Nova, entendant les paroles de Wound devina qu'il était déçu. Qu'il attendait ses ailes avec impatience mais que la fatalité fit qu'il se résigna.
Mais la belle verte savait ce qu'elle avait aperçu, c'était bel et bien des ailes. Et elles ne venaient pas d'un être autre que lui. Ah, qu'il était bien naïf et que l'auto persuasion était belle...
Elle se laissa dorloter durant ces quelques secondes, ce n'était pas aussi désagréable qu'elle l'imaginait. Ce n'était pas une fille habituellement tactile, sauf lorsqu'elle était en confiance avec la personne.

- Oh tu sais, j'ai l'habitude de dormir dehors. Dans mon baluchon j'ai de quoi faire !

Elle sortit alors avec fierté un tout petit coussin en plumes d'oies et une sorte de plaid qui devait surement gratter un brin. Puis elle les refourra illico dans son sac, ne voulant pas risque de perdre son butin.
La nuit était bel et bien tombée.

Tu ne dois pas avoir grand chose sur toi pour passer une nuit dehors en revanche.

A ces paroles, s'invita devant eux une mignonne petite bâtisse avec un écriteau un peu miteux

"Chambres pour la nuit"

Ah ben tiens. On fait ça ?

Je regardais avec entrain le petit balluchon que portait Nova, dont je devinais pour la première fois l'intérieur. Si je m'attendais à un matériel de survie comme des vivres et des ustensiles de chasse, je fus surpris de distinguer des objets de confort comme un oreiller. Après tout, malgré les traits durs et sévères que pouvait lui confier sa race, elle restait une femme très élégante, j'avais eu tort de juger la personne à son apparence.

Embrassant la zone du regard, je déposais mon regard sur l'auberge que m'indiquait ma partenaire, prenant le temps de jauger le petit lieu à son extérieur, une fois de plus. S'il semblait rustique, j'appréciai le fait que les portes boisées soient recouvertes de petits bourgeons, offrant une certaine vie à l'habitation. Je pris l'initiative.

"Tu permets, Nova ? Je vais juste voir comment c'est à l'intérieur, surtout s'il nous reste une place."

Je me rendis dans le lieu en question, tirant sur l'énorme porte dont les joints étaient desserrés, afin de me présenter et regarder le prix de la chambre, tout en parlant avec l'aubergiste. Lorsque je lui demandais le prix, sa réponse me fit serrer les dents; principalement lorsqu'il m'expliqua que la chambre possédait un lit double. Bof, la galanterie ne me tuera pas cette nuit, ils ont sûrement un canapé sur lequel je pourrais dormir sans déranger la belle. Puis, un point positif me fit ouvrir de grands yeux : Le petit déjeuner était servi en chambre; comble du luxe, pour des aventuriers qui n'ont jamais pris le temps de passer une vraie nuit, ou de prendre un petit déjeuner convenable.

Je me rendis avec aplomb à l'extérieur, faisant signe de venir à ma partenaire après quelques minutes de négociation pour qu'un oreiller soit déposé dans ma chambre, tout en m'adressant à elle.

"C'est bon ! Ils ont une chambre libre ! Tu viens ?", hurlai-je à travers le vide, la tête pleine d'idées de rêves que je pourrais avoir, et le portefeuille allégé par la transaction.

Il y avait beaucoup d'autres choses dans le balluchon. C'était sa toute petite maison, elle y avait quelques affaires à se mettre sur le dos si vraiment il faisait très froid, une paire de pompes de rechange (mais elle tenait énormément à ses belles bottes montantes en cuir marron). Dans ce sac, il y avait également son petit carnet dans lequel elle marquait beaucoup de choses top secrètes et parfois des moins intéressantes.
Le sommeil est une chose très importante pour le bien-être, et Nova mettait un point d'honneur à passer des nuits un minimum confortable, c'est pourquoi elle transbahutait tout ce bazar.

La porte était très jolie. Elle était en bois clair vernis, une jolie teinte un brin ambrée donc la nature avait reprit un petit peu ses droits dessus. Wound la passa et disparu à l'intérieur furtivement. Nova s'imaginait qu'il ne devait pas y avoir grand monde à l'intérieur, étant donné que la ruelle dans laquelle ils s'étaient battus avec les farfadet était bien vide. Ce n'était pas une ville bondée, mais il faut dire que la nuit était tombée et qu'il était probablement l'heure du repas.
La verte s'était appuyée contre un mur en pierre, il était froid, mais elle était toujours aussi insensible. Elle levait la tête pour observer à quel point la ville était haute. Peut-être que c'était plus joli en hauteur et que ça pouvait également justifier l'absence de monde ici.

Wound refit son apparition, avec entrai, il l'invita à pénétrer dans le lieu. Nova s’exécuta poliment.
C'était un endroit très cocon. A l'entrée, à gauche, une sorte de petit comptoir avec une plante posée dessus. Derrière celui-ci se tenait un vieux bonhomme courbé, pas coiffé, souriant avec quelques dents manquantes. A leur droite, une ouverture sans porte qui offrait aux passagers un petit coin de détente avec une cheminée et quelques fauteuils poussiéreux. La salle était couverte de murs rouges et noirs, le mobilier tout de bois. C'était reposant rien qu'à regarder. En face d'eux, un couloir qui menait à un escalier montant, que le bonhomme s'empressait de montrer aux deux protagonistes Nova et Wound. Il marmona deux trois bricoles que Nova n'écouta pas, distraite par la décoration minime.

