- Tu as vu son regard, insista la fée comme ils progressaient vers la sortie de la cité.
- J'ai vu.

Et il ne l'avait guère apprécié. Depuis combien de temps le Poing de l'Hiver n'avait-il pas reçu la visite d'un hybride ? La réponse devait se chiffrer en années. Et vu les réactions des habitants, il y avait de quoi. Rien que dans l'échoppe d'où il arrivait, le crâne de minotaure suspendu entre divers trophées de chasse avait fait bouillir le sang dans ses veines. Le marchand avait forcément remarqué son malaise. Il ne s'en était pas incommodé pour autant. Et après, lorsqu'il se soit aventuré près d'une maison longue ressemblant vaguement à une taverne, il s'était immobilisé sur le pas de la porte. Encadrant les mâchoires de loups et crânes de yétis, c'était ceux de satyres qu'il avait remarqué.

Passant sous les impressionnantes voutes des bâtisses de plus en plus espacées comme ils s'éloignaient du cœur de Fimbulvetr, le minotaure avait prit sa décision. Ils ne resteraient pas une seule nuit ici, alors même qu'ils n'étaient arrivés que depuis le milieu de journée. Il serait à la fois plus serein et plus en sécurité à l'extérieur des murs - ou plutôt barricades - de  la ville que piégé à l'intérieur. Si les nordiens ne tentaient pas de lui couper les cornes ou l'écorcher pour sa fourrure, il était probable que se soit lui qui leur rentre dedans…

- Je pensais pas qu'il y avait des gens comme ça dans les villes, se désola Nyssa comme ils contournaient un renfoncement aménagé où étaient attachés plusieurs ours à pelage blanc.
- T'as pas vu les Skjoldurs, articula-t-il difficilement. Avant que je te rencontre.

A sa mine interrogatrice, il répondit :

- Ils plaisantaient devant moi. Avoir mon cuir en descente de lit les amusait.

Entendant cela, la fée ouvrit de grand yeux horrifiés et porta les deux mains à sa bouche.

- Quelle horreur !

Il renâcla, avançant à grande enjambée en resongeant à ce mauvais souvenir.

- Retour au village des paysans ? Interrogea la fée comme ils passaient l'angle d'un haut muret de pierre.
- Oui et…

Il fut toutefois interrompu net dans sa phrase comme il percutait une silhouette qu'il n'avait pas discerné avec la maçonnerie grossière. Pour couronner le tout, avec le choc, plusieurs ustensiles agricole et une tête de bardiche avaient glissé de son sac. Le minotaure secoua la tête en effectuant un pas de côté. Le moment était bien choisit pour s'attirer des ennuis…

- 'scusez moi, baragouina-t-il avant de vraiment réaliser qui il venait de bousculer - ou plutôt quoi.

Un nain. C'est un nain qu'il venait de heurter. Un de ces creuseurs de galeries, avides d'extraire toujours plus de cailloux des entrailles de la terre-mère ou de picoler au goulot de quelque tonneau d'alcool frelaté. Et ce qu'il voyait ou flairait venait confirmer ce qu'il savait pourtant être des préjugés. Il trimbalait une pioche ni neuve ni mal entretenue : il lacérait la terre. Et à l'odeur, il n'avait pas vu un bain depuis bien longtemps en plus de certainement confondre ses vêtements avec une gamelle. A moins que ce ne fut ses pièces d'armure.

Et on prétendait les Ayanis primitifs…

Main levée, à mi-chemin entre le barbu et ses emplettes renversées, il hésita une seconde quant à qui l'adresser. Finalement, il se pencha et ramassa ses affaires sans ajouter un mot.

Cet énergumène était pourtant loin d'être le premier nain qu'il croisait et, récemment, un certain Thauthaudarmafur lui avait montré qu'ils pouvaient même être d'agréable compagnie. Toutefois, l'hurluberlu n'avait pas vraiment semblé être représentatif de son espèce…

Voletant à un mètre du sol, le regard de Nyssa allait du minotaure agenouillé à l'inconnu, confus. Son compagnon taciturne était certes agacé par les habitants de Fimbulvetr qu'ils étaient impatient de laisser derrière eux. Mais qu'elle avait été cette réaction à l'instant ? Doebroksh se montrait souvent maladroit mais jamais elle n'avait vu son regard s'assombrir ainsi à la vue de quelqu'un, d'autant plus à qui il venait de faire du tord. Connaissait-il ce barbu ou était-ce à mettre sur le compte de son agacement ?

.
      Arpentant les abords de Fimbulvetr, Thorek essayait encore de se remettre de son récent (et premier) contact avec la culture locale. Cela faisait déjà quelques jours qu’il était en convalescence après son duel de glima, mais il lui en faudrait encore quelques autres avant de pouvoir soulever sa pioche sans avoir l’impression de se tordre la colonne. Oh ça, il les avait retenus les malotrus qui lui avaient conseillé de participer. Et en cet instant, ils avaient une place bien particulière dans son livre des rancunes personnel.

      C’était à cause de tout cela qu’il tournait un peu en rond dans la cité fortifiée. Encore et toujours un voyageur dans l’âme, Thorek faisait confiance à la seule méthode de récupération qu’il connaissait : un peu de marche, histoire de décrasser un peu la mécanique… Et peut-être retrouver un de ses conseillers, afin de lui expliquer sa façon de penser.

      Certes, il grognait de temps à autre quand une de ses articulations meurtries venait se plaindre, mais dans l’ensemble, il se sentait déjà un peu mieux. Le plus tôt il pourrait enlever le bandage rustique qu’on lui avait apposé à l’épaule droite, le mieux ce serait. Ensuite, retourner vers Kastalinn. Il avait besoin d’un environnement un peu plus calme pour envoyer ses premières cartes aux Kazhariens.

      Arrivant au détour d’un muret à la conception archaïque, d’après ses yeux nains, Thorek remis légèrement en place ledit bandage avec sa main gauche. Son majeur manquant n’aidant pas vraiment, il s’y reprit à plusieurs reprises pour tenter de l’agripper sans succès. Puis Thorek heurta un mur.

      Usant instinctivement de son centre de gravité bas comme tant d’autres fois, le nain arriva à rester debout, mais il recula de plusieurs pas désordonnés tout en grognant alors que son épaule le lança brièvement. Son barda et sa pioche brinquebalèrent bruyamment dans le même temps, mais il en fallait plus pour que le nain pragmatique perde son équipement maintenu en place par un siècle d’expérience minière.

       « ‘Scuzez moi », lui répondit alors le mur d’une voix grave.

      Surpris d’avoir reçu une réponse, Thorek leva aussitôt son regard de son épaule et tomba sur un animal plutôt peu commun. Une sorte de bovin, comme il en avait aperçu dans les environs de Kastalinn, mais sur deux pattes et arborant des vêtements de voyage tout en fourrure et cuir ainsi qu’un grand nombre de colifichets. Il fallut quelques instants au nain lunatique pour se souvenir de son bestiaire relativement peu complet et les pièces du puzzle se mirent en place : un minotaure.

      Ledit animal civilisé eu un instant d’hésitation, puis prit le temps de récupérer les quelques objets qu’il avait fait tomber en heurtant le nain. Des outils aux formes un peu étranges pour Thorek qui se souvint alors avoir vu des « paysans », comme on les appelait à Kastalinn, creuser la terre avec de tels objets. Un peu comme les rares travailleurs de la terre des haut-plateaux nains en fait. Néanmoins, si le nain n’avait à peu près aucun lien avec le monde agricole, il savait que c’était de là que venaient les ingrédients de la bière : c’était donc important à ses yeux.

