Voilà maintenant une bonne vingtaine de jours que j’avais quitté les marais Hukutav, accompagné de Loup, pour me diriger vers Stellaraë, la capitale des Humains. Dés les premiers pas dans cette immensité ardente, dés l’instant où la chair de poule s’empara de ma peau, je savais qu’il n’y avait pas plus isolé et abandonné par Mère. Ces terres arides où quelques arbres et buissons tentent de prendre racine au péril de leur vie, tapis d’un parterre de terres brûlés et d’herbes couleur orange, où l’eau et l’illusion pouvaient ne faire plus qu’un. Je ne pensais pas être près pour un tel voyage aussi tôt, je ne pouvais imaginer un seul instant quitter Mère et ses forêts verdoyantes, ses clairières bercées par la somptueuse mélodie des oiseaux matinaux. Non, pas encore, je ne pourrai y arriver seul … et Loup … Il ne tiendrait pas plus d’une semaine dans ces terres desséchées. Je n’avais fait que remonter la frontière des deux mondes jusqu’à trouver une quelconque source de motivation, ou bien un village pour y trouver des aventuriers. Malheureusement, je n’avais pas un rond sur moi, mes économies ayant pour la plupart servi à m’approvisionner avant de partir d’Endorial, ainsi que dans le nouvel équipement que je m’étais procuré en ville. Bientôt, la chasse deviendra un véritable quotidien. Même si Loup et moi avions l’habitude de traquer des animaux en forêt pour se nourrir, il s’agissait là d’une tout autre expérience. Une raison de plus pour ne pas franchir se territoire sans un guide …

En remontant ainsi vers le Nord, Je finis par rencontrer un petit village semblable à une petite bourgade. Les premières routes se dessinèrent sur le sol, s’élargissant à vue d’œil avant de s’étendre jusqu’à pouvoir laisser passer une carriole tout entière, mais cela  ne lui enlevait pas pour autant le silence qui y régnait. Il n’y avait pas l’air d’avoir grand monde, ni beaucoup de voyageur d’ailleurs. Il n’y avait aucun mur d’enceinte, simplement des barrières en bois délimitant le terrain de chaque maisonnette en bois. Je me trouvais déjà dans la bourgade, ou du moins dans l’une des rues de la bourgade. Celle-ci se divisait en trois ou quatre rue, même si rien n’était vraiment délimité. Les habitats étaient essentiellement construite de bois et de pierre, les murs extérieur étaient coulées à l’ancienne, d’innombrable pierre de forme et de couleur diverses tâchaient cette toiles blanches, légèrement grisée par le temps. Quelques plantes grimpantes cherchaient à atteindre les toitures de bois le long des murs, enveloppant, partiellement ou totalement, les maisons d’un manteau naturel. Les arbustes semblaient bien entretenus et un petit étang couvert par un saule centenaire faisait l’angle de deux de ces rues. une petite famille d’oiseau s’était installée ici, malgré l’absence d’arbres  et la proximité avec la savane. Cela rendait toutefois ce village fantôme plus accueillant. Mais tendant l’oreille, je me rendis compte qu’il n’y avait que le chant d’oiseau qui s’élevait dans le ciel. Un léger brouhaha semblait me parvenir d’un des quartiers un peu plus loin.

Lonann Alhazred – On va y jeter un œil, mais tient toi tranquille, d’accord.

J’accompagnai ces mots de mimiques qui auraient très certainement parus ridicules au premier venu. Mais Loup, lui, comprenait ce que je lui disais et il ne tarda pas à remuer la queue et à se remettre en marche. D’habitude excité et curieux, il ne manquait pas une occasion pour se faire remarquer en ville, mais dés lors où je lui faisais comprendre que l’on traquait une proie, il se concentrait et changeait totalement de personnalité. Je pouvais deviner son incompréhension. Une chasse ? Ici ? Et l’idée de chasser un humain ne lui était pas venu en tête pourtant, il avait simplement obéît car il avait retenu le ton sérieux avec lequel je m’étais exprimé. Nous recherchions bien quelqu’un, mais personne en particulier, juste un individu qui saurait me conseiller quant au voyage qui m’attendait.

L’animosité semblait de plus en plus forte, provenant de l’une de ses maison de pierres, à la différence que celle-ci bénéficiait du soutient d’un Chêne qui semblait vivre ici bien avant les hommes. Cela me paraissait presque impossible qu’un tel arbre puisse vivre ici, mais bon, passons … La taille du tronc avait permis au propriétaire d’y faire sa maison ainsi que … son auberge. Cette Bourgade était donc bien un lieu de passage, ce qui expliquait clairement l’apparition des sentiers tout autour, dirigeant naturellement les voyageurs vers l’auberge. Une racine, anormalement grandes, était sorti de terre créant ainsi une sorte d’abris dont le fond était un mur rocailleux tout aussi naturel. Le propriétaire s’était servi de cet étrange phénomène pour y installer un petit bar extérieur. Il n’y avait que les Nains ou les Elfes pour avoir l’idée de creuser dans le naturel, mais seul les Nains auraient pensé à cette petite Taverne. Je m’y dirigeais lentement, Loup m’emboîtant le pas, comme s’il ne voulait pas me quitté d’une semelle. Je réquisitionnais une chaise et m’y asseyait avant de demander au tenancier quelques choses à boire. A bas voilà, je savais ou passais mes économies …

Tenancier – Si vous souhaitez manger, nous avons un bouillon et un assortiment de légumes.

Lonann Alhazred – Non merci, ça ira. Après avoir déposé les quelques pièces qui me restaient sur le comptoir, je saisis mon verre et bus quelques gorgées. Cette fraîcheur dans la bouche se transforma en une fournaise dans ma gorge. Je ne pus m’empêcher de toussoter avant de reprendre mon calme. Comment une si-petite ville, située au milieu de nulle part, arrive à vivre en harmonie ici ? Les voyageurs sont nombreux ?

Le tenancier se servi un verre, m’accompagnant dans ma descente. L’auberge était tout de même bien rempli, surtout des habitués vivant ici, mais aucun autres voyageurs, du moins c’est ce qu’il me semblait. Un ensemble rustique raccordé par une ficelle à la taille, des vêtements en cuir usés, une laine trouée par endroit. D’un coup de main, il essuya le comptoir, ramassant au passage la monnaie que j’avais laissé, et fouetta son torchon sur l’épaule une fois bois nettoyé.

Tenancier – C’est vrai que l’on est relativement loin de la forêt et de la chasse qu’elle procure, et que nous nous trouvons aux portes de la savane, mais cette zone bénéficie d’un sol extrêmement riche. Par temps de sècheresse ou par gel, le puits est toujours rempli. Il caressa sa moustache un instant, levant les yeux au ciel. Malgré ça, très peu de voyageurs s’attardent ici. Non pas que l’endroit est dangereux, mais que d’autres routes mènent à Stellaraë tout en évitant la savane.

Cela ne m’étonnait guère, ce territoire avait déjà l’air hostile avant même que je n’ai eu le temps de le traverser. Qui sait ce que je pouvais y rencontrer ? Mais si peu de voyageurs passait par ici, alors je n’avais plus rien à faire là. Je pouvais repartir de la d’où j’étais venu … Je me penchais pour caresser machinalement la tête du louveteau à mes pi… Je rectifie … qui était à mes pieds … Sa curiosité avait pris le dessus … Au moins j’aurai le temps de faire le tour du quartier avant de rentrer. Je terminais mon verre cul sec, tamponnant le verre sur le comptoir, remerciai le tavernier d’un salut maladroit et sorti chercher mon ch… mon loup.

