Je suis d'accord, trouvons ce temple à la con, ça fait trop longtemps que je suis ici.

Une fois l'arlequine plongée, bien malgré elle, dans un bain régénérateur, Saigo tourna son regard vers la forêt. Dans un premier temps, il se disait que si la flotte avait des pouvoirs curatifs chez les abyssaux, ça expliquait pourquoi ces derniers refusaient de mourir même quand il leur brisait la nuque. Les saletés. Mais, bien plus important, c'était comme si un voile s'était levé dans son esprit. Depuis son réveil, le stryge noir avait récupéré la grande majorité de ses souvenirs, tout du moins les trucs importants, même si certaines marques sur son torse ou son ventre l'empêchaient d'oublier d'autres événements plus humiliants, genre ses défaites contre Alrun, Rekhan ou encore... pff... Equinoxe.

Peut-être que de décimer l'arlequine maudite avait levé un quelconque charme sur la forêt. En tout cas, après plusieurs semaines à chercher dans le vide à la fois le vieux maître de la Voie et le Temple Kashay sans succès, l'Exécuteur se remémorait du chemin. Comme par magie. Quel sentier suivre, quelles pierres marquées indiquaient qu'ils se rapprochaient de leur but. Alors, d'un pas décidé, le stryge noir s'enfonça une dernière fois dans la forêt dense de Wystéria.

En route. Au moins à l'abri des arbres tu ne risque pas de fondre.

Saigo ne se rappelait pas de la dernière fois qu'il avait eu un vampire à torturer, dans les cachots. Est-ce qu'ils fondaient vraiment au soleil ? Est-ce que si on les éclairait suffisamment fort à la bougie ça suffisait ? Il faudrait qu'il expérimente, à l'occasion. Il y avait sans doute plein de mercenaires incapables à la Congrégation qui feraient l'affaire.

Désormais, les deux amis suivaient le chemin menant au Temple du Maître des Spécialisations. Saigo se demandait encore comment ce sentier, qui lui semblait maintenant si évident, l'avait éludé tout ce temps. Au moins, il se révélait à lui maintenant, c'était toujours ça de pris.

Plus ils s'approchaient, plus la végétation se densifiait, tant et si bien que l'Exécuteur devait arracher çà et là quelques branches, racines et autres plantes qui gênaient la traversée. Plus improbable encore, il percevait une brume qui n'avait guère l'air naturelle se manifester, de plus en plus épaisse également. L'Élu ralentit un peu la cadence, prudent. Ce genre d'environnement, il l'avait connu par le passé, et il savait la jungle wystérienne suffisamment remplie de saloperies pour se méfier d'une embuscade monstrueuse.

La première chose qu'il vit, cependant, ce fut une paire d'ailes blanches. Une veste en cuir. Une épée à la ceinture. Cette fois, Saigo se stoppa net, les sourcils froncés dans une expression de pure incompréhension. Ce souvenir-là n'avait jamais eu l'occasion de remonter. Il n'aurait jamais eu en avoir l'opportunité. Quelque part, au fond d'une caverne quelconque de Spelunca, il ne devait même pas rester des ossements de ce souvenir.

Wound.

Il y avait des traces d'incrédulité dans sa voix, mais sa nature profonde reprenait le dessus. Peu importe s'il avait tué cette immondice blanche il y a des années... une sous-race restait une sous-race, peu importait combien de fois il devrait l'envoyer en enfer. L'Élu se lança sur sa proie, poing rageur, prêt à lui briser les os. Il traversa la silhouette, qui s'évapora dans la brume. Une illusion.

Wound... cette petite merde était là, la première fois qu'on s'est rencontrés. Lança Saigo à son vieil ami.

À l'époque, les deux amis s'étaient affrontés, dans un combat lamentable. Ils n'en étaient qu'au balbutiement de leurs légendes respectives. Peut-être que Styx venait tout juste de prendre possession du corps de Lachlan Grey, il n'en savait rien. Saigo, en revanche, venait tout juste de quitter les cachots, rempli d'arrogance et de volontés belliqueuse. Ils en avaient accompli, du chemin, depuis tout ce temps.

Quelques mètres plus loin, l'Élu ressentit une vive douleur au niveau du torse. Comme si une lame venait de déchirer sa peau. Il laissa échapper un grognement, porta la main au niveau de la supposée blessure. Il n'y avait rien, si ce n'est de vieilles cicatrices. Une autre douleur, similaire, surgit à son tour. Tout autour de lui, une plage de sable rouge. La Red Sun Belt. Son sang mêlé aux grains de sable. Le visage disgracieux, mais facilement identifiable de DoÖoN.

Notre premier contrat à la CO... Shakti était là aussi.

Ce jour-là, le travail avait été accompli, mais lui avait mordu la poussière. Puis un flash, rapide, presque imperceptible. Une forêt, bien plus claire et sereine que celle dans laquelle ils se trouvaient actuellement. DoÖoN, à nouveau, ainsi que ses deux amis, Arutha et Kiloë. Les silhouettes d'Alrun et de Jack Rosenthal. Leur seconde intervention contre l'abyssal. Quelques pas en avant de plus, l'affreux bleuté s'effaçait, les deux autres demeuraient, flanqué d'un nouvel arrivant.

Dougal Keane, en armure et en charpie. C'était la première traversée à Wystéria, ça.

Le vol d'un bateau pirate, l'intervention manquée des Dragonniers, les révélations sur ses origines, son recrutement parmi les Amants... beaucoup de choses avaient changés pour Saigo à cet instant là. Pour le meilleur comme pour le pire. Peut-être plus encore qu'auparavant, Styx et lui s'étaient retrouvés liés à jamais durant cette traversée. Avec confiance, le stryge noir se contenta de poursuivre sa route, traversant sans sourciller l'illusion du Gardien.

