VILADRA MEMPHIS
Faisons rapide et simple. On peut éventuellement m'appeler May', il s'agit évidemment d'un surnom, j'ai dix-neuf printemps et des poussières et ma couleur préférée est le noir. Je n'ai pas de passion particulière - surtout à une heure du mat'- j'aime beaucoup ne rien faire et ne pas trop me fatiguer -je ne suis pas feignante mais économe d'énergie -. J'ai découvert le forum dans la catégorie "fantaisie" de forumactif et je trouve que pour le moment, c'est super sympa, l'accueil a été top, les trois membres que j'ai vus pour l'instant sont vraiment cools et je n'ai rien à y redire. Je vais mettre du temps à faire ma fiche, faut pas s'inquiéter car elle sera un jour achevée mais je ne m'avancerai pas à vos donner une date, ni une fourchette. En autres détails inutiles que je peux dire, je précise que je sais déboîter mon pouce droit, bouger mes narines et réciter l'alphabet à l'envers. Ce n'est pas très intéressant mais quand on a peu de talents, il faut bien s'en trouver quelques uns. Sinon, je fais un mètre soixante-dix, je suis brune, et mon signe physique particulier est mon genou gauche. Quand je me baisse, il craque constamment. Un peu comme une cracotte, 'voyez ?
Bon, j'avoue avoir un peu dévié du modèle de présentation. Mais il faut bien que je rajoute du contenu à cette partie, histoire de la grossir, sinon ma présentation ne ressemble à rien ! Déjà que j'ai du mal à tout organiser correctement dans mes codes et... je radote. Pardon.
Mon personnage
- Votre prénom // surnom : Viladra // Memphis
- Votre âge : vingt-ans. Un âge rond, net et sans bavure.
- Sexe (interdiction de répondre oui):
oui féminin.
- Classe envisagée :Je ne sais pas, tu peux donc me haïr. Mais parce que t'as un @, je vais répondre "hypothétiquement assassin" !
- Ce qu'il aime / n'aime pas : Je pense plus décrire tout ça dans la partie "mental" mais puisque l'on m'y oblige ! Elle aime la tranquillité et si elle n'est pas non violente ni peureuse, elle n'apprécie pas spécialement la violence pour la violence. Elle apprécie les paysages épurés, les courbes et les lignes infinies. Elle aime les couleurs sombres mais douces à la fois, le vent sur son visage et le soleil sur sa peau. Elle vénère aussi la profondeur de la nuit, danser avec les étoiles et courir sous l'astre blafard, revêtant sa parure animale. Ajoutant, dans un contexte moins poétique, qu'elle adore la viande saignante et le bon vin - même la piquette, d'ailleurs - ainsi que dormir toute la journée.
- Code du règlement : J'ai une flemme abyssale de lire votre règlement.
A quoi elle ressemble ...?
- Aussi, vois ce souris fin et voluptueux
Où la fatuité promène son extase ;
Ce long regard sournois, langoureux et moqueur ;
L’apparence est parfois trompeuse, tout le monde le sait et si désormais même les plus naïfs ne se laissent plus avoir, il n’empêche pas le fait que beaucoup aimerait revêtir un visage dissimulant ses plus profonds secrets. Dans le cas de Viladra, il n’en est rien et personne ne pourrait lui reprocher de mentir sur ses expressions puisqu’elle ne possède aucune particularité physique qui pourrait induire quelqu’un en erreur.
Beaucoup s’accorderait à dire qu’elle est une femme plutôt agréable à regarder et que la nature s’est montrée généreuse avec elle bien qu’elle n’exhale pas pour autant d’un charme magnétique qui réduirait une personne au silence de sa simple beauté. Elle possède une certaine grâce naturelle, venant sans doute de sa part plus sauvage et n’est pas du genre à s’agiter pour rien et à faire de grands mouvements afin d’affirmer sa présence. Au contraire, plutôt discrète, elle n’est pas du genre à fuir mais préfère rester en retrait afin de préserver sa tranquillité. Seulement, puisqu’il m’est demandé une description avec le minimum syndicale de précisions, je vais m’atteler à la tâche en espérant que vous ne succomberez pas aux effets soporifiques que peuvent apporter un texte récité de façon monotone et dénué de sentiments. Ce que, en toute honnêteté, je fais car la narratrice que je suis fait partie du clan très célèbre des possesseurs du plus grand poil dans la main. Dans mon cas, il s’agit carrément d’une épine.