Par la Grande Mère ! Loup ! Il avait disparu ! Je lui avais pourtant bien dit de rester tranquille quelques minutes. Juste le temps de prendre quelques informations. J’espérais seulement qu’il ne lui était rien arrivé. Le village n’était pas bien grands, en arpentant les rues, je finirai bien par lui tomber dessus ou même retrouver ses traces. D’un regard, je balayai la zone, cherchant du coin de l’œil le moindre indice qu’il aurait pu laisser. Je fermai les yeux et me concentrai sur les bruits et sons des alentours, sur les odeurs qui nous entourent. Comme attiré par l’instinct, je me baissai, un genou au sol et palpai ce-dernier à la recherche d’une quelconques empruntes ou d’une odeur familière. Je ne m’étais pas trompé ! Je pouvais deviner la présence de Loup il y a peu à cet endroit.

Lonann Alhazred – Bon sang ! Ou te caches-tu ?

Trois rues s’offraient à moi, un choix également. Mais jusqu’à présent, mon instinct ne m’avait jamais trompé, ma proximité avec Loup m’avait permis de tisser un lien bien plus puissant qu’avec un  simple ami. Tout le temps que nous avions passé ensemble me permettrait de le retrouver, qu’importe la situation. Je décidai de redescendre la rue, suivant Loup à la trace. La grande ruelle était bordée par quelques monticules de pierres entre chaque maisonnette, certaine arborant de petites statuettes en argile et quelques motifs fait d’ocre. Bien que le village paraisse aussi banal que les petites bourgades que l’on peut retrouver aux abords des grandes cités, celle-ci semblait dissimuler en vérité un second visage. En regardant de plus près ces bâtisses, chacune d’entre elle portait un symbole à l’entrée. Que ce soit sur la porte, sur le pas de celle-ci ou bien juste au-dessus. Mais un aboiement me tira de ma curiosité, celui de Loup, qui semblait relativement éloigné.

J’accélérai le pas, restant concentré afin de percevoir à nouveau Loup. Je tournai à gauche six pâtés de maison plus loin et déboula sur une petite avenue qui coupait le quartier centrale du village. Continuant de m’aiguillier au ressentiment, je zigzaguais  à travers les rues et ruelles, suivant l’odeur, plus facile à repérer, de mon frère Loup. Je pouvais sentir que je m’en rapprochais, mais il n’y avait pas que ça seule présence. Elles ne semblaient pas hostiles et se rapprochaient du village, accompagnées de Loup. Je pouvais les attendre ici, d’ailleurs je ne tardai pas à voir les ombres se former et s’étendre sur le chemin. Je me demandai bien quelle idée saugrenu lui était passée par la tête cette fois-ci.

De par sa nature, Loup n’a pas l’apparence à son avantage chez les Dùralassiens. Le poil sombre, les crocs acérés, les histoires et faits divers que l’on raconte à leur sujet sont multiples et très peu enviable, ce qui leur donne une image de bête sauvage. Or, ce n’est simplement que la peur des gens qui donne lieu à ce genre d’image. Ne dit-on pas que « L'homme est un loup pour l’Homme » ? Seules les races qui respectent profondément la nature et la vie en elle-même peuvent voir le bien là où les autres voient le mal et inversement. Les Stryges Blancs font décemment parti de cette liste. La justice et l’altruisme faisant partie de leur valeur, de leur mode de vie, il est normal qu’elle n’est pas eu peur de mon ami à long poil. La jeune Stryge blanche, qui se rapprochait lentement avec Loup, était également accompagnée d’une sorte de … de petit Stryge blanc avec un œil étrange. Je souriai bêtement en retrouvant Loup, je m’étais inquiété pour rien visiblement, mais je me devais au moins de remercier ceux qui me l’ont permis.

Lonann Alhazred – Bonjour, noble défenseuse de la justice. Je suis navré pour le dérangement  de mon compagnon.

Je posais un regard songeur sur Loup qui continuait à me dévisager. Il commença à grogner puis, à aboyer doucement dans les aigus : « Je suis désolé. Je suis allé jouer avec ces oiseaux-Hommes ». Je préférais avoir ce genre de retour, plutôt qu’il ne cause la pagaille, qui sait ce que pourrait faire les gens en voyant en lui qu’un Loup sauvage, loin de chez lui. Je lui grommelai quelques grognements tout en insistant du regard sur celui-ci, ce qui équivalait à un sermon chez les Dùralassiens. Loup s’approcha lentement sans croiser mon regard et vint se blottir contre moi. Je lâchai un sourire et lui frottai la tête tendrement, il culpabilisait. Penser qu’un jour, un animal puisse ressentir sur ce genre de sentiment.

Lonann Alhazred – C’est pas grave, je ne t’en veux pas. Je le serrai dans mes bras puis, il se tourna et me lécha le visage d’un coup de langue qui me prit par surprise. Il t’en faut peu pour passer à autre chose hein ? Je me tournai vers les habitants de la tour blanche et me relevai lentement, un léger sourire en coin. Je vous suis redevable Stryge Blanche. Merci.

Je me courbais légèrement, saluant ma reconnaissance à cette Purificatrice. Les quelques souvenirs qui m’étaient revenus en tête lorsque je venais d’apercevoir cette jeune femme ailé aux yeux immaculés, c’est le respect qu’avait Grand-Père ainsi que le reste du conseil des clans pour les gens possédant des ailes, que ce soit pour l’altruisme des Stryges Blancs ou la terreur des Stryges noirs. Prenant exemple sur mes souvenirs, j’avais tout bonnement appliqué ces mêmes salutations que mes prédécesseurs faisaient aux Stryges.

La belle demoiselle ailée esquissa un sourire et se redressa un peu plus, je me rendis compte alors qu’elle dégageait une forte présence, à la fois protectrice et intimidante. Elle était plus grande que moi et plus imposante, son armure en disait long sur l’expérience qu’elle devait avoir. Ses yeux blancs arrivait à me déstabiliser, me regard s’échappa vers son second qui avait l’air moins inquiétant, enfin du moins par sa taille. Son étrangeté le rendait indescriptible, je trouvais néanmoins une ressemblance avec les stryges du fait qu’il s’agissait d’un corps d’homme, un peu rétréci, associé à une paire d’aile à plume. Toutefois, je ne pouvais pas regarder son compagnon dans les yeux, je ne pouvais imaginer ce qui avait pu lui arriver pour qu’il soit ainsi.

Stryge Blanche – Oui mon cher, vous m’êtes redevable, souffrez donc de m’accompagner trinquer à l’auberge et nous serons quittes, je suis curieuse de savoir ce qui vous amène dans cette savane. Moi qui pensais être le seul être aux cheveux blancs de la région.

Tous mes doutes se dissipèrent lorsque la jeune femme en armure écarquilla un sourire pour la seconde fois, elle m’invita à l’accompagner à l’auberge pour m’acquitter de ma dette, j’avais de la chance d’être tombé sur une personne n’ayant de mauvaise pensé à l’égard de Loup. Malheureusement, je n’avais pas de quoi m’acquitter de ma dette non plus à l’auberge, ayant dépensé mes dernière pièce avant de partir à la recherche de mon frère à poil long, je n’avais plus un sous en poche … Je me demandais comment j’allais m’en tirer …

Cylicia Condoris – Oh ! Cette histoire m’en a fait perdre les bonnes manières ! Ce n’est pas tout les jours que l’on a un loup comme escorte … Cylicia Condoris, Purificatrice de la Tour Blanche, pour vous servir.

Lonann Alhazred – Enchanté de faire votre connaissance, Purificatrice Cylicia, Je m’appelle Lonann Alhazred et je suis un simple voyageur au service de la nature. Loup s’approcha du petit Stryge Blanc posé sur l’épaule de Cylicia et commença à couiner tout bas, comme s’il voulait lui chuchoter quelque chose, de jouer avec lui peut-être ? Vous avez déjà fait la connaissance de Loup, il passe le plus clair de son temps à explorer et à jouer, mais il ne fera jamais de mal à personne, c’est un vrai trouillard.

