Kastalinn, aah…

Kastalinn, ça sentait comme les autres villes : la surpopulation et les fèces. Reek avait fixé cet objectif, Kastalinn, lorsqu’il s’était mis en tête de parcourir le monde. Mais au final, toute grande cité reluisante qu’elle voulait être, Kastalinn sentait le sur-place, la plèbe et les bourgeois tout identique, tous marchaient dans le crottin. Et tous jetaient leurs sceaux de merde par les fenêtres…

Ouais, ben la ville, ça va pas durer !

Bien sûr Reek n’était pas plus propre que tous ces gens qu’il trouvait répugnants. Il était même dans un état que beaucoup jugeaient piteux. Dans son armure trop grande, il faisait encore plus maigre qu’il n’était. Et sur ses tignasse et barbe naissante un peu des plaines et des forêts était resté…

Il entra dans une taverne au hasard. Venir jusqu’ici avait été, pour les dernières lieues, un moment éprouvant. Fatiguant même.

L’atmosphère changea quand il entra : il faisait meilleur ici et le brouhaha couvraient les mauvaises humeurs.

Reek alla s’asseoir au comptoir et quand un serveur vint le voir il demanda « à boire » aussi naturellement que si cela suffisait. Puis son cerveau se connecta et il commanda de l’eau. Le gars en face balança un torchon sur son épaule et fit la moue, mais s’en alla chercher le verre d’eau.

Il ouvrit ses oreilles. Et remarqua, très vite, lequel des fêtards accaparaient le plus la foule. D’un coin de l’œil il observa l’allure de ce fifrolito…

Oh dieux… l’a l’air solide, bien armé…

Reek n’avait regardé qu’une demi-seconde, mais, mais, mais… il lui semblait, enfin peut-être, il croyait avoir croisé son regard… Le regardait-il ? N’étaient-ils pas tous en train de le regarder. Il fixa le comptoir, inspira profondément l’air – pour mieux connaître les gens autour, un truc de chien – et braqua ses oreilles sur le groupe quelque part derrière lui…

Un inconnu de passage… Oui, voilà ce qu’il était dans le fond.

Il attrapa le verre tout juste servit et en but une gorgée.

- J’veux bien te raconter -  hop hop, il passait au tutoiement – pour c’que ça peut être intéressant. Je m’appelle Reek, je viens d’Isthar, au sud. J’faisais pas bien grand-chose là-bas, eh, j’faisais grandir mes muscles. Mais ça me plaisait pas vraiment, la ville… Alors j’suis parti. Avec une loque sur le dos, un couteau et mes poils, à l’aventure, comme ils disent. Il se passe pas grand-chose, je chasse, je travaille un peu, genre pour me payer ça – il désigna son armure neuve. Mais ce qui est sûr… c’est que c’est vivre dehors qui me plait le plus dans cette histoire. Dehors, dans le monde sauvage.

Il sourit.

- Et toi alors ?