Le sujet des skarniens revenait régulièrement dans les conversations entre Arhiann et Manydh, lequel ne les avait jamais vus directement, même s'il avait été aux premières loges pour constater les dégâts dont ils étaient capables. La garde Zéphyr les surveillait toujours, mais seuls leurs dieux dégénérés savaient ce que les hommes-rats trafiquaient dans leur coin de marais. C'est pourquoi, maintenant que le chamane avait pris un peu d'assurance, la blonde lui proposa de l'accompagner dans une mission de vérification rapprochée. Cela faisait maintenant quelque temps qu'elle s'était aventurée en compagnie d'Urua dans les ruines où ils avaient établi leur campement de fortune, et elle craignait qu'ils ne préparent quelque nouvelle diablerie si on n'y prenait pas garde. Pour l'occasion, elle avait laissé dans sa cabane sa tenue d'éclaireuse, car elle n'agissait cette fois pas pour le compte de la faction, mais simplement sur sa propre initiative.

Elle avait prévenu son compagnon des pièges et des créatures que renfermaient naturellement les marais, et envisagé avec lui la possibilité - assez forte, il fallait l'avouer - qu'on en vienne aux armes, avec les habitants historiques des lieux, comme avec ceux qui s'y étaient installés plus récemment. Mais comme elle s'était montrée déterminée à mener cette reconnaissance quelle que soit la réponse de l'autre faune, il lui avait assuré qu'il serait présent à ses côtés : il se serait senti lâche de la laisser se rendre là-bas seule, et inquiet, aussi. Sans compter qu'il allait bien falloir, à un moment ou un autre, qu'il se décide à les affronter directement, ces maudits skarniens qui avaient détruit sa vie d'avant...

Le duo d'enfants de Magnésie se glissa donc hors de l'ombre protectrice de sa forêt natale, pour pénétrer au royaume de la vase et des sangsues. Arhiann, qui connaissait le chemin vers les ruines, ouvrait la voie avec une lenteur prudente, tandis que le brun prenait soin de bien mettre ses sabots dans les empreintes de sa compagne. Elle suivit d'abord les mêmes sentes qu'avec le paladin löwen bien plus tôt, mais alors qu'ils se rapprochaient de leur objectif, elle en dévia de plus en plus : si elle avait appris quelque chose des skarniens, c'était bien leur imprévisibilité, et la nécessité de ne pas les sous-estimer. Rien n'assurait que ce qui avait fonctionné une fois, pourrait se montrer efficace de nouveau. Il semblait plus sage de chercher un autre accès pour espionner les hommes-rats.

- Si j'te dis que j'peux m'débrouiller toute seule! S'emportait l'égo blessé de Charlotte.

- On sait jamais c'qui peut arriver... Tu pourrais juste trébucher et t'péter la ch'ville! Surenchérit Lucie.

En train de préparer ses affaires dans sa cabine, la mère négociait la tranquilité de son voyage avec la fille. Elle avait besoin d'un peu de calme et de solitude. Marre de voir toujours ces mêmes têtes et de ne pas avoir un instant de tranquilité. La présence de Kerol, l'homme-requin taciturne, aurait été supportable mais ce dernier avait une toute autre mission : garder un oeil sur les assigements de Lucie et d'Elizabeth Pot-en-Beurre. La matriarche n'avait aucune confiance en cette sympathique sorcière, chose que sa paranoïa ne faisait qu'empirer. Malgré les supplications de sa fille, Charlotte parti finalement seule, prête à partir à l'aventure comme au bon vieux temps.

Le Ruby avait su pénétrer dans les terres par une rivière assez large mais qui finit énixorablement par se rétrécir jusqu'à ce que le danger de rester empêtrer se fit trop grand. Cela avait fait gagner de longues heures de voyages à notre aventurière mais le chemin était encore long jusqu'au coeur des marais, où elle avait prévu d'en découdre avec un Beholder. Une créature aux allure démoniaques, composée d'une tête munie d'un immense oeil, d'une bouche pleine de dents assérées, et de tentacules au bout desquelles étaient également des yeux de taille plus modeste. La Charlotte, qui n'était pas technophile à moitié, savait pertinemment que la rétine d'un de ces yeux pouvait servir à améliorer le grossier outil qu'on lui avait implenter à la place de feu son oeil droit et avec lequel elle ne voyait pas beaucoup mieux que sans.

Si vous êtes, à l'image de notre aventuirère, particulièrement sensible quant à l'image que vous renvoyez, vous comprendrez sans difficulté l'horrible moment que celle-ci passa dans les marais. Voir ses bottes lustrées prendre la boue, sa peau douce devenir moite, sentir son parfum se faire corrompre par l'odeur puissante des lieux, et plein d'autres petits détails qui faisaient de son voyage en solitaire un calvaire. Enfin, les forces ne lui manquait point, ainsi que la volonté, après une bonne heure de marche elle arriva dans les marais, prête à en découdre avec toutes les créatures bizarres qui en voudrait à sa vie.

De créatures étranges pourtant, il n'y'en eut nul trace. Fait qui n'empêcha pas la matriarche de faire une rencontre des plus étranges. A croire que le sort la prenait pour une chèvre car, encore une fois, des satyres étaient apparuent sur sa route, deux spécimens pour être exacte. Pas exactement pareils à ceux que le brave et irsute Thauthau avait pour compagnons, mais assurément de la même espèce. Charlotte ne les pensaient pas spécifiquement agressifs mais, comme elle avait promit à sa fille d'éviter de mourir bêtement, elle mit la main sur son pistolet par précaution et observa la scène quelques instants avant de leur lancer :

- Hey, vous là!... Oui, vous! Vous êtes du coin?! Mouah, ce serait pas d'bol me direz vous, ahahahh! Hum! Enfin, continua-t-elle sans même leur laisser le temps de répondre , v's'auriez pas vu un Beholder dans l'coin? Oeil pour oeil comme on dit, finit-elle en désignant son cache-oeil technophilique bien que cela ne soit pas vraiment pertinant lorsqu'on connaissait son origine.

Le Beholder était une chose, les Skarniens en était une autre que notre aventurière avait totalement oubliée. En réalité, elle n'était pas même sûr que ceux-ci s'étaient implantés jusque dans ces marais qu'elle trouvait épouvantable. La mer, c'était compréhensible pour elle qui l'aimait temps, mais son esprit n'allait pas aussi loin dans l'analyse de la situation politique.

Prenant grand soin de produire le moins de bruits possibles en ces lieux humides où le son se propageait si facilement, les faunes se glissaient d'un buisson à un affleurement rocheux, Arhiann tâtant de son bâton avant de s'engager dans les vasières qui avaient trop souvent tendance à vouloir happer leurs sabots, et davantage. Dans ces cas-là, il était difficile d'éviter les "scouitch" de succion, qui se perdaient néanmoins parmi une multitude de bruissements propres au marais, et pour la plupart non identifiés.

Alors qu'ils longeaient un ensemble d'arbustes aux branches crochues, la blonde s'arrêta, aux aguets.
" Nous ne sommes pas seuls, "
murmura Manydh, confirmant ainsi ses doutes. Redoublant de prudence, ils émergèrent malgré tout des buissons, pour se trouver interpelés par une femme qui se tenait un peu plus loin et, à en juger par l'état de ses vêtements, devait arpenter les marais depuis au moins autant de temps qu'eux. Par contre, elle n'avait visiblement pas le même souci de discrétion. Jugeant qu'elle était sans doute moins hostile que la plupart des créatures autochtones, tous deux s'approchèrent, suffisamment pour pouvoir parler un ton plus bas.