Sur cette brève présentation, nous nous dirigeâmes tout les quatre vers l’auberge pour y trinquer, comme elle le dit si bien, à l’honneur de Loup et de notre dette. Mais il me restait encore comment lui expliquer que je n’avais pas vraiment de quoi payer l’aubergiste une seconde fois. Je n’avais pas eu l’occasion de me faire beaucoup d’argent ce derniers temps, préférant vivre de ce que m’offre la nature, la monnaie n’était pas une ressource indispensable. Pourtant, il m’arrivait d’accomplir des tâches pour en amasser de temps à autres, ce qui me permettait entre autre de renouveler mon équipement lorsque je pars en voyage. Avec mes derniers achats à Endorial, je n’avais pas imaginé un seul instant qu’il me manquerait de l’argent pour rembourser une dette. Il était certain qu’elle allait avoir un mauvais apriori sur moi.


L’auberge n’était pas particulièrement rempli, elle avait même l’air de s’être vidé quelque peu depuis mon dernier passage. Tandis que nous nous installions, je me tournai vers mon petit compagnon aux prunelles ambrées et lui intimais l’ordre de se tenir tranquille en quelque grognement et grondement bas. Ses oreilles se rétractèrent puis, il se mit en boule à côté de moi pour commencer une sieste. Moi-même je fus surpris de sa réaction presque inédite, je savais pertinemment qu’il n’appréciait pas les  endroits peuplé de monde, mais il n’y avait pas grand monde dans l’auberge et personne d’autre que Cylicia et son compagnon à notre tablé. Mais je préférais largement le savoir calme près de moi plutôt qu’à l’extérieur, loin de ma perception.

Lonann Alhazred – Et bien, sa petite balade la fatigué on dirait ! Il ne risque plus d’échapper à ma vigilance maintenant. Je me tournais vers Cylicia et la remercia une fois de plus, l’habitude. Qu-est-ce que vous vouliez que je vous raconte tout à l’heure ?

Constatant que j’avais toute l’attention de mon interlocutrice, son compagnon se rangeant derrière elle, sous son plumage blanc neige, je mis à mon aise, déposant mon masque de bois attaché jusqu’à lors à ma ceinture et déposait mon sac à côté de Loup. C’était une bénédiction que de discuter avec une Stryge Blanche, en fin c’est ce qu’il se racontait pourtant, je n’avais pas la sensation d’avoir quelqu’un de différent de moi. La vérité, c’est que je ne connaissais d’elle que sa démarche agréable et douce, son visage dessiné et ses yeux clairs, seul sa carrure de guerrière et son équipement laissaient penser qu’elle n’était pas ce que son apparence laissait imaginer. S’en était presque flagrant, mais à aucun moment une personne censée attaquerait un Stryge Blanc, dans une taverne qui plus est.

Cylicia Condoris – Et bien, qu'est-ce qui vous amène donc dans cette savane pour commencer? Sans vouloir être indiscrète bien entendu...

Lonann Alhazred – Je vous rassure, il n’y a rien de secret, je souriais devant tant de prudence, je parcours le continent, me rendant dans chacune des cinq cités de Dùralas. Les voyages et les aventures forgent l’expérience de l’apprenti. Je manque encore cruellement d’expérience pour pouvoir prétendre intégrer une faction, alors j’ai pris la décision de faire le tour du continent et d’affronter l’inconnu.

La charmante demoiselle aux ailes blanches détacha ses yeux de mon attention et leva la main, appelant discrètement l’aubergiste pour passer commande. Je n’avais pas prêté attention à ce qu’elle avait demandé et avais simplement regardé dans la même direction sans comprendre pour quel raison elle s’était tournée. Ainsi, elle reprenait aussitôt, ne me laissant pas le temps d’ajouter quoique ce soit.

Cylicia Condoris – Pour tout vous dire, je suis également très curieuse de votre lien avec Loup. Et cette manière que vous avez de communiquer ensemble est pour le moins... surprenante. Elle prit une brève pause avant de reprendre plus calmement encore. Ne vous sentez pas interroger surtout, je sais que mes habitudes et mon statut donne cette impression. Il m'est surtout plaisant d'avoir un peu de compagnie.

Comme pour combler un futur blanc de conversation, l’aubergiste déposa sur la table deux chopes remplie d’un liquide jaunâtre avec un léger coulis de mousse blanche. Une bière ? Mais … pourquoi ? Qui ? Cylicia semblait plus détendu et le léger sourire qu’elle affichait maintenant, constatant que nous étions servi, me laissait penser que ça ne pouvait être qu’elle la commanditaire. Saisissant sa pinte et m’invitant à en faire de même pour trinquer, je m’exécutais sans dire mot, totalement confus.

Lonann Alhazred – Heu … et bien … ça ne me dérange pas.

La tentation était trop forte, je ne pouvais mentir à personne, mon visage me trahirait, l’air se faisait plus sec et le soleil plus agressif, bien qu’encore loin du désert d’Harena, la chaleur se faisait déjà plus intense qu’au beau milieu de la forêt de Sylfaën, boire devenait un plaisir. Je fis couler une gorgée jusqu’au fond de mon gosier avant de reprendre la discussion, la bouche un peu plus hydraté.

Lonann Alhazred – Je dirais que cela fais cinq ou six saison que Loup et moi partageons le même chemin. Je levai les yeux au ciel, me remémorant sa rencontre. Vous trouvez notre façon de communiquer surprenante ? Et bien, je ne sais pas trop quoi dire, j’arrive à le comprendre et à me faire comprendre en imitant les Loups. Chaque animal à son langage, la plus part du temps, il s’agit de gestuel, d’odeur ou de petit son. Comment communiquez-vous avec votre ami ?

Je posais la question, mais est-ce qu’il s’agissait d’un animal ? Je n’en avais pas l’impression. Il ressemblait à un stryge blanc de taille réduite avec la particularité d’avoir un œil effrayant, mais savait-il parler comme son amie ? Bien entendu, je savais pertinemment que les gens trouvent étrange qu’un homme discute avec un Loup et nombreux sont ceux m’ayant demandé comment j’avais pu apprivoiser une telle bête. Déjà Loup n’était qu’un petit louveteau, ensuite je n’ai jamais cherché à apprivoiser Loup, nous avons simplement appris à nous connaitre en passant du temps ensemble, je peux aisément dire qu’il s’agit de mon meilleur ami !

Lonann Alhazred – Heu … je ne veux pas paraître impertinent, mais je crains que ma bourse ne soit vide. Je vis de ce que m’offre la nature et non de ce que procure la monnaie, je n’ai donc pas beaucoup d’argent entre les mains. Je m’excusais, joignant les paumes et courbant légèrement l’échine. Je suis désolé … mais je n’ai même pas de quoi me payer un verre de lait.

Un Cherubin … Il s’agissait donc d’une sortre d’hybride proche de Stryge blanc … mais ce dernier avait, semble-t-il, eu un passé plutôt tragique. Une langue coupé, un œil d’automate dont le centre virait au rouge sang. Cela lui donnait un aspect tout à fait effrayant, mais il n’avait pas l’air farouche, sinon il ne se serait pas attaché à la jeune femme ainsi. Il me faisait un peu penser à Loup étrangement … Chacun ayant un passé troublé et parsemé d’embuche, mais tout comme Loup, il s’était trouvé une nouvelle famille, ce qui me rassurait dans un certain sens, il n’était pas seul.

Après m’être excusé pour mon manque d’argent pour l’adition, la blanche colombe se voulait souriante et rassurante, expliquant qu’elle, comme beaucoup d’autre lui ressemblant, possédait une bourse relativement large justement pour parer à ce genre de circonstance. Je trouvais les Stryge Blanc d’autant plus attrayant ! Autant de bonté et de courtoisie en une personne, il s’agissait bien là de la première personne que je rencontrais ainsi, même sa présence était rassurante, même si cela pouvait être lié à tout ce bien que l’on raconte d’eux, je me sentais tout de même en sécurité, presque couvé …

Cylicia – - C'est une bien étrange vie que vous avez là. On dit que les elfes ont à peu près la même approche que vous, peut-être avons-nous là une piste pour votre faction! D'ailleurs, sachez que moi aussi je suis en quelque sorte en quête de réponses. Enfin, pour l'instant je suis plutôt en quête de rhinocéros pour dire vrai... Si je pouvais chasser quelques une de ces bêtes, je n'aurais plus à me soucier de mes finances pour un bon bout de temps! Ingurgitant une autre goulée de bière, elle continua. Peut-être en auriez-vous vu ?

