D'allure élancée pour un loup-garou, Fang n'en possède pas moins la force des siens. Si sa silhouette peut sembler svelte à première vue, c'est juste que le jeune homme ne s'embarrasse pas de vêtements trop lourds. Sa cape dont la couleur d'origine est à présent indiscernable ne masque guère qu'une simple tunique d'un vert délavé par l'usage surmontée d'une veste en cuir fin et souple. Une paire de braies que recouvrent de confortables bottes jusqu'à mis mollet ainsi qu'une ceinture large en cuir aux nombreuses bourses complètent son attirail.

Pour ce qui est de la partie visible à plein temps de son anatomie, Fang possède une abondante masse de cheveux d'un gris clair qui semblent blancs à la lumière lunaire, et dont il n'est pas peu fier. Son visage encore fin trahit sa jeunesse tandis que son teint légèrement hâlé indique qu'il a passé la plus grande partie de sa vie à l'air libre. Une bouche rieuse et toujours prête à lancer des piques vient s'insérer sous un nez droit, quoi que légèrement retroussé, tandis que des yeux d'un marron clair viennent terminer le tableau.  

D'une façon générale, Fang est comme tout jeune homme de vingt-deux ans sur qui la nature ne s'est pas acharnée : beau et persuadé d'être irrésistible.

Lorsqu'il revêt sa forme de loup, son pelage prend une teinte d'un gris poussière surmonté de touffes noires et marrons disséminées tandis que ses yeux deviennent d'ambre.

De nature intrépide et téméraire, l'intelligence sociale de Fang est très sérieusement questionnée par la plupart de son entourage – il appelle ça du courage, sa mère adoptive appelle ça de la stupidité. Non content de mettre sa vie en danger, ce manque d'instinct de survie entraîne également un sens du tact douteux. Fang n'hésitera pas à dire à un homme qu'il ne l'aime pas, même si ce dernier est un lieutenant de la milice - de même si la fille du capitaine de la Garde Royale du coin est particulièrement à son goût.

Ce détail mis à part, Fang est une personne qui aime profiter des petits moments de la vie - comme boire une bonne bière où tout simplement courir dans la forêt après une forte pluie, juste pour le plaisir de sentir l'odeur de l'herbe mouillée et avoir la sensation du vent dans ses cheveux - ou dans sa fourrure. Une bonne sieste de temps en temps fait également partie des moments qu'il aime s'accorder. Malgré sa trop grande témérité, Fang est de nature assez calme et joyeuse, et se mettra très rarement en colère. Il préférera toujours tourner les évènements en dérision, et à moins de tomber nez à nez sur un vampire où d'être provoqué de façon agressive par un autre loup-garou il ne perdra jamais totalement le contrôle de lui même.

Il apprécie par ailleurs particulièrement de se promener sous sa forme de loup, que ce soit dans la forêt ou... dans les villes. Après plusieurs mésaventures, le jeune homme a cependant finit par comprendre qu'un loup de près de quatre-vingt kilogrammes se promenant dans les faubourgs en plein jour attirait quelque peu l'attention et prend quelques précautions quand il se sent d'humeur à se dégourdir les pattes... la plupart du temps.

Malgré son léger penchant pour le cynisme et les remarques manquant de tact, Fang n'en reste pas moins un jeune homme loyal qui n'hésitera pas à se mettre en quatre pour un ami. Étant une personne qui vit dans le présent, il est peu matérialiste et n'accorde que peu d'importance à l'argent. Il sera heureux du moment qu'il aura de quoi se payer une bière et une nuit à l'auberge de temps en temps.  

Hum... Je vois... Mais dis moi, c'est quoi ton histoire?