Tout deux montèrent l'escalier qui craquait et qui était plongé dans le noir. Arrivés en haut de celui-ci, seulement 4 chambres s'offraient à eux, deux à droite, deux à gauche.
Les murs étaient recouverts d'un papier peint verdâtre. On aurait dit que les membres de la famille de Nova avaient étaient épluchés et collés.

Wound indiqua la seconde porte à droite, Nova marchait devant. Elle longeait le petit couloir en essayant d'être discrète pour ne pas réveiller les gens qui dormaient déjà (si il y en avait) mais sa ceinture portant son gourdin s'accrocha à une poignée et ce fut un petit vacarme : Nova surprise par l'accrochage se cogna contre le mur, elle tira rapidement sur sa ceinture, le gourdin se planta dans la porte, elle arriva à enlever le tout, ouvrit rapidement leur porte, tira Wound par le poignet et referma derrière elle en se collant dos à la porte en rigolant.

J'suis discrète, je sais.

Puis elle écarquilla les yeux, tourna la vis de la petite lampe à huile à côté d'elle pour avoir plus de lumière.

C'est un lit double ? Boarf, ça m'va, tant que j'dors !

J'étais surpris de l'entrain que pouvait posséder Nova, à tel point qu'elle dirigeait le pas avec aisance, bousculant tout sur son passage dans l'obscurité du couloir que nous empruntions. Cependant, je n'étais pas plus adroit, percutant à de nombreuses reprises les murs et rambardes, dont le bruit d'impact était couvert par le vacarme indescriptible de Nova. Un mal pour un bien.

Toutefois, en rentrant dans la chambre ─ du moins en étant tiré dans la chambre ─ je me sentais partir tout seul, attrapé par le poignet par la femme au teint vert, qui ne se doutait apparemment pas de sa force alors que mes pieds quittaient le sol, me forçant à me rattraper sur les genoux, comme si je n'avais été qu'un jouet l'espace d'un instant. Légèrement secoué, je pris le temps de m'essuyer les genoux griffés par le plancher couvert d'échardes, puis entama une marche à tâtons, guidé par les mouvements et la voix de Nova.

"Tu sais, j'en ai connu des filles pressées de me faire venir dans leur chambre, mais toi, tu les dépasses toutes de très loin. Disons qu'après tout, tu as réussi à me faire m'agenouiller dès le premier soir, certaines ont attendu des années en espérant que je m'agenouille, une bague dans la main."

Je faisais allusion à Léa, une jeune humaine que j'ai eu l'occasion de rencontrer dans mon village natal, avec qui je suis resté deux ans. Si je ne considérais pas cette relation, elle, désirait grandement plus. Couple, enfants, mariage, et j'en passe; raison pour laquelle j'ai mis fin à notre expérience commune.

"Je plaisante, évidemment. Bon, voyons voir s'il est confortable."

Je commençais une marche lente en direction du lit alors que la lumière me guidait, allumée par Nova, avant de tourner les talons pour m'approcher du canapé, à un mètre du lit. Posant ma main sur l'oreiller qu'ils avaient mis en place, je distinguais une petite plume dépassant de ce dernier, piquante, qui ne me présageait pas une bonne nuit. Du moins, pas aussi terrible que dans la rue; mais au moins, mon dos serait soulagé.

Nova réalisa qu'une fois de plus sa force était bien plus importante que ce qu'elle s'attendait. C'était une chose qui la peinait. Elle craignait un jour de vraiment faire mal à quelqu'un. Elle avait déjà assommé un membre de sa famille de la sorte. Un p'tit gosse qui s'approchait trop prêt d'une espèce de scorpion à plumes et elle lui avait tiré le col, si bien qu'il vola en arrière sur quelques mètres... pauv' gosse, elle ne l'a jamais dit à ses parents, ils ont cru qu'il avait juste un pète au casque...

Elle regardait Wound se relever avec peine, elle n'avait pas eu le temps de lui filer un coup de main, puis elle n'avait pas osé non plus de peur d'aggraver son cas. Elle lâcha un discret "désolée".
Wound enchaîna avec une histoire bien surprenante qui laissa Nova un peu perplexe. Elle haussa un sourcil et s'approcha du lit en posant son balluchon dessus.

Voyant que Wound s'approchait du canapé, elle n'allait pas insister pour qu'il prenne place dans le lit, la situation aurait été un brin étrange. Toutefois, voyant qu'il faisait grise mine devant son oreiller, elle sorti le sien du balluchon et le lui tendit.

- Prends le mien, ils m'en ont mit un sur le lit, je n'ai pas besoin de deux. Puis, le tissus est épais, tu ne sentiras pas les plumes à l'intérieur.

Elle lui sourit gentiment en lui tendant l'oreiller.

Je souhaitais plonger mon regard dans celui de Nova, mais j'en étais incapable. Le geste qu'elle venait de m'offrir était un concentré de gentillesse pure, que je ne me sentais même pas d'accepter par gêne. Ne sachant trop ni quoi dire, ni quoi faire, je me contentais de placer ma main sur l'une de ses mèches tressées ─ comprenant à leur toucher la raison pour laquelle elle adorait les trifouiller ─, m'adressant à elle avec un sourire franc.

"Chacun possède ses biens, aussi précieux soient-ils. Je peux concevoir que tu aies envie de me prêter ton oreiller, sache que je t'en suis infiniment reconnaissant; mais j'aimerai que tu le conserves pour cette nuit. Si ça ne te dérange pas que je me dénude un peu, je me servirai de ma veste comme d'un oreiller, après tout, tu insinues qu'elle laisse tomber des plumes, peut-être que ça la rendra un tant soit peu plus confortable ?"

