Le Monde de Dùralas
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Bonjour Invité, et bonne visite sur Dùralas ! Nous sommes actuellement en l'An 811 du Ve Âge. Bienvenue à notre dernier membre : ibrahim Le Monde de Dùralas a précisément 4040 jours ! Contribuez en aidant et en faisant part de vos idées pour le forum ici Dùralas, le Jeu 21 Nov 2024 - 20:46 La Spécialisation de classe s'obtient à Wystéria. Pour être à l’affût des dernières nouveautés, c'est ici qu'il faut aller ! |
| | Retour aux sources et remous dans l’onde [solo] | |
| | Auteur | Message |
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ArhiannEnsorceleuse
Messages : 1746 Expérience : 7840 Âge RP : 60 (éq. humain 30)
Politique : 269 - Titres:
Eclaireuse Sylvestre & trésorière (Faction)
Dragonnière d'Argent (Guilde)
Sculptrice invétérée (Artefact)
Alchimiste (Artefact)
Arcanes sombres (Spécialisation)
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Chasseur de poules (Event)
Jack'o'Piñata (Event)
Héroïne de l'Est (Event)
Hommage de FrörHeim (Event)
Chasseuse d'Acolytes de la Convergence (Event)
Rivale des Acolytes de la Convergence (Event)
Sculptrice de citrouilles (Event)
Sculptrice fidèle (Event)
Stats & équipements Vitalité: (3094/3094) Vitesse: 972 Dégâts: 3560
| Sujet: Retour aux sources et remous dans l’onde [solo] Sam 18 Jan 2020 - 21:01 | | | Avec l'apparition des fragments de Calamité à l'est, et l'expédition pour s'en débarrasser qui avait suivi, Arhiann n'avait pas eu l'occasion de poursuivre l'enquête sur l'étrange cabane qui, selon toute probabilité, avait rendus malades de jeunes faunes boucs dans le nord de la forêt. Cependant, après sa rencontre avec un tout aussi étrange personnage aux yeux rouges, et des kirins bien loin de leur état normal, elle avait voulu en savoir plus : les deux affaires étaient-elles liées ? Que se cachait-il derrière cette corruption de la vie de Sylfaen, habituellement si saine et foisonnante ? Le plus simple était de retourner à l'origine de toute cette agitation, aux abords du village de Dierna, où avait été observée la cahute suspecte. Certes, l'éclaireuse s'était déjà rendue sur les lieux, et avait pu constater que bien peu subsistait après l'incendie par la chamane locale de cette zone probablement infectée, mais depuis toutes ces lunes, peut-être que quelqu'un aurait repéré un autre indice. Elle était donc partie pour une nouvelle mission, non sans avoir consulté les étoiles auparavant. Leur message s'avéra flou, et pas des plus rassurants : elle allait vers quelques chose de sombre, vers un grand danger qui visait bien au-delà de sa seule personne. Il y aurait une rencontre déterminante, mais elle ne parvint pas à savoir si ce serait pour le meilleur ou pour le pire. De toute façon, elle devait enquêter, il n'y avait pas d'autre solution. Elle déclina l'offre d'une collègue de se joindre à elle, pressentant que, quoiqu'elle doive affronter, elle devrait le faire seule. Et puis, dans un registre moins dramatique, peut-être que cette fois, elle trouverait le temps de passer à son village d'origine : il ne se trouvait pas trop loin, et la blonde avait tant de choses à raconter à sa famille, sans parler du plaisir qu'elle aurait à prendre de leurs nouvelles et retrouver, rien que pour quelques jours, cette ancienne vie. La communauté de la chamane Dierna fut donc son premier objectif. Arhiann y fut reçue très amicalement, mais malheureusement pour ses recherches - heureusement pour les locaux - il n'y avait eu aucun mouvement suspect depuis son dernier passage. Après avoir apporté les nouvelles de la garde Zéphyr, elle reprit donc la route, décrivant des cercles de plus en plus larges autour de la zone carbonisée où s'était trouvée la cabane, et interrogeant tous les êtres qui pouvaient lui répondre. Ce ne fut qu'après bien des palabres avec des créatures variées, qu'elle obtint une nouvelle piste. Vers l'est, un groupe d'elfes un peu ermites lui firent part d'une macabre découverte, quelques lunes plus tôt : une laie et ses petits avaient été retrouvés inertes, sans la moindre trace de violence. Suspectant quelque chose de louche, les oreilles pointues avaient inspecté les animaux à distance, en faisant appel à leur fort lien avec Dame nature. Le diagnostic avait été sans appel : la femelle et sa portée étaient contaminés par une maladie inconnue, dont la présence avait choqué tout particulièrement ces habitants de la forêt. Prudents eux aussi, ils avaient, comme la faune Dierna, utilisé la flamme pour purifier une large zone, et ce malgré leur horreur du feu lorsqu’il dévorait leurs chers arbres. Leur inquiétude les avait poussés à mettre de côté leur goût pour la solitude, et plusieurs d’entre eux étaient partis en quête d’une origine à l’étrange mal. De place en place, ils étaient parvenus à suivre sa sinistre trace… La zéphyrienne était naturellement toute ouïe, ce petit groupe ayant avancé sur la piste qu’elle-même s’efforçait de suivre : ils allaient lui faire gagner un temps précieux. Organisés, ils avaient même tracé une carte grossière de leurs trouvailles, toujours des cadavres d’animaux, souvent en groupe, qui portaient la marque de la même fin. La maladie progressait de manière désordonnée, mais allait globalement en s’enfonçant toujours plus profondément dans la forêt. Et, ainsi que le constata Arhiann avec une inquiétude grandissante, s’approchait dangereusement de la région où était installé son village d’origine… « Vous nous écoutez, éclaireuse ? »L’interpellée secoua la tête, réalisant qu’elle s’était perdue dans des conjectures alors que ses hôtes continuaient à lui parler. « Je vous demande pardon. Vous pouvez répéter, à propos du dernier endroit repéré ? »demanda-t-elle humblement en montrant le petit point le plus éloigné qui était noté sur le parchemin. « C’était