La suite, désormais, il s'en souvenait également. Assise sur un tronc d'arbre arraché, deux gargantuesques massues dans les mains, crinière rouge et pagne qui ne cachait que le strict nécessaire, Nova Avon les toisaient du regard, sourire aux lèvres. L'orc et le stryge avait toujours entretenu une relation curieuse. Ils étaient ennemis, de part leurs alignements et valeurs respectives, mais malgré cela, ils avaient plus d'une fois été d'une même côté. En avait naquit une certaine forme de respect mutuel. Pour la première fois depuis que cette brume avait commencé à envahir la jungle, Saigo esquissa une moitié de sourire.

Autour d'eux, la brume s'assombrit. Elle restait présente, mais semblait se densifier, devenait opaque. Les yeux de l'Élu peinait à s'habituer à la soudaine pénombre. Il progressait toujours, à tâtons, pas à pas. Une lueur, faible, guidait sa route. Chaque mètre parcourut rendait ce faisceau plus visible, plus accueillant. Enfin, l'Exécuteur parvenait dans une grotte lumineuse, anomalie de la nature. Végétation abondante, dinosaures gigantesques et cristaux précieux offraient un spectacle saisissant. Un tableau d'une autre vie, au centre duquel trônait, lévitant, une silhouette encapuchonnée. Autour de lui trônait un bâton dont émanait une énergie sombre. Un ensorceleur au visage inconnu, dans une caverne mystérieuse.

Dragnizzo. Je crois que c'est la dernière fois que nous nous sommes croisés avant nos morts respectives.

Soudainement, tout disparu. La caverne, les bêtes, la brume, les silhouettes, les souvenirs. Ils étaient de retour dans la jungle de Wystéria, sur le chemin du Temple Kashay. Combien de temps s'était écoulé ? Il n'en avait aucune idée, avec la végétation impossible de juger de l'avancée du soleil. Saigo se sentait bizarrement calme, malgré cette expérience inédite pour lui. Il ne lui restait qu'un seul poids inconnu, prolongement de son bras.

Le Jugement Blanc était apparu dans sa main droite.

Un manche sculpté, une lame d'un blanc éclatant, incrusté de runes draconiques. L'arme légendaire qu'il avait tant de fois aperçu en rêve, dans les mois qui avaient suivi son réveil. Celle-ci aussi, Saigo avait fini par l'oublier. Obnubilé par la Voie, son entraînement, sa perpétuelle quête de puissance, il avait fini par occulter cette dague qui ne lui était plus utile. Maintenant qu'elle se trouvait dans sa main, bien réelle, il la contemplait sous un jour nouveau. Non plus comme sa plus belle possession, mais comme un corps étranger. Il la soupesait, l'amenait au niveau de ses yeux. Il s'entailla la pommette et fut presque surpris de sentir la brève douleur et les quelques gouttes de sang perler sur sa joue. Il se tourna alors vers Sobek, pour lui montrer sa trouvaille. Un air nostalgique se peignait sur son visage.

J'ai obtenu cette lame à l'issue de nos aventures. À cette époque, je me suis fourvoyé. Obnubilé par l'histoire de ma naissance, j'ai voulu prendre le trône des Exécuteurs. J'ai voulu gagner en importance à la Tour Noire. J'ai voulu devenir plus qu'un simple Exécuteur. Il pointa sa dague vers le visage de son vieil ami. En réalité, c'est toi que je chassais. Toi qui a toujours été un noble. L'Ombre. Le Valet. Le Dévoreur. Je voulais pouvoir te regarder droit dans les yeux, d'égal à égal, de Roi à Roi. J'étais envieux de ton statut, de cette crainte que tu générais, par de simples phrases anodines en apparence. Jaloux de tes manigances, de tes stratégies, de tes pouvoirs. Mais désormais... je n'ai plus besoin de ça.

Alors, sans hésiter et de toutes ses forces, Saigo jeta le Jugement Blanc, aussi loin qu'il le pouvait, dans la jungle wystérienne.

Je n'ai plus besoin d'une lame pour servir le Dragon Blanc. Je n'ai plus besoin d'être un Roi ou une Ombre. Je ne suis pas un dirigeant. Je suis un guerrier.

Derrière eux, dans un fracas assourdissant, des branches s'écartaient et s'affaissaient, révélant l'entrée du temple Kashay. Derrière ses immenses portes en pierre, le secret d'une nouvelle étape sur la Voie de l'Exécuteur Parfait. Pourtant, à cet instant, Saigo avait les yeux braqué sur Styx, un sourire aux lèvres et des flammes dans le regard.

Je sais enfin qui je suis et qui je ne suis pas. Je ne suis pas ton égal. Pourtant, lorsque le moment sera venu, c'est bien côte à côte que nous marcherons sur le monde. Derrière l'Ombre, Axe, évidemment. Peut-être même à sa hauteur, voilà des détails dont ils n'avaient pas discutés. Ce sont tes plans qui nous apporterons la victoire. Ce sont mes poings qui terrasseront nos opposant.

Lentement, l'Élu leva le bras et pointa le Temple, avant d'asséner, d'un ton déterminé.

Allons-y. Allons rappeler au monde entier à quel point toi et moi sommes réellement dangereux.

Le soleil déclinait. Lentement, au gré du temps, pareille à une pluie fine, nuit torride, l'ombre humide du soir se déversait sur l'île Dùralassienne ; sur sa forêt dense, sur ses plages de sable blanc, sur les deux protagonistes de cette épopée formatrice.