Viladra pourrait se démarquer des autres femmes, ou des êtres à l’apparence trompeusement humaine, par sa grande taille. Comme tous les détenteurs du gêne du loup, elle atteint le mètre quatre-vingt sans problème, le dépassant même un tout petit peu mais sa légère coquetterie l’empêcherait de vous apporter cette précision d’elle-même. Fine et élancée, elle possède néanmoins une mince musculature qui démontre là, non pas une puissance de frappe extraordinaire, mais une force tout de même acceptable pour une personne de son sexe. L’ossature légère, elle pourrait presque paraître frêle aux yeux de ceux qui ne savent pas voir mais un fin connaisseur ou un combattant moyennement expérimenté saurait qu’elle détient tout de même quelques acquis appréciables en terme de compétences sportives. Car si Viladra n’est pas du genre à soulever de la fonte, ce n’est tout de même pas très gracieux, elle apprécie entretenir inconsciemment son corps en courant afin de se « décrasser les poumons », faire de longues marches et surtout escalader des falaises afin de se poser sur les perchoirs lui offrants les plus beaux panoramas. En résumé, on peut dire qu’il s’agit là d’une sprinteuse modérée, mais qui possède une bonne endurance.
En détaillant un peu plus le tout, je vais prendre la peine de commencer par le haut, si vous me permettez. Le visage plutôt fin, elle possède des yeux légèrement effilés vers le haut mais que l’on ne pourrait pas qualifiés de bridés pour autant. Les pupilles d’un argenté virant au noir dans la nuit et s’éclaircissant en plein soleil, ça lui donne une expression qui peut être à la fois douce comme glaciale. De longs cils ourlant ses paupières et des sourcils fins légèrement arqués, ça lui fige quelque peu ses expressions faciles mais ce n’est pas dérangeant. Je vous rassure, en général elle est plutôt avenante et n’affiche pas constamment une animosité ou une colère qui pourrait vous paraître désagréable. Un nez fin et droit plutôt banal, il surmonte une bouche bien dessinée aux lèvres légèrement rosées mais en rien provocantes. Les pommettes hautes, des oreilles normales, son visage est encadré d’une longue et épaisse chevelure lisse et noire qui lui coule le long du dos comme une cascade de jais. Parfois retenus par une épingle en bois ou en métal, elle les laisse généralement lâchés librement, se souciant peu si ça lui donne une apparence légèrement négligée.
Passons maintenant au corps. Comme je l’ai dit plus haut, elle est très grande et assez mince sans non plus tomber dans la maigreur. Elle aime trop la bonne chair pour se laisser aller ainsi… Un buste fin, des formes appréciables mais pas non plus démesurées, elle possède un ventre plat surmontant un bassin supportant de longues jambes. La peau légèrement hâlée par la vie au grand air, des membres fins et un grain de beauté sur le haut de son sein gauche (mais ça, je ne pense pas que beaucoup de gens le sachent), elle aime avoir les ongles assez longs mais toujours propres, non pas pour une question de beauté mais en écho à sa forme animale. Portant souvent des habits plus pratiques qu’esthétiques, elle favorise le cuir sombre aux tons assez foncés ou passe-partout comme le beige, le brun, le noir ou le marron.
Question armes – je parle rpiquement parlant haha, elle est assez bonne dans le tir à l’arc mais favorise plus particulièrement la maîtrise des coutelas, soit deux lames plus longues que des poignards mais néanmoins plus courtes que des épées. Ainsi, son style de combat est essentiellement axé sur la vitesse, la souplesse et la précision plutôt que sur la puissance et la force pure.