un hibours, un gros spécimen. On l’a brûlé, comme les autres. J’étais avec Lenwë, et comme ça faisait un moment qu’on était partis, je pensais qu’il fallait rentrer. Pour dire aux autres ce qu’on avait trouvé, et essayer de contacter l’un de vous, à la garde Zéphyr. On ne pouvait pas garder ça pour nous, et ça nous éloignait trop d'ici. Mais Lenwë voulait absolument continuer à chercher, alors, on s’est séparés. Il doit toujours être quelque part à pister cette malédiction, on ne l’a pas encore revu. En tout cas, on est bien contents que vous soyez là. »Elle se contenta d’opiner du chef, engrangeant peu à peu toutes les informations qui lui avaient été données. « Eh bien, je crois que la seule chose à faire est de suivre les traces de votre ami, en commençant par ici, »décida-t-elle finalement en posant le doigt sur la dernière marque tracée sur la carte elfique. Ainsi la fille de Magnésie repartit-elle encore plus profondément dans la forêt, jusqu'à la dernière victime recensée par ses précédents hôtes. Un grand cercle roussi en marquait l'emplacement, au centre duquel subsistaient quelques restes détrempés par les rosées matinales. Arhiann ne s'attarda guère, et reprit ses recherches, en esquissant comme précédemment une spirale, dont l'origine était son point de départ. Cette fois, elle cherchait à la fois des traces de l'étrange maladie, et du passage du jeune Lenwë, mais l'elfe semblait s'être fait si discret, qu'il n'avait laissé aucun indice sur son chemin. Quant aux étoiles, elles répétaient depuis quelques jours un message bref qui ne laissait pas de l'inquiéter : elle voyait sa constellation tutélaire, celle du bélier, éclater littéralement, alors que les petites lumières la composant s'éparpillaient aux quatre coins du ciel, quand elles ne disparaissaient pas dans un ultime clignotement. Piétiner dans ses recherches ne faisait que renforcer son humeur morose, car les seuls signes qu'elle croyait parfois trouver ne menaient jamais que vers de fausses pistes. Il semblait que le mal comme l'elfe se soient totalement évanouis de la forêt depuis la découverte du hibours... mais la faune n'était pas assez naïve pour y croire, et trop inquiète pour laisser une seule possibilité à l'épidémie de se répandre en ces vertes contrées. Après une nouvelle déception, le brame d'un chevreuil qu'elle découvrit finalement un bois coincé dans l'enchevêtrement d'un buisson si épais qu'il l'emprisonnait le plus naturellement du monde, l'éclaireuse décida de procéder différemment. Ayant libéré le petit cervidé, qui s'en fut sans demander son reste, elle prit avec détermination une nouvelle direction : celle de son village. Il serait plaisant de retrouver les siens, cela la changerait de cette enquête qui n'avançait pas. Et puis, peut-être auraient-ils quelques informations intéressantes ? Peut-être auraient-ils vu l'elfe Lenwë... Elle n'osait pas imaginer une autre situation, malgré le sinistre avertissement des étoiles, qu'elle avait d'ailleurs cessé de consulter, de crainte de les voir le réitérer. Quoi qu'il en soit, elle serait bientôt fixée : quelques jours de marche seulement la séparaient de sa communauté d'origine, et elle avançait sur un rythme soutenu, bien plus rapidement que lorsqu'elle avait fait ce trajet en sens inverse, lorsqu'elle était partie à la découverte. Elle était éclaireuse de la garde Zéphyr, désormais, et sa hâte de parvenir à destination la soutenait. Le soleil déclinait lorsqu'elle reconnut les abords du village, et que s'allongeaient des ombres inquiétantes dans un silence qui l'était tout autant : pourquoi n'entendait-elle pas de cris d'enfants, d'éclats de voix ? Pourquoi ne distinguait-elle pas les lueurs reflétées du grand feu, que les faunes avaient coutume d'allumer au centre du cercle formé par leurs huttes ? Le cœur cognant fort dans sa poitrine, et les doigts serrés sur son bâton, elle continua à avancer. L'esquisse d'une première habitation lui apparut, porteuse d'un sentiment d'étrangeté qu'elle n'identifia pas immédiatement. Mais, alors qu'elle s'approchait, la lumière faiblissante lui montra la terrible réalité : des ruines, c'était ce qu'elle contemplait. Des ruines noircies sous l'action du feu. Les sens aux aguets malgré la manifeste absence de vie, elle se glissa entre les pans de murs calcinés, jusqu'à la zone centrale, et effectua un tour sur elle-même, les articulations raidies. Tout avait brûlé, tout, sans exception. Le sentiment d'impuissance, qu'elle avait éprouvé alors que son enquête s'embourbait, revint la frapper au grand galop. Venait-elle de trouver le nouveau point d'impact de la maladie qu'elle poursuivait ? Et dans ce cas, était-ce l'elfe qui y avait porté la flamme ? Le souffle court, elle s'approcha d'une ancienne cahute, et en fouilla l'intérieur des yeux. Elle n'y voyait plus très clair, mais il n'y avait aucun reste faunesque à l'intérieur, elle en était sûre. Craignant ce qu'elle allait trouver, elle réitéra l'examen sur les autres logements. Cependant, réaliser que les murs de bois et de terre avaient brûlé sans qu'il n'y ait d'occupant à l'intérieur, ne suffit pas à la soulager. Prise d'une soudaine impression d'urgence, elle fila à toutes pattes vers une zone dégagée à quelque distance, qui servait aux cérémonies mortuaires. Sa course passait près de la seule hutte qu'elle avait omis de vérifier, celle qui se tenait à l'écart des autres, et logiquement placée sur le chemin de la porte vers l'au-delà constituée par la clairière aux bûchers. Elle n'eut pas le temps d'atteindre son but, qu'elle s'étala de tout son long sur les aspérités d'un sentier au tracé remarquablement net, signe qu'il avait été emprunté récemment. Quelque chose venait de la percuter, et elle se redressa vivement, plissant les yeux dans la lumière du crépuscule pour tenter de l'identifier.
