La poussière se souleva à chaque battement d'aile, suivi d'un bruit sourd. La manticore venait de se poser sur le sol des terres désolés. Un homme encapuchonné descendit de la créature, puis s'étira avec nonchalance. Une voix grave et imposante se fit entendre.

- C'est la première fois que la Garde t'envoie faire ce genre de mission si loin de la forêt non ?

- Ouaip, c'est étrange. Surtout que..

- Ils ne sont pas au courant pour les régulateurs ?

- Je ne crois pas.. Je me demande pourquoi ils m'envoient moi plutôt qu'un autre..

- Parce que, sans prendre en compte cette histoire de guilde, tu es sûrement celui qui à tué le plus d'abominations. Enfin bref, quoi qu'il en soit prends soin de toi. J'interviendrais en cas de soucis.

La poussière se souleva à nouveau et la massive créature prit de l'altitude avant de s'en aller plus loin. Dragnizzo était seul dans ce sinistre ancien champ de bataille. Ou du moins, il l’espérait secrètement. Pour l'instant, il ne ressentait pas la présence d'abominations dans les environs. Il fit alors apparaître son bâton et s'en servit pour avancer sur le terrain irrégulier des terres désolés.
Toujours en avançant, L'ensorceleur souleva sa cape et ôta une de ses potions de sa cartouchière et l'ouvrit. Le contenu de la fiole était jaune et opaque, mais cette étrange texture ne dégoûta pas Dragnizzo.
Il rangea sa fiole à moitié vide dans l'emplacement de sa cartouchière, et soudainement, si mit à courir à travers les terres désolés. Il courait si vite qu'il donnait l'impression que sa cape volait toute seule.
Après quelques minutes de course, il s'arrêta brusquement. Quelque chose venait de bouger non loin de lui.

Le chemin pour Spelunca était long, principalement lorsqu'on n'avait pu dormir que quelques heures, certes en bonne compagnie. Le sommeil commençait à se faire ressentir, le temps semblait se rafraîchir malgré le soleil des tertres, quant à mes muscles, ils s'essoufflaient au fur et à mesure que mes pas s'accéléraient, ralentissaient, s'accéléraient, subissant le tourment de mon poids à supporter si longtemps.

Je marchais depuis environ quatre jours, sans prendre de véritable pause si ce n'est pour chasser quelques petits gibiers pouvant me servir de repas dans les meilleures conditions, au pire des cas, me sustentant de quelques baies dont je doutais de la comestibilité. Certaines d'entre elles, de petites baies grisâtres, avaient cette apparence à vous empoisonner au moindre coup de dent sur leur pellicule, toutefois, la faim m'avait fait en manger au moins une quinzaine. Malade, je m'assoupis dans les terres désolées, sans faire attention à ce qui m'entourait.

Le substitut de matelas que j'avais choisi involontairement était en réalité le squelette d'un animal mort depuis bien trop longtemps, à en juger par sa carrure, une espèce d'énorme tortue dont les ossements dorsaux étaient arrondis et presque confortable, pour quelqu'un dont le sommeil était arrivé sans crier gare. Toutefois, peut-être dans un délire fiévreux, j'entendis une série de bruits semblables à un pas de course parcourir les terres à proximité, me forçant à me relever en retirant Génèse de son fourreau. Malheureusement, l'intoxication avait raison de moi, puisque son poids était bien trop lourd pour être continuellement soutenu, et je m'effondrai vers l'avant, enfonçant Génèse dans le sol au cours de ma chute, qui me servait de seul et unique point d'appui pour ne pas tomber à plat ventre.

Heureusement pour moi, j'étais partiellement caché par l'imposante carcasse animale; ce qui pouvait potentiellement me protéger d'une agression extérieure. Je me sentais progressivement reprendre conscience, à croire que la panique me faisait regagner mes esprits.

