Le Cinquième Âge débuta il y a 800 ans environ, au début de la monarchie humaine. Cette nouvelle période fut d'abord marquée par une croissance conséquente d'
hybridations, parce que les Dùralassiens se mirent à voyager et échanger avec les autres races. On vit ainsi l'émergence de croisements rares, comme les Demi-elfes, les Demi-géants, les Demi-orcs... Ou de croisements au contraire tellement nombreux qu'ils s'apparentent quasi à une nouvelle race : les Löwens, Les Rakshassas, les Halfelins ou encore les Gobelins. Ces derniers étaient d'ailleurs tellement nombreux, qu'en à peine 200 ans ils avaient atteint les 30.000 individus, soit plus que la population orque, et occupaient toute la partie nord du territoire, d'est en ouest. C'est également au cours de ce siècle que les premiers Abyssaux émergèrent à la surface et firent la connaissance des "Terrestres", attirés par les petites embarcations qui allaient et venaient aux alentours du port d'Ishtar. Douze races pensantes foulaient désormais Dùralas.
Les petits cousins des Orcs s'avérèrent être des individus belliqueux, et ils rentrèrent en conflit avec la plupart des races qu'ils côtoyaient, en fonction de la région. C'est pourquoi les Virtuoses narrent régulièrement en taverne des conflits opposant les Gobelins et les Elfes, les Gobelins et les Nains, ou même -de manière tragicomique- les Gobelins entre eux. Ce dernier événement est d'ailleurs appelé
"Les Guerres gobelines" ; il s'agit de multiples conflits qui s'étendirent entre l'An 50 et l'An 150 du Ve Âge, où différents clans (ceux des Fjords, ceux des montagnes, ceux des forêts et ceux des plaines) guerroyèrent sans relâche. Il fut question d'alliances, de trahisons, de massacres en bonne et due forme jusqu'à cette dernière bataille, la
Bataille arànienne, qui dura cinq longues années et mit fin aux Guerres gobelines. Cette lutte armée eut lieu à l'est des plaines d'Aràn, dans l'enclave entourée par les sombres montagnes de Kanaan au nord et les montagnes du Baldor à l'est. A l'issue de cette dernière et des Guerres gobelines, les deux-tiers de la population furent décimés, atteignant difficilement les 10.000 individus. Les clans sont toujours hostiles aujourd'hui les uns vis-à-vis des autres, mais cette tragédie les convainc de ne pas retomber dans une guerre ouverte.
En l'An 200 du Ve Âge, naquit le jeune
Eruan, près de Kastalinn. Il était issu d'une famille modeste et paysanne, dernier né d'une fratrie de six enfants. Dès l'enfance, le dernier-né se révéla être aussi rusé pour piéger le gibier qu'il était habile de ses mains pour tricher aux jeux de cartes. Son intellect était bien supérieur à celui de ses cinq frères, et le garçon le comprit bien assez tôt. A 17 ans, Eruan quitta la ferme familiale pour prendre la direction de la cité fortifiée. Ambitieux et féru de découvrir le monde, c'est par ses capacités intellectuelles qu'il réussit à gagner ses premières pièces d'or en jouant ou pariant en taverne. Le jeu et les duperies devinrent ses principales occupation, jusqu'à ce qu'il soit approché par un apothicaire qui, enthousiasmé par ses talents, décida de le prendre sous son aile. Le pharmacien en question était un ancien élève de la
Guilde des mages créée quelques années auparavant par le Père Tungstène. Avec ce nouveau maître, Eruan étudia les différentes formes de magie, passant par la magie d'éther ou encore l'alchimie. Mais le domaine qui attisait surtout la curiosité du jeune homme c'était l'étude des sciences occultes et obscures, dans laquelle il y trouva des incantations qui dépassaient l'entendement... Ainsi que ses espérances futures.
Dans cette même période, le Père Tungstène -qui était particulièrement actif- décida de fonder un nouveau groupe armé après avoir pris connaissance d'une prophétie annonçant une fin du monde proche. Pour ce faire, le demi-elfe millénaire sélectionna huit individus, quatre elfes et quatre humains au cœur pur, avec une parité parfaite dans les genres. A chacun d'eux, il attribua un Dragon adulte (dont il a toujours tu l'origine) afin qu'ils forment des paires inséparables. De ces seize individus et dragons s'éveilla la
Guilde des Dragonniers, dont le campement fut érigé dans les plaines d'Aràn.