Je retirais ma veste. L'acte n'était pas une première, puisque Nova avait déjà eu l'occasion de me déshabiller (d'elle-même !), mais je préférais lutter contre le froid que contre une cervicale abîmée. De surcroît, l'aubergiste avait pris soin de nous mettre une grande quantité de couettes et couvertures en tout genre que je m'empressais de m'emparer, quitte à les accumuler. Je n'étais pas habitué à me reposer dans un froid pareil. Pour être plus précis, je n'étais pas habitué à me reposer, tout court; mes muscles étant constamment en activité, le fait qu'ils se relaxent légèrement me donnait cette impression d'être sur un petit nuage, tout en me faisant délicatement mal, forcé de l'admettre, à cause de l'inactivité.

J'essayais de me faire discret. Peut-être que Nova dormait déjà ?

Mais c'est quoi ce charabia ?

Une fois de plus Nova écarquilla les yeux, restant bête le bras tendu. Bon sang, elle n'était pas en train de lui offrir une bague, c'était un oreiller ! Mais elle n'insista pas, voyant Wound continuer à faire son p'tit bonhomme de ch'min.

Si ça m'déranges que tu te dénudes ? Oh lala, t'as pas idée... Elle jeta un oeil par dessus son épaule. Elle s'était assise sur le lit pour se déchausser. Heureusement qu'elle n'avait pas l'odeur corporelle des orcs de sa famille, il aurait fallut ouvrir les fenêtres en grand.

Pendant que Wound s’emmitouflait sous une montagne de duvets, couettes, plaids, Nova se leva pour aller voir justement ce qu'il y avait derrière cette petite fenêtre. Elle ne donnait pas vue sur la ruelle de laquelle ils étaient arrivés, mais dans une petite courette toute jolie et fleurie. Puis elle retourna aussitôt sur le lit. Elle s'allongea dessus et repoussa quant à elle les couettes posées à ses pieds. Elle se colla en position fœtale, dos au canapé sur lequel Wound s'était installé.

Le silence fut de mise dans la petite pièce. Elle était bien contente que Wound ne ronflait pas. Mais elle se demandait s'il dormait. Elle n'osait pas se retourner dans son lit, celui-ci grinçait et elle ne voulait pas prendre le risque de refaire un tumulte embarrassant. Elle tendit le bras pour attraper le petit carnet qui se trouvait dans son balluchon posé au sol, et écrivit une fois de plus quelques notes personnelles.

Je n'appréciais pas ce silence.

Malgré la compagnie de Nova, qui m'avait habitué à un débit de parole élevée, je ne me sentais pas à l'aise, et pas prêt à dormir. Il y avait tant de choses que je souhaitais découvrir d'elle, tant de détails dont elle avait parlé entre deux mots, je souhaitais en apprendre davantage. Mais comment faire pour ne pas la réveiller ?

Je me retournai enfin. Je pouvais la deviner, malgré sa silhouette enfouie dans la nuit, aux quelques frottements de son crayon sur son petit calepin, qu'elle eut l'occasion de sortir précédemment, alors que nous étions à l'orée d'Endorial. Je n'osais pas la déranger, attendant patiemment quelques minutes qui me paraissaient être des heures. Une longue attente qui me permit de méditer un petit peu, me remémorant chaque instant avec Nova. Depuis plusieurs mois, c'était la première fois que je réussissais à passer de bons instants avec quelqu'un depuis la mort de Kennel, et pour être honnête envers moi-même, ça me faisait quelque chose.

Ma position était tout sauf confortable, me retirant de mes songes, alors que ma veste offrait un certain confort par sa matière, les quelques joints métalliques me dérangeaient suffisamment pour m'empêcher de fermer les yeux. Légèrement trop grand pour ce canapé, mes chevilles dépassaient du tissu; situation fâcheuse tandis que je percevais un certain confort dans le lit de Nova. Alors, je décidais de briser le silence d'un chuchotement à peine distinguable, dans le but d'attirer son attention sans briser son sommeil dans l'optique où Morphée l'aurait enlacée.

"Hey, Nova ? Tu dors ?"

Dans son petit carnet, Nova notait son parcours, ses voyages, ses rencontres, ses quêtes, ses missions, ses aventures parfois surprenante. Elle avait également une page qui recensait toutes les bêtises et maladresses qu'elle avait pu faire. Cette page qui devait être unique s'est malheureusement transformée en un demi carnet.

Ce n'était pas son premier carnet, elle en avait déjà rempli 6 qui demeuraient dans le cocon familiale au campement des orcs dans le centre de Dùralas. Bien au chaud.
Elle notait également dans ce petit carnet, à la page 9, ses impressions sur le Stryge et pour l'occasion, l'histoire des ailes. Elle aurait bien ajouté l'aile entre les pages, mais elle ne lui appartenait pas. Elle voulait vraiment que Wound la garde, car elle pourrait s'avérer être un drôle de souvenir d'ici quelques années...

Le silence fut rompu.

"Hey, Nova ? Tu dors ?"

Pas certaine d'avoir réellement entendu cette phrase, elle posa son carnet à côté de son oreiller et se retourna doucement, toujours dans cette position foetale mais cette fois face à Wound qui la regardait de ses deux grands yeux. Visiblement, lui ne dormait pas non plus. Son visage était difficile à entièrement distinguer, de par une couette qui lui remontait presque jusqu'au nez.

Non, j'écris. Tu as froid ?

