Le souci avec le bois de sureaux, c'est qu'il n'est pas suffisamment solide pour certains travaux lourd et Weissaupt est une ruine nécessitant bien plus de travaux très lourd que de légers rafraîchissements, surtout si cette forteresse doit contenir une enfant et un adolescent au sein de ses murs. Certes, le cerisier cumulé allait faire un ameublement exemplaire et une fois traité, lustré et lasuré. Il sera également doux et sans échardes. Le sureau est un bois tendre, mais solide, parfait pour les divers recouvrements et les pièces qui ne supporteront pas constamment de charges lourdes. Une partie des combles et la toiture de la forteresse allaient devoir être refaites et pour cela, il n'y avait pas d'autres options que de piocher dans un matériau plus fiable : le Sapin.

Ce bois est incontestablement le plus solide et le plus fiable pour tout ce qui est construction et rénovation et l'ancien Général allait devoir s'en procurer un bon nombre s'il doit réhabiliter plus d'une aile au sein de Weissaupt. Après tout, en attendant de récupérer sa mémoire et Fort-Bastel, Greil allait devoir accueillir ses anciens ressortissants dans cette ruine qu'il allait devoir réparer intégralement et zones par zones. La première partie, la structure, allait pouvoir bénéficier de bois de qualité, mais Greil savait qu'il allait devoir, tôt ou tard, prévoir pioches et mains d'œuvres pour récupérer minerais et métaux.

Quoiqu'il en soit, notre homme allait devoir couper du sapin pour la première fois de sa vie en cette douce matinée. Guidé par les mêmes bûcherons amicaux lui ayant indiqué ou se trouvait les bosquets de sureaux et de cerisiers, Greil arriva bientôt vers le Bosquet de Sapins pour la première fois. Un bosquet bien plus étrange et massif que les deux précédents. Les sapins sont d'imposant conifères pouvant faire presque soixante mètres de haut là ou un cerisier est un Cérasus atteignant maximum les vingt mètres et le sureau est un simple Sambucus, un arbuste de taille réduite atteignant maximum les cinq mètres. Ce bosquet de sapin avait donc des arbres immenses comparé à ces deux autres congénères, ajoutant artificiellement un sentiment d'oppression devant une telle immensité cachant le soleil en pleine journée.

L'avantage d'arbres aussi immense est qu'il est souvent inutile d'en abattre un. Un bon élagage dans les règles de l'art suffira à produire assez de planches pour une bonne partie des travaux. Si de longues pannes qu'elles soient faîtières ou sablière, s'avéraient indispensable alors Greil réfléchira à couper un tronc complet, mais pour le moment cela ne semblait pas utile. Ce fut donc avec un harnais de sécurité et hautement perché dans les sapins les plus massifs que notre homme coupait des branches d'arbres parfois plus épaisses que les troncs de cerisier et de sureaux qu'il avait abattue de par le passé. Ce fut, une journée, productif bien que difficile à cause de la hauteur. Une journée passée à scier du bois plutôt que le trancher à la hache.

En contrebas à plusieurs dizaines de mètres, le jeune Arthur n'était pas en reste et ramassait les branches de sapins que notre aventurier avait sciés, les chargeant une à une dans la charrette tractée par une certaine licorne noire qui n'avait toujours pas l'habitude de ce travail de bête de somme. Une fois que le jeune milicien indiqua à son ancien mentor que la charrette était pleine, alors que le soleil était sur la fin de sa course, Greil descendit donc de son perchoir avec la plus grande des précautions pour rentrer à Weissaupt avec le jeune Arthur. Dans l'atelier de la forteresse gelée, tandis que du bois de chauffage brûlerait pour chauffer les murs, le sapin récolté sera taillé et découper pour faire les différentes pièces de charpente et les différentes planches sur-mesures nécessaire pour réparer tout ce qui doit l'être.

L'ancien général arrivait finalement à la dernière étape de son voyage journalier, le bosquet de sapins. Notre homme à la charrette aux deux tiers remplie d'autres type de bois et aux traits commençant à fatiguer avec cette journée de travail allait pouvoir commencer sa dernière étape. Contrairement aux travaux fait au sureau et au cerisier, ceux réalisés avec le chêne n'allaient pas bon train. Trop noueuses, certaines planches devaient être refaites et en commençant l'installation des nouveaux chevrons, Greil avait constaté que certaines fermes étaient pourrissantes et devaient être remplacées. Les noues, les entraits et certaines pannes essentielles menaçaient également de ne pas survivre aux travaux et ce fut un triste constat que le général du faire. Presque toute la toiture du fort allait devoir être refaite, impliquant une quantité de sapins astronomique et de longs travaux de construction puis de recouvrement.