Il est vrai qu’à plusieurs reprise je m’étais imaginé sous les coutures de la Garde Zéphyr, mais ma dernière rencontre avec l’un d’eux m’avait fait douter de mon choix initial. L’elfe m’avait enseigné la prudence, mais aussi la réflexion. Ce genre de décision n’était pas à prendre à la légère et ce dernier avait voulu me le faire comprendre à travers sa propre expérience. C’était d’ailleurs la raison de se voyage initiatique à travers le continent, afin de répondre à des questions restées sans réponse. Mais dans un certain sens, elle avait vu juste. Ayant longtemps vécu à l’entrée d’Endorial, je m’étais habitué à cet environnement et à cette atmosphère paisible et sereine. La protection de Mère Nature étant une de mes obligations personnelles, le choix semblait évident, elle l’avait elle-même constaté. Peut-être que je me posais trop de question, peut-être que je devrais intégrer la Garde Sylphe … Je préférais tout de même en avoir le cœur net avec cette aventure.

Lonann Alhazred – Je suis désolé, mais je ne suis qu’au début de mon voyage, je quitte justement la forêt de Sylfaën pour me rendre à Stellaraë, je n’ai donc pas encore traversé la savane. Confus, je repensais à nouveau à cette boisson qu’elle m’avait offerte et un déclic se fit dans mon esprit, éclairant mon visage, des étoiles dans les yeux. Mais je me ferais une joie de vous remercier pour cette boisson en vous aidant à en chasser, si telle est votre quête. Je ne connais pas spécialement la Savane, mais étant donné que c’est sur ma route, nous pourrions faire un bout de chemin ensemble et chercher ces fameux Rinhocéros.

D’ailleurs, je me demandais bien à quoi cela ressemblait « ces bêtes » comme elle le disait, je n’en avais encore jamais vu, j’espérais au moins que ce ne soit pas trop dangereux pour Loup … mais je ne pouvais pas ignorer le service que je lui devais. De mémoire, une phrase me revenait depuis que je m’étais proposé pour aider la jeune Stryge, un truc du genre « Les bons comptes font les bons amis ». Je me demandais où j’avais bien pu entendre ceci … Toujours ait-il que je n’en perdais pas la détermination que je lui avais montré. Je lui rendis son sourire, heureux de pouvoir me rendre utile à quelqu’un.

Alors que je proposais sincèrement mes services, la jeune Stryge quémanda une nouvelle tournée, levant la main pour le signaler au tenancier. Ce dernier leva simplement la tête pour prendre en compte la requête et se replongea dans sa vaisselle. J’étais resté bouche bé, aucun son ne souhaitait s’échapper laissant se profiler un léger silence. Mais  pourquoi ? Je me sentais déjà reconnaissant pour la pinte qu’elle m’avait offerte, alors pourquoi m’en servir une deuxième ?

Cylicia Condoris - Allons bon! Un peu de compagnie sied toujours lors d'une chasse! D'autant plus que le flaire de Loup sera sans aucun doutes d'une grande utilité. Mais pour ce soir reposons-nous si vous le voulez bien, nous ferons gras et dormirons dans de bonnes couches car demain nous serons riches !

Ça façon de parler me laissait toujours un temps de latence avant de répondre, mais cela restait tout de même compréhensible. Je me demandais tout de même ce que voulait dire faire du gras ? Ceci dit, si la richesse nous attendait grâce à ces fameux rhinos, alors le repos allait être primordial pour cette nouvelle aventure. Accompagnant avec joie  Cylicia  dans cet entrain, je levai mon verre à notre futur réussite. Pendant ce temps, le tenancier s’était rapproché discrètement, amenant nos boissons et une chaise pour prendre part à la discussion. Ce dernier, avant de commencer, nous dévisagea quelques instants, dubitatif.

Tenancier – Ce n'est pas si facile... que de chasser le rhinocéros... Sa peau est épaisse comme celle d'un éléphant, sa charge est aussi terrifiante que celle du Grouiiaaaks, et sa corne a déjà embrochée des guerriers plus épais que vous deux réunis!... Si vous voulez mon avis, tout ce que vous allez réussir à faire c'est d'y laisser votre peau.

L’avertissement du tenancier retentit comme un gong au fond de moi, je ne serai qu’une gêne si ce qu’il disait était vrai. Je n’étais pas très épais et ma maîtrise des tonfas n’était vraiment pas parfaite … Cylicia, qui avait vu mon regard se brouiller, s’était empressé de me rassurer, anticipant ma réaction. Elle se voulait bienveillante, mais je restai tout de même sceptique quant à ce combat qui nous attendait. J’espérais simplement qu’elle ait un temps soit peu raison, je trahirai mes pensées en disant qu’il s’agissait uniquement de la protection de Loup, moi-même je le ressentais, cette peur. Pourtant, la jeune Stryge réussit à m’ôter un sourire qui me fit oublier mes sombres pensées.

Lonann Alhazred – Rassurez-vous, je ne suis pas un voyou. Je souriais à nouveau à l’ironie. Vous avez raison, prenons le temps d’apprendre l’un de l’autre. Je réfléchi un instant à ce que je pouvais dire de moi, mais le peu d’expérience social que j’avais eu jusqu’à maintenant me laissait sur le qui-vive. Heu … et bien comme je le disais tout à l’heure, je viens de la forêt de Sylfaën, je pense y avoir vécu une douzaine d’année, mais avant de vivre en pleine nature, je vivais dans les cavernes de Spelunca.

Je replongeais dans mes souvenirs les plus ancrés et constatais que ma route avait été longue avant de parvenir jusqu’ici, et pourtant mon aventure ne faisait que débuter, mieux encore, j’en étais encore qu’aux prémices ! Certains souvenirs plus douloureux refaisait surface, mais le temps avait réussi à enfouir toute cette pagaille bien loin derrière moi. Protéger la flore faisait partie de mes principes.

Le tenancier était parti un peu plus tôt pour réceptionner de drôles de clients, vêtus étrangement, leur bras couvert de tatouages rouges comme le tissu qui les recouvrait de la tête aux pieds. L’ambiance avait radicalement changée depuis leur arrivé, les autres clients fuyait du regard les nouveaux arrivants, laissant place au silence. J’ignorais leur apparition et poursuivit mon histoire. Loup s’était relevé également et espionnait la scène qui se jouait devant le bar.

Lonann Alahzred – Je m’appelle Lonann Alhazred, si je me souviens bien, mon clan avait eu autrefois des relations avec les Stryges blancs. Du moins, je me souviens que mon Grand-Père s’était longuement entretenu avec deux êtres aux ailes aussi blanches que les votre lors de conférences à répétition.

Bien que je ne regardais pas le tenancier, sa peur, elle, se ressentait aisément. Ce sixième sens que nous possédions, tout thériantrope que nous somme, nous permettait de ressentir la présence des être vivants qui nous entouraient ainsi que ce qu’ils dégageaient comme ressentiment. Cylicia avait également une attention particulière pour l’agitation qui se préparait. Attendons encore un peu, c’est ce que je pensais, il n’y avait pour le moment aucun signe d’hostilité ou d’agressivité.

Lonann ALhazred – Cela me fait donc un peu drôle de me retrouver dans une taverne accompagné d’une Stryge Blanche.  Nous avons donc un parfait quatuor de justicier ! Mais vous ? Je me suis toujours demandé ce qui pouvait se trouver à l’intérieur de cette gigantesque tour ! C’est vrai que les majeures parties des Stryges Blancs y vivent ? J’avais tant de question qui me pendait à la langue à leur sujet, ma curiosité ne demandait qu’à être rassasié. C’est incroyable ! Autant de gens dans un espace aussi restreint ! Et qu’est-ce qui vous amène aussi loin de chez vous ? Si ce n’est pas indiscret bien sûr ? Vous me parliez tout à l’heure de questions sans réponses et de besoin de cornes de rhinocéros ?