      Puis Thorek ajouta un et un et réalise que le minotaure lui était rentré dedans.

      « ‘Pourrait faire attention où tu marches » maugréa-t-il en se massant lentement l’épaule.

      Mais au moment où le nain allait repartir et laisser tout cela derrière (il s'était excusé après tout), un mouvement vif attira son attention. Une petite chose à forme vaguement humaine voletait entre eux deux d’un air inquiet. Fronçant les sourcils, le nain se demanda s’il n’avait pas été cogné plus fort qu’il ne l’imaginait en fin de compte.

      Thorek secoua brusquement sa tête afin de faire partir cette hallucination probable et entreprit de continuer sa route… Avant de taper du pied un des outils agricoles éparpillés dans un tintement peu discret, ses bottes étant renforcée d’une plaque de métal.

      Avec un soupir las, le nain observa l’outil un instant avant de se baisser et de le tendre vers le minotaure toujours occupé à ramasser ses affaires.

- ‘Pourrait faire attention où tu marches.

Doebroksh retroussa légèrement le museau mais se garda bien de répondre. Tout agacé qu'il soit, il n'avait effet pas senti le nain approcher. Et il aurait été indigne voire insultant de prétendre qu'il ne l'avait pas vu à cause du muret faisant sensiblement la même taille.

C'est en silence qu'il ramassa ses affaires. Jusqu'à remarquer la tête de cognée que lui tendait son vis-à-vis. Le minotaure se redressa, le considérant, surprit d'être sujet de cette courtoisie. Un instant cela écarta de ses pensées la sombre journée qu'il avait passé à la cité nordique.

- Merci Fimbulvutrois, répondit-en prenant lentement l'outil.

Plissant les sourcils, il réalisa peut-être l'insulter : il avait prononcé ces mots sans avoir la moindre idée du nom porté par les citoyens de cette ville.

- Fimbulvitain ? Chercha-t-il en glissant l'outil dans l'un des sac porté en bandoulière. Fimbainltréen ? Fimbulverois ? Rhaa…

Il s'enfonçait… ces noms humains étaient à la fois trop long et trop compliqués et il devait l'insulter plus qu'autre chose. D'ailleurs, était-il seulement d'ici ? Il avait bien aperçu quelques autres nains depuis son arrivée, mais ils se comptaient sur les doigts d'une main…

- Sois prudent, vint lui glisser Nyssa à l'oreille en se montrant fort peu discrète. Je suis sûre qu'il vendrait ta peau au marchand !
- Vendre ma… ma quoi ? S'étrangla le minotaure avec un regard confus en direction de la fée. Mais non…

Il secoua la tête en maugréant.

- N'y fais pas attention, déclara-t-il à l'adresse du nain qu'il se permit de tutoyer comme il l'avait fait. Elle connait mal les nordiens…
- Je…

Mais elle ne répondit pas, se contentant de détourner le regard avec une mine bouseuse. Elle croisa les bras et voleta en avant, le voile diaphane de sa "robe" flottant derrière elle au rythme de ses battements d'ailes.

.
      Lorsque le minotaure remercia Thorek en le pensant être un local, le nain eu une brève et sourde onomatopée de surprise. Lui ? Un nain ? Habiter ici ?! Au milieu des congères et des plaines givrées ? Avec à peine quelques falaises ? L’idée était tellement saugrenue que même l’explorateur ne put retenir un pouffement nerveux.

      S’apprêtant à rétorquer, il remarqua bien vite que le minotaure, lui, n’était pas du coin tant il trébuchait sur le terme à utiliser pour nommer les autochtones. Eh bien, ils étaient deux au moins.

      Puis, à sa grande surprise, le nain remarqua bien vite que ce qu’il imaginait être une hallucination était en fait bien réel puisque le minotaure discuta avec. Ou alors, ils étaient tous les deux en train de délirer. C’était déjà arrivé à plusieurs groupes de mineurs quand ils perçaient des poches de gaz sans faire attention… Mais ici, ils étaient en « plein air », difficile donc d’imaginer ce scénario.

      « N’y fais pas attention, déclara-t-il à l'adresse du nain qu'il se permit de tutoyer comme il l'avait fait. Elle connait mal les nordiens…
      - Je… »

      Et à Thorek d’observer la petite chose voleter pour bouder dans son coin. La compagnie de l’animal était définitivement bien étrange. Un peu déboussolé, ce qui était un comble pour le nain, il prit quelques secondes pour retrouver un semblant de cohérence et répondre :

      « Heum, j’n’ai pas tout saisi avec c’t’histoire de peau, mais passons… Tout d’abord, je n’suis pas d’ici, ni nordien même. Thorek Sveresson, du clan Drogund. »

      Le nom de son clan ayant été donné avec une once de fierté peu négligeable, comme il était de coutume, Thorek eu un instant d'hésitation en réalisant qu'il était probablement le seul ici à savoir situer son clan :

      «C'est dans les Baldors. Et j’suppose que tu n’es pas d’ici non plus. Enfin toi et… »

      Et au nain de pointer la fée sans trop savoir que c’en était une.

Le nom du clan de Thorek ne lui parlait guère bien qu’il semblait éprouver une certaine satisfaction à l’annoncer. Chose que Doebroksh comprenait tout à fait. Le nom de sa propre tribu était elle aussi un honneur à porter.

- C'est dans les Baldors. Et j’suppose que tu n’es pas d’ici non plus. Enfin toi et…

La fée mit quelques secondes à réaliser que tous deux étaient tournés vers elle au milieu de leurs présentations. Et Doebroksh gardait le silence, comprenant qu’ils étaient tous les trois des étrangers ici. Voire haussa légèrement les épaules en réponse à la question muette de sa camarade, l’invitant à débiter son discours habituel.

Pivotant dans les airs pour leur faire face, battant des ailes en vol stationnaire, la petite créature bomba le torse en posant une main sur sa poitrine menue avant de se présenter avec joie :

- Je m’appelle Nyssa Folkor ! Gardienne du bosquet verdoyant Seigneur des hannetons Fille de la bruine Éleveuse du crachin Tisseuse de la rosée Crépuscule des vallées Cavalière des feuilles tombantes Mère des aiguilles et Scrutatrice de l’aurore !

Après quelques secondes qu’elle consacra à reprendre son souffle, elle se redressa histoire d’achever le nain si – par le plus grand des miracles – il n’avait pas décroché comme l’hybride :

- Je suis une fée nordique !

S’efforçant de rester sérieux, le minotaure laissa au nain quelques instants pour digérer cette tirade. A y repenser, il s’agissait certainement de la première fois qu’il la laissait l’exprimer en entier. Il inclina la tête de côté, sa mauvaise humeur due aux habitants de Fimbulvetr temporairement chassée par le caractère toujours jovial de Nyssa. Décidément, elle ne cessait de le surprendre.

- J’ai déjà voyagé à proximité des montagnes, commença-t-il enfin avec un regard vague. Mais je n’ai pas encore été découvrir les hauteurs.

Il marqua une courte pause, se tournant vers le nain.

- Régulièrement j’entends parler de la majesté de ces montagnes. Il faudra un jour que je m’y rende. J’imagine qu’elles sont différentes de la chaîne de Kannan que l’on voit d’ici.