Source inconnue La Guilde originelle des Dragonniers se composait comme suit : le dragon rouge Sibur (♂) était lié à l'elfe Siel (♂), le dragon vert Edaurème (♀) à l'elfe Oniriel (♀), le dragon bleu Rifàs (♂) à l'elfe Lilrond (♂), le dragon violet Ethystema (♀) à l'elfe Elaradriel (♀), le dragon jaune Rhô (♂) à l'humain Ian (♂), le dragon marron Elopa (♀) à l'humaine Lehane (♀), le dragon indigo Tiamand (♂) à l'humain Elwood (♂) et le dragon d'éther Héra (♀) à l'humaine Moli (♀). Ses 16 cavaliers à dos de dragon débutèrent leur ouvrage en sauvant la veuve et l'orphelin d'attaques de brigands, sauvageons et autres créatures nuisibles des alentours. Tungstène avait dans l'idée d'en faire une véritable coalition pour lutter contre les Forces du Mal de ce monde, mais les grands fléaux se faisant discrets, il entraînait ses recrues en dépoussiérant la région du nord.
La première véritable menace vint du sud-ouest du désert de Harena, dans la savane de Tzengah. On racontait qu'un Roi-Sorcier, chef du village de
Kothemba, dressait une grande armée pour envahir les territoires alentours. Et le nécromancien ne passait pas par quatre chemins pour parvenir à ses fins : depuis la fin du IVe Âge il asservissait sa population ainsi que celle des tribus nomades environnantes en possédant leurs esprits et les maintenant sous son emprise. Les êtres possédés ne vieillissaient pas, lui obéissaient au doigt et à l'œil, et semblaient dépourvus de toute émotion. Les récits les nommaient les "Exaltés". Les huit dragonniers partirent donc en intervention, et une bataille débuta entre les disciples de Tungstène et les Exaltés du Roi-Sorcier. Si les Dragonniers dominaient grâce à leur posture aérienne et aux capacités magiques de leur dragon respectif, ils ne pouvaient rien faire contre les attaques climatiques dévastatrices du souverain auto-proclamé. Même après avoir éliminé un millier d'exaltés, les cavaliers ailés n'arrivaient pas à interrompre le flux continu d'esclaves du Roi-Sorcier, qui avançaient inlassablement aux frontières de la savane. Plusieurs dragons et dragonniers étaient blessés, mais tenaient bon.
Tungstène finit par intervenir, car les ex-Kothembeïens étaient maintenant enveloppés d'une aura protectrice et très difficile à percer même pour un dragon, protégés et poussés par un mégalomane avide de pouvoir et de ses quatre généraux intrépides. Aidé de ses disciples, le demi-elfe créa une sorte de dôme magique qu'il apposa sur toute la savane de Tzengah. Il savait que ce dernier ne serait pas éternel, mais c'était la seule solution parce que le Roi-Sorcier ne pouvait être tué sans la crainte qu'il ne revienne peu de temps après. Comprenant le stratagème, Tzengarah -de son vrai nom- tenta une ultime offensive. Elle était terrifiante, et la foudre exaltée frappa de plein fouet les Dragonniers. Tous en sortirent indemnes, sauf l'humaine Molie, parce qu'elle était en première ligne. Quant à sa dragonne, Héra, elle fut suffisamment puissante pour résister à l'assaut... Mais pas assez pour ne pas résister à l'emprise du Roi-Sorcier. Il avait obtenu sa vengeance, et de cette dernière était née une abomination :
Kyndranocatl, le dragon ancestral exalté.
Après cette première bataille qui avait plus l'aspect d'une défaite qu'une victoire, les sept rentrèrent au campement du nord et se mirent en quête d'un huitième compagnon pour remplacer la défunte Molie et sa dragonne d'éther. C'est en traversant Kastalinn quelques mois plus tard que Tungstène rencontra le remplaçant potentiel. Il croisa d'abord une tête connue : l'apothicaire, un des premiers élèves de l'institut de magie, qu'il salua chaleureusement. En échangeant avec ce dernier, l'Archi-mage ensorceleur (parce que c'était l'un de ses nombreux titres) fit également la connaissance du jeune et prometteur Eruan, désormais pratiquant des premiers arcanes magiques. L'apothicaire ne tarissait pas d'éloges à son égard, et il fut vite convenu que son protégé devienne le dernier dragonnier. Il était jeune, certes, mais Tungstène avait foi en sa fougue et en sa cérébralité.