Tout commença lors d'une froide nuit d'hiver, dans la ville nordique de Kastalinn. Les religieuses tenant l’orphelinat de la Neige d’Or avaient l'habitude d'entendre des pleurs d'enfant résonner dans la nuit, et nul ne s'étonna de découvrir ce soir-là un panier déposé sur le pas de la porte. Elles emmenèrent l’enfant à l’intérieur pour découvrir avec stupéfaction qu’il était juste emmailloté dans un tissu, sans aucun mot indiquant qui il était et ce qu’il faisait là ; même son nom n’était indiqué nulle part. Le bébé n'avait que quelques jours à peine, et pourtant déjà les quelques cheveux qui recouvraient sa tête ronde étaient blancs comme la neige qui tombait doucement au dehors. Malgré cette étrange caractéristique, l'enfant fut immédiatement pris en charge tandis que l'on se chargeait de monter prévenir la mère supérieure - une vielle femme acariâtre qui accueillait néanmoins tous les orphelins qui lui étaient présentés.  On laissa à la directrice de l’orphelinat le soin de choisir un nom au bébé inconnu. Peu inspirée et agacée par cette nouvelle bouche à nourrir, la matrone décida tout simplement de nommer l'enfant Snow.

Les journées se passèrent sans encombre, Snow était calme pour un nouveau-né. Il dormait par tranche de quelques heures assez régulières, et scrutait le monde de ses grands yeux bleus lorsqu'il était éveillé – il fallut attendre la pleine lune pour que les choses se gâtent. Pour la première fois depuis son arrivé à la Neige d'Or, l'enfant devint agité et incontrôlable, braillant de toute la force de ses petits poumons, à tel point qu'une jeune femme fut chargée de le sortir quelques temps pour tenter de le calmer. La pauvre n'avait fait que quelques pas sous la lumière lunaire quand le petit corps dans ses bras commença à gigoter de plus belle. Quand elle posa ses yeux sur lui, la religieuse poussa un cri de surprise et de terreur et faillit le lâcher – seul l'instinct maternel l'ayant poussée à travailler dans un orphelinat empêcha le louveteau de tomber. Recouvert d'un fin duvet grisâtre de la tête aux pieds, seuls les yeux bleus du bébé étaient restés les mêmes. Snow choisit ce moment précis pour pousser un couinement de souris, dédramatisant immédiatement la situation.

- Un loup-garou, murmura la jeune femme en dévisageant le bébé, tu es un loup-garou.

Le bébé dans ses bras cligna des yeux avant de se remettre à couiner, comme pour confirmer les paroles de la religieuse. Sa frayeur passée, la jeune femme se rendit immédiatement dans la chambre de la mère supérieure pour connaître la marche à suivre. La veille femme marmonna qu'elle savait bien que celui-là allait lui causer des problèmes, avant de demander à la jeune femme de garder le secret. Snow était aussi inoffensif que n'importe quel bébé humain pour le moment, mais bon nombre auraient jugé plus sage de mettre un terme à son existence avant qu'il ne devienne une menace. Pendant près de deux, l'enfant passa toutes les nuits de pleine lune avec pour seule compagnie la jeune religieuse qui avait découvert sa vraie nature. Ses yeux virèrent au marron et ses cheveux s'assombrirent, et quand il fut en age de communiquer avec son entourage la mère supérieure lui expliqua pourquoi il devait rester seul les nuits de pleine lune. Sans comprendre exactement ce qui se passait, le jeune loup-garou intégra qu'il était différent des autres – et pas seulement à cause de son étrange couleur de cheveux. Il grandit en gardant cette notion en tête, ce qui lui valut dès sa prime enfance d’être mise à l’écart par les autres enfants de l’orphelinat.