Les voyageurs s’étaient rassemblés autour du tenancier, relativement nombreux, tous armés d’une lame bombée vers l’arrière à leur ceinture. L’animosité semblait gagner la pièce et certains clients s’étaient éclipsés discrètement sans dire mot. Voyons comment cela allait se poursuivre …

La jeune femme prit en air plus décontracté, répondant à chacune de mes questions avec une attention particulière. Mis à part auprès des Alphas des quatre Clans, je n’avais jamais eu l’occasion de côtoyer un Stryge blanc d’aussi près, encore moins d’en apprendre sur eux. Tout ce que j’en avais retenu était qu’ils vivaient dans une tour immense dont la quasi-totalité de la civilisation y résidait. C’était un honneur pour moi que de discuter avec cette Cylicia Condoris et le sourire que j’affichais ne pouvait prouver le contraire.

En premier lieu, elle me parla de la tour blanche, de sa localisation et du voyage périlleux que je devrais braver pour rejoindre sa demeure. Tant d’obstacle à affronter pour rejoindre cette peuplade ailée, tant de risque à encourir … Je ne me sentais pas l’âme d’un aventurier, mais plus d’un modeste voyageur, alors braver de tel danger pour parcourir l’inconnu … La simple mention d’un monstre légendaire et d’un peuple dont l’âme est aussi noir que leur aile, j’en avais des frissons dans le dos. Le ton quelle utilisait pour parler de cette race aux ailes noires, similaire à quelques détails près de la leur, me laissait penser qu’ils n’étaient pas spécialement en bon terme. Cela me fit penser aux querelles que nous entretenions avec les Vampires autrefois … Je dis autrefois car, depuis mon départ des cavernes, je n’éprouvais plus aucune haine envers eux. Pour dire vrai, je n’en avais cure depuis tout petit. Etrangement, c’est vers mes semblables que ma haine s’est tourné, et plus particulièrement vers certains clans Lycan. Drôle d’ironie pour un héritier sans sujet … sans famille … sans clan … Le visage de mon interlocutrice s’était assombris tout comme le miens un peu plutôt, elle aussi avait dû ressasser le passé pour raconter son histoire. Ce n’est pas chose évidente que de compter les mésaventures que nous avons rencontrés autrefois, moi-même je préférerai oublier tout ça.

La jeune femme aux prunelles immaculées marque une pause avant de reprendre, un léger sourire en coin, détaillant l’extérieur ainsi que l’intérieur de sa demeure. Je pouvais sentir en elle qu’il s’agissait d’un endroit où il faisait bon vivre. Elle-même, dans sa narration, semblait heureuse de partager ces souvenirs. Cela ajoutait une destination à mon périple visiblement ! Si, comme le disait, les gens étaient aussi bons qu’elle le prétendait, alors il s’agirait du paradis sur Dùralas ! Même si sa dernière remarque me crispa très légèrement, je ne pus retenir mon enthousiasme.

Lonann Alhazred – Je trouve tout cela fantastique, voir même idyllique sur les bords. J’aimerais vraiment visiter cette tour du bonheur un jour.

Cylicia poursuivit, répondant à chacun de mes questions. Celle-ci prit un air plus sérieux et m’expliqua la raison pour laquelle elle recherchait des cornes de rhinocéros. Si je comprenais sa situation, elle avait un certain besoin financier pour poursuivre un pèlerinage afin d’éclaircir les mystères d’un signe que son dieu lui avait envoyé … J’espérais avoir bien résumé, même si dans l’ensemble cela me paraissait un peu flou. Je pouvais comprendre l’aspect religieux du fait que certains membres de clans priaient les dieux, du moins ceux de la chasse, de la lune et de l’abondance à ma connaissance. Personnellement, j’ajouterai Mère nature pour laquelle j’effectue quotidiennement mon devoir dans les forêts que je croise sur ma route. Maintenant que je suis sur la route d’un long voyage, je ne peux plus m’occuper de la forêt de Sylfaën et ses bois. Les seigneurs végétaux ne m’en voudront pas si je m’absente quelques temps, un an ou deux touts au plus …

Les voyageurs enturbannés s’étaient installés sur différentes tables, comme s’ils cherchaient à monopoliser la taverne. Désormais, il n’y avait plus que nous et deux autres humains quelques tables plus loin pour venir compléter la carte de la clientèle avec ces voyageurs là. Je pouvais aisément deviner leur assurance, à l’inverse les deux humains derrière moi ne semblaient pas assurés par leur présence. Avaient-ils mauvais caractères ? Des connaissances à eux ? Etant moi-même un étranger, je n’osais pas me mêler d’affaires qui ne me regardaient pas, enfin dans une certaine mesure … Loup avait le regard rivé sur eux, les oreilles relevés, comme s’il attendait qu’il se passe quelque chose. Cylicia également avait perdu cette sérénité. Non pas qu’elle était apeuré par eux, contrairement aux deux autres humains, mais elle gardait certains doutes en elle, comme si elle émettait des ondes contradictoires. Et comme pour briser la glace, la blanche colombe rappela à l’ordre l’aubergiste qui était perdu dans ses pensées, pensées négatives comme pour les autres clients. Celui-ci répondit, d’abord hésitant, puis avec fermeté, rappelant qui était le maître de ces lieux.

Cylicia Condoris – Pour en revenir à votre histoire, j'imagine donc que vous êtes un thérianthrope ?... Cela ne me gêne en rien, mais j'aimerais au moins savoir si vous arrivez à maîtriser vos transformations nocturnes? La lune est bientôt pleine il me semble...

Lonann Alhazred – Les gens regroupent machinalement les hommes-loups et les hommes-animaux dans la même famille. C’est un abus de langage, certaines familles d’hommes-animales sont particulièrement susceptibles sur ce genre de détail et comme vous le précisez, certain ne contrôle pas forcément leur transformation. Je lui souriais, la rassurant à mon tour. Mais pour ceux qui, comme moi, possèdent cette faculté par héritage, la transformation est totalement maîtrisée. Les plus habiles peuvent même adapter leur métamorphose. Si je le désir, je peux me changer en loup comme mon compagnon ou en Lycan. Il m’est également possible de me métamorphoser quand bon me semble.

Alors que le tavernier se rapprochait de notre table, chopes aux mains, la jeune femme le retint par le bras et plongea son regard pure dans ceux du tavernier, certainement afin d’y déceler une quelconque forme d’hésitation qu’il cacherait, probablement vis-à-vis de ces étranges clients avec qui il avait discuté un peu plus tôt. Cylicia se voulait autoritaire dans ses propos, même moi, qui n’était pourtant pas concerné par leur conversation, je me sentais gêné et commençai à me faire tout petit. Le tavernier n’apprécia guère sa remarque, qui lui avait parus quelques peu déplacé, et éleva la voix, nous menaçant de passer la nuit sur le palier. Je commençai à comprendre toute cette machination qu’avait orchestrée Cylicia … Elle avait simplement rappelé au tavernier ce qu’elle était et ce qu’elle représentait en tant que telle, si jamais ces nouveaux clients le malmenaient ou le forçaient d’une quelconque manière. Tout me parus déjà plus claire, et d’un coup la pression devenait bien plus réel. En croisant le regard d’un de ces voyageurs, je compris de suite qu’il ne nous voulait pas que du bien. L’aubergiste était reparti sans que je m’en aperçoive et la jeune stryge, aux ailes aussi pure que son regard, reprit la conversation tout aussi naturellement.