Un nouveau dragon d'éther fut trouvé et formé pour l'apprenti dragonnier. le reptile ailé était plus jeune que ses congénères, mais aussi plus vif. En l'An 218 du Ve Âge démarra ainsi l'âge d'or des Dragonniers. Pendant dix années, ils opérèrent avec succès sur la partie nord et centre du territoire, en démantelant plusieurs campements de brigands, en évitant des conflits majeurs, ou en terrassant des abominations venues des profondeurs. Victimes de son succès, la guilde avait par ailleurs recruté une trentaine d'hommes montant hippogriffe ou griffon, que les chevaucheurs de dragon dirigeaient. Tous les Dragonniers étaient talentueux, mais Eruan et son dragon les dépassaient tous, brillants par leur complémentarité et l'esprit stratège de l'homme. Il lui arrivait même d'être autoritaire, ou d'avoir des comportements allant à l'encontre des dogmes de la guilde, comme en exécutant des prisonniers en quête de rédemption. Le maître-dragonnier Siel, qui assurait la gouvernance de Tungstène lorsque celui-ci était absent, désapprouvait ces méthodes. Plusieurs fois il avait constaté une pratique de plus en plus obscure de la magie utilisée par le huitième cavalier. Il avait fait part de ses doutes à l'L'Aìotœlärh mais ce dernier mettait cela sur le compte de l'inexpérience. Une erreur ? Peut-être. Quoiqu'il en soit, un climat tendu s'installa au sein de la guilde, entre ceux n'appréciant guère l'homme de 27 ans, et ceux l'adulant.
Dans ce contexte de discorde, Eruan se prit bientôt d'obsession par une quête de pouvoir et d'immortalité. Le magicien cherchait des méthodes pour vaincre la mort, la contrôler. Pour s'entraîner, il choisit un coin reculé -où il se rendait lorsqu'il n'était pas en mission- au nord de la forêt de sapins. Là, il tenta des envoûtements et charmes nécromantiques, réveillant tantôt des arbres morts, tantôt des animaux décédés. La zone se transforma petit à petit en cimetière forestier, parce que le sorcier puisait dans l'énergie vitale des arbres pour parvenir à ses fins, et que des créatures étranges commençaient à peupler les environs. Satisfait de ses expériences mais épris d'un désir inassouvi, Eruan estima qu'il était temps de constituer une armée d'humanoïdes. L'homme se rendit sur les vestiges de la Bataille d'Aràn, là où les Guerres gobelines avaient fait des ravages. Extirpant les ossements de la terre, il réussit une première invocation d'outre-tombe, puis une deuxième, puis une troisième... Il répéta l'action autant de fois qu'il le put, puisant dans l'énergie vitale qui se trouvait aux alentours. Bientôt, pas loin d'un millier de gobelins furent ressuscités et reconstitués avec des lambeaux de chair ci et là. Ils étaient décharnés, mais suffisamment robustes pour être utilisés comme guerriers.
Une fois son armée conçue, il attribua à ses marionnettes le charmant nom de
Perrack, gobelins morts-vivants, nés pour servir ce jeune nécromancien. Le dragonnier les installa ensuite dans la parcelle de forêt qui avait été sujette à ses expérimentations, et appela son coin
La Perracie. C'était en quelque sorte son royaume, son propre Dùralas. Les choses tournèrent mal lorsqu'un des dragonniers découvrit les expériences menées et les créations par Eruan, et un conflit interne débuta. Deux camps se formèrent, et une bataille fratricide fut déclenchée lorsque le dragonnier fut assassiné par les hommes de main du disciple de l'apothicaire. Les récits ne narrent pas comment cette dernière s'est déroulée, parce qu'il n'y eut aucun survivant que ce soit chez les humanoïdes et les dragons... Sauf Eruan, qui perdit son dragon en tuant Siel et Sibur. Ce dernier, affaibli et craignant le courroux du Père Tungstène, trouva refuge dans les tavernes kastalinnoises pendant un certain temps. Là, il fit la connaissance d'un voyageur vampire. En discutant avec le nyctalope, il sut qu'il était la réponse à sa quête d'immortalité et de pouvoir. Aussi s'ouvra-t-il rapidement aux plaisirs du vampirisme.