Levant les yeux, il jeta un rapide coup d’œil aux pics sombres au loin. Et au monstre de feu qu’il abritait.

- Je suis Doebroksh, se présenta-t-il enfin en revenant à nouveau à Thorek. De la tribu Moj’Hauk. Notre camp est établi dans les plaines d’Aran, au Sud de la grande toundra. Et c’est d’ailleurs là que nous retournons. Aussi… il ne faut pas que l’on s’attarde. Nous voulons parcourir de la route avant la tombée de la nuit.

.
      Écoutant sans broncher la plâtrée de titres de ce qui se révéla être une « fée nordique », Thorek eu comme un doute. Est-ce qu’elle se moquait de lui ou bien avait-elle encore plus de titres que certains rois nains des âges ancestraux ? Il ne le saurait probablement jamais.

      Et au nain d’acquiescer longuement sans trop savoir quoi répondre après avoir reçu bien plus d’informations que nécessaires… Puis, le minotaure reprit la parole, lui parlant des montagnes locales et donnant enfin son nom.

      « Doebroksh hein ? Entendu », commença le nain.

      Thorek se tourna alors vers la chaîne montagneuse au sud et pouffa d’indignation en embrassant d’un geste rapide le relief.

      « Tu apprendras que ces cailloux au loin sont bien jolis, mais ils ne rivalisent même pas avec les Baldors… Leurs pentes escarpées me manquent déjà d’ailleurs. »

      Puis, le nain braqua à nouveau son regard vers Doebroksh et sa, heum, compagnonne disons avant de reprendre :

      « Les plaines d’Aran, tu dis ? J’allais moi-même vers Kastalinn à vrai dire. »

      Farfouillant alors dans son sac, Thorek sortit une carte annotée abondamment par ses paluches minutieuses et il pointa une région qui s’apparentait à la description du minotaure.

      « Et c’est par là que tu veux aller, j’imagine ? Si c’est le cas, il y a moyen d’écourter ton voyage d’une bonne demi-journée… »

      Cet élan de sympathie de la part de Thorek en aurait surpris plus d’un (Thorek compris), mais quand on mettait les mots « majesté » et « montagne » dans la même phrase en parlant des Baldors, on obtenait des miracles avec lui.

Plissant le regard, Doebroksh se pencha sur le papier du nain. Il chercha quelques instants à s'y repérer, peu familier des repères sur carte. Toutefois, suivant les doigts de Thorek, il parvint à situer plusieurs points précis : Kastalinn, Fimbulvetr, le Fjord hurlant, les collines aux rapaces, le fleuve Kaarme, le camp fortifié des dragonniers...

Inclinant la tête, il réfléchissait aux échelles employées sur le document, conscient de lui-même ne pas être un expert en la matière. Loin de là même. Il nota l'air de rien que plusieurs "blancs" étaient encore présents sur le document. La jonction entre la toundra et la banquise, le bosquet de Nyssa, la frontière perracienne et toute une partie des plaines manquaient. Incluant la localisation de sa tribu. Néanmoins il réalisait petit à petit la valeur d'un tel document, certainement plus détaillé qu'il n'en avait jamais vu chez les Moj'Hauk ou à Kastalinn. Il prit également conscience d'une route dessinée partant du Nord des plaines et allant se perdre vers l'entrée des Fjords où était griffonné le nom du clan Saekonungr. Jamais il n'avait entendu parler de cette voie pour rejoindre les villages des nordiens côtiers.

Nyssa s'approcha à son tour, voletant près de l'oreille du nain en essayant de comprendre les dessins qu'elle avait sous les yeux. Néanmoins, ne sachant ni lire ni se repérer dans les cités, elle se pencha de plus en plus sur les illustrations de montagnes qu'au moins elle espérait reconnaître. Jusqu'à ce que Doebroksh ne l'écarte doucement, revenant au point indiqué par le nain. Puis du regard il remonta de ce lieu jusqu'à Fimbulvetr. Cela semblait concorder.

- Nous feront un détour par ce point, expliqua le minotaure après avoir très longuement étudié le document.

Ce faisant, il pointait le symbole d'un village dénué de nom, non loin du trajet indiqué.

- Il s'agit du village du clan Hafri, expliqua-t-il. J'ai du matériel pour eux.

Haussant l'épaule, il fit référence aux outils dont une partie avait roulé à terre lorsqu'il avait percuté le nain. Aussi, après un instant de silence, il reprit.

- Tu vas toi aussi à Kastalinn. Nos chemins seront similaire un bonne partie du trajet. Pourquoi ne pas voyager ensembles ? Le trajet serait plus sûr.

Le minotaure se redressa, la fée le dévisageant avec surprise. Elle connaissait l'animosité qu'éprouvait l'hybride vis à vis de cette race. Cela dit, elle le savait aussi capable de pragmatisme : la route était en effet plus sûre en groupe. Et cette carte comme la spontanéité de THorek à lui suggérer un trajet sur celle-ci avaient dû influer son jugement.

- Tu as dit ne pas être d'ici, reprit-il comme le nain rangait son papier. Si ce n'est pas indiscret. Qu'es-tu venu faire si loin des Baldors, Thorek sreve... ressevr... Sveresson, du clan Drogund ?

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      A peine Doebroksh avait-il terminé ses explications que Thorek avait dégainé un bout de charbon pour noter les détails qu’il venait d’entendre. Toute information était bonne à prendre, même d’un étranger à cornes qui n’était pas vraiment originaire de la région… Du moins jusqu’à ce qu’il en vérifie l’exactitude de ses yeux vus.

      Une fois à peu près satisfait des notes qu’il venait de prendre et que le trajet semblait prendre forme, le nain remballa la carte. Puis vint la proposition du minotaure :

      Pourquoi ne pas voyager ensemble ?

      Un voyageur raisonné aurait aussitôt répondu oui, surtout au vu de la dangerosité de la faune locale. Mais pour Thorek, cette proposition vint le cueillir sur le fait. C’était qu’à la base, il souhaitait juste obtenir des informations sur la topologie locale et/ou quelques indices !

      « Eh ? sursauta le nain. Voyager à deu… Trois ? »

      Thorek fit passer son regard de la fée au minotaure à quelques reprises avant que son interlocuteur ne continue :

      « Si ce n'est pas indiscret. Qu'es-tu venu faire si loin des Baldors, Thorek sreve... ressevr... Sveresson, du clan Drogund ? »

      Le nain en cligna des yeux une demi-douzaine de fois. La majorité à chaque tentative du mammifère placide de prononcer son nom. Une fois ce dernier annoncé proprement avec le nom du clan en prime, Thorek finit par reprendre ses esprits :

      « Heum. Eh bien, l’idée est… pas mauvaise en fin d’compte. Mon aller jusqu’ici ne fut pas d’tout repos, comme tu peux t’en douter. »

      Le nain se mit alors à murmurer dans sa barbe :

      « En même temps, si j’avais pris la route principale depuis Kastalinn, ça aurait été plus simple. »

      Avant de revenir vers son interlocuteur.

      « Et pour répondre à ta question, j’explore pour le compte de mon peuple » – répondit-il avant de lever sa carte à nouveau – « Ces bouts de papiers ne se noircissent pas tout seul ! Et j’imagine que tu es v’nu ici pour lesdits outils ? »

D'un signe de la tête, le minotaure invita Thorek à prendre la direction des portes de la cité. Il fronça le mufle sans comprendre lorsque le nain bougonna quelques paroles à voix basse, mais ne releva pas ce comportement singulier.

