Hum... Je vois... Mais dis moi, c'est quoi ton histoire?
La description physique et mentale se trouve dans mon histoire. Bon courage à ceux qui vont la lire !
« Certaines personnes sont nées pour être des héros. Elles semblent guidées par la bienveillance des Dieux, jouissant d'une vie remplie de bonheur et de reconnaissance. C'est leurs destinées. Ces personnes ont eut la chance de la trouver, et le courage de la suivre. Pour d'autres en revanche, elle tombe comme une fatalité. Ravageant tout sur son passage jusqu'à la dernière lueur de bonheur. Une instance inexorable contre laquelle il est impossible de se battre. Impossible de fuir. Impossible de mourir. C'est à ce moment là, que l'on décide de se relever ou pas. D'accepter ce destin inéluctable, qui vous a détruit au point de vous réduite à l'état de bête. Peut-être était-ce un signe ? Un appel ? Car après tout, j'ai survécu... »
Idril est une jeune humaine de lignée noble vivant dans une contrée lointaine. Son père, autrefois maître-d'arme et chevalier de la garde royal, est le seigneur des plaines du Nord. Idril a toujours vécu là-bas, n'a rien connu d'autre que cette demeure, ses jardins avoisinants et ses gardes, toujours aussi peu bavards... En tant qu'expert en maniement des armes, son père lui a enseigné le maniement de l'épée et le tir à l'arc dès qu'elle a sut marcher.
Sa mère, encore jeune d'apparence, était, d'après ce qu'elle lui racontait, une sorte d’espionne dans sa vie passée. Mais les regards complices qu'elle échangeait avec son père lui faisait toujours imaginer le contraire. Très proche d'elle, Idril passait beaucoup de temps en sa compagnie. Mère et fille étaient très complices, échangeant messes basses, éclats de rires ou histoires, elles aimaient faire de petites promenades à cheval au crépuscule. Son père bien entendu n'en savait rien et il le déplorerait.
Pendant ses journée libres, c'est à dire pas souvent, elle partait faire des excursions à cheval, découvrant ainsi la nature, les animaux. Elle y pris goût très rapidement: ce contact avec la nature lui prodiguait des sensations hors du commun, picotait ses jambes et engourdissait son esprit, la laissant rêver. Parfois elle s'imaginait être un animal, avoir une vie tranquille, dans la nature sans avoir les soucis de la vie sur le dos. Si elle avait sut, elle n'aurait jamais rêvé le devenir un jour...
Un jour sur un chemin elle rencontra un écuyer qui venait du château voisin travailler dans le sien. Elle l'accompagna le long de la route faisant sa connaissance. Du même âge, ils devinrent rapidement ami. Fuyant la plupart de ses leçons, ce qui ne faisait qu'attiser la colère se son père et les reproches de sa mère, elle venait passer du temps avec lui, l'aidait dans son travail et quand il avait fini, ils partaient tous les deux à cheval dans la forêt. Bientôt, ils devinrent plus qu'amis. Ils durent rester en secret, se cachant de son père qui ne voudrait jamais de quelqu'un comme lui dans la famille. Mais à son grand malheur, sa mère n'était pas aussi crédule et l'avait bien remarqué... Le soir même, elle vint dans sa chambre lui parler et presque instantanément, des éclats de voix se firent entendre. Sous le coup de la colère, Idril partit en courant sa mère à ses trousses lui criant de revenir. La jeune fille courut jusqu'aux écuries, enfourcha sa jument et partit vers la forêt. Idril se laissa porter par sa monture le visage inondé de larme. Coupant à travers la foret noire, les branches basses lui fouettaient le visage. Elle ne voyait plus où elle allait. Le chemin semblait se rétrécir et se refermer sur elle tel un étau de fer. D'un coup, son cheval s'arrêta et pila net, la faisant passer par dessus sa tête. Elle fit un vol plané de 4 mètres et atterrit lourdement sur le dos, lui coupant le souffle.