Lorsque l'Aìotœlärh rentra finalement au campement, la stupeur et l'effroi le frappèrent. Il n'avait plus ressenti ces sentiments depuis plusieurs siècles, mais ils refaisaient surface face à l'horreur qui s'étalait sous ses yeux. C'était une hécatombe. Comprenant les erreurs qu'il avait commises, l'ancêtre partit à la recherche du dernier Dragonnier. Ce dernier se cachait désormais dans sa Perracie, où il avait fait ériger un
château par ses larbins. Il avait également donné vie à son dragon d'éther, désormais plus de chair et d'os qu'autre chose. C'est dans son "territoire" que Tungstène le trouva et qu'un ultime affrontement eut lieu. Les deux combattants s'assaillirent pendant cinq longs jours, de manière inhumaine. Par deux fois, Tungstène pensa terrasser son adversaire, et par deux fois se dernier se releva, comme si de rien n'était. Sa connaissance des sciences obscures s'était accrue et il ne pouvait visiblement plus être éliminé normalement. Alors, dans un ultime effort, et à l'instar des Exaltés, il emprisonna l'individu, son dragon, ses perracks et toutes ses créatures dans une prison invisible, dont ils ne pourraient sortir. Le
Comte Motch'Hollow, comme il se prénommait maintenant, était victime de son propre royaume - La Perracie - Pour l'éternité. Ou presque ?
En l'An 500 du Ve Âge, soit il y a 300 ans, le paysage dùralassien ressemblait de plus en plus à celui que nous connaissons aujourd'hui. Les villes et leurs factions devenaient cosmopolites, et chaque race avait déjà entendu parler des autres races. Une rumeur commença à s'élever, selon laquelle une compagnie de chasseurs de prime venait de voir le jour dans le sud. Il s'agissait d'un ensemble de mercenaires, d'assassins qui punissaient des individus en l'échange d'une rémunération. C'est à cette époque que la
Congrégation de l'Ombre apparut et fit parler d'elle pour la première fois.
Dans un même temps, plus au sud encore, les navires devenaient légion sur les mers Van Hallen et maudites. Les embarcations étaient de plus en plus grosses et de bien meilleure qualité, ce qui permettaient aux marins d'aller plus loin. C'est à cette occasion que la
Mer Agwaë fut découverte, bien qu'elle demeurât inaccessible à cause des nombreux rochers qui la jonchaient. Profitant de l'expansion du commerce et des trajets maritimes, des pillards se mirent également à prendre la mer. D'abord en solitaire, certains équipages finirent par s'allier, et donnèrent naissance à la sixième faction du territoire, les
Pirates.
Naguère, il y a encore une cinquantaine d'années, une contrée volcanique existait au-delà de la banquise, et en dehors du territoire dùralassien. Ce pays abritait de grands humanoïdes à la peau rougeâtre, munis de cornes, et animés par une foi à toute épreuves : les
Djöllfulins. Complètement indépendants, les Djöllfulins étaient répartis dans plusieurs sous-régions, et principalement dans des villages. Ils étaient prospères, ne connaissant ni la guerre, ni la faim, et s'adonnaient avec dévotion à leur trithéisme, la vénération de trois divinités. Un jour, un Cataclysme s'abattit sur leur ancien pays. On ne connaît pas l'origine : climatique ? Magique ? Calamité ? Difficile de répondre à cette question. Ce que l'on sait en revanche, c'est que la quasi-totalité du pays fut détruite, et les Djöllfulins durent migrer vers le sud afin de découvrir une nouvelle terre.
Pendant une période de plusieurs années, les démons nordiques parcoururent plusieurs milliers de kilomètres à la recherche d'un havre de paix. Appelé "Le Grand Exil", ce passage marque un tournant pour cette race, qui perdit bon nombre de leurs congénères à cause des conditions glaciales de la banquise (lorsque ces derniers n'étaient pas décédés au cours du cataclysme). Au final, les rescapés atteignirent Dùralas en arrivant dans les sombres montagnes de Kanaan. Attirés par la chaleur de Vulkar, ils apprécièrent la chaleur et la géographie de l'endroit. Ils décidèrent d'y construire leur nouvelle demeure, le
Village djöllfulin. Ils y vécurent en ermite là encore pendant quelques années, craignant ce qu'il pouvait y avoir de l'autre côté des montagnes. C'est lorsque des visiteurs dùralassiens trouvèrent par hasard leur habitation qu'ils changèrent d'optique et se mirent, timidement, à parcourir le territoire de Dùralas...