Greil allait donc devoir faire ce qu'il voulait éviter : abattre un sapin complètement. Abattre un sapin n'est pas comme abattre un cerisier ou un arbuste de sureau. Ces arbres sont immenses et nécessitent d'être coupé en plusieurs fois, passant par un système de cordage et les coupants de la pointe à la racine. Ce genre de travail allait prendre plusieurs jours et Greil allait devoir s'y prendre à plusieurs fois. La première étape fut donc de choisir le sapin, celui qui donnerait les meilleures planches et les pannes les plus solides. Une étape simple, mais qui se doit d'être soignée si l'on ne veut pas travailler pour rien.

Une fois l'arbre choisi, la seconde étape fut la plus désagréable. Il fallait grimper au sommet des soixante mètres de sapin et après s'être solidement harnaché, il fallait descendre doucement vers le sol tout en coupant l'épais tronc de l'arbre régulièrement en commençant de sa pointe et en descendant vers sa base. Laisser du bois chuter du haut de soixante mètres serait fatal pour le bois et quiconque passant dessous, aussi, il fallait attacher systématiquement la pointe de l'arbre pour le faire descendre au sol. En gros et comme un mauvais jeu de domination sadomasochiste dans un vieux donjon, cette seconde étape serait la reine de la corde et des poulies en plus de paraître infiniment longue pour la personne attachée.

Cette seconde et au combien lente et vertigineuse étape terminée, notre homme put redescendre et s'atteler à la dernière et la plus facile des étapes. Celle-ci serait rapide et ne nécessitait qu'un peu de muscle. Il fallait simplement ramasser et mettre dans la charrette les morceaux du tronc récoltés. Greil s'y attela donc et se préparait à repartir une fois la charrette pleine. Regardant derrière lui, le bosquet de sapin ne semblait pas avoir souffert, hormis un seul arbre dont il manquait le tiers supérieurs. Notre bûcheron reviendra la semaine prochaine pour continuer sur ce même arbre, s'il a encore besoin de son bois. Ce qui sera très probablement le cas.

Cette fois-ci, les travaux de la toiture de Weissaupt allaient bon train. Pas de mauvaises nouvelles sur le sapin récolté la dernière fois que Greil était venu travailler au sein de ce bosquet. Les travaux allaient bon train, mais pas plus vite que prévu malheureusement et la récolte de sapin n'avait malheureusement pas été sous-estimée non plus. Il fallait donc toujours une quantité astronomique de sapin pour refaire toute la toiture, mais également énormément de temps pour tailler les planches de la manière la plus optimale possible pour reconstruire les fermes et les chevrons endommagés. Il serait également de bon ton de refaire le plancher sous la toiture, histoire de travailler celle-ci plus confortablement. Beaucoup de travail en perspective et un arbre entier à découper au final.

Ce fut donc en pensant à tout cela et en s'organisant mentalement pour optimiser au maximum son travail que notre aventurier arriva, presque par automatisme, devant le bosquet de sapin. Celui-ci n'avait rien à voir avec le bosquet de cerisier. La ou le précédent bosquet était respirant, calme et serein avec ses arbres de cinq mètres de haut et tout en fleur. Le bosquet de sapin était toujours aussi étouffant, oppressant avec ces arbres de soixante mètres de haut et cachant le soleil de milieu d'après-midi. Griffure regardait les inquiétants arbres en passant de leur base jusqu'à leur sommet et s'envola. Le jeune griffon voulait sans doute un point de vue moins oppressant de cet immense bosquet tandis que Greil pénétrait au sein de celui-ci, laissant Jais, la licorne noir, brouter calmement a l'orée de celui-ci avec tout son attelage.