La traversée, dans son ensemble, se révéla comme un rêve lucide aux yeux de Sobek, qu'il vécut de bon gré acceptant le fait qu'à l'instant même où ils s'accaparaient le pouvoir recelé par l'Abyssale un miroir se brisait, garant des secrets de Wystéria, le chemin vers le temple Kashay (sérieusement) s'ouvrirait.
Un chemin d'herbes hautes, lianes folles, et encore plus de brume.
Dans le brouillard, les paradigmes de réalité n'étaient plus que des flocons de givre battus par les vents.

Il voyait bien la silhouette de Saigo -portant toujours une attention peu professionnel, mais de tout instant, à ses épaules carrées- devant lui, mais Sobek se concentrait, en fumant une pipe d'herbe, sur l'autour de la scène. Un piètre sortilège d'illusions, qu'il aurait pu aisément dissiper, et face auquel il ne s'offusqua pas, mais quel mauvais goût, une invitation au voyage d'ordre mémorielle mettant en scène ce les bas-fonds de Dùralas.
Debout, d'un pas déterminé mais plutôt lent, Sobek Elpoemer Grey, tenait sa pipe dans une main tandis que sa bouche crispé renvoyait un certain mépris face à ce qu'il voyait. Really bitch ?

Wound.
S'il devait se remémorer la moitié des idiots qu'il avait occis de ce monde il pleurerait en tout instant, ainsi, en relevant son col de chemise il suivit Saigo en gloussant. Wound...

Allant crescendo dans le malaise, le maléfice leur montra la figure mal dessinée (et pas au format 200x400) de DoÖoN, et cette fois Sobek écarquilla les yeux de surprise et de dégoût. Il avait presque oublié ce trio absolument dénué de talents ; Kilomètre et Arutho en étaient des membres. Sauf s'ils avaient des noms autres que ceux qu'ils pensaient qu'ils avaient, de toute façon on s'en tamponnait les couilles.
De nouveau, il passa outre les figures sans une once de sentiments, si ce n'est le dégoût le plus total.

Saigo semblait quant à lui en proie aux afflictions mortelles, et qui pourrait le blâmer de ressentir ce qui est inhérent à sa condition, et s'était déjà par deux fois vu rempli de mélancolie. Enfin, pour ce qui était de Wound, il avait surtout témoigné de son souvenir de leur première rencontre, mais Styx s'était à présent fait à l'idée que leur partenariat resterait de l'ordre du professionnel. Réagir à la fois où il avait voulu tuer Saigo, aurait été bien mal venu, ainsi il resta silencieux, ne se souvenant pas vraiment de son premier contrat non plus.

Sûrement à cause de sa nature tout récemment réappropriée d'être humain, en la qualité de Sobek, un premier éclair de sentiments le traversa à la vue de Dougal Keane. Ses pupilles se dilatèrent, comme, derrière Saigo, il l'observait en relevant le menton et en agrandissant son demi-sourire. Quelle sombre merde, celui-là.
Il détestait Dougal Keane, et le simple fait que cette image, ce fantasme de brume, lui rappelle que Keane lui avait échappé de son vivant (oh, pas qu'il eut été épargné, il l'avait tabassé plus d'une fois, mais plutôt le fait que son cœur batte encore) transforma ses pupilles en deux billes joueuses. Embrasées.
Puis il se repris. Tout illusionniste savait que s'il s'abandonnait aux champs empiriques au beau milieu d'un sort de cette école alors...

Alors...

Nova Avon, Dragnizzo, Alrun, Hevoria, Moradund-Marteau-De-Fer, Dilon Deraborne, Arutha ConDoin -Con surtout-, Kiloë, Selsya, et tant d'autres dont le prénom ne lui importait plus, toutes les victimes de ses manigances, revenaient le hanter, l'encerclaient aussitôt.
Pas lui, pas Styx, pris au piège de fumées et de miroirs.
Pourtant, le résultat était probant, et quiconque eut érigé ce champ brumeux devait se réjouir d'avoir attrapé en ses filets une proie d'habitude insaisissable, changeante et inlassable. Sobek Elpoemer Grey, déboussolé, contemplait avec surprise les dizaines -centaines- de visages qui le toisaient du même air supérieur qu'était sa signature.

Saigo avait disparu, et il se retrouvait donc seul dans la brume, entouré de corps inertes au sourire suffisant, dont le regard renvoyait tout autant de reproches. Il resta un instant à hésiter, rompant l'hypnose et l'introspection dans laquelle le plongeait pareille vision ; puis, comme toujours, son esprit se mit à fonctionner plus vite qu'un carreau d'arbalète ne découpe la tête d'un elfe.

Il bouscula Hevoria, droit comme un I, et ignora la main tendue, sinistre, d'un Dragnizzo à jamais encapuchonné pour tourner le dos à tout ça. Son coeur battait la chamade, et ses tempes avoisinaient la rupture d'anévrisme comme si un oiseau-piqueur lui triturait le cerveau, mais son âme était sereine.
Sans se retourner, il s'adressa une phrase à lui même comme aux illusions ;  

- Le simple fait de vous regarder me rappelle pourquoi je suis comme je suis, et pourquoi je cherche à vous détruire, tous. Disparaissez.

Puis, et car Sobek Elpoemer Grey était avant tout un arcaniste rompu et plutôt -très- doué, il se retourna en exécutant quelques gestes à l'aide de ses mains. Les illusions disparurent à nouveau, et Saigo réapparut, un peu plus loin. Il semblait lui aussi avoir chassé les fantômes, à sa manière, et lui adressait la parole en tenant fermement son arme d'antan.