Ainsi donc, elle cherchait le gardien des ruines, pour les vertus de son œil réputé propre à de nombreuses opérations magiques. Ni Arhiann, ni même son compagnon guérisseur, n'auraient pu affirmer que cette relique pouvait remplacer un globe oculaire perdu, mais celle qui leur faisait face en semblait persuadée. En général, on ne se risquait pas dans cette zone putride sans une excellente raison. Après un instant de perplexité, l'ensorceleuse lui répondit donc :
" On ne l'a pas vu, non. Il paraît qu'il garde les ruines... mais il y a surtout des skarniens, là-bas. Et il vaudrait mieux éviter d'attirer leur attention, ils sont... "
Un coup de coude du chamane l'arrêta, et elle suivit son regard.

Dans la direction des ruines, où se trouvait le campement invisible d'ici, et d'autant plus avec le brouillard qui s'attardait, venaient de se dessiner plusieurs silhouettes humanoïdes contrefaites. Celle qui les avait déjà affrontés les reconnut aussitôt, avant même que leurs voix caractéristiques ne se fassent entendre :
" Intrus-intrus près nous ! "
"Eux sentent comme quand volé plan-plan. Vous rendre plan-plan ! Et puis nous tuer intrus-intrus voleurs. "
Déjà, les créatures se ruaient à leur rencontre et, trop accaparés par ces ennemis jurés, aucun des faunes ne remarqua que, derrière eux, deux autres masses avançaient dans la direction de l'escarmouche.

L'initiative revient aux aventuriers.

Vitesse des aventuriers : 1172

Charlotte Roseline III : 1750
Vitesse : 222
Dégâts : 1595


Arhiann : 2045
Vitesse : 543
Dégâts : 1958


Manydh (compagnon d'Arhiann) : 1533
Vitesse : 407
Dégâts : 1468




Vitesse des bêbêtes : 1140

Guerrier du clan Yhnfest A : 180
Vitesse : 35
Dégâts : 380


Guerrier du clan Yhnfest B : 180
Vitesse : 35
Dégâts : 380


Guerrier du clan Yhnfest C : 180
Vitesse : 35
Dégâts : 380


Guerrier du clan Yhnfest D : 180
Vitesse : 35
Dégâts : 380


Seigneur des marais A : 1000
Vitesse : 500
Dégâts : 500
Butin : 1 échantillon de bave de crapaud

Les deux inconnus se rapprochèrent avant de répondre à notre aventurière. Visiblement, leur soucis de la discrétion était de vigueur. Charlotte compris vite qu'elle s'était invitée dans une situation plutôt tendue sans trop s'en rendre compte. De ce qu'elle en savait, il y'avait bien des créatures terrifiantes dans les environs et voir ces deux brebis prendre garde de celles-ci ne l'étonnaient pas trop.

- On ne l'a pas vu, non. Il paraît qu'il garde les ruines... mais il y a surtout des skarniens, là-bas. Et il vaudrait mieux éviter d'attirer leur attention, ils sont...

Mais la demoiselle de ce couple d'hybride se fit interrompre par son pair d'un coup de coude. Voyant que quelque chose clochait effectivement, Charlotte jeta un regard par la direction indiquée par celui-ci. Les fameux Skarniens étaient déjà en approche et le petit groupe s'étant formé accidentellement avait bel et bien attiré leur attention. Certes, c'était bien de la faute de Charlotte, mais cette narcissique ne voyait pas les choses de cette manière. Pour elle, c'était grâce à elle que la victoire allait être leur. Distorsion caractéristique de la réalité dans un esprit malade.

- Intrus-intrus près nous ! S'en allait un Skarnien.

- Eux sentent comme quand volé plan-plan. Vous rendre plan-plan ! Et puis nous tuer intrus-intrus voleurs, s'en alla un l'autre dans leur patois bien à eux.

La matriarche ne savait pas trop de quel plan il s'agissait, mais les deux inconnus semblaient être la cause de cette rancoeur, si bien qu'à présent elle rejetait intérieurement toute la faute de cette situation sur eux. Enfin, le temps n'était pas aux critiques mais à l'action.

- Pouah! Cette vermine a donc infesté tout l'continent... Haut les coeurs, terriens! Notre bannière est celle de la surface!

Sur ce discours pauvrement inspiré, Charlotte sortit son pistolet et tira deux coups en direction de leurs opposants. L'un d'eux rata sa cible et l'autre fit mouche en pleine tête. Ces petites bêtes là n'était pas facile à viser de par leur taille, leur agilité, et le milieu dans lequel ils se trouvaient, mais ce premier coup réussit fit grimper la confiance de la matriarche. Cette dernière se mit à couvert derrière quelques racines le temps de remplir son arme des deux cartouches manquantes. Mais, très vite, elle se rendit compte que les Skarniens n'avaient tout simplement pas de quoi les attaqués à distance. Elle sortit donc de sa cachette de fortune, prête à les affrontés avec cet avantage en poche. Les deux hybrides, eux, ne semblaient pas avoir prix la fuite. Charlotte, dans son délire, pensait alors que la cause de ce courage était son charisme et son leadership alors qu'il s'agissait tout simplement de Zéphyriens expérimentés.

Le membre 'Charlotte Roseline III' a effectué l'action suivante : Actions

---

'Attaque - Humain' :

Ainsi, les skarniens avaient fini par réaliser ce que l'intrusion zéphyrienne était venue chercher dans leur repaire, des lunes plus tôt. Leur revendication était stupide : Arhiann ne se promenait pas avec le précieux plan volé en compagnie d'Urua, et l'eut-elle fait qu'ils auraient pu en conserver plusieurs copies sous le Rocher abritant leur faction. De toute manière, les semi-rats en voulaient à leur vie, alors, plan ou pas plan... il allait falloir se défendre. La borgne semblait réaliser à l'instant quelle importance ces créatures avaient prise sur les terres Dùralassiennes, et la blonde confirma rapidement :
" Eh oui... une de leurs tribus majeures a son camp de base pas loin d'ici. A nous de les empêcher de nous envahir davantage. "

Les deux faunes n'avaient pas tout compris de ses paroles, mais ce qui était clair, c'est qu'elle se rangeait de leur côté, contre ces abominations. Avec une arme bien singulière, d'ailleurs, mais il serait temps de l'évoquer plus tard. Sans doute pouvait-on en dire de même de l'ensorceleuse, d'ailleurs, qui se contenta en apparence de saisir son grand bâton à deux mains, et le skarnien raté par la technophile disparut littéralement, laissant seulement quelques morceaux crasseux de cuir et de métal terni retomber mollement sur le sol boueux. Grimaçant devant le flot quelque peu surfait qu'elle avait libéré, la fille de Magnésie s'appliqua à mieux doser sa tentative suivante, et le corps qui s'effondra ensuite resta bien visible, quoique déserté de toute trace de vie.


A ses côtés, Manydh n'était pas resté inactif. Pas plus que sa camarade - et sans doute même moins - il n'appréciait le corps à corps. Cependant, en tant que chamane, il avait d'autres qualités, que le précédent voyage jusqu'au village du Vulkar, et le retour par la savane, lui avait appris à utiliser dans ce type de situation. Ces marais grouillaient de petites créatures qu'il pouvait facilement influencer, et il ne s'en priva pas : touchant l'esprit primal de toutes les sangsues qui attendaient patiemment leur proie dans les environs, il les encouragea à converger vers l'un des hommes-rats, leur promettant quantité de sang tiède pour leur repas. La victime finit saignée à blanc, et ses couinements paniqués s'éteignirent bientôt par manque d'énergie.