Équipé de son cordage et de son équipement pour grimper et découper ces grands arbres, Greil cherchait le seul sapin de quarante mètres de haut dont il manquait la pointe. Une fois l'arbre trouvé, notre ancien général et nouveau bûcheron rompu à sa tache entama son périple d'alpiniste et s'encorda au niveau de la pointe du sapin a découper. Le tout sous le regard médusé d'un griffon en pleine incompréhension qui observait son allié depuis le tronc d'un arbre à peine éloigné. Griffure ne comprenait pas la manoeuvre de son humain sciant des planches et coupant cet énorme arbre et c'est un regard aviaire partagé entre la curiosité et l'incomprehension qui se posait sur l'ancien général qui s'attelait à la tâche de découpe de son arbre. Les branches les plus grosses étant gardées pour de futures planches et les plus fines jetées au sous-bois. Bientôt, ce fut l'aspect félin de Griffure qui reprit le dessus lorsque certaines petites branches contenant quelques pommes de pins tombèrent du haut des quarante mètres du sapin et ce fut un griffon joueur qui retourna le sous-bois en dessous de l'arbre en train d'être découpé pour retrouver sa pomme de pin et l'apporté à son humain, digne d'un chat-chien volant.

Ce fut donc partagé entre la découpe et l'encordage, mais aussi le lancé de pomme de pin à travers le bosquet que notre homme fini sa besogne auprès du bosquet de sapin, ayant coupé vingt des quarante mètres restants. La prochaine visite attaquera le dernier tiers et la souche de l'arbre que notre bûcheron avait choisi. Greil récoltait donc le bois coupé et le positionna dans sa charrette avant de se remettre en route, hésitant entre se mettre en route pour le bosquet de chêne pour la premiere fois où rentrer directement à Weissaupt. Il était secondé par sa licorne, Jais, visiblement agacée d'être pris pour un cheval de somme et Griffure, un jeune griffon fier et transportant dans son bec le trophée de sa promenade du jour, à savoir une pomme de pin.

Ce fut donc au début d'une après-midi bien plus que tranquille que notre homme arriva au bosquet de sapins. Cet endroit, toujours aussi oppressant malgré la présence prononcée du soleil à son zénith, changeait radicalement du bosquet de cerisier. Cependant, notre homme avait une tâche précise à y accomplir. La toiture de la forteresse gelée de Weissaupt dépendait de cette récolte faisant suite aux précédentes. Le sapin que notre homme avait entamé allait enfin être terminé, et ce, dès que Greil l'aurait de nouveau localisé. Comme une tache de lumière dans ce monde obscur, le sapin d'à peine vingt mètres de haut fut rapidement localisé dans cet environnement de géants de soixante mètres en moyenne.

Une fois devant son dernier tiers d'arbre géant, Greil dut se résigner à finir cette dernière partie du tronc pour fini la charpente de son habitation. Procédant comme à son habitude du haut vers le bas de l'arbre, notre homme ne s'arrêta qu'une fois la souche atteinte. Ce fut donc après de longues heures de découpe qu'il ne restait, au milieu de ce bosquet de sapins, qu'une souche sur l'un de ses membres qui allait permettre à lui seul de protéger du froid toute une famille juste en soutenant la toiture de leur habitation. Il devait être environ seize heures désormais et Greil avait enfin fini la découpe de son arbre, laissant juste une souche dont il allait devoir s'occuper après avoir chargé et compléter la récolte de sa carriole du bois fraîchement recueillit.

S'occuper d'une souche aussi imposante n'est pas une partie de plaisir et la destruction chimique de celle-ci est juste inenvisageable pour une raison très simple. Si Greil tuait cette souche avec du sulfate d'ammonium, il serait alors impossible de faire pousser quelque chose derrière. Hors notre bûcheron avait un autre projet : celui de replanter une jeune pousse dans le creux laissé par la souche afin qu'un nouveau sapin puisse y grandir une fois que notre homme aurait planter celui-ci dans une terre qu'il aurait fertilisé. Hors retirer une souche en l'arrachant présente un travail de force et de patience. Il faut d'abord commencer par creuser tout le pourtour de la souche à l’aide d’une pioche et dégager bien les racines. Cette première étape fut la plus facile même si la suivante n'était pas difficile non plus. La suivante était un jeu de patience consistant à scier les racines fraîchement dégagées. La dernière étape, la plus dure, allait mettre grandement la force de Jais à l'épreuve puisqu'il fallait maintenant extraire cette souche qui n'est plus reliée à la terre comme un dentiste retirerait une molaire trop abîmée d'une gencive. Un travail d'arrachage qui doit se faire avec patience et minutie et qui prit plus d'une heure entière à notre homme et sa monture.