- J'ai obtenu cette lame à l'issue de nos aventures. À cette époque, je me suis fourvoyé. Obnubilé par l'histoire de ma naissance, j'ai voulu prendre le trône des Exécuteurs. J'ai voulu gagner en importance à la Tour Noire. J'ai voulu devenir plus qu'un simple Exécuteur. En réalité, c'est toi que je chassais. Toi qui a toujours été un noble. L'Ombre. Le Valet. Le Dévoreur. Je voulais pouvoir te regarder droit dans les yeux, d'égal à égal, de Roi à Roi. J'étais envieux de ton statut, de cette crainte que tu générais, par de simples phrases anodines en apparence. Jaloux de tes manigances, de tes stratégies, de tes pouvoirs. Mais désormais... je n'ai plus besoin de ça. Je n'ai plus besoin d'une lame pour servir le Dragon Blanc. Je n'ai plus besoin d'être un Roi ou une Ombre. Je ne suis pas un dirigeant. Je suis un guerrier.

À ses paroles, il avait joint des gestes symboliques, que Sobek observa avec un vrai sourire cette fois-ci. Il était plutôt fier de son ami, beaucoup, même s'il ne connaissait de la fierté envers autrui que ce moment-ci, et se surpris à rougir devant l'assurance du Stryge, faiblesse qu'il camoufla en s'allumant une cigarette qu'il fit apparaître de la brume.
La brume était sa pute, désormais, et le temple ne tarderait pas à suivre.

- Je sais enfin qui je suis et qui je ne suis pas. Je ne suis pas ton égal. Pourtant, lorsque le moment sera venu, c'est bien côte à côte que nous marcherons sur le monde. Ce sont tes plans qui nous apporterons la victoire. Ce sont mes poings qui terrasseront nos opposant. Allons-y. Allons rappeler au monde entier à quel point toi et moi sommes réellement dangereux.

Déterminé, l'élu du Dragon Blanc pointait le Temple, si bien que Sobek s'avançait pour poser une main sur son épaule.

- Les mots ne sauraient exprimer combien je suis honoré de te compter si souvent à mes côtés, Saigo. Je crois que si des différends ont existé entre nous, ce n'est pas seulement car ta jalousie mal placée œuvrait. J'ai essayé maintes fois de me convaincre que tu n'étais ni essentiel ni précieux à mes yeux, mais j'imagine que le premier défaut de celui qui passe son temps à scruter les autres est de mal se connaitre. J'ai à chaque fois regretté de t'éloigner, ou de ne plus te voir, tout simplement.

Un instant, le regard de Sobek glissa par-delà Saigo, et, dans les brumes il lui sembla voir leurs anciennes versions rire ensemble. Son coeur bondit, et s'il ne réagit pas, un sentiment affreusement puissant se déversa dans son organisme. Quelle horreur... mais c'était... agréable ? Par Adam, Sobek tu es totalement naze en tant que vaisseau. Luttant contre les larmes qui menaçaient de mouiller son regard, il repris :

- Tu m'as appris plus que n'importe quel ouvrage, et je tire de toi de plus grandes leçons que les tragédies que j'aime à orchestrer. Je crois que les vôtres disent qu'on existe que dans le regard des autres, et lorsque je suis avec toi je comprends cette phrase. Allons, avant que la mièvrerie ne nous tétanise ! Ouvre la voie, Guerrier ! Et quel guerrier.

Sobek était réellement heureux comme il parlait à Saigo, et bien que cette dernière phrase lui eut donné l'envie de rajouter quelques mots, il commença à marcher rapidement vers le Temple, en se dérobant à leur proximité car ses yeux étaient bel et bien humides. Ce n'était pas déplaisant, tout compte fait, pas avec le Stryge.

Styx. Saigo. Le duo le plus dangereux a avoir foulé les terres de Dùralas. Même les Calamités n'avaient pas semé autant de destruction qu'eux. Le Vampire en avait même invoqué une pour tabasser les autres factions dans le temps. Cela avait mis un peu de temps, mais les deux hommes étaient sur le point de passer un palier supplémentaire sur le chemin qui devait les ramener à leurs statuts d'antan.

En un sens, Sobek avait d'ores et déjà surpassé Lachlan, non ? Château Rouge était, de ce que savait Saigo, un royaume en plein essor. Spelunca était uni sous bannière vampire et Styx, bien que n'étant plus l'Ombre, conservait une influence importante à Lédéhi. Ou reprendrait bientôt cette influence, l'Exécuteur n'était pas tout à fait certain d'où en était les plans de ce côté-là. Une chose à la fois, il était déjà grand temps d'entrer de le temple Kashay et de faire le travail.

Les mots de son ami le galvanisèrent davantage. Un sourire sincère se forma sur son visage. Il hocha la tête, tapotant le bras du Vampire sur son épaule. Puis, alors qu'une brume blanche, similaire à celle qui s'était manifestée sur la plage, se matérialisait autour de son bras droit, l'Élu inspira un grand coup, planta solidement ses appuis sur le sol meuble de la jungle, puis dans une démonstration de puissance sans aucun doute excessive au vu de la tâche à accomplir, pivota à 180 degrés aussi vite que possible.

Les grandes portes rocheuses du Temple volèrent en éclats sous son coup de poing.