" il n'y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n'y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel " |
| | | ArhiannEnsorceleuse
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| Sujet: Re: Retour aux sources et remous dans l’onde [solo] Mar 21 Avr 2020 - 16:59 | | | [HJ : sujet du combat avec les lancers de dé >ici<, mais le contenu est repris ici - en mieux]C'était une pierre, lancée avec trop de vitesse et de précision pour qu'il ait pu s'agir d'un hasard. Immédiatement, la faune se tourna dans la direction d'où le projectile était venu, et qui se trouvait être celle de la masure solitaire. La hutte du chamane était en ruines elle aussi, des ruines carbonisées comme le reste. Pourtant, il y avait là au moins une présence, elle en était certaine. Elle devinait même une silhouette, à demi dissimulée dans les ombres des poutres noircies et du jour tombant, qui lui semblait vaguement familière. S'agissait-il d'un faune du village ? Ou peut-être d'un collègue de la garde Zéphyr ? Mais pourquoi réagir de manière aussi agressive ? Après un instant de perplexité commun aux deux protagonistes qui, aussi surpris l'un que l'autre par cette présence inattendue, s'étaient regardés en chiens de faïence, l'autre remua, et Arhiann eut la certitude que c'était pour recharger sa fronde d'un nouveau projectile. Malheureusement pour elle, en chutant, elle avait laissé échapper son bâton d'éther, et il se trouvait maintenant hors de sa portée, au beau milieu du sentier. Elle voulut l'attraper à bout de bras, mais il était trop éloigné, et elle devina qu'elle ne pourrait éviter la prochaine pierre si elle continuait à vouloir le ramasser. C'est pourtant ce qu'elle fit, acceptant ce désagrément pour pouvoir remettre la main sur son arme fétiche, alors que la voix du tireur l'engageait à décamper. " Allez-vous en. Laissez nous ! "avait-il lancé comme un grognement d'animal défendant son territoire. L'impression d'un écho à quelque chose, ou quelqu'un, qu'elle connaissait depuis longtemps, persistait, mais sans qu'une identification ne soit possible. Et l'ensorceleuse avait autre chose à penser, plutôt que de réfléchir à l'individu à qui ce ton, étonnamment rauque, pouvait bien lui faire penser. Comme en réaction au nouvel impact qui la toucha, elle s'élança vers son instrument de magie, atterrissant souplement dans son immédiate proximité, et le saisissant aussitôt entre ses mains pour en faire usage. Les filaments de néant appelés, furent ensuite dirigés vers cet ennemi méconnaissable. Cependant, au moment de lâcher sa magie, la blonde en restreignit in extremis le déferlement, alors que l'impression de familiarité, certes non identifiée, la frappait de nouveau. Elle se contenterait d'immobiliser son adversaire, de le réduire à un état d'incapacité de lui nuire, sans pour autant lâcher toute sa puissance contre lui. Sa maîtrise des arcanes éthérées, raffinée par les nombreuses occasions qu'elle avait eues de s'en servir, lui permit de mettre ce projet à exécution. Assurée de ne plus rien risquer, elle s'avança donc, alors que retentissait une exclamation mi-étonnée, mi-apeurée de la part de sa victime, en train de se rendre compte des liens invisibles qui le restreignaient plus sûrement que n'importe quelle corde. « Au nom de la divine Magnésie, mais qu'est-ce que c'est que cette sorcellerie ? »Dans la panique naissante qui teintait les mots, la femme-bélier reconnut enfin cette voix, qui avait jadis appartenu à un jeune faune peu bavard, mais bien souvent présent dans les environs de son lieu de vie. Elle prononça son prénom, hésitante, tout en faisant encore quelques pas et en rejetant sa capuche d'éclaireuse qui, jusqu'alors, avait dissimulé ses traits. Maintenant qu'elle le distinguait mieux, elle put lire la surprise sur son visage, comme il identifiait à son tour qu'il avait affaire à une vieille connaissance. « Arhiann ? Qu'est-ce que tu fais là ? C'est toi qui... ? Attends ! S'il te plaît, ne viens pas plus près, »sembla-t-il supplier, étrangement en décalage avec sa posture, figée dans l'attitude qui avait immédiatement suivi son dernier tir à la fronde. Il avait le teint grisâtre et les yeux cernés, indiquant que les derniers jours n'avaient pas été de tout repos pour lui, et l'ensorceleuse sentit la culpabilité pointer pour l'avoir traité comme un ennemi. Et pourtant, n'en avait-il pas fait de même ? Le monde de son enfance avait disparu, sans qu'elle n'en sache les causes ou les responsables : pour l'instant, elle devait se montrer inflexible, et éviter de se laisser influencer par ses souvenirs d'un temps révolu. Elle accepta donc de s'arrêter là où elle se