Une fois ce dernier point fait, Greil chargea la souche dans la carriole. Même si celle-ci ne pourrait pas donner de planches droites, elle pourrait être sculptée pour donner une magnifique statue de bois. Une pièce d'assez grande taille pour servir de cadeau diplomatique. Ce fut en réfléchissant à ce que cette pièce de bois allait devenir comme type de statue que notre homme faisait de nouveau route vers Weissaupt, ayant fini sa journée de bucheronnage et que le soleil se couchait vers l'horizon. La prochaine fois qu'il reviendra, ce sera avec les minéraux et l'arbuste nécessaire pour replanter un nouveau sapin.

Ce fut avec un griffon encore à moitié couvert de fleurs de cerisier entre les plumes que notre duo d'aventuriers arrivait à l'orée de l'oppressant bosquet de sapin en ce début d'après-midi, non sans un arrêt bivouac bien mérité. La toiture de Weissaupt était bientôt fini et ce fut la dernière récolte de Sapin nécessaire pour faire les lambourdes les planches de parements pour finaliser cette affaire. Nul besoin de couper un arbre cette fois-ci, les épaisses branches à la base des immenses sapins suffiront largement pour ce que l'ancien général désire en faire.

Le jeune Arthur allait devoir mettre la main à la pâte, cette fois-ci et ce fut un Greil armé de ses cordages et de sa scie à bois qui monta en hauteur au tronc d'un solide sapin avec son matériel d'alpiniste. Attachant les branches et les sciants avant de les faire descendre doucement au sol, le rôle du jeune apprenti était de les ramasser puis de leur retirer les diverses branches et feuillages avant de les couper dans des dimensions correctes avec une seconde longue scie à bois. Une fois cette besogne faite, il suffisait de charger de nouveau le bois fraîchement récolté dans la carriole pour en terminer avec le sapin. Notre homme disposait en stock de soixante bois de sapin et il lui en fallait environ cent vingt de plus pour finir de réparer son toit et faire ses sculptures soit également six passages dans cette clairière, exactement comme pour ses congénères.

Il ne restait plus que le chêne à réaliser. Si notre duo partait tout de suite, ils arriveraient à finir cette besogne avant la tombée de la nuit.

Ce fut donc encore une fois en vol de griffon que notre aventurier voyageait en direction du bosquet de Sapin. L'avantage du vol, comparé à la voie terrestre et d'être en ligne droite sans avoir à subir les affres de la topologie terrestre. Un avantage considérable point de vue rapidité, mais aussi point de vue panorama, car il était très facile de survoler la canopée pour localiser les différents bosquets. Le bosquet de sapin avait également ce second avantage d'être particulièrement facile à trouver. Vous voyez cet immense bosquet d'arbres de soixante mètres de haut autour d'arbres peinant à atteindre les vingt mètres ? C'est là !

Ce fut donc en atterrissant de manière nettement moins spectaculaire que dans les deux premiers bosquets que notre ancien général atterrie avec son griffon à l'entrée du bosquet de sapin et de son immensité particulièrement oppressante. Prenant les sacs de bois avec lui par crainte qu'un certain jeune griffon n'essaie de les ronger, notre homme s'en allai scier quelques branches des épais sapins afin d'avoir les pièces de bois nécessaires à la fabrication des armes qu'il s'entraînerait à sculpter une fois toutes les collectes terminées. Nul besoin d'abattre un arbre pour ces quelques pièces maintenant que la partie bois des rénovations de Weissaupt est terminée.

Pendant ce temps, notre jeune griffon joueur jouait à un jeu tenant plus du félin que de l'oiseau. Ayant repéré un écureuil volant, notre créature mi-félin mi-avi décida d'aller l'attraper. Non pas pour s'en nourrir ou le blesser, mais belle et bien pour jouer à faire voler le petit écureuil volant. Attrapant la petite créature poilue dans son bec, le griffon prennait son envol pour aller à la cime des sapins avant de lacher le petit rongeur au sommet de celui-ci. Après un instant d'observation du griffon joueur devant l'écureuil qui n'en menait pas large, un coup de patte le fit choir du haut de l'arbre, l'obligeant à déployer son talent naturel pour planer vers un arbre non loin sous le regard curieux du jeune griffon.