Alors que le stryge noir entrait dans ce lieu sacré qu'il avait autrefois visité, les morceaux de porte se mettaient à léviter pour revenir à leur emplacement initial. Au cœur de ce monument, à l'architecture simpliste somme toutes insipide, le même spectacle que celui observé des années auparavant. Le célèbre Maître des Spécialisations, entraînant son disciple à l'inébranlable foi. Des années et des années que ces deux hommes ne devaient voir personne d'autres que les aventuriers venus arracher la gueule du jeune homme. Obligé ils se tapaient dedans le soir.

Ils stoppèrent leurs valses viriles alors que le duo de la CO approchait.

Vos visages ne me sont pas inconnus. Lança le Maître en guise de salutations.

Alors j'imagine que vous savez pourquoi nous sommes là. Répondit Saigo.

En effet, Analyste. Vous mêmes êtes au fait des règles du jeu, n'est-ce pas ?

Triompher du disciple pour obtenir le secret d'un pouvoir. Simple comme bonjour, malgré toute la vaillance de leur adversaire. Deux contre un, ils avaient connus des situations plus déséquilibrées. Saigo hocha la tête. Calmement, le jeune homme descendit de la plateforme d'entraînement sur laquelle il était précédemment juché. Il se mit en position de garde, prêt à encaisser l'assaut adverse. Par mimétisme, le stryge noir se mit également en position.

Certaines des vos illusions, là dehors, étaient de très mauvais goût. Glissa l'Élu. Si votre but était de nous déstabiliser... vous allez avoir une bien mauvaise surprise.

Sobek Elpoemer Grey garda les mains croisées au niveau du torse, son costume à cape en velours noir flottant doucement comme les portes du Temple Kashay se matérialisaient devant eux, après cette série de bien ridicules péripéties -en appeler aux sentiments de mélancolie de Styx était comme de demander d'exprimer des remords à un G.O.L.E.M.- ses yeux, quant à eux, s'étaient réduits à deux fentes rouges où brûlaient des enfers d'azote.

Quelque chose continuait à l'intriguer dans l'atmosphère de cet endroit, et tandis qu'il demeurait immobile et que les portes tombaient sous le coup de Saigo, le Dévoreur inclinait doucement la tête sur le côté, s'en prenant de son côté aux racines magiques du Temple.
Le Maître des Compétences avait voulu user de ses dons pour le piéger dans une illusion, et cela avait réveillé chez Styx son instinct éternellement rancunier et mauvais. Il était l'heure de jouer une petite farce au vieux et à son gamin.

Sans bouger d'un poil, ses yeux habitués à voir ce qui n'était pas de ce monde grattèrent la moindre information et construction mathémagique de l'endroit. Chaque tangente emprunte d'un sort de protection, chaque ligne de codage qui permettait au Temple d'arborer la nature occulte qui lui donnait son nom, tout apparaissait clairement à Styx qui se mit à sourire pensivement, dévoilant une rangée de dents étincelantes, aiguisées, sans s'en rendre compte.
L'instant d'après ils franchissaient l'entrée, pour se trouver face au Maître des Compétences.

Fidèle à lui même le Roi Vampire se garda d'adresser la parole au vieillard, encore furieux d'avoir goûté à son propre poison, mais déporta son attention sur son disciple.
Dans des vêtements d'entraînement qui lui rappelaient ceux de Saigo s'il avait décidé de servir un moribond exilé dans la Jungle Wystérienne, le jeune homme présentait une carrure très acceptable, des yeux verts, et un teint hâlé.
Les pupilles de Styx caressèrent le contour de ses épaules, glissèrent le long de son cou, passèrent doucement sur sa mâchoire carrée, pour finalement se planter dans le regard de l'autre.

L'instant d'après, aussi subrepticement qu'il avait calculé et analysé les fondations magiques de l'endroit, le vampire voyait ses yeux briller de milles feux, et l'humain qu'il contemplait tombait dans son illusion.
Il voyait des nuits fauves, des ongles laissant des traces rouges, profondes, sur son dos, et une bouche désireuse de rencontrer des extases impurs. Il voyait des galaxies imploser, des supernovas naître et mourir à la vitesse de la lumière -des lumières-mortes- et au milieu d'étoiles mortes et d'une nuit noire, une Bête toute de courbes et de chaleur qui l'invitait à se perdre dans l'infini des sensations.

Même d'aussi loin, alors que pour Styx il ne s'était écoulé que quelques secondes, il put sentir l'érection fulgurante qui gagna l'apprenti. Faible sac de chair.
Laissant le garçon à ses rêves d'enfant isolé, frustré, il se tourna vers le Maître pour faire écho aux paroles de Saigo :

- Je n'aurais pas opté pour la brume comme émetteur magique, trop ostentatoire pour un art furtif et secret comme les illusions. Finissons-en, amateur.

Le disciple continuait, rouge comme une tomate, ses fantasmes fiévreux, les yeux hagards, et Styx ricana. L'avantage était au camp qui savait réellement quand et comment tricher.

Début du combat Saigo & Sobek E. Grey vs Disciple du Maître

Saigo : 2327
Vitesse : 2190
Dégâts : 1514
Bonus : Le Zéphyr (posture) : Contre une classe magique ou un dragon/dinosaure, la vitesse est multipliée par deux mais les dégâts baissent de 10%. (utilisée)
Coiffe dùralassienne : la première attaque subie est réduite de 25%
Robe de l'Archimage : peut lancer un dé supplémentaire
Un pour tous : A chaque CR, le joueur obtient un marqueur de 20% (25% si CC) cumulable jusqu'à 75%. Il  peut décider à n’importe quel tour d’activer ses marqueurs. Son prochain CR/CC sera alors augmentée du pourcentage de marqueurs stockés).