trouvait, à quelques pas de la cahute, mais sans pour autant lui rendre sa liberté de mouvement, ni relâcher sa vigilance d’Éclaireuse toujours à l’affût. « Il va falloir m'expliquer ce qui se passe... et pourquoi tu m'as tiré dessus. »« Je suis désolé, vraiment... si j'avais su que c'était toi... »« Quand j'habitais ici, personne, pas même un enfant, n'aurait lancé de cailloux aux inconnus. »Face à cette accusation, l'autre hocha la tête tristement, un des rares gestes qui lui étaient encore permis. « Beaucoup de choses ont changé ces derniers temps. C'est compliqué... je ne sais même pas par où commencer. Et puis, si tu pouvais enlever ce... blocage ce serait déjà plus facile. »Bien décidée à ne pas se laisser amadouer avant d'avoir obtenu un minimum d'informations, la blonde lui opposa un nouveau refus. « Commences par le commencement, et on verra si je te libère. »Peiné par ce manque de confiance, et un rien apeuré par cette étrangère froide qui avait pris la place de la blonde qu'il croyait connaître, il baissa la tête en soupirant. « Je suppose que je n'ai pas vraiment le choix... »Le silence de cette partie presque déserte de la forêt, maintenant que le village des faunes était à l'abandon, revint se poser sur la scène. Le soleil terminait sa journée en dardant d'ultimes rayons, qui peinaient à percer les épaisses frondaisons. Bientôt, apparaîtraient les étoiles de leur déesse, et chacun d'eux attendait avec autant d'espoir ces vibrants témoignages de la vigilance de leur créatrice. Le ton bas, il se décida enfin à parler : « Il y a eu une maladie, que personne n'a su identifier... Beaucoup sont partis, ailleurs. Beaucoup aussi sont... »Son regard se tourna vers le sentier menant à la clairière sacrée, puis se releva vers le firmament, fuyant celui de son interlocutrice. « Ont rejoint Magnésie. C'était... c'est très contagieux. C'est pour ça que personne ne doit approcher. Il y a encore un convalescent, ici. Pas un des nôtres. Un elfe, qui était déjà passé par ici, et qui était justement sur les traces de ce mal. »L'éclaireuse plissa les yeux, et interrompit son semblable d'un seul mot : « Lenwë ? »« Tu le connais ? »Nouvel air incrédule de la part de l'autre, auquel elle répondit d'un hochement de tête. « J'ai seulement entendu parler de lui, et rencontré certains de ses proches. Ils commençaient à s'inquiéter. Comment va-t-il ? »« Il s'en sortira, je pense, mais il a encore besoin de temps. »Ce précieux indice permit à Arhiann de mettre en place davantage de pièces du puzzle : l'elfe qu'elle cherchait à suivre était donc passé par là, lui-même à la suite de la malédiction qu'elle pistait également. Et tout portait à croire qu'il en avait trouvé un nouvel exemple, lequel s'était cette fois répandu au sein d'une communauté d'êtres pensants : ceux qui habitaient le village d'hybrides. Cherchant à confirmer ses conclusions, elle reprit : « Alors, les maisons brûlées, c'était pour... les purifier ? »« La plupart, oui. Je pense toujours que c'était la façon la plus sûre d'éviter que ça se propage, mais il y en a qui n'étaient pas d'accord, et... ça a dégénéré à un point que je n'aurais jamais imaginé. Un tel gâchis... si tu savais combien je suis désolé. »Ce fut au tour de l'ensorceleuse de ne pas comprendre : il semblait vraiment anéanti par la situation, mais elle n'en comprenait encore qu'une toute petite partie, et surtout pas pourquoi il semblait s'en tenir pour responsable. « Désolé de quoi ? Tu as l'air d'avoir fait ce qu'il fallait, et s'il y en a qui n'ont pas voulu écouter la voix de la raison, ce n'est pas de ta faute. »« Je n'en suis pas si sûr... »
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| | | ArhiannEnsorceleuse
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| Sujet: Re: Retour aux sources et remous dans l’onde [solo] Mer 20 Mai 2020 - 23:17 | | | D'incompréhension, la blonde secoua la tête. « Avec ton père, ça ne se serait pas passé comme ça. »« Qu'est-ce qu'on en sait ? Il n'est plus là, et il n'a jamais eu affaire à quoi que ce soit de ce genre. »« Ça n'a pas empêché plein de monde de le penser, et de le dire. Et d'inciter les autres à n'en faire qu'à leur tête. »L'amertume dans le ton de son interlocuteur était palpable. Que s'était-il réellement passé au village, pour qu'il en arrive à un tel sentiment ? Arhiann leva une main pour l'interrompre. « Attends... il va vraiment falloir que tu commences par le début, parce que là, je suis perdue. Mais d'abord, je vais te libérer. Et puis, je voudrais savoir... maman et Asteryon, qu'est-ce qu'ils sont devenus ? »Un hochement de tête lui répondit, et son prisonnier, quoique ce fut de liens invisibles, sembla