Pourfendeur de Skarniens (Event)
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Hommage de FrörHeim (Event)
Rival des Acolytes de la Convergence (Event)
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Soldat de la Milice (Faction)
Adaptation (Spécialisation)
Chasseur invétéré (Artefact)
Voyageur de la Caverne Mystérieuse (Quête)
Votre rôdeur préféré (Event 10 ans)
Changements divers depuis la fiche de présentation
Au cours des différents combats livrés ces derniers temps il a récolté énormément de nouvelles cicatrices que sa fourrure parviens plus ou moins à cacher selon leur emplacement. Une qu'il est toutefois difficile de rater se trouve sur sa main droite. Elle est couturée sur plusieurs centimètres au dos et présente un tissu cicatriciel dénué de poil que l'on retrouve également dans sa paume : sa main fut transpercée par les crocs d'un énorme alligator dans les égouts de Stellaraë. Toutefois malgré cet aspect, il a recouvré toute sa force et son adresse, les guérisseurs de la cité ayant effectués des miracles chirurgicaux en gratitude de cet exploit (il a ramené à la surface une fillette disparue).
Les pendentifs à son cou sont plus nombreux qu'auparavant.
Des plumes d'aigles sont venues s'ajouter à ses colifichets, symbolisant sa maturité dans certaines tribus minotaure.
L'un des crocs du crocodile l'ayant mordu.
Une amulette portant la rune humaine symbole de la Milice.
Un coquillage nacré que lui a laissé une tortue marine suite à sa mésaventure marine (courses de Ynatlatt)
Dans ses possessions, le minotaure conserve une seconde rune humaine dont il ignore le sens, offerte par Thrynn après qu'il lui ai "offert un bain" à la capitale.
Nyssa n'est pas toujours présente aux côtés du minotaure. Lorsqu'il s'avère être seul, celle-ci se trouve soit au bosquet dont elle est la gardienne où ils retournent tout deux régulièrement, soit dans une boulangerie-patisserie de Kastalinn où se trouve un domovoï avec lequel elle s'est lié d'amitié.
La vachette trimbale un véritable arsenal avec elle, intégralement représenté dans sa fiche : - la griffe de combat d'un géant - son tomahawk - une lance achetée il ne sait plus où - le renarc, un arc aux dimensions gargantuesques, offert par la Jarl avant qu'il ne rejoigne la milice - une dague - l'estramaçon dentelé, une épée écarlate et barbelée récupérée sur un Draugr dans le Nord du pays - un Cor de guerre
Offerte par les Dharitris, Doebroksh possède désormais une rune de trajet permettant de se téléporter à travers le continent jusqu'à une pierre levée du village de cette tribu à Wystéria. Initialement liée à un menhir perdu dans le désert d'Harena, le druide Eretor en modifia la magie pour la lier à une pierre levée du territoire des Moj'Hauks, facilitant les voyages du rôdeur. Ceux-ci restent néanmoins une expérience déstabilisante, engendrant malaises et haut-le-cœur.
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Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Sam 26 Jan 2019 - 16:21
Relations
Neivin Le jeune thériantrope à choisit d'accompagner le minotaure taciturne sur les routes des plaines alors que ce dernier était sur le retour d'un achat à la lisière des plaines d'Aran et du désert au sud. Doebroksh fut d'abord soupçonneux vis à vis de cet étranger curieux. Mais il réalisa bien vite que derrière le flot de paroles sans fin du matous à la langue bien pendue se cache un individu sincère et bienveillant. Il témoigne également de dons arcaniques auxquels l'hybride ne saisi pas tout, mais dont il apprécie l'effort de vulgarisation pour l'aider à en saisir la teneur.
Selsya Bien qu'il n'ai jamais réellement conversé avec la Jarl des Miliciens, Doebroksh respectait l'elfe pour le titre qu'elle détenait. Mais il a apprit à craindre également son pouvoir. Lors de la tentative d'invasion du Nord par les vermines du dessous, il fut balayé par la magie de la sorcière sans même qu'elle ne remarque sa présence. Face à une telle démonstration de puissance, le minotaure ne saurait dire s'il craint ou admire de telles facultés. Probablement les deux.
Par la suite, lors de l'incident des poules Dhaure, la Jarl de Kastalinn pourtant si redoutable brilla par son absence. Ce qui n'échappa au chasseur. Néanmoins, c'est avec chaleur et reconnaissance qu'elle l'accepta au sein de la Milice afin de renforcer les liens entre cet ordre et les tribus Ayanis. Elle accepta d'ailleurs avec compréhension la requête qu'il soumit au nom de son peuple de protéger les Aurochs, Bisons et autres bovins des plaines, prouvant qu'elle n'est pas la mégère au coeur de glace que beaucoup la pensent être.
Cela ne l'empêcha toutefois pas de récidiver et, lors de la première convergence qui suivit, elle manqua à nouveau geler le minotaure sur place en déchaînant ses pouvoirs.
Uskøl Lui aussi balayé par la magie de la Jarl des Miliciens lors de l'invasion vermine, Uskøl n'est pas passé inaperçu aux yeux de l'hybride lors de la défense de Kastalinn, suite à l'incident des poules Dhaure. Sa ténacité et son habileté au combat ont largement surpassés ceux du minotaure, permettant de mettre à terme à la menace représentée par le volatile de Tungstène. En plus de son attachement évident à cette partie du territoire, il s'agit de qualités que Doebroksh apprécie chez l'individu. Et ce bien qu'ils ne se connaissent pas.
Uskøl a plus récemment fait preuve d'un engagement pour la milice frôlant l'aberration, allant jusqu'à traquer seul l'ogre géant du nom de Grendel. Alors même que de nombreux camarades ne considèrent comme un paria. Mais lui n'en a cure. Ce qu'il faut retenir est engagement évident du nordien au service de la Jarl et la férocité dont il fait preuve au combat.
Azriel L'individu que Doebroksh a eut l'occasion de côtoyer lors de l'incident des poules Dhaure est une énigme. A la fois plus agile et plus fort que ne le laisse croire sa carrure, Azriel a fait preuve d'une volonté évidente de défendre la cité nordique. Et ce malgré qu'à la connaissance de l'hybride, se soit un étranger. C'est tout ce qui importe réellement. Qu'il cache ses traits ou fasse preuve de dons étonnant ne le dérange nullement s'il agit dans l'intérêt du nord.
Plus tard Doebroksh eut la surprise de recroiser le vampire en se rendant sur l'île de Wystéria. A nouveau ils purent combattre ensemble. Il doit d'ailleurs une fière chandelle à l'arlequin dont les acolytes l'ont tirés des eaux lorsqu'un squale géant s'est attaqué à leur navire.
Zayn
Spoiler:
image non représentative, j'arrive pas à trouver un artwork approchant son avatar... en attendant voici un jack-of-all-trade genasi d'eau de dnd
Usant d'approximativement toutes les armes lui tombant sous la main, le dénommé Zayn fut un atout de poids lors de la défense de Kastalinn face à la poule Dhaure. Faisant preuve d'un courage exemplaire face à un ennemi pourtant bien plus imposant, il révéla avoir dans sa manche des atouts pour le moins... inattendus. Notamment un allié sconse, d'une variété totalement inconnue du chasseur. Cela ajouté au grain de sa peau étrange, Doebroksh le suspecte d'être natif d'une région lointaine lui étant encore inconnue.
Arhiann Croisée par hasard en revenant d'une commission aux lisières du Grand Nord où il rencontra Nyssa, Arhiann se révéla être d'excellente compagnie durant le temps qu'ils partagèrent ensembles. Aimable, joviale et attentionnée, le caractère de la faune plut d'emblée au minotaure. Toutefois, les deux agressions successives de Rabclaws et de Skarniens vinrent ternir leur rencontre où elle fit la démonstrations de pouvoirs auquel il ne comprit rien.
Il regrette l'image qu'il offrit alors à sa nouvelle amie, faisant preuve d'une sauvagerie peu coutumière et d'une cruauté nécessaire à leur sécurité vis à vis d'un prisonnier homme-lapin. Mais pas ses choix. C'est quelque peu amer qu'ils se séparèrent au détour d'une rivière, espérant ne pas avoir trop choqué l'ensorceleuse.
Urua L'étrange thériantrope qu'en Urua a dans un premier temps laissé Doebroksh sceptique. S'agissait-il d'une créature unique en son genre, engoncée dans une armure épaisse et doté d'un arrogance étonnante ? Mais lorsqu'ils combattirent côtes à côtes, l'hybride dû se rendre à l'évidence : les propos d'Urua concernant ses capacités physiques n'étaient pas usurpées et son armure n'était pas que pour l'apparat. De plus son caractère lui aussi n'est pas feint, allant jusqu'à narguer les pirates d'un coup de queue au visage en se sachant encerclé.
En commençant à explorer Wystéria, Doebroksh en a indirectement apprit davantage sur la nature de l'homme-lion. En effet, l'île tropicale regorge de tribus d'homme-félins. Y compris de Lowen. Urua n'est donc pas un spécimens unique. Mais a-t-il des liens avec ces autochtones ?
Lonnan Lonnan est l'un des passagers avec lequel Doebroksh traversa les mers pour rejoindre Wystéria. Discret et faisant preuve de naiveté, cet individu fut pourtant parmi les premiers à prendre les armes pour défendre le vaisseau de l'attaque d'un requin géant. Mais comme le reste de l'équipage, il fut lui aussi dépassé lorsque les pirates prirent d'assaut leur navire. Il est à noter qu'il alla interroger candidement les pirates sur la nature de leur "taxe", conférant au minotaure une diversion providentielle pour fuir le navire.
Une fois sur l'île, ce jeune homme au loup qu'il pensait candide et naïf a toutefois fait preuve d'une froide efficacité au combat, neutralisant en une attaque un ennemi ayant fait ployer le minotaure. Fait d'arme qui a forcé le rôdeur à réviser son jugement vis à vis du thérianthrope. Alors même que sa première réaction suite à cet exploit fut d'aller se confondre en excuses...
Totodarmafur Thauthaudarmafur de son vrai nom cristallise approximativement tout ce que haï le minotaure. Pourtant Doebroksh avait accordé le bénéfice du doute au nain atypique et sa compagne, mettant ses préjugés de côté vis à vis des nains. Ceux-ci, creusant et saignant la terre-mère, polluant le monde et brûlant les forets, ne sont pas tenus en haute estime pas les minotaures. Mais en côtoyant le nain bannis de Baldorheim et toute une brochette d'hybrides qu'il libéra à Ishtar, puis en combattant avec lui, Doebroksh en vint à remettre ses convictions en doute. Les nains méritaient-ils la réputation que son peuple leur attribuait ?
La trahison du bannis n'en fut que plus douloureuse pour le rôdeur, prit à la gorge lorsque Thauthaudarmafur se rangea aux côté des pirates, contraignant le minotaure à combattre pour sa vie ou fuir le navire - sans savoir nager. Suite à cette expérience, la haine que voue Doebroksh au peuple barbu est plus féroce que jamais. En particulier envers celui-ci.
Le capitaine des pirates Aperçu à Ishtar juste avant le départ du navire gobelin qui devait le guider à Wystéria, Doebroksh avait déjà eu un mauvais pressentiment. Celui-ci le menant à se procurer un respirateur aquatique après une discussion avec les marins. Ce qui sauva le rôdeur lorsque, une fois en mer, le capitaine de l'Ombre des côtes guida ses pirates à l'assaut du navire gobelin. Doebroksh ignore le nom de cet orque. Mais le visage, la voix et l'odeur de ce rapace des mers sont tout trois bien gravés dans sa mémoire.
Le second de l'équipage pirate Dans la confusion que fut l'abordage du navire gobelin lorsqu'il se rendit à Wystéria, Doebroksh remarqua l'arsenal dont disposait le navire pirate. Et l'imposante créature mécanique. Mais il ne remarqua pas les balises mécaniques flottant juste sous la surface lorsqu'il se jeta à l'eau. Pas plus qu'il ne sait que tout ceci est le fruit du génie d'une seule personne dont il n'a aperçu qu'une fois le visage avant de prendre la fuite.
Ingvar
Récemment arrivé à Kastalinn, le doux géant est l'unique milicien ayant la faculté de le regarder de haut. Doté d'un caractère proche du simple d'esprit, il a jusque là fait preuve d'affection envers les autres nordiens et n'a pas hésité un instant à se battre pour eux lorsque l'ennemi s'est présenté devant les portes de la ville. C'est bien plus qu'il n'en faut pour inspirer respect et affinité au minotaure.
Parmi les miliciens recrutés après le rôdeur s'en trouve un qui est une énigme pour le minotaure. Il ne comprends pas ce que le vieillard Tjikko est venu faire dans leurs rangs. Trop agé, trop fragile et doté d'aucune faculté magique à sa connaissance... si ce n'est celle de ne jamais être là où Doebroksh pense pouvoir le trouver. Néanmoins, la raison derrière sa candidature n'intéresse pas le minotaure qui a d'autres chats à fouetter.
Il a cependant été confus de rencontrer à l'improviste des individus parmis les miliciens que jamais il n'avait rencontré auparavant. Une djollfulinne dotée d'impressionnantes cornes et d'une armure, une guerrière qu'il n'aurait de toute évidence pas put rater dans les rangs des combattants. Pas plus que l'insaisissable et implacable stryge aux ailes noires.
Greil est aussi un milicien arrivé après le rôdeur. Il semble faire partie de la noblesse déchue d'une autre région ou de quelque chose de ce genre, ce que le minotaure n'a pas très bien comprit. Pour cause, l'intéressé est frappé d'amnésie. Il est toutefois bien entouré, entre une archère vampire qui n'a pas sa langue dans sa poche ou un adolescent téméraire, entre autres. Greil et ces personnes semblant à son service ont été des alliés de poids pour la milice dans les récents évènements ayant secoué Kastalinn.
La rencontre de Thorek a été un tournant dans la vision que le minotaure a des nains. Dans un premier temps, il n'a adressé à l'explorateur qu'un froid mépris. Mais celui-ci, faisant preuve de patience et d'ouverture d'esprit, a progressivement forcé le rôdeur à réviser son jugement comme il partageait ses connaissances et expériences. Chose pourtant improbable lorsque l'on sait la haine féroce que Doebroksh voue à ce peuple et le caractère bougond du cartographe.
C'est chez les nordiens du clan Hafri qu'ils scèllèrent cette amitié tirée par la barbe, au combat puis autour d'une choppe d'hydromel.
Ehawee art by Bakirasan
Flemme de faire les pjs suivants
La tribu Moj'Hauk ff6666 Tribu natale de Doebroksh. Elle est établie sur une colline des plaine d'Aran à quelques jours à l'Est de Kastalinn. Les champs de céréales ponctués de puits éoliens sont nombreux sur leur territoire, délimité par des totems et statues à l'effigie des premiers minotaures arrivés dans la région.
Membres de la tribu:
Ahab Taurillon d'une famille des Moj'Hauk s'étant prit d'affection pour le chasseur. Tout comme Doebroksh dans sa jeunesse, il a la responsabilité d'un loup taciturne nommé "Kyle". Ahab est curieux, croquant la vie à pleine dent et très dynamique pour un minotaure.
Meela Elle est la guide spirituelle des Moj'Hauk, bénéficiant d'un lien fort avec Magnésie, les esprits de la nature et les ancêtres de leur peuple. Elle fut la mère adoptive de Doebroksh dans sa jeunesse.
Orekary Chasseur à la retraite et mentor de Doebroksh. C'est lui qui confia Greywol au minotaure et en fit un rôdeur sur les conseils de Meela.
Bulrug Minotaure tenant l'unique échoppe au sein de la tribu Moj'Hauk.
Lalum Minoenne faisant partie des agriculteurs de la tribu Moj'Hauk.
Sydaer be7c4d Minotaure ami d'enfance de Doebroksh, devenu guérisseur. Il est actif à la frontière de la Perracie afin de mettre ses talents au service des combattants qui luttent contre le comte.
Eretor ff7816 Minotaure ami d'enfance de Doebroksh. Ayant une connexion privilégiée avec les esprits de la nature et de leurs ancêtres, il est probable qu'il devienne le guide spirituel des Moj'Hauk (ou d'une autre tribu qu'il viendrait à rejoindre). Capable de prendre la forme d'un ours géant, il effectue de nombreux voyages à la forêt de Sulfaën.
Tsoh naa'nil Sq'awee des Sq'alchinis 9afae3 Esprit millénaire d'un Ayani contemporain de la migration des hybrides hors de Sylfaen. Emprunt de sagesse, c'est lui qui a annoncé à Doebroksh qu'il avait été choisit par la chasse Archéenne lorsque Meela chercha des réponses auprès de leurs ancêtres oniriques.
Esprits:
Bisoodi Esprit de la nature et père des Sangliers.
Atsa Esprit de la nature et père des Aigles
Shash Nilch'i père des Ours
Nashdóitsoh père des Pumas
Dadii Noldiin le premier essaim de lucioles
Khircunos Naalzheehi, incarnation de Njiljeeh Incarnation immortelle de la Chasse Archéenne, plus ancienne que la lumière et les ténèbres, ayant choisit Doebroksh comme un de ses élus. En refusant cet honneur, le rôdeur est passé de à proie pour les autres élus, de chasseur à proie, originaires de ce monde comme d'autres. (voir rp Chasse sauvage II) Naalzheehi signifie chasseur, Njiljeeh la chasse primitive
Autres relations
Peaux-vertes:
Cerberius 00c720 Cerberius est l'un des premiers orques qu'a rencontré Doebroksh au cours de ses voyages commerciaux. Celui-ci est membre du clan Gronarah et est un chasseur, tout comme l'hybride. Couramment surnommé "Cerby", il sympathisa avec le minotaure dès leur première rencontre. Lorsqu'ils se croisent sur la route des caravanes peaux-verte au Nord du désert d'Harena, tout deux ne manquent pas de partager une choppe en se racontant leurs dernières aventures.
Personnages connus:
Dörtmund, Nya et Hyena 599847 Guetteur du Nord dont l'affiliation est inconnue de l'hybride. Il l'assista toutefois dans la mise à mort d'une wyverne arctique frénétique et gagna sa confiance. (voir rp Wyverne Arctique I & II)
Tungstène le grand enchanteur 999900 L'enchanteur, pourtant renommé et apprécié de tout le continent, c'était attiré le courroux du rôdeur pour avoir laché sur des personnes vulnérables des galinacées frénétiques. Son dédain des conséquences et la légereté vis à vis des dégats subits avaient motivé l'Ayani à se rendre jusqu'à son sanctuaire, au plus profond du Dasikon Teras, pour l'y confronter et passer un message au nom de tout les habitants de Duralas : nulle part il ne serait hors d'atteinte pour endosser la responsabilité de ses actes, tout doyen de l'académie, premier dragonnier et enchanteur qu'il soit.
Boziko Doebroksh n'a pas encore rencontré l'homme-buffle au service du roi-sorcier exalté. Toutefois, ayant été confondu avec lui en se présentant au village de Kothemba, il en apprit suffisamment sur lui pour comprendre qui est cet hybride. Qu'un cousin Ayani terrorise ainsi les populations locales fait bouillir le sang du rôdeur. Ce n'est qu'une question de temps avant qu'il ne retourne à la savane, laver l'honneur de sa race dans le sang du virtuose belliqueux.
Hreiðmarr L'ancien Jarl du clan Boendr hantait les grottes d'Aràn, corrompu par l'étrange mal qui semble toucher quiconque y reste trop longtemps sous terre. Doebroksh faisait partie de l'éxpédition milicienne qui parvint à le terrasser, cet honneur revenant à Ingvar. Toutefois, à la stupeur générale, Hreiðmarr aurait récemment été aperçu rodant à proximité des grottes, entourré d'Askafroas...
Naalzheehi:
Shagrath 6ed1ae Premier élu de la Chasse Archéenne à avoir traqué Doebroksh. (Voir rps Naalzheehi & Décompresser au bord de l'eau)
Second chasseur (non nommé) df8ec6 Second élu de la Chasse Archéenne à avoir traqué Doebroksh. (Voir rp Naalzheehi II)
Miliciens:
ddddff Jumson ffffff Le nordien est un guerrier issu du clan Hafri. Rencontré lors de la première garde du minotaure à la tour de guet de Niflheim, tout deux sympathisèrent rapidement après quelques combats contre des bêtes sauvages suivies de soirées arrosées entre miliciens, au coin du feu.
Mägnar Kattdottir art by Annie Doyon bbbbbb Récemment revenue à la milice après un long voyage initiatique, Mägnar a rapidement effectué quelques missions de routine dans les mêmes groupes que Doebroksh. Elle se révèle être une personne agréable, curieuse, sincère et à ne pas sous-estimer.
Eona art by Sylveira 908050 Milicienne généralement affectée à la tour des lymbes et ayant prouvé avoir des sens très affutés.
Gell art by TheMinttu 03b930 Barbare Orque ayant récemment rejoint les Miliciens et en poste à Niflheim
Dharitris:
Freyja orange Matriarche de la tribu Dharitri sur l'île de Wystéria, la thérian-tigre a été prompte à accepter l'aide que pouvait offrir l'Ayani en maraude. En protégeant le refuge de Guillaëd et les autochtones, il a décroché la confiance de l'influente féline, au point de se voir offrir un moyen de revenir sur l'île en la matière d'une pierre de trajet. Freyja est aisément reconnaissable parmis les siens de par la tache noire sur son museau, mais également à sa voix grave et rocailleuse accentuant le tranchant de sa répartie, ainsi que par le cheveux prononçé qu'elle porte sur la langue.
Petit peuple:
Les katwingas Esprits de la nature timide et facétieux, ils forment des cercles de fées à travers les plaines du Nord et se cachent à la moindre menace, étant capable de se fondre dans le sol, la roche et l'écorce. Amicaux, joueur et curieux, ils sont difficile à observer mais ne manquent pas eux de scruter toute présence inhabituelle près de leurs refuges.
Le domovoi de la boulangerie A l'origine de tumulte à la boulangerie où il réside, habituellement terré au chaud sous le four à pain, ce domovoi Kastelinnois a sauvé ses collocataires humains d'un effondrement qu'il avait découvert sous l'édifice. Durant cet épisode, c'est Nyssa Folkore qui échangea avec le petit être et se lia d'amitié avec lui, restant souvent à la boulangerie lorsque le minotaure a à faire à la milice.
Familiers & Montures
Greywol Premier familier de Doebroksh qui lui fut confié vers ses cinq ans. Mais approchant des vingt-cinq, le vieux loup a finalement rendu son dernier souffle. En perdant ce compagnon, Doebroksh a également perdu son meilleur ami et confident.
Chaton roux Doebroksh n'a aucune idée de l'origine de ce matou. Apparut au camp des Moj'Hauks peu après la disparition de Greywol, il n'a de cesse de suivre l'hybride partout où il se rend. Neivin a d'ailleurs confirmé au chasseur que le félin s'était réellement attaché à lui. Mais malgré ces honnêtes sentiments, l'animal est à la fois trop fragile et trop gaffeur pour accompagner Doebroksh. Raison pour laquelle il le confia a Bulrug, la présence du chat tenant les rongeurs à l'écart des greniers de la tribu. Malgré tout, dès que le minotaure itinérant revient sur ses terres, il est chaleureusement accueillit et suivit à la trace par la touffe de poils rousse.