Lonann Alhazred – Heu … je ne sais pas vous, mais … je me sens un peu à l’étroit ici …

Je faisais bien entendu allusion à l’ambiance oppressante qui s’était installé petit à petit depuis l’arrivé de ces gens que je gardais au coin de l’œil. Et même si leur nombre leur assurait déjà un avantage certain, j’avais la net impression que d’autres attendaient à l’extérieur, une forte odeur les accompagnait par ailleurs … cela me rappelait certains hybrides croisés en Sylfaën …

Cylicia avait due deviner ma gêne et mon retrait vis-à-vis de la situation, celle-ci se leva franchement et alla rejoindre le Tavernier pour quémander nos suites à l’étage. Une fois la tâche accomplie, elle revint à la tablé où je me trouvais encore et me confia la clé de mon logis. Je n’allais certainement pas abuser plus que cela de sa générosité, à la fois bonne vivant et charmante, j’en oubliais même la raison pour laquelle nous nous étions rapprochés ainsi. Nous venions tout deux d’horizon bien distinct et pourtant … et pourtant … Je me laissais assombrir par mon manque de galanterie, je n’avais pas un sous en poche, ni même le courage dans les tripes. C’est bien tout ceci que la jeune Stryge possédait et c’est en partie ce qui m’impressionnait chez elle. Je devinais à son regard qu’elle aurait bien aimé régler ce problème vite fait bien fait, mais qu’elle s’était retenue … à cause de moi. C’est seulement une fois à l’étage, à l’écart des clients et du tavernier, qu’elle reprit la discussion là où elle allait reprendre …

Cylicia Condoris – Je n'imaginais pas voir ces pillards aussi proches du territoire de la Garde Royale... Et encore moins boire tranquillement à l'auberge comme tout à chacun. Restez sur vos gardes cette nuit, de mon côté j'ai encore deux trois affaires à régler. Nous nous lèverons avec le soleil si vous êtes toujours décidé à m'accompagner.

Sans dire mot, j’acquiesçai et la suivais alors que nous cherchions nos chambres. J’en avais appris un peu plus sur ces hommes portant plus ou moins le même uniforme. Ils seraient donc des pillards ? Alors pourquoi donc ont-ils été accueillis ainsi à l’auberge ? Le village ne faisait rien contre cette menace ? Je ne pensais pas avoir tout les éléments pour pouvoir juger les actions et réactions de chacun ici et je ne pensais pas non plus m’en mêler tant que je n’y étais pas contraint. Ce n’était pas comme s’ils n’étaient pas armés … J’espérais seulement pouvoir trouver le sommeil malgré l’animosité qu’il y avait eu un peu plus tôt. Nous n’avions même pas prit le temps de manger tellement les regards se posant sur nous se faisaient sentir.

Cylicia Condoris – Je pense que ceci est votre chambre, reposez-vous bien.

Lonann Alhazred – Je vous remercie. Vous de même, une grosse journée nous attend demain.

La jeune Stryge me laissa au pied de la porte et entra dans son logis, j’en fis de même et découvris, pour la première depuis bien longtemps, une pièce suffisamment aménagée pour passer la nuit en toute tranquillité. Pour moi qui avais l’habitude de dormir à la belle étoile au coin du feu, je trouvais ce confort très appréciable. Cela dit, je ne pensais pas être en mesure d’en profiter pleinement cette nuit.

Je m’étais laissé aller sur la couchette, déposant ma besace sur la commode près de la fenêtre. J’avais volontairement laissé les rideaux rangés sur les côtés, permettant à la lune d’éclairer pleinement ma chambre. L’entrée se trouvait au fond à gauche de la pièce, à l’opposé de la fenêtre, à côté de la commode et de ma table de chevet. Je m’imaginais tout une série de scène, toutes aussi effrayantes les unes que les autres, aboutissant inévitablement à un conflit. A force de repasser ces mauvaises pensées en boucles, je finis par m’endormir de fatigue, bercé par le confort de la couchette, Loup ayant prit place lui aussi sur le lit, blottit contre moi.

D’un coup, je me relevai et couru à travers la chambre, ouvrant celle-ci avec fracas, hurlant, appelant quelqu’un. Il n’y avait personne, personne ne me répondait et je n’avais aucune idée d’où je me trouvais. Je ne reconnaissais pas la chambre, ni même le couloir. Je n’étais pas chez moi. Courant à travers la maison, je cherchais une quelconque sortie, la moindre issu qui aurait pu me conduire à l’extérieur, mais aucune fenêtre s’offrait à moi et je ne trouvais plus une seule porte après avoir quitté la chambre. J’avais la sensation de tourner en rond, je traversai diverses pièces simplement séparé par un encadrement où une porte aurait très pu se trouver, mais il n’y avait que l’espace qui s’y trouvait, rien pour la combler. Petit à petit, je sentais comme une boule dans l’estomac se serrer, de plus en plus fort. Je paniquai, c’était évident ! Je ne trouvais aucune sortie, ni même la moindre porte ou le moindre meuble. La maison où je me trouvais n’était qu’une succession de pièce vide au planché et au mur de pierre éclairé par une unique torche au-dessus de chacun de ces encadrements. Je fini par m’arrêter de courir et m’effondrai sur le sol, mes forces m’avaient quittés. C’est alors que j’aperçus, au coin de la pièce, une petite masse d’ombre grandissante, s’élargissant au fur et à mesure que ma boule au ventre se serrait. L’ombre se releva et, il s’agissait d’une personne de taille adulte, se tourna lentement vers moi. Une masse informe munie de deux prunelles jaunâtres et aux quenottes miroitant la lueur de la flamme se trouvant un peu plus loin. La flamme s’éteignit quelques instants plus tard, me laissant simplement l’image de l’abomination au fond de la pièce. Un grincement se fit entendre, non loin de là. Quelque chose semblait me tirer quelque part, d’abord gentiment puis, plus brusquement. Je sentis tout d’un coup une douleur intense à la jambe.

J’ouvris les yeux, dégoulinant de sueur, Loup me mordait la jambe et avait prit un air sérieux. Quelque chose ne tournait pas rond, heureusement que mon petit compagnon était là pour veiller sur moi. J’arrivais à discerner, derrière la porte, de bruit de pas léger, certainement sur la pointe des pieds, se déplacer dans le couloir. Au nombre, je compris qu’il ne s’agissait pas du Tavernier faisant sa ronde, mais d’un groupe d’individu. Nos chambres se trouvant au bout d’une impasse, mitoyenne de surcroit, cela ne pouvait être que les gens logeant en face où des voyageurs nocturnes arrivant tout juste à l’auberge. Mais Loup n’aurait pas réagit ainsi s’il n’y avait pas un danger proche. Je connaissais ses réflexes et ce n’était certainement pas la première fois où il me réveillait en plein sommeil de cette façon. A la belle étoile, il y a bien plus de danger que sous un toit, les nuits sont courtes et séquentielles. La poignée de la porte tourna très légèrement et Loup commença à grogner. Je luis tins le museau fermement, lui faisant signe de ne pas faire le moindre bruit. Je savais me faire comprendre sans utiliser son langage, cela m’évitait de réfléchir à la structure de mes phrases dans ce genre de situation. Si mon ouï ne me trompait pas, deux individus s’apprêtaient à entrer dans ma piaule et deux autres, peut-être plus, avaient poursuivit leur chemin au bout du couloir. Cylicia ! Quatre ? Il ne s’agirait quand même pas des quatre pillards rencontrés plus tôt ?

Loup s’était caché sous le lit tandis que j’avais reprit une posture plus convenable, faisant semblant de dormir. J’allais retourner la surprise contre eux si c’est dernier cherchait à s’en prendre à moi. Il allait le regretter, ce serait du deux contre deux et Loup n’est pas aussi gentil que moi !

*BOUM*BOUM*BOUM*

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Alors que la porte s’apprêtait à s’ouvrir, une voix familière sorti de derrière la porte, sérieuse, mais manquant d’assurance. La voix sonnait comme fausse, mais l’honnêteté de l’individu ne faisait aucun doute, quelque chose se cachait derrière ses paroles. Le tavernier, accompagné des individus louches croisés un peu plus tôt, semblait quémander la présence de la jeune Stryge blanche afin de régler une affaire marchande. Bien qu’un mur nous séparait, j’avais deviné sa position à ses déplacements sur le sol, des bruits de pas bien plus léger que ceux des individus ayant interrompu notre nuit de repos. Tout s’était passé relativement vite. Cylicia se doutait bien que le bruit m’avait réveillé et elle confia par ailleurs au tenancier qu’il faisait bien de me réveiller. Une fois de plus, je me retrouvais mêlé à toutes ces affaires de commerce et d’échange. Pour moi, qui ne vivais que ce que pouvait m’offrir Mère nature, je ne comprenais pas cette lubie qu’avaient les marchands de pouvoir s’enrichir à chaque opportunité qu’ils rencontraient.

