Alors qu'il n'avait trouvé aucun adversaire, Dougal fut demandé pour deux combats : le premier contre le nain Thauthaudarmafur et le deuxième contre le stryge noir Garràn, qu'il avait déjà combattu accompagné par un autre stryge noir. Il y avait tellement de monde qui participait à cet événement combattif que l'humain ne savait plus qui était qui et contre qui il avait pu combattre. À une époque, le Gardien était partisan de la bonne entente mais puisqu'il s'était fait envoyé paître comme une vieille tomate par un orc et un nain, l'humain avait décidé d'en rester là et de suivre les combats seulement à la vue des armes. Les noms n'avaient plus d'importance.

L'assassin que Dougal allait combattre s'était énormément amélioré depuis la dernière fois il fallait le reconnaître, ou en tout cas il avait l'air d'avoir changé. Le duel en équipe qui les avait opposés l'avait peut-être aidé à trouver ses failles et à les combler par l'entraînement. En tant qu'assassin aux ailes sombres, il y avait fort à parier que cet adversaire soit un Exécuteur ou un membre d'une caste de tueurs. Mais qu'importe, les sentiments n'avaient pas leur lot en ces instants. Les deux combattants devaient donner tout ce qu'ils avaient pour venir à bout de l'autre et nul doute que ce serait difficile pour chacun d'eux. La victoire n'était jamais acquise et en particulier contre les stryges noirs ; le stellarois en avait fait les frais contre le défunt Saigo.

Dougal se dégagea dès lors que l'attaque vint le frapper. Le stryge noir avait obté pour le manche de sa faux plutôt que son tranchant cherchant plutôt à déstabiliser son adversaire plutôt que de le faire saigner. C'était une technique intéressante qui jouait en la faveur du manieur expert avec cette arme et sûrement d'autres très dangereuses. Malgré tout, l'humain n'avait pas l'intention de se laisser faire et réfléchit à une stratégie alors qu'il montait au front pour entrechoquer sa lourde lame avec l'arme de son ennemi du moment qui profita de son agilité pour éviter de subir le contre-coup des chocs. C'était aussi tout à son honneur.

N'ayant pas vraiment d'idée particulière pour venir à bout du stryge d'une manière spectaculaire et unique, le Stellarois continua de jouer avec les passes d'armes pour déterminer une ouverture. Bien entendu, en agissant d'une manière aussi triviale, l'humain n'était pas à l’abri d'une manigance lui faisant croire à un avantage avant de découvrir un piège mortel se refermant sur lui.

Avec une telle proximité, le stryge noir allait devoir tôt ou tard abandonner sa faux et son allonge pour une arme lui offrant un rayon d'action plus proche. La faux pouvait continuer à servir, surtout face à une longue et large épée comme celle de Dougal, mais l'humain savait user de ses atouts d'épéiste pour frapper au plus proche. Bien entendu, c'était toujours un pari risqué, mais chaque risque avait ses avantages !

Dougal avait laissé ses dernières pérégrinations lui rouiller les articulations et alourdir ses sens et ses mouvements. Il se faisait beaucoup plus lent et moins sujet aux répliques. Il ne vit que trop tard le coup le poussant à poser le genou à terre. Les dagues de son adversaire avaient soif et s'apprêtaient à lui offrir le coup fatal, mais le Gardien s'échappa de la portée de l'assassin par une roulade. De cette esquive, l'humain se positionna sur le flan de son adversaire avec un angle d'attaque parfait pour contre-attaquer. Pourtant, Dougal préféra se propulser en arrière pour prendre ses distances. Il aurait pu tenter un coup de poing dans les côtes et s'octroyer l'initiative mais il avait eu un frisson l'avertissant d'un mauvais coup. L'humain aurait sans doute regretté cette attaque latérale.

Profitant alors d'une accalmie très brève, Dougal analysa aussi vite que possible la situation. Ça ne se présentait pas très bien pour lui ; il sentait sa petite gemme porte-bonheur chauffer et lui offrir un regain de vitalité. Quoiqu'il aurait pu tenter à cet instant, ça aurait été sa dernière carte pour ce combat. Finalement, il ne faisait pas bon ménage avec les assassins stryges-noirs ; ils étaient sa bête... noire !

Le Stellarois s'autorisa un sourire et ne perdit pas plus de temps avec son humour foireux. Il allait tenter le tout pour le tout et savait que son adversaire l'accueillerait en toute connaissance de cause. Soit son attaque passait et la probabilité d'une victoire lui touchait le bout des doigts. Soit il recevait son aller-simple pour l'infirmerie. Ce cas était fortement envisageable mais le Gardien le refusa ; il n'y avait que la défaite lorsqu'on ne pensait qu'à elle.

Dougal frappa droit devant lui avec son épée, attaquant de front la position adverse. Ce coup n'était qu'une diversion dont l'humain se servit pour dans la foulée abandonner son épée et dégainer un couteau de chasse. Ce n'était pas la meilleure arme, mais ce serait parfait pour prendre le stryge à bras raccourcis et focaliser son attention sur la large lame servant habituellement à dépecer des bêtes. La véritable stratégie du Gardien résidait dans une succession de distractions pour frapper avec ses poings s'il le fallait. Le danger pouvait venir prendre l'assassin à tout instant et pas seulement par le biais d'une lame.