Nyssa Folkor Récemment rencontrée en revenant d'une commission dans l’extrême Nord des plaines d'Aran, la Fée Nordique se fit capturer par le chasseur en tentant de lui voler ses provisions. Cependant, au lieu de la punir pour son crime, le minotaure lui offrit de partager son repas. Honteuse de l'avoir abordé dans de telles conditions - et même agressé ! - Nyssa a fait le choix de l'accompagner un temps pour faire amende honorable. Elle a quitté son bosquet natal de la toundra glacée, malheureusement mourant malgré ses soins, pour explorer le monde aux côté de son débiteur. Dotée d'une curiosité maladive et d'une légère tendance à la cleptomanie, la petite fée n'est pas à sous-estimer. Sa magie a aisément mutilé le rôdeur aguerrit comme soigné ses blessures avec une facilité déconcertante.
Tsodii Le vrai nom de cette créature, nommée par l'hybride, est Tééhooltsodii. Dans sa langue, cela signifie Béhémoth. Et ce nom convient parfaitement à cet animal. Si sa morphologie rappelle celle d'un rhinocéros, Tsodii en est pourtant aussi différent que le minotaure l'est un boeuf. Tsodii fait deux fois la taille d'un rhinocéros laineux et son corps est recouvert d'écailles épaisses comme celles d'aligators. Sa couleur varie du noir pour le dos à un jaune-vert grisâtre au niveau de l'abdomen. Ses pattes dottées d'une force colossale se terminent par des griffes imposantes et sa longue queue peut fouetter l'air ou un agresseur à une vitesse stupéfiante. Mais surtout, plus que ces caractéristiques, c'est l'intelligence de cet animal qui à poussé le minotaure à s'y intéresser. Tsodii est doté d'un caractère bien trempé mais dissimule un tempérament doux voire taquin tout en se montrant plus éclairé qu'un chien ou un rapace.
Slots RP utilisés 1/4 Errances (pause) Slot initiatique dispo - Auberge nordique (mp ou discord)
Doebroksh s'exprime en #ff9999 Nyssa s'exprime en #62fff1
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Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Lun 10 Juin 2019 - 10:14
RP Métier I
Bisoodi et Ahab:
Le minotaure se pencha sur le corps qu'il évalua d'un œil critique. Le temps de rejoindre celui-ci, la bête avait rendu l'âme. Si elle n'avait pas été tuée à l'impact, son agonie aurait au moins été courte. La flèche ne l'avait pas atteint à la tête comme il l'aurait souhaité. Mais profondément enfoncée à la base de son cou, elle avait visiblement touché un point vital.
Avec précaution, il empoigna le trait qu'il tira doucement par la tige. Sans trop résister, celui-ci glissa centimètre par centimètre avec un bouillon écarlate. Jusqu'à ce que la tête en métal ne retrouve l'air libre. Il leva son projectile à la lumière du jour afin de s'assurer que celui-ci n'avais pas été endommagé : cette pointe était prévue pour pénétrer la chair mais pas seulement. Sa forme était étudiée pour s'extraire sans abimer la chair plus que de raison. Inutile de mutiler inutilement une cible à laquelle le tir ne s'adressait pas. De plus, la viande comme le cuir n'en étaient que de meilleurs qualité.
Satisfait, il prit le temps de nettoyer la pointe en losange avec quelques feuilles. Puis soigneusement il la glissa dans la partie gauche de son carquois. Celle de droite était elle réservée aux pointes barbelées, destinées à un autre type de cibles.
Revenant à la dépouille porcine, il s'agenouilla et posa les doigts sur le corps encore chaud.
- Esprit Bisoodi, commença-t-il à réciter d'un ton reconnaissant. Père des sangliers et sage gardien de l'équilibre de ce monde. Je t'exprime humblement ma gratitude pour m'accorder cet avatar de ton essence afin de nourrir les miens.
Rouvrant les yeux, le minoen s'empara du poignard jusque là fixé à sa hanche et se releva en quête d'une branche suffisamment robuste pour constituer un cintre. Quelques minutes plus tard, il suspendait la dépouille par les pattes arrières. Lame au poing, Doebroksh le planta jusqu'à la garde dans le bas-ventre de l'animal. Avec des gestes mécaniques, façonnés par la pratique, il éventra le corps jusqu'à la gage thoracique et répandit ses entrailles fumantes à même le sol.
Moins d'une heure plus tard, il enrobait la venaison et les gigues dans la peau soigneusement découpée du sanglier. Nuant une ficelle pour fixer l'ensemble, il laissa cependant le fruit de sa chasse et se tourna vers le trou où reposaient les abats et organes non comestibles. S'agenouillant une dernière fois, il posa les paumes à terre.
- Accepte cette modeste offrande, sage Bisoodi, que je rétribue à tes semblables avec la prière de nous accorder à nouveau ta générosité. A ma tribu comme aux autres que tu jugerais dignes de tes faveurs.
Concluant le rite, il étendit les bras et recouvrit le trou de terreau. Il répéta ce geste plusieurs fois jusqu'à ce la fosse ne soit complètement recouverte. Puis, avec révérence, déposa la tête porcine sur celle-ci. Saisissant le paquet improvisé encore gouttant, le minotaure reprit le chemin du camp de sa tribu. Les Moj'hauks.
*
Approchant des siens, le minoen prit le temps de parcourir la plaine du regard. D'un côté se trouvait plusieurs étendues de blés et maïs, regroupées autour du puits éolien. Par un astucieux système enseigné longtemps auparavant à leur peuple par les elfes, le vent gonflant les voiles venait puiser l'eau en profondeur en actionnant une manivelle. Songer que la corde disparaissant actuellement dans les profondeurs était celle ramenée la semaine passée de Kastalinn lui arracha un sourire. Sourire qui se crispa lorsqu'il remarqua un taurillon de leur tribu sortir du camp pour venir à sa rencontre.
Au moment où ils ne furent plus qu'à quelques mètres l'un de l'autre, le chasseur s'immobilisa et inclina la tête de côté. Les cornes du petit ne faisaient encore qu'une dizaine de centimètres, tout au plus. Néanmoins et malgré sa taille actuelle, ce minotaure au poil clair risquait bien de le dépasser dans une dizaine d'années…
- Doebroksh... déclara-t-il en se frottant nerveusement les doigts. - Ahab, lui répondit l'intéressé en le saluant de la tête.
L'adulte plissa le regard comme son cadet gardait le silence, se contentant de l'observer. Le trappeur lui fit signe du coude de marcher avec lui en direction du camp.
- Quelque chose te tracasse ? Tenta-t-il de lui tirer les vers du mufle après quelques instants. - Ben… hésita-t-il. Meela, elle m'a dit de vous demander quand vous seriez de retour et…
Il s'interrompit, cherchant ses mots et croisant les doigts. Ils firent quelques pas de plus, Ahab gardant la tête baissée. Le minoen taciturne remarqua la queue au crin crème ondulant avec fébrilité dans son dos, trahissant son malaise. Doebroksh s'arrêta à nouveau, aussitôt imité par le taurillon, puis mis un genoux à terre afin de réduire leur différence de taille. Mais même ainsi il restait deux bonnes têtes plus grand...
- Je suis rentré. Tu peux me dire ce qui te tracasse ?
Pour que Meela l'ai orienté vers lui en le sachant à la chasse, son problème ne devait être ni grave ni urgent. Toutefois, quelqu'il soit, cela travaillait le jeune.
- Et bien… Je me demandais… commença-t-il en fuyant son regard.
Inspirant à plein poumons, il se força à regarder son ainé avant d'enfin demander :
- Est-ce que vous m'aideriez à retrouver mon loup ?
Son loup ? Dans l'instant Doebroksh se retint de rire, le pauvre petit était déjà assez mal à l'aise et l'aurait mal prit. Néanmoins, l'instant de surprise passé, son enjouement laissa place à un tout autre sentiment. Son loup...
Malgré lui, l'image de Greywol vint s'imposer dans ses pensées. Son propre compagnon a quatre pattes disparut la semaine passée. Compagnon qui lui avait été confié alors qu'il était un peu plus jeune que le taurillon.
- Kyle, si j'ai bonne mémoire ? Répondit simplement l'adulte après un moment.
Les yeux s'illuminant d'espoir, Ahab hocha vigoureusement la tête avant qu'il reprenne :
- Bien sûr que je vais t'aider à le retrouver, le rassura-t-il d'une voix confiante tandis qu'il lui frottait affectueusement le front de sa main libre. Il ne doit pas être bien loin. Laisse moi juste déposer ceci et…
Lorgnant sa venaison, une idée germa dans ses pensées et vint estomper sa peine. Pourquoi ne pas tenter d'appâter ce capricieux camarade afin qu'ils ne les fasse pas cavaler jusqu'à la tombée de la nuit, une fois qu'ils l'auraient retrouvé ?
Le mastodonte:
- Et tu dis qu'il te suit partout , répéta le dresseur avec amusement. Sans que tu saches d'où il sort. - Ce n'est pas faute de chercher , répondit Doebroksh en se grattant la nuque.
Penché sur le félin, Bulrug se tourna vers le minotaure un peu penaud. Prenant appuis sur ses genoux massifs, il se redressa avant de poser la main sur l'épaule du minoen à poil sombre.
- Ne t'en fais pas va, je trouverais quoi en faire. Je me doute que dans tes… activités, ce genre de compagnon ne t'es d'aucune utilité. Toutefois pour nous qui sommes tout les jours au camp… - … il tiendrait à distance la vermine , compléta Doebroksh. - Exactement. Les greniers ne s'en porteront que mieux. Et puis cela me changera d'élever ces foutus lapins cornus...
Le minotaure taciturne hocha la tête d'approbation et tourna les sabot, laissant là l'autre hybride.
- Héla, où tu vas toi , intervint cependant Bulrug en refermant ses doigts massifs autour du chat roux. C'est avec moi que tu vas rester à présent ! Et…
Réalisant brusquement qu'il oubliait quelque chose, il héla :
- Doe' ! Cela m'était sorti de la tête ! Hier un cochon sauvage s'est pointé près du lopin de Lalum ! Y parait qu'il l'aurait quelque peu bousculé tu pourrais y jeter un œil ?
Arrêté sur le palier de la tente, celui-ci hocha la tête d'approbation.
Déclarer que cet animal avait bousculé Lalum - une cultivatrice de la tribu des Moj'Hauk, était peu dire. Il avait chargé la minoenne au lieu de fuir lorsqu'elle s'était dressée de toute sa hauteur pour le faire déguerpir. La pauvre avait la hanche bien abimée et, une fois à terre, avait subi un coup de défense au flanc. D'autres minotaures avaient accourus et fait déguerpir ce sanglier si agressif, haut de plus d'un mètre d'après leur description. Mais le mal était fait.
Etudiant une paire d'empreintes figées dans la boue, le chasseur n'osa imaginer ce qu'il serait advenu si celle-ci avait été seule. Agée d'approximativement une dizaine d'hivers de plus que lui, Lalum faisait partie des minotaures ayant accompagnés le taurillon lors de son enfance solitaire. S'efforçant de contenir son irritation, Doebroksh poursuivit sa traque en essayant de mettre de côté ces pensées superflues.
Remonter la piste de l'animal s'était révélé aisé : il avait plût la veille de l'incident et les empreintes étaient clairement visibles. Et profondes. Ce spécimen dépassait facilement les cent kilos. Et au vu des branches brisées du sorbier qu'il avait sous les yeux, au-dessus de ses genoux, mesurait bien plus que la taille estimée par les autres hybrides. Il s'agissait probablement d'un mâle reproducteur, à la tête d'une harde en pleine migration avec la rotation des saisons. D'ordinaire, les spécimens de se statut étaient laissés en paix par les chasseurs car assuraient le renouvellement de leurs groupes. Mais celui-ci ayant prouvé qu'il ne craignait pas un minoen adulte… il n'hésiterait pas à s'en prendre à un jeune taurillon. Or il n'en était pas question. Leur tribu avait déjà bien assez de problèmes avec les gouivres pour en rajouter...
Cela faisait une demi-journée qu'il traquait la bête et le soleil avait à présent entamé sa descente. La piste se réchauffait : de multiples jeux d'empreintes de tailles et profondeurs différentes et des déjections encore tièdes. Il était tout proche. Quelques minutes de plus et des grouignements parvinrent à ses oreilles. Aussitôt il s'immobilisa, attentif au moindre son, mouvement ou fragrance de sa proie. Avec satisfaction il s'accroupit : le bouquet était léger mais il sentait en effet l'odeur des porcins droit devant. Le vent était donc face à lui : il pouvait approcher sans être repéré.
Avec précaution, écartant silencieusement les brindilles et feuilles mortes avant de poser les sabots, il s'approcha. Finalement, il pu avoir un visuel de sa proie lorsqu'il écarta lentement une branche basse face à lui, dissimulé par un parterre de hautes fougères. Au-delà de celui-ci, il entendait plus qu'il discernait la souille où ils s'ébattaient a grand renfort d'éclaboussures. En vérité, il avait dans son champ de vision une bonne dizaine d'adultes de façon intermittente, mais seul le béhémot au centre du groupe retenait son attention. Celui-ci était tout bonnement colossal. Un mètre vingt ? Trente ? Plus encore ? Il n'aurait su trancher. Il tira doucement une flèche de son carquois sans quitter sa cible du regard, les cris nasillards des plus jeunes venant ponctuer les grognements de leurs ainés.
Avec une lenteur toute calculée, Doebroksh encocha le trait. Le vent n'avait pas tourné et aucun signe d'agitation n'indiquait qu'il était découvert. Il allait pouvoir ajuster son tir et…
Un mouvement brusque sur sa droite vint interrompre sa visée. Interdit, il posa le regard sur le marcassin baroudeur parti explorer les fougères et venant de le débusquer. Une bonne seconde s'écoula alors que tout deux se dévisageaient en affichant une surprise partagée. Puis le petit poussa un grouinement de panique et détala sans demander son reste. Le minotaure lâcha un juron.
La discrétion était désormais le cadet de ses soucis. Se redressant brusquement, arc bandé, il chercha le mâle du regard avant que celui-ci ne s'enfuie à nouveau.
- Que…
Il n'eut le temps d'ajuster son projectile, le mastodonte fondant sur lui sans se préoccuper de leur différence de taille. Et la pointe qui lui perça l'armure - cuir épais entre la tête et l'abdomen - ne le freina pas outre mesure. Le cueillant aux mollets, il parvint même l'espace de quelques instants à faire décoller le chasseur du sol. Roulant de côté en serrant les dents, Doebroksh avisa le sanglier revenant à la charge. Levant le bras gauche, il protégea son mufle de l'impact et échappa un cri en sentant les défense de l'animal le poignarder entre deux coups de groin.
Le minotaure se débattit comme il put, se couvrant de terre humide et piétinant les fougères dans son pugilat sauvage. A grand peine il retenait l'animal beuglant de colère de lui planter à nouveau ses défenses à travers le cuir. Mais cela ne l'empêchait nullement de labourer l'abdomen de l'hybride de douloureuses griffures. Rugissant en retour, Doebroksh le gratifia d'un coup de poing en plein groin aussi fort que lui permettait sa position précaire. L'animal eut un bref mouvement de recul, s'ébroua et déjà revint à l'assaut du minotaure à terre. Mais se fut suffisant pour celui-ci qui avait refermé le poing sur une hampe dépassant de son carquois.
Avec un cri de fureur il planta la flèche barbelée un plein museau de l'animal qui aussitôt poussa un glapissement terrible et bondit de côté. Mugissant à plein poumons, il commença à sauter tel un cabris, secouant la tête en tout sens pour se libérer de la pointe fermement ancrée dans sa chair. Toussant et la fourrure maculée de terre humide, Doebroksh se redressa douloureusement.
- Dans l'œil… sa fait mal n'est-ce pas ? Lança-t-il avec amertume.
Une fois de retour sur ses appuis, il cracha un mollard écarlate avant de tirer son poignard de dépeçage de son fourreau. Le groin planté dans le sol, la bête tentait vainement d'arracher le trait en se frottant le museau de ses pattes avant. Remonté à bloc, le minotaure fit quelques pas puis percuta l'animal blessé qu'il plaqua au sol à son tour avec un cri de rage. Une patte ricochant sur ses cornes, le chasseur planta enfin son poignard sous l'oreille du mâle dominant. En criant de triomphe il passa son adversaire par la lame, l'égorgeant sauvagement et brisant son arme par la même occasion.
Soucieux de remettre de l'espace entre la créature à l'agonie et lui il se laissa tomber en arrière. Manche de son couteau en main, il tacha de retrouver son souffle en observant ses derniers spasmes. Des fluides écarlates lui éclaboussaient les sabots par giclées dont le débit faiblissait déjà. Avant qu'une minute ne passe il cessa de trembler et rendit enfin son dernier souffle.
S'essuyant le front et se maculant de boue, le chasseur parcourut la souille désertée du regard. Adultes comme marcassins avaient déguerpis dès le début de l'échauffourée. L'endroit retrouvait à présent le calme plus familier d'une fin d'après-midi. Finalement, il posa les yeux sur la dépouille.
- Bisoodi, souffla-t-il après un moment. J'ignore où tu a été chercher celui-là, mais tu ne l'as pas raté.
La pêche au sanglier:
Doebroksh étudia l’endroit d’un regard critique. A l’ombre d’un imposant saule, il se trouvait à l’abri du vent. De plus, rien à priori n’était susceptible de troubler le calme ambiant. L’endroit serait donc parfait pour ce que le minotaure avait en tête.
- Nous nous établirons ici, déclara-t-il en coulant un regard bienveillant à son cadet. - En avant ! s’écria celui-ci en déboulant, son compagnon à quatre pattes sur les talons.
Se retenant de rire, le chasseur déroula au bord de l’eau la couverture qu’il avait apporté. Puis, il tira les deux cannes rétractables de son carquois et en tendis une au taurillon.
- Tu la déroule ainsi, expliqua-t-il à Ahab en joignant le geste à la parole.
Puis dégrafant son brassard, il s’empara de deux hameçons. Déjà le jeune lui tendait des grains de maïs.
- Doucement, le calma-t-il. Déjà laisse-moi passer le fil et le fixer aux cannes.
Quelques minutes plus tard, les deux minoens étaient assis côtes à côtes devant leurs cannes à pêche. Les bouchons, fins carrés de bois surplombés d’une plume, flottaient paisiblement à quelques mètres de la rive.
- Et maintenant ? - Maintenant on attend, répondit Doebroksh en caressant le loup du taurillon. Peut-être cela mordra, peut-être pas. Nous verrons. - …
Les yeux rivés sur sa ligne, le taurillon mit moins d’un quart d’heure avant de perdre patience.
- Mais c’est quand que ça va mordre ? s’exaspéra-t-il. - Je ne sais pas. Ce que je sais, c’est que plus tu fais du bruit et plus…
Une éclaboussure soudaine de l’autre côté de l’étang vint l’interrompre. Aussitôt Kyle fut sur ses quatre pattes, les deux minotaures se tournant vers la source du bruit.
La vue d’un marcassin, batifolant joyeusement dans l’eau, laissa le chasseur pantois. Bien vite, quelques autres se présentèrent, bien plus hésitant. Puis leur mère qui se contenta de fouiller le bord de l’eau du groin.
- Dis Doebroksh, tu crois qu’ils pourraient mordre à l’hameçon si on ne fait pas de bruit ? - Bonne question.
Le Renarc:
Lentement, le minotaure s'accroupit devant la dépouille. L'animal, de toute évidence, avait été tué sur le coup. La plaie béante dans son poitrail était si large que même lui aurait presque put y glisser l'un de ses doigts noueux.
Doebroksh ne savait trop quoi penser. Une telle arme changeait radicalement les choses et il était bien incapable de trancher s'il s'agissait d'une mauvaise ou d'une bonne nouvelle. Certes ses talents de pisteur et ses connaissances de la nature ne s'improvisaient pas, mais cet arc rendait les choses plus… facile. Trop facile.
Il se redressa, l'arme en question au poing. Finement ouvragée, une fourrure était représentée d'un bout à l'autre du bois orangé. Aux deux extrémités étaient stylisée des mâchoires lupines d'où jaillissaient la corde de l'arc. Une troisième mâchoire venait compléter cet aspect si étonnant à la poignée, recouvrant le dos de son poing comme un petit bouclier. Lorsqu'il décochait ses flèches avec cet arc, la gueule crachait littéralement ses traits. Avec une puissance dévastatrice qui plus est, trahissant sa nature magique. Il avait d'ailleurs remarqué que les petites gemmes incrustées dans les orbites des trois têtes luisaient faiblement lorsqu'il bandait la corde.
Un tel don n'était un outil de chasse. Il en retirait la saveur même, ce fameux frisson procuré par la traque et la confrontation avec sa proie. Dès lors qu'elle était dans son champ de vision, celle-ci était condamnée. A l'avenir lors de ses séances de chasse il se contenterait de son banal arc offert par Orekary.
Hors de question toutefois de jeter cette nouvelle arme. Sa valeur dépassait de loin tout ce que Doebroksh possédait et venait de prouver son efficacité. Rien que songer à comment il l'avait obtenu le laissa songeur. Pour être intervenu à la bataille de Kastalinn lors de l'arrivée des Skarnien, cet arc portant le nom de Renarc lui avait été offert en plus d'un plastron tout aussi précieux qu'il devrait faire ajuster. Pourtant… méritait-il de tels présents ? Sa présence avait au mieux été anecdotique, lui-même balayé comme une poupée de chiffons par la démonstration de puissance de la leader des miliciens. Selsya… Rien que de songer au pouvoir qu'elle détenait, il en avait des frissons.
Réfléchissant en silence dans le sous-bois, il finit par tirer son coutelas du brassard à son poignet. Que la chasse du jour ne lui ai pas apporté le plaisir souhaité ne changeait rien à son résultat. Il avait une carcasse à vider et de la viande encore chaude à ramener aux Moj'Hauks.
Gardien des champs:
- Les réserves de viande sont pleines. Mais les porcins continuent à ravager les champs de blé. Meh.
Gromellant dans sa barbe en déposant ses collets, le trappeur s'efforça de se concentrer sur sa tâche. Il y avait à présent bon nombre de chasseurs dans la tribu. Mais pour ne rien arranger, les anciens avaient accepté d'acheter une partie des venaisons d'une caravane d'humains et de changeurs de peau, décidément de plus en plus nombreux à Dùralas. Ces derniers avaient un surplus conséquent à écouler et, par des échanges de bons procédés, ils avaient bradés leur prix et les Moj'Hauk avaient remplis leurs selliers.
Le bon côté des choses était que tout le monde au campement pourrait consommer de la viande à sa faim pendant au minimum toute une semaine. La mauvaise était que protéger les champs des sangliers sans les blesser ne serait pas aisé.