Je sentis comme un malaise entre les individus derrière la porte, une gêne, bien qu’obligé de demander la présence de la guerrière ailée. Je me levais alors de mon lit, me penchant vers Loup pour lui dire de ne pas bouger. J’espérais simplement qu’il obéisse à cet ordre et qu’il respecterait le choix de son aîné, ce qui n’était pas garanti. Il avait tendance à s’impatienter, ce qui avait pour conséquence de causer pas mal de désagrément et ce n’était clairement pas le lieu pour faire du grabuge. L’inconvénient de parler le loup était de ne pouvoir employer le futur et lui préciser que je reviendrai le chercher plus tard. En attendant, je me dirigeai vers la porte et la poussai lentement avant de tomber nez-à-nez avec les individus que j’avais senti tout à l’heure. Le couloir était plutôt étroit pour nous sept, mais nous allions très certainement nous diriger vers le salon pour parler commerce, du moins je l’imaginais. Inquiet quant à la situation étrange et embarrassante que je vivais, mon regard se tourna instinctivement vers celui de la jeune femme qui se voulait rassurante, son clin d’œil m’encouragea à reprendre confiance en moi. Tout allait bien se passer, tout se passera bien. Pourquoi diable cela ne se passerait pas bien ? Peut-être par ce que je ne sentais pas que de bonnes ondes autour de nous ?

Alors que nous descendîmes les marches de l’escalier entouré des voyageurs dignement accoutré, mon attention ne se focalisa plus sur la gêne de ces gens et du tenancier, mais sur davantage d’individus aux sombres pensées. Je ne pouvais être sûr de ce qui se passait, préférant accuser la fatigue et le stress. Je profitais du moment pour relâcher la pression et souffler un peu, d’abord tremblotant de part et d’autre puis, plus sereinement, préférant penser à de bonnes choses. Décidément, il m’en fallait peu pour m’effrayer … sans doute la peur de l’inconnu. Alors que nous arrivâmes dans le salon, affreusement vide et sombre, les vitres laissant filtrer la teinte blanchâtre de la pleine lune au milieu de la pièce, le tenancier se tourna un instant vers nous et demanda de le suivre jusqu’à la carriole se trouvant à l’extérieur. Mais ce qui m’avait effrayé un peu plus tôt revint à cet instant. Alors que nous traversions l’espace qui séparait l’entrée de l’auberge à la diligence, je constatais que nous n’étions pas uniquement entouré de quatre étrangers, mais d’un nombre bien plus conséquent, tous étant aligné d’un côté de l’auberge, à une certaine distance.

Tenancier – Ce sont ces messieurs qui proposent la marchandise que je vais vous montrer. Il se mit ainsi entre les étrangers qui, pour certains, se trouvaient à dos de cheval et nous afin que l’on ne prête pas trop attention à eux. Il s’agit de Djinx qu’ils souhaiteraient vendre à plus trois miles pièces d’or unité. Nous aimerions avoir votre avis sur le sujet mademoiselle.

Visiblement là pour intimider les marchands et le juge de la situation, on pouvait dire que cela avait été très efficace pour moi. J’avais pu confirmer mes craintes en découvrant qu’il y avait bien un nombre important de personnes aux mauvaises pensées, tous s’étaient déjà préparer à d’éventuelles représailles et leur regard empli d’une certaine assurance me le laissa penser. De l’autre côté, quelques marchands, facilement reconnaissable par leur tenue onéreuse et les espèces de bouliers qu’ils portaient à leur ceinture de cuir, venus ici pour acheter ces fameux Djinx. Le prix ne semblait pas leur convenir, bien trop cher pour leur modeste porte-monnaie si je résumais bien, pourtant ce nom me disait quelque chose. Et alors que nous nous rapprochions de la première des quatre diligences présentes ce soir, quelque chose de bien plus triste traversa mon corps. Une multitude d’émotion semblable à la tristesse et à la dépression, quelque chose qui me fendit mon cœur. J’avais un mauvais pressentiment et les quatre voyageurs s’arrêtèrent à l’entrée de la diligence, nous laissant avec le tenancier rentrer à son bord afin d’estimer la marchandise. Ce que l’on attendait de Cylicia ? Qu’elle partage son avis sur la justesse du prix fixé sur cette marchandise. Pourtant, jamais je n’aurai pensé que l’on puisse permettre la vente de ce que l’on découvrit sous la toile de la diligence.

En montant à l’intérieur, sous une multitude de draps, une quantité infâme de Djinx étaient enfermés dans de petites cages. Tous serrés les uns les autres aux parois même de la cage. Combien de temps avait-il pu être enfermé ainsi, dans de telle circonstance ? Comment avait-on pu permettre ceci ? Je fis d’abord un pas en arrière, dégoûté par l’horreur que je venais de découvrir, puis la colère vint jouer un mauvais tour à mon esprit. L’envi de foudroyer du regard le tenancier me démangeais affreusement, mais je ne pouvais me permettre d’interrompre Cylicia qui jaugeait les cagettes une à une et demanda leur quantité exact dans ces carrioles. J’espérais tellement qu’elle ne partage pas cette avis, cette vision des Djinx en tant que simple objet, je priais intérieurement pour qu’elle ne fasse pas partie de ce complot horrible. Ces petites créatures étaient tout ce qu’il y avait de plus inoffensif et chaleureux au plus proche de la nature elle-même et de ces éléments. A l’image des élémentaires créés par les mages et facilement agressif en présence d’être vivant, ces derniers n’ont rien d’hostile et sont parfois même une bénédiction lorsqu’on en croise de nos jours. Ces créatures magiques devraient être une espèce protégée et leur capture prohibée ! Rien que d’imaginer ce qu’il pouvait en faire me remplissait d’une colère noire que j’arrivais tout de même à contenir. Me transformer ici n’aurait rien de bon pour moi à l’avenir, il valait mieux que je reste à ma place plutôt que de provoquer un combat inutile et causer du tort à Cylicia.

Celle-ci termina son inspection, impassible, et demanda un instant au tenancier afin de s’entretenir avec moi. Alors que nous nous penchions d’un côté de la diligence, tout près des cages des Djinx, l’un d’eux nous fixant d’un air triste, la jeune femme arriva à éclaircir mes pensées et à me redonner espoir. Elle l’avait bien compris depuis le début et avait simplement fait en sorte de rester calme jusqu’à maintenant afin de découvrir ce qui se tramait ici. Elle s’excusa une fois de plus de m’avoir mêlé à tout ça, mais si elle-même était contre ce genre de transaction ignoble, je ne lui en voulais pas le moins du monde. Au contraire, si je pouvais l’aider d’une quelconque manière, je m’en ferai une joie. Dans son regard, je pu deviner au fond de celui-ci une touche d’espoir qui me transperça et me contamina peu à peu. Alors que je m’étais assombri quant à la nature de ces humains possessifs, elle avait su apaiser mes pensées en un simple regard rassurant. Je me tournais à nouveau vers les petites créatures magiques et pris ma décision.

Lonann Alhazred – Je ne permettrai pas que ces petites créatures soient vendues comme de vulgaires objets. Je serrai la mâchoire un instant avant de me détendre en inspirant une bouffé d’air frais. Quoi qu’il advienne, je ferai en sorte de les faire s’évader, quitte à payer de ma personne… et peu importe si je suis seul contre tous. Je me battrai toujours pour ce qui me semble juste, dirigeant mon regard vers les cages grouillant de Djinx, et ceci n’est pas juste.