Le choc la fit perdre connaissance quelques secondes puis elle se leva péniblement. Ses jambes flageolantes la supportaient avec peine mais elle réussit à se stabiliser. Une douleur aiguë la saisit quand elle s'étira le dos, lui faisant échapper un petit gémissement de douleur. * Allons, j'en ai connu des pires* se dit-elle en repensant à ses entraînements. Ignorant les élancements de son dos, elle regarda autour d'elle. La jeune fille avait atterrit dans une petite clairière bordant une petite montagne. Les arbres autour étaient tellement serrés entre eux qu'ils paraissent presque menacent. Une petite cavité saillait la roche grise du mont, sombre et mystérieuse. Seule sa jument faisait tâche avec le décor. Elle gémissait de peur, râpant le sol nerveusement avec son sabot. Intriguée, Idril s'approcha d'elle. La jument rua. Par peur de prendre un coup de sabot, Idril recula et tomba à la renverse lorsqu'une forme noire bondit de derrière un buisson qui entourait la clairière et atterrit à quelques mètres de la jeune fille. La créature se mit sur ses pattes arrières et hurla à la lune telle un bête sauvage. La bave coulant de son menton velu, il s'approcha, lorgnant Idril de ses yeux jaunes. Morte de peur, elle recula précipitamment, s'écorchant les mains sur les petits cailloux, mais elle était trop terrifiée pour s'en rendre compte. Son dos heurta un rocher. Son cœur battant la chamade, elle se retourna et vit qu'elle était coincée. Saisit de panique, elle regarda à droite, à gauche, aucun issue possible. Le loup bipède grogna, découvrant des dents étincelantes. Il fit un saut en avant, droit vers l'humaine. Avec un grognement de plaisir, il referma sa mâchoire puissante sur la jambe de la jeune fille, enfonçant ses crocs blancs dans sa chair. Idirl hurla de douleur, une douleur insoutenable qui se rependait dans tut son corps.
Le loup, satisfait se détacha de sa jambe. Du sang ruisselant de ses dents, il se lécha les babines, savourant ce repas délectable. La jeune fille regarda sa jambe ensanglantée: des lambeaux de chairs se détachaient, et on pouvait voir distinctement la marque de la morsure. Sous le choc et la douleur insupportable, Idril sombra dans le mystère de l'inconscience. Sa dernière vision étant le loup fonçant vers son abdomen tous crcs dehors.
Quand elle rouvrit les yeux, sa vue était trouble et les sons n'étaient que de lointains échos. Une forme flou se mouvait devant elle. La jeune fille entendait quelqu'un l'appeler, crier son nom mais elle était trop faible pour la discerner correctement. «Idril ! Idril ! » Une voix de femme... elle se faisait de plus en plus forte, se transformant en cri d'horreur. Sa mère! Idril repris d'un seul coup conscience de ce qu'il se passait et la douleur à sa jambe se fit plus forte que jamais. « -Maman! » Sa mère se tenait devant elle, la protégeant du mieux qu'elle pouvait et en face, le loup bipède, grognant férocement. Il avait une flèche planté dans la cuisse et une dans la poitrine. Fou de rage, il s'élança vers elle avec une rapidité déconcertante. D'un geste vif, elle tira son épée, mais trop tard, le monstre lui griffa l'avant bras, déchirant sa tunique. Ignorant la douleur, sa mère enfonça son épée dans le cœur de la bête, se prenant elle même un autre coup de griffe dans les côtes. Le loup hurla, laissant suspendre dans l'air une plainte qui glaçait le sang. La mère d'Idril retira son épée de son poitrail tandis que le loup s'enfuyait.
Toujours terrorisée par ce qu'il venait de se passer, la pauvre jeune fille ne faisait guère attention à sa mère. Celle-ci lâcha son épée et s'effondra par terre en se tenant l'avant bras.
« Maman! »
Paniquée, elle vint vers elle, traînant sa jambe blessée. Elle était pliée en deux, tenant toujours son bras droit. Sa tunique verte,déchirée tout le long de la blessure prenait une teinte vermeil. Quatre griffures ornaient son bras. A peine remarqué ça, elle vit son flanc qui saignait abondamment.
« Maman, maman, je suis désolée, sanglota-elle.