Leurs adversaires étaient particulièrement lents, ce qui constituait une grande chance pour nos aventuriers, tout boueux qu'ils soient : le survivant de la petite patrouille, voyant ses camarades décimés, s'apprêtait à s'enfuir au pas de course, mais il n'en eut pas le temps. Faisant appel à un autre élément de la vie locale, le brun aida la croissance de plusieurs plantes aquatiques, qui s'enroulèrent autour des membres de ce candidat à la survie. Puis les tiges s'en retournèrent à leur milieu naturel, l'eau, emportant leur prise avec elles. Bientôt, plus aucune bulle ne creva la surface de l'étendue fangeuse où il avait disparu.

Aucune de ces morts n'était bien enviable, et habituellement, le guérisseur n'aimait pas voir souffrir quelque créature que ce soit. Mais les skarniens du clan Yhnfest avaient causé trop de mal à sa communauté, pour qu'il éprouve la moindre pitié à leur égard. Il se retournait vers l'humaine, quand l'imposante présence qui avait observé le rapide combat se manifesta. Ils étaient deux, même. Des espèces de grenouilles géantes, dont le regard globuleux était particulièrement difficiles à déchiffrer.
" Hommes-rats sont parasites, mais vous, pas meilleurs, "
lança l'un d'eux, à la grande surprise du faune, qui ne s'était pas du tout attendu à ce que ces masses flasques sachent parler. Les observant avec ses perceptions de chamane, il trouva d'ailleurs des esprits très éveillés, sans commune mesure avec les petits batraciens de la forêt. Impossible de les influencer, donc... Dommage, parce qu'ils n'avaient pas l'air très contents.


[HJ : ah oui, j'ai *encore* oublié les histoires de vitesse dans la fiche... Arhiann et Manydh peuvent eux aussi taper deux fois les skarniens, ce qu'ils font, dans l'ordre alphabétique]

Le membre 'Arhiann' a effectué l'action suivante : Actions

---

#1 'Attaque - Hybride' :


--------------------------------

#2 'Attaque - Hybride' :


--------------------------------

#3 'Attaque - Hybride' :


--------------------------------

#4 'Attaque - Hybride' :

Seigneur des Marais A attaque Manydh à 500.
Seigneur des Marais B attaque Arhiann à 500.



L'initiative revient aux aventuriers.

Vitesse des aventuriers : 1172

Charlotte Roseline III : 1750
Vitesse : 222
Dégâts : 1595


Arhiann : 1545
Vitesse : 543
Dégâts : 1958


Manydh (compagnon d'Arhiann) : 1033
Vitesse : 407
Dégâts : 1468




Vitesse des bêbêtes : 1000

Butin : 5 points de faction

Butin : 5 points de faction

Butin : 5 points de faction

Butin : 5 points de faction

Seigneur des marais A : 1000
Vitesse : 500
Dégâts : 500
Butin : 1 échantillon de bave de crapaud

Seigneur des marais B : 1000
Vitesse : 500
Dégâts : 500
Butin : 1 échantillon de bave de crapaud

C'était bien sa vaine... Pour une fois qu'elle s'était décidé à partir à l'aventure en solitaire, il fallait que cela tombe non loin d'un des campements principaux de la gente Skarnienne. Enfin, ils étaient déjà dans de beaux de draps, autant pensé à la mésaventure présente plutôt qu'à celles à venir. La contre-attaque d'ailleurs, si on peut l'appeler ainsi, fut un franc succès. Les deux hybrides firent preuve de bien des capacités au travers de magies que la technophile avait du mal à appréhender mais qui avait démontrer leur efficacité à l'instant. Les hommes-rats n'étaient pour l'instant plus un problème mais les marais avaient d'autres surprises en réserve pour eux.

- Hommes-rats sont parasites, mais vous, pas meilleurs.

A peine la matriarche eut le temps de se retourner pour voir le gigantesque crapaud causant, qu'ils appellent seigneur des marais dans la région, qu'elle se fit happé par une toute aussi gigantesque langue jusque dans les tréfonds de son organisme. Aussi grotesque que cela puisse paraitre, ce n'était pas la première visite de la Charlotte au dedans d'un organisme vivant. Moult créatures vivantes avaient déjà essayés de la gober par le passer et certaines d'entre elles avaient malheureusement réussit. Tout en était-il que l'expérience lui appris que ce n'était pas le moment paniqué. Doucement, elle se laissa engloutir par la bête jusque dans le creux de son estomac à moitié plein d'un liquide poisseux et puant. Pour lui tenir compagnie, quelques restes d'insectes et le cadavre à moitié décomposé d'un Skarnien. Les bruits venus de l'extérieur n'étaient plus que de vagues échos alors qu'elle fouillait dans son sac en bandoulière à la recherche de l'instrument de sa liberté. Celui-ci se présenta sous la forme d'une sphère de métal amovible par certains endroits. La matriarche y chipota pendant quelques secondes, débloquant cet étrange casse-tête technophilique jusqu'à ce que celui-ci s'ouvre, laissant apparaître une espèce de bouton ainsi que la lueur caractéristique de l'énergie bleue, cette dernière lui permit d'y voir un peu plus clair. Actionnant l'instrument, le bruit d'un tic-tac se fit alors entendre alors qu'elle pataugeait dans le liquide visqueux à la recherche d'un quelconque orifice. Au fil des secondes qui passaient, le tic-tac de l'instrument se faisait de plus en plus oppressant et le visage de notre aventurière trahissait de plus en plus de l'inquiétude. Au bout d'un moment, ne trouvant nul solution, elle dit tout haut pour elle-même :

- Bouah, plus le choix!

Elle lança alors l'étrange instrument en direction de l'oesophage de la bête et plongea dans cet horrible liquide visqueux. A peine eut-elle plongée qu'une violente détonation se fit ressentir, suite a quoi elle émergea en plein jour, sous des allures bien moins distinguées qu'à son entrée dans ces fichus marais. Elle prit alors une grande bouffée d'air moite, ce qui valait toujours mieux que l'air à l'intérieur de crapaud et s'essuya son oeil du mieux qu'elle pouvait mais avait toujours bien des difficultés à voir clair.

- Saloperie de marais de merde à la con! Peuh! Finit-elle par dire en crachant l'immondice restée dans sa bouche. Où est-ce qu'ils sont les deux là?!

Le membre 'Charlotte Roseline III' a effectué l'action suivante : Actions

---

'Attaque - Humain' :

Semblant vouloir démontrer sa puissance sur ce territoire qu'il revendiquait comme sous sa protection, le seigneur des marais qui venait de parler engloutit l'humaine d'un seul geste. Dans le même temps, son acolyte avançait vers les faunes, bien décidé à agir de même, mais l'effet de surprise étant brisé, ils parvinrent à se jeter de côté alors que la langue, immense comme un tapis des nomades d'Harena, fusait dans leur direction. Pour l'instant, ils ne pouvaient pas vraiment venir en aide à la borgne, puisque toute intervention précipitée risquait de la blesser. Et ils avaient déjà deux grenouilles géantes et passablement irritées à gérer.