Au grand dam du petit rongeur volant, l'opération fut renouvelée deux fois depuis des arbres de plus en plus haut jusqu'à ce que Greil n'appelle Griffure. Ayant fini sa besogne et remplit son sac à bois de bois de sapin fraîchement scié. Il était temps pour le général d'aller à sa dernière étape de la journée, à savoir le bosquet de Chêne ou Greil prendrait un troisième et dernier arbre à ce bosquet afin de le planter dans la cours intérieure de Weissaupt.

Nous étions encore dans la matinée, à la toute fin de celle-ci, quand Greil arriva à l'oppressant bosquet de sapin avec sa haute canopée culminant à soixante mètres de hauteur. Il ne devait rester qu'une petite demi-heure avant l'heure du midi d'après la position du soleil, assez difficile a cernée avec les arbres à cette hauteur. Greil en profita pour faire le marquage des branches qu'il allait devoir scier, faisant parfaitement office de planches ou de rondins propres aux travaux ou à la sculpture. Cette récolte avait une destination particulière et ce fut après le marquage, pendant que notre homme prenait le temps de se restaurer lors d'une pause déjeuner, que Greil pensait à la destination de son bois de sapin. Cette récolte n'irait pas à Weissaupt. Récement Miliciens, Greil avait pu constater que la Milice avait ce qu'il fallait en matière première mais manquait d'hommes. Récemment inscrit dans la guilde des Dragonniers, l'ancien général avait pu constater l'effet inverse dans le campement. Beaucoup d'hommes, beaucoup de nouvelles recrues, mais une certaine pauvreté dans les ressources.

Une missive avait été envoyée, non-obligatoire, mais tout de même souhaitée, incitant les dragonniers à offrir une récolte mensuelle à la Guilde. Greil avait opté pour le sapin, au vu de l'état du camp. Les rondins pourraient servir à réparer ou renforcer la structure de certains bâtiments, mais aussi à réparer et solidifier les remparts là ou cela serait nécessaire. Vu la situation géographique du camp, il serait de bon aloi que plusieurs dragonniers bûcherons, mineurs et forgerons s'associent pour créer quelques tourelles également. Ce fut donc sur ces pensées que notre aventurier parti récolté et scier les branches qu'il avait marqué en fin de matinée avant de reprendre la route pour Weissaupt. Le plus beau bois, les plus belles planches et les plus beaux rondins pour les Dragonniers, pas moins.

Une nouvelle journée et une nouvelle récolte dans le bosquet de sapin. Les discours insistant sur la guerre de mystérieux Mak Ron ont fait dire à quelques notoriétés publiques que, éventuellement, la situation actuelle fantasmé par cet homme fantasque commençait à sentir le sapin. Ni une, ni deux et voilà qu'une pénurie sur le sapin se prépare. À croire que les gens n'ont rien compris au message. Quoiqu'il en soit, le manque de logique et l'incompréhension du message ayant conduit à la sur commande du sapin avaient les mêmes conséquences que pour le sureau. À savoir un livre de commandes qui avait triplé de volume et une panique des bûcherons courants vers le bosquet de sapin.

Seulement, on ne coupe pas un sapin comme on coupe un sureau et un arbre de soixante mètres ne se porte pas comme un arbre de deux mètres avec des troncs de cinq centimètres d'épaisseur. Voyant le bordel ambiant dans le pavillon des bûcherons en poussant la porte, et le sureau étant encore frais dans son esprit, notre homme lâcha un simple 'nope' avant de refermer et de partir. Non pas cette fois, pas de hache fourrée de force dans ses mains et de balade en carrioles mal foutue. Greil repartit et alla de lui-même au bosquet de sapin, de l'autre coté du bosquet loin de l'amas de bûcherons criards s'étant formé. Notre homme va tailler quelques branches pour se faire quelques planches, mais pour sa consommation personnelle uniquement. La rénovation de Weissaupt étant quasiment fini, les jardins allaient avoir besoin de quelques terrasses en bois pour s'y reposer.

Il ne manquait plus beaucoup de bois de sapin dans le stock de l'ancien général pour qu'il puisse parfaire ses sculptures. Une quarantaine d'unités au maximum, soit deux récoltes. Notre homme en voyait bientôt la fin et pourrait enfin revendre son excédent si besoin est, après ces deux récoltes. C'est que le bois de sapin est demandé en cette période de l'année. L'hiver ayant fini ses ravages et le printemps arrivant avec ses beaux jours pas encore suffisamment chaud pour vivre dehors, les paysans refaisaient leur toiture et construisaient leur jardin. Ce genre de rénovations impliquait une grande consommation de sapins et notre homme savait qu'il n'allait pas en manquer.

