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    Une délégation diplomatique pour un premier contact. Et l’Imperator avait jugé bon de l’y envoyer.

    Il y avait des jours comme ça où même Thorek doutait temporairement de la perspicacité de son dirigeant. Temporairement néanmoins, si cet ordre avait été donné, c’est qu’il y avait une raison derrière. Mais autant l’explorateur comprenait le choix de Ragnör, autant le sien restait plus flou. On a besoin de cartes de la région, lui avait-on indiqué pour répondre à sa surprise. Mouais, s’ils le disaient.

    Forcément, vu les conditions, le voyage fut éprouvant et ce malgré la condition naine de Thorek. Il avait l’habitude de marcher au frais, sur de la roche, dans une semi-pénombre et dans des endroits étriqués, pas en plein milieu d’un désert, sous un soleil de plomb et sur du sable. Quand même, qu’est-ce que c’était que ces températures ? On se croirait à côté d’une forge ! Il y avait de la lave sous le sable du désert ou quoi ? Même Ragnör, pourtant plus habitué à la surface n’était pas en meilleur état. Ah ! Lui qui voulait voir Stellaraë, le nain avait pour ainsi dire été vacciné de cette envie pour un bon moment. Et ce ne fut pas la forêt qui améliora le tempérament de l’explorateur khazarien.

    Seul point positif, son métier de mineur lui avait peut-être bousillé le dos, mais il restait capable de porter de lourdes charges sans être trop gêné. Ainsi, Thorek avait récupéré le gros des provisions pour épargner à Ragnör le sort terrible qu’était une colonne vertébrale endommagée.


    Une fois bien engagé dans la forêt Sylfaën, et s’être pris toutes sorte de branches sur le front et les pieds, Thorek était finalement en pire état que durant la traversée du désert. Quand même, autant le sable ça se comprenait, mais on n’avait pas idée de faire un sol mou et vert recouvert de feuilles qui cachaient les aspérités.

     Ainsi, quand Ragnör proposa de faire une pause après avoir passé un village de locaux qui les avaient regardés de loin, Thorek acquiesça en soupirant lourdement. Sa carcasse vint alors s’effondrer sur le sol de la clairière (après avoir méthodiquement aplati une zone d’herbe autour de lui pour lui donner un minimum syndical de planéité), mais à bonne distance de la canopée. Il ne voulait pas approcher le moindre arbre de trop près lorsqu’il se reposait.

     Le nain retira alors sa capuche, le casque étant une fort mauvaise idée sous le soleil avait-il appris. Puis il entreprit de récupérer ledit casque afin de s’en servir comme bol pour un repas frugal à base de pain et de fromage. Certes, au vu de la pièce d’armure, cela revenait à manger dans une assiette en porcelaine cerclée d’or, mais c’était une vieille habitude de mineur.

     « Excepté les quelques individus que nous avons aperçus tout à l'heure, c'est très calme pour l'instant. Je m'attendais à une faune locale beaucoup plus importante, comme quoi. Qu'en penses-tu, de cette région ? »

     Thorek jeta un œil à son collègue par-dessus son épaule en mâchonnant (ou broyait) un bout de pain de pierre. Avec un grommellement, il farfouilla dans une poche de son sac de voyage et en sortit une des cartes qu’il avait tenté de dresser au cours de leur périple. L’examination prit quelques secondes au bout desquelles le nain se remit à gribouiller des notes dessus tout en répondant au thériantrope :

     « Sans surprise, j’ai connu mieux… Tu m’entends assez râler dans ma barbe pour savoir c’que j’en pense. »

     Le nain leva alors les yeux pour tenter d’apercevoir l’astre céleste avant de sortir un petit cadran solaire et un compas.

     « Mais ce qui… » – lèvement de tête supplémentaire – « me frustre le plus ici, c’est l’absence de repère. Ces arbres se ressemblent tous, sont tous verts. On n’voit pas de montagnes, pas d’aspérités notables, on a juste ces vagues chemins de terre. Dresser une carte potable d’tout ça tient de l’exploit. »

     Agaçé, le nain soupira de dépit et abaissa sa carte. Son regard se perdit un instant sur les environs et, pour une fois, il écouta les bruits environnants.