En même temps qu'elle disait cette phrase, elle se leva et récupéra une couette qu'elle avait poussé avec ses pieds et qui se trouvait au sol. Elle la déplia sans soucis vu la taille de l'orc les bras tendus, et la posa sur Wound.

T'as l'air malin là dessous. Tu veux que j'aille nous demander deux tasses de thé ?

Je n'arrive pas à dormir, Nova. Je ne sais pas pourquoi, mais je n'en ai pas l'envie, même si je suis épuisé. Je commençais à discuter avec aisance, connaissant de plus en plus mon amie. Je t'avouerai que ça me tracasse que tu aies pu voir mes ailes sortir de mon dos. Je ne les ai ni vues, ni aperçues, je n'ai rien senti lorsqu'elles se sont développées... pour résumer, tu es plus au courant que moi de ce qui s'est passé. Je ne peux pas te contredire, tu comprends ?

J'exprimai ma déception, ainsi que mon désappointement. Cependant, mes mots ne pouvaient pas avoir le même impact sans les gestes. De ce fait, je me relevais lentement de mon tout petit lit de fortune, me dirigeant progressivement vers celui de Nova pour m'y asseoir, prenant soin de me mettre à l'extrémité du lit pour ne pas lui prendre trop de place. Peut-être ne souhaitait-elle pas que je la rejoigne, étant torse-nue et elle déchaussée. C'est peut-être là qu'il se situe le vagin des orcs !

"Est-ce que mes ailes avaient vraiment cette allure ? Je veux dire... pas belles, décharnées, osseuses, ainsi que d'une couleur blanche sans pour autant être immaculée ? J'expliquai la raison de mon inquiétude. Les Stryges, du moins les Stryges Blancs, possèdent des ailes éclatantes, presque éblouissantes tant elles sont grandes, fournies et belles. Je n'en ai jamais vus, mais trois Stryges peuvent avoir des ailes autres. Les Stryges Noirs, dont les ailes sont démoniaques et de couleur d'ébène, les Stryges Gris mais ce n'est pas possible car cette "espèce" s'est éteinte lorsque les blancs et les noirs se sont séparés, mais surtout... les Stryges Entachés. Ce sont des Stryges ayant commis une faute, comme par exemple un meurtre, une désertion de leurs rangs... tu penses que je mérite d'être un entaché ?

Mon visage était triste. Mon sourire disparu, j'affichais désormais un visage peiné, non plus joyeux.

Nova écoutait attentivement les paroles de Wound. Il avait l'air réellement peiné, c'était triste à voir. Wound durant son récit alla s'installer sur le lit dans lequel Nova devait théoriquement passer la nuit. Elle s’assit de l'autre côté et continua à écouter le Stryge.
Le vagin des orcs se trouve à sa place, merci toutefois de t'en soucier.
Tes ailes, je ne l'ai ai aperçu qu'une demie seconde tu sais. Mais, et il ne tient qu'à toi de croire ce que tu veux, je sais qu'elles étaient là. Elles étaient claires. Le manque de lumière a pu fausser mon idée, mais claires, c'est sûr. As-tu pensé au fait que les ailes pouvaient évoluer ? Peut être qu'elles sont sorties alors qu'il n'était pas l'heure, et qu'elles n'avaient pas fini de "grandir" de devenir belles et blanches, soyeuses ? Elles n'étaient pas noires ni grises, c'est certain ! Penses-tu être un entaché ? As-tu commis un acte  impardonnable au point d'en arriver là ?

Nova se frotta les genoux en parlant, c'était une de ces petites actions qui occupent les bras pendant que tu parles et que tu ne sais pas quoi faire avec. Ça variait du tripotage de cheveux.

Je n'en sais rien Nova. Tout ce que je me remémore, c'est d'avoir tué un Stryge Noir; bien qu'en y réfléchissant, ce n'est même pas ma lame qui l'a touché, mais celle de son partenaire qui tentait de me tuer. Outre cette histoire, je n'ai jamais tué ou commis un quelconque crime pour le mériter, j'en suis certain, mais pourquoi aurai-je des ailes cassées ? Je tentais de me rappeler des ailes des jeunes Stryges Blanc que j'avais pu connaître. Lorsque je n'étais qu'un nourrisson, mon frère, du haut de ses huit ans, possédait déjà de petites ailes blanches duveteuses. Elles ne faisaient qu'une trentaine de centimètres certes, mais restaient constamment dans son dos... Pourquoi aurais-je des ailes brisées ? Pourquoi ne pourrais-je pas les avoir en permanence ? Pourquoi n'ai-je reçu aucune explication de mes parents concernant ces ailes ? Je ne sais plus du tout quoi penser Nova.

Je m'allongeai alors sur le lit, un peu trop troublé dans mes pensées pour faire attention à l'image que je donnais. Après tout, il faisait noir, et mon visage était difficile à percevoir. Toutefois, afin de remonter un petit peu le moral de Nova que je devais faire descendre, je m'adressai à elle avec un petit sourire caché par mon apparente déception.

"Tu sais Nova, si tu n'avais pas été là, j'aurai peut-être été complètement au fond du gouffre en me rendant compte de tout ça. Je te remercie d'être là; argumentai-je avant de ponctuer ma phrase par un compliment.  De plus, si tu peux me le permettre, je rebondis sur une phrase que tu m'as dite lorsque nous étions dans la forêt. Tu es bien loin de ces "grosses bébêtes verdâtres" que tu citais en parlant de ton clan. Tu es même charmante."