Une fois arrivé devant l'oppressant bosquet de sapin, notre homme entra seul à l'intérieur, laissant le soin de laisser sa carriole avec Jais, sa licorne noire. Se promenant sur les sentiers, notre homme regardait les hauteurs à la recherche des branches pouvant faire office de parfaites pièces de sculptures. Inutile d'abattre un magnifique et grand sapin pour si peu de bois. Marchand et se promenant dans le bosquet de sapin, notre homme prélevait ce qu'il lui fallait directement sur les arbres sans pour autant les abattre et une fois suffisamment de sapins récolté, notre homme allait de nouveau vers la carriole afin de se décharger et de se mettre en route vers le bosquet de chêne, dernier bosquet à visiter.

Nous étions au milieu de l'après-midi quand notre aventurier bûcheron arrivait enfin avec sa carriole à l'orée du bosquet de sapin. Immense et oppressant comme à son habitude, le bosquet était également fortement mouillé de part la récente pluie qui venait d'y tomber. Par chance récolter le bois d'arbres d'une soixantaine de mètres de haut ne sera pas plus ou moins contraignant avec cette pluie récente. La haute canopée avait protégé les troncs de l'humidité et Greil pouvait atteindre les branches les plus basses sans se couvrir de boue.

Ce fut donc avec un ingénieux system de cordages que notre homme évitait que les branche sélectionnées et franchement sciées ne tombent au sol et se couvrent de la boue spongieuse qu'était devenu le sous-bois de ce bosquet. Marquer les branches avait prit un certain temps, mais ce fut le fait de rassembler le bois suspendu dans la carriole, rondin par rondin, afin de les fagoter ailleurs qu'à même le sol qui prit de nouveau un temps infini. Aussi, notre malheureux aventurier n'avait fini son fagotage qu'à la tombée de la nuit. Le bosquet allait devenir dangereux à cette heure et Greil allait devoir filer.

Rentrant à Weissaupt, notre homme trempé par la pluie et fatigué par son travail suivait la lune montante pour rentrer chez lui. La dernière récolte nécessaire de sapin étant terminée, Greil allait pouvoir sculpter l'intégralité de celui-ci. Les futures récoltes, jusqu'au jour ou notre homme raccrochera sa hache, ne seront qu'un bénéfice financier une fois revendues à l'hôtel des ventes.

Une nouvelle récolte au bosquet de sapin s'annonçait. Du bas, au niveau du sol, au haut de l'arbre touchant la pointe de la canopée a pas moins de soixante mètres de hauteur. Il y a plusieurs branches épaisses et mourantes qui pourront faire des planches en sapin d'une excellente qualité. Ce fut donc visuellement que notre homme allait repérer les branches a scier et par un jeu de cordage précis que celui-ci allait les descendre au sol. La particularité du bucheronnage du bois de sapin est qu'il ne faut pas avoir le vertige, car le bucheronnage se fait à soixante mètres du sol. Ce fut donc munit de son matériel de bûcherons et d'un kit d'escalade que notre homme allait officier aujourd'hui. Le travail se devait d'être sécuritaire dans ce bosquet et le cordage tenant la branche, mais aussi celui tenant le général devaient être vérifié deux fois avant le premier coup de scie.

Ce fut donc dans cette manœuvre rallongée par les mesures de sécurité que notre bûcheron allégea quelques arbres de pas moins de vingt unités de bois. Du surplus de sapin qui sera revendu une fois que l'intégralité de ce que notre homme a besoin aura été sculpté. Le métier de bûcheron semblait enfin devenir légèrement lucratif. Il reste donc le chêne à collecter pour finir de bâtir le bateau les emmenant à Wysteria. Le voyage s'annonce doucement, mais sûrement.

En fin de matinée, vers onze heures du matin, notre homme survolait désormais le bosquet de Sapins. Oppressant de pas la hauteur de sa canopée et l'absence de variété végétale entre son sommet et son sous-bois. Écrasant de par sa hauteur de soixante mètres environs, le bosquet de sapin n'était pas un endroit rassurant et pourtant celui-ci était loin d'être un endroit dangereux. Les bûcherons expérimentés le savaient et ne craignaient pas d'y travailler malgré son atmosphère oppressante. L'avantage d'arbres aussi imposant que les sapins est qu'il n'y a nul besoin de les abattre pour en récolter leur bois. Certaines branches sont si grosses que nous pouvions y tailler facilement plusieurs planches et plusieurs poutres de taille assez considérable pour retaper de grandes bâtisses. Seul un château-fort ou une forteresse pourrait nécessiter de tailler dans un tronc de sapin adulte et Weissaupt est retapée depuis un moment.