D'un coup d'oeil rapide, Dragnizzo vit quelque chose bouger derrière quelque chose qui ressemblait à un rocher ou à la carapace d'une tortue. Une lame blanche faite de magie pure se matérialisa au bout du bâton de l'ensorceleur. Ce truc qui se cachait était peut être inoffensif, mais ce n'était pas dans les habitudes de Dragnizzo de ne pas jouer la carte de la sécurité.

L'ensorceleur s'approcha prudemment et vit, au fur et à mesure de son avancée, des cheveux blancs qui dépassaient de la carcasse de tortue.
Un sourire se dessina sous la capuche de l'alchimiste, et la lame magique disparut aussitôt. Il tapota la carcasse avec son bâton.

- Qui c'est qui se cache derrière cette carcasse ?

J'étais repéré. Une voix, apparemment humaine, s'adressait à moi sur un ton joueur, semblable au timbre de voix que pourrait avoir un chasseur face à une proie trop faible; ce qui me fit comprendre que je ne pouvais ni l'affronter, ni m'en échapper. De ce fait, je décidais de me rendre afin de limiter les risques collatéraux, comme une proie faisant le mort pour atténuer les foudres de son assaillant.

"Je me nomme Wound. Ma voix était haletante, encore affaiblie par ces baies dont je ne connaissais pas la provenance, mais que je conserverait encore longtemps en mémoire. Je me suis rendu à Endorial, mais je compte rejoindre ma famille, dans un petit village à proximité de Spelunca. Malheureusement, j'ai mis la main sur quelques cueillettes apparemment toxiques, j'en fais les frais. Je cherchais simplement à me cacher, au risque de tomber sur une créature carnivore."

Quelle que soit la nature de mon interlocuteur, j'avais plus de chances de m'en sortir en usant de diplomatie avec quelqu'un connaissant ma langue qu'avec une créature sans la moindre once de réflexion.

Une homme aux cheveux blanc sortit difficilement de sa cachette. Il commença à se présenter, mais Dragnizzo n'écoutait presque pas. Il comprit juste qu'il s’appelait Wound. Son état était bien plus préoccupant que son discours. Le regard de l'ensorceleur se fit beaucoup sérieux et sévère. Difficulté respiratoire, transpiration et affaiblissement musculaire. C'était un miracle qu'il soit encore vivant dans cette état là et dans des lieux aussi hostiles.

Dès que Dragnizzo entendit parler de sa cueillette, il ouvrit son sac en cuir attaché à sa ceinture et sortit des herbes. Il prit une fiole au contenu orange de sa cartouchière dans laquelle il mit les herbes directement.

- Boit ça.

L'alchimiste tendit la fiole à Wound.

- Et mâche bien les herbes. Elle vont combattre le poison tandis que la potion va te donner un coup de boost. Il ne faut jamais voyager quand on est fatigué. Surtout dans les terres désolés. Je vais t'accompagner jusqu'à ce que la potion fasse effet. Je n'ai pas l'habitude de laisser les gens crever dans un coin.

Un sourire, cette fois sincère, se dessina sur le visage de Dragnizzo. Même si les dents pointues et les yeux oranges qui brillait sous la capuche n'était à l'origine pas rassurant, l'alchimiste possédait un sourire à en rassurer plus d'un.

Le ton joueur avait changé, étant devenu plus impératif. Si en fermant les yeux la voix de l'encapuchonné laissait paraître une certaine froideur, celle-ci était rassurante. L'intonation de chasseur qu'il possédait s'était estompée, laissant cette fois place à une forme de gentillesse imposée. De toute façon, quelles que soient ces intentions, peu de choix s'offraient à moi.

Soit, dans l'optique où la silhouette souhaite s'en prendre à moi, je refusais de boire la potion dans quel cas il lui serait enfantin de me tuer, je succombe à ses coups ou à sa potion; soit il désirait réellement m'apporter son aide et cette fiole pourrait véritablement m'aider. Quoiqu'un peu méfiant, je m'emparais du petit flacon avant de l'ingurgiter, prenant soin de mâcher les herbes comme il me l'indiquait.