Nova ne connaissait pas grand chose en Stryges mais tentait avec toute son attention de visualiser les explications de Wound et de trouver une solution à ce semblant de problème. Elle restait assise, attentive et observait le bonhomme s'allonger. La situation ne dérangeait pas Nova, pour le moment.
Avec un certain désappointement, Nova tentait d'éclairer la lanterne de Wound, mais sans connaître ni maîtriser son sujet.

Peut être que certaines personnes ont un avenir bien différent de celui des gens quelconques. Je doute que tu sois une personne quelconque, ton corps le sait, tes ailes font en fonction de ta personne. Si tu doutes de toi, comment veux-tu qu'elles s'élancent ? Laisse faire les choses, un jour elles viendront et seront à ton image. Il ne faut pas renier ce que l'on est, regarde moi... Heureusement que je ne m'apitoie pas sur mon sort, je serais bien mal barrée ! Et merci du compliment Wound.

Elle lui sourit gentiment.

Si je suis charmante, et que les membres de mon clans sont gros, grands et verts, c'est parce que j'ai fait un choix de vie différent du leur. Je prends soin de moi, je prends soin de mon image, je fais attention à être respectueuse et gentille envers les autres, et ma nature, physiquement en tout cas, est tout autre que celle des autres orcs que je connais (et j'en connais une bonne pelle !). Tu es ce que tu veux devenir. Sois-toi même et tes ailes viendront en te correspondant. N'essaye pas d'être monsieur tout le monde, c'est ennuyant

C'était la seule chose qu'elle trouvait à dire à ce moment là. Des explications un peu futiles et probablement pleines de naïveté, mais c'était dans la nature de Nova.

Moi aussi j't'aime bien. T'es un chic type. Le gouffre c'est mal, t'vois ?

Nova tapota sur ses genoux cette fois et regarda le plafond avec interrogation.

On fait quoi demain ? Puis elle réfléchit et se souvint que leurs destins n'étaient pas liés, et que si Nova souhaitait éventuellement continuer son chemin et progresser dans sa pseudo quête inavouable voir stupide, elle ne pouvait pas toujours compter sur les autres pour l'accompagner.

Tu fais quoi demain ? Tu iras voir les parents de ton ami ?

"Tu as raison, Nova. Qui plus est, tu as raison depuis le tout début, depuis notre première quête ensemble. Je marquais un silence assez long, un sourire aux lèvres cette fois-ci. Demain, j'irai voir les parents de Kennel, je me dois de les informer de la nouvelle. J'ai profité du petit instant passé avec l'aubergiste, tout à l'heure, pour lui demander s'il les connaissait. Sa réponse étant positive, je n'aurai qu'à me rendre à leur domicile, quelques centaines de mètres au loin, pour les informer de la triste nouvelle.

Je déposais mon regard sur le canapé à nouveau, avant de me lever du lit et de me diriger vers ce dernier.

"Je vais me coucher, belle partenaire. C'est un plaisir de parler avec toi, tu sais ? Cependant, Morphée a décidé de me prêter ses bras l'espace d'un instant, je compte bien en profiter. Bonne nuit, Nova."

En me déplaçant, je pris finalement le temps d'embrasser la pièce du regard pour me délecter de ces quelques rares moments de confort que je réussissais à m'octroyer de temps en temps. Ces petits détails luxueux se feraient de plus en plus rares, d'autant plus que la route entre Endorial et Spelunca est longue; mais nécessaire si je souhaite un jour rentrer chez moi.

Je m'allongeais enfin. Si je n'arriverai pas à trouver le sommeil à cause de l'angoisse d'annoncer le décès d'un enfant à ses parents, je pourrais au moins me vanter d'avoir passé une nuit relativement agréable, allongé dans une pièce en compagnie d'une superbe jeune femme.

... en espérant que cette dernière ne se relève pas trop tôt.

Un grand sage m'a dit un jour "Être beau ne rend pas forcément heureux alors qu'être heureux rend toujours beau".

Nova n'avait rien dit suite aux paroles de Wound. En même temps, il n'y avait rien à rajouter. Il avait besoin de calme, de repos et de se préparer psychologiquement à cette dure épreuve qui l'attendait dès le lendemain.

Elle regarda la masse ronde sur le canapé, Nova essayait de distinguer combien de couette se trouvaient sur le dos du Stryge, mais incapable de compter avec le peu de lumière, elle en déduit "beaucoup".

Elle s'allongea sur le lit, détacha sa ceinture et la posa à côté d'elle. Elle rangea le petit carnet qu'elle avait laissé sur le côté de l'oreiller dans son balluchon et ferma les yeux. Une fois ceux-ci clos, elle se rendit compte qu'elle avait oublié de lui poser une question qui la turlupinait mais qui n'avait pas eu lieu d'être posée tout à l'heure. Elle se dit que ce sera pour une prochaine.

Nan mais l'enflure ! Se barrer au p'tit matin sans un mot alors que tu t'es tapé un laidron alors que tu étais ivre comme un chameau (comparaison invalide, certes) et que tu as des regrêts, d'accord ! Mais là il n'y avait pas de quoi en faire tout un plat, un petit mot au moins en passant la porte aurait été poli !

Nova s'était réveillée avec un mot collé sur la joue, il était écrit un peu de traviolle mais elle devina rapidement qu'il s'agissait de Wound. Elle n'était pas contente, lui qui disait qu'il était si content d'avoir fait sa connaissance, qu'elle était différente, blablabla et il n'avait pas les roubignolles de dire juste un p'tit au revoir sachant qu'ils allaient se revoir dans les jours à venir ? Ce n'était pas un adieu bon sang de bois !