En dehors de ces babioles de métal, nous pouvons aussi ajouter qu’il lui reste d’autres possibilités d’attaque ou de défense. En effet, même si c’est beaucoup moins glamour et quelque peu plus effrayant, Viladra est un loup-garou, et sans vouloir lui jeter des fleurs, il s’agit d’un lycanthrope de sang-pur. Bon, c’est vrai qu’il n’y a pas de grandes différences physiques entre les mordus et ceux de naissance, mais c’est toujours plus la classe de dire que l’on vient d’une grande famille composée de changeurs de formes depuis aussi loin que le plus vieil ancêtre encore présent se rappelle. Ainsi, sous sa forme animale, Viladra devient un loup, ou plutôt une louve, de près de deux mètres de haut et avec une masse musculaire – et non graisseuse, ne vous trompez pas, ça la vexerait – de presque quatre-vingt kilos. Plus fine que les mâles évidemment, elle n’en est pas moins redoutable et féroce. Sa part bestiale, vous comprenez, on en a tous une, hein ! Le poil d’un noir brillant, les yeux jaunes, on aurait presque envie de se blottir contre son pelage pour profiter de sa chaleur bouillonnante. Mais bon, on ne le fait pas, déjà parce que ce n’est pas poli, et puis parce que perdre un bras – ou une tête – c’est cher payé pour un peu de réconfort.
En dehors de cette petite particularité, qui en n’est pas vraiment une quand on sait que d’autres races se baladent avec la moitié d’un corps de cheval ou carrément une queue de serpent, Viladra est une fille tout à fait normal qui, malgré tout, est tout de même assez jolie. Vous me direz, quitte à créer un personnage, autant que je n’en fasse pas un thon. Je peux ainsi vivre la vie d’une canon par procuration, pardonnez-moi.
A quoi elle pense ...?
Et, regarde, voici, crispée atrocement,
La véritable tête, et la sincère face
Renversée à l'abri de la face qui ment.
La psychologie. Ca a toujours été un domaine que je trouvai intéressant mais qui, malheureusement, me demanda trop de temps de réflexion pour que je puisse m’y pencher sérieusement. De ce fait, pardonnez-moi si la description mentale que je vais vous donner de ce personnage semble limitée ou peu fiable, il s’agit pour moi d’un exercice laborieux derrière lequel se cache, à ma plus grande honte mais avec toute mon honnêteté, une certaine paresse que, j’espère, vous ne ressentirez pas. Viladra est un être à la fois simple et complexe.
D’un premier abord, elle est plutôt calme et agréable et si elle ne sourit pas beaucoup, c’est essentiellement pour afficher un air distrait. Plutôt sympathique, elle se lie facilement aux gens lorsque ceux-ci viennent à elle mais Viladra n’est pas non plus très sociable et a du mal à aller vers les autres d’elle-même. Ce n’est pas qu’elle est timide, loin de là, elle rougit d’ailleurs même très peu mais elle ne sait pas forcément quels sont les codes à utiliser et elle n’aime d’ailleurs pas tellement tout ce relève des nombreuses formalités à suivre. Pourtant, il s’agit tout de même d’une femme bien élevée et polie qui saura se montrer courtoise et ce, même dans des situations de conflits. Préférant utiliser l’ironie plutôt que la rage, elle ne s’énervera pas facilement et il en faudra beaucoup pour arriver à la faire sortir de sa solide tranquillité. En revanche, pour les rares fois où elle se mettra en colère, on pourra alors constater que la légende des femmes hystériques qui balancent tout ce qui leur tombe sous la main est réelle. En un peu plus martial et en moins ridicule pour sa part, parce que bon, quand même, il ne faut pas oublier qu’elle est lycan, et qu’un loup géant qui vous lance des cailloux, ça fait un autre effet qu’une nana tentant de vous lapider à coups de gravillons.
Un mince sourire toujours accroché à son visage la plupart du temps, elle n’abordera pas d’air naïf et innocent mais aura tout de même une certaine fraicheur derrière ce masque de paix. Les yeux pétillants, elle aime aller à la découverte du monde et s’il y a bien une chose qui pourrait la frustrer, c’est bien d’assister à un phénomène dont elle ne comprend pas le fonctionnement. Elle aime analyser son environnement, faire en sorte de ne pas être prise au dépourvu en cas d’ennui et savoir toutes les possibilités de manœuvres qu’elle peut utiliser. Ainsi, quand elle rentre quelque part, inconsciemment elle se mettra à mémoriser rapidement, mais pas forcément rapidement, les principaux éléments l’entourant afin de s’en faire une idée globale. Ce sera que lorsqu’elle aura cerné à peu près l’endroit où elle est qu’elle pourra alors se laisser aller entièrement, ou suffisamment en tout cas pour que ça ne la gêne pas.