Ils s'occupèrent en priorité de celle qui semblait la moins pataude, l'autre, qui avait gobé la technophile, se montrant particulièrement maladroite, même pour une telle créature. Manydh se chargea de jouer les mouches du coche, obligeant le batracien à suivre du regard ses déplacements erratiques, tandis que l'ensorceleuse préparait son arme. Elle concentra ses efforts au niveau du cou de la bête, plus facile à viser que son cœur qui, dans cette débauche de gélatine, pouvait se trouver presque n'importe où. Leur adversaire s'affaissa sur lui-même, formant un monticule flasque qui leur masquait l'autre individu.

Une détonation, suivie après quelques instants de vigoureux jurons, parvinrent néanmoins aux oreilles du duo alors qu'ils contournaient le cadavre. Près du deuxième corps, dont la bedaine était ouverte d'un large cratère, digne des techniques de minage naines, se tenait la borgne, couverte de diverses excrétions plus ou moins identifiées.
" Ils sont là, si c'est de nous que vous parlez, "
signala tranquillement Arhiann, consciente que laisser s'exprimer son envie de rire ne serait pas la meilleure chose à faire. Elle ne put néanmoins s'empêcher d'ajouter un petit commentaire :
" Vous voilà spécialiste en anatomie batracienne. J'imagine qu'ils sont au moins aussi vulnérables du dedans, que du dehors... "

Manydh, qui était resté un peu en arrière pour récolter quelques échantillons qu'il espérait bien utiliser dans de nouvelles potions, les rejoignit alors.
" Sacré tableau de chasse, "
glissa-t-il sans que son ton n'indique s'il était ironique, ou seulement admiratif.
" On aura de la chance si personne ne nous retombe dessus après ce vacarme. "
Arhiann, elle, haussa les épaules d'un air dégagé, pas plus inquiète que ça. Jusqu'à maintenant, ils s'en étaient sortis sans vraiment de problèmes. Elle s'adressa plutôt à l'humaine, laissant parler sa curiosité :
" Votre arme n'est pas la plus discrète qui soit, mais elle a l'air redoutablement efficace. D'où vient-elle ? "

[HJ : on attaque le survivant]

Le membre 'Arhiann' a effectué l'action suivante : Actions

---

#1 'Attaque - Hybride' :


--------------------------------

#2 'Attaque - Hybride' :

Le membre 'Le Juge' a effectué l'action suivante : Actions

---

#1 'Ouverture des sacs' :


--------------------------------

#2 'Ouverture des sacs' :

- Ils sont là, si c'est de nous que vous parlez, entendit alors la Pirate, vous voilà spécialiste en anatomie batracienne. J'imagine qu'ils sont au moins aussi vulnérables du dedans, que du dehors...

Charlotte avait un don pour reconnaître assez vite la provenance sociale d'une personne. La façon de parler d'Arhiann l'orientait vers soit une bonne éducation ou soit une vie assez longue pour parfaire son langage. Elle savait que les hybrides disposaient d'une certaine longévité, ce qui la confortait dans ce sens, sans parler du manque de gardes autour de celle-ci qui présumait d'une vie sacrifiable dans leur société. Bien entendu, elle préjugeait principalement de cela selon des critères humains et se laissa une bonne marge d'erreur.

- Pouah, m'en parler pas, j'espère bien qu'c'est la dernière fois qu'j'remet les pieds dans ces foutus marais!

Le mâle de ce duo s'approcha alors, il semblait avoir été occuper par une tâche dont Charlotte ne se préoccuper point, et parla en ces mots :

- Sacré tableau de chasse, on aura de la chance si personne ne nous retombe dessus après ce vacarme.

C'était bien vrai, Charlotte profitait d'ailleurs de ce moment de répit pour inspecter rapidement son arsenal. Le mucus du batracien semblait bien plus visqueux que l'eau, ce qui la laissa penser qu'il n'avait en rien affecter son équipement. Ses cartouches de réserves, par contre, étaient imbibé de ce liquide et il était fort probable que certaines d'entre elles ne fonctionnent plus malgré les précautions que la Charlotte prenait pour l'herméticité de son équipement.

- Votre arme n'est pas la plus discrète qui soit, dit alors la satyre, mais elle a l'air redoutablement efficace. D'où vient-elle ?

- Héhé, répondit Charlotte en rejoignant la position des inconnus, ça mes amis c'est c'qu'on appel la science technophilique! Paraitrait qu'certains d'ces rats ont réussis à en faire que'que chose, m'est avis qu'ils sont pas si bêtes qu'on l'dit... Par contre, c'était la dernière bombe que j'avais. Mieux va pas s'trimballer avec trop d'énergie bleue instable si vous voyez c'que j'veux dire... Enfin, laissez moi me présenter, dit-elle en tendant sa main poisseuse à ses deux alliés de fortune, Charlotte Roseline, troisième du nom.

Pas besoin d'être devin pour deviner l'orgueil et la fierté qui régnait dans l'esprit de cette femme. Tout dans son intonation le laissait croire et c'était exactement l'impression qu'elle voulait donner, celle d'une femme importante.

- Capitaine du vaisseau Ruby, sous le fier pavillon de la flotte de Garzvorgh, dit le Kalevala, et par conséquent de l'Ombre des Côtes. J'imagine que ces noms vous dit quelque chose...

Elle serra la main de la satyre avec fermeté et celle de son compagnon avec tendresse, toujours prête à user de l'influence qu'elle pourrait avoir sur les uns et les autres, accompagner d'un sourire charmeur bien mal placé au vue des viscères qui la recouvrait encore.

- Je suis venu ici dans l'espoir de récupérer une partie de ma vue... Nous ne sommes ni alliés, ni ennemis, mais vous faites ma chance. Vous connaissez bien les lieux apparemment, alors, on pourrait peut-être trouver un terrain d'entente...

Elle fit alors tinter une petite bourse accrochée à sa ceinture, pensant que ce langage universelle allait leur faire comprendre sans qu'elle n'ait à les corrompre ouvertement.

- Enfin, vous semblez bien occuper avec ces Skarniens... Mais qui êtes vous au juste? Des Zéphyriens si je ne me trompe?

Elle inspecta alors les deux individus de haut en bas, n'hésitant pas à les approcher pour mieux voir comme s'il s'agissait de curiosités, ce qui n'était pas totalement faut pour Charlotte.

La réaction de l'humaine tira un bref sourire à la faune, qui avait eu à peu près le même sentiment concernant cette région lors de son premier contact. Puis, visiblement ravie de l'intérêt d'Arhiann pour la technique présidant au fonctionnement de son équipement particulier, elle lâcha le mot-clef : technophile. L'ensorceleuse en avait entendu parler, et avait combattu les fragments de calamité nourris d'énergie bleue, mais c'était la première fois qu'elle était témoin de son usage appliqué aux armes des bipèdes. La mention des skarniens la fit se rembrunir, ainsi que la confirmation de leur intérêt pour la magie technophile : leur présence auprès de la calamité précédemment mentionnée en avait déjà donné des signes avant-coureurs.
" Notre plus grande erreur, c'est sûrement de les sous-estimer... Ils sont mal organisés, mais pas idiots, malheureusement pour nous, "
commenta-t-elle d'un air sombre, tout en balayant les environs d'un regard presque instinctif. Aucun nouvel homme-rat ne semblait les menacer dans l'immédiat.

Puis, sans faire cas de la substance qui la recouvrait, elle saisit la main tendue de la pirate, tout en lui renvoyant la politesse de son prénom, en plus simple :
" Arhiann. "
Le reste n'avait que peu d'importance à ses yeux, et si elle ne pouvait pas manquer de remarquer l'orgueil dont faisait preuve la femme, elle ne se sentait pas tenue de riposter avec une liste également longue de titres. Être seulement Arhiann lui suffisait. Son compagnon l'imita à sa suite, indiquant seulement :
" Manydh, guérisseur. "
Lui s'était fait un devoir de mentionner sa spécialité, du moins en langage compréhensible par tous, car on ne savait jamais : l'autre semblait bien portante, mais son séjour dans le ventre de la bête pouvait, par la suite, dévoiler des effets secondaires inattendus, et alors, il ne pourrait refuser son assistance.