Sobek E. Grey : 3326 (200)
Vitesse : 1165
Dégâts : 1665
Bonus : Conjurateur : sceau de vitalité +50% (appliqué)
Machiavel : augmente les dégâts des dagues, griffes, arcs et arbalètes (605) de 118%
Exorcisme : Vole et annule une capacité adverse
Foudre : Dès que l'adversaire est touché, il perd 150 de vitesse par tour
Livre de Guthemberg : l'effet dépend du tour.

Spoiler:

CONTRE

Disciple du Maître : 6700
Vitesse : 2262
Dégâts : 50 (+1 point de dégâts tous les 10 points de vie perdus)
Bonus : Pugiliste : Posture du serpent : Contre une classe magique ou un dragon/dinosaure, la vitesse est multipliée par deux mais les dégâts baissent de 10%.

Alors que l'ultime combat en terres wystériennes s'apprêtait à commencer, les sourcils du vieillard nommé Maître des Compétences se fronçaient. Peut-être avait-il commis une erreur dans ses calculs, dans ses subterfuges. Peut-être sa brume visait-elle à éloigner les deux assassins. Peut-être avait-elle pour but de les plonger dans la mélancolie. Peut-être n'était-ce qu'une forme de récompense, à l'égard de tout le chemin que le stryge et le vampire avaient parcouru depuis des années. Un voyage au pays de la nostalgie.

Mais l'Exécuteur comme le Saint de Spelunca arboraient désormais des regards enflammés et prononçaient des mots qui en disaient long sur leur interprétation de ces visions. Il y avait de l'électricité dans l'air, et elle ne venait pas uniquement de l'arbalète de Sobek E. Grey.

S'asseyant en tailleur à même le sol, le Maître posa son regard sur son disciple, comme s'il tentait de lui intimer des ordres par la pensée. Peut-être était-ce le cas. Saigo, en position de garde face à ce dernier, l'observa retirer le haut de sa tunique, révélant un torse soigneusement sculpté, mais également orné de dizaines de runes qu'il n'aurait su déchiffrer. Celles-ci se mirent à briller d'une lueur bleutée, et les yeux entraînés de l'Exécuteur ne tardèrent pas à distinguer les flots de magie qui s'en échappaient.

Le Disciple n'était plus celui qu'ils avaient rencontré lors de leur première venue. Comme leurs alliés, comme leurs ennemis, l'homme s'était entraîné, inlassablement. Tout comme le Parricide, il n'avait pas opté pour la voie des lames. Tout comme Saigo, le Disciple était sa propre arme. Son entraînement l'avait simplement mené à exprimer ses techniques de manière différente. Pour l'ancien Analyste, ce déversement magique lui offrait une stratégie idéale.

Par respect pour celui qui suivait finalement une voie similaire à la sienne, le stryge noir retira lui-même le haut, révélant son torse recouvert de cicatrices, souvenirs de moult guerres qui avaient forgés son corps et son esprit. Mais lui aussi avait ses propres runes. Contrairement à la croyance collective, l'Exécuteur ne se dénudait pas si souvent que ça. Aussi oubliait-il parfois les marques de Mahriser, ligne runique continue qui partaient de son plexus et descendait jusqu'à son bas-ventre. Si la première arcane, trois cercles entremêlés eux-mêmes entourés de six points, était apparue dès son réveil, le reste était arrivé ensuite. Au sommet du Mont Tagne, sur les traces des premiers Maîtres de la Voie, Saigo avait atteint pour la première fois l'illumination. Son Dieu lui était apparu, l'absolvant des péchés qui avaient menés à sa résurrection et le choisissant comme son réceptacle. Ses marques ornaient désormais le corps de son champion, bien déterminé à y faire honneur.

S'engagea alors une joute sans merci entre l'Exécuteur et le Pugiliste. Usant et abusant des courants magiques générés par son adversaire, Saigo multipliait les offensives, les acrobaties et les esquives. À sa grande surprise, mais également pour son plus grand plaisir, le Disciple s'avérait lui être égal, et même légèrement supérieur dans le domaine de la vitesse. Parfaitement maître de son corps, l'homme se déplaçait admirablement vite et bien, esquivant adroitement les coups du stryge noir et forçant ce dernier à faire de même. Cet échange dura de longues secondes, à une vitesse vertigineuse, sans doute supérieur à ce que l'œil humain moyen pouvait percevoir. Malgré cela, l'Exécuteur ne doutait pas que Styx était capable de suivre. Ils avaient l'avantage du nombre, il incombait au stryge noir d'offrir à son allié de toujours un angle de tir pour qu'il fasse parler ses talents.

Les attaques du Disciple avaient beau être incroyablement rapide, elles n'étaient pas sans failles. Il fallut quelques instants à Saigo pour l'analyser, mais son adversaire manquait de puissance, peut-être de détermination. Comme si ses assauts n'avaient pas pour but de blesser, mais plutôt de forcer le stryge à esquiver et à défendre. Alors, l'Exécuteur choisit de passer de la théorie à la pratique. Acceptant d'être touché par le poing de son rival, il amortit le choc grâce à la technique de l'Armure Vivante. Puis, continuant à avancer vers l'ennemi, il frappa à son tour. Deux fois. D'abord un coup de paume, à plat, dans le plexus. Puis, après un pivot expert, le coude gauche de l'Élu heurta la nuque du Disciple. Ce dernier roula vers l'avant, amortissant le choc autant que possible. Mais surtout, il restait mobile, offrant aussi peu de ligne de tir que possible pour les arbalètes de Styx.

Au moins il savait encaisser...