Néanmoins, il ne faut pas oublier que Viladra n’a que vingt-ans, du moins à peine plus ou à peine moins car dans sa famille l’âge a peu d’importance, et qu’elle a beau afficher cet air serein en toute circonstance, elle reste tout de même une jeune fille pas encore tout à fait finie… Si au niveau du physique elle a globalement atteint le summum de sa forme, ou alors elle ne tardera pas à y toucher, il en est autrement pour la tête. Effectivement, il existe des jeunes gens qui pourront se montrer incroyablement intelligents et auxquels on rajoute volontiers dix ans de plus concernant leur maturité, mais en réalité, il leur restera toujours un certain enfantillage. Et comme je ne pousserai pas le vice à dire que Viladra fait partie de ces petits génies, puisque malgré un bon éveil et une logique admirable elle n’en reste pas moins normale, on peut donc encore plus noter ses traits juvéniles de caractère. En effet, cette jeune fille, ou plutôt cette jeune femme, arrive facilement à s’intégrer dans des groupes d’individus, quel que soit l’âge. En revanche, les personnes qui la connaissent vraiment et j’entends par là qui la connaissent pour ce qu’elle est et non pas pour ce qu’elle montre, pourront affirmer qu’il lui reste des traces de candeurs, de légers caprices parfois qui peuvent la pousser à se renfrogner et à laisser couler son masque de zennitude absolue.
Parfois un peu impulsive, même si je sais que j’ai dit plus haut qu’elle ne s’énervait pas facilement, je tiens à préciser qu’elle est ainsi lorsque les soirs de pleine lune approche. Quand on a le sang chaud, on a tendance à laisser les hormones prendre le dessus. J’ose vous laisser imaginer l’état d’une femme loup-garou, un soir de pleine lune et dans sa période menstruelle. Si vous ne connaissez pas ça à la maison pour diverses raisons, je ne vous pousserez pas à vous renseigner sur le sujet, c’est carrément mortel. Des hommes en sont restés traumatisés.
Dans des moments comme cela, être une grosse boule de poils tout noirs aux yeux jaunes peut avoir malgré tout un côté assez esthétique. De plus, très à cheval sur l’hygiène, Viladra peut se vanter d’être un lycanthrope de sang pur possédant des crocs et des griffes parfaitement entretenus. Mais en-dehors de ces points bonus physiques, il ne faut pas oublier que cette race est loin d’être de grosses peluches sur lesquelles on peut grimper en gazouillant. Car si Viladra se transforme régulièrement, après tout pour les trajets c’est plus pratique, il n’y a qu’un moment où ce n’est pas forcément contrôlé et comme je l’ai cité, c’est en période de pleine lune. Alors là, elle prend généralement soin de s’éloigner de toute habitation ou de toute zone susceptible d’abriter d’autres êtres vivants, puis elle pique sa crise. A savoir qu’elle court partout, qu’elle égorgera un ou deux animaux, qu’elle chantera avec d’autres loups… Enfin, le cliché du loup-garou incontrôlable et totalement bestial.
Avant de conclure, je tiendrai à préciser un dernier point, et pas le moindre, puisque Viladra possède une double personnalité. En réalité, elle n’a qu’une seule conscience et aucun esprit n’est venu la posséder. On peut dire que son âme s’est comme scindée en deux, laissant place à deux parts de son être qui communiquent ensemble intérieurement mais qui ne peuvent s’exprimer aux autres que selon la victoire de celle qui prendra la part sur l’autre. Ainsi il y a ce côté de Viladra que tout le monde apprécie, en général. Sympathique, discrète mais agréable, elle sait se faire accepter dans un groupe et créer des liens même si elle ne s’y avance pas trop. Et puis il y a l’autre, sa part animal, ses péchés regroupés en une seule entité. Cette moitié d’elle avec qui elle cohabite en paix mais contre laquelle elle lutte régulièrement pour qu’elle ne prenne pas le pas sur sa mentalité première. Violente, agressive et parfois vulgaire, ce côté d’elle baigne dans le cynisme et l’aigreur. Les seuls moments où elle ressort sans aucune difficulté, ce sont les soirs de pleines lunes.