- Et pour répondre à ta question, j’explore pour le compte de mon peuple.

Comme il levait son document, Doebroksh fit le lien avec la carte que lui avait présenté d'explorateur.

- Ces bouts de papiers ne se noircissent pas tout seul ! Et j’imagine que tu es v’nu ici pour lesdits outils ?
- Je… oui, répondit Doebroksh après un instant, prit de cours par le demi-tour oral du nain.

Il attendit quelques instants avant de développer sa réponse tout en avançant, les bâtiments défilant autour d'eux comme ils approchaient des murs. Bâtiments qu'il remarquait avoir plusieurs étages tout en étant de moins en moins hauts. Contrairement aux énormes édifices du cœur de la ville. Fimbulvetr était à l'image des peuples y résidant : forgée dans la glace et taillée pour la guerre. En cas d'assaut, les assaillants devraient verser du sang pour chaque mètre gagné. En progressant et capturant les bâtiments, l'ennemi serait toujours dominé par les défenseurs du suivant, surélevé.

- C'est pour… les outils, hésita-t-il en s'efforçant de rester concentré plutôt que s'attarder sur ce qu'il venait de remarquer. Oui. Plusieurs d'entre eux ne jurent que par un artisan local. Et ils y mettent le prix.

Relevant le museau, il jeta un œil aussi neutre qu'il put à l'une des sentinelles des portes comme ils les franchissaient.

- De plus je souhaitais découvrir le Poing du Nord, ajouta-t-il. Ses différences avec Kastalinn aussi. Que plus d'une fois, on m'a évoqué.

Lorgnant par-dessus son épaule, il jeta un dernier regard noir à la forteresse qu'ils laissaient derrière eux.

- J'ai rarement été aussi déçu, lâcha-t-il sans cacher la colère sous-jacente qui l'animait. Cette ville n'est pas costopo… cosmopil… heu… cosmopolite. Et il n'y a pas besoin de chercher bien loin pour deviner pourquoi. Enfin…

Réprimant un soupir, il secoua la tête.

- Je parle trop, déclara-t-il en lorgnant le nain à son côté.
- Oui ! Plaça la fée voletant entre eux deux.
- Sur le document que tu m'as montré, reprit-il toutefois en ignorant cette interruption tout comme la mine excitée de Nyssa, j'ai repéré Fimbulvetr. Mais pas grand-chose de ses alentours. Pourtant, tu rentres à Kastalinn. Il y a une raison à cela ?
- C'est vrai que les nains vivent sous terre et mangent des cailloux quand ils n'ont plus de champignons ? Intervint à nouveau la fée.

Doebroksh lui jeta un regard perplexe comme elle ne laissait pas Thorek en placer une. Elle devait pourtant connaître les réponses et aurait pu poser ces mêmes questions plusieurs mois auparavant à Thauthaudarmurfur lors de leur aventure maritime… Encore que, ils n'étaient alors pas seuls. Peut-être avait-elle alors hésité…

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      Écoutant Doebroksh en le suivant jusqu’à la porte, Thorek acquiesça notablement quand le minotaure mentionna le besoin d’un artisan local. Le nain ne pouvait qu’abonder en ce sens. Lorsqu’un artisan nain savait se montrer maître dans son art, les clients venaient de loin.

      Doebroksh hésita un peu sur quelques mots complexes, mais le nain ne releva pas ce fait. Il lui avait fallu un bon mois avant de prononcer le mot « sensibilité » dans autre chose que le langage nain. Néanmoins, ce qu’avançait le minotaure à propos de l’ouverture des villes nordiques le surprit un peu. Mais avant qu’il ne puisse répliquer, le duo enchaîna plusieurs phrases rapidement :


       « Sur le document que tu m'as montré, j'ai repéré Fimbulvetr. Mais pas grand-chose de ses alentours. Pourtant, tu rentres à Kastalinn. Il y a une raison à cela ?
      — C'est vrai que les nains vivent sous terre et mangent des cailloux quand ils n'ont plus de champignons ? »

      Le nain eut un moment d’absentéisme, son regard hésitant à dévisager la fée qui se tenait non loin avec un air interrogateur. Puis, il s’ébroua à moitié avant de répondre :

      « Eh bien… Commençons par toi » – indiqua Thorek en pointant Doebroksh – « Mon travail ici est loin d’être fini, oui. Mais il a commencé. Et étant donné qu’il s’agit des premières cartes des lieux, je tiens à envoyer les premières versions à mes supérieurs à Baldorheim. Or, c’n’est pas ici que les courriers s’échangent… »

      Le nain effectua un quart de tour vers la fée.

      « Quant à toi… Non. »

      Au vu de la taille de l'être voletant, Thorek pouvait difficilement ressentir une forme de rancune après avoir été questionné de la sorte, mais il n'allait pas se montrer aimable pour autant... Des cailloux, ce qu'il fallait pas entendre.

Des versions, lui expliquait le nain. Mais des versions pour quoi faire ? Quel était l’intérêt de transmettre un travail inachevé ? Une tâche était terminée ou elle ne l'était pas. Le minotaure ne comprenait tout bonnement pas la logique derrière la motivation du Drogund. Cependant, il avait prononcé son explication avec tant de certitude qu'il ne chercha pas à remettre sa volonté en question.

- Ah, donc vous ne vivez pas sous terre, mais vous mangez bien des cai...
- Ne te fais pas plus bête que tu ne l'es Nyssa, intervint toutefois l'hybride d'un ton las. Tu as déjà côtoyé un nain durant plusieurs jours. Il se nourrissait comme toi et moi.

La fée lui décocha une mine boudeuse mais s'abstint de répondre. De son point de vue, elle n'avait fréquenté qu'un seul nain. Et un excentrique qui plus est. Il ne pouvait pas être représentatif de toute son espèce et aller à l'encontre de ce qu'elle s'imaginait depuis toujours. Accélérant le battement de ses ailes, elle se contenta de voler en avant des deux marcheurs sans plus dire un mot.

Après cela, Doebroksh pu discuter avec Thorek tout en marchant, progressant sur la route enneigée au fil des heures. Bien vite, il devina que le nain n'était pas beaucoup plus bavard que lui, tout deux pouvant se contenter de marcher en observant le paysage pendant une bonne demi-heure sans prononcer le moindre mot. Ce qui lui convenait parfaitement.

Lorsque la nuit tomba, le petit groupe se réfugia dans un bosquet attenant de la petite route. Similaire à celui où il avait rencontré la fée, laquelle se désola de ne pas y trouver d'autre représentant du petit peuple. Le nain et lui n'étaient toutefois pas les premiers à y faire escale : ils y trouvèrent un cercle de pierre entourant des tas de cendres à moitié recouverts par la poudreuse. D'autres voyageurs venaient occasionnellement y faire escale. Ils trouvèrent d'ailleurs à proximité une cache de bois sec déjà préparé pour allumer un feu, qu'ils exploitèrent sans trop se poser de questions. Ce n'est qu'en repartant qu'ils coupèrent à leur tour du bois qu'ils entreposèrent là pour les prochains voyageurs.