Vivace et curieux, Snow s'avéra au fil des années faire partie des enfants les plus turbulents de l’établissement – ce qui lui apporta à la fois l’admiration de certains orphelin, mais aussi la haine et de rancœur d’autres. Plus grand que les enfants de son âge, il se fit bien vite embêter par les plus chahuteurs qui le voyaient comme un défit à relever. Bien sûr il ripostait au début, mais bien vite il se rendit compte que quel que soit le cas la mère supérieur finissait toujours par le punir, lui rappelant tout bas qu'il devait contrôler sa force au lieu d'en faire étalage, et que jamais au grand jamais il ne devait se transformer. L'enfant attendait la nuit pour s'échapper hors de l'orphelinat sous sa forme de loup, passant pour un jeune chien dans les rues sombres de la ville. A neuf ans, Snow perdit son calme et frappa le garçon de quatre ans son aîné qui s'amusait à lui voler son dessert à la cantine, se mettant ainsi efficacement à dos la bande de jeunes adolescents qui régnait sur l’orphelinat. Les autres enfants commencèrent à avoir peur de lui parler, craignant des représailles des plus grands.
La solitude lui pesa durant toutes ses années passées à l’orphelinat, sans compter que l’éducation des religieuses était extrêmement stricte – bien trop au goût de cet enfant épris de liberté. Le couvre feu était à vingt heures, et tout enfant surprit hors de son dortoir était sévèrement punit – inutile de dire que Snow reçut un nombre incalculable de punitions. Il ne pouvait tout simplement pas s'empêcher de sortir se dégourdir les pattes la nuit. Le jeune loup-garou apprit parallèlement les circonstances peu glorieuses ayant abouties à son nom, se mit progressivement à les haïr. Selon lui, un nom était une chose primordiale, il définissait qui nous étions et la jeune garçon n’acceptait tout simplement pas d’avoir un banal nom de météo.

A dix ans, poussé à bout par les autres enfants et une mère supérieure indifférente, Snow décida de quitter cet endroit. Le jeune loup avait toujours agit sur des coups de tête, et cette fois-ci ne fut pas différente : une nuit il partit sous sa forme de loup et ne revint jamais à l'orphelinat – il eut tout de même l'intelligence de se glisser dans un chariot emplit de foin pour passer les portes fortifiées de la ville le jour venu.  Il décida de voyager à travers le monde, vers l’ouest et la forêt : loin de la neige glaciale dont il tirait son nom. La traversée de la plaine d'Aràn se fit sans trop de mal, il se contenta de suivre de loin un groupe de marchands se rendant à Endorial, attendant la nuit pour venir leur subtiliser de la nourriture.
Une fois arrivé à la ville, Snow en tomba immédiatement amoureux. Il se mit à passer de plus en plus de temps sous sa forme humaine, déambulant entre les vastes arbres, ne se retranchant que la nuit pour dormir roulé en boule dans un fourré. Les habitants finirent par s'habituer à sa présence, ne s'étonnant plus de le voire réapparaître après un ou deux jours passées à se promener dans la forêt de Sylfaën. Avec le temps, le jeune loup s'enhardit, s'enfonçant toujours plus profondément au sud dans la forêt, déambulant pendant plusieurs jours avant de remonter enfin à Endorial, se délectant de fraises des bois lorsqu'il en trouvait. Les soldats de la Garde Zéphyr fronçaient les sourcils en le voyant revenir après ses longues expéditions, et certains le mirent en garde contre les dangers de la forêt, lui demandant de ne plus partir ainsi seul en excursion. Mais Snow n'était pas du genre à écouter les conseils des autres, et il continua tout de même. Tout sa passait bien jusqu'au jour où après huit jours passés dans la forêt dont deux sans boire il trouva finalement un ruisseau. Poussant une exclamation de joie, le jeune garçon se précipita pour boire, toute prudence envolée.

Grave erreur.

Il ne remarqua le gigantesque hibours que lorsqu’il fut à moins de deux mètres de lui. Surprit par le cris de surprise du garçon et dérangé pendant qu’il se désaltérait, la chimère leva une énorme patte pour frapper Snow. Le jeune garçon vit le coup arriver, tenta de se relever mais glissa sur la rive boueuse et se cogna violement la tête sur une pierre. Etourdit, il ne put que fermer les yeux en attendant la mort... qui ne vint pas. Rouvrant les yeux, le jeune garçon se retrouva face à une imposante paire de jambes de cheval. Une voix ferme se mit à parler d'un ton calme et posé et le garçon leva les yeux dans sa direction avant d'écarquiller les yeux avec surprise. Fermement campé sur ses quatre sabots entre Snow et le hibours se trouvait un centaure – ou plutôt une centauresse. Le jeune loup n'entendit pas ce que la jeune femme dit à l'hibours, mais au bout de quelques minutes la chimère sembla se calmer et finit par faire demi-tour, disparaissant dans l'obscurité de la forêt. Sa sauveteuse se retourna enfin vers lui et lui demanda si lui allait bien. Etourdit, le jeune homme ne pu que hocher la tête en tentant maladroitement de se relever. Avant que Snow n'ait eut le temps comprendre ce qui ce passait, il subit un des meilleurs sermons de sa courte vie, l'inconnue lui expliquant très précisément à quel point il était stupide et se demandant quelle sorte d'éducation il avait bien pu recevoir pour être aussi inconscient. Elle se calma néanmoins quand le jeune garçon lui apprit qu’il n’avait pas de parents, et elle soupira en se passant la main sur le visage. Finalement la centauresse attrapa le jeune loup qui barbotait toujours dans l'eau sous les aisselles et le remit sans la moindre difficulté sur ses pieds. Snow se sentit bizarre et eut soudain un haut le cœur, puis tout devint noir.  