Ces manies des pseudos humains avaient tendance à énerver fortement l'orc qui trouvait qu'il s'agissait là d'un manque de respect. Mais elle ne pouvait pas en vouloir vraiment à Wound qui passait là une épreuve psychologique pas facile et lui en voulait encore moins lorsqu'elle vit rentrer à pas de chat le vieux bonhomme avec un plateau portant l'équivalent de deux petits déjeuners.

Il posa rapidement le plateau aux pieds de Nova et se tapa le front avec la paume de sa main.

- J'avais déjà oublié que vous étiez seule, j'ai mis d...

- JE SAIS. J'ai vu que j'étais seule. Il est parti où l'aut' zouave ?

Le p'tit vieux avait l'air tout impressionné face à une orc en pétard de bon matin. Assise sur son lit, elle dépassait d'une mèche de cheveux la taille du gars.

- Je...

- Laisse béton papy, j'me démerde.

Elle pensait dans un premier temps le rejoindre pour l'aider dans sa quête et éventuellement le réconforter après celle-ci mais elle décida de s'occuper d'elle même puisque visiblement, Mônsieur était un solitaire par moments.
Le p'tit vieux ne se fit pas prier pour quitter la pièce à toute allure.
Nova se leva, enfila les deux croissants rapidement dans son gosier, bu les deux thés chauds, les deux petits jus pressés, une tranche de pain, attrapa son balluchon, réaccrocha sa ceinture et décolla illico presto.

Elle retomba nez à nez avec le vieux qui tremblait.

- J'suis pas une méchante hein, détends-toi. Si tu croises Wound avant moi, dis-lui merci pour l'invitation.

Puis elle quitta le lieu rapidement et s’engouffra dans les ruelles à la recherche d'un truc à manger pour Wound qui pouvait se garder un p'tit peu dans un sac, et voulait voir ladite boutique dont il avait mentionné la localisation dans sa lettre.

Je frappais à la porte d'une petite bâtisse, située en plein cœur du centre-ville. L'habitation était assez petite, rustique et modeste, c'est ainsi que j'imaginais les parents de Kennel; du moins financièrement. Cependant, je n'avais aucune idée de leur apparence.

La porte s'ouvrit finalement, menant mon regard à une petite dame, ayant la cinquantaine d'année, le dos voûté, le regard grisonnant. L'âge avait offert à cette dame une seconde vie. Depuis le pas de la porte, je pouvais remarquer toutes les photos du père de mon défunt colocataire. À en juger par cette pointe de nostalgie dans tout son appartement, je pouvais me douter qu'elle n'avait pas refait sa vie... comment annoncer à une femme ayant déjà perdu une part de sa vie qu'une autre venait de s'envoler ?

"Je peux vous aider jeune homme ?"

Sa voix était cassée, semblable à celle d'une femme de dix, quinze ans de plus. Une petite présence pleine de fourrure vint me caresser le bas de la jambe; distinguant un petit chat noir affectueux.

"Je me dois de vous offrir ceci."

Alors, je décrochai l'épée qui ornait mon dos, Génèse, de son fourreau. Celle-ci avait appartenu jusqu'alors au père de Kennel et mari de cette femme, qui se l'était faite subtiliser par ce démon de Stryge noir que j'eus la chance d'interrompre dans sa folie meurtrière. Toutefois, je ne pouvais pas la conserver pour moi.

"Oooh, Génèse... Lorsque j'ai connu feu-mon mari, il possédait cette arme... que de souvenirs... mais comment avez-vous mis la main dessus ?"

Alors, je lui expliquais toute l'histoire. La colocation avec Kennel, les entraînements, l'affrontement, mon chemin jusqu'ici. Je pouvais voir sa gorge se serrer à chacun de mes mots, ses yeux rougir progressivement au fur et à mesure que j'osais nommer mon ami, son visage se fermer alors que j'énonçais mon histoire.

Je n’oublierai jamais ses larmes.

Le temps était frais ; les passants, voyageurs et habitants matinaux avaient enfilé une petite veste ou un manches-longues. Nova aurait bien rajouté un petit quelque choses sur ses épaules malgré sa résistance au froid, juste pour être en total confort ! Mais elle ne voulait pas se balader avec un p'tit plaid sur le dos façon mémère, elle renonça.

Le nez en l'air, elle regardait les écriteaux anciens annonçant les numéros des rues pour chercher la... Dans un moment de doute, l'orc s'arrêta net, au point qu'une vieille dame, pain sous le bras, se cogna la tête dans le bas du dos de Nova qui se retourna brutalement puis laissa passer mémé confuse. Elle s'était arrêtée pour sortir de son balluchon le mot laissé par Wound. 16ème rue ! Il lui fallait trouver la 16ème rue dans laquelle se trouvait, selon le Stryge, une boutique qui pourrait lui plaire.

Elle n'osait pas interrompre les gens dans leur démarche matinale qui semblait avoir été calculée au millimètre près. Certains entraient et sortaient d'une boulangerie en regardant leurs pieds, d'autres s’apprêtaient à aller travailler, le moral dans le fin fond de la cuvette... Bouh que les gens du matin étaient déprimants dans cette ville ! Alors, pour lutter contre la morosité environnante, Nova souriait à pleines dents. Elle n'était pas très expansive d'origine, ni très démonstrative, mais merde, si aujourd'hui tout le monde faisait la gueule, ça allait pas l'faire !