Je ne sentais pas l'effet tout de suite, mais au moins, je n'étais pas encore mort. Mieux, il prit soin de me supporter sur un petit bout de chemin pour m'aider à avancer sans succomber aux petites baies qui, je l'avoue, auraient pu profiter de ma gourmandise et ma nécessité pour avoir raison de moi. C'était... rassurant, même venant d'un inconnu.

"Je suppose que tu ne souhaites pas me dire ton prénom ? Argumentai-je, à en juger par sa capuche camouflant son identité, tout en avançant. Le cas contraire, j'apprécierai savoir qui tu es, toi qui fait en sorte de me tenir en vie."

Une quinte de toux, probablement due à l'efficacité de la potion, ponctuait chacune de mes phrases. Cependant, je commençais à perdre un petit peu ces douleurs au niveau des jambes, qui réussissaient de nouveau à me porter, progressivement à me faire marcher convenablement.

A la remarque de Wound, l'alchimiste pensa qu'il avait complètement oublié de se présenter, trop préoccupé par son état.

- Excuse moi ! Je m’appelle Dragnizzo. Alchimiste et Négateur.

Dragnizzo ôta sa capuche et laissa sa chevelure mi longue noire et blanche à l'air libre. Les cheveux blancs, qui n'étaient pas naturels, étaient les effets secondaire de certains mutagènes que l'alchimiste avait essayé sur lui pour supprimer sa lycanthropie, en vain.
Ses yeux oranges, étaient toujours entourés de légère cicatrices sombres accentuant la couleur orange de ses iris.

Soudainement, L'ensorceleur sentit son cœur chauffer. Juste après, un bruit sourd et répétitif était audible. Comme si quelque chose de gros fendait l'air avec une force énorme. D'un coup d'oeil à droite, Dragnizzo vit une énorme lame grise qui tournait verticalement et qui arrivait sur lui à toute vitesse.
Impossible pour lui d'esquiver quelque chose comme ça. Il se concentra alors et se déphasa de la réalité une demi-seconde. Juste le temps que la lame le traverse comme s'il était un fantôme.
L'arme rouillé partit se planter dans roche avec une aisance déconcertante.

- Démon Capra !!

De là ou avait été jeté la lame, à une vingtaine de mètre, une masse d'environs deux mètres et demi avec un crâne gigantesque de chèvre était en train de charger, une autre épée en main, droit sur les deux aventuriers.

Alchimiste ? Négateur ?

Je n'avais aucune idée de ce que pouvait être un négateur, mais sa chevelure et ses iris étaient bien trop particuliers pour me conserver concentré sur ce genre de détails. Alors que j'observais son visage pour me le remémorer en cas de retrouvailles, je vis le visage de mon locuteur se fermer, ses sourcils se froncer, avant qu'il n'hurle le nom d'un démon que je ne connaissais pas.

Une lame venait de traverser Dragnizzo, qui semblait ne pas avoir été affecté. S'il s'agissait d'un mage, ses pouvoirs semblaient extrêmement au point, au point où ça me rendait presque jaloux, y compris dans une situation comme celle-ci. Cependant, lorsque je tournai mon regard pour percevoir la provenance de cette arme, je remarquai un crâne osseux nous charger, comme un bélier, dont le seul but serait d'être une faucheuse à notre encontre.

Je fermais les yeux, impuissant face à cette créature, alors que la panique me parcourait comme des milliards de lame cisaillant ma peau de l'intérieur. Alors que mon corps, prit d'un malaise, commençait à s'effondrer le sol, mes ailes déchirèrent ma chair pour se dévoiler, distinguables par leurs plumes abîmées, dont seule la partie osseuse semblait intacte, alors que le duvet délicat n'était plus. Si la première aile se renfermait entre Dragnizzo et moi, la seconde offrit un puissant battement, suffisamment pour nous déplacer sur le côté, laissant la charge de la créature continuer sa route sans nous percuter.

J'ouvris les yeux quelques secondes après que mes ailes soient rentrées dans mon dos, n'ayant aucun souvenir de ce petit laps de temps; n'étant sûr que d'une chose : Nous avions bougé, à une vitesse qui me semblait bien trop grande pour être naturelle. J'estimais qu'il s'agissait, à nouveau, de l'une des magies de Dragnizzo.