Voilà, on peut conclure sur cet qu’elle est intérieurement et malgré les quelques détails qui peuvent paraître troublants, je vous assure qu’en dehors de cela, Viladra est une jeune fille très équilibrée. Il serait dommage de ne pas chercher à la connaître directement car moi, je ne suis qu’un intermédiaire…
Son passé ...?
Nos péchés sont têtus, nos repentirs sont lâches ;
Nous nous faisons payer grassement nos aveux,
Et nous rentrons gaiement dans le chemin bourbeux,
Croyant par de vils pleurs laver toutes nos taches.
Du gris et du vert. Ce sont les couleurs que je vois le plus depuis ma plus tendre enfance. En revanche, les nuances de ces deux teintes vont à l’infini, il faut avouer que je suis particulièrement gâtée en ce qui concerne les variances. En revanche, je ne sais pas vous, mais lorsque l’on finit par voir trop longtemps un paysage, aussi beau soit-il, alors il devient banal, parfois insipide puis totalement inintéressant et on a envie de tourner la page. Définitivement. C’est actuellement le sentiment que je ressens et je me dis que maintenant que j’ai atteint un âge et une situation adéquats, il est temps pour moi de m’éloigner, je partir à l’aventure et de bouger jusqu’à ce que chaque tableau qui se dévoilera face à mes yeux conserve sa beauté, ses mystères et sa pureté.
J’ai vu le jour dans les montagnes du Baldor, à son extrême sud, là où sa seule limite se dessine par ses hautes falaises qui se jettent dans le mer Van Halen. Il y fait généralement bon, le climat est doux et s’il arrive parfois que de forts vents marins soufflent au point de faire vaciller un ours, c’est plutôt rare. Et j’ai eu de la chance car quand ma mère m’insuffla la vie, le soleil brillait haut dans le ciel malgré un air encore frais pour un mois de fin de belle saison. C’était sans doute un jour banal, pour vous comme pour beaucoup d’autres personnes d’ailleurs, mais dans une famille, l’arrivée d’un nouveau membre est signe de vie saine et prospère.
Je fus très bien accueillie. Mon père, malgré son air sévère indélébile et son mutisme quasi-persistant, se permit même d’accorder un sourire quand je fus posée sur le ventre de ma génitrice. Chez lui, c’est un exploit alors ne le pensez pas rabat-joie, il n’en est rien. Ma mère, quant à elle, était forcément folle de joie, éreintée par dix heures de travail mais qui ne regrettait pour rien au monde le labeur difficile qu’elle venait d’accomplir. Quant à mon frère… De quatre ans mon aîné, il était un peu jeune pour se rendre compte réellement de ce qui arrivait, mais il sembla plutôt enthousiaste à l’idée de partager ses parents.
Avant de poursuivre sur mon enfance plutôt banale, je vais poser le cadre de vie tout de suite afin que vous ne soyez pas perdus dans la suite.
Je possède une très grande famille du genre légèrement snob mais très axée sur l’importance des liens sanguins et de la pureté de nos origines. Possédant des coutumes rigoureuses, ce n’est pas l’éclate totale mais il y a tout de même une liberté appréciable et globalement, aucun d’entre nous n’a été traumatisé par une éducation douteuse. Nous sommes en tout et pourtant une centaine de membres axés sur un noyau principal qui est constitué de mes parents et mon frère et moi, mes deux oncles maternels, ma tante paternelle et ses deux fils, et les parents de ma mère dont mon grand-père qui représente le chef de notre petite communauté. Auto-suffisants, nous ne possédons que très peu de liens avec le monde extérieur même si deux à trois fois par an, un groupe part en voyage pour rejoindre de véritables villes dans lesquelles ils vendent nos productions afin d’acheter ce que nous ne pouvons pas avoir ici. Des objets en métal, des armes, de la faïence fine, des œuvres d’art…
Nous avons une hiérarchie rigoureuse et tout le monde la respecte bien que chacun mange à sa faim et qu’il n’y a pas de servitude au sens propre. Les parents les plus éloignés se chargent en général de l’entretien de notre village et de ce genre de tâches ; la classe d’après exécute d’autres occupations un peu plus importantes etc, etc… Et puis nous, le cœur de notre famille, on ne se tourne pas les pouces mais on n’est exemptés des missions ingrates. Par contre, quand il s’agit de chasser, de se battre contre des créatures nuisibles ou de régler des problèmes compliqués, on est en première ligne. En dehors de tout cela, nous sommes néanmoins tous soudés et chaque mois se déroule un repas où tout le monde se mélange sans distinction de classe. Bref, c’est quand même agréable ce genre de vie.