se détendre un tout petit peu. « Ils allaient bien la dernière fois que je les ai vus. Ta mère a été parmi les derniers à s'en aller, elle a beaucoup aidé avec les malades, et elle faisait très attention à elle aussi. Ton frère est parti bien plus tôt, je ne sais pas trop où. »Quelque chose dans sa manière lapidaire de l'évoquer suggérait un quelconque souci, ce qui n'étonnait guère Arhiann : son fougueux cadet avait tendance à se lancer tête baissée dans les premières sottises venues. Cependant, elle ne chercha pas à en savoir plus dans l'immédiat, car elle avait un sortilège à défaire, et c'était bien plus complexe que de le lancer. Elle s'assit donc en tailleur dans l'herbe, là où elle se trouvait, maintenant de ses mains son bâton, planté verticalement devant elle. « Je pense que ça va prendre un peu de temps. Je vais devoir me concentrer... Peut-être que je ne pourrai pas tout faire d'un seul coup. Et ça risque de ne pas être bien agréable pour toi, même si... je ne sais pas vraiment ce que ça fait. Je n'ai encore jamais libéré quelqu'un qui pouvait me dire ce qu'il ressentait. »« Merci de me rassurer, »commenta-t-il, mi-figue, mi-raisin. « Je suis vraiment désolée, tu sais, je... »Il voulut l'arrêter d'un signe de la main, grimaça devant l'impossibilité de ce simple geste, et la coupa : « Peu importe. Dans un sens, je l'ai cherché. Fais ce que tu peux, ce sera déjà bien. Et si je peux te faciliter les choses, dis-le moi. Je ne te dérangerai pas. »Opinant, l'ensorceleuse se mit au travail. En soit, défaire les liens de néant n'était pas compliqué, mais c'était les ramener au vide dont ils étaient venus, sans les laisser entraîner avec eux ce qu'ils avaient enserré, qui se révélait plus ardu. Il lui fallut d'abord examiner ce qu'elle avait lancé d'une manière assez instinctive, pour savoir comment s'y prendre. Puis, très lentement pour bien séparer ce qui était vivant de ce qui ne l'avait jamais été, elle commença à retirer de petits morceaux de filaments de néant. Elle évitait de penser à ce qui l'attendait encore, car l'ampleur de la tâche avait de quoi décourager. Elle avait commencé par le bras droit du faune, bloqué du coude jusqu'au bout des doigts, et qui lui serait sans doute le plus indispensable. Elle y progressait à un rythme de tortue souffreteuse, nécessaire cependant pour degré de précision dont elle avait besoin : s'il fallait y passer toute la nuit, elle le ferait... encore n'était-elle pas certaine qu'une seule nuit suffise. Non, ne pas penser à ça, rester concentrée surtout. Elle releva le nez quand il lui sembla avoir atteint le poignet, et s'adressa à son cobaye : « Tu peux bouger le bras droit ? »Un silence, pendant lequel il sembla tester des mouvements légers et hésitants, le visage crispé. « Un peu, »finit-il par concéder, visiblement mal à l'aise. Il n'avait déjà pas l'air des plus reposé avant, mais prenait maintenant une pâleur de vampire. « Qu'est-ce que ça te fait ? »s'inquiéta-t-elle, n'obtenant de réponse, cette fois aussi, qu'après un temps de silence. « Comme des fourmis... tu sais, quand on s'engourdit ? Mais... beaucoup plus puissant. »« Est-ce que je dois continuer ? »Un hochement de tête affirmatif l'y enjoignit, mais elle hésitait devant les conséquences. Naturellement, elle ne pouvait pas non plus le laisser ainsi partiellement paralysé. « Tu es sûr ? »« S'il te plaît. »Elle reprit donc, patiemment, progressant cette fois vers la mécanique ô combien complexe des doigts, un filament de néant après l'autre. Il faudrait qu'elle travaille à quelque chose de plus simple à défaire, à l'avenir : là, ce n'était pas vraiment comparable à une corde comme utilisée pour des prisonniers. En réalité, elle devait retirer une toile invisible, gluante comme du fil d'araignée, qui enserrait totalement la chair de son congénère. Et l'éther ne coopérait guère pour être renvoyé à son infini obscur, sans s'être repu de la tiédeur vivante autour de laquelle il s'était enroulé. Les étoiles continuaient leur course au-dessus d'eux, muettes et attentives. Arhiann finit par lâcher un soupir de soulagement en défaisant le dernier lien de non-matière qui maintenait encore l'auriculaire. Face à elle, l'autre faune, toujours figé sur ses pattes légèrement fléchies, pressait un poing serré contre sa poitrine. « ça marche, »confirma-t-il en dépliant lentement ses doigts pour lui en faire la démonstration. Il ne semblait pas moins tendu qu'auparavant, mais restait déterminé à poursuivre. « Tu te sens capable d'enchaîner ? »« Laisse-moi juste un instant... »S'ébrouant de cette longue immobilité, elle s'éloigna pour faire quelques pas, les yeux levés vers l'éclat argenté