"Qu'est-ce que c'est que cette... bête ?!"

Les joueurs débutent le combat.

Vitesse des joueurs : 638

Dragnizzo : 1875
Vitesse : 529
Dégâts : 1807
Bonus : Ensorcellement : Supprime une compétence ennemie.
Déphasage : Invulnérable si EC


Wound : 120
Vitesse : 109
Dégâts : 60

---
Ennemis

Vitesse des ennemis : 500

Démon Capra : 2800
Vitesse : 500
Dégâts : 500

Dragnizzo était prêt à contrer l'impact du Démon Capra. Il sentait le pouvoir monter en lui, ses griffes et sa force allaient enfin sortir à nouveau. Mais au moment ou il allait se transformer, l'homme à côté de lui l'attrapa et le força à esquiver. Mais quelque chose avait changé. Des ailes osseuses et blanchâtre venaient de sortir du dos de Wound, et rentrer juste après l'attaque du démon esquivé. Wound reprit connaissance et posa une question à Dragnizzo, mais ce dernier n'en prit même pas compte, choqué de ce qu'il venait de voir.

- C'est quoi ses ailes ? T'es un stryge ?

La réponse devait attendre. Un bruit significatif annonçait un danger. Le bruit d'une épée qu'on retire de la roche. Le Démon Capra venait de récupérer sa deuxième lame. Il se tourna calmement vers les deux hommes, et après un spasme musculaire, frappa les sol simultanément avec ses armes rouillées.

- T'inquiète pas le bouc, j'arrive.

Le bâton de l'ensorceleur disparu dans un nuage de fumée. Il allait enfin pouvoir se défouler. Les poils poussèrent, les dents et les griffes sortirent, et la carrure se développa pour atteindre presque la taille du Démon Capra.

- Allez, viens te battre !

Il n'en fallait pas plus pour l'abomination. Le Démon sauta en direction de Dragnizzo et fendit l'air avec ses deux hachoirs dans le but de séparer le loup garou en trois parties. Mais c'était un coup facilement esquivable. D'un léger bon à droite, La bête évita et le coup et tenta une contra attaque. Les griffes du loup se mirent à briller avec une aura violette et noire, et d'un puissant coup de patte, Dragnizzo tenta d'entailler le flan du monstre.

Le membre 'Dragnizzo' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Thérian.' :

Mon cœur accéléra au point où je ne puisse plus convenablement respirer. Alors que la bête venait d'empoigner une seconde lame, que je recherchais le peu de moral dans le regard de Dragnizzo, je vis son apparence changer du tout au tout. Ses dents, qui étaient désormais une part importante de son apparence, étaient aussi pointues que des aiguilles mais bien plus larges, pouvant perforer n'importe quel type de bête d'une simple morsure. Je ne savais plus de quel côté me ranger.

"Dragnizzo !", murmurai-je en espérant être entendu, ne sachant pas si cet animal avait une conscience. Alors que j'effleurai son poil du bout des doigts, il bondit sur le côté d'une vitesse telle que je n'arrivai pas clairement à le discerner, peut-être était-ce là les séquelles de ma brève perte de conscience, ou les baies dont je me suis nourri. Cependant, je pouvais ressentir une bourrasque de vent s'abattre à proximité; les hachoirs de l'ennemi venaient de le trancher si violemment que le simple mouvement du vent me mit en alerte. Ainsi, je dégainais mon arme de mon fourreau.

Ne sachant pas comment être utile, je décidais d'être une entrave pour l'animal, fauchant l'une de ses pattes d'un coup horizontal du plat de mon arme dans le but de le déséquilibrer et d'aider mon partenaire. Du moins... d'aider l'une des bêtes féroces à venir à bout de l'autre, sans savoir laquelle se servirait de moi comme d'un en-cas par la suite.