La suite du trajet fut tout aussi calme que l'après-midi passé, les collines enneigées défilant au grès des lacets du chemin. Ils croisèrent bien quelques voyageurs, nordiens la plupart et qui leur adressèrent tout juste un salut de la tête. La journée passa, monotone. C'est en arrivant à un énième embranchement le lendemain que Doebroksh devina être arrivé au point où Thorek lui avait conseillé de bifurquer pour économiser quelques jours de trajet. Dubitatif, le minotaure lorgna le sentier bien moins emprunté. Le sens de l'orientation du minotaure ne le trompait jamais : il s'agissait de cet endroit, même s'il semblait se perdre dans les collines blanches. Finalement, ils s'y engagèrent sans qu'il ne remette en doute le document de Thorek. Lui-même l'avait constaté sur la carte : ce chemin contournait la contrée escarpée et sinueuse qu'il avait utilisé à l'aller s'il débouchait bien à l'endroit prévu. Ce qui fut le cas, laissant le minotaure d'autant plus impressionné par la précision des cartes de Thorek. Et de plus en plus désireux de lui en acheter un exemplaire lorsqu'il aurait achevé sa cartographie du Nord du pays.

Doucement, la neige se fit plus éparse, des touffes d'herbe grasse se frayant un chemin à travers le manteau blanc. Profitant d'une pause un après-midi, le rôdeur laissa seul le nain et la fée garder ses bagages, s'en allant chasser de quoi constituer de nouvelles provisions. Un peu plus d'une heure après il revint, portant la carcasse d'un sanglier de belle taille. Il passa le reste de la journée à le vider avec l'aide du nain, récolter sa chair et fumer celle-ci afin qu'elle se conserve aussi longtemps que possible.

Le lendemain, c'est Doebroksh qui leur fit prendre une nouvelle direction, quittant la route de Kastalinn. Ils bifurquèrent vers l'Est. La demeure du clan Hafri.

- J'apprécie ces nordiens, confessa-t-il au nain comme ils progressaient sur leurs terres. Leurs valeurs sont plus proches des nôtres que celle des hommes de Fimbulvetr. Ils travaillent et respectent la terre. Élèvent leur bétail et font du commerce avec le Sud. Ils vivent pacifiquement. Pas comme ces... barbares... des terres gelées.

La rancœur était perceptible dans le ton qu'employait le minotaure en observant les premiers champs de céréales au loin.

- Également je trouve curieuses certaines de leurs demeures.
- Celles avec de l'herbe sur le toit ? intervint Nyssa.
- Oui, répondit-il. Des minotaures ne pourraient pas vivre dans pareil habitat. Mais je trouve cela très ingénieux.

Se tournant vers Thorek, il songea alors en pensant à voix haute :

- En tant que nain, je pense qu'à toi aussi elle te plairont.

.
      Du point de vue du nain, Doebroksh s’était révélé tolérable au quotidien. Ce qui, au vu du nain dont on parlait, voulait dire plus qu’on ne l’imaginait.

      Dans les faits, Thorek avait surtout apprécié le côté taciturne du minotaure. N’étant lui-même pas un grand bavard, tailler le bout de gras aurait été bien vite difficile entre les deux énergumènes. Et étant habitué à une vie en solitaire, le silence avait lieu de normalité pour l’explorateur.

      Thorek garda tout de même un œil sur la fée qui les accompagnait. D’une parce qu’il voulait s’assurer qu’on ne lui chipe rien de valeur, mais aussi parce qu’il ne faisait pas vraiment confiance à être volant de petite taille qui ne savait même pas ce que mangeait sa race.

     
      Après avoir dépassé les montagnes de Kanaan en utilisant un passage peu emprunté mais ô combien utile (même si un bon vieux tunnel aurait été plus pratique), Thorek fut surpris une nouvelle fois par le minotaure. En effet, ce dernier se révéla être une source d’informations tangibles sur la topologie des plaines d’Aran. Certes, Doeborksh en était originaire, c’était donc logique qu’il connaisse sa région natale. Mais il y avait plus de subtilités qu’il n’y paraissait en ces plaines si plates. Étangs et marécages parsemaient la région et un voyageur peu averti pouvait facilement se retrouver perdu au milieu de rien et sans repère plus tangible qu’un talus plus haut qu’un autre. Et en voyant Doebroksh faire, Thorek se fit la réflexion que lire la plaine et la comprendre relevait un peu de l’expertise des filons de minerais : il fallait s’armer de patience et surtout, surtout, être attentif aux détails.

      On avait beau y voir jusqu’à l’horizon, il était facile d’oublier qu’un animal local pouvait passer inaperçu ici et vous prendre en embuscade. L’excès de confiance en ses sens avait eu raison de plus d’un voyageur en ces lieux.

     
      Quelques jours de voyage plus tard, Doebroksh fit part de son ressentiment envers les nordiens qu’ils avaient quittés tout en indiquant qu’il préférait ceux du clan local. Sur le coup, Thorek ne comprit pas vraiment le point de vue du minotaure. Les nordiens plus au Nord avaient aussi leur bétail et dépendaient encore plus de leur environnement pour survivre envers lequel ils montraient un respect certain. Plus d’une fois le nain avait-il vu des membres du clan Boendr revenir d’une chasse en vantant les mérites de leurs proies et en les honorant par divers rituels… Néanmoins, ce fut le mot « pacifique » qui fit tiquer le nain, car effectivement ce n’était pas trop ça là-haut.

      Ces différences de point de vue par rapport à son monde naino-centrée donnait presque la migraine à l’explorateur. Tant de complexité par rapport aux modes de pensées naines… Mais il paraissait que c’était dans cette diversité qu’on trouvait des richesses. Alors bon, autant continuer à chercher.

      La discussion continua et une mention aux maisons locales intervint.

       « En tant que nain, je pense qu'à toi aussi elles te plairont.
       — Au vu d’la description j’en doute un peu, grommela le nain pour lui-même. Un toit en herbe ? Pfah, umgak ! C’pas assez solide ça. »

       Puis le nain put les apercevoir par lui-même. Il eut une moue légère.

        « Mouais, s’ont un toit vert quoi. S’ils espéraient se cacher, c’est moyennement réussi. Au final, j’vois difficilement l’intérêt du truc. »

       Alors qu’ils entraient dans le village du clan Hrafni (s’il avait bien compris le nom), Thorek avait dégainé quelques notes pour noircir un peu plus ses rapports de reconnaissances. A première vue, il s’agissait d’une communauté tournée sur la culture de céréales locales. A part un peu de houblon, rien de stratégique ne ressortait vraiment. Ils avaient quelques défenses mais on était bien loin des remparts de Kastalinn, seule structure potable de la région. Un point sur une carte pour ses supérieurs à n’en pas douter.

       Tandis que le nain observait distraitement les lieux pour tenter d’y déceler une quelconque nouveauté, il s’adressa au minotaure :

       « T’as dit plus tôt que les locaux vivaient « pacifiquement ». Tu veux dire quoi par ça, qu’ils ne savent pas se défendre ? Ou qu'ils essaient d'ignorer les menaces environnantes ? Ils ont pourtant quelques tours de guet… »

       Le concept de paix étant complètement étranger au nain – pour qui savoir manier une arme était à la base des devoirs d’un membre de sa race – il était un peu perdu par tout cela.

- ...Au final, j’vois difficilement l’intérêt du truc.

Le minotaure secoua la tête de dépit. Thorek manquait totalement l'intérêt réel de ces structures semi-enterrées. Et mettait de lui-même en évidence ses lacunes quand à "la vie en surface" comme il aurait put la nommer.