Quand Snow se réveilla, il était enveloppé dans une couverture chaude et trouvait dans une clairière dégagée d'où la voûte céleste apparaissait clairement. Prenant sa forme lupine, le garçon s'étira et bailla avant de s'asseoir proprement sur son arrière train, le museau levé vers les étoiles. Un mouvement dans la périphérie de sa vision attira néanmoins son attention. C'était sa sauveteuse qui s'approchait de lui à pas tranquilles, pas l'air le moins du monde choqué de voire un loup blanc se trouver à l'endroit où elle avait déposé un jeune garçon. Se rappelant ses bonnes manières, le jeune loup remercia la jeune femme qui se présenta sous le nom de Nimië Fileäen. Grande et imposante, sa partie équine arborait une délicate robe alezane tandis que sa partie humaine ne semblait pas dépasser la trentaine d'années. Des yeux bleus perçants et de longs cheveux de la même couleur chaude et vibrante que sa partie équine complétaient le tableau, donnant un air maternel à la centauresse. Elle ne portait qu'un simple vêtement de cuir tandis que deux épées jumelles pendant de part et d'autres de ses hanches humaines. Nimië demanda à Snow où était sa meute, il lui répondit qu'il n'en avait pas.

La jeune femme soupira avant de venir se coucher avec grâce et élégance aux côtés du loup, puis elle lui demanda d'une voix qui ne souffrait aucun refus de lui expliquer comment il avait bien fait pour se retrouver si loin des cavernes de Spelunca. Intimidé par la prestance de la centauresse, Snow lui raconta toute son histoire, depuis son enfance à l'orphelinat jusqu'à ses excursions dans la forêt de Sylfaën. Le jours commençait à naître dans le ciel quand le jeune loup s'endormit enfin contre le flan de Nimië. Quand il se réveilla, la jeune femme lui annonça qu'elle allait le raccompagner jusqu'à Endorial. Le voyage de retours dura plusieurs jours, et une fois arrivé à la ville des elfes, Snow répugna à quitter la centauresse à laquelle il s'était attaché – quant à cette dernière, abandonner un orphelin tout en étant à peu près sûre qu'il retournerait seul dans la forêt ne l'enchantait pas plus que ça. Quant le jeune garçon la supplia de la garder avec elle, Nimië n'eut pas le cœur à refuser.

Snow apprit rapidement que la centauresse faisait partie de la Garde Zéphyr, raison pour laquelle elle habitait en ville et non dans la forêt comme ses semblables. Il fallut faire quelques aménagements mais de façon générale l'installation du garçon dans sa hutte se déroula sans soucis. Nimië avait bien précisé à Snow que c'était arrangement était temporaire, le temps qu'elle lui trouve une famille, où à défaut un maître pour le prendre en apprentissage. Leurs modes de vie étaient néanmoins compatibles, tout deux aiment se retrouver au calme dans la nature pour admirer les étoiles. Petit à petit, la centauresse commença à lui montrer les constellations, à lui raconter leurs histoires. Un jour le jeune loup manifesta de l'attention pour ses armes, et la jeune femme ne vit pas de mal à lui enseigner quelques mouvements de base. Les jours passèrent sans que l'un où l'autre ne cherche vraiment un foyer d'accueil pour le jeune loup et bientôt les semaines devinrent des mois. Snow avait pris l'habitude de se réfugier seul dans la forêt les nuits de pleine lune, déambulant sous sa forme hybride et mâchonnant des troncs d'arbres pour évacuer son trop plein d'énergie. La centauresse n'aimait pas sa forme hybride, qu'elle jugeait trop dangereuse, aussi Snow se mit-il lui aussi à l'apprécier de moins en moins, préférant se transformer totalement en loup.