     « Après, faut reconnaître que c’n’est pas l’endroit le plus moche au monde. »

     Et il s’en retourna à sa cartographie.

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      Le cri fit lever temporairement la tête du nain, mais surtout parce qu’il n’était pas bien sûr de l’avoir entendu. Il avait une ouïe relativement fine d’habitude (c’est qu’il fallait l’entendre l’eau qui coule sous la roche) mais dans cette forêt cacophonant à tout va, les détails avaient tendance à s’y mélanger.

      Quelques secondes passèrent, rien de bien probant, Thorek s’en retourna à son repas et sa carte. Probablement son imagination.

       « Tiens, il ne semblerait que nous ne soyons pas si seuls que cela. Le premier compagnon que nous croisons à vrai dire ! Bonjour toi, d'où sors-tu ? »

      Ah bah non, pas si imaginatif que ça en fait ce cri. Tout en mordant dans son pain, le nain jeta un coup œil rapide vers Ragnör qui s’approchait d’une petite bestiole noire et blanche sortant des fourrés. Probablement la source du bruit, s’imagina le nain. Bah, si son compagnon voulait s’amuser avec – le nain tenta en vain de trouver de quoi il s’agissait – la faune, qu’il fasse donc. Ce n’était pas vraiment son problème.

      Continuant son décryptage des environs pour en retranscrire la topologie, Thorek mâchonna encore et toujours son repas frugal. Il avait beau en avoir l’habitude, un truc plus consistant, comme une bonne bière naine, lui manquait terriblement en ces contrées lointaines… Puis, le nain remarqua que quelque chose bougeait aux abords de son champ de vision. Une chose noire et blanche. Baissant lentement sa carte d’une main, Thorek se rendit alors compte que le petit animal le regardait avec insistance. Ou plutôt son repas en fait.

      Aussitôt, les yeux du nain s’étrécirent et une moue désapprobatrice vint déformer sa barbe. Et Thorek se déplaça d’un quart de tour, afin de se décaler du possible pique-assiette tout en le gardant à l’œil.

     « Dis, Ragnör, ça mords ces trucs ? » lança alors le nain avec circonspection.

      C’était son repas à lui, non mais… Et ce petit bidule poilu n’avait pas les moyens de payer pour, à n’en pas douter.

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      Ne remarquant pas l’agitation de son camarade sur le coup, Thorek continua à juger le blaireau du regard. Voyant que celui-ci repartait, le nain soupira de soulagement. Néanmoins, pour la forme, il engloutit le reste de son repas frugal sans ménagement. Non mais, il n’allait pas lui donner une raison de revenir en plus !

      Il s’apprêtait à retourner à ses cartes quand la voix du Lüpusànghrën se fit entendre :

      « Je.. Thorek, tu devrais venir voir... »

      L’explorateur comprit alors que son camarade s’était avancé vers l’orée de la clairière, probablement à la suite de l’animal. Normalement, Thorek aurait soupiré longuement avant d’aller voir ce que l’elfe avait bien pu trouver en un lieu pareil. Sauf que là, son ton n’était pas des plus rassurants.

      Thorek récupéra son paquetage en vitesse et, fronçant des sourcils à tout-va, s’en alla rejoindre le technophile. La paluche sur sa pioche en revanche.

      « Allons donc ? lança le nain. La bestiole a fini par te chiper un truc et s’est fichue dans un terrier ou… »

      Et au nain de rester sans voix devant l’humai… Ou pas tant que ça en fait… qui se trouvait devant eux. Instinctivement, Thorek dévia son regard vers le sol avec un hoquètement surpris. Ce n’était pas le genre de spectacle auquel il était habitué, que ce soit par ses origines naines ou par son semi-isolement habituel.