Ce fut donc ainsi que, pourvu de son kit d'escalade, notre homme parcourait le bosquet accompagné de son griffon. Regardant vers la canopée depuis le sol, notre homme cherchait des yeux la branche d'arbre pouvant donner du bois de qualité sans pour autant manquer ni au bosquet ni à l'arbre auquel elle est prélevée. Cette promenade, entrecoupée de vol de griffon pour atteindre les branches et les scier, dura une bonne heure. Ce fut donc après avoir rassembler les branches collectées que notre homme se posa tranquillement proche de son tas de bois pour prendre une pause déjeunée bien mérité. La position du soleil dans le ciel indiquait qu'il était à son zénith et donc qu'il était midi. Ce fut donc après un repas frugal, car il est dangereux de manger lourdement quand nous faisons un travail physique, que notre homme se mit a débiter ses branches en tronçons de bois et à les empaqueter dans sa carriole pour griffon. La prochaine étape sera Weissaupt pour se décharger et pour finir le travail sur le chêne. Il est treize heures désormais et cet après-midi va être sur le signe des voies maritimes.

Sapin observe le bûcheron arrivant de nouveau a l'orée du Bosquet de Sapin par la voie des airs. Le vieil Ent était arrivé depuis peu dans le Bosquet de sapin et avait pour mission d'observer dans un premier temps, ainsi que de soigner le bosquet au maximum. Dans un second temps, l'Ent Sapin allait devoir protéger le sacré Bosquet de Sapin des indésirables. Cependant, l'indésirable arrivé par dos de griffon ne semblait pas être inconnu de l'Ent, même s'il ne fait pas parti de ses amis proches comme éloignés. Il s'agissait de Greil, général d'une armée humaine et ami proche du compagnon de la Dryade. Contrairement au compagnon de la Dryade, l'homme nommé Greil semblait savoir se tenir, mais n'attirait qu'un sentiment neutre, voir négatif auprès du vieil Ent. Certes, le compagnon de la Dryade avait les manières d'un enfant mal élevé, mais cela était à la fois son plus grand défaut et son plus grand charme. Gentil, mettant un point d'honneur a traiter tout le monde d'une manière égale, comme s'ils étaient amis de longue date, le Compagnon de la Dryade avait su se faire apprécier avec le temps avec ses attentions remarquable et son manque absolu d'étiquette. Cet homme en revanche était trop poli pour être honnête aux yeux de Sapin et il était toujours affublé de cette insulte envers la nature, cette créature ni morte ni vivante qu'il appelait Elincia et qui rendait la Dame Sylve si colérique à chaque fois qu'ils allaient les visiter dans Cul-de-sac qu'il fallait une semaine à la Dryade pour se calmer.

Quoiqu'il en soit, l'homme n'était accompagné que de lui-même et de sa monture en ce début d'après-midi. Il semble faire escale pour consommer le contenu de sa curieuse boite, sans doute une coutume humaine. Ce fut après cet étrange rituel que l'homme osa prélever les branches de certains arbres sous la protection de l'Ent qui commença à voir rouge et préparer un lourd gourdin pour écraser l'homme et son griffon. Cependant, un rapide coup d'œil permit à l'Ent de se calmer. Les tronçons pris sur les arbres étaient les branches cassées, abîmés, mourantes et risquant d'infecter l'arbre en entier. Ainsi, cet homme récoltait le bois pour sa simple utilisation, mais aussi pour soigner le Bosquet ? Une attention louable mais aussi bien réalisée que si elle avait été faite par un enfant maladroit aux yeux de Sapin. La scie n'avait pas toujours coupé exactement là ou il faut et les arbres avaient eut mal lors de ces soins maladroits. Une fois l'homme parti, Sapin corrigera tout cela et l'attendra de pied ferme devant l'entrée du Bosquet de Sapin la prochaine fois qu'il viendra. Un homme qu'il chassera pacifiquement, contrairement aux ordres. Par égard envers le Compagnon de la Dryade qui le considère comme un ami, Sapin choisira en premier lieu la diplomatie si chère aux humains.