Depuis que je suis en âge de comprendre ce que l’on me dit, mes proches ont surtout passé leur temps à me dire comment me tenir et à me rappeler à quel point le sang des memphis était pur. Ils me le répétaient au moins trois fois par jour, au cas où j’oublierais, vous comprenez… Car ce que je ne vous ai pas dit, c’est que la personnalité de ma famille, c’est que nous sommes des changeurs de formes. En gros, on peut se transformer en loups, le genre de créatures qui dans les contes et légendes dévorent des enfants, tuent les bergers et hurlent pendant des heures les soirs de pleines lunes. Personnellement nous ne mangeons pas de chair humaine, la nuit j’ai plutôt tendance à dormir et les enfants sont un sujet de préoccupation qui me concernera éventuellement dans une quinzaine d’années. Ou une vingtaine, ça serait bien. Enfin, le plus tard possible. C’est donc ainsi que j’ai compris que dans mes lointains ancêtres, originaires de spec... spel… originaires d’une caverne très connue pour son taux de lycanthropes, l’une d’eux est venue jusqu’ici pour y établir sa meute. Mais je ne vais pas vous ennuyer avec ces vieux racontars…
Je vécus une enfance agréable. Particulièrement proche de mon frère, j’appris à chasser, me battre, maîtriser mes pulsions sauvages et vivre dans un univers hostiles. Ca, ça fait classe… Mais à côté j’appris aussi à coudre, faire la cuisine, plier le linge, lire et écrire. Comme quoi, j’eus des apprentissages divers afin de faire de moi une future personne responsable et indépendante.
Je passe rapidement jusqu’à mon début d’adolescence car ce n’est pas très palpitant. Je commençai à rentrer dans l’âge ingrat, mes premières crises, mes premiers (et vite derniers) caprices… Je prenais plus de liberté et on m’en donnait plus, aussi. J’aimais aller jusqu’aux falaises, contempler la mer infinie et écouter les histoires des anciens lors des grands rassemblements. Ils parlaient de pirates, de voleurs doués, d’assassins aussi silencieux qu’une ombre… Du coup je passais beaucoup de temps à rêver. Je voulais être une pirate voleuse et assassin. Evidemment, je ne comprenais pas tellement le travail macabre de ces professions mais cela me plaisait de m’imaginer ainsi. Les premiers germes du goût de l’aventure s’implantèrent alors en moi à ce jeune âge.
Je passais beaucoup de temps avec mon frère et ses amis, les jeunes de mon âge étant peu nombreux. J’eus mes premières amourettes, je fis mes premières vraies bêtises, je touchai enfin à l’alcool, parfois certaines herbes naturelles mais aux effets entêtants… L’adolescence, en gros.