Les entraînements à l'escrime de Nimië devinrent de plus en plus durs, et bien souvent l'adolescent finissait ses journées fourbu et couvert de bleus. Le soir venu, la centauresse s’asseyait tranquillement à son côté et soignait les blessures de son élève. Après deux mois et demie de vie commune, elle lui fit subir un soir un entraînement particulièrement épuisant et Snow finit par s’écrouler de fatigue, vidé de toute énergie. La jeune femme n'eut d'autre choix que de le porter dans ses bras jusqu'à son lit. Snow n’était pas tout à fait inconscient mais flottait dans un état de semi conscience - il se sentait totalement en sécurité dans les bras de Nimië, comme si rien ne pourrait jamais lui arriver en sa présence. Sans vraiment s'en rendre compte, il lui dit qu'il l'aimait plus que tout et voulait rester pour toujours avec elle. La jeune femme l’écouta parler sans un mot de son enfance, de la façon expéditive dont on avait choisit son nom et à quel point cela le rongeait. Il ne s’en rendit probablement pas compte, mais à ces mots la centauresse resserra sa prise sur lui.  
Leur relation ne changea pas spécialement après cette nuit là, si ce n'est que Nimië n'évoqua plus jamais l'idée de confier Snow à quelqu'un d'autre. Deux semaines plus tard, l’adolescent parvint pour la première fois à toucher la jeune femme lors de leur entraînement, récoltant ainsi des félicitations de la part de la jeune femme. Ce soir là Nimië lui offrit un présent qui allait marquer sa vie à tout jamais.

Elle lui donna un nom.

La centauresse fit son annonce avec circonspection, par peur de blesser son élève. Elle lui exposa que selon elle il était une personne différente du louveteau qui s’était enfui de l’orphelinat de la Neige d’Or, et que par conséquent il se devait d’avoir un nom digne de lui. elle lui avoua y réfléchir depuis plusieurs jours et lui présenta la chose comme une offre qu’il était en droit de refuser. Le jeune loup qui n'avait jamais vraiment accepté son nom pour la désinvolture avec laquelle celui-ci avait été choisit eut pour la première fois de sa vie l’impression que son existence elle-même venait enfin d’être reconnue par quelqu’un.

C'est ainsi que Snow l'orphelin disparut pour laisser place à Fang Fileäen, fils de Nimië.

Les années passèrent et à défaut de devenir plus prudent le jeune Fang se transforma peu à peu en un beau jeune homme se promenant toujours avec une épée dans le dos et une dague à sa botte. Les habitant d'Endorial ne s'étonnaient plus de voire un immense loup gris se promener dans la ville de temps en temps, et les centaures ne s'inquiétaient pas de ce loup –garou qui semblait les apprécier plus que la normale. Fang ne gérait pas toujours convenablement ses crises lors de la pleine lune, mais comme il s'assurait toujours de se trouver dans la forêt ces nuits là il n'y eut jamais aucun incident notable. Même les bûcherons ne s'étonnaient plus de trouver une fois par mois des arbres consciencieusement mâchonnés.  
Rien d'intéressant ne se passa durant six paisibles années – à part le chat. Cet espèce de matou hirsute que Fang avait eut le malheur de nourrir un jour de grande bonté. Maintenant Clochette – oui bon, il lui avait donné un nom, mais ce n'était pas comme si il s'intéressait à elle au point de savoir que c'était une femelle où de lui acheter du thon parce que c'était son poisson préféré. Et ce n'était pas du tout son genre non plus de garder une brosse en poil de porc exprès pour lustrer le poil de la minette de temps en temps. Non non, ce n'était vraiment juste qu'un chat de gouttière roux au ventre blanc qui avait décidé de faire ami-ami. Absolument aucune réciprocité là dedans. ((Je ne savais pas trop où la caser celle là... D'ailleurs est ce que c'est possible d'avoir un animal de compagnie juste pour le rp ? Elle ne lui sera d'aucune utilité pendant un combat.))

