir je n’aspirais qu’à profiter d’une pinte de cervoise. Sauf qu’à peine l’avais je commandé qu’un stupide mâle de ma race se faisait prendre à partie par deux crétins avinés et racistes. A vrai dire je me foutais bien de ce qui pourrait lui arriver. Quant à ces deux idiots, leur heure viendrait dans un lieu moins bondé…
Et ce qui devait arriver arriva… une bagarre se déclencha finalement. À nouveau je ne bougeais pas. Ce soir je ne ferais pas de vagues. Ma décision était prise. Mes dagues ne quitteraient pas leur fourreau dans cette taverne. Et bien que ce n’était pas l’envie qui me manquait de tuer deux pitoyables racistes, je ne bougeais pas attendant cette foutue pinte. Et à peine fut elle arrivée, qu’un orc me bousculait sans vergogne et sans s’excuser… par deux fois! Là s’en était trop! Mon sang ne fit qu’un tour et mes dagues aussi… dans sa gorge. Maintenant qu’un cadavre gisait dans son sang, je n’avais plus qu’à demander à l’assemblée si d’autres personnes avaient des problèmes avec les elfes noires. Ce qui attira cinq amis de l’orc. À ma grande surprise une tête connue se mît entre eux et moi, pour les sauver d’une mort certaine. Ce lézard… cela faisait deux fois que je le croisais déjà… a croire qu’il me suivait… pendant ce temps, le tavernier courrait chercher la garde. Lui je m’occuperais très bientôt de son cas… quoiqu’il en soit le lézard se rendait complice d’une meurtre. Lui aussi était stupide… il ne me laissait plus le choix… les cinq larrons devaient tous mourir. Les morts font de mauvais témoins. Finalement après m’être débarrassée de quatre d’entre eux, je fuyais par la chambre d’auberge du lézard et lui proposais de m’accompagner. Visiblement il ne m’a pas suivie… sans doute s’est il fait arrêter par la garde… ou alors est il tombé d’un toit… dommage. Il aurait pu faire un bon membre de ma confrérie…pour ma part je quittais la ville et retournais à Nik Vikaë. Mon business était compromis pour un temps à Stellaraë…

L’arrivée a la Congrégation des Ombres

Enfin j’avais mis la main sur leur quartier général. Pas évident car le peu de personnes qui avaient des pistes, étaient peu bavardes à ce sujet. A raison d’ailleurs. Mais avec un peu de persévérance et une dague sous la gorge, je réussissais finalement à obtenir quelques indices qui me permirent de les localiser. Heureusement que mon réseau d’espions est efficace… enfin j’allais pouvoir suivre la voix de la famille Ombrenuit. La voix pour laquelle on m’avait entraînée et préparée depuis mon plus jeune âge. Il y’a plus de trois siècles à présent, mais je m’en souviens comme si c’était hier… l’entraînement fut difficile et douloureux mais aujourd’hui j’étais prête à montrer mes compétences et les mettre au service de cette organisation… une chambre me fut gracieusement attribuée. Petite avec un confort spartiate, mais j’avais l’habitude de vivre à la dure. Vivre dans l’opulence de toute façon affaiblissait le corps autant que l’esprit…je l’avais décoré de façon sobre et ne s’y trouverait que le strict nécessaire. Après tout je ne me passerais pas ma vie au quartier général. Ils savaient ou me trouver en cas de besoin quand je n’étais pas sur les lieux de toute façon. J’avais à ma disposition de quoi m’entraîner que ce soit au combat ou a l’endurance. Et j’en usais avec application à présent. Pourquoi? Parce que mon partenaire habituel était non seulement plus rapide que moi mais aussi plus fort. Sa force m’inspire le respect. Et ceux qui me connaissent savent à quel point c’est rare… ma première mission avec lui, je n’ai guère eut le temps de sortir mes dagues que déjà notre cible avait été défaite par ses soins… une vitesse autant qu’une force qui dépassait l’entendement pour moi… lors de notre deuxième mission en revanche, je pu tout de même lui montrer un peu plus mes talents, en maîtrisant une de nos cibles. Il s’occupa de l’autre… les contrats juteux pleuvent à la Congrégation. Et j’entends bien en accomplir un maximum. C’est extrêmement rentable. Et celui qui dit que le crime ne paie pas, n’a jamais essayé…