L'exacte occupation de la technophile se précisa, et si la blonde s'était demandée de quelle dynastie elle se réclamait en indiquant que deux autres du même nom l'avaient précédée, elle obtint bientôt la réponse : une pirate ! D'un air mi-figue, mi-raison, elle assura qu'elle la situait bien :
" J'ai rencontré ce Garzvorgh à quelques occasions, en effet. "
La première n'avait été qu'un exercice entre les murs de l'Académie de magie, alors qu'elle s'interrogeait encore sur la voie qu'elle devait suivre. Cependant, la seconde lui laissait un souvenir plus amer, puisqu'il s'agissait de la confrontation avec les pilleurs des mers lorsqu'elle avait pris le bateau pour Wystéria.

" C'est beaucoup dire, mais je suis venue ici plus d'une fois, "
tempéra l'ensorceleuse sur sa connaissance des lieux, plutôt modeste de son avis. De nouveau, le chamane, qui était resté en retrait durant la conversation entre les deux êtres féminins, intervint en désignant d'un geste les cadavres tout - trop - proches.
" Nous ne devrions pas rester ici. Ceci risque d'attirer d'autres créatures. "
Acquiesçant d'un signe de tête, la blonde invita Charlotte à les suivre d'un geste, tandis qu'elle se dirigeait vers un pan de mur partiellement ruiné, mais qui leur offrirait malgré tout un moyen d'assurer leurs arrières en cas de nouvelle apparition ennemie. Elle reprit après un instant, avec un soupçon de dureté dans la voix :
" Gardez donc votre or. Nous sommes venus pour bien autre chose. J'appartiens en effet à la garde Zéphyr. Mais nous sommes surtout deux habitants de la forêt Sylfaën, et nous avons des raisons personnelles de vouloir vérifier que ces nuisibles se tiennent tranquille. Je suis presque sûre qu'ils mijotent quelque chose... "

Manydh surprit sa semblable en intervenant avant qu'elle n'ait vraiment résolu des suites à donner - ou non - à la proposition de la femme.
" N'importe qui, dans votre situation, souhaiterait retrouver la totalité de ses capacités visuelles, et l’œil de beholder est réputé posséder de nombreuses vertus, "
glissa-t-il, et l'ensorceleuse reconnut bien là son âme de guérisseur, incapable de refuser son aide, même à quelqu'un d'aussi ambigu que la pirate. Cependant, il possédait aussi des perceptions qui lui étaient propres, et peut-être avait-il compris quelque chose au-delà des signaux accessibles au commun des mortels : elle choisit de lui faire confiance.
" Vous pouvez vous joindre à nous, tant que vous ne nous empêchez pas de surveiller les skarniens. Nous vous aiderons en cas de mauvaise rencontre, pour en être débarrassés au plus vite. "

L'effet escompté par notre aventurière fut bien moindre que ce qu'elle espérait. Non seulement sa position ne les intéressaient pas plus que cela, mais en plus la dénommée Arhiann avait elle-même déjà rencontrer son Capitaine chose dont elle n'oserait même pas se venter. En effet, la Charlotte ne l'avait jusque la connus que de loin, visuellement ou bien part des intermédiaires. Elle se sentit alors bien sotte face aux deux satyres, d'autant qu'elle n'avait pas la moindre idée de la nature de la relation qu'ils pouvaient bien entretenir. Le jeu de dupe qu'elle avait entreprit s'était finalement retourné contre elle.

Enfin, les deux habitants de la foret n'en semblaient pas moins accueillant, une attitude dont la Pirate n'avait pas franchement l'habitude. La ville où elle vécue le plus clair que son temps, Ishtar, n'était pas vraiment le siège Dùralassien de l'hospitalité. Concernant Manydh en particulier, Charlotte gardait un oeil intrigué sur celui-ci, se demandait si, en tant que guérisseur, il était capable de faire disparaitre les vilaines cicatrices qui entouraient désormais son oeil en moins.

- Nous ne devrions pas rester ici, déclara d'ailleurs celui-ci. Ceci risque d'attirer d'autres créatures.

Charlotte n'avait pas encore franchement l'habitude des Skarniens. Elle avait surtout entendu des rumeurs et certains faits. L'on disait en tous cas que lorsqu'on voyait l'une de ces créatures, il était fort probable que des centaines d'autres se cachent derrière. C'est donc avec plaisir et bon sens que notre aventurière accepta l'invitation d'Arhiann à la suivre.

-  Gardez donc votre or, précisa Arhiann alors que Charlotte tapotait toujours sa bourse de ses ongles. Nous sommes venus pour bien autre chose. J'appartiens en effet à la garde Zéphyr. Mais nous sommes surtout deux habitants de la forêt Sylfaën, et nous avons des raisons personnelles de vouloir vérifier que ces nuisibles se tiennent tranquille. Je suis presque sûre qu'ils mijotent quelque chose...

Charlotte commença à renfermer son visage, s'attendant à recevoir un refus catégorique et à continuer seule ce périple boueux.

- N'importe qui, coupa soudainement Manydh, dans votre situation, souhaiterait retrouver la totalité de ses capacités visuelles, et l’œil de beholder est réputé posséder de nombreuses vertus...

La matriarche retrouva alors le sourire et répondit de la sorte au guérisseur :

- Effectivement, j'pense pouvoir utiliser l'un des nerfs optique de l'une de ces créatures pour revitaliser le miens. Ainsi que certaines parties de son globe oculaire pour m'fabriquer un oeil artificiel. Je n'ai rien par contre pour ces vilaines cicatrices, finit-elle par dire la mine attristée.

Arhiann qui avait l'air plus mitigée sur la présence de la Pirate fini par céder.

- Vous pouvez vous joindre à nous, tant que vous ne nous empêchez pas de surveiller les skarniens. Nous vous aiderons en cas de mauvaise rencontre, pour en être débarrassés au plus vite.

Charlotte enleva son chapeau pour remercier Arhiann. Se rendant compte de son état de saleté, elle en profité pour enlevé de celui-ci les restes du Seigneur des Marais.

- M'dame Arhiann, bien que nous ne soyons point dans votre juridiction, vous faites honneur à votre faction. Puissiez vous être un exemple dans nos relations futures!

C'était la moindre des politesses face à ces gens qui acceptaient gracieusement de lui fournir leur aide. Afin de respecter leur volonté de discrétion, elle garda le silence pendant quelques minutes, les laissant à leurs affaires et suivant les traces des satyres du mieux qu'elle le pouvait avec ses bottes qui n'avaient cesse de se coincer dans la fange. Alors qu'ils se rapprochaient des lugubres ruines d'Alquateraze, la Charlotte ne pouvait s'empêchait de penser à la sinistre histoire qui circulait dans la Piraterie concernant les lieux.

- Alquateraze... Dit-elle d'un ton mystérieux. Ci-gît Barbe Grise, premier Grand Capitaine des Pirates... On raconte qu'il était devenu fou, dévorant la progéniture de ses ennemis, tuant plus qu'il ne pillait... Ses propres hommes finirent par l'emmené dans cette prison infame où il mourut seul et fou... Nombreux sont ceux disant avoir vu son fantôme hanté les lieux depuis, s'en prenant aux voyageurs curieux, et plus particulièrement aux Pirates qui l'ont trahis autrefois...