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'Attaque - Stryge N' :

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'Attaque - Vampire' :

Disciple attaque Saigo à 389 de dégâts.


Saigo : 1938
Vitesse : 2190
Dégâts : 1514


Sobek E. Grey : 3326
Aura : 200
Vitesse : 1165
Dégâts : 1665




Disciple du maître : 2007
Vitesse : 2112 (-150/tour)
Dégâts : 519.3 (+1 tous les 10 vitalité perdus)

Styx avait fini par se joindre au combat, tirant avantage de l'offensive réussie de Saigo pour s'ouvrir à son tour une opportunité. Tout était allé très vite, le vampire dominant leur adversaire commun par sa ruse et ses subterfuges. Quand bien même ses méthodes ne correspondaient pas à la vision « honorable » du combat tel que l'envisageait le stryge noir, l'efficacité mortelle de son vieil ami le laissait admiratif.

D'abord un coup de pied, bien plus puissant que ce que la frêle silhouette du Saint de Spelunca laissait présager. De quoi forcer quelques pas de reculs au Disciple, encore déstabilisé par le coup qu'il avait reçu sur la nuque. Un carreau d'arbalète aisément dévié également, les réflexes du jeune guerrier étaient aiguisés. Mais le projectile avait été lancé par une ombre, tandis que Sobek réapparaissait dans le dos de sa proie, plantant ses crocs dans son cou et scellant son destin.

Malgré le sang qui commençait à ruisseler sur son torse, le disciple continuait à se débattre, gigotant aléatoirement alors que ses mains cherchaient à agripper son maudit cavalier. Il faiblissait, à vue d'oeil. Mais surtout, il devenait une cible facile pour Saigo. À cet instant, l'Élu avait tout le loisir de préparer le coup de grâce.

D'abord il se posta bien en face du disciple. Les deux index pointés, il visualisait le point exact où il allait frapper. Il n'aurait besoin que de trois pas d'élan. Aidé par le Zéphyr, dont l'utilisation avait été rendue incroyablement facile via les runes de leur ennemi, le Parricide accumulerait une vitesse suffisante pour briser l'os. Plantant ses appuis sur le sol, fléchissant les genoux, l'Exécuteur prépara sa charge. Son premier pas laissa une marque sur la dalle du temple. Le second passa comme un souffle. Sur le troisième, Saigo lança sa jambe droite en avant. Un instant plus tard, son genou percutait le nez du disciple de plein fouet, dans un craquement qui ne laissait pas de doute quant à l'état des os.

Cette fois, le Disciple tituba, prêt à basculer vers le KO total et un long repos sur le sol froid de l'arène improvisée. Mais le stryge noir, dans son élan, n'avait pas fini. Pendant une seconde, instant figé dans les airs, le regard de Saigo se détourna de sa proie pour se diriger vers Styx.

Bouge !

Le ton était impérieux, mais cela incombait surtout à la situation. Alors qu'il prononçait son ordre, Saigo positionnait son pied sur le visage du Disciple et se préparait à écraser le crâne de ce dernier sur la pierre dure. Autant que son vieil ami ne se retrouve pas en dessous lorsque cela arriverait... Après quoi, il resterait encore le vieux Maître à interroger.

[Active les marqueurs sur la 2e attaque pour finir le combat]

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'Attaque - Stryge N' :

Les joueurs l'emportent. Ils gagnent 200 points d'expérience + 5 minerais de diamant + 5 bois de baobab + 1 écaille de wyverne + 1 spécialisation au choix parmi 3 + 1 titre rappelant aux admins que vous avez acquis cette compétence chacun (qui sera le titre de la spécialisation). + 1 évocation dans la salle des trophées.

Le Maître des Compétences s'approche alors des vainqueurs, en jetant un coup d’œil là où le Disciple se trouvait quelques minutes auparavant :
-"Apprendre, encore tu dois. Une spécialisation, tu devrais avoir !"
Se tourne vers les compagnons :
-"A chacun de vous, je vais donner l'un de mes secrets, une spécialisation, quelque chose qui pourra vous mettre sur la voie par la suite, dites-moi, parmi ces propositions, laquelle vous aimeriez la plus apprendre, je vous ferai part de mon savoir."

Choix des spécialisations pour vous :

Sobek E. Grey:

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Saigo:

(Choisissez-le par un dernier message RP, ou par un Mp).

Loin de se formaliser du ton qu'avait employé Saigo car il était lui-même dans la fougue du combat, Styx esquiva le coup de son allié d'un bond aussi vif que sa nature vampire ne le lui permettait.

Ce combat avait été quelque peu décevant, pensa-t-il en toisant d'un sourcil levé le disciple au sol. Il n'avait même pas eu le temps d'employer ses nouveaux pouvoirs. Toutefois, il avait pu constater que maîtriser les illusions lui semblait de plus en plus difficile, et cela rejoignait ses conjectures ; le sang d'Adam qui coulait en le corps de Sobek, et ce depuis son ingestion au cours de la cérémonie de canonisation, désagrégeait petit à petit, fragment par fragment, sa magie spirituelle.
Encore quelques semaines et il devrait trouver autre chose que des clones, la téléportation, et le déplacement instantané pour briller en combat. Mais il restait un mage compétent, et devenait progressivement un arbalétrier bien plus adroit qu'il ne l'avait espéré.

Peut-être qu'une nouvelle Lune se levait sur le Styx, sûrement d'ailleurs, sinon pourquoi sentait-il qu'une ère inédite s'apprêtait à éclore ?
Il se tournait donc vers le maître des lieux, qui leur adressait un discours des plus intéressants ; une nouvelle spécialisation lui était permise, et sans attendre, car un royaume ne se gère pas tout seul, il exécuta une courbette polie face au Maître des Compétences.