des mille pupilles de Magnésie, priant leur déesse de bien vouloir lui inspirer force et constance dans la longue tâche qui lui restait encore. Elle songea à une phrase qu'Ikhar répétait souvent, et qui s'appliquait particulièrement bien à la situation présente. « Il est infiniment plus complexe de réparer que d'abîmer. »Elle sursauta devant la voix, bien réelle, qui avait prononcé les mots chers à son paternel. Une voix plus jeune, plus désabusée aussi, mais pas accusatrice le moins du monde. Il avait dû l'entendre bien souvent, lui aussi, quand il étudiait auprès du chaman d'alors. « J'y pensais justement, »murmura-t-elle en revenant à sa place, et l'autre acquiesça d'un simple signe, sans même rouvrir les paupières. « Mais moi, je n'ai pas appris à réparer... »« La preuve que si, »fit-il en la regardant finalement, tout en étendant son bras libre. « Tu crois que tu pourrais passer aux pattes ? ça m'arrangerait de pouvoir jeter un œil sur Lenwë. »« Bien sûr. Avec un sabot, ça devrait être moins difficile qu'avec une main. Rien que la forme est plus simple. »« ça va aller ? »« Ce serait plutôt à moi de te poser la question... Je m'y remets, arrête-moi s'il le faut. »Ainsi fut donc fait, dans le silence nocturne à peine troublé par les appels de quelques hiboux en vadrouille. L'ensorceleuse avait maintenant compris comment procéder, et heureusement, car elle sentait la fatigue la rattraper peu à peu, augmentant les risques d'erreur. Finalement, à part une chute de son congénère alors qu'elle atteignait sa première cheville, et une tonte en règle de sa laine brune, qu'elle ne parvenait pas à séparer des lambeaux d'éther, elle parvint à lui rendre l'usage de ses pattes. « ça repoussera, »lui assura-t-il au sujet de ses mollets mis à nu, tels ceux des humains, « mais on devrait... s'arrêter là. »Une telle déclaration la soulagea : elle ne voulait pas lui refuser sa libération totale, mais se sentait l'esprit de moins en moins clair. Un coup d’œil au firmament lui apprit que seules quelques heures les séparaient encore de l'aube. Sa fatigue s'expliquait aisément par le travail de fourmi qu'elle avait mené durant presque toute la nuit. Et l'autre faune avait visiblement besoin de repos lui aussi. Restant chacun de leur côté, à distance prudente, ils s'installèrent pour chercher le sommeil. Arhiann était persuadée qu'elle ne le trouverait pas, mais finit par sombrer, aux premières lueurs du jour, enroulée dans son épaisse cape d'éclaireuse qui lui masquait les rayons solaires. Il était près de midi lorsqu'elle émergea, tout d'abord incertaine de la distinction entre rêve et réalité. Mais elle se trouvait auprès des ruines de ce qui avait été la demeure du chaman dans son village d'origine, et la fumée d'un modeste foyer s'en élevait, indiquant que les lieux étaient bien occupés. Après quelques mouvements pour se dérouiller les articulations, elle se décida donc à appeler. « Manydh ? »Il ne fallut guère de temps pour qu'il apparaisse, l'air à peine plus frais qu'auparavant, et le bras gauche toujours figé dans sa position de la veille. « Bonjour, Arhiann. Bien reposée ? »« Pas mal, oui. Et toi ? Tu... tu t'en sors ? »Sa démarche était raide, il semblait prendre ses précautions pour chaque geste, mais ce fut à propos de son elfique patient qu'il répondit. « Lenwë commence à reprendre des forces, ça va. »Était-ce une manie de chaman que de toujours s'inquiéter des autres, sans se soucier de soi-même ? Ce n'était pas de l'oreilles-pointues dont elle avait voulu demander des nouvelles. « Je voulais dire, toi... ton bras, tes pattes... »Il esquissa un haussement d'épaules, plus marqué du côté droit. « Ce n'est pas encore parfait, mais.... ça évolue dans le bon sens. »« Tu n'as plus mal ? »« Seulement pour quelques mouvements en particuliers... rien de grave, »éluda-t-il de nouveau, manifestement peu enclin à s'étendre sur le sujet. Elle renonça à le questionner davantage et, s'étant assuré qu'il disposait de provisions suffisantes pour lui-même et l'elfe, le laissa vaquer à ses occupations. Il l'avait persuadée de prendre son temps pour reprendre des forces et retrouver un mental limpide, avant de s'atteler à la dernière étape de son travail de réparation. Elle se restaura donc tranquillement et généreusement, car une telle activité mentale, même si elle n'en donnait pas l'impression, consommait bien des ressources physiques. Elle s'assit ensuite en tailleur pour calmer son esprit et le ré-affûter au moyen de quelques exercices maternels. Ce n'est qu'à l'issue de cette séance méditative, qu'elle rappela son congénère pour lui indiquer qu'elle était prête à reprendre, s'il le voulait bien.