Puis un jour mes parents se mirent en tête de me trouver un prétendant à ma juste valeur. Du moins, à celle que eux m’accordaient, à savoir pas trop vieux, un lycanthrope de naissance et qui accepterait de quitter sa famille pour intégrer la mienne. L’horreur totale… Je savais qu’ils ne me forceraient en rien, on n’est pas dans un domaine royal ou un truc super coincé, mais ça les arrangeait bien de ne pas voir leur pureté se salir. Malheureusement pour eux, il s’avérait qu’à cet instant je fréquentais déjà un homme. Enfin, un jeune garçon, ne vous méprenez pas. J’avais bientôt dix-sept ans, lui il avait atteint la vingtaine. Meilleur ami de mon frère, nous trainions tous les trois très souvent ensemble. On était la vie. La vraie, la VIE, c’est-à-dire Viladra, Illyan et Eros. Des deux derniers, je sortais avec Illyan, bien sûr. Bref, peu de personnes le savaient réellement mais les rumeurs commençaient à se répandre et nous décidâmes de nous éloigner un peu plus chaque jour que nous nous retrouvions. Je préférais éviter les esclandres inutiles… Et évidemment, jeunes et bêtes que nous étions, on s’amusait notamment à chasser, nous attaquant à des proies de plus en plus grosses. Et de plus en plus violentes, aussi…
J’avais atteint mes dix-sept printemps. Jour de fête, j’avais reçu des cadeaux, j’avais mangé au point de m’en faire exploser la panse – pardonnez-moi ce langage familier – et j’avais même rencontré de nouvelles personnes invitées par mes parents. Dont deux jeunes hommes qui faisaient office de prétendants et dont la situation les ennuyait autant que moi. Quand je pus m’éclipser en fin de journée, je rejoignis alors mon frère et mon cher et tendre compagnon de cœur afin de fêter mes dix-sept ans à notre façon. Nous éloignant du village pour nous diriger vers les hauteurs des montagnes, nous nous abreuvâmes légèrement trop et ce fut hilare que les premières idées idiotes fusèrent. Tout d’abord, ils furent tentés de faire un concours de plongeons à partir des falaises. Heureusement, j’eus la tête un peu plus sur les épaules que la leur et je les en empêchai. Puis ils voulurent partir en voyage jusqu’à la ville la plus proche, soit pour des jours de marches ou bien de course ; alléchant mais je n’osais pas imaginer la raclée que l’on se prendrait au retour. Ce fut mon frère le premier qui écarta l’idée. Puis la dernière connerie sortit : on avait envie de chasser en meute, tous les trois, et face à plus gros. Ma foi, pourquoi pas un grizzly ? On avait déjà réussi, alors ça ne serait plus qu’une formalité. Ce fut donc sur cette joyeuse perspective que l’on termina nos bouteilles d’alcool avant de commencer à nous chauffer.
Nos pattes foulaient le sol sans un bruit, le vent frais se glissant dans notre pelage sous une lune blafarde. Nos yeux perçants traversant les ténèbres, nous dévoilaient une clarté limpide ; aucun de nos mouvements n’était vain, seuls l’efficacité et l’envie de sang nous faisaient avancer. Néanmoins, nos regards étaient légèrement voilés, nos respirations saccadées et de brefs ricanements amusés s’échapper d’entre nos crocs, preuve que les vapeurs alcoolisées faisaient encore effet sur nous. C’était une erreur, je le sentais au fond de moi. Manquant de trébucher car trop absorbée dans mes pensées, j’oubliai aussitôt notre imbécilité pour mieux me concentrer sur la route.
Nous arrivâmes à l’entrée d’une caverne dans laquelle dormaient deux grizzlis. Nous les avions repérés depuis des semaines mais nous comptions attendre encore un peu avant de s’attaquer à si gros… Sage décision que nous aurions dû prolonger.
Sans même prendre le temps de concevoir une stratégie, je vis la forme massive de mon frère se jeter dans l’antre, suivi de près par mon compagnon. Légèrement hébétée par la boisson, je préférai m’asseoir quelques secondes avant de les rejoindre, inconsciente du danger que nous courions. Les premiers hurlements ne tardèrent pas à s’élever. Il ne s’agissait pas de cris d’ours. Me précipitant alors en avant, je m’engouffrai alors dans la gueule de pierre, mon souffle rauque soulevant nerveusement mon poitrail.