Se redressant, il parcourut du regard l'orée du sous-bois. Même en sachant où ils se trouvaient posés, il avait peine à distinguer la dizaine de cordes posées tout du long. Satisfait, il tourna les sabots avant de se diriger vers la lisière de deux plantations distinctes. D'expérience, il savait qu'un sanglier capturé emmétrait un tel vacarme qu'il effraierait les autres et les ferait déguerpir. Il savait également qu'un adulte briserait le lien dans la demi-heure et que, une autre demi-heure plus tard, les animaux viendraient retourner la terre en quête du grain semé.
Posant le Renarc près de sa couche sommaire, il savait que la nuit risquait d'être longue. Résolu à peu dormir, il observa les étoiles en silence. De là-haut, Magnésie était-elle en train de l'observer ? Et si oui, pourrait-elle inciter les enfants de Bisoodi de rester calme ce soir ?
Doebroksh secoua la tête. Réclamer une faveur si futile serait idiot. Et rendrait la déesse comme les esprits peu enclins à l'écouter le jour où réellement il aurait besoin de...
Un cri aigu vint brusquement interrompre ses pensées. Confus, il se releva, son terrible arc au poing : cela ne ressemblait nullement à un cri porcin. Et la nuit était encore bien jeune pour une harde de sangliers. Cela ressemblait davantage à... des miaulements.
Soupirant, Doebroksh prit la direction du piège où, il en avait à présent la certitude, ce fichu chat roux l'attendait. Au moins ne passerait-il pas la nuit seul...
Le rite des aigles:
- Tant que tu n'auras pas effectué le rite, tu ne pourras pas être considéré comme un adulte.
Doebroksh croisa les bras en entendant ces sornettes. Cet ancien des Sha'Dzil lui tapait décidément sur les nerfs. Le minoen était venu vendre du papier à cette tribu de l'Est des plaines. Pas effectué un voyage initiatique quelconque.
- Les aigles menacent vos taurillons ? - Qui te parle de menace, balaya le vieux minotaure en agitant la main. Je te parle de devenir pleinement un adulte et de pouvoir revendiquer une minoenne tienne. Avoir desc… - Ce n'est pas ce pourquoi je suis venu, l'interrompit le voyageur en perdant patience. J'ai appris que vous cherchiez du papier. J'ai dans mon sac de quoi écrire pendant une décennie. Prenez vous ce papier oui ou non ?
Mêlant le geste à la parole, il entrouvrit son paquetage afin de mettre en évidence sa marchandise. Les membres de cette modeste réunion tournèrent leur attention vers les biens, mais pas leur doyen. Celui-ci se contenta de plisser les yeux et renâcla.
- Je ne commerce pas avec les enfants. Reviens lorsque tu auras grandit, Taurillon.
Une lueur de colère passa dans le regard du Moj'Hauk. Serrant les poings, il contint néanmoins ses émotions sans cesser de fusiller son ainé du regard.
- Soit, répondit-il simplement d'un ton grave.
Se relevant, Doebroksh reprit le paquetage de papier. Sans un regard ni la moindre salutation, il quitta la yourte pour retrouver l'air frais de la mi-journée. Les Sha'Dzil le regardèrent quitter leur village en silence.
Leur tribu était établie dans l'Est du pays. Limitrophe des plaines au Nord et du désert au Sud, le territoire qu'elle revendiquait était un des plus étonnant qu'il lui ai été donné d'arpenter. D'immenses colonnes de pierre rouge ponctuaient le paysage, défiant les cieux et atteignant pour certaines des hauteurs vertigineuses. Les mesas étaient tout simplement à couper le souffle. Mais cette brève entrevue avec les anciens Sha'Dzil venait lui gâcher la beauté des lieux.
Après quelques minutes de marches, il jeta son paquetage sur le bord du chemin, fulminant.
- Très bien, grogna-t-il tout seul. Je vais vous trouver une de ces créatures.
Chose plus facile à dire qu'à faire. Un héritier d'Atsa ne serait pas une proie aussi simple à débusquer que les enfants de Bisoodi. Levant les yeux au ciel, Doebroksh fit la moue. Comment allait chasser un aigle alors que lui-même était cloué au sol ?
Revenir sur ses pas et interroger les Sha'Dzil sur leurs méthodes de chasses aux rapace lui traversa l'esprit, mais il repoussa cette idée. Il n'était pas question de donner à cet ancêtre pompeux une nouvelle occasion de l'humilier. Il traquerait, capturerait et ramènerait les plumes d'un aigle des Baldors sans leur aide.
- Un adulte... maugréa-t-il avec amertume.
note : Sha'Dzil a traduire par Soleil-Montagne et Atsa par Aigle selon de traducteur Navaho.
Atsa:
Le majestueux rapace profitait des courants d'air chaud pour planer sans dépenser ses forces. Le vent soufflait sous ses ailes grande ouverte tandis qu'il planait tranquillement. Il survola une première fois la colonne rocheuse où était dissimulé son repaire, s'assurant de l'absence de tout prédateur. Puis une deuxième fois, son œil perçant s'attardant sur chaque anfractuosité de la roche et sur chaque buisson.
L'aigle poussa un cri d'étonnement en remarquant un détail qui n'avait pas sa place en ce lieu aride. Une proie gisait immobile au pied de la mesa au milieu des pierres, près d'un arbuste épineux. Un lapin, discerna-t-il en un éclair. Lapin qui ne détala pas lorsqu'il poussa un nouveau cri perçant.
Délaissant temporairement son refuge tout proche pour ce repas aussi inattendu que bienvenu, l'oiseau vira de l'aile pour effectuer un nouveau passage au-dessus de la dépouille. Quelque prédateur avait dû l'abandonner là et pouvait encore rôder. Aussi poussa-t-il un nouveau cri strident. Mais rien de sembla se mouvoir. Pas plus qu'à son passage suivant, déjà un peu plus bas.
En quelques coup d'aile rapide il se posait a moins d'un mètre de sa cible, attentif au moindre mouvement de l'animal. Celui-ci aurait pu feindre la mort malgré ses terrifiants cris, bien qu'il en douta. Sautillant maladroitement, les ailes repliées, le rapace approcha. Et posa enfin les serres sur le corps inerte. Sans s'attarder, l'aigle déployé à nouveau ses ailes pour prendre son envol et savourer ce repas à l’abri dans les hauteurs. Sans voir l'arbuste d'épines se redresser dans son dos.
L'animal poussa un piaillement de surprise lorsque la couverture du minotaure vint lui recouvrir la tête. Il battit furieusement des ailes à l'aveugle pour se dégager de ce traquenard, mais une force bien supérieure à la sienne vint le plaquer au sol. Impuissant, il ne put que pousser un nouveau cri comme des doigts épais se resserraient sur son cou.
Serrant les dents, Doebroksh maintint l'impressionnant rapace plaqué au sol. Il n'avait pas la moindre chance de renverser un adversaire de son poids, mais l'envergure de ses ailes devait bien dépasser la taille de l'hybride, lui conférant une force prodigieuse. Le chasseur se garda bien de soulever sa prise, ignorant s'il serait capable de l'empêcher de prendre la clé des champs.
Le camouflage de branches garnies d'épines dont il s'était recouvert - et lui avait bien entaillé le cuir - était à présent superflu. Roulant des épaules, il fit tomber celles encore accrochées à sa fourrure. Dire qu'il avait mit près d'une heure à se glisser sous ce roncier sans perdre les-dites branches empêtrées dans son crin...
De sa main libre, il saisi l'articulation de l'aile qu'il ramena contre le flanc de l'animal avant de la caler de son sabot pour l'empêcher de bouger. Arc-bouté, il inversa sa prise et répéta l'opération avec l'autre aile avec moins de succès, s'y reprenant à trois reprises ponctuées de cris stridents. Gardant ce seigneur des airs entre ses jarrets, il s'empara d'une main de la corde à sa hanche et péniblement entreprit de ligoter l'animal.
Après une lutte s'éternisa plus qu'elle n'aurait dut, Doebroksh put enfin lever à bout de bras son aigle captif aux aigles entravées, bien vivant, pendant au bout d'une lanière. Il esquissa un sourire satisfait en captant le regard doré de l'oiseau. Le doyen des Sha'Dzils pourrait difficilement trouver argument quand à l'exploit qu'il venait d'accomplir. Combien de chasseurs parmi cette tribu avait déjà capturé seul et vivant un aigle des Baldors à l'âge adulte ? Le trappeur en était persuadé, chacun de ceux ayant effectué leur rite initiatique avait abattu un fils d'Atsa dans le simple but de lui dérober une poignée de plume. Quel manque de considération...
- En parlant de plumes...
Tendant les doigts, il s'apprêta à prendre son dû. Mais l'animal suspendu dans le vide parvint à se tortiller au bout de sa corde et, avec un mouvement trop rapide pour le minotaure, lui lacéra les doigts d'un coup de serre. Doebroksh en poussa un cri de surprise en échappant son prisonnier qui alla rebondir au sol avec un nouveau cri de protestation.
L'age adulte:
Le Moj'Hauk attendit un instant avant que le minoen ne ressorte de la tente massive et lui fasse signe qu'il pouvait entrer à son tour. Sans un mot, il écarta le pan de toile du coude et pénétra dans la yourte. Dans l'instant les discussions s'interrompirent, les trois mêmes minotaures que deux jours plus tôt se tournant vers lui. Comme un seul individu, leurs regards convergèrent vers ce que Doebroksh tenait à la main.
Pendant au bout de sa lanière de cuir, ligoté et muselé, le rapace captif scrutait son environnement avec un calme désemparant. Ses grands yeux jaunes captèrent l’intérêt que lui vouaient les hybrides et il soutint leur regard sans ciller. Ce n'est que lorsque l'étranger prit la parole que les Sha'Dzil détournèrent le regard.
- J'ai effectué votre rite, déclara-t-il d'un ton monocorde. A présent pouvons nous discuter affaires ? Comme des adultes ?
Appuyant ce dernier mot de façon théâtrale, Doebroksh leur indiquait clairement l'animosité qu'il ressentait d'avoir dû ce plier à leur caprice. Mais pas seulement. Il ressentait également de la fierté, voire même de l'orgueil, d'avoir triomphé de leur épreuve.
- Cet Aigle est vivant, répondit simplement le doyen du groupe.
Celui-là même qui avait infligé le camouflet au minotaure, allant jusqu'à le considérer comme un enfant. Toutefois, ayant désormais conscience du type d'énergumène à qui il faisait face, Doebroksh avait anticipé cette réplique. De sa main libre, il désigna le nouveau pendentif sur son torse. Plus particulièrement, il souleva du pouce les plumes nouées à celui-ci.
- J'ai ramené les plumes d'un Aigle des Baldor.
Soulevant l'intéressé plus haut, il ajouta en ignorant le cri de protestation étouffé de l'oiseau :
- J'ai également apporté la preuve que ces plumes proviennent bien d'un fils d'Atsa. C'est précisément ce que vous m'avez réclamé. Je suis désormais un adulte. Pouvons nous parler affaires ?
Avançant d'un pas, il toisa son interlocuteur qui leva la tête en plissant le regard. Le ressentiment qu'il éprouvait était perceptible. Tout deux restèrent quelques secondes à se jauger ainsi jusqu'à ce qu'un des deux autres minoens présent, plus jeune mais néanmoins plus âgé que Doebroksh, n'éclate de rire :
- Reconnaît-le Hurek, il t'a acculé sur ce coup là.
S'appuyant sur ses genoux massifs, il se releva avant de se pencher sur l'aigle captif tandis que "Hurek" détournait le regard en grommelant.
- Beau spécimen qui plus est, jugea-t-il en se redressant. Je suis surpris que tu sois parvenu à le capturer vivant, tu as largement décroché notre respect. Et le droit de marchander avec nous, Minotaure.
Doebroksh bomba le torse en abaissant le bras, sa prise commençant à lui peser. Néanmoins, il leva une main en signe de négation
- Un instant, je reviens.
Suscitant la perplexité des trois minoens, il fit volte-face et calmement ressorti de la yourte. Délicatement, il déposa l'aigle en mettant un genoux à terre. Il le maintint fermement contre le sol en défaisant ses liens. Immobile, l'animal ne le quittait pas du regard. Et lorsqu'enfin Doebroksh retira la ficelle lui nouant le bec, il déclara :
- Vole enfant d'Atsa, je te rends ta liberté.
D'un bond il s'écarta en le délivrant, l'imposant rapace roulant de côté en écartant brusquement les ailes. Sans demander son reste et en deux brassement d'ailes qui projetèrent de la poussière sur l'hybride, il prit son envol. Poussant un cri strident qui interpella tout les minotaures de la tribu Sha'Dzil présent, il vira de l'aile avant de s'éclipser dans les airs.
Satisfait, Doebroksh le suivit du regard jusqu'à ce qu'il disparaisse de son champ de vision. Plusieurs minoens s'étonnèrent de cette scène atypique, mais il se contenta de les ignorer. Inspirant lentement, il se retourna vers la yourte en posant la main sur sa sacoche en bandoulière contenant une partie du papier qu'il avait apporté. Son véritable travail ne faisait que commencer.
Voletant en avant du trappeur, Nyssa témoignait d'une impatience croissante d'atteindre les reliefs qu'ils apercevaient à un peu plus d'une journée de marche. Avançant d'un pas plus posé, l'herbe encore à moitié gelée craquant sous ses sabots, le minotaure restait silencieux. Il se contentait de passivement surveiller leurs environnement tout en admirant les paysages bruts de la région montagneuse. Personne ne serait assez fou pour s'attaquer à un minotaure de toute façon.
Lorsque les premiers vers du chant lui vinrent aux oreilles, il se tourna vers sa camarade de route, surprit. Nyssa était d'une curiosité maladive, il l'avait très vite compris. Cependant elle ne s'exprimait pas très souvent. Or à présent elle chantait d'une voix douce dans une langue qui lui était étrangère. Si le sens de ses paroles lui échappait, le message qu'elles portaient lui paraissait limpide. Dans la voix de Nyssa il devinait le vent nordique, la caresse glacée d'une brise, la chute paresseuse de flocons, les lueurs célestes parfois visible de nuit lorsqu'il s'aventurait suffisamment loin dans le nord… Il n'aurait su l'expliquer, mais il percevait toute la beauté Nordique dans ce chant. A un point qu'il commença a marcher d'un pas plus détendu, bercé par la mélopée.
Personne ne serait assez fou pour attaquer un minotaure. Mais pas une fée nordique bien loin de son bosquet. Avec un cri perçant, un éclair de plumes et de serres s’abattit sur Nyssa. Ses mots s'étranglèrent en un hoquet de surprise comme Doebroksh était brusquement tiré de sa torpeur. Alors qu'il portait la main au tomahawk à sa hanche, le rapace ayant fusé de nulle part brassa vigoureusement l'air de ses grandes ailes. Le souffle du battement projeta la poudre glacée couvrant le sol en toutes directions, emportant la proie dans les airs.
Maudissant sa négligence, le chasseur arma son jet. Mais toucher le prédateur signifierait assurément toucher également la fée prisonnière de ses serres. Et à chaque battement d'aile il prenait de la hauteur. Encore quelques secondes et le minotaure ne serrait plus en mesure de l'atteindre…
- Doeboookch ! s'écria-t-elle à plein poumon.
Son sang ne fit qu'un tour. Il expira rapidement avant de lancer sa hache dans les airs dans un violent mouvement de hanche. L'amplitude de son geste projeta l'arme à toute vitesse. L'aigle opportuniste ne vit rien venir. Lorsque le tranchant vint lui mordre l'aile au niveau de l'articulation, il poussa un cri aigu de suprise mêlée de douleur. Il échappa sa prise en agitant vainement son membre brisé avant de choir à son tour. Captive et ravisseur tombèrent tout deux dans l'alpage givré.
Accourant, Doebroksh constata avec soulagement que Nyssa se redressait déjà en pestant. Si elle était en état de se plaindre, elle n'était pas sérieusement blessée. Et ce malgré les sillons écarlates laisssés sur sa peau blême par les serres de l'oiseau. Oiseau qui gisait à quelque pas de là.
Sa seconde aile tordue selon un angle douteux à l'impact, le rapace respirait douloureusement, sa poitrine se gonflant rapidement avec un sifflement équivoque à chaque expiration. Comme Doebroksh le dominait, il tourna un œil de panique mêlé de confusion en direction de l'hybride. Après un instant d'hésitation, celui-ci tira une dague qu'il planta à la base du cou de l'oiseau avec une giclée écarlate qui vint tâcher son plumage.
Nyssa poussa un glapissement de surprise en réalisant son geste.
- Les ailes brisées il était condamné, se justifia le minotaure en se redressant. Abréger sa peine et le renvoyer à Atsa était faire preuve de miséricorde. Es-tu blessée ?
Balbutiant dans le vide, elle fini par secouer la tête pour lui signifier que non.
- Bien. A l'avenir vole plus près de moi.
Se redressant en tenant l'aigle par les pattes, il le considéra quelques secondes avant de lui arracher quelques plumes. Puis de le nouer tête dans le vide à une lanière de sa ceinture. Enfin il alla récupérer son arme, gisant un peu plus loin.
- Que vas-tu faire de lui ? s'étonna-t-elle. - Le manger pardi, répondit-il comme une évidence. Enduit de glaise puis balancé dans la braise, la volaille se plume toute seule. Tu vas voir, c'est amusant.
Parlant de plume, tout en marchant, il souleva l'un de ses colliers. Celui où étaient déjà nouée une poignée de plumes, similaires à celles qu'il y ajoutait rapidement. L'observant faire en silence, Nyssa réalisa que côtoyer un chasseur impliquait qu'elle verrait à nouveau ce genre de scènes à l'avenir.[/color]
Slots RP utilisés 1/4 Errances (pause) Slot initiatique dispo - Auberge nordique (mp ou discord)
Doebroksh s'exprime en #ff9999 Nyssa s'exprime en #62fff1
Pourfendeur de Skarniens (Event)
Chasseur de poules (Event)
Jack'o'Piñata (Event)
Héros de l'Est (Event)
Hommage de FrörHeim (Event)
Rival des Acolytes de la Convergence (Event)
Sculpteur de citrouilles (Event)
Sculpteur fidèle (Event)
Soldat de la Milice (Faction)
Adaptation (Spécialisation)
Chasseur invétéré (Artefact)
Voyageur de la Caverne Mystérieuse (Quête)
Votre rôdeur préféré (Event 10 ans)
Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Jeu 20 Juin 2019 - 7:39
RP Métier II
La quête des sacs à mains:
A moitié perdu dans ses pensées, l'hybride pénétra dans l’hôtel des ventes en se frayant un chemin parmi les badauds. Cette cité le déconcertait au plus haut point. Elle n'avait évidemment pas le charme d'un camp, d'une caravane ou d'un petit village. Et contrairement à Baldorheim ou Kastalinn, la moitié des bâtiments semblait fait d'un mortier constitué de sable. Certes, la plupart des salles communes et portes étaient surdimensionnées - pour une raison qui lui échappait - mais comment diantre faisaient les visiteur pour ne pas passer à travers un mur par mégarde ? Avec la foule compacte qui semblait camper à chaque avenue qui plus est !
S'efforçant de prendre sur lui et de ne bousculer personne, Doebroksh parvint à atteindre son objectif. A savoir un panneau d'affichage accroché au mur opposé aux guichets où s'agglutinaient des dizaines d’excités tendant de vendre ou acheter leurs marchandises aux meilleurs prix. Sur ce présentoir il savait être affichés les quêtes locales, généralement bien rémunérée. Même s'il doutait que la moindre d'entre elle ne coïncide avec ses compétences, il prit le temps de les examiner. Après tout il était à la capitale pour quelques jours, jusqu'à ce que la caravane ne reparte pour le Nord. Autant profiter de ce temps libre pour explorer les alentours de la ville et se remplir la bourse.
Lorgnant par-dessus plusieurs personnes qui finirent par s'écarter craintivement en remarquant sa présence, Doebroksh fronça les sourcils. Comme il s'y attendait, la plupart de missions proposées ne l’intéressaient pas ou prendraient trop de temps. Néanmoins l'une retint son attention. Tendant la main, il décrocha l'affiche et l'examina plus en détail.
- J'serais vous j'éviterais, déclara un homme à sa droite. - Pardon ?
Secouant la tête, turban et barbichette s'agitant de part et d'autre, il reprit :
- La dernière personne à s'être aventuré là-bas - une Stryge - a frôlé la correctionnelle. Sûr, la p'tite stryge, elle a ramené un spécimen au tanneur du coin, mais sa m'étonnerait qu'elle y retourne de sitôt et… - De gros lézards sont si menaçant à Stellaraë ? l'interrompit le minotaure. Pourquoi les soldats ne purgent pas ces égouts en ce cas ?
Son interlocuteur balbutia un instant, mais ne répondit pas. Le ton insistant qu'il avait employé pour désigner cette personne n'avait pas échappé à l'hybride. Stellaraë était de notoriété commune cosmopolite. Mais comme l'illustrait l'intégralité des personnes présentes, elle était en vaste majorité composée d'humains.
- Tu t'crois fort parce que grand et minotaure, ricana son vis-à-vis après un instant. Tu sais quoi, si tu m'ramènes deux de ces sacs à mains je te les achète plus cher que cette récompense.
Doebroksh eut un rictus avant de lui tendre la main. L'humain considéra un instant les doigts noueux de l'hybride, la paluche faisant trois fois la taille de la sienne.
- Pas parce que je suis grand, corrigea Doebroksh en échangeant une poignée sans lui briser les phalanges. Parce que je suis un Moj'Hauk.
Quelques instants plus tard il sortait de l'édifice, l'affiche en main. Direction la sortie des égouts, seule issue par laquelle il pourrait pénétrer cet endroit.
- De multiples disparus… une chasseuse Stryge… sacs à mains… récapitula-t-il.
A cela s'ajoutait la prime pour chaque spécimen mort rapporté. Tuer des lézards pour l'argent, plutôt que par nécessité, ne l'enchantait guère. Mais d'un autre côté, ils représentaient une menace. Cependant…
- Ça fait quelle taille un crocodile ? Murmura-t-il en cherchant cette information dans le document.
La quête des sacs à mains 2:
Étudiant les lieux d'un œil critique, le minotaure essaya de ne pas s'attarder sur les différents regards que lui jetaient les autochtones.
Évidemment, les entrées annexes étaient trop étroites pour un individu de son gabarit. Qu'ils s'agisse des regards d'évacuations des eaux usées ou des rares bouches d'égouts permettant l'accès aux souterrains. Raison pour laquelle il s'était orienté vers la sortie principale des conduits. S'il avait deviné l'endroit bien plus spacieux - comme c'était le cas à Kastalinn - il n'avait pas songé qu'il serait si peuplé. Des dizaines de personnes se trouvaient là, vêtues de haillons, les yeux cernés et la peau sur les os. Au vu de la saleté qu'ils arboraient et des paillasses crasseuses sur lesquels ils étaient assis, le contemplant béatement, ces malheureux devaient passer le plus clair de leur temps ici lorsqu'ils ne mendiaient pas dans les ruelles. Hommes, femmes, vieillards mais aussi enfants. Le minotaure fut peiner d'en trouver autant dans un tel lieu, longeant le conduit d'évacuation d'eau trouble et nauséabonde large de presque deux mètres. L'opulence de l'oasis de Stellaraë n'était nullement présente ici.