- Être ancien, je me souviens de toi et de tes présents. Tu es un formidable allié dans la quête du pouvoir, et je suis ravi de me montrer à nouveau digne de tes services. Accorde-moi l'acuité divine, le regard du Premier Né, Adam, car tu es le seul à ma connaissance à pouvoir éveiller ce talent en moi.

Contrairement à ses habitudes, le vampire s'était agenouillé, main sur la poitrine, tandis qu'il parlait au vieil homme, mais à l'accoutumé, un sourire moqueur ornait ses lèvres lorsqu'il concluait sa phrase et battait des paupières pour révéler des iris transformée.
Le rouge sang dont ses yeux s'ornaient jadis avait laissé place à deux billes d'or, incandescentes de puissance.

Possédé par un afflux d'informations visuelles, il écarquilla ses nouveaux yeux, et se fendit d'un "Oh" incrédule.

- Intrigant...

Murmurait-il tandis que ses yeux analysaient le maître des compétences. Grâce aux yeux d'Adam, Styx connaissait désormais instinctivement les millimètres exacts qui les séparaient, et ses muscles, coordonnées à son regard, étaient parés à lui décocher un tir en plein front dès l'ordre de son cerveau envoyé. Qu'importe les mouvements ennemis, il les anticiperait, il calculerait, il devinerait, il le sentait.
Un pas de plus vers le Divin.

Il faudrait voir jusqu'où il pouvait exploiter son nouveau talent, mais cela lui semblait tout à fait surpuissant. Entre les bonnes mains, bien sûr. (Les siennes donc)

Les os craquèrent, le grognement devint une plainte sourde, le souffle du Disciple se fit plus faible alors que la botte de Saigo quittait son visage ensanglanté. Le regard neutre, le stryge noir toisa rapidement son adversaire terrassé avant de s'en détourner. Il aurait pu le tuer, forcer un peu plus sur sa jambe, broyer un peu plus la boîte crânienne, mais il n'en aurait retiré aucun avantage. Lui comme Styx n'étaient pas venus jusqu'au temple pour un simple combat. Ce n'était qu'une étape, un obstacle. Celui-ci avait été aisément franchi, désormais il était temps d'accomplir leur destinée.

Styx s'était approché du Maître des Compétences en premier. Pendant qu'il formulait sa demande, Saigo s'approcha de son vieil ami. Le vieillard n'avait nul besoin d'illusions pour faire revenir les souvenirs de la première visite du dangereux duo à Wystéria. Les anciennes capacités acquises par le vampire ne revenaient pas au stryge noir, mais lui se rappelait de ce qu'il était devenu ce jour-là. L'assassin parfait, les yeux de l'Analyste. Le regard perçant, capable de déceler la moindre fissure dans une armure, la moindre faille dans une garde, le moindre point faible d'un monstre. Une capacité d'observation sans faille qui lui avait permis, tant de fois, de planter sa dague à l'endroit opportun. Dans les mois qui suivirent, sa lame avait pénétré les chairs ennemies, sans jamais faillir à offrir à ses proies la plus délicieuse des sensations : l'agonie. Oui c'est sexuel, un Saigo artiste de la douleur aurait sans doute eu de la gueule dans le temps, mais l'époque était révolue depuis bien des lunes.

Son destin l'avait mené sur la Voie. L'Élu de Mahriser, le nouveau maître de l'Incarnation. Aujourd'hui il s'offrait une nouvelle méthode pour servir son Dieu.

Un sourire orna les lèvres de l'Exécuteur, alors que Saint Sobek acquérait lui-même une nouvelle paire d'yeux. Il aurait tout le temps de lui demander ce qu'il était désormais capable d'accomplir. Sans doute aurait-il l'occasion d'admirer l'étendue des pouvoirs du vampire. Mais désormais, c'était à son tour de récupérer son dû.

Vieillard, tu as déjà maintes fois prouvé que tes connaissances pouvaient transcender un guerrier. Donne-moi une clé pour servir Mahriser comme il se doit. Que mes poings soient le prolongement de ses griffes. Que mes jambes puissent supporter le poids de Sa présence. Que mon esprit soit suffisamment aiguisé pour exploiter Ses dons. Fais de moi Son arme.

Tendant un poing ferme et fermé vers le Maître des Compétences, Saigo vit ce dernier fermer les yeux. Presque instantanément, il ressentir la brûlure dévorante du Dragon Blanc. La même qu'il avait connu au sommet du Mont Tagne, lorsque son Dieu l'avait absout des péchés de sa renaissance. Il porta sa main à sa poitrine, par réflexe. C'est à cet instant qu'il remarqua l'apparition de nouvelles runes, blanches aux reflets dorés, sur le dos de ses mains ainsi que ses avant-bras. Les symboles draconiques brillaient d'une faible lueur et émettait une légère, presque imperceptible volute de fumée. Sentant un picotement similaire sur ses jambes, l'Élu retroussa le bas de son pantalon pour dévoiler d'autres runes sur ses tibias et ses mollets. Même couleur, même lueur, même fumée. Un sourire satisfait barra le visage de Saigo.

Comme d'habitude, ta réputation n'est pas usurpée.

Se détournant du Maître, l'Exécuteur lança à Styx un regard entendu. Il ne manquait plus grand chose pour que leur duo soit plus dangereux que jamais.

Les bonus ont été attribués, ainsi que votre nouvelle spécialisation.

Félicitations !