      « Heum, Ragnör… T’aurais pu m’prévenir que les locaux avaient des mœurs de c’genre… Et pourquoi tu m’as d’mandé de v’nir d’ailleurs ?! »

« Heum, Ragnör… T’aurais pu m’prévenir que les locaux avaient des mœurs de c’genre… Et pourquoi tu m’as d’mandé de v’nir d’ailleurs ?! »

Ragnör dut se mordre les lèvres pour se retenir de rire à la réflexion de Thorek. Il avait désormais l'habitude de côtoyer les Nains, et connaissaient leur talent pour sortir des phrases brutes de pomme et pour leur franc-parler. Mais certaines citations le surprenaient toujours, même après plusieurs années de service dans la garde kazharienne.

Dubitatf, l'elfe-thérianthrope regarda la satyre à la peau d'écorce se redresser pour montrer qu'elle n'avait point peur des deux hommes qui se présentaient devant elle. C'était un acte courageux, parce qu'elle était complètement nue, alors qu'eux étaient armés pratiquement jusqu'aux dents... Ce qui pouvait être le cas dans certaines circonstances pour Ragnör. Si on regardait la scène d'un point de vue extérieur, l'on pouvait comprendre que la faune venait de passer d'un état de stupeur et de surprise, à un état de méfiance et de courage, pour montrer qu'elle ne les craignait pas.

Observateur, le technophile regarda la jeune femme et son blaireau d'un œil scientifique, détaillant à la louche les nouveaux venus. Le blaireau était mignon, un beau pelage, et semblait attaché à sa maîtresse. Quant à la satyre, elle devait mesurer dans le mètre 60 et arborait une silhouette belle et fière. Elle était plus petite que l'elfe-thérianthrope, mais plus grande que le nain, qu'elle dépassait de deux bonnes têtes. Et encore, peut-être un peu plus, car ses cornes étaient particulièrement développées, presque stylisées à la manière de certaines arabesques elfiques.

L'habitante des bois sembla se rendre compte à quel point elle était exposée, car bientôt elle tira un morceau de tissu de sa sacoche en bandoulière avant de le passer par-dessus sa tête : une longue et fine robe descendit alors jusqu'aux sabots de la demoiselle, la rendant d'un coup plus civilisée. La nouvelle venue semblait tout droit sortie des bois, et ne semblait pas connaître les us et coutumes des Dùralassiens.

- Je crois qu'elle ne comprend pas lorsque nous parlons. J'ai l'impression que nous avons là une satyre, mi-femme, mi-ovin, mais je n'arrive pas à comprendre pourquoi certaines parties de son corps sont faites avec des composants naturels.. Bois, mousse, c'est la première fois que je vois cela, que ce soit chez des Elfes ou chez des Hybrides. Tu as une idée, Thorek ?

Et, attendant que son compagnon de route lui réponde, il s'accroupit pour s'abaisser à la hauteur du Petit Blaireau, et tendit lentement sa main, en attendant que la créature vienne jusqu'à lui... Ou pas. Il voulait ainsi montrer que les deux Kazhariens étaient amicaux à l'encontre de la demoiselle de la forêt et de son familier.

- Bonjour, Petit gars, je ne te veux aucun mal. Je suis Ragnör, et voici mon camarade Thorek. Ta maîtresse et toi n'avez rien à craindre.

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      Quand la « satyre », comme l’appelait Ragnör, passa enfin quelque chose pour protéger sa dignité, Thorek put alors (prudemment) la détailler du regard sans avoir l’impression de cracher aux visages de ses ancêtres. Il y avait des bases à la galanterie, même chez les nains.

      Et la question de son collègue elfe ne fit que confirmer ce que le nain pensait : il n’avait aucune fichtre idée de ce que ça pouvait être. Le nain tenta néanmoins une réponse alors que son regard oscillait entre le sol et la nouvelle venue. Peut-être qu’en parlant, une idée lui viendrait :

      « Heuu… Hmm… Bah… Nan, là j’suis aussi perdu que toi. Elle aurait eu des « composants » – comme tu dis – plus rocailleux, là j’dis pas. La verdure, c’pas mon domaine. »

      Le nain tenta un autre regard timide tout en serrant machinalement une lanière de son paquetage alors que son camarade se penchait vers la petite bestiole.