Suivant le canal, Doebroksh s'enfonça dans le souterrain, les miséreux se faisant de moins en moins nombreux. Il se retrouva finalement face à une grille de fer à moitié rouillée bloquant l'accès en avant. Celle-ci condamnait les deux quais jouxtant le fossé tout comme celui-ci, les montant de métal disparaissant dans les humeurs charriées. Un portillon pendait néanmoins sur ses gonds, dénué de serrure ou de cadenas, permettant l'accès aux boyaux. Les cornes effleurant déjà la voûte, Doebroksh estima qu'il pourrait s'y glisser et continuer sa progression, bien que celle-ci se ferait plus laborieuse. Qu'importe.
Mettant un genoux à terre, il tira un gourdin de bois de son sac à dos, ce qui provoqua un mouvement de recul de la part des malheureux proche. L'étonnement de l'hybride fut bref, réalisant que la torche qu'il confectionnait en enroulant du tissu autour du manche pouvait faire croire à une arme. Et ce malgré l'arsenal accroché à son dos ou ses hanches.
- Vous avez déjà été plus loin ? Interrogea-t-il en s'efforçant vainement de prendre une voix douce. Où sont les lézards ?
Face aux regards hagards, il insista en se redressant lentement :
- Les crocodiles. Ils sont dans une direction particulière ? Ou bien il…
Il s'interrompit. En entendant le nom de l'animal, ses interlocuteurs avaient partagés une lueur de frayeur dans leurs regards. Sans pour autant lui répondre. Le Moj'Hauk soupira en se redressant, sa torche allumée au poing. Maintenant proprement éclairés, ces pauvres hères apparaissaient plus faméliques encore, protégeant leurs yeux de leurs doigts décharnés.
Gardant ses sombres pensées pour lui, Doebroksh se glissa comme il put à travers l'ouverture et s'aventura seul en avant. A son étonnement, il entendit derrière lui la grille claquer contre son montant. En se tortillant, il parvint à voir le mendiant le plus proche qui la maintenait fermée, visiblement effrayé. Ces grilles n'étaient pas là pour les empêcher de rentrer, réalisa-t-il. Elles étaient là pour empêcher de sortir.
- Ça fait quelle taille un crocodile ? Répéta-t-il pour lui-même en reprenant son avancée.
Penché en avant pour ne pas se cogner la tête, le minotaure entendait régulièrement le tintement de sa lance contre le plafond, accrochée dans son dos. Et plus en avant, révélé par la lueur de sa torche, le chemin ne semblait pas aller en s’agrandissant. Il maugréa. Les rebords latéraux convenaient probablement aux autres bipèdes - encore fut-il qu'ils soient minces. En aucun cas les rebords ne lui permettraient de progresser plus en avant. Pas sans se salir la fourrure.
Après un regard blasé en direction de l'eau trouble, il mit la jambe dans celle-ci. A sa propre surprise, il s'enfonça jusqu'à mi-cuisse dans le liquide froid et visqueux, semblant s'accrocher à chacun de ses poils. Renâclant, il s'efforça d'ignorer les odeurs infectes prenant d'assaut ses naseaux. Ainsi que les reliefs ou obstacle en suspension sous la surface qu'il sentait sous ses sabots ou contre son cuir. Néanmoins et malgré ces facteurs, le chasseur prit note des quelques corridors adjacents mais étroits qu'il dépassait, d'où il voyait ruisseler des filets continus.
Toutefois, ce n'était ni les allées transversales et couloirs annexes, à la fois de plus en plus nombreux et plus larges, ni les fluides épais et puants dans lesquels il évoluait qui préoccupaient l'hybride. Au lieu de cela, il s'efforçait de scruter la voûte en levant haut sa torche maintenant qu'il pouvait rester redressé. Les lézards grimpant aux murs, il eut été malheureux qu'un des crocodiles ne le prenne par surprise en se laissant tomber du plafond.
La quête des sacs à mains 3:
Doebroksh effectua un saut de côté lorsque l'éclaboussure manqua lui asperger l'épaule. Relevant le mufle en grognant, il remarqua une ouverture sombre dans le plafond menant vers la surface. Elle était aussi large que son poing et, se positionnant en-dessous lorsqu'elle cessa de goutter, il ne voyait nulle lumière. Pour ce qu'il en percevait, il pouvait très bien se trouver à plusieurs mètres sous la surface. Secouant la tête, il reprit son avancée.
Suivant les murets du regard, le minotaure constatait les changements progressifs dans la maçonnerie en plus des culs de sacs de plus en plus nombreux. Plus il progressait dans les profondeurs de la cité, plus il devenait apparent que celle-ci avait été bâtie sur les fondations d'une autre ville plus ancienne. L'Oasis avait été occupée bien avant que ne soit fondée Stellaraë. Néanmoins, l'aspect des briques, pierres et mortier n'intéressait nullement l'hybride qui à ce moment s'attarda plutôt sur des formes visibles au ras du sol. Sur le rebord du conduit d'eau où il évoluait. Levant sa torche, il s'approcha en se penchant pour examiner ces traces.
Une empreinte de chaussure. Imprimée dans une humeur séchée. Elle était plus petite que la paluche du minotaure et jouxtait une traînée de cette même humeur se dirigeant vers la sortie d'où il venait. Doebroksh garda le silence en s'avançant, les éclaboussures sur la paroi et plus en avant racontant au trappeur ce qu'il s'était déroulé ici. Mais même sans son expérience, on pouvait deviner qu'il se tenait là où la Stryge avait trouvé son reptile et qu'il s'agissait de sang sec, étalé partout. Il était donc sur la bonne piste. Toutefois, quelques pas plus loin, ce qu'il trouva le laissa perplexe. Les traces dans le sang étaient circulaires, comme si quelque chose s'était roulé dans les fluides du crocodile tué. Et plus loin encore un jeu d'empreintes. Aussi volumineuses que ses sabots cette fois, pourvues de quatre doigts griffus. Trois empreintes, puis deux plus loin avant de retrouver l'eau calme avec une nouvelle traînée de sang coagulé. Doebroksh fronça les sourcils d'incompréhension. Le crocodile s'était redressé sur deux membres avant de se traîner jusqu'à l'eau ? Plus en avant, une timide lueur se reflétait sur la surface. Saisissant sa hache, il s'avança prudemment. Il commençait à y avoir beaucoup d'inconnues dans cette traque et le chasseur avait la désagréable impression de lentement devenir la proie.
Doebroksh déboucha dans une vaste salle circulaire. Un rebord trop étroit pour lui permettait d'en effectuer le tour tandis qu'une plate-forme plus ou moins ronde trônait en plein centre. Il n'aurait su dire quelle fut son utilité alors que les fluides de la surface s’écoulaient paresseusement atours, déversés par cinq autres conduits. Quatre, se reprit-il en constatant que l'un d'eux était muré après seulement quelques mètres. En hauteur, à plus de dix mètres du sol, une épaisse grille laissait passer le filet de lumière qu'il avait aperçu plus tôt. Probablement se trouvait-il sous un square ou un ancien puits, les habitants ignorant la présence de cet endroit sous leurs pieds. Attentif, il examina les murs et le plafond. Mais toujours pas de crocodile, à son grand désarroi. Il lui faudrait emprunter l'un des autres conduits et continuer d'explorer ce dédale.
Contournant l’îlot central, le Moj'Hauk leva le museau en quête de filet d'airs frais. L'odeur ici-bas était pestilentielle, néanmoins il parvenait à discerner quelques odeurs particulières. La cendre de la torche qu'il portait devant lui, le sang caillé d'où il venait et dans deux couloirs ainsi que … des effluves de tortue ? Réfléchissant rapidement, Doebroksh devina qu'il venait de flairer sa proie. Les tortues croisées sur les marchands d'animaux vivants au bazar de Stellaraë avaient une odeur particulière, approchant celle qu'il flairait à cet instant. N'ayant jamais vu de crocodile ou reniflé de lézard, il ne pouvait qu'attribuer ce qu'il flairait à ses cibles. Toutefois, une autre fragrance l'interpella. Humant à plein naseaux, il entrouvrit la bouche en pivotant. Sur l'un des couloirs voisin, adjacent à celui condamné, il flairait… un mélange de Jasmin, Iris et quelque autre fleur appréciée de la gent féminine…
- Parfum ? Murmura-t-il en s'avançant dans cette direction, perplexe.
Une grande éclaboussure lui aspergea soudain le torse et le visage. Avant qu'il n'ait le temps de réagir, une douleur lancinante vint happer le poignet du minotaure. Il échappa sa torche qui s'éteignit au contact de l'eau avec un sifflement étouffé. Doebroksh manqua basculer en avant, tiré par la créature qui pesait de tout son poids sur son membre blessé. Il ne pouvait discerner son ennemi et lutta pour conserver un semblant d'équilibre. Beuglant à plein poumons, le Moj'Hauk frappa à l'aveuglette de son bras libre. Au troisième coup la lame atteignit sa cible l'ayant déjà traîné dans l'eau jusqu'à l'épaule. Malgré le choc grandement absorbé par le liquide épais, il sentit la prise de la créature se relâcher sur son bras. Pour autant, le minotaure ressentait clairement ses crocs continuer à lui fouiller la chair.
La surprise passée, il gronda de colère en jetant sa hache sur la plate-forme. L'instant suivant il s'y jetait à son tour, bras tendu, et roula sur la pierre jonchée de détritus. Dans sa rotation il entraîna de tout son poids la chose vers la surface. Il parvint à la hisser en partie avec lui à l'air libre. Posant la main droite sur le sol, Doebroksh parvint à poser un genou à terre. Puis son sabot opposé. Ses appuis retrouvés, il tourna son mufle vers son agresseur qu'il ne pouvait que vaguement discerner dans la pénombre. Brusquement il sentit la gueule claquer à nouveau, l'attrapant plus bas cette fois et lui gobant la main. La bête tentait de le ramener à l'eau. Mais malgré la force terrifiante exercée, le minotaure n'était pas en reste. Et cette fois, les crocs étaient plantés dans son brassard.
Renâclant, il referma ses doigts sur la langue du reptile qu'il tira en sens inverse. Un terrible duel de force s'opéra entre eux. De sa main libre, il cherchait à tâtons sa hache qu'il avait jeté plus tôt. Après quelques secondes de lutte intense, sa paume se posa sur le manche de l'arme. L'instant d'après il frappait le crâne du monstre avec un rugissement sauvage. La pression sur son poignet s'envola comme sa proie cherchait désormais à fuir. Mais il ne lui laissa pas ce loisir. Tenant fermement la langue du crocodile, il frappa à nouveau à la base du crâne.
La bête était agitée de spasmes d'agonie lorsqu'il parvint à allumer une nouvelle torche, dégoulinant d'humeurs visqueuses et écœurantes. Haletant, il réalisa l'ampleur de sa méprise. Le reptile brun-vert qu'il avait sous les yeux mesurait presque trois mètres et semblait avoir encore une bonne moitié du corps immergée. Cet animal se révélait bien plus grand que lui. Et chose rare, probablement aussi lourds. Surtout, ce prédateur n'était clairement pas capable de grimper aux murs comme les lézards. Cet assaut soudain l'en avait persuadé, il devait au contraire exceller dans les embuscades aquatiques.
Grimaçant, il délaissa un instant l'imposant reptile pour observer sa blessure. Les crocs de l'alligator mesuraient facilement six ou sept centimètre et lui avaient copieusement labouré le poignet. Sa fourrure était poisseuse, des filets écarlate traçant plusieurs sillons dans les immondices déposés sur le cuir de son brassard. Néanmoins, même s'il n'échapperait pas à une infection, il repoussa son examen à plus tard. Comme celui de la bête agonisante d'ailleurs. Un doute trop affreux lui nouait les entrailles.
Levant une nouvelle fois la torche, debout sur la plate-forme, il éclaira le couloir d'où provenait cette fragrance qu'il avait capté. Celui-ci se prolongeait plus loin et se perdait dans les ténèbres. Toutefois, dans un tas de déchets sur le rebord, à quelques mètres seulement, il remarqua ce qu'il craignait découvrir : des ossements. Dont un crâne humain.
Un frisson glacial lui remontant le long de l'échine, il remisa sa hache à sa hanche et décrocha sa lance de son dos avant de sauter dans le couloir et éclabousser les parois. Il n'était plus question d'être discret à présent. Flairer un parfum dans ces effluves répugnantes trahissait certainement une présence récente. Et ces animaux semblaient particulièrement hostiles, sûrement affamés. Plantant vigoureusement ses sabots dans la vase à chaque pas, il progressa rapidement, torche haute dans son poing tremblant et la lance pointée vers l'eau tel un harpon.
La quête des sacs à mains 4:
Doebroksh s'arrêta un instant à un nouvel embranchement, prenant le temps de humer l'air chargé d'émanations nauséabonde. Il s'agissait déjà du quatrième embranchement depuis la salle circulaire où il avait tué l'énorme reptile. Si la hauteur et la largeur des couloirs semblait ne plus diminuer, le réseau souterrain courrait de toute évidence sous toute la capitale. Or Stellaraë était la plus grosse ville qu'il ai jamais visité…
Le minotaure grogna, en sondant la semi-pénombre du regard, au-delà des lueurs de sa torche. Il entendait distinctement des mouvements dans chaque direction, celle d'où il venait comprise. De la vermine de toute évidence. Resserrant la prise sur sa lance, il plissa le regard en voyant une forme approcher à la surface poisseuse de l'eau. Mais après quelques instant il réalisa qu'il ne s'agissait que d'un morceau de bois. Le chasseur s'en détourna, à l’affût du moindre mouvement. Rien que songer que le crocodile qu'il avait affronté plus tôt ai pu le prendre par surprise lui faisait froid dans le dos. Malgré ses sens affûtés il avait tout bonnement été incapable de discerner sa présence avant qu'il ne soit trop tard. Son poignet sanguinolent était un rappel douloureux de cette mauvaise surprise.
- Saleté, cracha-t-il en reprenant son avancée dans le couloir de gauche.
Le fumet qu'il avait capté plus tôt se précisait : un parfum n'ayant rien à faire dans un lieu aussi lugubre. Définitivement il ne s'agissait pas d'un banal vêtement tombé à travers une bouche d'égouts. Aussi l'hybride ne ménageait pas ses efforts pour progresser plus en avant, empêtré jusqu'à mi-cuisse dans les fluides épais et pestilentiels.
Brusquement il s'immobilisa, ayant aperçu une ride à la surface de l'onde. Renâclant, il jeta sa torche de côté et se sa main libre empoigna la corde pendu à sa hanche. Sans quitter la surface du regard ni déposer sa lance, il confectionna à l'aveugle un nœud coulant de geste précis et rapide trahissant une pratique régulière de cet exercice. Nouveau méandre, plus discret que le précédent. Suivit de quelques bulles. A présent il n'y avait plus l'ombre d'un doute.
D'un mouvement amplifié par son allonge démesurée, Doebroksh projeta sa lance en avant en pivotant sur ses hanches. La pointe fusa à travers la surface avec une petite éclaboussure. Dans l'instant la queue de sa cible creva la surface en projetant des humeurs dans toutes les directions. La gueule de l'animal blessé apparut dans la foulée, claquant dans le vide. Écartant le collet des deux mains, il s'approcha aussi vite que le permettait les fluides ralentissant son avancée. La lance plantée dans son corps oscillait d'un côté puis de l'autre, rebondissant contre le rebord. Toutefois alors que Doebroksh se penchait en avant sur la tête du monstre , un frisson lui remonta le long du dos.
Il fit un bond en arrière lorsqu'une seconde gueule claqua sous ses doigts. Mais guidé par un réflexe salvateur, le chasseur parvint à passer le piège autour du museau de ce second crocodile. D'un coup sec du poignet il referma le nœud coulant qui vint garrotter la mâchoire du reptile cherchant déjà à disparaître sous l'eau. Saisissant sa hache de la main gauche, le minotaure arma sa frappe. Mais une ruade du reptile prisonnier le bouscula : l'arme échappa à ses doigts engourdis par sa blessure.
- Suffit ! Cria-t-il en affligeant un brusque coup de sabot au crocodile.
L'impact violent contre la gorge vulnérable du crocodile, comprimée contre le rebord de pierre du conduit, généra un craquement équivoque qui n'échappa pas au chasseur. Mais emporté par sa furie, il ne laissa pas tranquille sa victime muselée pour autant. Il arracha la lance de sa gaine de chair d'une traction d'épaule soudaine. Puis il fit pivoter la pointe écarlate vers son second ennemi. Avec une gerbe d'esquilles d'os, d'écailles et de matière cérébrale il planta son arme dans le crâne du reptile probablement déjà condamné.
Se reculant à nouveau sur ses deux membres, le minotaure saisi sa lance à deux mains et souleva la dépouille hors de l'eau. Il la hissa sur la berge en s'efforçant de reprendre son souffle. Ce spécimen était plus petit que celui rencontré plus tôt, mais de toute évidence aussi féroce. Sans état d'âme, il dégagea la pointe de son arme avant de chercher l'autre du regard, lui aussi blessé. Avisant une traînée écarlate à la surface du liquide, remontant le faible courant, il comprit que celui-ci avait prit la fuite. Le chasseur n'avait toutefois pas l'intention de le laisser s'en tirer à si bon compte.
Suivant la piste sanglante, il trouva le crocodile à un embranchement de plus, quelques mètres plus loin. Péniblement, l'animal se traînait sur le rebord. Une plaie béante juste en-dessous de sa patte droite laissait pendre plusieurs morceaux d'intestins en produisant une mare écarlate. Alors que Doebroksh approchait, la créature mutilé tourna sa gueule vers lui en produisant un sifflement rauque. Une flèche dans l'œil vint lui arracher la moitié du crâne sans autre forme de procès. Le chasseur le dépassa sans s'y attarder. Un animal blessé et acculé se montrait toujours plus redoutable, autant abréger ses souffrances sans prendre le moindre risque.
Relevant le museau et sa torche, Doebroksh découvrit une grille rouillée, pendant à moitié sur ses gonds. Au-delà se trouvait une autre intersection et surtout : la source de ce parfum qu'il avait flairé de si loin. Écartant la ferraille de gestes lents, le minotaure se fraya un chemin plus en avant. Un rapide coup d'œil lui apprit que le couloir à sa gauche était condamné tandis qu'à sa droite il se prolongeait dans les ténèbres. Plus en avant, sur le rebords de l'eau et assise sur une paillasse crasseuse, une fillette humaine le contemplait avec un regard ahuri.
Les cheveux en bataille, elle cacha ses yeux de la lumière de la torche qu'il s'empressa de poser du côté opposé du conduit. Magnésie seule savait combien de temps elle avait put passer dans les ténèbres. Vêtue d'une petite robe blanche et rose, elle avait la peau mate en grande partie couverte d'immondices. Mais par chance, elle ne semblait pas avoir baigné dans la fange, sans quoi jamais il n'aurait put capter le parfum dont un adulte avait dû l'asperger…
Cherchant ses mots et tentant de se faire aussi petit que possible, le Moj'Hauk s'approcha.
- Je m'appelle Doe. Je vais te ramener à tes pa…
Il hésita à terminer sa phrase, songeant avoir aperçu des restes humains dans la salle circulaire.
- … je vais te ramener à ta tribu.
Il lui offrit lentement sa main valide, paume vers le ciel. Après un instant de considération, l'enfant se leva et effectua quelques pas hésitants. Puis se laissa tomber contre son bras massif sans retenir ses sanglots.
La quête des sacs à mains 5:
Invitant l'enfant à le suivre depuis le trottoir bordant le conduit principal, l'imposant hybride entreprit de revenir sur ses pas. Qui était cette petite ? Comment avait-elle atterri là ? Pourquoi n'avait-elle pas été attaquée par les reptiles infestant ces égouts quand lui avait dû se frayer un chemin dans le sang ? Ces questions devraient attendre d'être revenus à la surface.
Il lui offrit sa paume en appuis pour franchir la marche formée par la grille de métal derrière laquelle il l'avait trouvé. La main de l'enfant était plus petite qu'un seul de ses doigt… La protéger jusqu'à la sortie risquait de s’avérer plus compliqué que la rejoindre. D'autant plus avec sa blessure au bras qui…
Interdit, le chasseur s'immobilisa en levant sa torche, empêchant la petite de le rejoindre. Les oreilles dressées, il entendit plus distinctement ce qu'il venait de percevoir. Une éclaboussure. Puis une seconde. Et encore une. Éclaboussures auxquelles vinrent s'ajouter le bruissement spongieux d'un poids pesant traîné à même le sol. Or aucun des précédents reptiles n'avait produit ce genre de son.
- En arrière, murmura-t-il d'un ton plus bourru qu'il ne l'aurait souhaité.
Focalisé sur l'approche de quelque chose qu'il devinait imposant, l'imposant hybride bouscula la fillette plus qu'il ne l'aurait souhaité. Retombant sur les fesses, à nouveau du côté de la grille où il l'avait trouvé, elle poussa un gémissement avant de tourner vers lui un regard implorant. Mais le minotaure l'ignora. Sans daigner tourner le museau, il recula, sa torche à la main.
- Relève toi, siffla-t-il entre ses dents lorsqu'il la remarqua enfin. Ce n'est pas le moment de…
Mais le mal était fait. Elle poussa une plainte en levant le visage à la voûte, le visage inondé de larmes. Prit au dépourvu, le minotaure resta une seconde à la dévisager, ne sachant pas vraiment quoi faire. Jusqu'à ce qu'une nouvelle éclaboussure plus proche encore ne lui parvienne, ponctuée d'un râle sourd.
Lâchant un juron entre ses dents, le minotaure se tourna vers l'intersection par laquelle il était arrivé, de l'autre côté de cette fameuse grille. Tournant sa gueule vers la lumière, une créature plus imposante encore que celles rencontrées jusque là les toisa en émettant à nouveau ce râle. Les trois quarts du corps dans l'eau sombre, cet animal était si massif qu'il débordait du canal et se traînait sur le rebords du conduit d'une patte avant. Il produisit alors une nouvelle éclaboussure, prenant laborieusement l'angle de l'intersection pour venir dans leur direction.
Ayant également remarqué le béhémoth, l'enfant c'était vite tu. La bouche grande ouverte, l'expression de son visage trahissait une terreur évidente. Grognant, Doebroksh revint au béhémoth approchant pas à pas, traînant son corps massif. Comment un tel monstre avait put-il se développer dans un lieu pareil !?
- C'est encore toi, grinça soudain une voix rauque qui prit le minotaure au dépourvu.
Le reptile s'immobilisa brusquement, tandis que l'hybride se redressait, surpris. A sa gauche la petite se releva prestement en tendis les bras en sa direction. Mais il ne remarqua pas sa supplique.