15ème rue, chouette, plus très loin. Puis, à sa droite, entre l'étalage d'un cordonnier et la boutique d'armes en bois d'un elfe, se trouvait une sorte d'épicerie. Nova pensa à Wound et y pénétra avec envie. Les étales étaient sublimement remplis par de petites confections maison, du pain, des pâtés, des mélanges de fruits dans des bocaux, des confitures... Nova attrapa un bocal d'achards de légumes : haricots verts, carottes, citron, oignon et plein d'épices. L'épicier lui expliqua que c'était totalement comestible de la sorte, pas besoin de le rajouter à quelque chose, même si le riz était préférable. Nova ajouta alors à ses achats un petit pain rond aux graines.

Elle sortit, ravie de ses emplettes, et fila dans la rue indiquée par le marchand comme étant la 16eme. Elle était face à la boutique de bijoux.

Je m'en allais de la petite habitation paisible de la mère de Kennel. Je ne savais alors plus où me mettre, me sentant coupable d'avoir annoncé un tel électrochoc à une vieille dame, qui n'attendait que des nouvelles de son enfant. Les larmes et la peine avaient été emballées dans le même papier que l'annonce d'un défunt.

Dénudé de Génèse, je ne mis pas longtemps à remarquer son manque. Tout comme Nova, que j'avais laissée en plan ce matin, sans même avoir pris le temps de lui expliquer les choses de vive-voix; il fallait dire que j'y voyais un certain regret. Toutefois, je pouvais encore visualiser la dernière image de Nova que j'avais en tête. Calme, paisible, rêveuse. Ces trois traits de caractère étaient aussi présents dans son subconscient que lorsqu'elle était éveillée, à vrai dire, c'était un baume au cœur sur lequel j'aimais compter.

Je me dirigeai en direction de la seizième rue, dans le but d'y retrouver ma comparse. Cependant, longeant la onzième, je fus interrompu par une petite main frêle posée sur mon épaule. Je pouvais reconnaître, par le biais de ces quelques frissons qui me parcouraient, la main de la mère de Kennel; m'ayant suivi jusque dans cette rue ─ je devais avouer que, rêvasseur, je ne marchais vraiment pas vite. ─

"S'il vous plaît, Wound, pourriez-vous me faire une dernière toute petite faveur ?"

Je pouvais deviner sa demande, non pas à son attitude ou à son regard, mais à l'épée qu'elle portait dans le dos.

"J'aimerai que vous emportiez l'arme de mon mari avec vous. Je ne ferai rien d'une telle arme, je ne suis qu'une vieille dame toute rabougrie... Cependant, vous avez l'étoffe d'un héros; j'aimerai que vous accomplissiez la quête que vous entrepreniez, quelle qu'elle soit, en l'honneur de mon mari. Il était l'un des gardes de la Milice, peut-être vous reconnaîtront-ils lorsque vous passerez devant eux si vous possédez cette épée. Je vous remercie encore d'avoir fait tout ce chemin depuis Spelunca pour me prévenir de cette nouvelle, je ne vous oublierai pas."

Muni de Génèse et de plein d'espoirs, je rejoignis la seizième rue au pas de course dans le but de retrouver ma camarade. Qui me manquait, énormément.

Face à elle se trouvait la fameuse boutique. Il y avait dans la vitrine, des branchages de bois flotté qui avaient été vernis et servaient de support à la suspensions de colliers et bracelets. Les prix étaient indiqués sur chaque, au bout d'une petite ficelle rouge bordeaux.
A l'intérieur il ne semblait pas y avoir grand monde, Nova passa alors le pas de la porte, une petite clochette suspendue au plafond retentit et Nova la bloqua de sa main pour ne pas qu'elle raisonne trop. Une petite bonne femme farfelue avec un grand chapeau haut de forme fleuri fit son apparition. Elle ne collait pas du tout à l'ambiance de la boutique qui était plutôt sobre, bois, os, ambre, voilà le thème global de ses bijoux.

Il y en avait cela dit pour tous les goûts, les vitrines et étagères étaient remplies et Nova ne savait pas où donner de la tête. La p'tite dame lui souriait, elle n'attendait visiblement que ça, que quelqu'un lui demande conseil. Et Nova dans un élan de gentillesse, fit plaisir à la dame en lui posant une question.

- Vous auriez des ceintures en os ?

Nova montra celle qu'elle avait autour de la taille. Avant, elle appelait ça un collier de taille mais les gens ne comprenaient pas, alors elle s'était familiarisée avec le mot ceinture et était fière de ne pas paraître inculte.

- Ah, des colliers de taille !? Oui, oui j'en ai, ici, suivez moi, ici ici, ils sont ici, voilà voilà.

Nova leva les yeux au ciel un court instant en esquissant un sourire à sa propre personne, et suivit la dame à deux mètres plus loin. Elle lui désigna un petit étal. Elle jeta son dévolu sur une petite cordelette en cuir ornementée de petits crânes taillés en os. De loin, on ne pourrait pas voir le détail, et malgré le pacifisme de l'orc, elle aimait de donner un petit air bad-girl. Elle l'essaya en l'enfilant autour de sa taille, la petite dame s'empressa de lui arranger la chose. Il était à la bonne taille et était très fin et discret, et s'accordait parfaitement avec ses autres bijoux.

Elle donna alors son accord à la dame pour le mettre de côté le temps de regarder ce qu'il y avait d'autre, mais elle n'avait pas besoin de changer ses piercings, et n'avait pas réellement les moyens de se les offrir ni la place pour les ranger après. Donc elle retourna rapidement à la caisse où elle donna son argent à la bonne femme, qui avec une gentillesse suprême lui glissa dans son petit paquet, deux petits bracelets en cuir.