Malgré le ton léger qu'elle avait depuis leur rencontre, on pouvait aisément deviner la sincérité de l'inquiétude de Charlotte. Elle était femme à être extrêmement superstitieuse, comme on peut s'attendre d'une personne dont toute l'existence fut influencée par des légendes et une malédiction.


Charlotte sursauta d'un coup avant de souffler. L'envol d'un oiseau avait fait chuter une pierre...

 

☽ ♪ ☾

« On est perdue…
-Bien sûr que non, Lune, on n’est pas perdue, on va continuer par là et on finira bien par retrouver la route.
-Tu crois vraiment qu’on va trouver une route dans les marais ?
-Chut regarde, il y a des ruines là-bas, on peut peut-être aller voir ce qu’il y a à l’intérieur et si elles sont désertes ou pourront y passer la nuit, vire à gauche.
-Tu crois vraiment que les ruines sont désertes dans les marais ? Mais bon, d’accord allons-y. »

D’un battement d’aile résigné, se penchant légèrement sur la gauche, Lune nous fîmes changer de direction. Nous planions silencieusement à quelques mètres au-dessus du sol, slalomant entre les gros arbres boueux tout en suivant les courants d’air qui nous portaient. Les ruines se rapprochèrent et avec elles des odeurs aussi désagréables les unes que les autres.

« Regardes en-bas. Murmurais-je à la louve alors qu’elle descendait déjà vers le sol. Des cadavres frais. Est-ce que ces amas de chair étaient une créature avant ? Y’a des traces de boue qui vont vers les ruines… Et… Est-ce que toi aussi tu sens ces odeurs ? »

Mon âme acquiesça, après avoir longuement analysé les nombreux fumets qui se mélangeaient, démêlées les nœuds de fragrances putrides et trouver dans le tas celles que nous reconnaissions à présent, nous cessions totalement de réfléchir. Lune décolla à nouveau, c’était toujours plus discret que de patauger dans la boue. Et nous planions ainsi jusqu’au moment où on aperçut les deux faunes en contrebas, accompagnés par une humaine.

D’un accord mental et silencieux, Lune plongea, rabantant ses grandes ailes noires sur son flanc. Les rouvrant au dernier moment, elle ralentit notre chute et nous pûmes atterrir en douceur, à plusieurs pas du petit groupe. Je mis pied à terre avec prudence, après tout Arhiann et Manydh nous n’avaient pas vue depuis un moment et pas après la transformation de la louve en être ailé.

« Arhiann ! Manydh ! Je suis contente de tomber sur vous, même si c’est dans des marais puants ! En fait je me suis perdue dans les marais… » M’exclamais-je à voix basse, lançant des regards alentours en laissant trainer ma truffe, j’avais sentis la présence de Skarniens plus tôt et une embuscade serait très vite arrivée…

Tout en m’approchant du petit groupe, je réalisais une élégante révérence vers l’humaine inconnu, autant que faire se peut dans une tenue simple, munit d’une robe aux manches légèrement bouffantes se terminant sur une jupe asymétrique. Des pantalons vert pâle se perdaient dans de hautes bottes dont le cuir sombre n’était presque plus apparent sous la boue gluante des marais. À ma ceinture cintrant ma tenue pendait une besace contenant toutes mes partitions, dans mon dos était solidement attaché en bandoulière l’étui dans lequel reposait ma fidèle vièle. Tout en me relevant, je pris le temps de humer son parfum, je sentais une légère odeur de sel, vivait-elle près de la mer ?

« Bonjour, je m’appelle Holy et ma fidèle compagne se nomme Lune. » Me présentais-je brièvement et toujours à voix basse ainsi que Lune. La louve ailée au pelage de jais illuminé s’ébroua en faisant gonfler son plumage avant de se poster à mes côtés.

☽ ♪ ☾

Codage par Libella sur Graphiorum

" Les skarniens sont une menace trop sérieuse pour que les peuples libres de Dùralas puissent se chicaner entre eux face à ces rats, "
répondit la blonde aux remerciements de la capitaine, pas certaine que les relations de la garde Zéphyr avec la faction maritime puissent vraiment rester apaisées. Mais face à de grands périls, on n'avait d'autre choix que de s'allier, et d'oublier les anciennes inimités, ne serait-ce que temporairement.

Un peu plus loin, l'humaine leur conta l'histoire d'un esprit vengeur qui, selon elle, hanterait ces ruines, et pourrait prendre prétexte de son appartenance aux pirates pour la défier. Ayant affronté les sbires du Veilleur lors de la dernière Convergence, et chassé les fantômes, l'ensorceleuse n'allait pas se laisser impressionner. Cependant, elle ne niait pas non plus la possibilité que la créature décrite par Charlotte Roseline leur apparaisse, et leur cherche des ennuis. Heureusement, sa magie du vide s'était déjà montrée redoutable face aux revenants.
" Il doit y avoir bien des prisonniers en mal de vengeance qui sont passés par ici... Nous verrons bien si nous rencontrons quelques-uns d'entre eux, mais nous sommes peut-être encore trop loin des ruines. Je n'en ai pas trouvé de traces quand je suis venue ici pour repérer les installations des skarniens, mais peut-être qu'ils ont trouvé un moyen de les confiner hors de leurs espaces de vie. "
" Cet endroit est marqué de sinistres événements pour des millénaires, "
confirma le chamane en grimaçant, lui qui percevait mieux les traces spirituelles. Pour le moment, il gardait ce sens presque en sommeil, car la malédiction ambiante qui émanait des ruines était plutôt difficile à supporter.

Il fut le premier à repérer l'approche d'une nouvelle personne, mais dont l'aura presque innocente tranchait particulièrement sur la noirceur fangeuse de l'ancienne prison.
" Ce n'est pas un ennemi, "
n'eut-il que le temps de lancer, avant que n'atterrisse auprès d'eux un étrange équipage. Les deux faunes reconnurent aisément la zéphyrienne avec qui ils avaient explorés la savane de Tzengah, même si son inséparable compagne avait bien changé.
" Holy ! C'est une bonne surprise. Quelle métamorphose a connu ta Lune ! "
s'exclama l'éclaireuse, ravie de trouver un visage ami, et plutôt amusée par l'aveu de la musicienne, qui disait s'être perdue.
" Pas évident de se repérer avec ce brouillard, j'imagine..."

Les deux enfants de Magnésie laissèrent ensuite la thérianthrope et l'humaine se présenter l'une à l'autre, avant de préciser les objectifs de leur petit groupe :
" Nous étions partis surveiller un peu les skarniens, et nous sommes tombés sur madame qui est à la recherche du beholder pour lui subtiliser un œil. Tu es la bienvenue si tu souhaites te joindre à nous ! "
L'offre était faite sur un ton plus chaleureux que lorsqu'Arhiann s'était adressée à la pirate, et pour cause : elle savait partager bien davantage avec sa collègue de la verte faction. Manydh, lui, hocha la tête d'un air approbateur :
" Je suppose que le développement de Lune signifie que tu as progressé dans ta compréhension de sa nature ? "
Il était heureux pour la musicienne, qu'elle ait atteint un nouvel équilibre avec cette part d'elle-même.

Charlotte ne pouvait que confirmer les dires d'Arhiann bien que ceux-ci n'était pas pour la rassurée. Manydh ne semblait pas beaucoup plus rassurant, particulièrement lorsqu'il surprit notre aventurière en annonçant une venue inopinée.