- Tu oses revenir… enfla la voix au moins aussi grumeleuse que celle du minotaure. Tu oses tuer et dépecer pour du métal brillant… sans même te nourrir et…
L'orateur s'interrompit en découvrant avec stupéfaction le minotaure acculé et l'enfant terrifiée. Avançant en silence dans l'eau du conduit plutôt que le rebord, tout comme l'avait fait le Moj'Hauk, un humanoïde tout aussi imposant que lui se présentait dans le sillage du crocodile démesuré.
Les ombres dessinées par la torche du minotaure dansant sur ses traits, il était néanmoins évident que son corps entier était recouvert d'écailles. Son faciès était légèrement allongé. Ses yeux écarlate luisaient dans la semi-obscurité comme deux braises ardentes. Lorsqu'il entrouvrit sa gueule dépourvue de lèvres, il dévoila des crocs acérés. Mais Doebroksh ne s'attarda pas sur l'apparence de cet homme-reptile. C'est sa posture qu'il l'interpela immédiatement. Voûté en avant tout comme lui à cause du plafond bas, cette… chose... avait un bras replié contre contre son abdomen.
- Tu n'es pas celle avec les ailes, énonça la créature avec un courroux évident. - Sans blague…
Grondant, le nouvel arrivant avança pas à pas jusqu'à l'énorme animal immobile. Lentement. Comme s'il prenait milles précautions. Le bras contre son ventre.
Les mots de l'homme à l’hôtel des ventes lui revinrent en mémoire.
"La dernière personne à s'être aventuré là-bas - une Stryge - a frôlé la correctionnelle."
Elle l'a blessé, compris le minotaure en continuant de l'étudier à la lueur de la torche, tendant sa main libre entre la fillette et les reptiles.
La quête des sacs à mains 6:
- Tu as amené cet enfant ici ? Interrogea l'hybride en tentant de gagner du temps. Pourquoi ?
Réfléchissant aussi vite que possible, Doebroksh s'efforçait de retracer le chemin parcourut jusqu'ici. Son instinct lui hurlait qu'il n'avait pas autant exploré les souterrains qu'il le pensait.
A une dizaine de mètres, la créature eut un rictus grave. Elle ricanait.
- C'est pourtant évident. Il faut bien manger ! Et de la chair fraîche est toujours douce au palais que… - Quelle pitié que la Stryge ne t'ai pas achevé ! Beugla-t-il avec colère. Le monde ne s'en serait que mieux porté ! - Ton monde, corrigea le résident des égouts d'une voix beaucoup moins amusée. Pas le nôtre. Et tu seras au menu de ce soir pour le mal que tu y as semé, génisse ! - Qui est-ce que tu insultes de g…
Le minotaure s'interrompit en plein beuglement comme l'énorme crocodile précédent son maître reprenait sa progression. La fillette poussa un cri aigu de panique à sa gauche. Sans réfléchir davantage, le minotaure jeta la torche de côté. Il se rua en avant et plaqua ses mains contre la grille le séparant du monstrueux reptile. Son initiative fut nécessaire. Lorsque le béhémoth d'écailles frappa les montants de métal d'un coup de museau, il senti sa palissade relative se déformer sous la force du coup. De la poussière tombée de la voûte vint même lui couvrir le museau.
- Magnésie, murmura-t-il en agrandissant les yeux d'effroi.
Le prédateur ouvrait grand la gueule en se tournant de côté, sa mâchoire allant d'un côté à l'autre du conduit. Les tiges de fer rouillé volèrent en éclat lorsqu'il claqua des dents. Bondissant en retrait, trop tard pour ne pas être happé, Doebroksh fut ramené en avant par le bras droit. Il trébucha et manqua se cogner le menton contre le rebord du conduit. Se redressant avec peine, arc-bouté dans la fange, il constata avec effroi que le monstre n'était pas parvenu à complètement refermer la gueule. Un montant de métal avait miraculeusement résisté à sa morsure. Mais de sa main à trois doigts dépassaient deux pointes écarlates. Et déjà la mâchoire supérieure s'élevait pour achever de broyer ce qui ne l'était pas encore.
Avec un mugissement de rage, Doebroksh s'arracha à la prise du crocodile colossal qui acheva de briser la grille de métal comme de simples brindilles.
Pivotant sans attendre, le rôdeur s'efforça de courir dans le conduit inondé, aussi vite qu'il le pouvait. Il attrapa au passage l'humaine terrorisée, la coinçant entre son bras droit et son torse. Il n'entendait pas ses hurlements d'hystérie. Pas plus que le grondement de la bête dans son dos ou le rire de son maître. Il ne prêtait aucune attention à sa terrible blessure lancinante dont la plaie repeignait certainement en rouge la tenue de l'enfant. Voir lui maculait le visage. Il ne voyait plus que des nuances d'ombres, progressant dans les ténèbres, sa torche étant restée en arrière. Un simple objectif inondait ses pensées : sortir.
Plissant le regard pour sonder les ténèbres, il s'autorisa une seconde de réflexion en retrouvant l'embranchement où il avait découvert la petite. Un couloir en face. Un autre à droite. Et de mémoire celui en biais sur la gauche était condamné. Mais au fond de lui, sans qu'il puisse identifier pourquoi, il savait que cette intersection n'était pas correcte. Pas avec le trajet parcourut jusqu'ici !
- ...un dédale, discerna-t-il comme le ravisseur le narguait l'être dans son dos. Tu ne trouveras pas de chemin vers la surface ! Vous êtes faits comme des rats ! - Un dédale ? Peuh.
Et soudain, alors même qu'il répondait, les dents crispées, il comprit. C'était pourtant si évident…
- Je suis un minotaure, gronda-t-il sans vraiment chercher à se faire entendre. Insinuer que je me perde dans ces égouts… tu m'insultes. Même un taurillon retrouverais son chemin. Et puis…
Pivotant de trois-quarts, il présenta son épaule gauche face au cul de sac et raffermit sa prise sur la petite. Beuglant à plein poumons, il chargea brusquement dans le noir. Même sans rien voir, la fillette compris qu'il faisait quelque chose de stupide et tenta de se débattre. En vain.
Le choc terrible dût être ressenti jusqu'à la surface. Dans une pluie de briques et un nuage de poussière, Doebroksh enfonça le cul-de-sac et déboula de l'autre côté. Une maigre lueur vint brusquement le frapper, suffisante pour lui faire clore les yeux une seconde. Ses sabots patinèrent sur quelques marches puis glissèrent sur la dalle en contre-bas. Puis emporté par son élan, le minotaure s'étala de tout son long dans le conduit de la grande salle circulaire où il avait tué son premier crocodile.
Des étoiles dansant dans son champ de vision, se sont les cris aigus de la petite qui le tirèrent de sa torpeur. Le mufle à moitié plongé dans l'eau crasseuse, le minotaure prit appuis de son bras gauche sur le rebord pour laborieusement s'extirper du conduit d'évacuation. L'air de la salle tout entière était voilé d'un brouillard de poussière, les cris de l'enfant tournant en une toux étranglée. Se redressant, il souleva de l'eau la petite trempée et au visage maculé de sang et de poussière. Dans leur sillage, des détritus étaient vomis par le passage condamné depuis des années qu'il venait de rouvrir.
- …tu savais que ta nasse débouchait aussi près de la sortie principale ? Termina-t-il péniblement sa phrase.
La quête des sacs à mains 7:
Boîtant, il s'empressa de grimper sur l’îlot central malgré son persiflage, nimbé d'une douce lumière. Hors de question de baigner dans cette eau infestée de monstres. Il enroula sa queue autour des hanches de l'enfant trempée et totalement dépassée par la situation. Celle-ci lutta faiblement pour se soustraire à son étreinte, en vain. Lui entreprit d'effectuer le décompte de ses blessures. Les coudes et poignets gauche poignardés. La main droite embrochée. L'épaule gauche enfoncée. Les côtes en feu. Un genoux supportant tout juste son propre poids. Un œil voyant flou.
Grommelant, il tourna son regard vers son membre droit. Un croc énorme, arraché à son propriétaire, était encore planté dans le dos de celle-ci. Il s'était glissé entre les os de deux de ses phalanges. Doebroksh tenta vainement de faire abstraction de la douleur insoutenable et arracha la dent de sa chair. Mieux valait le faire avant de commencer à réfléchir et hésiter. La souffrance qui lui remonta l'épaule fut néanmoins suffisante pour le faire trembler comme une feuille. Il échappa un glapissement pitoyable en abaissant sa main blessée qu'il tenait de la gauche.
Dans son champ de vision se dressa l'humaine. Mais ayant apparemment remarqué sa commotion, elle avait cessé de se débattre. Elle s'était d'ailleurs soustraite à son étreinte sans qu'il le le remarque, réalisa-t-il en se maudissant. Mais elle ne cherchait à cet instant plus à le fuir. L'enfant levait sur l'hybride de grand yeux apeurés et emplis de larmes, la peine et le doute du rôdeur parvenant à prendre le dessus sur son effroi. Doebroksh échangea en silence un regard avec elle, la mâchoire crispée. Et après un inspiration profonde, s'efforça de se redresser en se tournant vers l'ouverture d'où ils arrivaient. Cette gamine comptait sur lui. L'une des créatures les plus robustes que Magnésie ai jamais engendré. Allait-il vraiment s'apitoyer sur son sort et se lamenter pour quelques plaies, aussi profondes soient-elles ?
Une nouvelle étincelle de colère dans la prunelle des yeux, il fit face à l'issue. Abasourdis, le Naga contemplait la pièce circulaire en balbutiant, son reptile plus ou moins dressé descendant déjà la poignée de marches menant au conduit. D'un geste lent, Doebroksh referma ses doigts sur le manche de la lance encore fixée à son carquois par une lanière nouée.
De la main droite dégoulinante de sang, il fit signe à la petite de reculer. Du regard il étudiait l'énorme lézard plus large que lui, gueule béante à seulement quelques mètres. Comment venir à bout d'un tel monstre ? Ses armes pénétreraient tout juste de telles écailles. Et il avait démontré être amplement capable de réduire l'hybride en charpie s'il parvenait à refermer sa gueule sur lui. Au milieu de ces sombres pensées, se fut soudain le déclic : la gueule du monstre. Là se trouvait son point faible !
- Tue le ! Intima la créature mutilée au béhémoth.
Sans avoir attendu cet ordre, le crocodile avança droit vers les intrus. Pour un animal de son gabarit il se déplaçait à une vitesse effarante, glissant sur la pierre en se traînant de ses quatre membres épais. Sa tête, tellement imposante, était assez longue pour que l’extrémité de son museau effleure l’îlot central sans que le monstre ne se soit jeté à l'eau. C'est l'instant que choisit Doebroksh pour s’élancer.
Mugissant à plein poumons, il se tourna de profil, tenant sa lance derrière lui près de la pointe. L'hybride plongea tête la première dans la gueule grande ouverte du reptile prit au dépourvut. Il referma la mâchoire, mais d'un côté le sabot vint le plaquer au sol et de l'autre l'épaule et la bosse du rôdeur furent labourés par ses crocs. A travers la douleur lancinante, Doebroksh continua de beugler en frappant vers la haut aussi fort qu'il le put d'une seule main.
- Non !
Avec une giclée écarlate, la pointe de lance émergea entre les deux yeux du crocodile qui se figea dans l'instant. Sentant la pression sur son dos s'atténuer, le rôdeur poussa son effort plus en avant, la hampe de son arme s'enfonçant centimètre par centimètre dans le palais du reptile. Il dû fermer les yeux, aspergé de sang chaud fusant de la plaie. Brusquement, à l'aveugle, il se sentit basculer de côté. Avant de boire la tasse dans l'eau croupie des égouts.
Lorsque péniblement il se redressa à nouveau, désarmé, il s'ébroua avec vigueur en projetant de l'eau écarlate dans tout les sens. Puis darda un regard noir non pas en direction du crocodile mais de son maître. Hébété, celui-ci contemplait le minotaure recouvert de sang et de limons. Celui-ci gronda en faisant mine de tirer son arc du carquois. Mais avec un glapissement paniqué, l'homme-reptile tourna les talons sans demander son reste, disparaissant dans les ténèbres.
Respirant péniblement, Doebroksh se tourna vers l'énorme dépouille glissant lentement dans le conduit qu'il risquait d'obstruer. Sa lance dépassait d'une quarantaine de centimètres de la tête du monstre, lui ayant traversé la cervelle et le tuant sur le coup.
Le contrecoup de la poussée d'adrénaline le cueillant sans prévenir, l'hybride chancela et manqua s'étaler sur la pierre de l’îlot central. A ses blessures il pouvait à présent ajouter les plaies à son épaule et sa bosse, douloureusement profondes.
Un contact contre son poignet le fit sursauter et, tournant la tête, il manqua encorner l'enfant encore effrayée. Celle-ci fit prudemment un pas en retrait, ôtant sa main ridiculement petite de sa fourrure détrempée. A cette vue, l'hybride ne sut quoi dire. Il se contenta de s'abaisser à sa hauteur et lui tendre sa main indemne, l'invitant à y poser la sienne.
- Je vais te ramener à ta tribu, souffla-t-il.
La quête des sacs à main 8:
Les passants s'écartaient prudemment du centre de la ruelle, affichant toute une palette d'expressions diverses. Stupéfaction. Curiosité. Dégoût. Crainte. Respect. Incompréhension. Il n'aurait pu toutes les lister. Plus il avançait, plus il percevait les murmures enfler dans son dos, tranchant avec le brouhaha familier du bazar qu'il traversait.
*
- …savez quoi ? Je vous les reprends trente pièces le lot ! Et si…
Devant la mine effarée de son interlocuteur, le commerçant s'interrompit, perplexe. Venait-il de gaffer ou bien… non, ce n'est pas lui mais un point derrière qu'il scrutait en écarquillant les yeux. Se retournant, le Stellarois perçut un fragrance nauséabonde qui lui monta littéralement à la gorge.
- Quelle puanteur ! S'écria-t-il. D'où…
Ses mots s'étranglèrent dans sa gorge. Se présentant dans l'encablure de l'entrée, l'hybride croisé au petit matin qu'il avait orienté vers les égouts posa son regard gris sur lui. L'humain se senti brusquement rapetisser, incapable de prononcer un mot de plus.
S'appuyant sur une seule jambe, Doebroksh s'approcha en boitant, la mâchoire crispée. Dans son sillage l'hybride laissait une pluie de gouttelettes écarlates, s'écoulant de sa fourrure. Le bras droit replié contre lui, il tenait un corps ridiculement chétif serré contre sa tunique de cuir et de bois. De la main gauche il traînait derrière lui la carcasse d'une créature que l'humain aurait été bien incapable de déplacer, le tenant par l'intérieur de la gueule. Le minotaure s'agenouilla péniblement, tremblant sur son appuis. Il déposa l'enfant au sol avec une délicatesse insoupçonnée.
L'ensemble des personnes massées dans le hall de l'hôtel des ventes et dans l'entrée de celui-ci étaient silencieuses, n'osant prononcer le moindre mot. Le visage de l'enfant était maculée de sang, sa tunique imbibée d'humeur écarlates et poisseuses, ses cheveux gouttaient sur le plancher… mais elle se tenait debout seule, titubante, dévisageant l'assemblée. Elle recula craintivement vers son sauveur en comprenant être le centre de l'attention. Mais celui-ci se redressait en toisant le commère l'ayant envoyé dans ce traquenard. Avec négligence il envoya le cadavre du crocodile rouler à ses pieds.
- J'en ai rapporté un, déclara-t-il d'un ton rauque. Le second vous attends dans les conduits. Z'avez qu'à aller tout droit depuis l'entrée principale.
Se faisant, il laissa tomber à terre une dent que tout le monde suivit du regard lorsqu'elle rebondit sur le carrelage.
- Vous devriez d'ailleurs vous grouiller, le corps bouche le chenal.
Blanc comme un linge, l'homme balbutiait sans arriver à prononcer un mot. La hache. La lance. Ses poings et même ses cornes. Toutes les armes possibles de l'hybride avaient viré au rouge. Quel genre de boucherie avait-il bien put se dérouler dans les boyaux de leur cité ?
- Attendez… s'écria brusquement un commissaire priseur s'étant frayé un chemin jusqu'au premier rang. Cette dent… elle est trois fois plus grosse que celles de ce crocodile !
Ramassant le croc d'une main tremblante, il le leva assez haut pour que tous le voient, ébahis.
- Utilisez la récompense pour retrouver ses parents, grogna Doebroksh en reculant d'un pas. Distribuez ce qui restera aux gens à l'entrée des égouts…
La petite fit mine de le suivre, mais rapidement une femme se précipita à sa hauteur, un chiffon à la main. Sans attendre, elle entreprit de lui frotter la figure malgré ses protestations, épongeant le sang déjà à moitié sec. L'hybride la laissa là aux soins de ceux de son espèce, titubant à travers la foule. A nouveau, les Stellarois s'écartèrent. Ce n'est qu'après un instant qu'un cri monta d'une personne un peu plus avisée que les autres :
- Un guérisseur ! Vite trouvez un guérisseur ! Il se vide de son sang !
Plusieurs personnes l'encadrèrent rapidement alors qu'il en apercevait d'autre déguerpir à travers les ruelles. Avec un grognement et en agitant son épaule blessé, il les dissuada de l'assister. A bout de force, le minotaure se laissa tomber sur son arrière train un peu plus loin, adossé à un muret.
Levant les yeux au ciel, il s'accorda enfin un répit en se laissant aller de tout son poids contre la structure. Ses blessures lui faisaient mal au point qu'il souhaitait que les ténèbres l'emportent pour temporairement en être débarrassé. Mais, s'attardant sur les premières étoiles qu'il discernait entre les frondaisons des bâtisses, il savait qu'il était encore trop tôt pour rejoindre ses ancêtres. Expirant, il ferma les yeux. Et se laissa aller.
Les rhinos:
- Et voilà : rhinocéros ! Murmura fièrement l'orc à son compagnon de chasse.
Agenouillé à côté de lui, Doebroksh écarta lentement quelques herbes haute lui cachant la vue. L'animal était massif, bien plus qu'un cheval ou un auroch. Et entièrement recouvert d'une sorte de carapace grise. Au milieu du museau, il arborait trois cornes de tailles croissante, la plus imposante plantée entre ses naseaux atteignant facilement les quarante centimètre.
- Impressionnant, commenta le trappeur. - N'est-ce pas !
Doebroksh coula un regard d'amusement mêlé de gratitude à son ami. Cerberius - surnommé Cerby - est l'un des tout premiers orcs qu'il rencontra, il y a des années de cela. Membre de la tribu Gronarah, il avait remit à sa place plusieurs vigies interdisant l'accès à leur caravane au minotaure itinérant, lui permettant de commercer avec les peaux-vertes. Mais il n'était lui-même pas un marchand. Cerby était un chasseur lui aussi et raffolait par-dessus tout d'une bonne bagarre bien arrosée. Aujourd'hui, il exauçait avec joie l'un des souhait de son camarade à fourrure : traquer un rhinocéros.
L'hybride revint à leur proie. Dotée d'un museau ressemblant vaguement à un bec, elle broutait paisiblement sans les avoir remarqué. Pourtant, même agenouillé dans les hautes-herbes, Doebroksh doutait fortement de son camouflage. L'animal devait être doté une vue plus mauvaise encore que celle des bovins.
- Il est énorme, murmura le Moj'Hauk sans cesser de l'admirer.
Les plaques d'armure naturelle rebondies aux épaules et aux hanches laissaient deviner une musculature solidement développée. Quand aux courbures de l'échine et de la croupe, elles n'étaient pas en reste. Cette bête était une véritable force de la nature !
- Quelle quantité de viande peut-on tirer d'un spécimen pareil ? Interrogea Doebroksh, estimant difficilement l'épaisseur réelle de cette cuirasse. - Bien plus que toi et moi ne pourrons porter, répondit simplement l'orc en se caressant sa barbe noire.
Doebroksh fronça les sourcils en se tournant vers Cerby.
- On va laisser le surplus se perdre ? - Vu le nombre de charognards dans le coin, relativisa le Gronarah, ça sera pas perdu pour tout le monde. Et puis vise un peu ses cornes : elles valent leur pesant d'or à Stellaraë !
Lentement, Doebroksh se redressa. La tournure de leur échange lui plaisait de moins en moins. L'orc remarqua son malaise, se redressant à son tour. Après quelques secondes il réalisa qu'évoquer ce genre de tractation avec un minotaure n'était pas la plus sage de ses déclarations.
- Vous ne les chassez pas pour vous nourrir, analysa platement le minotaure. Pas dans ce but en tout cas. Et cette grosse bêtes ne m'a pas l'air très agressive. C'est pour leurs cornes uniquement.
L'orc ne répondait pas, se contentant de l'écouter en silence, impassible. Plus loin, l'animal dû remarquer leur présence, se redressant dans leur direction en levant les oreilles. Mais ils n'y prêtaient plus attention.
- Tu désapprouves, nota simplement Cerby après un instant. - Évidemment. Les animaux font partie d'un tout. Briser le cercle naturel, c'est briser l'équilibre. Du lombric au plus gros prédateur. Même si nous ne percevons pas leur but. - Tu veux dire que cette grosse vache cuirassée a… s'emporta l'orc avant de réaliser qu'il ne faisait que s'enfoncer. Pardon, je ne pensais pas à t'offenser et...
Doebroksh leva la main pour lui signifier que ce n'était rien. Il connaissait l'orc depuis assez longtemps pour savoir qu'il ne pensait pas à mal en prononçant ces mots. Cerby soupira en levant se grattant l'arrière du crâne, penaud.
- Tout compte fait, reprit-il en plongeant son regard azur dans celui gris terne du minotaure, tu as probablement raison. Nous pourrions aisément abattre moins de rhino', juste occasionnellement pour nous nourrir.
Il se tourna vers l'animal qui continuait à les scruter, remuant la queue sans montrer de signe d’agressivité.
- Cependant leurs cornes sont prisées. Ne compte pas sur nous pour cesser son commerce. - Uniquement si le but premier de la chasse est sa viande ? Insista Doebroksh en plissant le regard. - Uniquement.
Tendant le bras, le Moj'Hauk posa affectueusement sa paluche sur l'épaule du Gronarah. Il avait apprit au fil des années que la loyauté, l'honneur et l'honnêteté étaient des traits chers aux orcs. Il tiendrait sa parole.
- Je devine qu'il s'agit d'un sacrifice que tu choisis d'effectuer. Et je t'en remercie. - Bah, minimisa-t-il en agitant la main. Tu expliqueras aux autres pourquoi ce soir ils mangeront de la salade comme des elfes…
Ce à quoi le minotaure répondit d'un éclat de rire rauque.
- Écoute, reprit Cerby une fois qu'il se fut calmé. Si se sont les créatures qui brisent ton "équilibre" que tu veux chasser, tu devrais aller faire un tour sur l’île au sud. Wysteria. A ce qu'il parait ils ont un vrais souci de wyvernes. - Wyverne ? Répéta Doebroksh comme ils tournaient les talons en laissant le rhinocéros en paix. Qu'est-ce ? - Un genre de gros lézard avec des ailes, pour faire simple.