      « J’ai souvent entendu les elfes dire que les arbres étaient vivants, mais je ne pensais pas que c’était littéral… »

Thorek non plus, n'en savait pas plus que Ragnör. Comme il l'expliquait lui-même, il avait une grande connaissance des minéraux, mais ignorait tout des végétaux. Il faut dire que les Nains, et particulièrement ceux de la garde kazharienne, passaient le plus clair de leur temps dans les tunnels sous la ville de BaldorHeim, pas de quoi voir un brin de verdure en ces lieux, sauf peut-être du lichen.. Et encore.

« J’ai souvent entendu les elfes dire que les arbres étaient vivants, mais je ne pensais pas que c’était littéral… »

- Effectivement...

Répondit Ragnör d'un ton mi-amusé, mi-perdu. Il se retint de préciser qu'il était lui-même issu d'une branche elfique, même s'il s'agissait là des Elfes des glaces. Le technophile regarda ensuite le mustélidé goûter au met proposé par les deux kazhariens, avant de s'embarquer dans une série d'embardées à droite et à gauche. Il ne connaissait pas bien les blaireaux, mais il avait l'impression que l'animal était content de ces nouvelles présences. Il surprit par ailleurs la dryade esquisser un sourire, avant de se prendre au jeu de goûter à son tour au morceau de pain. C'était une scène étrange, presque bucolique, mais absolument pas déplaisante.

- Elle semble apprécier la maigre ration, c'est plutôt.. Positif j'imagine.

Le thérianthrope continuait d'observer leur nouvelle rencontre. Cette dernière venait de piocher dans son sac de belles prunes jaunes, et en tendit une à chacun des individus. Ragnör prit délicatement entre ses doigts celle qui lui était présentée, et l'approcha jusqu'à ses narines. Il préférait vérifier la nourriture, on n'était jamais trop prudent. Après un instant d'inspection, il se tourna vers monsieur Sveresson.

- Je peux t'assurer que ces prunes ont tout ce qu'il y a de plus normal. Je me doutais que nous n'étions pas en danger si nous goûtions ces fruits, et mon odorat me le confirme : je ne sens aucune trace de poison ou autre substance novice. Nous pouvons les manger sans souci. Elle ne parle peut-être pas, mais elle comprend tout à fait les notions d'échange, visiblement.

Et, comme pour la remercier de cet échange, le Lüpusànghrën inclina légèrement la tête vers le sol en signe de gratitude, avant de croquer dans le fruit. Si son côté elfique appréciait le met, son côté thérianthrope lui trouvait un manque de viande. L'équilibre fit qu'il apprécia la prune, sans en faire toute une folie. Elle était bonne, assurément, et Ragnör pensa que la jeune femme avait dû les cueillir pour son propre déjeuner.

- Je ne sais que vous ne comprenez pas notre langue... Mais, vous habitez ici ? Tenta le technophile en tendant son index vers le sol, l'air interrogatif regardant la propriétaire du blaireau. Il ne savait pas s'il aurait une réponse claire, ou pas de réponse du tout.

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     Et voilà qu’on leur offrait un truc à grignoter maintenant ! Décidément, cette journée tournait à l’étrange de plus en plus vite. Ils n’avaient pas vu âme qui vive depuis des jours qui veuillent en plus les approcher, et voilà que maintenant on échangeait ses rations sans crier gare avec une inconnue complète… L’Ouest avait vraiment des façons bien étrange de voir l’hospitalité.

     En tout cas, alors que Thorek tentait d’appréhender ce qui se passait, regardant avec hésitation le petit fruit qu’on lui tendait, Ragnör pris les devants. Heureusement d’ailleurs, sinon le nain aurait regardé l’offrande encore longtemps. Après l’avoir goûté, le thérianthrope expliqua :

      « Je peux t'assurer que ces prunes ont tout ce qu'il y a de plus normal. Je me doutais que nous n'étions pas en danger si nous goûtions ces fruits, et mon odorat me le confirme : je ne sens aucune trace de poison ou autre substance novice. Nous pouvons les manger sans souci. Elle ne parle peut-être pas, mais elle comprend tout à fait les notions d'échange, visiblement. »

      Un masque de doute continua à recouvrir le visage de Thorek qui passait maintenant sa paluche sur sa barbe en contemplant la prune… Mais on lui avait demandé de jouer la diplomatie et, qui plus est, un nain se devait d’accepter un cadeau (qui était en quelque sorte un paiement pour le pain).