Le corps de mon frère, détransformé, gisait au sol. A deux endroits différents. Le sol était poisseux et je sentais le sang se glisser entre mes pattes, imbiber mon pelage et s’accrocher à moi comme des sangsues. L’odeur métallique m’emplissait le nez, gênant mon odorat sensible et accentuant ce voile flou qui troublait déjà ma vision. Ca sentait la mort, la bêtise, l’insouciance. Ca sentait l’irréparable. Un craquement sec me ramena à la réalité et je n’eus le temps de voir qu’Illyan se faire projeter contre une paroi avant que l’un des ours ne s’écroule, la nuque brisée par ses crocs. Me baissant pour l’esquiver, j’entendis nettement ses côtes se casser tandis que notre dernier adversaire rugissait de rage, prêt à charger sur moi, ultime élément perturbateur encore en état de les nuire. Pour une fois, la raison revint en moi et j’eus le temps d’attraper mon compagnon par la nuque et de partir au triple galop en direction de l’extérieur, mon ennemi me suivant sur les premiers mètres avant de se raviser et de tourner les talons. La lune brillait encore haut dans le ciel, les étoiles scintillaient au-dessus de moi. A ce moment-là, la nature n’avait jamais été aussi cruellement belle à mes yeux. Mortellement magnifique. Terriblement douloureuse.
Le deuil de mon frère dura officiellement trois longs jours et trois longues nuits, conformément à nos rituels ancestraux. Illyan rendit son dernier souffle à la dernière veillée et son nom fut gravé sur la grande stèle des défunts. Personne ne me fit de remarques, on ne m’adressa pas le moindre reproche et mes parents les plus proches ne m’en voulurent pas. Pourquoi m’accabler ? Etait-ce de ma faute si le destin avait décidé de retarder ma mort contrairement à celles des autres ? Non. Mais au fond de mon cœur persistait cette souffrance intense, silencieuse et insidieuse qui distillait ce poison si sombre qu’était la culpabilité. J’étouffais. Et pourtant, je restai encore trois longues, très longues années au sein du giron familial.
Vingt ans. Je ne sais plus exactement quel jour nous sommes mais je suis presque certaine que mon anniversaire est passé il y a peu. Cela fait désormais deux semaines que j’ai quitté le village des Memphis. Avec l’accord de mes parents, bien qu’ils ne fussent guère enthousiastes à l’idée de me voir partir, je décidai de vadrouiller, voyager. Ils ne le savent pas encore mais la vie de sédentaire ne me convient pas. Je veux me déplacer, voir les paysages infinis défiler devant mes yeux, être surprise chaque jour, chaque minute. Je veux découvrir la vie, la vraie, celle qui déborde de mille merveilles, qui regorge de mystères et de dangers inconnus. Je veux rencontrer des gens, mais aussi être seule. Je veux rire, pleurer, crier. Je veux renaître, laisser derrière moi des années d’insouciance qui menèrent à une erreur mortelle.
Il est temps de terminer un chapitre, écarter sa plume et inspirer longuement avant de poser à nouveau ses yeux sur cette page blanche qui nous attend. J’ai fait mon deuil du passé, désormais je suis prête à écrire de nouvelles lignes.
Son rêve ...?
La sottise, l'erreur, le péché, la lésine,
Occupent nos esprits et travaillent nos corps,
Et nous alimentons nos aimables remords,
Comme les mendiants nourrissent leur vermine.
Quand on demande le rêve de quelqu’un, il n’y a que les héros de fictions qui pourront vous répondre du tac au tac. Personnellement, je ne sais même pas ce qu’est mon rêve ou bien il est vrai que si je pouvais gratter un ticket d’euro million, on pourrait considérer que j’ai atteint mon but. Mais en dehors de ça… Viladra vous paraîtra alors peut-être insipide si je vous affirme qu’elle n’a aucun objectif particulier. Elle ne vous dira pas qu’elle rêve de rétablir la paix dans le monde ou bien régner sur celui-ci, ni qu’elle a envie de fonder une famille avec une ribambelle d’enfants braillards, geignards et pleurnicheurs qui… Enfin, ce n’est pas non plus son plus grand espoir.
Viladra, ne possédant pas réellement de passion, est du genre à vouloir tout explorer. Son but est de rencontrer au moins trois membres de chaque race, même les plus rares et les plus hostiles, et de voir le plus de lieux possibles. Aimant le voyage, vagabonder et même errer jusqu’à se perdre, l’aventure ne lui fait pas peur. Le jour où elle devra mourir, que cela soit de vieillesse ou pour une autre raison, elle espèrera qu’à ce moment-là elle ne regrettera pas de ne pas avoir connu plus de choses.