Doebroksh se renfrogna. Sa dernière expérience avec de "gros lézards" avait été pour le moins... douloureuse.
Les rhinos II:
- J'ai déjà fait des chasses étranges, commenta le minotaure. Mais là tu fais fort. - Hey, tu m'as demandé de ne plus tuer pour obtenir des cornes de rhinos, répliqua Cerby en levant les bras au ciel. Il faudrait savoir !
Mitigé, Doebroksh le regarda faire. Effectivement, il ne tuait aucun animal et pourtant parvenait à faire vivre son commerce de cornes. Mais même là, cela chiffonnait le rôdeur.
- Va pas me dire... que prendre les cornes... ou les défenses... d'animaux morts depuis des mois... voire des années... c'est contraire au cercle de la vie, grogna-t-il en ponctuant ses mots de violents coup de masse.
S'essuyant le front, il soupesa la corne qu'il venait de déloger du crâne blanchis par le temps. Doebroksh garda le silence, se contentant de balayer l'endroit du regard.
Comment l'orc ingénieux avait découvert cet endroit restait un mystère. Il n'y avait bien que lui pour trouver un cimetière de rhinocéros et d'éléphants à ciel ouvert. Niché au pied d'une colline à la lisière du désert d'Harena et la savane, les animaux devaient venir ici depuis des siècles pour y mourir en paix. Les squelettes étaient plus nombreux qu'il ne pouvait les compter, conférant à ce lieu une ambiance particulièrement glauque. La couleur de la terre sèche, presque du sable, était elle-même grisâtre pour quelque raison mystérieuse.
- Pourquoi viennent-ils là plutôt qu'ailleurs, murmura-t-il. Qu'est-ce qui les guide jusqu'ici? - Tu... te poses trop... de question !
La corne qu'il délogeait se fissura lors de son troisième coup de massue. Il poussa un juron avant de gratifier le crâne lézardé d'un coup de pied.
- Nous devrions porter davantage de respect aux morts. - Écoute la vachette, posa l'orc en s'appuyant sur le manche de son outil. Quand tu tues un cochon sauvage, tu récupères sa peau, sa chair, ses défenses, sa graisse, ses os et ma grand-mère sait quoi. Je sais que tu remercies tes anciens, tes esprits et ta proie pour ces présents. Mais là, quelle est la différence ? Ces animaux sont déjà morts !
Doebroksh ne répondit rien. Posant les yeux sur une dépouille de rhinocéros particulièrement massive à quelques mètres, il devait reconnaître que son ami n'avait pas tord. Troubler le repos de ces animaux des années après leur décès était-il réellement plus déshonorant que dépecer une proie encore chaude ?
- Soit. Mais avant de continuer, déclara-t-il après une longue minute, dis moi comment tes anciens nomment ces animaux. Il n'y a pas dans ma langue de père pour ces créature. Or je tiens quand même à remercier ces animaux pour ce qu'ils nous offrent. - Les rem... commença-t-il avant de se retenir d'en dire plus.
Se grattant le crâne, il leva les yeux au ciel, réfléchissant.
- Comment les vieux désignent les rhinos... tu en as de belles des question toi...
Il inclina la tête de côté, se gratta le menton, se massa la nuque...
- J'crois que l'grand-père m'avait parlé d'un truc appelé Wiyisha quand j'étais marmot. Mais il picolait souvent donc je ne saurais prendre cela pour argent comptant... - Wiyisha, répéta le minotaure en imitant le phrasé de l'orc. Soit. Même si ce nom est faux, la gratitude exprimée elle ira à l'entité que je recherche. - Tu veux dire que si je t'avais juste dit "Bob" tu l'aurais remercié et...
Le Gronarah capta toutefois le regard noir que lui décochait son ami et s'abstint de terminer sa phrase. Soulevant sa masse, il entreprit d'attendre que l'hybride termine son rituel avant de continuer leur récolte.
Slots RP utilisés 1/4 Errances (pause) Slot initiatique dispo - Auberge nordique (mp ou discord)
Doebroksh s'exprime en #ff9999 Nyssa s'exprime en #62fff1
Pourfendeur de Skarniens (Event)
Chasseur de poules (Event)
Jack'o'Piñata (Event)
Héros de l'Est (Event)
Hommage de FrörHeim (Event)
Rival des Acolytes de la Convergence (Event)
Sculpteur de citrouilles (Event)
Sculpteur fidèle (Event)
Soldat de la Milice (Faction)
Adaptation (Spécialisation)
Chasseur invétéré (Artefact)
Voyageur de la Caverne Mystérieuse (Quête)
Votre rôdeur préféré (Event 10 ans)
Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Ven 2 Aoû 2019 - 9:12
RP Métier III
Incursions Perracks à Aran I:
Le rôdeur traquait sa proie depuis déjà près de deux heures. S'accroupissant, il approcha ses doigts des excréments qu'il venait de trouver. Sans les toucher, il perçut la chaleur qu'ils dégageaient. L'animal n'était plus très loin. Tirant le Renarc de son carquois, il poursuivit sa progression.
A peine une dizaine de minutes plus tard il débouchait sur toute une zone dénuée de fougère ou herbes hautes. Un peu partout, la terre était retournée et des flaques troubles ponctuaient les fossés creusés par les museaux des sangliers. Une souille. Ici devait sûrement résider toute une harde, se prélassant dans la bouillasse fraîche entre les gros chaînes de la forêt. Et se délectant des nombreux glands. Doebroksh touchait au but.
Une fragrance l'interpella brusquement. Renâclant, il ne flairait pas l'odeur entêtante de ces animaux sauvage mais celle de la fumée. Levant le mufle, il huma l'air plus intensément. Oui, il y avait bien des cendres dans l'air. Quelqu'un d'autre l'avait devancé. Quelqu'un de peu prévoyant : allumer un feu aussi près d'une souille, c'était s'assurer que les sangliers quitte les parages pour aller s'établir ailleurs. C'était probablement la raison pour laquelle celle-ci était déserte.
Contournant prudemment la zone, il s'orienta dans le sens du vent qui portait les émanations. Sentant la colère monter en lui, le Moj'Hauk ne remisa pas son arc et avança à grand pas sans plus se préoccuper d'être discret.
Débouchant sur une trouée, il s'immobilisa en découvrant les responsables. Il avaient effectivement allumé un feu dont la fumée serpentait entre les branches pour disparaître dans le ciel tirant à l'orangé. Devant celui-ci gisait la carcasse du sanglier qu'il avait poursuivit une bonne partie de l'après-midi, grossièrement éventré et honteusement charcuté - du travail d'amateurs. Mais surtout, le minotaure resta interdit en découvrant les autres chasseurs. Tout comme les quatre intéressés lorsqu'ils tournèrent leurs regards laiteux vers lui.
Leurs faciès étaient grossiers et peu amène. Les lèvres de trois d'entre eux étaient manquantes, laissant paraître leurs dents jaunâtre limées en pointes comme des crocs. Leurs nez et leurs oreilles n'étaient plus que de simples orifices rabougris enlaidissant leur apparence déjà peu reluisante. Leur peau glabre et verdâtre tirait sur des tons clairs entre des tâches sombres. Enfin, ils se jetaient sur leurs armes, visiblement hostile au minotaure trois fois plus haut qu'eux.
Avant que Doebroksh n'ai le temps de tirer une flèche, le premier Perrack était sur lui. Brandissant une épée courte, son beuglement fut interrompu net en pleine charge. D'un revers du Renarc, le rôdeur le frappa à la nuque et le projeta dans les airs. Il l'entendit rouler à plusieurs mètres de là mais ne s'attarda pas sur son sort. Il revint face à ses ennemis et, d'un coup de rein, gratifia le second ennemi d'un violent coup de sabot en pleine poitrine. Son bouclier rond vola en éclats dans une pluie d'échardes tandis qu'il quittait à son tour le plancher des vaches.
Levant le bras pour enfin tirer une flèche de son carquois, l'impact contre son épaule droite le fit reculer d'un pas avec un grognement. Le trait du troisième ennemi, encochant déjà un second projectile à empenne sombre, lui avait pénétré le cuir d'une bonne dizaine de centimètres. Cela ne l'empêcha pas toutefois de décocher son propre tir dont la puissance largement supérieure emportant le chétif gobelin mort-vivant plusieurs mètres en arrière.
Soufflant de douleur, le rôdeur chercha le quatrième et dernier Perrack du regard. Un cri de rage sur sa gauche fut son seul avertissement de la charge du revenant. Jaillissant d'entre les fougères, celui-ci leva sa massue au-dessus du genou du trappeur… avant que sa tête n'explose comme un fruit trop mûr. Restant immobile le temps de retrouver son souffle, Doebroksh laissa le cadavre s'effondrer contre sa cheville. Le poing serré sur sa volumineuse et récemment acquise griffe de combat, il se félicita silencieusement d'avoir effectué cet achat. Il n'aurait pas eut le temps de frapper de son tomahawk. Et rentrer avec un genou brisé aurait été problématique.
En serrant les dents, il s'arracha la flèche plantée dans sa chair. Lorsque se fut fait, le souffle rauque et les jambes flageolantes sous la douleur, il prit une seconde pour étudier le projectile. Celui-ci n'avait pas de pointe de métal, la pointe de bois ayant banalement été taillée pour être pointue. Si cela lui indiquait qu'il n'avait pas d'écharde, il ne pouvait rien juger d'un éventuel poison. Dès son retour au camp Moj'Hauk il consulterait Meela. On n'était jamais trop prudent.
Parcourant enfin leur camp du regard, il s'attarda sur les dépouilles ennemies. Un crâne éclaté. Un projeté dans les flammes de son propre feu. Un gisant en lisière du cercle de fougères, sa flèche deux fois plus longue que celle des Perracks dépassant de son torse. Pivotant, il chercha du regard le premier ennemi qu'il avait frappé du Renarc.
La colère embrasant de nouveau ses veines, le minotaure remisa son arc et se saisi de sa hache en approchant l'endroit où le Perrack avait dû rouler. Les plantes étaient pliées et, deux mètres plus loin, il remarqua une flaque boueuse. Comme il fallait s'y attendre, le fuyard en déroute n'avait pas prit soin de la contourner, ses empreintes indiquant clairement qu'il avait prit la direction de la souille. A grand pas, Doebroksh s'engagea à sa poursuite. Moins de cinq minutes plus tard, la lame de sa hache lui fendait le crâne en deux.
Enfin débarrassé de cette nuisance et revenant sur ses pas, le minotaures s'efforçait d'ordonner ses pensées. Que venaient faire ces créatures dans la région d'Aràn ? L'abomination terrée à l'Est du pays projetait-elle une nouvelle offensive de ses troupes morte-vivantes ? Ce groupe était-il seulement le seul dans les parages ?
S'il avait été présent, Sydaer aurait probablement eut des réponses à lui donner. Mais ce dernier était justement reparti à la frontière. Ses questions devraient attendre.
Incursions Perracks à Aran II:
Doebroksh arpentait les sentiers du bois, seul. Officiellement il avait indiqué aux autres Moj'Hauks retourner sur les traces d'une proie identifiée auparavant. La réalité était tout autre. Seul la matriarche de la tribu était au fait de sa rencontre inopinée avec les agents du Comte à l'Est. Avançant d'un pas rapide, foulant feuilles mortes et brindilles des sabots sans se préoccuper d'être discret, le rôdeur ne traquait pas vraiment le cochon sauvage.
Humant l'air avec intensité, il s'efforçait d'identifier chaque odeur parvenant à ses narines. Si davantage de goblinoïdes mort-vivant s'aventuraient sur les terres de son peuple, il les trouverait. Et s'assurerait qu'aucun ne se rapproche des siens. Ses deux compagnons d'enfances étaient absent et la majorité des minotaures du villages n'étaient pas près pour affronter ce genre de monstre. Et même si sa tribu comptait une dizaine d'individus capable de terrasser un perracks, il ne souhaitait pas courir le risque que l'un d'eux ne soit blessé ou pire. Pas s'il pouvait l'en empêcher.
Déterminé, il poursuivit sa marche, les mains proches de sa griffe de poing et son tomahawk. Sa ronde autour des terres revendiquées par les Moj'Hauk serait encore longue, mais cela n'entamait en rien sa résolution.
Les tueurs d'Hybrides:
Le cri strident fit frissonner la fée blottie contre lui. Depuis sa traumatisante expérience avec l'aigle des Baldors sur le chemin des montagnes de Kannan, elle ne pouvait plus supporter la vue du moindre rapace. Que l'un d'eux leur tourne autour depuis une bonne heure n'était donc pas pour la rassurer. Suivant son vol du regard, Doebroksh plissa le regard sans dire un mot.
Son comportement n'était pas normal. Il n'avait pas de vrai raison de les suivre - Nyssa restait terrée dans la sacoche qu'elle c'était approprié. De plus, il volait bas et poussait de nombreux cris. Un instant il hésita à l'abattre. Cependant, comme l'idée lui traversait les pensées, l'oiseau menaçant descendit soudain devant eux avant de disparaître dans les arbres. Grimaçant, l'hybride poursuivit sa route. Ishtar se trouvait encore loin au sud s'il voulait rejoindre l'île dont son ami orc lui avait parlé.
Moins d'un kilomètre plus loin toutefois, ils firent une rencontre inattendue. Un homme vêtu d'un simple gilet sombre et d'un pantalon ample, tranquillement assis sur la branche haute d'un arbre en bord du chemin. Non, pas un homme, réalisa le minotaure en avisant les formes sombres qui pendaient dans son dos : deux grandes ailes noires repliées étaient rattachées à ses omoplates nues. A son coude relevé se trouvait le rapace les ayant suivit depuis pendant si longtemps.
- Bien le bonjour ! s'écria l'inconnu d'un ton jovial.
Ce a quoi Doebroksh ne répondit pas, se contentant de le sonder du regard en s'arrêtant au milieu du chemin. Il notait la présence d'un pommeau à chacune de ses hanches et d'aucun sac bagage, sac de provision ou couverture. Alors qu'ils se trouvaient à plusieurs jours du village le plus proche. Ailes ou pas, il ne pouvait couvrir une telle distance en si peu de temps. Et cet aigle les ayant littéralement pisté…
Cet individu ne lui inspirait nulle confiance. Comme pour confirmer ses soupçon, il poussa un soupir en réaction au mutisme du Moj'Hauk.
- Je t'attendais l'hybride, déclara-t-il d'un ton beaucoup moins chaleureux.
Laissant s'envoler son familier d'un sursaut du bras, il prit appuis sur la branche avant de se laisser tomber au sol. Avec grâce ses bottes que le minotaure nota renforcées d’arêtes métalliques semblèrent glisser dans l'herbe plus que s'y poser. Doebroksh porta lentement la main au tomahawk à sa hanche.
- Je ne suis pas du genre à effectuer de long discours. Autant sauter dans le vif du sujet.
Sans prévenir le stryge lança plusieurs projectiles droit à la tête du minotaure. Celui-ci eut tout juste le temps d'apercevoir des reflets lumineux et se protéger le museau du coude que des lames lui perçaient la fourrure. Il poussa un grognement en comme la douleur lui irradiait le poignet. L'instant suivant une bourrasque soufflait ses vêtements : en deux coup d'aile et d'une vitesse fulgurante, le stryge était déjà sur lui !
- Que…
Avant que Doebroksh ne puisse réagir l'une des lames lui mordait l'abdomen comme leur agresseur passait sur sa droite. La lame lui arracha une touffe de fourrure dans une giclée écarlate. D'un réflexe le minotaure fendit l'air pour frapper d'un revers de sa hache, mais là encore il fut trop lent. Le stryge bascula derrière lui d'un nouveau coup d'ailes en projetant de la poussière en toutes direction. Il entailla le jarret gauche de Doebroksh en passant cette fois par ce côté. Gémissant en tenant son flanc blessé, le minotaure ne put que ployer le genou sous son propre poids, s'affaissant en avant.
- Trop lent ! Le nargua l'inconnu avec un rire mesquin.
Il ravala toutefois sa phrase lorsque siffla une lame juste sous son menton : d'un coup d'aile il parvint à esquiver de justesse le tomahawk lancé dans sa direction qui lui arracha quelques plumes. Doebroksh tira alors son arc du carquois sous les yeux du stryge prit au dépourvu par cette manœuvre. Mais il retrouva vite sa contenance :
- Pas de ça ! s'écria-t-il en se laissant tomber en avant.
Plongeant en avant, il dévia le tir du minotaure d'un coup de pied sur le bois de l'arc. Dans la foulée, sans retoucher le sol et dans un tourbillon de plume, il virevolta à hauteur de la tête de Doebroksh. Il lui asséna un coup de pied dans le le museau de ses bottes renforcées, suffisamment fort pour sonner la créature massive. Des étoiles envahissant son champ de vision, le chasser discerna néanmoins son ennemi se poser à quelques mètres de lui. Ricanant, il marcha tranquillement pour l'achever, ses lames aux poings. Brusquement s'ouvrit une sacoche sur l'abdomen du minotaure.
- Que… - Laisse le tranquille ! s'écria Nyssa d'une voix furieuse en projetant des pointes glacée à la face du mercenaire.
Trop proche et prit au dépourvut, celui-ci ne put cette fois esquiver la menace. La glace inonda son champ de vision avant qu'il ne plonge dans les ténèbres. Avec un hurlement de douleur et portant les poings à son visage mutilé, il tituba en palpant ses joues ensanglantées.
- Mes… mes yeux… bégaya-t-il entre deux cris. Mes yeux ! Mes…
Sa plainte vira court lorsqu'une pointe lui traversa l'épaule par l'omoplate. Hurlant de plus belle, le stryge se tortilla et agrippa le poignet du minotaure en s'efforçant de pivoter pour lui faire face. Mais il avait lâché ses épées courtes et, dans un duel de force, il ne faisait plus le poids. Avec une froide résolution, Doebroksh enfonça son arme plus profondément dans la chair de son agresseur. Saisissant l'aile de sa main libre, il referma ses doigts sur l'articulation fragile du stryge.
- Non ! Non ne…
Sans une once d'hésitation, le trappeur broya l'aile sous sa poigne de fer. Puis, écartant sa lance toujours fichée dans son corps, il acheva enfin sa tâche. Avec de nouveaux hurlements, agrémentés d'une giclée écarlate et d'une pluie de plume, le minotaure lui arracha l'aile.
Sa colère retombée, Nyssa voletait en retrait et porta les mains à sa bouche. Elle-même était horrifiée par ce à quoi elle assistait mais était bien incapable d'agir. Sans se déplacer pour ménager sa patte blessée, le trappeur prit le tueur à une aile par la gorge et le maintint au-dessus du sol. Mi-gémissant mi-suppliant, à un cheveux de sombrer dans les ténèbres, le stryge ne parvenait même plus à se débattre.
- Qui t'envoie, demanda Doebroksh d'un ton grave à l'aveugle. - Qui… Va te faire f…
Son insulte s'étrangla dans sa gorge alors que, sans prévenir, le Moj'Hauk lui enfonçait sa griffe de métal dans l'entrejambe de l'autre main. Du sang coula le long de l'arme jusqu'à sa fourrure comme il insistait plus profondément, sentant déjà les pointes riper contre l'os. Recommençant à gesticuler et hurler, s'enfonçant de lui-même sur les lames acérées, le supplicié s'efforça d'articuler une réponse :
Son cri se perdit dans les aigus alors que la garde de l'arme venait effleurer les vêtements du blessé. Lui comprimant la gorge, Doebroksh voyait rouge et n'avait cure de sa souffrance. Des cornes ? Ce scélérat avait voulu l'abattre comme un animal pour s'emparer de ses cornes ? Était-il seulement sa première victime ?
- Combien tu en as tué ?! Lui beugla-t-il à la face. QUI TE LES ACHÈTES ? - Doe…
Le regard fou, il se tourna vers la fée qui venait poser ses petites mains sur sa fourrure. Plissant les sourcils, son expression inquiète capta son attention l'espace d'un instant. Une seule seconde, suffisamment longue pour qu'il réalise ce qu'il était en train de faire.
- Je… il… - Il a perdu connaissance, le calma-t-elle d'une voix douce sans ciller son regard. Oublie le un instant et laisse moi examiner tes plaies.
Mais lorsqu'elle eut grossièrement refermé sa blessure au ventre à l'aide de sa magie, le Moj'Hauk la repoussa pour revenir au stryge mutilé. La fureur du combat passée, il avait retrouvé son sang-froid. La colère elle était toujours bien présente. Mais il n'aurait pas de réponses à ses questions. L'inconnu ne respirait plus, baignant dans une flaque de sang. Son familier, lui, c'était tout bonnement envolé.
Alimenter la Milice:
Doebroksh se redressa, son pesant fardeau en bandoulière. En silence il contempla la terre retournée sous laquelle il venait d'ensevelir les tripes et autres parties du corps ni comestible ni exploitables. L'hybride avait déjà remercié Bisoodi, Père des Sangliers, d'avoir eu la bonté de lui accorder l'un de ses enfants. Et un de belle taille, qui plus est. Le minotaure resta ainsi quelques secondes à se recueillir, remerciant les esprits de la nature. Puis tourna les sabots.
Peau. Gigues. Graisse. Un sanglier pouvait sembler être devenu une proie banale avec le temps. Et pourtant. Une proie aux dons nécessaires. Son cuir épais et robuste aurait une infinité d'utilité possible. Parmi les Moj'Hauks, une grande partie des tentes étaient composées de cuirs de chèvres, de lapins géants mais aussi de sangliers s'ils étaient prélevés sur des femelles à l'épiderme plus tendre, cousues les unes aux autres. La viande quant à elle serait suffisante pour nourrir une bonne dizaine de guerriers pendant deux jours. Et malgré l'importante quantité de chasseurs Kastalinnois, les stocks de la milice n'étaient jamais remplis. Le rôdeur comprenait mieux pourquoi maintenant qu'il en avait intégré les rangs. Auparavant il se contentait de leur vendre les fruits de sa traque sans trop se poser de questions, heureux de gagner un peu de monnaie pour sa tribu. Mais à présent qu'il avait conscience de la quantité d'hommes et de femmes qui composait cette faction, il réalisait à quel point leur approvisionnement constant en vivres était crucial.
Ces pensées complexes tourbillonnant sous son crâne, le minotaure poursuivait sa marche. Tranquillement il rebroussait chemin. Direction la capitale du Nord. Il n'était pas vraiment pressé. Plus maintenant. Autrefois, il aurait été contraint par la garde de rester à l'extérieur pour peu que les sentinelles de faction soient de mauvais poil ou endormies. Désormais, grâce à sa modeste notoriété et son statut de milicien, ne serais-ce que le retarder aux portes vaudraient de pénibles sermons aux gardes. Le minotaure pouvait désormais entrer et sortir de la ville quand bon lui semblait. Fut-ce au beau milieu de la nuit.
Non, il n'était pas pressé.