Ne t'inquiète pas pour moi répondit celle -ci en relevant la tête. Il faut aller au château au plus vite! »
Malgré ses efforts pour le cacher, sa voix était angoissée, accentuant l'inquiétude d'Iril. Elle n'avait jamais vu sa mère dans cet état... Celle-ci étreignit sa fille avec tendresse, les yeux humides puis l'aida à se relever et la fit monter sur son cheval. La jambe d'Idril lui faisait atrocement mal, elle avait l'impression que son cœur s'était déplacé à cet endroit lui prodiguant des élancements douloureux. Sa mère se plaça juste derrière elle l'entoura de son bras mutilé la taille de sa fille pour la maintenir et partit au galop. Les rebonds du cheval faisait gémir l'humaine, mais elle avait tellement mal, que la douleur la rendait à demi-consciente. De temps en temps, elle regarda le visage de sa mère qui même si elle lui souriait paraissait souffrir tout autant.
A mi-chemin, Idril sentit son esprit se détacher de son corps. Sa jambe ne lui faisait plus mal, elle ne la sentait plus. Ses yeux se révulsèrent et après quelques spasmes, puis elle partit dans le néant. Elle se sentait attirée hors de son corps. Elle se sentait bien, légère, le corps flottant dans un océan d'étoiles. Le visage serein elle s'éleva haut dans le ciel lorsqu'une voix frappa son esprit de plein fouet. Voulant l'ignorer, elle accéléra vers la lumière mais la voix se faisait insistante. Cédant, elle écouta. «Idril, ma fille... combat le mal qui te ronge le corps, la vie vaut la peine d'être vécu. Combat, ton destin est tracé et on a besoin de toi... Viens ma fille. Je t'aime ne nous oublie pas...» La voix se perdit en échos dans le néant. D'un coup, elle fut tiré en arrière par une force invisible. Elle voulut crier mais aucun son ne sortit de sa bouche.
Idril reprit conscience doucement, la douleur revenait, mais moins intense qu'auparavant. Son corps était fatiguée et ses yeux eurent du mal à s'habituer à la clarté de la pièce. Elle était dans sa chambre, allongée sur son lit. Elle tourna le tête vers la droite et vit le visage tendre de sa mère qui lui tenait la main. Son bras blessé était bandé ainsi que ses côtes. Elle avait le visage fatigué, les traits tirés mais semblait calme. Après l'avoir rassurée, elle lui narra ce qui c'était passé. Elles étaient revenues au château. Idril était tremblante de fièvre et parcourut de spasmes. Sa mère l'avait transporté dans sa chambre et des guérisseurs étaient venus pour les soigner toutes les deux. Parlant avec difficulté, le jeune fille demanda:
« Et papa... Sait-il pour... »
Le sourire s'effaça du visage de sa mère.
« Oui. Il a renvoyé ton ami. Je suis désolée... Je ne lui ai pas raconté toute l'histoire. Je lui ai juste dit qu'on s'était fait attaquer par une bête sauvage. Il a envoyé des troupes à sa recherche. Elle fit une pause et reprit. Il faut que tu saches. Tu as été mordue par... Elle se mordit les lèvres, les mots se perdant dans sa gorge. Par un loup-garou. »
Le choc fut tel que son cœur rata un battement. Un loup-garou! Après quelques secondes de silence elle essaya de parler mais aucun son ne sortit.
« ... Je suis... loup-garou moi aussi?
Oui... Votre groupe sanguin était identique... c'était la pleine lune... il n'a pas put s'empêcher de te morde.
Et... C'est toi qui m'a parlé pendant que... j'étais inconsciente? »
Sa mère lui expliqua. Pendant qu'elle était inconsciente, elle avait veillé sur elle jours et nuits lui parlant doucement. « A un moment ma conscience à du s'échapper vers ton esprit tellement le lien qui nous uni est fort ...»