Au même moment, par la fenêtre elle aperçu Wound. Elle remercia rapidement la dame et se faufila jusqu'à la porte d'entrée.

- Pssssst, glissa t-elle à l'intention de son camarade.

"Pssst".

À peine arrivé dans la seizième rue, un petit murmure attira mon attention, offrant à mon regard la vue de ma partenaire, Nova. Apparemment, elle s'était mise sur son trente-et-un, puisqu'un détail avait changé sur la belle orc. Descendant mon regard au niveau de son ventre, tentant de paraître inaperçu pour que celui-ci ne soit pas mal-interprété, je distinguais une nouvelle ceinture enlaçant ses hanches. Plaçant ma main sur cette dernière, je soulevais légèrement les quelques ossements décoratifs avant de m'exprimer.

"Eh bien ! Apparemment tu as fait quelques emplettes, ça te va très bien. Ta journée n'a pas été trop longue ? Je suis désolé d'être parti à l'improviste ce matin, j'aurai apprécié rester avec toi, cependant je devais absolument voir la mère de Kennel au plus tôt, mais ne souhaitait pas te réveiller. Je t'ai d'ailleurs laissé un mot, je ne sais pas si tu l'as remarqué."

Ainsi, je sortais du magasin en attendant que Nova s'en aille, elle aussi. À nouveau accompagné par ma camarade, je me sentais prêt pour une nouvelle direction, principalement au sud-est, dans le but de m'avancer pour mon déplacement vers Spelunca. Bien évidemment, cette destination attendrait la région que Nova souhaiterait explorer. Lorsqu'elle me conta son envie de découvrir le monde, une réflexion assez courte me fit prendre conscience que je ne devais pas agir égoïstement, et si tel était son souhait, l'accompagner dans sa quête. C'était ainsi, je pense, que les grandes amitiés se créaient.

"Donc, où nous rendons-nous ? As-tu une idée, une envie ?"

Wound avait réapparu, il n'avait pas l'air au top de sa forme, mais il semblait être plus ouvert, comme si un lourd poids sur ses épaules s'était envolé. Si effectivement il avait fait sa terrible annonce à la famille de Kennel, tout devait aller mieux dans sa tête, à peu de choses près.
A peine s'étaient-ils retrouvés que Wound complimentait Nova sur sa trouvaille, elle le remercia instantanément.

- Hum ? Oh, j'ai vu le petit mot, mais je ne me suis pas trop inquiétée, je savais ce que tu devais faire. Elle croisa les doigts d'une main derrière son dos, avec un petit sourire en coin. Mais pour changer de conversation, elle lui dit

- Oh, et tiens, j'ai un petit quelque chose pour toi.

Puis elle sorti de son sac les petites choses à grignoter qu'elle avait trouvé, et les lui tendit dans un sac en papier, qu'il saisit avec interrogation dans un premier temps. Elle attrapa quelque chose dans un autre sachet, et prit doucement le bras libre de Wound et lui leva un peu la manche pour lui accrocher un des deux bracelets en cuir qu'elle avait reçu. Elle l'ajusta à son poignet.

- Il te plaît ? Et euh... Je vais là où me guident mes pas.

Nova ne voulait pas parler de l'épreuve que venait probablement d'endurer Wound, elle ne savait pas si il en avait envie ou non, alors elle lui accordait une attention particulière autre.

Je pouvais sentir l'odeur de ces quelques produits, emballés grossièrement, qui prouvaient que mon mot avait en effet été lu et compris. De plus, alors que je saisissais l'emballage, je ressentais le petit bracelet que m'attachait Nova autour du poignet; jetant mon regard sur ce dernier, je ne peux qu'avouer avoir été très profondément touché. De ce fait, j'offrais à Nova un baiser amical dans le coin du cou ─ ne pouvant pas atteindre son front avec aisance ─, pour la remercier d'avoir passé une partie de sa journée à chercher comment me faire plaisir. Elle avait cherché, elle avait trouvé. Son cadeau me faisait véritablement plaisir.

La route était longue en direction de Spelunca, toutefois, accompagné par la belle orc, tout semblait bien plus court. Le temps passait à une allure folle que je n'arrivais pas à chronométrer, tandis que mes pas suivaient un tempo rapide, enjoué. Nous nous dirigions à nouveau vers le sud-est, nous engouffrant dans l'orée des alentours d'Endorial. La forêt était luxuriante, bien plus que lorsque nous l'avions quittée. Les arbres étaient courbés dans notre direction, comme une haie d'honneur boisée, qui nous menaient à un chemin recouvert de fleurs roses et blanches.

Peut-être était-ce l'ambiance, qui était différente; ma façon de voir cette forêt, différente de précédemment. Peut-être qu'en compagnie de Nova, je réussissais à devenir plus fort mentalement. L'Orc avait une influence très positive sur moi.

[CLÔTURE DU RP "On the road, again"]

Les petits présents de l'orc avaient fait leur effet, que ce soit la bouffe ou encore le petit bracelet fraîchement attaché au poignet. Elle avait eu le droit à un petit bisou, et naturellement, ils avaient prit la route, balluchon sur l'dos. Il n'y avait pas de conversation, les deux protagonistes regardaient autour d'eux les gens de passage, les architectures originales.
Puis Nova tiqua sur une dame qui était plantée au bout d'une petite ruelle, elle lui avait fait un signe de main, Nova ne la connaissait pas, mais lui rendit un sourire et un salut de la main.

Wound semblait être un brin plus apaisé, c'était réjouissant.

Suite du RP > ICI <