Une fois le géant Ghûrdin vaincu, on attendait de l'humain qu'il s'attaque à son partenaire, celui qui était appelé "cerveau du duo". Une montagne séparait les deux camarades, littéralement. Si les muscles faisaient trois mètres de hauteur, le cerveau ne faisait que trente centimètres. Bon, peut-être un peu plus en réalité. Un duo de taille œuvrait dans les Montagnes du Baldor. Le nain, Ulrik, avait toujours de quoi retourner une situation à son avantage. Or le Gardien avait toujours se sortir de situations périlleuses, même lorsque la mort pointait le bout de son nez. En fait, surtout lorsque la mort était à sa porte.

Le stellarois avait alors pour devoir de combattre un technophile bien équipé avec un arsenal de tourelles qui pourraient s'avérer assez ennuyantes. L'humain avait déjà combattu un technophile qui lui avait bien fracassé son armure. Son adversaire avait analysé les points faibles du Gardien afin de frapper toujours d'un coup redoutablement puissant.

Cet autre technophile semblait différent mais tout autant dangereux surtout qu'il utilisait une invention assez volumineuse pour lui apporter une certaine protection. Ceci allait rendre le combat bien plus compliqué.

Un combat gagné d'avance n'avait pas le moindre intérêt pour l'humain qui préférait s'attaquer à des défis de cette taille, même si ce n'était qu'une trentaine de centimètres.

Dougal cibla la tourelle phalange qui l'empêchait de passer aux choses sérieuses. Un peu branlante, l'humain pourrait aisément la priver de ses appuis et lui faire rencontrer le fléau de la poussière et du sable. Une fois cette chose hors d'état de nuire, il ne resterait que le petit nain, même si une autre de ses inventions semblait apporter un franc soutien à son créateur. Il était nécessaire d'affronter les éléments en leur temps.

La tourelle protectrice avait craché ses engrenages dans le sol poisseux de l'arène et une gerbe de sang vint très vite les rejoindre. Le nain Ulrik avait profité de l'assaut de son adversaire pour lui faire connaître ses petits gadgets portatifs dont les projectiles visèrent le cou, les genoux et les coudes de l'humain. Ce n'était rien d'insurmontable mais ce petit retour de flamme était suffisant pour le harasser. Dougal se sentit tout endoloris et fut contraint de reculer en arc de cercle pour éviter de prendre une attaque un peu trop violente.

Comme s'y était attendu le Gardien, le technophile n'était pas une mince affaire et il se faisait un malin plaisir de garder plusieurs atouts dans ses manches afin de surprendre le rôdeur et le piéger autant que possible. Il était certain que le nain avait déjà une stratégie en tête pour venir à bout de son adversaire.

Même si ses mouvements se faisaient plus lents, le rôdeur de la Garde préféra ne pas attendre trop longtemps avant de rendre les coups reçus. Toutefois, il se garda de jouer la brute car il ne faisait aucune doute que le petit Ulrik connaissait toutes les failles d'un assaut frontal peu réfléchi ; son compagnon Ghûrdin lui avait donné plusieurs situations à analyser.

Puisqu'il demeurait une tourelle dans l'arsenal du nain, l'humain exploita cette situation et se rua sur la petite création technologique. Sa lame était prête à s'abattre sur le métal poli et renforcé de la machine, mais au dernier moment Dougal sauta, prit ensuite appui sur la carapace de l'engin et se propulsa dans une autre direction pour atteindre le nain et faire tomber le lourd espadon sur cette position.

Dougal aurait dû s'attendre au flux électrique préféré des technophiles, ce qu'ils aiment appeler la "représailles". Les armures de ces maîtres ingénieurs sont souvent parcourus par des décharges d'énergie bleue qui se dispersent au contact de leur adversaire, la plus part du temps juste après que celui-ci se soit attaqué à eux. Le principe c'est "qui s'y touche s'y pique", un peu comme les cactus du désert. Malheureusement, Dougal n'avait encore jamais appréhendé le secret ancestral de ces plantes pour faire briller des épines face à ceux s'approchant trop prêt de lui.

Le rôdeur se frotta frénétiquement les avants bras tout engourdis par la décharge reçue. Ce n'était pas grand chose, comme habituellement, mais c'était largement suffisant pour le rendre un peu plus vulnérable le temps d'une attaque bien placée.

La deuxième tourelle qui attendait sagement dans son coin propulsa une décharge en direction de l'humain afin de l’assommer et lui rendre la partie encore plus compliquée. La tactique du nain était de fatiguer le plus possible son adversaire en lui infligeant diverses et nombreuses attaques différentes. Belle stratégie qui pourrait bien venir à bout du Gardien.

Une fois l'attaque de la tourelle passée, la cible frissonna et se recroquevilla sous l'effet de la douleur. Ce fut une magnifique opportunité pour Ulrik d'en finir sur cette prestation des plus remarquables. Certes, mais c'était aussi l'ouverture que le rôdeur attendait pour contre-attaquer...

Ça n'augurait rien de bon pour l'humain qui venait de recevoir de plein fouet une nouvelle attaque de son adversaire nain. Il avait beau être petit, cet Ulrik était puissant. Si le géant était effrayant de par ses coups dévastateurs, le nain l'était par ses coups calculés. Ça aurait été d'une erreur fatale de le sous-estimer, son arsenal s'avérait bien plus incroyable que ne le laissaient penser les apparences.

La vision de l'humain se troublait ; le nain savait frapper assez fort pour démonter quelques mâchoires, surtout avec son crâne assez résistant pour briser des rochers, à n'en point douter. Heureusement, le Gardien pourrait garder sa figure comme il avait l'habitude de la voir. Le rôdeur avait su anticiper un peu les coups de son adversaire pour éviter des blessures trop importantes, bien que Dougal sente ses jambes flancher petit à petit. Si les gros dommages avaient pu être évités, les impacts se ressentaient quand même. Il ne fallait pas faire traîner le combat plus longtemps. Dougal avait simplement besoin de saisir une nouvelle opportunité pour en mettre plein la vue au nabot et lui faire regretter d'avoir cru en sa victoire. Le Gardien n'allait certainement pas se laisser faire.