Pendant les jours qui suivirent, sa mère resta près d'elle. Elle insistait pour que ce soit elle qui la soigne de peur que quelqu'un se rende compte de la nature de la morsure. Elle lui expliqua aussi les phases de la lune, et tout ce qu'elle savait sur les loups garous. C'était un secret entre elle et sa mère. Depuis l'événement, un jour par semaine elles partaient vers la forêt toutes les deux sous prétexte d'une ballade mais en réalité, Idril passait le plus clair de son temps à se transformer et à maîtriser son corps. Sa blessure guérissait bien mais elle garderait à tout jamais la cicatrice qui a scellé son destin. Cependant, rien n'était comparable aux soirs de pleines lune, soirées de cauchemars... La plupart du temps elle ne se souvenait pas de ce qu'il se passait et la transformation était plus que douloureuse. Sa mère et elle revenait souvent pleines de coupures, de griffures, de quoi faire cogiter son père...
Pendant les mois qui suivirent, elle changea complètement. Elle n'était plus la jeune fille curieuse au visage heureux, vagabonde et riante. Elle était était devenu morose, irritable, ne prenait plus goût à la vie. Le moindre petit accroc la mettait en rage. Plus les jours passaient, plus les disputes se multipliaient. Mais le pire c'était avec son père. Le fait de se mettre en colère, additionné de son irrémédiable irritabilité, lui faisait grincer les dents, au sens propre du terme. Parfois, la colère était telle que son côté louve prenait le dessus., physiquement et mentalement. Si elle avait sut, mais si seulement elle avait sut ce qui allait se passer, elle n'aurait jamais agit de cette manière là...
Mais le mental n'était rien comparé au physique. Quand la jeune fille se regardait dans le miroir, elle était méconnaissable. Jadis grande et mince, son corps était maigre et ses côtes saillaient. Mais chose étrange ses muscles étaient en béton. * Sûrement une caractéristique... * Ses cheveux, auparavant flamboyant et couleur de feu n'étaient plus qu'une crinière sale et emmêlée. Ils étaient devenus ternes, sans éclat. Son visage lui, n'avait aucun défaut apparent, sauf un grain de beauté sous l'œil gauche, mais des cernes marquaient maintenant ses yeux, l'a faisant affreusement vieillir de quelques années. Elle avait le nez droit et fin et la bouche élégante, mais ses lèvres étaient sèches, et aussi rouge que le sang. Ses yeux en amandes surmontaient ses pommettes hautes. Ils étaient d'une étrange couleur émeraude, aussi verts et beaux que la pierre. Ils étaient animés par la rage et la douleur. Seules quelques rares moments de bonheur apparent, arrivaient à ranimer cette petite flamme qui brillaient dans son regard, vestige de sa vie d'avant.
Un an était passé depuis la fameuse nuit.. Mère et fille ne partait que pour la pleine lune, et elle approchait à grands pas. Deux jours avant le départ, sa mère fut prise de fièvre. Incapable de rester debout cinq minutes, elle s'inquiétait à l'idée que sa fille soit toute seule un soir comme celui-ci. Malgré les réticences d'Idril, elle voulait venir, même si de son côté elle savait que sans elle, elle était perdue. L'après-midi touchait presque à sa fin quand elles arrivèrent. Tremblante de fièvre, sa mère ne tenait à peine debout. Elle s'approcha de l'eau pour boire. Soudain elle vacilla terriblement pâle. Elle eut une nausée, hoqueta, tendit la main vers Idril pour s'accrocher. Son front perlait de gouttes de sueur. Ses yeux se révulsèrent et elle tomba avec la grâce d'une fleur, évanouit. Idril n'eut pas le temps de la rattraper, elle tomba dans l'eau se laissant emporter par le courant. Sans hésiter, Idril se transforma et plongea à son tour. Tandis que le courant l'emportait, sa mère se faisait emmener vers les rapides et bientôt se retrouva entourée de rochers tranchants. Ballottée par le courant, elle se cogna, s'éraflant et se coupant, laissant derrière elle une inquiétante traînée rouge. Paniquant, la louve accéléra et réussit à attraper le pan de la tunique de sa mère dans ses crocs. Tirant de toute ses forces, elle réussit à la traîner jusque sur la berge. Les conséquences de cette baignade n'était pas beaux à voir... Du sang coulait de sa bouche, ses jambes étaient couvertes de bleus et de coupures et vers sa poitrine, le vêtement prenait une inquiétante teinte vermeille. Paniquée, elle transporta sa mère sur son cheval et partit au galop vers la château. Elle arriva vers le début de la soirée et transporta direct sa mère vers sa chambre. Titubant sous son poids, elle vacilla et tomba sur le seuil de la porte. Haletante, elle la traîna vers le milieu de la pièce. Tout à coup, Idril regarda vers la fenêtre, son regard attiré comme un aimant vers la lune, grande, belle et brillante... Elle n'eut même pas eut le temps de protester qu'elle se transforma, perdant le contrôle de son corps et de sa conscience. Elle se voyait faire mais ne pouvait plus se contrôler...