Et puis, alors que Fang entamait l'année de ses dix-huit ans, il tomba amoureux. C'était une jeune femme de passage avec une caravane marchande, et indubitablement la plus belle femme que le jeune homme ait jamais vu. Des grands yeux de biches qui rayonnaient comme deux pierres précieuses, de longs cheveux couleur de crépuscule naissant, une taille fine et des formes là où il le fallait ; même son nom sonnait comme une douce mélodie d'amour. Lylia. Douce, douce Lylia. Elle lui fit l'effet d'un coup de poings dans l'estomac, et dès le premier regard il su qu'elle était la femme de sa vie. Toute son attention se concentra sur elle, et la seule pensée qui emplissait sa tête en permanence était de lui plaire. Il ne parlait que d'elle, ne voyait qu'elle et ne respirait que pour elle. Plus amusée qu'autre chose par le comportement de celui qu'elle avait finit par considérer comme son fils, Nimië l'encouragea à aller parler à sa belle, lui conseillant de lui offrir des fleurs où un joli châle.

Fang cru qu'il allait exploser de joie quand la jeune femme accepta en rougissement timidement ses fleurs, et bien vite il redoubla d'efforts pour lui plaire. La jeune femme ne chercha pas à résister, sensible au charme exotique de cet étrange jeune homme aux cheveux gris et au sourire charmeur. Les baisers qu'ils échangèrent étaient les chastes et maladroits fruits d'un amour de jeunesse. Tout dérapa cependant quand Fang commit l'erreur de se promener sous sa forme de loup autours des caravanes des marchands établies à l'orée de la ville. Effrayés, les hommes le chassèrent en poussant de grands cris qui attirèrent les Gardes Zéphyr les plus proches. Voulant calmer la situation, Fang reprit sa forme humaine – grave erreur. Dès qu'ils le reconnurent, la famille de Lylia le traita de tous les noms, l'accusant de chercher à détourner leur fille du droit chemin. Ils l'interdirent de la revoir et lui lancèrent des pierres – au final, les protecteurs de la citée durent le protéger tandis qu'il se réfugiait chez lui.

Accablé, Fang attendit que la nuit tombe pour se glisser discrètement dans le camp des marchands, cherchant sa bien-aimée du regard. Elle écarquilla les yeux en le voyant et plaqua promptement ses mains sur sa bouche pour s'empêcher de hurler, lui prouvant qu'elle savait qui il était. Le jeune loup reprit sa forme humaine avant de s'approcher doucement de sa Lylia, la rassurant avec des mots maladroits, lui jurant son amour. La jeune femme finit par se calmer et accepta d'écouter Fang. Il lui jura qu'il l'aimait plus que tout, que jamais il ne pourrait lui faire de mal, et qu'il ferait tout pour ses parents l'acceptent. Le jeune homme n'eut pas le temps de formuler d'autres promesses, car on les découvrit. Coincé au centre du campement et désireux de prouver sa bonne foi à la famille de sa bien aimée, Fang ne chercha pas à s'échapper. Il était venu sans arme et ne riposta pas quand un homme d'une cinquantaine d'années le poussa rudement en l'insultant.  
 
Ce manège dura plusieurs minutes avant que l'un des hommes n'aille trop loin et se mette à traiter Lylia de catin en la saisissant par le bras. Tous les muscles du corps de Fang se tendirent et il retroussa la lèvre supérieure, laissant entrevoir une rangée de dents impeccablement blanches. Les caravanes de marchands étaient développées et ne voyageaient jamais sans la protection de mercenaires, et ces derniers n'hésitèrent pas une seule seconde à porter la main à leur épée face à la menace ouverte du loup-garou. Fang n'avait jamais été patient, mais par amour pour Lylia il trouva le force de se contrôler et demanda d'une voix glaciale mais parfaitement calme et humaine à l'homme qui tenait Lylia de la relâcher. Rendu téméraire par l'était alerte de ses gardes du corps, l'homme refusa avant de secouer la jeune fille en disant qu'elle méritait ce nom pour fricoter avec une racaille comme lui, récoltant un cri de douleur de la part de la jeune femme.