- Ce n'est pas un ennemi, dit celui-ci alors qu'une ombre menaçante passa sur eux.

Charlotte releva les yeux et fut surprise de voir pareil animal, pareille monture plutôt. Celle-ci ressemblait à un immense loup dotée d'ailes. La matriarche en avait vue de drôles de créatures depuis l'époque de la première du nom, mais c'était bien là une première.

Comme Arhiann et Manydh semblaient rassurés par cette nouvelle présence, la Piratesse le fut aussi. Il faut dire que les faunes avaient un côté rassurant si l'on retirait le mysticisme qui émanait d'eux à l'oeil de Charlotte. Elle n'avait pas bien l'habitude des gens de la forêt, et encore moins des faunes.

- Holy ! C'est une bonne surprise. Quelle métamorphose a connu ta Lune !

Charlotte ne put s'empêcher de laisser échapper un rire. Elle n'avait pas imaginer la faune faire preuve d'une quelconque vulgarité, ce qui l'étonna, mais bien parce-qu'elle ne comprit pas que sa Lune n'était autre que l'étrange animal qui accompagnait la jeune blonde venant d'arriver sur son dos. Généralement, les marins et les pochtrons vivant à Ishtar faisait preuve de bien moins de subtilité.

Tous semblaient néanmoins content de se retrouvés. La matriarche resta un peu en retrait, n'étant pas aussi proche qu'eux de la nouvelle venue, et les laissa profiter de leurs retrouvailles jusqu'à ce qu'elle vienne se présenter.

- Bonjour, je m’appelle Holy et ma fidèle compagne se nomme Lune.

Charlotte tandis sa main à Holy, lui souriant à pleine dents. Gênée de la réflexion qu'elle s'était faite sur "Lune" elle garda cette information précieusement pour elle et se contenta de la politesse de se présenter à son tour.

- Charlotte Roseline trois, Piratesse! On s'ra pas trop d'quatre avec les dangers qui rôdent dans l'coin, disait-elle en repensait aux esprits malins qui étaient le sujet de leur discussion.

Finit le temps de s'étaler en titres pompeux maintenant que la faune connaissait le Kalevala mieux qu'elle.  

- Je suppose que le développement de Lune signifie que tu as progressé dans ta compréhension de sa nature ? Demanda Arhiann à Holy.

- C't'une bien étrange créature en effet. D'où est-ce qu'elle sort donc?!

Tout en disant cela, Charlotte épiait la créature à distance raisonnable. Un amateur aurait put croire à un monstre fait d'énergie bleue, mais l'oeil expérimenté de la Piratesse voyait bien que c'était loin d'être le cas.

 

☽ ♪ ☾

Un grand sourire naquit sur mon visage au salut d’Arhiann, Lune avait en effet bien changé depuis la dernière fois. L’humaine, quant à elle, rit brièvement. Avait-elle compris la phrase de travers ? Je lui souris poliment sans vraiment savoir comment réagir mais mon attention se reporta de nouveau sur ma supérieure de faction qui nous expliquait la raison de leurs présences en ces lieux lugubre.

« En effet, on a fini par tourner en rond un bon bout de temps avant de trouver cet endroit. J’ai senti leurs présences en passant, oui. » Les skarniens, si on les laissait faire ils se mettraient à grouiller partout, détruisant tout sur leurs passages. « C’est volontiers que je me joins à vous, je ne vous laisserai pas face à ces créatures sauvages et en manque de manière ! Quant au Beholder, j’en suis également. »

Déterminée, j’observais désormais la dame me tendre la main. Je la regardais d’abord avec une curiosité non feinte. Que devais-je faire ? Était-ce une nouvelle forme de salut que je ne connaissais pas ? Probablement, automatiquement, je lui pris dans mes deux mains.

« Enchantée Dame Charlotte, cela explique l’odeur de sel que vous portez sur vous ! » M’exclamais-je à voix basse. « Je n’avais jamais rencontré de pirate avant, est-ce que vous vivez sur un bateau ? »

Ma curiosité éveillée, plusieurs questions se bousculèrent dans ma tête. Questions toutes balayées par celle de Manydh et que Charlotte venait appuyer. Pouvais-je me confier en présence de la pirate ? Après tout je ne la connaissais pas. Mais je l’avais pourtant révélé à Styx quelques heures plus tôt. Une entité dévoreuse d’âme, donc au point où j’en étais…

« Peut-être que se sera plus simple de vous montrer. » Liant l’acte à la parole, je fermais les yeux quelques secondes, Lune se mit à luire d’une faible lueur bleue avant que sa forme ne se modifie. Rapetissant, elle devint une sphère bleutée et lumineuse, lévitant à côté de moi.

« Lune n’est ni plus, ni moins que mon âme. J’ignore encore comment c’est possible mais elle est bien en dehors de mon corps et elle peut prendre plusieurs formes, j’ignore combien par contre. Je sais juste que ça c’est sa vraie apparence.

-C’est bon tu peux me rendre mon apparence maintenant ? » Râla la louve dans mon esprit, quelques secondes plus tard la métamorphose fit le processus inverse et mon âme retrouva son corps ailé. Elle s’ébroua et gronda pour montrer son mécontentement. J’étais aussi un peu inquiète de voir la réaction de mes amis et coéquipiers. Je souriais timidement à Manydh car c’était lui qui comprendrait probablement le mieux ma situation. Avait-il des connaissances sur le sujet ? Si un jour on se croisait ailleurs que dans des endroits peu hospitaliers on pourrait probablement en discuter pleinement.

☽ ♪ ☾

Apparence de Lune en forme d'âme:

Codage par Libella sur Graphiorum

C'est avec un sourire franc que la faune accueillit la volonté d'Holy de se joindre à eux. Si jamais les choses venaient à dégénérer, elle pourrait compter sur deux alliés sûrs, puisqu'elle restait un peu plus mesurée face à la pirate. Celle-ci se présentait d'ailleurs et, comme le remarqua Arhiann avec amusement, sans pour autant le montrer, la femme y mettait davantage de simplicité que lors de la rencontre initiale. Peut-être avait-elle compris que ses titres n'impressionnaient pas les locaux...

En parlant d'impressionner, ce fut au tour de la musicienne de se livrer à un petit tour digne du cirque où elle exerçait ses talents. Sous leurs yeux, la créature de brume sembla se fondre en elle-même, en se concentrant dans une sphère approximative, toujours éclatante de tons azurés. Elle resta un instant ainsi, puis reforma la louve ailée qui avait porté leur amie jusque-là. Le spectacle et la révélation firent planer un instant de silence sur l'assistance impressionnée, que la fille de Magnésie se décida finalement à briser.
" Félicitations à toi pour avoir résolu cette énigme ! C'est en effet très étrange, mais... tu dois être soulagée de savoir ce qu'il en est. "

A ses côtés, Manydh répondit au signe de la thérianthrope de la même manière, avant d'ajouter de son ton paisible :
" Je n'avais jamais entendu parler de rien de tel, mais le monde est plein de prodiges. En tout cas, ça explique bien des choses. Et si cette apparence a à voir avec ce qu'elle est, ce que je pense, tu peux te vanter d'avoir une âme des plus libres. "
En effet, qu'y avait-il de plus symbolique de la liberté, qu'un loup - malgré le peu d'amitié que lui portaient en général les faunes-béliers - doté d'ailes pour s'élever au-dessus du sol et de tous ses obstacles, ainsi que d'une forme changeante pour s'extraire des contraintes matérielles ?