Le membre 'Wound' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Stryge B' :

Le Démon Capra tape à 500 sur Dragnizzo


Les joueurs débutent le combat.

Vitesse des joueurs : 638

Dragnizzo : 1375
Vitesse : 529
Dégâts : 1807
Bonus : Ensorcellement : Supprime une compétence ennemie.
Déphasage : Invulnérable si EC


Wound : 120
Vitesse : 109
Dégâts : 60

---
Ennemis

Vitesse des ennemis : 500

Démon Capra : 925
Vitesse : 500
Dégâts : 500

Le Démon Capra n'avait pas si bien encaissé le coup de griffe que ça. Il avait reculé de quelques pas, évitant sans faire exprès le coup d'épée de Wound. Mais l'abomination n'avait pas dit son dernier mot. D'un geste sec et rapide, il donna un coup d'épée rouillé dans l'épaule du lycan, laissant une belle ouverture rougeoyante entre les poils noirs.
Mais ce n'est pas le genre de blessure qui allait l'empêcher de combattre. Bien au contraire. Dragnizzo sauta alors sur le démon et le mit à terre. Il leva son poing et visa son crâne. Ce coup devait être le dernier. Car si il ne le tuait pas, il savait très bien que le Démon Capra, qui n'avait pas lâché ses armes dans sa chute, allait lui trancher l'abdomen dans l'instant qui suit.

Le membre 'Dragnizzo' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Thérian.' :

Les joueurs gagnent 28 pièces d'or et 33 points d’expérience

Le RP peut continuer.

J'assistais médusé à un combat opposant deux titans, le premier sous forme de chèvre, le second sous forme de loup.

Cependant, les contes étaient vrais lorsqu'ils parlaient de la férocité des loups, de leur envie de dévorer la chair d'une quelconque bête caprine. Alors que la patte de ce dernier se relevait, il ne lui suffit que de l'abaisser pour livrer un coup si fort que le crâne de l'animal sauta, perforé de toutes parts par l'impact, laissant tomber cornes et gueules sur le sol. Ses bras lâchèrent presque immédiatement ses armes, comme s'il avait tenté au cours d'une fraction de seconde de se rendre face à l'intensité de l'assaut, mais n'avait à peine eu le temps de retirer ses mains de ses lames que sa vie cessait.

Je restais là, impassible. Mes yeux, encore sous le choc d'une telle barbarie, restaient grands ouverts, ne clignaient plus. Qu'était-il ? Étais-je voué à la même souffrance, lorsqu'il me découvrit caché, mourant, derrière la carcasse de tortue ? Mon courage, aussi peu présent soit-il, me poussa à murmurer entre deux gorgées de salive.

"J'ai besoin d'explications, Dragnizzo. S'il te plaît."

"J'ai besoin d'explications, Dragnizzo. S'il te plaît."

Le Lycan se retourna vers Wound, essouflé du combat.

- Hein ?

Dragnizzo regarda ses mains et son corps, et compris un peu tardivement ou était le problème.

- Ah. Oui. Pardon.

En quelques secondes, les attributs disparurent, les griffes et les dents se rétractèrent et les poils se glissèrent sous la peau. Tout en expliquant le pourquoi du comment, Dragnizzo récupéra les morceaux de crâne avec sa dague qu'il mit dans sa sacoche.

- Bon, par ou commencer. Je suis comme tu l'as vu, un loup garou. Mais je contrôle parfaitement cet état. Le monstre que tu as vu était ma cible. Une abomination du nom de Démon Capra. J'ai été envoyé par la Garde Zéphyr car c'est une des abominations les plus agressives envers les populations. Pour te faire un ordre d'idée, un Démon Capra peut mettre à sac un village de deux cents personnes à lui seul. Et dis toi que, dans des temps ancien, ils faisaient ça par groupe de trois ou quatre.

L'ensorceleur se releva de son dépeçage de crâne et rangea sa dague.

- En gros, le retour d'un Démon Capra annonce quelque chose de mauvais. Très mauvais.