" il n'y a personne qui soit né sous une mauvaise étoile, il n'y a que des gens qui ne savent pas lire le ciel " |
| | | ArhiannEnsorceleuse
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| Sujet: Re: Retour aux sources et remous dans l’onde [solo] Mer 15 Nov 2023 - 16:50 | | | Ce qu'Arhiann découvrit quand elle entama ce qui devait être sa dernière séance de "réparations", n'avait rien d'engageant. Avec le temps qui s'était écoulé, les filaments de néant s'étaient enfoncés dans la chair du faune, s'imbriquant dans ce qui faisait sa vitalité, et rendant encore plus complexe l'opération de dégagement. Consternée, elle reposa sur lui son regard physique. « ça va être compliqué. Attendre n'a rien arrangé... »« Est-ce que tu est en train d'essayer de dire que c'est trop tard ? »grimaça-t-il en s'efforçant de masquer son inquiétude. Il n’avait vraiment pas envie de perdre l’usage d’un bras, mais la magie de l’ensorceleuse lui était trop méconnue pour qu’il se fie à quoi que ce soit. « Pas forcément... je ne sais pas trop. Mais par Magnésie, pourquoi est-ce que tu n'as rien dit ? Tu dois le sentir, et pas qu'un peu. »Il devait même souffrir terriblement, et pourtant, il ne répondit qu’en haussant celle de ses épaules qui avait retrouvé sa mobilité. « Qu'est-ce que ça aurait changé ? On avait tous les deux besoin d'une pause. »« ça aurait changé que je l'aurais su, c'est tout, »marmonna la blonde en remuant pour trouver à se réinstaller correctement, consciente que, malgré tout, il y avait plus urgent que de se chicaner. Elle devait se calmer, et se concentrer, pour corriger ce qui pouvait encore l’être… Le travail fut encore plus minutieux cette fois-ci, puisque les brins d’éther s’étaient quasiment incrustés dans le bras et la main de son semblable, mais elle essayait de ne pas trop réfléchir à ce que cela impliquait : sa tâche était déjà bien assez compliquée sans cela. Elle progressait avec une lenteur consternante, car le néant avait faim de davantage, et ne se laissait pas dompter sans se rebiffer. Cependant, petit à petit, elle le chassait de ce monde qui n’était pas le sien – même s’il lui servait bien, à d’autres occasion. Heureusement qu’il n’avait pas de conscience, sans quoi il aurait certainement refusé de la servir à l’avenir… du moins, elle espérait qu’il n’en avait pas. Cette fois, elle était bien décidée à venir à bout de ce travail sans plus de délai, aussi ne fit-elle aucune pause avant d’avoir parcouru jusqu’à l’extrémité de chacun des doigts du chamane. L’après-midi s’était écoulée sans se soucier d’eux, et elle était à peu près aussi épuisée que lors de la séance précédente, quand elle releva enfin le nez. Manydh ne valait guère mieux, apparemment. « Je crois que… j’ai fait tout ce que je pouvais. J’ai l’impression qu’il reste encore un peu quelque chose, mais je n’arrive pas à t’en débarrasser... »« ça va aller, c’est peut-être juste… quelque chose comme la marque en creux, et qui disparaîtra bientôt. »Malgré ses doutes, elle opina, ne voulant pas doucher ses espoirs trop rapidement. « Oui, peut-être. Je regarderai demain, quand même. Pour voir comment ça évolue. Et puis, il faudra quand même que tu me racontes ce qui s’est passé, et dans l’ordre. »« Promis. Mais seulement demain. Je vais voir Lenwë. »Le brun disparut de nouveau dans l’ombre des murs noircis, avec une démarche prudente indiquant qu’il n’avait pas encore tout à fait retrouvé sa mobilité. De nouveau, l’éclaireuse, malgré ses préoccupations, s’enfonça dans un sommeil plus que nécessaire dès qu’elle fut installée pour ce qu’elle espérait n’être qu’un bref repos. Elle s’éveilla au beau milieu de la nuit, affamée, et fouilla dans ses provisions, bien maigres désormais. Il lui faudrait bientôt repartir vers la civilisation si elle voulait éviter de perdre trop de temps en cueillettes et autres récoltes, voire chasse si les végétaux faisaient défaut. Son peuple appréciait moyennement la viande, mais c’était parfois la solution la plus simple pour faire des repas régénérateurs. Pour le moment, il lui restait encore un peu de ce pain elfique qu’elle avait progressivement adopté, d’autant qu’il s’avérait extrêmement pratique lors de missions un peu éloignées, car tenant très peu de place pour une efficacité considérable. Son estomac apaisé, elle se décida pour une ronde dans les environs. Elle avait certes visité les ruines du village, mais peut-être qu’un indice quelconque l’attendait un peu plus loin, et elle n’oubliait pas non plus que, avant la rencontre percutante avec Manydh, elle se dirigeait vers la clairière de crémation. Là, certainement, elle pourrait cerner un peu mieux le destin qui avait été réservé aux siens, à ceux qui n’étaient pas partis, du moins. Sous la lumière stellaire qui, pour elle, mêlait le regard maternel de sa déesse Magnésie à ceux de tous les faunes qui l’avaient précédée, elle continua donc le chemin interrompu la veille. Quelque part, elle en était certaine, son père suivait ses péripéties. Elle espérait juste ne pas le décevoir. La zone sacrée où les faunes-béliers procédaient à la cérémonie funéraire portait les marques d’une utilisation intensive, quelque temps plus tôt. Des restes de troncs d’arbres à demi carbonisés gisaient là, signe que l’on avait dû procéder en hâte, et pas pu nettoyer la place comme elle le méritait. Sans trop réfléchir, la blonde se mit à rassembler les débris au centre, comme elle l’avait appris. Les cendres des défunts étaient dispersées dans les bois, ou dans le lieu où ceux-ci l’avaient choisi, mais il restait toujours quelques morceaux de bois qui, eux, seraient simplement à la base du prochain bûcher. Si elle avait bien compris, il n’y en aurait sans doute plus jamais ici, mais ces gestes inutiles la rassérénaient, et tout en les accomplissant, elle revoyait en elle-même une scène passée, un peu moins de quatre décades plus tôt. Alors, elle s’était tenue aux côtés de sa mère, qui portait dans les bras le tout jeune Astreryon. Sur le bûcher reposaient un père et sa fille, un chamane et l’enfant qu’il avait échoué à sauver. Ikhar et Goëwyn. Tout le village s’était réuni pour rendre hommage au sage qui les avait guidés des années durant, et même Eithya, la grand-mère paternelle d’Arhiann, avait quitté sa retraite, prévenue du drame par quelque signe invisible aux yeux des profanes. La vieille faune vivait isolée dans une hutte difficilement accessible, du moins, pour les autres qu’elle-même, depuis qu’elle avait cédé sa fonction à son fils, et ne semblait plus vouloir des contacts avec ses semblables. Pourtant, elle était là.