- C'est pour l'isolation, expliqua Doebroksh après un moment. L'humus abrite l'intérieur du froid lors des tempêtes de neige. Sans qu'ils n'aient à renforcer les murs ou en tapisser l'intérieur de fourrures.
- Et c'est très joli ! Ajouta la fée voletant entre eux.

Mais le nain n'écoutait plus. Griffonnant sur un morceau de parchemin, il prenait visiblement des notes sur ce qu'il voyait. Sans cesser de marcher, sa barbe tressautant à chaque pas.

Ils passèrent donc les premières masures semi-enterrées sous les regard mi-surpris mi-méfiant de quelques personnes d'un âge avancé. Ils longèrent un muret jusqu'à une intersection au sein du village, marquée par un arbre imposant où était adossé un banc grossier, quand Thorek reprit :

- T’as dit plus tôt que les locaux vivaient « pacifiquement ». Tu veux dire quoi par ça, qu’ils ne savent pas se défendre ? Ou qu'ils essaient d'ignorer les menaces environnantes ? Ils ont pourtant quelques tours de guet…
- Je voulais dire qu'ils ne sont pas agressif avec les étrangers, répondit le minotaure d'un ton amer. Ce qui est le cas de plus d'un… et puis je n'ai jamais entendu parler de Hafri se livrer au pillage. Il en sont plus victimes.

Il marqua un temps d'arrêt, se tournant vers la seule coline du village. Quelques pierres dressées y avaient été élevées en hommage aux dieux Nordiques.

- D'ailleurs, reprit-il, beaucoup d'entre eux rejoignent la Milice de Kastalinn. Comme Jumson, la personne m'ayant introduit auprès de ce clan. Et…
- Regardez ! s'écria brusquement une voix fluette. C'est Doe' !

Pivotant, les visiteurs virent un groupe de trois enfants accourir en sortant d'une masure. Pas intimidés le moins du monde par l'imposant hybride ou le nain inconnu l'accompagnant, ils les entourèrent rapidement, interrogeant le Moj'Hauk et la fée sur leurs voyages. Le moins grands du gang, faisant preuve d'une curiosité maladive, se permit même un regard dans l'un des sacs du minotaure.

- J'ai capturé pour ce clan un lapin d'Aran, déclara Doebroksh à l'intention de Thorek pour justifier cet engouement des enfants nordiens. Des bêtes de cette hauteur là. Et… et bien depuis les gosses m'aiment bien.

Il illustra ses propos en levant la main à presque un mètre quatre-vingt, au-dessus de la fille du petit groupe.

- Il n'était pas plus petit celui que tu as capturé ? Le reprit Nyssa en croisant les bras sans cesser de voler.

Agitant la main comme pour chasser des insectes, le minotaure retroussa les babines d'amusement. A l'adresse du nain, il insista :

- Ses bois étaient encore plus haut. Enfin. Dis moi petit, déclara-t-il en interpellant l'un des enfants. Est-ce que Jumson ou Katheron sont là ? Peux-tu aller leur indiquer que Doe veut les voir ?

Toutefois le gamin secoua la tête négativement. C'est la seule fillette du groupe qui leur répondit après avoir consulté le troisième de la bande du regard :

-  Kath' est à Kastalinn et Jumson l'est partit avec Tonton Borgür au pré du ruisseau. Y ont un esprit du vent qui fait des bêtises.
- Un esprit du vent ? Répéta le rôdeur, stupéfait. Qu'est-ce que c'est que cela ?

Ce à quoi la petite haussa les épaules. Il lui en demandait beaucoup...

.
     La description des locaux rassura quelque peu Thorek. Au moins, ce clan Hafri (cette fois au moins il avait retenu le nom) n’était pas complètement inconscient. Même si d’après ce que disait le minotaure, il n’avait pas la vie facile pour autant.

     Mais alors que Thorek inscrivait cette remarque dans une annexe de ses notes sur les « coutumes d’un Umgi du Nord » une série d’exclamations se firent entendre alors qu’on venait de toute part pour saluer l’hydride. Adultes comment enfants vinrent alors prendre des nouvelles de Doebroksh et potentiellement du monde alentour. Au milieu de tout cela, Thorek, lui, se contenta de rester en retrait et de ranger ses affaires avant qu’on ne l’assaille de question. La confiance d’un nain était difficile à obtenir après tout.

     L’hybride vint alors expliquer brièvement au nain l’origine de cet engouement à son égard. Et au vu de la description de la bestiole qu’il avait chassée, même Thorek ne put retenir un froncement de sourcils surpris. Des lapins de cette taille existait ? Par les dieux, il allait devoir faire plus attention lors de ses passages souterrains dans la région. Trouver le terrier d’une de ces choses ne devait pas être des plus chaleureux…


     Perdu dans ses pensées, ce fut la discussion entre Doebroksh et un poil-au-menton humain qui finit par attirer l’attention du nain.

     « Kath' est à Kastalinn et Jumson l'est partit avec Tonton Borgür au pré du ruisseau. Y ont un esprit du vent qui fait des bêtises.
     — Un esprit du vent ?  Répéta le rôdeur, stupéfait. Qu'est-ce que c'est que cela ? »

     Faisant marcher sa mémoire en voyant l’air désemparé de Doebroksh, Thorek tenta de s’introduire dans la conversation en remettant son paquetage en place :

     « J’sais pas si ça aide, mais certains étrangers appellent nos Gorak-a-Zharr des ‘esprits du feu’. Et c’pas vraiment des trucs qu’on aime rencontrer. Sont du genre imprévisibles et pas vraiment aimables. »

- Esprits du feu ? répéta Doebroksh d'un ton qui trahissait sa perplexité. Pas aimable ?

Échangeant un regard confus avec le nain puis la fée, il posa son attirail à terre.

- Cet... esprit... était agressif ? interrogea-t-il.
- Un peu oui, répondit le gosse. Il a soufflé un tiers du champ de Tonton. Mais même si Tonton il disait que se serait mieux de faire venir la sorcière de Kastalinn pour régler le problème, Jumson lui y disait : "On va pas déranger la Jarl pour si peu, nous sommes des Nordiques et pas de simples avortons !".

Sa voisine lui fila un coup de coude dans le ventre en pouffant comme il reprenait son souffle, ayant imité la voix du-dit Jumson avec une fidélité assez troublante.

Déposant le reste de ses affaires sur le banc du carrefour, le minotaure se tourna vers Thorek, quelque peu embarrassé.

- Cela m'ennuie de me mêler des affaires des Hafris. D'autant plus en ta présence. Jumson est un bon combattant, mais pas un mage. Et il a le sang chaud, comme les nordiens. Faire venir la cheffe des miliciens résoudre ses problèmes lui ferait honte. Même si c'est nécessaire.

Doebroksh se redressa, s'assurant que sa lance et son arc étaient tout deux bien sanglés dans son dos.

- J'ai un mauvais pressentiment. Esprit du vent ou Gorakazar...

Il passa du nain à la fée, voletant près des enfants.

- Nyssa,cela te dit quelque chose ? interrogea-t-il en quête de réponses. Tu as vécu plus de temps dans la nature que nous tous.

Celle-ci cligna des yeux en papillonnant à hauteur de son regard, avant de croiser les bras et se prendre le menton entre deux doigts.