Quelque chose de très mauvais ? Que pouvait-il bien penser en expliquant ça ? À vrai dire, tout ce qu'il venait d'annoncer me donnait froid dans le dos, si une seule de ces créatures pouvait vaincre deux-cent personnes comme moi, qu'aurais-je pu faire seul ? Ces quelques questions rhétoriques me menaient à une fatale conclusion : Ce loup-garou venait de littéralement broyer une créature aussi forte qu'un village en deux coups. Qui qu'il soit, je ne pouvais malheureusement pas me le mettre à dos; d'autant plus qu'en me sauvant de cette  bête et d'une intoxication alimentaire, je venais de m'endetter envers Dragnizzo. Peut-être devais-je lui apporter mon aide dans sa quête.

"Je ne pourrais pas rentrer seul sur mes terres natales. De plus, je ne peux pas me permettre de te remercier et rentrer, sans même t'offrir mon aide. Je ne suis pas un guerrier, comme tu as pu le voir; cependant je t'offrirais mon aide dans ta quête si tu le désires. Qui sait, peut-être qu'un jour je deviendrais plus fort, suffisamment pour venir à bout de ces créatures que tu nommes Démon Capra. Quoi qu'il en soit, tu as le choix."

J'argumentais, tout en offrant à Dragnizzo quelques gestes de mains.

"J'aimerai pouvoir t'aider à vaincre ces créatures; je pourrais dans le plus horrible des cas te servir de bouclier de chair, même si j'espère que nous n'ayons pas à en arriver là. J'étais seul, mourant dans un champ de bataille, que je meure à tes côtés ou seul reviendra au même. J'ai cependant un petit peu plus de chances d'accomplir mon objectif en te rejoignant. Qu'en dis-tu ?"

Dragnizzo éclata de rire. Un rire sincère et presque communicatif.

- Allons allons, ne dit pas des choses de cette manière ! Tu es bien plus qu'un guerrier. Même les gens qui se disent guerrier ne vont pas tenter de se battre contre des démons ! Et si tu as cette épée, c'est que le destin ait voulu que tu l'aies. Les armes ne sont pas des outils utiles, ce sont des malédictions, des fardeaux. Mais c'est à toi d'être plus fort que ce fardeau. Tu vaux bien mieux qu'un bouclier de chair. Même si pour l'instant, ta force n'est pas suffisante, ton courage est aussi puissant que l'était ce Démon Capra.

En même temps que son discours, l'ensorceleur chercha dans sa sacoche et sortit une gourde remplie d'eau. Il en prit une gorgé, et la proposa à Wound pendant qu'il continuait à parler.

- Mais je veux bien te prendre sous mon aile. Mais pour l'instant, je veux que tu voyages encore un peu. Même si tu crois avoir une dette envers moi, me rejoindre dans ma quête est bien plus lourde de conséquences que tu pourrais le croire.

Soudainement, Dragnizzo se souvint de quelque chose.

- Au fait ! en parlant d'ailes, je ne savais pas que les stryges pouvaient les cacher.

Je saisissais la gourde de Dragnizzo avec aplomb, déposant mon regard à l'intérieur de cette dernière par curiosité. Qui sait, avec un tel personnage, je n'aurai pas été étonné d'y trouver autre chose que de l'eau. Tout en siphonnant une gorgée aqueuse, flatté par les compliments du lycanthrope, j'en oubliais presque que l'espace d'un instant, il avait été une bête de combat, déchiquetant un démon à mains nues; je me contentais de discuter avec cet homme qui me sauvait la vie précédemment, celui-ci même qui m'accompagnait désormais dans ma route.

J'haussais un sourcil lorsque l'alchimiste exprima son désir que je "voyage" davantage. Peut-être ne m'estimait-il pas prêt à me joindre à sa cause, pour le coup, je ne pouvais lui reprocher quoi que ce soit. Toutefois, je sentais que quelque chose me liait à Dragnizzo et à son aventure, sans pour autant me douter de ce dont il s'agissait; probablement ma propre conviction.