Comme sa mère, qui ne lâchait pas son garçon, et comme sa grand-mère, celle qui n’était encore qu’une jeune faune parmi les autres tenait une torche allumée en main. La quatrième source était apportée par l’apprenti du chamane, désormais maître de cérémonie, bien malgré lui. Sur son signe, ils s’était approchés chacun d’un coin du lit de bois où reposaient leurs proches, et y avaient porté la flamme. Instinctivement, les trois générations de femmes, toujours avec le petit dernier, s’était rapprochées, formant un groupe compact sous les yeux duquel progressait le feu. Arhiann n’avait pas voulu le voir s’attaquer aux corps inertes qui lui étaient offerts, et avait enfoui son visage dans les vêtements maternel. Sa dernière image, néanmoins, venait aujourd’hui la frapper avec force : au premier plan, le bûcher funéraire, déjà tout enveloppé de teintes orangées, avec son père et sa sœur, pâles et rigides. Et derrière, une petite ombre à laquelle elle n’avait guère pris garde, à l’époque. Manydh, lui, était resté seul ce jour-là, et bien d’autres ensuite.Toute emplie de ces souvenirs, dont certains prenaient aujourd’hui un autre relief, elle avait terminé de nettoyer la clairière sacrée. Elle s’agenouilla devant le petit tas rassemblé là, en se demandant confusément combien, depuis, de faunes avaient été là rendus à la cendre, et donc à la forêt, alors qu’elle courrait parmi les chemins Dùralassiens. Combien de fois le nouveau chamane avait-il dû porter la torche ? Et, ces derniers temps, de combien de cérémonies collectives la clairière avait-elle été témoin, peut-être parfois sans même que les quatre assistants requis soient présents ? Son clan avait traversé une période terrible, et elle n’avait fait que courir l’aventure. Pire, elle ne savait que faire pour recoller les morceaux de la communauté désormais éparpillée, pour ce qu’il en restait, comme le lui avaient annoncé les étoiles – qu’elle n’avait pas su comprendre, une fois de plus. Parce qu’elle ne voyait pas quoi faire d’autre, elle ferma les paupières, et se concentra pour vider son esprit. Une fois apaisée, elle rouvrit les yeux, et les tourna vers le firmament, tendant son âme vers la divine Magnésie, et tout ce qui avait fait sa vie jusqu’à son départ du village. Plus rien de cela n’existait, et bien des faunes qu’elle avait connus alors, devaient avoir rejoint leur créatrice désormais. Les unes après les autres, elle évoqua les familles de sa communauté, poussant vers le firmament ses souhaits pour leur bonne santé. Enfin, elle peignit intérieurement les images de sa mère et de son frère. Ils se portaient bien, d’après Manydh, qui ignorait néanmoins où ils étaient partis. Elle se promit de les rechercher. Loin de là, Morydwë, qui ne trouvait pas le sommeil, contemplait les étoiles avec une certaine morosité. Sa vie lui semblait perdre peu à peu de son intérêt. Tout avait commencé avec le décès de son compagnon en même temps que de son aînée, puis, quelques décades plus tard, le départ de sa fille, pour culminer avec la terrible épidémie qui s’était abattue sur le village, et avait également lancé son fils sur d’autres chemins. Pour qui existait-elle encore ? Plus rien n’avait le goût d’antan… Et pourtant, son regard fut soudain attiré par une étoile qu’elle n’avait pas remarquée jusque-là, et qui brillait d’un éclat doré, non loin de la constellation du bélier. Cette couleur-là, elle la connaissait bien, c’était celle de boucles qu’elle avait si souvent débroussaillées, peigne en main, malgré les protestations de son enfant. Cette nuit, la petite étoile blonde brillait très fort et, quoique n’ayant jamais eu le douzième du talent de son époux pour déchiffrer le langage des astres, elle comprenait cette fois parfaitement. Quelque part, sous le même ciel, Arhiann pensait à elle.
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