- Un esprit c'est vivant, réfléchit-elle à voix haute. Pas comme le vent. Enfin si, mais pas vivant pareil. Mmmmh. Sa pourrait être un élémentaire de bourrasques. Ou un sylphe du pôle, mais comme ils existent pas... C'est pas un Domovoï ou un Marnegarn en tout cas ils seraient...

Toutefois, face au regard du minotaure perdant progressivement patience, elle se reconcentra.

- Un aérotruc sinon. Une de ces personnes qui se prennent pour des magiciens et finissent par partir en fumée. J'en ai entendu parler à...
- Bon peu importe, abrégea le rôdeur. L'un de vous peut-il me guider jusqu'à eux ? Au pas de course ?

Après un regard hésitant envers le nain dont il perçut l'intérêt, il se reprit comme la jeune fille hochait vigoureusement la tête :

- Nous guider ? Toi, dépose tout ça chez Katheron ! On revient !

Lorsque l'un des gamins se pencha sur le sac du minotaure et entreprit de le soulever, ayant l'intention de le porter à son destinataire, il fronça les sourcils. Il eut beau s'arc-bouter et souffler comme un bœuf devenu écarlate, rien n'y fit. Les marchandises apportées par le rôdeur depuis Fimbulvetr étaient tout bonnement trop lourdes pour lui.

.
      La proposition de Thorek ne semblait pas avoir fait avancer le schmilblick. Pas vraiment surprenant, puisque personne de présent n’avait vu la bestiole au moins une fois dans sa vie.

      Doebroksh finit par prendre les choses en main et lança quelques ordres expéditifs mais simple. Mais, alors qu’ils allaient partir, Thorek remarqua que le petit poil-au-menton avait un mal de chien à porter le sac du minotaure.

      Dans un grommellement contre la futilité du jugement des jeunes et des humains, le nain fit un quart de tour et récupéra certains des outils les plus lourds afin d’alléger le sac. Il n’allait quand même pas le laisser abîmer des outils non plus !

      « T’habites où ? » grogna le nain en faisant comprendre au petiot qu’en séparant une tâche, on y arrivait plus facilement.

      Le bambin indiqua une des masures à moins de vingt mètres.

      « Je vous rejoins, partez d’vant ! » lança-t-il à Doe et Nyssa avant de filer avec son entrain inexorable habituel.

      Tout en avançant, le nain en profitait pour lancer quelques invectives au gamin afin qu’il balance mieux son poids en courant. Umgi ou pas, on faisait les choses bien.

Constatant que Thorek choisissait d'accompagner le môme auquel il venait de confier ses outils, le minotaure tourna les sabots et invita la fillette à le guider.

Après moins de chemin qu'il l'aurait imaginé, ils découvrirent Jumson et Borgur là où les enfants l'avaient dit : au bord d'un ruisseau longeant un champ. Juste à temps pour voir le milicien être projeté à travers les airs et rouler dans les galets. Il y resta immobile, gisant à moitié dans le mince filet d'eau. Pour autant, nul monstre n'était visible bien que le second nordique gesticulait comme un diable.

Sans attendre en constatant la menace, Doebroksh chargea en beuglant, laissant la gamine derrière lui. Projetant des mottes de terres à chaque enjambée, il fonça sur une créature qu'il commença à discerner en approchant. Elle était quasiment translucide et il lui sembla qu'elle se tournait dans sa direction. Néanmoins lorsqu'il fendit l'air de sa hache, il ne fit qu'agiter son arme dans le vide. Le métal passa à travers la silhouette sans sembler la déranger. L'inverse ne fut pas vrai. L'esprit agita un "bras" en sa direction et, avant que le minotaure puisse se faire la réflexion qu'il avait une forme humanoïde - voire féminine, il fut repoussé par une bourrasque. Une rafale si forte qu'elle manqua de peu de le soulever du sol malgré son poids imposant.

Son intervention eut toutefois le mérite d'attirer l'attention de la chose qui délaissa un Borgur maculé de boue. Désireux de ne pas renouveler l'expérience désagréable, le rôdeur s'efforça de réfléchir à toute allure sur comment gérer cette créature éthérée.

- Esprit ! s'écria-t-il. Tu n'as pas à te battre ! Ces hommes vivent en paix sur ces terres ! Ils ne te veulent aucun mal !

Ce n'est qu'ensuite qu'il se fit la réflexion qu'il venait lui de l'agresser, même si son intention était d'aider les nordiques. Si elle s'en prenait à lui, que pourrait-il réellement faire ? Thorek ou qui que se soit d'autre serait-il en mesure de calmer ou neutraliser cet esprit ?

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      Une fois sûr que le poil-au-menton n’avait pas abimé le moindre outil durant sa course, ce fut à Thorek d’en faire une. Heureusement pour le nain, dont la technique de sprint n’était pas au point et surtout avec son barda, il n’eut pas à aller bien loin avant de retrouver le minotaure. A vrai dire, il n’avait eu qu’à suivre les cris et les bourrasques.

      Lorsqu’il aperçut enfin l’esprit, où plutôt le distingua vaguement dans le paysage, Thorek en sentit ses moustaches se friser. Il y avait de la magie dans l’air ou quelque chose du genre et ça ne lui plaisait pas.

      Voyant aussi que Doebroksh s’époumonait à crier à tout va sur l’esprit pour tenter de le calmer malgré le vacarme du vent ambiant, Thorek hésita un peu sur la marche à suivre. D’un côté, le minotaure était armé et en garde et de l’autre il jouait la carte de la diplomatie ?

      Ce fut les gesticulations du nordien un peu plus loin qui finirent de convaincre Thorek : il fallait agir, ce truc était un nuisible.

      Pioche en main, Thorek s’avança donc pour rejoindre Doebroksh. Les bourrasques tentèrent bien de le déséquilibrer, mais c’était mal connaître le centre de gravité assez bas des nains. L’explorateur fut cependant fort énervé de voir sa barbe partir en tous sens.

      Quand à savoir comment il allait se débrouiller pour toucher ou même blesser du vent, eh bien, il allait devoir improviser.

L'initiative revient à : équipe des aventuriers.
N'oubliez pas de préciser la cible de votre attaque.

Vitesse cumulée des aventuriers : 873

Doebroksh : 1775
Vitesse : 584
Dégâts : 1214


Thorek Sveresson : 2095
Vitesse : 289
Dégâts : 2584




Vitesse : 500

Élémentaire d'air : 1500
Vitesse : 500
Dégâts : 500

L'entité sembla hésiter, ayant manifestement perçu les mots du rôdeur. Son regard sauta de ce nouvel arrivant aux nordiques. Puis à la fée. Et enfin au nain accourant à son tour. De plus en plus d'individus accouraient au bord du ruisseau où avait lieu cette rixe atypique. Interdit, les deux miliciens restaient silencieux, s'efforçant de reculer discrètement en descendant le court d'eau.

- Nous n'avons pas à nous battre, insista Doebroksh. Tu peux repartir. Laisser en paix les habitants de ces terres. Tu...

Le tourbillon d'air tourna à nouveau son attention vers le minotaure s'efforçant de temporiser la situation. Toutefois, comme celui-ci sembla soudain enfler, il réalisa son erreur. La déclaration qu'il venait de faire insinuait que l'esprit était menacé. Que l'hybride faisait preuve de clémence. Sauf que l'un comme l'autre avaient put constater qu'il n'avait absolument aucune arme capable de le toucher.