La jeune fille ressemblait à un loup, mais elle était beaucoup plus imposante et pouvait se tenir sur deux pattes. Elle avait une fourrure épaisse, et semblait briller sous la leurre de la lune. Son museau droit cachait derrière ses babines des crocs blancs comme la neige. Ses yeux étaient la chose la plus reconnaissable de son corps d'humaine: d'une couleur vert émeraude. La deuxième chose que l'on reconnaissait le plus chez elle était la couleur de ses poils, ils flamboyaient comme milles feux, parsemés parfois de reflets rouges, comme ses cheveux. Ils étaient plus dense au niveau de son encolure, lui faisait une crinière de feu. S'arquant sur ses pattes arrière, elle hurla à la lune, glissant quelques notes de mélancolie.
A peine sa plainte finie, un homme ouvrit la porte à la volée. C'était son père, mais son esprit de loup-garou ne le connaissait pas. Un instinct lui dit de protéger sa mère de cet homme nouveau. Elle se plaça au dessus d'elle, retroussa les babines et gronda à l'adresse de cet inconnu. Celui-ci regarda d'abord sa mère, le sang qu'elle avait sur elle puis la louve, couverte de sang aussi. Croyant que c'était elle qui l'avait attaqué, son père fonça sur elle aveuglé par la rage. Elle fit un bond de côté et planta ses crocs dans son bras. Inconsciente de ce que son corps de loup faisait, elle prenait un plaisir profond à mordre l'inconnu. Ignorant ses cris de douleurs, elle replanta ses crocs mais cette fois au cou. L'homme se débattait avec violence, lui donnant des coups de pieds dans les côtes, mais l'emprise d'Idril était trop forte, lorsqu'un craquement sonore lui empêcha d'atteindre son but : la jugulaire. Elle relâcha sa prise et partie se blottir contre sa mère, gémissant. Son père à moitié mort et étendu à l'autre bout de la pièce respirait avec difficulté. C'est alors que la mère de la jeune louve se réveilla. Elle regarda son mari, Idril, puis ses yeux s'agrandirent de terreur. Elle se précipita vers lui et se blottit contre sa poitrine en pleurant, et lui criant de rester vivant. Devant cette scène tragique, Idril pris conscience de l'action présente, conscience de ce qu'elle avait fait. Son père croisa son regard, il regarda avec attention les yeux de la jeune fille. Il avait la même couleur émeraude que les siens. Et sa fourrure, flamboyante comme ses cheveux. La détresse se lisait dans le regard de la jeune fille, son père avait compris, et s’éteignit.
Accablée par le chagrin, les sanglots de sa mère se transformaient en cris de douleur. Elle le secouait, lui priant de revenir, mais c'était trop tard... Toujours dans son corps de louve, Idril était tellement choquée qu'elle n'arrivait pas à faire un seul geste. Elle les regardait, dans les bras l'un de l'autre, sa mère, son père... Une tragédie...
Alertés par les cris, des gardes accoururent. On entendait le cliquetis de leurs armures tandis qu'ils gravissaient les marches en colimaçons. Sa mère, les yeux ruisselant de larmes se tourna vers sa fille et lui dit:
« -Idril ma chérie... pars avant que les soldats arrivent. Pars je t'en pris...»