Ce fut à ce moment là que Fang craqua complètement. Relâchant toute la haine accumulée depuis sa naissance, le jeune homme laissa l'être hybride avide de sang qui sommeillait en lui prendre le contrôle, dévastant tout sur son passage. Les marchands s'enfuirent en courant, chacun ne se souciant que de sa propre survie tandis que les mercenaires dégainaient avec plus ou moins de rapidité leurs armes. Fang commença par planter ses crocs dans l'épaule de l'homme qui le tenait toujours, lui faisait efficacement lâcher sa prise dans un hurlement de douleur avant 'ouvrir la gueule pour hurler à son tour lorsqu'un carreau d'arbalète se planta dans son dos. Le combat se déroula dans un brouillard opaque pour le jeune homme qui eut la très nette impression de ne pas être celui qui contrôlait son corps. Quand il revint enfin à lui, il se trouvait dans une clairière à deux jours d'Endorial et était couvert de blessures. Fang comprit immédiatement qu'il allait y passer et regretta de ne pas pouvoir voire une dernière fois son aînée avant d'aller rejoindre ses ancêtres – d'ailleurs il avait deux trois questions à leur poser à ceux là. Alors que Fang se mourrait lentement mais sûrement, il entendit soudain un bruit de sabots dans l'herbe avant d'entrevoir quatre jambes recouvertes de poils d'un noir d'encre. Il se sentit soulevé de terre et s'évanouit de nouveau, bercé par la cadence du galop du centaure.  

Quand il se réveilla de nouveau, le jeune homme était étendu dans son lit et recouvert de bandages de la tête aux pieds. Il lui fallut cinq semaines entières pour récupérer malgré la robustesse naturelle des siens et les soins intensifs de sa mère adoptive. Cette dernière lui expliqua qu'il avait blessé quinze personne dont deux étaient mortes de leurs blessures après sa crise de folie, et que les marchands avaient levé le camp immédiatement après l'incident, ne souhaitant plus jamais le recroiser. La Garde Zéphyr n'approuvait pas le racisme dont ils avaient fait preuve et se contenta de dire aux villageois qu'une bête sauvage les avait attaqués, mais Lylia avait été trouvé Nimië pour lui dire qu'elle ne voulait plus jamais revoir Fang. Blessé par ce rejet et rongé par la culpabilité, Fang jura de ne plus jamais perdre le contrôle de lui-même. Bien que le comportement des habitants n'ai pas changé à son égard, le jeune homme pouvait sentir une certaine tension chez les protecteurs de la citée, comme si ceux-ci s'attendaient à ce qu'il ne devienne de nouveau fou de rage.

Ecrasé de remords et persuadé d'avoir déçu la centauresse, Fang décida de partir en voyage, cherchant la rédemption sur les routes. Sa mère le comprit et lui demanda simplement de revenir le voire de temps en temps. Après avoir promit de revenir, Fang partit vers le nord puis vers l'est, voyageant de ville en ville et finit par trouver la force de tourner la page de son histoire avec Lylia. Il avait prévu de partir seul bien sûr, mais la chatte Clochette qui l'avait prit en affection ne sembla pas saisir la notion et décida de partir avec lui, trottinant gaiement à ses côtés et n'hésitant pas à se hisser sur son épaule lorsqu'elle était lasse de marcher. Le jeune loup teint sa promesse et retourna à Endorial rendre visite à Nimië de temps en temps, lui faisant part de ses impressions sur le monde et lui promettant à chaque fois de devenir une personne meilleure.

Mais... A-t-il un rêve?

Si vous lui posez la question, Fang répondra sûrement qu'il rêve de s'inscrire dans la légende en terrassant un dragon, où bien de posséder un harem emplit de jeunes donzelles. En réalité son plus grand souhait serait de devenir quelqu'un dont sa mère pourrait être fière. Il est également à la recherche de ses origines et souhaite savoir pourquoi ses parents l'ont abandonné à la naissance.