Petit cochon:
Mains sur les hanches, le minotaures toisait la petite créature lovée à ses sabots.
- Toi tu n'as pas tout comprit, lui adressa-t-il dans un soupir. Les sangliers doivent fuir les chasseurs. Pas venir à eux.
A peine entré dans ce bosquet bordant les champs de Kastalinn, venu vérifier ses collet, que le minuscule marcassin était venu l'accueillir. La queue en balancier comme celle d'un chiot joueur, le jeune animal était venu renifler les sabots de l'hybride surprit avant de trotter à ses côtés.
- Non, insista-t-il en s'accroupissant. Je suis sérieux. File. Ouste.
Agitant les mains pour le repousser, le petit cochon dû prendre cela pour une forme de jeu. Se redressant sur deux pattes, il posa ses petits sabots sur les doigts du chasseur. Dépité, celui-ci inclina la tête en soupirant...
Griffon Pygargue:
Errant de bon matin au bords du bosquet, le minotaure s'arrêtait à chaque buisson fruitier. Baies, groseilles et autres framboises étaient nombreuses dans la région. Et il connaissait la plupart des arbustes du coin.
Levé de bonheur, il s'était éclipsé de son repaire sur la pointe des sabots pour ne pas réveiller la fée encore endormie. Au loin, la fumée du camp des Moj'Hauks serpentait dans le ciel, rappel stimulant qu'il n'était plus sur les routes mais ses terres natales. Les territoire de son peuple.
Sa sacoche à moitié remplit, il songea à faire demi-tour comme un cri strident capta son attention. Il fit quelque pas dans sa direction, s'écartant de la frondaison des arbres et plissant le regard face au soleil. Dans le ciel, deux silhouettes se alpaguaient furieusement, s'égosillant dans un mélange confus de serres et de plumes. Se protégeant les yeux de la lumière en levant la main, il s'efforça de discerner ce qu'était ces deux belligérants célestes.
Il identifia aisément deux rapaces, bien que n'appartenant pas à la même espèce. Ils luttaient vraisemblablement pour le contrôle de la plaine. Tout deux perdaient de l'altitude dans leur lutte effrénée. Après quelques minutes de ce ballet fratricide, l'un d'eux chuta et disparut dans herbes hautes une dizaine de mètres plus bas. Lâchant un cri triomphant, le vainqueur effectua plusieurs vols concentriques en se laissant porter par le vent. Se rapprochant du sol, nul doute qu'il s'apprêtait à achever son rival. Ce que le minotaure ne laissa pas faire.
Lors de la chute du vaincu, il avait aisément reconnu l'espèce de celui-ci. Pour tout autre animal il aurait laissé le cycle naturel s'appliquer. Mais pas là.
Sans ses armes, le minotaure se dressa entre l'aigle de près de deux mètres d'envergure et le griffon pygargue à terre. Bras écarté, le massif hybride le dissuada d'approcher. Percevant cette menace inattendue qu'il devinait ne pouvoir gérer, le rapace se détourna avec un cri strident, exprimant sa victoire sur son rival.
Lorsqu'il fut certain qu'il ai disparut au loin, Doebroksh se retourna pour examiner le vaincu. Arborant un magnifique plumage d'or, d'orange et de blanc nacré, le pygargue levait vers lui un regard farouche. Même à terre, il défiait l'imposant mammifère. Mais là n'était pas l'intention du minotaure.
Ouvrant sa besace, il déposa une poignée de fruits rouge à terre avant de reculer de quelques pas. Inclinant la tête de côté, soupçonnant un piège, l'oiseau se garda bien d'approcher. Mais l'hybride se doutait bien qu'il ne se priverait pas de tout engloutir une fois seul. Aussi se redressa-t-il.
- Apprends à mieux choisir tes adversaires, déclara-t-il au griffon qui darda son regard vers lui. Ne t'engage pas dans un combat si tu n'as aucune chance de l'emporter.
Ce sur quoi il tourna les talons. Ce spécimen était encore jeune, d'une envergure d'un mètre cinquante tout au plus. Il ne faisait pas le poids contre l'aigle adulte qu'il affrontait. Aussi Doebroksh espérait qu'il avait perçu son conseil. Mais il ne pouvait le forcer à l'appliquer. Juste présumer que son gardien ai remarqué son intervention.
Spoiler:
Une promesse est une promesse...:
Les gardes de la cité détournèrent prestement le regard lorsque l'hybride se tourna vers eux. Son aventure dans les souterrains de Stellaraë avait fait le tour de la cité : une enfant kidnappée à l'insu des soldats et séquestrée au milieu d'une meute de reptiles que les soldats en questions refusaient de chasser des égouts. Oui, ils pouvaient fuir son regard ces pleutres. Désormais, le rôdeur savait à quoi s'en tenir les concernant.
Traînant derrière lui la peau écailleuse d'un reptile chassé à une heure environ de la cité, il se dirigea vers l'hôtel des ventes. Le marchand peu recommandable lui avait offert une somme conséquente pour son exploit, bien plus que convenu initialement. Ainsi que la même à la petite qu'il avait ramené. Plus la promesse d'acheter au minotaure les carcasses de crocodiles qu'il lui apporterait au même prix. Qu'il ai tenté de s'acheter une conscience ou de bien se faire voir en public, Doebroksh n'en avait cure. C'était là le dixième reptile qu'il lui apportait depuis : il entendait bien profiter de cette promesse. L'intéressé devait bien s'en mordre les doigts.
Son nouveau pendentif rebondissant sur son torse, Doebroksh gravit les quelques marches du bâtiment. Son pendentif, unique trophée ramené des boyaux de la ville : une dent arrachée au béhémoth lorsque celui-ci avait manqué lui sectionner la main. Un souvenir sanglant qu'il ne manquait pas d'exhiber en présence du Stellarois comme des soldats.
A la pêche:
Confortablement allongé dans l'herbe, les sabots caressés par quelques vagues, Doebroksh se laissait aller. L'après-midi touchait à sa fin et, si pas un seul poisson n'avait mordu à son hameçon, lui avait passé une bonne fin de journée. Après tout, il ne pouvait pas combattre les ennemis de la milice, envoyés de la chasse archéenne ou quelque reptile géant toutes les semaines. Même un minotaure avait ses limites. Et celui-ci était bien content de ne pas les éprouver.
Un piaillement aigu attira son attention de côté. Un griffon pygargue venait de se poser sur une pierre au bord de l'eau. Celui-là même ayant convaincu le minotaure de venir se prélasser là.
Silencieux, le rôdeur l'observa quelques instants, avant de revenir à son bouchon de ligne disparaissant sous la surface. Une dizaine de minutes plus tard, il pliait sa gaule et rentrait au camp, laissant son totem animal savourer une perche fraîchement pêchée.
Boutique vide:
Ses cuirs écailleux sur le dos, le minotaure resta perplexe face à la boutique vide. Depuis plus d'un an maintenant il venait vendre ici les fruits de sa chasse aux reptiles aquatique. Après tout, le marchand avait publiquement juré de lui acheter ses peaux de crocodile au prix fort, suite à son sauvetage dans les égouts de Stellarae. Néanmoins, si Doebroksh avait un temps profité voire abusé de ces prix plus que lucratifs, il avait lui-même demandé à renégocier ceux-ci à la baisse pour les aligner au prix du marché. Ruiner le commerçant ou abuser de sa promesse trop longtemps n'aurait pas été correct.
Néanmoins, il avait semble-t-il mis la clé sous la porte sans qu'il n'en soit informé ni signe avant-coureur.
Maugréant, le chasseur tourna les sabots et remonta la ruelle. Cet acheteur était le seul auquel il ai jamais vendu les cuirs de crocodile, du premier tué dans les égouts à tous ceux ayant suivi dans les marais et bords du fleuve. Cela ne voulait pas dire qu'il était le seul à en acheter à la capitale commerciale. Assurément il trouverait à qui revendre ses marchandises. Pour cela s'orienta-t-il tout simplement à l'établissement des tanneurs de cuir où il vendait ses cuirs peaux et fourrures issues de chasses moins exotiques.
pêcher est plus important:
Rentrés depuis quelques heures, les deux minotaures avaient rapporté une simple lapine d'Aran. Une juvénile, d'approximativement un mètre de haut. Ahab était aux anges, contrairement au vieux chasseur des Moj'Hauks qui décocha un regard noir à Doebroksh. Celui-ci se contenta de hausser les épaules et d'accepter la remontrance silencieuse.
Le jeune minotaure avait toutefois appris à approcher et capturer un lapin d'Aran sauvage. Seul. Certes, sous surveillance du chasseur dont l'arc n'était pas loin, les mâles reproducteurs pouvant se révéler particulièrement retords. Néanmoins l'expérience c'était bien déroulé et rien de fâcheux n'était à signaler.
- J'attends deux gigues pour demain, lui indiqua Orekary en emportant Ahab et la lapine dont son loup géant ne s'éloignait pas. Et du cochon, tant qu'à faire.
Ce que Doebroksh ne put qu'accepter en tournant les sabots.
Il s'éloigna du camp principal avec l'intention de rejoindre sa clairière cachée lorsqu'un mouvement attira son regard. Un rapace passa non loin, se laissant planer en direction de la rivière plus loin. Il reconnut un griffon-pygargue à la forme de ses ailes plus qu'à son plumage. Ce même animal représentant son totem gardien.
- La rivière hein, murmura le chasseur à mi-voix.
Finalement, sa clairière pourrait attendre. Orekary devait bien avoir une canne à pêche de trop dans son tipi...
Sieste méritée:
Allongé dans l'herbe, ses paluches derrière la tête pour ne pas qu'elle pende dans le vide à cause de sa bosse dorsale, Doebroksh profitait du calme de l'après-midi et observait paisiblement les nuages. Le vent d'Ouest s'intensifiait, chassant les nuages et annonçant de la pluie pour les prochains jours. Il devrait éviter de trimballer des denrées périssables ou sensibles à l'humidité donc. Mais pour le moment, il ne s'en souciait guère. Le forgeron auquel il avait passé commande n'avait pas terminé sa tâche mais ce n'était pas un contretemps. Il avait prévenu, une semaine auparavant, qu'il risquait d'avoir un emploi du temps chargé. De plus, en ce moment même, il travaillait d'arrache-pied pour achever sa production dans la nuit. Doebroksh n'avait donc, jusqu'au lendemain, rien de mieux à faire qu'attendre. Se reposer. Et profiter du beau temps avant qu'il ne change.
Un cri aigu déchira soudain le ciel, attirant son attention comme il tournait doucement la tête vers l'origine de cette distraction. Un rapace le survola, si haut dans le ciel qu'il dut plisser le regard pour le discerner. L'animal en chasse décrivit de lents cercles dans les airs, planant et poussant de nouveaux cris perçant à intervalles réguliers. Immobile, Doebroksh le suivit du regard. Sa méthode de chasse l'avait toujours fasciné, si originale et exploitant des dons si conséquents... Sa vue pour commencer, qu'il lui enviait. Lorsque l'oiseau plongerait, il aurait repéré sa proie depuis sa hauteur de vol équivalant à la portée d'une flèche humaine. Il aurait repéré un mulot, une cible si petite, à une distance colossale. Pour le minotaure ne devant se fier qu'à son flair et son ouïe pour identifier une personne au-delà de la portée d'un jet de pierres, c'était tout bonnement effarant. La vitesse à laquelle il plongerait aussi sur sa victime n'imaginant pas la mort toute proche, ne faisant que fuir ce cri effrayant résonant dans la plaine. Lancé à toute vitesse, le rapace serait en un instant sur sa proie et stopperait net sa chute sans s'écraser au sol. Là encore, le minotaure auquel il fallait plus d'une dizaine de mètres pour s'arrêter une fois lancé à pleine vitesse ne pouvait qu'envier l'oiseau.
Ou pas. Pouvoir pulvériser un charriot ou plaquer un géant d'une charge tonitruante avait aussi du bon.
Sans hamecons:
Confortablement allongé dans l'herbe, seul, Doebroksh profitait de l'après-midi ensoleillé. D'un œil, il restait attentif aux sursauts de son bouchon. Mais les prises ne se bousculaient pas ce jour là. Une truite et une carpe, la seconde ayant été remise à l'eau. Rien de bien probant donc. Il ne mangerait pas du poisson ce soir là.
Un cri aigu attira son attention. D'un battement d'aile, un rapace affublé d'une double collerette vint se poser à quelques pas de lui. Jouant de ses quatre serres, il piaffa quelques instants et gratta la terre. Puis se posa sur son arrière-train, sa longue queue terminée par un panache de plume s'enroulant autour de ses membres.
- Pas grand chose à manger, déclara-t-il au griffon pygargue sur le ton de la conversation. Ils ne veulent pas mordre.
L'animal garda le silence. Fixement, il scrutait la surface de l'eau. En particulier le petit bouchon doté d'une plume indiquant la position de l'hameçon. Quelques minutes passèrent, tout deux observant la ligne en silence, profitant des caresses du soleil comme du vent.
Sans crier gare, le griffon écarta les aile et poussa un piaillement sourd, comme s'il s'en prenait à la canne à pêche. Bec ouvert, il ne cillait pas. De nouvelles minutes passèrent. En silence. Immobiles.
- Le poisson ne veut pas mordre aujourd'hui, déclara simplement l'hybride.
Avec un soupir, il se redressa et tira sa ligne. L'hameçon était dénué d'asticot. Voila qui expliquait l'absence de touches. Quelque poisson plus malin que les autres l'avait boulotté sans se piquer.
Doebroksh secoua la tête. Une malheureuse truite. D'un geste désinvolte, il la jeta au rapace qui se jeta dessus avec appétit. Ce soir, lui ne mangerait que de la soupe.
Pas de lapins:
- Tu es sûr qu'il y aura des lapins là-bas ? interrogea le jeune taurillon en trottant aux côtés de son ainé.
Sur ses talons suivant son loup domestiqué, ayant sacrément grandi depuis leur dernière escapade ensembles. En bandoulière, Ahab transportait son rouleau de corde, laquelle commençait à paraître bien fine en comparaison avec l'hybride en pleine croissance. Le rôdeur aurait juré que son cadet avait poussé d'une tête en un mois seulement !
- Certains, répondit le chasseur portant lui-même plusieurs rouleaux de corde avec laquelle ils confectionneraient leurs lassos. - Pourtant, tu as dit à Orekary que nous partions chasser le sanglier, rétorqua le plus jeune.
Tournant son museau vers lui, Doebroksh retroussa les babines et esquissa un léger sourire.
- Nous n'avons pas eu de chance. Eux n'étaient pas là où nous allons.
Ahab éclata de rire, lequel fit chaud au cœur du rôdeur passant tant de temps loin des siens. Néanmoins, il resta concentré sur leur destination. Si les anciens déconseillaient aux plus jeune la capture des lapins d'Aran, ce n'était pas pour le simple plaisir de les importuner. Ces animaux faisaient partie du quotidien des minotaures mais demeuraient dangereux. Et il n'était pas question qu'Ahab se blesse lors de leur escapade.
Collets à lapins:
Évoluant entre les troncs d'arbre et la pénombre comme s'il se trouvait en plein jour, le minotaure avançait à pas lourds. Du petit gibier pendait déjà à son baluchon dont il s'occuperait une fois de retour à son camp. Néanmoins avant cela il lui restait un dernier collet à inspecter. Avant même d'être à proximité de celui-ci, il le devina vide : nul mouvement ou gémissement plaintif à son approche. Pour autant il alla vérifier son piège. Bien lui en fit : la cordelette avait été arrachée et avait cédé.
Levant le reste de cordelette à son museau, il renifla en quête d'indice sur l'auteur du saccage de son piège. Un fumet fort et imprégné de terre, musqué mais assez peu.
- Un sanglier, murmura le minotaure pour lui-même. Et un gros.
Rien de surprenant à ce que le collet prévu pour un lièvre n'ai pas tenu...
Soupirant, il tira une nouvelle cordelette d'une besace à sa hanche et entreprit de réaliser un nœud coulant avec ses gros doigts. En espérant que la bonne proie vienne se prendre dans celui-ci cette fois...
Katwingas:
- Qu'est-ce donc ce que tu veux me montrer ? interrogea la fée en voletant près de l'épaule du minotaure.
Depuis qu'il lui avait indiqué avoir une surprise pour elle, Nyssa ne cessait plus de l'asticoter. Dévorée par sa curiosité, elle ne le lâchait plus d'un sabot et trépignait d'impatience. Heureusement pour Doebroksh, le supplice de son amie ailée touchait à son terme.
- Tu vas voir, répéta-t-il pour la cinquantième fois avant de descendre de Tsoodi. Nous y sommes.
Clignant des yeux, Nyssa étudia le lieu où le rôdeur venait de l'amener, laissant l'imposant béhémoth paître l'herbe grasse à l'écart. Ils avaient gravi une petite colline, donnant sur un bras de forêt. À l'opposé à pied de la pente passait le chemin par lequel ils étaient arrivés. D'en bas, ils ne pouvaient discerner les pierres levées trônant au sommet, haute d'un mètre tout au plus.
- Un cercle des fées ! s'écria-t-elle avec joie en reconnaissant la configuration des monolithes. Tu ne m'avais pas dit qu'il y avait des fées ici ! - Il n'y en a pas, répondit simplement Doebroksh de sa voix grave. Pas ici du moins.
Nyssa fronça ses fins sourcils avant de croiser les bras, perplexe.
- Des farfadets alors ? Qui descendent de cette forêt pour... - Non plus. À part quelques sangliers, tu ne trouveras pas de farfadets ici. Ni de korrigan pour ce que j'en sais.
Allant s'installer au centre du cercle de pierre, Doebroksh leva sur elle un regard amusé.
- Toutefois, déclara-t-il en désignant le sol de la main, tu n'es pas loin de la vérité. Installe-toi, ils ne devraient pas tarder. - Ils ?
Mais le minotaure refusa de répondre. Il se contenta de l'observer jusqu'à ce qu'elle s'exécute, contenant sa curiosité frustrée à grand-peine. Avec sa petite taille, elle dépassait tout juste du gazon. Seuls ses yeux et ses ailes étaient visibles.
- Et maintenant ? - Maintenant nous attendons, expliqua-t-il calmement. Ils sont timides. Mais tout comme toi, ils ont une curiosité maladive.
À cela, la fée ouvrit la bouche, avant de se reprendre et de croiser les bras en faisant la moue. Aussi prit-elle son mal en patience et attendit avec le chasseur. En silence, rompu seulement par les chants d'oiseaux et mastications du mastodonte à quelques mètres de là.
Lorsque, après quelques minutes seulement, elle s'apprêtait à protester de plus belle, Nyssa remarqua le regard que dirigeait le minotaure en direction d'une des pierres. Le suivant, elle découvrit un petit être. Plus petit encore qu'elle, accroupit sur la roche comme une grenouille. Mais ses longs membres repliés laissaient penser que debout, il ferait au moins sa taille. Ses longs doigts fins ne possédaient que quatre doigts et sa peau semblait humide, là encore comme celle d'un batracien. Néanmoins, ce n'est ni sa taille ni sa peau qui attira son attention. La petite créature portait un masque de bois blanchi à la craie sur laquelle un symbole tribal complexe avait été effectué. Penché en avant, il étudiait de son regard invisible les deux intrus, dans une posture qui trahissait davantage d'intérêt que d'irritation vis-à-vis de leur intrusion.
- C'est... un Mi ? interrogea Nyssa, toute impatience envolée à la vision de cet inconnu. - Je ne pense pas, répondit Doebroksh en secouant la tête. Les... compagnons... de l'arlequin n'ont pas le même comportement. Et porter un masque ne veut pas dire être similaire.
Comme il parlait, l'inconnu se tourna vers lui, buvant ses paroles. Silencieux.
- Hwo, déclara Doebroksh à son intention, levant doucement la main pour lui présenter sa paume.
Imitant son geste, l'inconnu leva sa main.
- Yo ! piailla-t-il d'une voix aiguë avant de se tourner vers Nyssa. Yo !
Et avant qu'elle n'eut le temps de lui rendre son salut, il se tourna vers Tsoodi pour répéter son "Yo !". Mais le mastodonte ne lui accorda pas une once d'attention, continuait à brouter bruyamment.
- Qu'est-ce qu'il est ? interrogea Nyssa en se relevant. On dirait vraiment...
Remarquant son changement de posture, il se tourna de nouveau dans la direction et imita Nyssa, se relevant lui aussi. Il révéla ce faisant un corps mince et frêle, effectivement aussi grand que celui de la fée, et luisant légèrement au soleil comme s'il était couvert d'humeur aqueuse.
- Je soupçonne que, tout comme toi les domovoïs les farfadets... il soit du petit peuple. Néanmoins... je comprends rien à leur charabia.
Le désignant de sa grosse main - aussitôt imité - il reprit :
- Nous les appelons les Katwingas, présenta-t-il. Des esprits de la nature. Ils n'aiment pas trop se montrer et, au moindre geste brusque, disparaîtront. Mais comme tu peux voir, ils sont curieux et ont leur... caractère. - Ils y en a d'autres ?
Ce à quoi Doebroksh tourna la tête vers Tsoodi, faisant réaliser à la fée que deux autres de ces "Katwingas" étaient apparus de nulle part sur d'autres pierres. Obnubilés par l'énorme monture du minotaure, ils ne leurs accordaient aucune attention.
- À Wystéria les Dharitri évoquaient des esprits sauvages similaires, bien que sous d'autres noms. Craintif et curieux, tribaux et discrets. Et à la Ceinture Rouge ou au marais Hukutav j'ai entendu leurs descriptions. Mais... ils sont difficiles à observer. Avec les autres Moj'Hauks nous venons parfois converser avec eux. Même si nous ne comprenons rien à ce qu'ils disent. Ahab pense que...
Mais Nyssa n'écoutait déjà plus. Fascinée, elle battit des ailes pour voler à sa rencontre. Aussitôt, le Katwinga eut un mouvement de recul et disparut à moitié dans la roche. Littéralement. Ses jambes et mains semblaient plonger dans celle-ci comme un poisson plongerait dans l'eau, le laissant que son torse et son masque apparents.
- Difficile à observer et qui disparaissent au moindre geste brusque, répéta le Minotaure en restant immobile.
Nyssa déglutis. Puis entreprit d'approcher plus doucement. Du bout de l'orteil, elle vint se poser sur le bord du rocher et cessa de battre des ailes. À ce moment, seul le sommet du masque et les fentes de ses yeux étaient encore visibles. Esquissant un sourire, Nyssa se pencha et s'accroupit en imitant la posture initiale de son vis-à-vis, sa robe diaphane pendante sur ses genoux. Puis resta immobile.
Intrigué, le Katwinga ré-émergea lentement de la pierre, étudiant la fée.
- Nyssa Folkore, se présenta-t-elle lentement en posant un index sur sa poitrine.
Puis elle le tendit vers le Katwinga. Celui-ci, s'accroupissant face à elle, tendit timidement le sien jusqu'à ce que leurs doigts s'effleurent.
- Hopis ! s'écria-t-il soudain, avant de piailler toute une série de mots rapides, attirant l'attention de ses camarades qui s'empressèrent de bondir les rejoindre.