      Ce fut donc un explorateur circonspect qui récupéra avec précaution le petit fruit et entrepris de croquer un bon coup dedans. Le goût sucré ne fut pas désagréable, mais le crac sec qui suivit surpris grandement le nain qui entreprit de recracher dans sa main le noyau brisé du fruit en jurant doucement.

      « Raah, mais qui c’est qu’a eu l’idée d’mettre un truc pareil là-dedans ? »

      Aussitôt, le nain releva la tête et, observant ses deux interlocuteurs du moment avec une légère inquiétude, repris :

      « Mais… Heu, c’pas mal hein. Oui… Oui, y’a potentiel d’en faire quelque chose… Je sais pas, en macération peut-être… »

      Sentant qu’il s’enfonçait de plus en plus, Thorek entreprit de goûter à nouveau en évitant soigneusement l’infâme partie plus dure du fruit alors que Ragnör faisait preuve de bon sens en tentant d’établir un contact.

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      « Apparemment elle ne viendrait pas d'ici, Thorek... Pourtant elle a quand même certains attributs des hybrides du coin, puis cette écorce, cette mousse, ce goût prononcé pour le "naturel"... Oui, je suis étonné. Ou alors je me suis mal exprimé ?
      — Peut-être qu’elle est muette ou quelque chose du genre ? hésita Thorek en se grattant le crâne. J’peux te sortir un peu de papier s’tu veux, pour tenter d’écrire et voir ce que ça donne... »

      L’inconnue sembla ensuite leur indiquer que la terre, c’était non, et les arbres, c’était oui. Bon, bah, jusqu’ici on restait dans les discours habituels des habitants de l’Ouest. Un peu habité par un esprit chauvin, le nain fut tenté de faire la mimique inverse en insistant sur le fait que le sol, si, si, assurément, c’était très bien.

      Toutefois, Thorek ne put se lancer dans cette initiative car il se sentit observé, un peu trop d’ailleurs à son goût. Pire, l’inconnue s’approcha carrément de lui d’un air décidé en levant une main.

      « Heum, Ragnör ? » marmonna le nain

      La main continua de s’approcher en s’orientant paume vers le ciel, la « satyre » gardant un air imperturbable.

      « Ragnör ?! Elle m’fait quoi là ? » s’inquiéta Thorek dont les yeux partaient en tous sens pour trouver une solution à ce problème grandissant. Il n’en trouva pas.

      Encore quelques pas et… Contact avec sa barbe. Elle… Est-ce qu’elle lui grattait le menton ?! Mais… MAIS… !! L’éclat de rire de Ragnör fut la goutte de bière qui fait éclater le tonnelet. Avec des gestes aussi brusques que brouillons, le nain écarta la main de la satyre avant de reculer de deux bons pas.
     
      « Non mais eh, OH ! C’est pas une brasserie ouverte à tous, là ! »

      Aussitôt, les paluches du nain tentèrent de réparer les (très mineurs) dégâts capillaires et, avec cette même frénésie, tenta de garder ses distances avec cette envahisseuse de barbe. Furibond et, quoique troublé, Thorek se tourna vers un Ragnör toujours hilare :
     
      « Eh, au lieu de rire à t’en exploser la panse, va falloir lui faire comprendre le concept d’espace personnel ! Rondudjudenonmais… »

      Un énième pas d’écart faillit mal tourner alors que le nain, obnubilé par sa barbe, glissa quelque peu sur de la mousse avant de se rattraper in extremis. Cela arrêta sa petite fuite et le fit aussi se dire que sa réaction était quelque peu extrême… Après quelques secondes de réflexion, l’explorateur observa l’inconnue et, après avoir pointé sa barbe, fit un non si vigoureux de la tête qu’il en réveilla une vieille douleur entre sa 5e et 6e vertèbre.