Des bruissements qui s'approchaient vinrent les ramener à des considérations plus terre à terre. C'est qu'ils en auraient presque oublié où il se trouvaient, à savoir, un milieu hautement hostile, infesté de créatures dangereuses !
" On devrait bouger d'ici, lentement. On pensait contourner le quartier général des skarniens, pour jeter un œil depuis l'arrière, "
expliqua Arhiann en montrant de la main les différentes directions évoquées. Pour le moment, ils étaient en quelque sorte sur le côté de la zone occupée par les hommes-rats, à distance raisonnable pour ne pas être entendus ni repérés visuellement. Pour mettre le plan de l'éclaireuse à exécution, il allaient encore devoir décrire un quart de cercle, et ce faisant, ils s'approcheraient de la partie la plus dangereuse des ruines de la prison maudite. Sauf que cela, ils l'ignoraient encore...

- Pour sûre, j'ai vécu plus longtemps sur les planches d'un rafiot qu'sur la terre ferme! Répondit Charlotte à l'interrogation d'Holy. Enfin, j'ai tout d'même un établissement à Ishtar, pour les affaires.

La nouvelle venue semblait extrêmement sympathique et en confiance. La matriarche se demandait quel pouvoir pouvait-elle renfermer pour être aussi sûr d'elle, question qu'Arhiann vint, en parti, poser à sa place.

- Peut-être que se sera plus simple de vous montrer. Répondit alors Holy concernant son étrange animal.

Alors, tout doucement, l'étrange créature ailée se mit à luire et rapetisser tandis que sa maîtresse semblait être en pleine concentration. Devenue une simple boule d'énergie bleue et fantomatique, Holy finit par préciser la nature de celle-ci :

- Lune n’est ni plus, ni moins que mon âme. J’ignore encore comment c’est possible mais elle est bien en dehors de mon corps et elle peut prendre plusieurs formes, j’ignore combien par contre. Je sais juste que ça c’est sa vraie apparence.

La mâchoire de Charlotte faillit bien se décrocher. Elle pensait avoir déjà vue toutes sortes de malédiction et bizarrerie à travers son existence et dans les obscures mers maudites, mais cela était une première. L'âme de cette personne se baladait littéralement à côté d'elle. Charlotte referma la bouche, priant pour que Lucie ne découvre jamais cette obscure possibilité, car ainsi elle pourrait peut-être s'extirper indirectement de la malédiction qui frappait leur famille.

Les Zéphyriens congratulèrent leur amie tandis que Charlotte se faisait discrète. Qu'avait-elle au juste à tirer de cette situation? Pas grand chose. La jeune femme ne semblait pas elle-même comprendre comment cela lui était arrivé alors, en toute proportions gardées, Charlotte fit mine d'être positivement intéressé. Un bruissement vint les sortir tous quatre de leur discussion, leur rappelant qu'ils étaient bel et bien en territoire ennemi.

- On devrait bouger d'ici, dit alors Arhiann, lentement. On pensait contourner le quartier général des skarniens, pour jeter un œil depuis l'arrière.

- Voilà qui est bien parler! Je vous suis, la zone m'est trop étrangère que pour ouvrir la marche.

Alors qu'ils se mettaient en marche, la Piratesse se permit une question envers la jeune Holy.

- Alors comme ça t'as jamais vu d'Pirates? Manhyd disait qu'ton âme était libre. J'ai pas trop compris ce qu'il voulait dire par là mais tu d'vrais nous rendre visite un d'ces quatre! La vie d'Pirate est la seule digne d'un esprit libre qu'on dit par chez nous! Ahah! Par contre pensez à ramener du vin, ceux de vos régions est mon péché mignon...

Puis, s'adressant à l'assemblée, faisant fit de la discrétion :

- On dit aussi qu'les gens de la forêt n'ont pas bien l'pied marin, c'est vrai dites?! J'ai vue des faunes une fois sur un navire, vous les connaissez peut-être Arhiann? Mmmmh comment c'était encore... Irimis! Irimis ca vous dit un truc?

Le bruit de succion de ses bottes, peu adaptées aux marais, ne valait pas mieux que sa voix. Etrangement, un sentiment de confiance s'était emparé d'elle parmi ces êtres folkloriques. Enfin, cela ne l'empêcha d'être aux aguets par rapport à la faune locale et à leurs estomacs par trop souvent visités.

 

☽ ♪ ☾

Peu de monde semblait connaître cette magie qui me liait à Lune et mes camarades furent impressionnés par la métamorphose de la louve, j’acquiesçais vivement à Arhiann et Manydh, souriant de toutes mes quenottes canines tout en regardant alternativement les deux faunes et mon âme. Ces deux derniers jours auront été pleins de révélation spirituelle pour moi, décidément… J’avais une âme libre, jamais je n’aurais imaginé la chose de cette manière, ça me plut.

Un moment de silence, brisé par quelques bruits inquiétant nous rappela l’hostilité du lieu. Arhiann confirma ma pensée en nous sommant de nous remettre en route. Ne connaissant pas les environs ni la disposition du clan skarnien, j’écoutais avec attention son plan d’action. Acquiesçant, j’emboîtais le pas aux deux faunes le plus silencieusement possible. Lune prit une forme plus discrète, celle d’un petit oiseau noir et bleu aux yeux luminescents. Elle se posa sur mon épaule.

« Pour sûre, j'ai vécu plus longtemps sur les planches d'un rafiot qu'sur la terre ferme ! Enfin, j'ai tout d'même un établissement à Ishtar, pour les affaires. »

Mon flair me trompait rarement, décidément. Mes yeux pétillaient d’intérêt pour la piratesse puis tout en analysant avec attention les environs j’écoutais ses paroles et sa question. Si j’étais surprise du manque de discrétion dont elle faisait preuve, je n’en montrais rien, trop intéressée par sa conversation.

« Je suis touchée par votre proposition, Dame Charlotte et j’accepterais avec joie de venir vous voir chez les pirates. Seulement mon cœur appartient déjà à la Garde Zéphyr et mon âme trouve autant de liberté qu’elle le souhaite au Cirque de l’Eclipse. Peut-être voudriez-vous bien venir nous voir en spectacle un de ces jours, nous passons régulièrement à Ishtar. »
J’avais chuchoté aussi bas que possible, gardant toujours un œil sur les alentours.

Nous avancions terriblement lentement mais c’était un mal nécessaire si nous voulions continuer à passer inaperçue. Je sentais un danger imminent se rapprocher alors que tous mes sens étaient en alerte. Pourtant je ne voyais rien dans l’obscurité des marais. Si mon odorat était surdéveloppé, ma vue quant à elle restait bien médiocre. Et à quoi peut bien servir un odorat de limier si les odeurs que je traitais m’étaient inconnues ? Décidément, je ne servais pas à grand-chose en cet instant.  Je me figeais sur place alors que notre compagne pirate faisait autant de bruit qu'une armée de Mi. Sa question piqua ma curiosité mais un bruit non loin m'inquiéta d'avantage.

« Silence je vous prie, je crois avoir entendu quelque chose par ici. »
La peur paralysa mes membres alors que le bruit s'intensifia et que les odeurs se mélangèrent tant et si bien que je ne pus les démêler. Quand tout à coup...

« Croaa... Croaa... »
Une petite grenouille verte sortit d'un buisson épais. Je soupirais de soulagement.

« Ouf... Fausse alerte... » Marmonnais-je encore tremblante.

☽ ♪ ☾

Codage par Libella sur Graphiorum