Idril gémit, elle ne voulait pas partir, elle voulait juste mourir. Sa mère regarda anxieusement la porte et reporta son attention sur sa fille. Elle plongea son regard azur dans le sien, mettant tout son amour et dit:
« - Je sais que tu t'en veux pour ce que tu as fait... sa voix se cassa. Mais ce qui est fait est fait... »
Elle passa ses bras autour de son encolure de lionne et l'étreignit. Idril avait juste envie de pleurer, de crier, de hurler au monde entier sa peine et sa douleur, mais les animaux ne pleurent pas...
« - Je savais que ce moment arriverai un jour... »
Sa voix se perdit dans ses sanglots, son corps étaient parcourus de spasmes. Idril avait le cœur au bord des lèvres, elle ne supportait pas ça, pas de voir sa mère dans cet état. Toujours en pleurant, elle dit:
« - Je vais... je vais aller retrouver ton père, je ne peux plus... »
La louve crut recevoir un couteau en pleine poitrine. Elle allait protester mais sa mère lui coupa la parole/
Quoi qu'il arrive ne m'en empêche pas. Elle la regarda tendrement et dit. Tu dois vivre Idril, promets le moi... Promets le moi ! Et n'oublie jamais, c'est ton destin. Je t'aime ma fille... »
A peine sa phrase finie, elle prit la dague de sa ceinture et avec un cri, abaissa ses bras et l'enfonça dans son ventre. Sous le choc, elle hoqueta. Une écume rose perla au coin de sa bouche, puis se transforma en un filet de sang. Lentement, elle se blottit contre son mari, et après un dernier regard vers elle, ses yeux s'éteignirent. La scène s'était passée au ralenti, la peine fut telle qu'elle faillit quelques secondes. Son cœur explosa de douleur et de chagrin. Ne pouvant se détourner de cette affreuse réalité, elle lança un hurlement de loup, une plainte à déchirer le cœur, profonde et intense qui exprimait toute sa douleur.
Sa lamentation à peine finit, un garde débarqua. Mort de peur devant la louve, il parti en courant chercher du renfort, moment favorable pour Idril. Sans plus attendre, elle reprit son apparence humaine, prépara un sac, repris forme animale et quitta le château. Traverser le château ne fut pas une mince affaire, mais son allure rapide lui permit de le quitter sans encombres. Tout le monde croyait que c'était elle qui les avait tué, ce qui n'était finalement pas totalement faux...
Pendant les semaines qui suivirent, Idril resta sous son apparence de louve, errant sans but dans les contrées alentours. Le pire fut les premiers jours. La jeune fille se sentait coupable. Tout était de sa faute. Sa mutation, la mort de son père, celle de sa mère... Et même si elle avait été, ne serait-ce qu'un brin moins irritable, si elle avait fait des efforts, elle aurait plus profiter de ses derniers temps avec ses proches. Car son caractère avait tout gâché, ne faisant qu'accroître son sentiment de culpabilité. Elle se laissait aller, ne se nourrissait plus, ne prenait plus soins d'elle. Elle ne voulait que mourir, quitter ce monde injuste qui lui avait fait subir tant de peine. Malgré tout, elle était toujours en vie. La frustration de ne pas pouvoir rester en paix ne la quittait pas. Puis, au fur et à mesure que le temps passait, elle s'accoutuma à son sort, bien que sa mélancolie et sa culpabilité ne la quittait pas. Jour et nuit, ces sentiments la hantaient. Non, ils ne la quitteront jamais. Elle n'oubliera jamais.
La décision fut bien longue à prendre, mais elle était enfin prête à quitter le pays. Quand elle était enfant, on lui avait parlé d'une contrée par delà la mer que les hommes avaient colonisé jadis. Bien que la probabilité de mourir pendant le voyage était grande, elle trouvera bien quelqu'un assez fou pour l'emmener là-bas. Car peut-être qu'un jour, elle arrivera à revivre...
« On dit souvent que le temps guérit toutes les blessures. Je ne suis pas d'accord. Les blessures demeurent intactes. Mais avec le temps, notre esprit, afin de mieux se protéger, recouvre ses blessures de bandages et la douleur diminue, mais elle ne disparaît jamais. »
Mais... A-t-il un rêve?