"Mes ailes ? Je fus coupé dans mes pensées par cette phrase, qui me remémoraient les mots de Nova, presque une semaine plus tôt. Pour être honnête, je ne pensais pas en avoir. La seule et unique fois où j'ai eu l'occasion ─ apparemment ─ de me servir de mes ailes, c'est il y a six jours; cependant, j'ai perdu connaissance à ce moment. D'après les dires d'une amie, elles seraient apparues puis rentrées dans mon dos presque instantanément. De ce fait, je ne sais pas comment ou pourquoi mes ailes apparaissent. Jusqu'à ce que tu me le dises, je doutais même d'en posséder, les mots d'une seule personne pouvant être faussés par les émotions. Dis-moi, à quoi ressemblent mes ailes ? À ça ?"

Je sortais à ce moment la petite plume tâchée de sang qui était tombée sur le sol lors de mon affrontement contre des farfadets. Si elle m'appartenait en effet, il me serait impossible de justifier son apparence.

Wound montra une plume taché de rouge. Dragnizzo regarda d'un peu plus près, mais ne savait pas vraiment quoi répondre.

- Hmm je sais pas vraiment, à vrai dire, j'ai pas trop eu le temps d'examiner tes ailes correctement. J'ai juste vu qu'elles étaient plus osseuses que la moyenne.

Dragnizzo regarda le ciel et observa le soleil. L'astre commençait à faiblir un peu et se rapprochait de plus en plus de l'horizon. Il ne fallait pas perdre plus de temps. Déjà que les terres désolés n'étaient pas rassurantes de jour, c'est un vrai cauchemar de nuit.

- On ferait mieux de bouger rapidement, on continuera de parler en marchant. Le soleil va bientôt se coucher et les bestioles se réveiller.

"Je te suis, Dragnizzo; répondis-je immédiatement, avant d'affirmer la direction que je devais suivre. Mon objectif actuel est de me rendre à Spelunca, du moins dans un petit village limitrophe, afin de pouvoir voir à nouveau ma famille. Je n'ai pas de nouvelle de mes proches depuis bien trop longtemps pour rester là à ne rien faire, en espérant qu'ils viennent d'eux-même. Aussi loin que je me souvienne, mon père et ma mère étaient sur le point de se quitter à cause de la tyrannie imposée par les Conquérants. Je n'ai aucune idée de ce qu'ils peuvent être advenus. Est-ce que ça te dérange si nous nous rendons à Spelunca par le chemin le plus rapide ? Au plus vite je les verrais, au plus vite nous pourrons rejoindre ce petit village, au plus vite nous réussirons à nous mettre en route pour ton prochain objectif. Quel est-il, d'ailleurs ?"

Tout en questionnant Dragnizzo, j'accélérais le pas afin de ne pas le ralentir. Il ne s'en rendait peut-être pas compte, mais son pas était vif, rapide; après tout cet homme était à moitié loup.

Dragnizzo comprit Wound. La famille est toujours quelque chose d'important et dont il faut prendre soin. C'est pourquoi l'ensorceleur fait bien attention à souvent revenir chez lui, ne serait-ce pour s'occuper de Shane, son apprentie lorsqu'elle est là, ou bien de Slayne. Et encore, ce dernier n'a pas vraiment besoin de Dragnizzo pour survivre.
Wound posa alors une question à propos du prochain objectif du lycan.

- Alors là, c'est une bonne question. Je retournerai sûrement à la Garde Zéphyr pour montrer la preuve que le Démon Capra est mort, et je retournerai à Ishtar, m'occuper de mes potions et de mon bois..

Dragnizzo lâcha un petit rire à propos de sa situation.

- Oui parce que, à part frapper des abominations dans la bouche, j'ai une vie assez normale à côté ! J'ai ma propre boutique de sculpteur d'armes et d'objets, qui est aussi ma maison. Et il m'arrive aussi de donner des cours à l'institut de magie de Sylfaën. D'ailleurs, si tu as besoin de savoir quelque chose, je pourrais peut être t'aider en matière de magie ou d'alchimie !