Rejetant le dialogue du minotaure, l'élémentaire lâcha une nouvelle bourrasque qui si elle ne fut pas suffisante pour le soulever de terre l'obligea à protéger ses yeux en levant les bras.

- Laisse le tranquille ! s'écria la voix aiguë de Nyssa.

Une rafale glacée vint brusquement interrompre celle de la créature immatérielle. Clignant des paupières, Doebroksh constata que la magie de la fée avait eu un impact... insoupçonné... sur leur adversaire. Figé dans une gangue de glace l'enveloppant complètement, il avait effectivement un profil aux courbes féminines. Bras tendus vers le milicien, son faciès abstrait était tourné vers la fée. Toutefois, privé de son pouvoir, la créature prise au piège cessa de voler et tomba au sol où son sarcophage glacial explosa en morceaux.

- Nyssa ! rugit le minotaure en anticipant sa réplique.

Plongeant en avant, ses doigts se refermèrent autour du corps menu de sa camarade. Dans l'instant une trombe d'air lui balaya le poignet, soufflant sa fourrure et lui secouant le poignet. Il roula au sol, s'efforçant de ne pas serrer les doigts pour ne pas la broyer par mégarde. Grognant, il se releva sur un genou, dardant un œil noir vers l'entité sans rouvrir le poing. S'il ne s'était pas interposé, Nyssa aurait pâti de son intervention. A présent il n'était plus question de négocier. Mais lui étaient incapable de blesser un courant d'air et la fée était bien trop exposée pour tenter à nouveau de le geler sur place. Thorek qu'il voyait arriver dans son dos aurait-il la solution à leur facheuse situation ?

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'Attaque - Hybride' :

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      Thorek n’avait pu que tenter de tenir debout face aux bourrasques alors que la petite compagnonne de Doebroksh congelait littéralement l’élémentaire. Cela ne sembla pas avoir plus d’effet que cela, car la bestiole repartit de plus belle tout vent dehors peu de temps après… Mais maintenant Thorek avait une information en plus : ce truc avait un corps.

      Certes, c’était du vent, mais il n’avait pas l’air d’avoir apprécié le coup de froid. Alors, le nain se dit que foutu pour foutu, autant tenter un truc. Et il chargea, pioche devant, vers ce qu’il pensait être la position de l’élémentaire. Ce dernier était toujours occupé à balayer la forme massive du minotaure, probablement pour atteindre la fée, mais ce truc ne regardait pas dans sa direction à lui. Ainsi, Thorek put s’approcher assez pour envoyer un coup qu’il pensait être dans le vent et qui pourtant se révéla un peu plus consistant qu’il n’imaginait.

      Lorsque Marguerite était entrée en contact avec ce qui devait être la forme volubile de l’élémentaire, il y avait eu comme une forme de résistance. Et il lui semblait qu’il y avait des gouttelettes sur sa pioche. Il avait définitivement touché quelque chose tout en passant à travers. Sauf que ce quelque chose venait de reculer pour se repositionner.

      « Ah, krut » jura Thorek avant de se faire souffler le visage par une tornade miniature. Le nain faillit en perdre sa capuche.

      Néanmoins, il nota quelque chose, le vent était moins fort qu’avant, plus diffus et la bourrasque tournait au brouillard. D’ailleurs, il faisait plus froid aux alentours de Doebroksh depuis l’intervention de Nyssa.

      Thorek additionna quelques éléments et se pencha au sol, feignant d’être trop fatigué pour tenir debout. L’élémentaire enragé tomba dans le panneau et replaça son attention sur la fée qui l’avait si honteusement touché précédemment et… se prit une boule de neige.

      Forcément, l’élémentaire à la consistance maintenant peu tangible braqua son regard sur le nain goguenard qui préparait déjà un autre projectile. Apparemment, ce truc n’aimait pas le froid trop brutal, c’était peut-être pour ça qu’il était si agité, l’hiver sonnait presque comme une mort lente pour lui alors il s’activait. Mais le nain n’en avait cure et envoya une deuxième boule de neige sur la figure qui gouttait presque à présent.

      « T’en veux encore ? » indiqua le nain en se baissant pour ramasser une autre boule de neige.

      Apparemment non, puisque dans un cri plaintif, l’esprit s’en alla dans le lointain, vers les sables chauds du Sud.

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'Attaque - Nain' :

Les joueurs l'emportent. Ils gagnent 20 points d'expérience, 15 pièces d'or, 1 fiole d'air élémentaire.

Le RP peut continuer.

Hébété, le minotaure cligna des yeux en suivant du regard le tourbillon d'air tout juste discernable. Les boules-de-neige de Thorek avaient suffi à le mettre en déroute. Comment cela avait-il pu être aussi simple ? Comment une créature d'air pouvait-elle faire preuve de vulnérabilité face à de la simple neige ? Cette énigme était trop complexe pour l'hybride qui secoua la tête en maugréant. Qu'importe le pourquoi du comment. L'esprit élémentaire avait déguerpi et n'était pas près de revenir tant qu'il y aurait de la neige, soit avant un bon moment.

- Hé bé, nous vous devons une fière chandelle à tous les trois, commenta le nordique en approchant du trio improbable.

Son expression trahissant sa confusion, Jumson cherchait du regard l'entité éthérée. Mais bien vite il afficha un grand sourire reconnaissant.

- Fichu élémentaire, grogna le "tonton Borgür" en se massant une épaule. Sa fait une bonne semaine qu'il me casse les pieds à chaque fois que je passe sur mes propres terres.

Se tournant vers Thorek, il hocha la tête.

- Merci pour le coup de main. Ce machin m'aurait fait du grabuge jusqu'à la saint glinglin en plus de nous coller une raclée...
- On aurait dit une femme, intervint Nyssa en époussetant ses ailes.

Elle était assise dans la paluche du minotaure silencieux, paume vers le ciel. Secouant la tête, elle insista sans s'adresser à quelqu'un en particulier :

- Une aérotruc. Une magicienne qui sait pas faire de la magie. Elles font n'importe quoi et finissent par devenir un sortilège...
- Certes... répondit Jumson sans trop savoir quoi répondre à l'affirmation de la fée. Quoi qu'il en soit, vous n'avez rien de cassé ? Permettez-moi de vous inviter à déjeuner, c'est la moindre des choses après ce que vous venez de faire pour nous !

Doebroksh balbutia, un peut prit de cours entre la question du milicien et son invitation. A part avoir été un peu ballotté, il n'avait rien. Jetant un œil à Thorek, il hocha la tête d'approbation.

- Avec plaisir. Je meurs de faim à vrai dire. Et je suis curieux que tu me dises comment ce porte le lapin que je vous ai rapporté.

Désignant le nain, il poursuivit :

- Mon ami ici présent s'appelle Thorek Sv... du clan Drogund. Explorateur et cartographe. Thorek, voici Jumson - un Milicien Kastalinnois tout comme moi - et Borgür, le propriétaire de ce champ. Ah et j'allais oublier, j'ai les marchandises de Katheron !
- Bien bien, répondit Jumson. Il sera ravi.

Puis à l'adresse de Thorek il ajouta :

- Cartographe hein ? Je suis curieux de voir ces cartes autour d'une bonne chopine. Nous n'en avons guère par ici et nous fions plutôt à ce que l'on connaît des environs qu'à des morceaux de papier...