La jeune garda le silence et se releva lentement, mettant fin à notre petite discussion puis, avant de se tourner vers le tenancier, elle me rendit son sourire, se voulant rassurante et partageant ma vision de la justice. Elle dégaina ainsi sa lame et, alors que l’homme s’apprêtait à faire barrage de ses mains pour se défendre, la jeune femme se tourna une fois de plus vers les cages et brisa les chaînes qui entravaient les Djinx dans ces cages. Les petites créatures profitèrent instinctivement de cette bienveillance pour pousser de leur petits bras les grilles qui les séparaient de la liberté avant de s’échapper de leur prison. Étrangement, aucun d’entre eux ne prirent la fuite aussitôt en dehors des cages, ils se mirent d’abord tout autour de la jeune femme et la remercièrent mélodieusement dans une sorte de chant harmonieux. Le tenancier stupéfait par se revirement de situation, commença à élever la voix, mécontent d’une telle trahison. Lui aussi semblait désirer l’une de ses créatures. Je m’approchai alors de ce dernier, remonté comme jamais je ne l’avais été, je décidais de relâcher toute cette pression que j’avais accumulé jusqu’à maintenant.

Je n’arrivais pas à la hauteur de l’homme, mes bras n’étaient pas aussi épais que les siens et j’étais dans l’ensemble, plutôt frêle. Mais ce soir, tous les éléments étaient en ma faveur. Je pris une très longue inspiration et, petit à petit, ma crinière blanche s’étendit le long de mon dos, s’emparant de mon corps. Je ne m’étais pas transformé depuis que j’avais rencontré Loup, craignant la réaction et le regard des autres pour ce que je suis réellement. Je pouvais sentir cette force affluer dans tout mon corps, cette rage au ventre bouillonné en moi comme si j’étais rentré dans une colère noire. J’avais conscience de ce qu’il se passait et étais maître de mon corps, mais ma gestuelle pouvait laisser penser le contraire. Mes membres s’allongèrent et grossirent à vu d’œil, ma gueule s’affina, laissant entrevoir d’immense croc. Mon regard devint plus doré, luisant dans l’obscurité ambiante de la diligence. Je saisi le col de l’homme, qui était devenu bien ridicule après ma transformation, et le lançai au loin, l’éjectant de la carriole. Les Djinx prirent peur et s’écartèrent de l’arrière de la diligence pour s’agglutiner les uns sur les autres au côté opposé de ma position, ces derniers n’appréciant pas la proximité avec les bipèdes, mon apparence sembla les effrayer d’autant plus. Et dans un hurlement semblable à celui d’un loup, je descendis de la carriole pour me dévoiler à la pleine lune, espérant ainsi intimider les autres groupes qui nous attendaient à l’extérieur. Les quatre petits malandrins qui nous avaient cherchés des noises à l’auberge faisaient bien pâle figure à côté de moi, m’arrivant tout juste au-dessus de la taille.

Lonann Alhazred - hurlement

[Utilise Sac poudre à prout du professeur Flaamesh sur le Seigneur de Guerre]
[Attaque le seigneur de guerre]

Malgré la transformation monstrueuse dont je venais d’être l’acteur principal, la terreur avait soudé nos opposants et ces derniers s’étaient presque tous unis pour faire face au Loup-Garou qui sortait de la carriole. J’avais réussi à attirer l’attention de l’assemblée et ceux-ci se jetèrent corps et âmes sur moi, arme à la main. Leur gestuelle tremblotante ne faisait pas l’ombre d’un doute, ils étaient tout de même terrifiés de faire face à pareille créature et cela pouvait vite tourner à mon avantage. De son côté, la jeune Stryge avait pris l’initiative de s’attaquer au meneur des troupes enturbannées, plan contrecarré par un des chevaucheur qui vint la faire reculer suffisamment pour la garder hors de porté de son maître. Je prenais conscience de l’ampleur du combat un peu tardivement, nous étions clairement en infériorité numérique et nous avions que peu de chance de nous en sortir indemne, mais comme on dit, tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir. J’étais près à y perdre des poils s’il le fallait.

A quatre pattes et dans un grognement sinistre, je montrais mes crocs aux pauvres pillards qui se trouvaient devant moi et me jetais sur deux d’entre eux. Saisissant la tête du premier dans une poigne spectaculaire, la taille de ma main était telle que je pouvais la saisir sans difficulté, et manquais celle du second, j’envoyai valdinguer ma proie dans les airs quelques mètres plus loin avant que ce dernier ne retombe dans un fracas plus sinistre encore. L’ensemble des pillards s’étaient jetés sur moi pour me faire face, mon imposante taille jouait en ma défaveur cette fois-ci. Malgré la transformation, je n’étais qu’effrayant et légèrement plus fort, mais question agilité, je manquais encore d’entraînement. Le fait de ne pas m’habituer à cette apparence m’empêchais de me mouvoir habilement, je manquais de pratique, c’était indéniable.

Nos assaillants ne manquaient pas non plus de coordination, même s’ils n’avaient jamais vu de Loup-Garou auparavant, leur cohésion faisait qu’ils savaient comment se battre. Ils avaient d’abords commencés par me séparer de Cylicia puis, dans un second temps, ils s’étaient dépêchés de m’encercler pour ainsi avoir plus de chance de toucher leur cible. Je me trouvais déjà dans une posture inconvenante alors que le combat venait à peine de débuter, Cylicia n’était pas non plus en meilleur position, il fallait que nous tournions ce combat à notre avantage rapidement si nous ne voulions pas finir en décoration dans la hutte du chef des bandits. J’imaginais déjà ma peau de loup servir de tapis dans son salon. Non ! Il n’en était pas question ! Je ne pouvais terminer mon aventure ainsi, je venais à peine de quitter la forêt et mon tour du continent n’en était qu’à ces prémices. Ce n’ »est certainement pas une bande de roublards qui allait m’arrêter ici !

Guerroyant comme une bête enragée, je fini par briser le cercle qui s’était formé autour de moi et me rapprochais de Cylicia tant bien que mal, mon pelage se garnissait déjà de quelques tâches écarlates par endroit, mais la rage qui me faisait avancer parmi la cohue générale rendait mes blessures indolores, rien ne pouvait faire faiblir un Therian, pas même les blessures d’une arme tranchante. Poursuivit par la ribambelle de pillards, je finis par atteindre la guerrière aux ailes immaculées et me positionnais derrière elle afin de couvrir ces arrières. Elle devait déjà deviner que ma transformation n’était qu’une piètre façade de terreur, néanmoins, cela nous avait fait gagner un peu de temps, mais maintenant que la supercherie était terminée, nous allions passer un sal quart d’heure.

Lonann – Si les Djinx ont pu s’enfuir, il nous revient la charge de les anéantir pour éviter que de telle situation ne se reproduise à l’avenir. Je ferais de mon mieux pour vous soutenir Cylicia !

La lune serait la seule à contempler notre victoire ce soir. Sa lueur dessinait l’arène de notre combat sur le sol, obstrué par moment par les quelques nuages de passage, et tant que sa leur illuminait notre glorieuse justice, nous serions capable de déplacer des montagnes, j’en avais l’intime conviction. Malgré leur surnombre, nous avions tout de même une chance de nous en sortir vivant et c’est sur cette infime chance qu’il fallait parier aujourd’hui. Tous les moyens seraient bons pour parvenir à nos fins. Malgré la surprise de ce combat, j’avais eu raison de garder au moins une fiole de remède sur moi, accroché à mon cou par une ficelle assez ample. D’un coup de main brusque, j’arrachai la petite fiole et avala son contenu d’une traite, espérant que cela nous soit bénéfique durant notre combat. Plus le temps allait passer et plus j’allais gagner en agilité, ce qui comblerait mes lacunes actuelles, mais encore fallait-il que je sois encore vivant pour que cela soit vraiment efficace. A nous de tenir jusque là …

Une fois de plus, un long hurlement vint perturber la nuit si calme des villageois, si agités des combattants. Je rassemblais toutes mes forces, tout mon courage, il étai temps que je montre ce que j’ai dans le ventre …