Perplexe, Doebroksh croisa lentement les bras. Puis fronça les sourcils comme Nyssa éclatait de rire avant de parler à son tour dans une étrange langue - celle qu'elle avait utilisé pour échanger avec le domovoïs de la boulangerie de Kastalinn, reconnut le rôdeur. Le désignant du doigt, elle prononça rapidement son nom ainsi que celle de sa tribu avant de reprendre à un rythme éffréné. Les Katwingas tournèrent leurs masques vers lui, puis après quelques mots de plus, éclatèrent de rire avec elle.
- Ils disent que tu ressembles à une vache, déclara-t-elle après un moment. Et se demandent pourquoi tu ne manges pas l'herbe comme ta vache à une corne. - Pardon ? - Leurs mots, pas les miens, ne put que dire Nyssa en levant les mains au ciel.
Aussitôt, les Katwingas imitèrent son geste, levant leurs paumes en signe d'impuissance. Doebroksh secoua la tête. Il s'agissait bien d'esprits de la nature donc. De membres du petit peuple, aussi. Ce descriptif n'aurait pas dû le surprendre...
Levant le museau, Doebroksh arrêta sa marche quelques instants. D'un mouvement d'épaule, il assura sa prise sur la carcasse qu'il trimballait à travers le bois. Le cochon sauvage était littéralement sorti des fourrés sous son nez, aussi surprit que le chasseur de cette rencontre. Une dizaine de minutes plus tard, il enfouissait les abats en remerciant Bisoodi, le père ancestral des sangliers, pour ce fils qu'il lui avait offert.
Néanmoins, ce n'était pas le poids de la carcasse ou le sang gouttant de son épaule qui interpellait le rôdeur. Le vent venait de brusquement tourner, venant d'Est. Plus violent et plus froids. Ce présage n'indiquait rien de bon. Entre les hérauts d'Anklög, les vols de cloches ailées et la chasse archéenne silencieuse de puis trop de cycles... cela ne présageait rien de bon.
L'esprit agité, il reprit sa marche. Plus vite il serait rendu au camp de sa tribu et plus vite il pourrait échanger avec l'ancienne. Cela ne faisait que trop longtemps qu'il ne l'avait pas consulté.
Slots RP utilisés 1/4 Errances (pause) Slot initiatique dispo - Auberge nordique (mp ou discord)
Doebroksh s'exprime en #ff9999 Nyssa s'exprime en #62fff1
Pourfendeur de Skarniens (Event)
Chasseur de poules (Event)
Jack'o'Piñata (Event)
Héros de l'Est (Event)
Hommage de FrörHeim (Event)
Rival des Acolytes de la Convergence (Event)
Sculpteur de citrouilles (Event)
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Chasseur invétéré (Artefact)
Voyageur de la Caverne Mystérieuse (Quête)
Votre rôdeur préféré (Event 10 ans)
Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Mar 13 Aoû 2019 - 3:31
Quêtes, Classe, Achats, Divers...
Chasseur:
Progressant avec précaution entre les arbres, la silhouette massive s'immobilisa un instant. Elle se redressa et garda le silence, à l'écoute de la semi-obscurité. Ici et là elle percevait les cris des oiseaux de nuit et des jaa-banis. Ou chauve-souris, comme les nommaient aussi les humains. Tournant son mufle de côté, la créature se focalisa sur une plainte en particulier, les oreilles dressées.
Après quelques instants d'écoute attentive, elle reprit sa progression entre les fougères dans cette nouvelle direction. A son approche, les insectes nocturnes cessaient leur ballet sonore et se faisaient plus discrets. Comme s'ils craignaient que l'imposante bête ne s'intéresse à eux. Mais elle ne fit que passer sans un bruit.
Elle évoluait a pas pesant entre chênes et résineux sans trébucher sur les racines traîtres du sous-bois. Son regard luisait faiblement dans les ombres. Elle n'était pas dotée d'une vision diurne comme les félins pour éviter ce genre de pièges. Seulement cette nuit, la mère céleste avait gratifié la voûte étoilée d'un ciel dégagé et d'une lune resplendissante. Son éclat parvenait à ponctuellement se frayer un chemin à travers le plafond végétal, offrant ici et là suffisamment de clarté pour avancer sans crainte.
Les gémissements étaient de plus en plus distincts comme l'être approchait. Effrayés. Suppliant. Confus. Lorsqu'il fut suffisamment proche, ils se muèrent en glapissements de panique. Une brise avait dû porter son odeur jusqu'aux sens aiguisés de sa proie. Malgré cela, le prédateur poursuivit plus en avant sans s'en offusquer. Lorsqu'il put enfin poser le regard sur sa prise, il s'immobilisa un instant et prit le temps de l'étudier.
Mis en lumière par un éclat de lune, un marcassin gesticulait pour se défaire du piège. Braillant à plein poumons, il implorait les ténèbres de lui venir en aide. Ténèbres qui restèrent indifférentes à ses suppliques. L'arrivant reprit sa marche, ne prenant plus la peine désormais d'être discret. Ses sabots massifs s'immobilisant aux côtés du porcin et piétinant les glands épars ayant servis d'appât, il toisa de longues secondes le petit sanglier. Puis, sans un mot, il mit un genou à terre et se pencha au-dessus de l'animal acculé. Celui-ci couina de panique, lutant de plus belle contre le collet resserré sur sa patte arrière.
Soudain l'énorme paluche du chasseur vint plaquer sa victime, ses trois doigts l'immobilisant fermement. Le marcassin geignit de plus belle en se débattant, une patte maintenue en l'air. En vain. Après près d'une minute de lutte acharnée, il s'immobilisa. Résigné ou a bout de souffle, son bourreau n'aurait su dire. Et n'en avait cure.
Avec précaution, il pinça le nœud coulant de sa main libre. Il tira en douceur sur celui-ci et libéra la patte du collet avant d'examiner celle-ci d'un œil critique. Le cuir était irrité et boursouflé. Le crin abimé. Le pauvre animal avait lutté durant un long moment avant qu'il ne vienne. Toutefois, le traumatisme était bénin. Se tournant vers le museau de sa proie, il l'étudia un instant. L'animal fuyait son regard, attendant avec résignation son sort. Ses inspirations profondes soulevaient toutefois la paume le maintenant au sol, trahissant son angoisse.
- Si tu pouvais attendre quelqu'années de plus avant de revenir à moi, je t'en serais reconnaissant.
Sur cette seule phrase, le minotaure libéra son prisonnier qui dans l'instant fut sur ses pattes. En un éclair il déguerpit dans la nuit sans demander son reste.
Scrutant la direction dans laquelle il s'était enfuit, Doebroksh poussa un soupir. Avant de revenir à sa ficelle teinte en noir qu'il entreprit de défaire. Il lui faudrait la rincer à l'eau claire afin d'en défaire l'odeur de ce cochon sauvage.
Le trappeur se redressa finalement, glissa la cordelette dans une besace à sa hanche et se tourna vers l'Ouest. Peut-être l'un des autres pièges posés dans le secteur aurait attrapé une proie plus convenable, lui permettant de ne pas rentrer bredouille.
Biyooch'idi:
Sirotant son outre le liqueur, Doebroksh avança à pas lents en bordure du camp. Autour du feu de camp central la fête battait son plein. Deux Moj'Hauk de sa génération étaient de retour suite à leur voyage initiatique commun. L'un comme l'autre, ayant grandi avec le minotaure, étaient désormais reconnus comme aptes à communier avec leurs ancêtres et les esprits de la nature. Aptes à devenir à leur tour des guides spirituels s'ils le souhaitaient, voire remplacer Meela un jour.
Le premier avait fait preuve d'une connexion privilégiée avec Shash Nilch'i - le père des Ours - et parvenait même à en prendre l'aspect ! Quand au second, ses talents en matière de guérison dépassaient tout ce que les doyens de la tribu connaissaient à ce jour. Meela elle-même l'interrogeait en ce moment sur ce doigté incroyable vis-à-vis de la chair, qui semblait pourtant lui venir naturellement. A moins qu'il ne soit soufflé par une certaine déesse céleste…
L'esprit agité, le chasseur s'enfila une rasade d'eau de feu qu'il savoura, laissant l'alcool lui bruler le gosier jusqu'à la panse. Il était heureux pour ses frères. Sincèrement. Cependant… au fond de lui… une voix qu'il savait pernicieuse murmurait…
Qu'avait-il fait, lui, d'incroyable durant ces trente années ? Était-il aussi méritant que ses frères ? Jamais la tribu n'avait fêté quoi que se soit en son honneur. Était-il aussi aimé ? Aussi admiré que ses frères ?
Secouant la tête, Doebroksh chassa ces sombres pensées de son esprit. Ce n'était là que foutaise et il en était conscient. Ce n'était pas de la jalousie qu'il éprouvait pour eux. Sa joie de les revoir était sincère. Seulement il n'avait pas l'impression de laisser dans ce monde une empreinte aussi conséquente qu'il l'aurait souhaité. Après sa mort, y aurait-il un Moj'Hauk pour rappeler son esprit, pour chercher une réponse dans ses connaissances ou ses exploits ? Lorgnant son outre, il grimaça avant de l'abaisser, continuant son chemin.
Le minotaure n'alla pas bien loin. Allongé à flanc de colline, le village à moins d'un jet de pierre, il contemplait les étoiles. Alors qu'il observait ces astres suspendus à la voute céleste, une question qu'il se posait systématiquement revint s'immiscer dans ses pensées. Se trouvait-il là haut une entité tournée vers le sol ? L'observait-elle en ce moment même ? La déesse avait-elle seulement conscience de sa présence ?
Machinalement il tendit le bras de côté. Mais ses doigts ne se refermèrent que sur du vent. Se redressant avec un instant de stupeur, la mine de Doebroksh s'assombrit sensiblement. Greywol n'était plus là, évidemment. Jamais plus il ne le serait. Et jamais plus ils…
Le minotaure manqua bondir de côté lorsque la boule de poils rousse lui retomba sur la cuisse. Les yeux ronds comme des soucoupes, l'hybride se retrouva museau à museau avec cet énigmatique félin le suivant partout au village, depuis plusieurs semaines. Celui-ci miaula avant de venir frotter sa truffe contre le doigt que lui tendait le chasseur. Oui, ce chat était une énigme pour lui…
- Je savais bien qu'il me guiderait jusqu'à toi, déclara Meela derrière lui.
Se rallongeant, le minotaure esquissa une mine penaude à son ainée. Tout deux échangèrent un regard à l'envers. Soupirant, la Moj'Hauk vint s'asseoir à sa gauche avant d'observer le ciel à son tour.
- La nuit est claire, commenta-t-elle. C'est un vrai plaisir de pouvoir admirer les étoiles.
Doebroksh approuva en silence. De la queue, il vint bousculer le chat roux qui entreprit aussitôt de la plaquer au sol. En vain, de toute évidence. Il poussa un miaulement de frustration. Ils restèrent ainsi quelques minutes, profitant de la nuit dans un silence troublé uniquement par les efforts du félin.
- Tu n'es pas né pour communier avec les esprits, fini par déclarer la minoenne en faisant preuve de perspicacité. Pas plus que tu ne l'es pour manipuler les arcanes comme le fait ton ami matou.
Doebroksh fronça les sourcils. La magie de son ami matou ? Il mit un instant à comprendre de quoi elle parlait :
- Neivin ?
Ce à quoi elle acquiesça. Repenser au thérianthrope arracha un sourire au minotaure. Ce drôle de moulin a parole avait bien faillit le rendre chèvre…
- Tu as d'autre talents que tes deux frères n'ont pas tu sais.
Doebroksh ouvrit la bouche pour répondre. Mais toutefois s'abstint.
- Regarde tout ce que tu as appris, poursuivit-elle. Durant le temps passé chez les nordiens ou les caravanes orques. D'ailleurs, tu possèdes autant d'armes que la moitié de la tribu réunie. Et sais mieux les utiliser que quiconque ici…
Ce a quoi Doebroksh eut un rictus.
- Menexthan aurait beaucoup à m'enseigner et… - Il n'est ni présent ce soir ni un Moj'Hauk, opposa-t-elle en secouant la tête.
Il garda sa réplique pour lui. Il savait qu'elle était dans le juste. Comme toujours. Aucun de ces deux camarades fêtés ce soir ne savait se servir d'une arme. D'une lance ou d'une massue, à la rigueur…
- Sais-tu seulement ce que tu es Doebroksh ? Interrogea-t-elle après quelques instants.
Il se tourna vers elle avec une mine perplexe. Mais Meela affichait une mine sérieuse. Une brusque douleur à l'extrémité de sa queue le fit cependant sursauter : ce fichu matou venait de le mordre. Le saisissant par la peau du coup, il reposa l'animal dans l'herbe. Mais nullement contrarié, celui-ci revint se blottir contre sa fourrure.
- Chasseur, commença-t-il à énumérer. Trappeur. Marchand. Vagabond… - Les humains ne voient pas les loups solitaires dans ton genre comme des "vagabonds", corrigea-t-elle. Vous effrayez le communs des mortels, certes. Mais vous prévenez également des menaces dont ce même communs ne sait rien. Votre simple présence apporte généralement une paix inattendue puisque bandits et barbares fuient votre présence. Comme ces skarniens, par exemple. Vous assurez la paix depuis les ombres qu'ils n'osent explorer. Vous leur apprenez à craindre les ténèbres, eux aussi.
Songeur, Doebroksh inclina la tête de côté. Il voyait où elle venait en venir. Cependant pas…
- Les humains vous appellent Biyooch'idi. Je veux dire, se reprit-elle en réalisant qu'elle avait employé leur propre langue : ils vous appellent Rôdeurs. - Rôdeurs ? Répéta-t-il après un instant. Ce n'est pas très glorieux. N'importe qui pourrait porter cette appellation. - Crois tu vraiment que Selsya Asa aurait offert une arme pareille au premier venu ? Répliqua-t-elle du tac au tac en faisant référence au Renarc. - Je… minute, se reprit-il en se tournant sur un coude. Tu connais la Jarl de Kastalinn ? - Doe'. Oserais-tu croire que je ne sort jamais de mon tipi ?
Le minotaure eu un rictus. Les années passaient mais l'esprit de la matriache n'avait rien perdu de sa vivacité. Ni de son aptitude à le surprendre.
- Aller j'y retourne, déclara-t-elle en se relevant avant de secouer sa robe ample pour en chasser les brins d'herbe. Essaie de ne pas disparaître dans ta clairière sans repasser trinquer avec tes camarades.
Il ne répondit rien, se contentant de sourire en la suivant du regard alors qu'elle redescendait tranquillement la colline.
Ses camarades...
Sydaer partirait bientôt pour la Perracie, impatient de mettre ses talents de guérisseur au service d'une plus cause plus grande que lui-même. Quant au troisième lurron, Eretor il souhaitait retourner à Sulfaën où ils avaient effectués leur pèlerinage. Doebroksh lui-même brûlait d'envie de découvrir cette immense forêt ayant vu naître leur espèce. Peut-être serait-il pertinent de l'accompagner ? Ou bien le guérisseur afin voir les terres corrompues de ses propres yeux...
A cet instant, il ne s'en préoccupait pas vraiment. Demain serait un autre jour. Inspirant lentement, il ferma les yeux, caressant doucement son chat.
- Biyooch'idi, murmura-t-il en entrouvrant les paupières, songeur.
emplettes 1:
Le marchand s'inclina en arrière en entendant claironner la clochette à l'entrée de sa boutique. Sans se lever de son tabouret en arrière-boutique, il lorgna dans la pièce voisine pour voir qui venait d'entrée à travers la porte ouverte. Il manqua tomber à la renverse en découvrant son visiteur.
Étudiant en silence les murs où armes, boucliers et pièces d'armures étaient exposés, un immense minotaure se trouvait dans son échoppe. Reprenant un semblant de contenance, l'artisan délaissa la cotte de maille qu'il était affairé à graisser pour rejoindre son comptoir.
- Bien le bonjour ! lança-t-il en s'efforçant de ne pas paraître nerveux. Que puis-je faire pour vous ?
L'hybride lui jeta un rapide coup d'oeil avant de revenir aux armes qu'il avait sous les yeux.
- Salutations, répondit-il après quelques secondes.
L'humain se pinça les lèvres. Son client n'était pas un bavard. Mais le Kastalinnois était désormais habitué aux sautes d'humeurs de sa clientèle. Qu'il s'agisse d'un mastodonte voûté en avant dont le crin sombre effleuré malgré tout la charpente de la pièce, beaucoup moins. De toute évidence, le minotaure n'était pas intéressé par ses pièces d'armures, aucune n'était adapté à sa morphologie hors-normes. A moins qu'il ne soit là pour quelqu'un d'autre...
Un détail toutefois attira l'attention du marchand : sous son tabard délavé et ses plaques d'armures mal entretenues, l'hybride était enroulé dans un bandage d'étoffe lui enserrant le torse et l'épaule gauche. Ajouté à cela l'arc ouvragé qui trônait dans son carquois...
- Vous... vous ne seriez pas le minotaure ayant participé à l'incident de la poule ? interrogea-t-il. - Si.
Se fut la seule réponse que lui offrit Doebroksh avant de se saisir d'une dague de lancer sur l'un des étals. Un instant il en éprouva l'équilibre, la faisant rouler entre ses deux doigts épais. Puis il remarqua une énorme griffe de poing prenant la poussière sur un meuble près du comptoir. Ayant perçut son intérêt, l'humain s'empressa de prendre la parole :
- Mon prédécesseur l'avait faite pour un jeune géant il y a pas mal d'années, déclara-t-il en souriant à ce souvenir. Mais cet adolescent c'est blessé à la main avant de l'emporter. Et m'est avis qu'aujourd'hui elle lui serait trop petite malgré sa taille...
Clignant des yeux en échangeant un regard avec l'orateur, Doebroksh soupesa l'arme. Celle-ci était pesante, un peu plus que sa hache.
- Je pense pas parvenir à la vendre à qui que se soit, poursuivit le commerçant ayant capté l'intérêt qu’éprouvait son visiteur. Si vous la voulez, je vous la fait à un bon prix.
Glissant son poing dans la partie s'accrochant au poignet, il pivota et fendit l'air à l'aide des quatre serres acérées d'une quinzaine de centimètres. Esquissant un sourire, le minotaure se dirigea vers le comptoir et y posa la griffe ainsi que ce qu'il avait repéré plus tôt.
- Parfais parfais, commenta le marchand qui réalisait là sa journée. Laissez moi un instant je...
Il s'interrompit comme Doebroksh tendait le bras pour attraper un cordage à l'autre bout du comptoir. Faisant glisser les nœuds entre ses doigts, il les ajouta à ses articles d'un air satisfait.
- Je prends le tout.
emplettes 2:
Se déroule pendant la quête spéciale d'accès à Wysteria.
Doebroksh errait dans les ruelles, s'arrêtant à chaque échoppe pour en lire l'écriteau. Là encore, ce n'était pas celui décrit par le capitaine gobelin. L'hybride prit son mal en patience et poursuivit ses recherches. Après tout, même si le prix qu'il lui avait décrit était exorbitant, cela pourrait valoir le coup.
Malgré l'enthousiasme de Nyssa, juchée sur son épaule et des étoiles plein les yeux en découvrant la cité, le minotaure l'était beaucoup moins. Lorsque Cerby lui avait indiqué l'ile de Wystéria, il se doutait que prendre un bateau serait nécessaire. Cependant il n'avait pas imaginé que l'île serait aussi éloignée : elle n'était même pas visible depuis la côte ! Et au vu du comportement du gobelin, malgré son offre gracieuse que l'emmener lui et quelques autres, que sont équipage ne soit pas complet pour charger ses marchandises en disant long sur sa fiabilité. Or Doebroksh ne souhaitait pas se fier à cet inconnu : il savait nager comme une enclume.
C'est pourquoi, en attendant de lever l'ancre, l'idée du respirateur lui était venu. Ayant discuté avec l'Abyssal Zayn plusieurs mois auparavant, il avait appris que celui-ci était naturellement capable de respirer sous l'eau. Il avait également appris que régulièrement des "surfaciens" venaient à sa cité, munis d'appareils leurs permettant de respirer sous l'eau. Et le gobelin l'avait informé qu''un marchand, dans une échoppe qu'il ne parvenait pas à trouver, vendait le-dit appareil. Muni de celui-ci, même en cas d'imprévu durant la traversée, il pourrait revenir à la terre ferme en marchand au fond de l'Océan. Après tout, il était un minotaure et les longs trajets sans vivres ne lui faisaient pas peur, même dans le froid et l'obscurité. Du moins, il se rassurait à le penser...
Il soupira. Il arrivait au bout de la ruelle et toujours pas signe du magasin indiqué. Peut-être la suivante serait la bonne...
La Milice:
Marche après marche, l'imposant bipède gravissait l'ascension de l'imposante maison communale. Le plus grand bâtiment de Kastalinn, mais également celui bâtit au plus haut du promontoire rocheux où siégeait la cité du Nord. Arrivant enfin au sommet, des flocons s'accrochant à sa fourrure, le minotaure leva le regard vers les hautes arches encadrant une dernière allée le séparant du palais. Les colonnades étaient épaisses et finement ciselées, décrivant pour la plupart des symboles abstraits. Ici et là toutefois, il reconnaissait un drake, un ours, un mammouth… On ne pouvait se tromper quant à la nature du peuple local. Seule cette région aurait put produire de telles œuvres.
- Il n'y a pas de fée, se désola Nyssa en voletant près d'un pilier de soutien. Ni de forêt.
Sans répondre, le rôdeur reprit son avancée, un groupe de Kastallinois s'écartant prudemment de son passage avant même qu'il n'ai pu effectuer un pas de côté pour ne pas les bousculer. Le regard vague, il les dépassa et posa sa main à trois doigts sur le bois de la porte colossale. Même pour les standards de l'hybride, celle-ci était grande. Lui mesurait approximativement deux mètres quarante. Soit un demi-mètre de plus que les plus grands nordiques. Pourtant, l'encablure devait bien faire deux fois sa taille. Même un géant, pourtant rares, aurait put lever les bras sans toucher son cadre. Définitivement, les humains avaient un goût prononcé pour la démesure…
La température était agréable à l'intérieur, l'énorme battant refermé derrière lui. Un unique et énorme brasier au cœur du bâtiment maintenait le froid à l'extérieur. Néanmoins il remarqua que quelques audacieux flocons parvenaient à se frayer un chemin depuis l'extérieur, entre deux vitres mal ajustées. Avançant entre de nouvelles colonnades soutenant le toit plusieurs mètres plus haut, il remarqua que les discussions s'interrompaient à son passage. Domestiques, nobliaux, miliciens… tous se tournaient l'espace d'une seconde vers le représentant des Moj'Hauk. Lui avançait sans un mot en direction du trône à l'opposé de la pièce. Il contourna le feu de joie dont aucune venaison n'ornait les broches.
Son approche n'avait évidemment pas échappé à la maîtresse des lieux, jusque là en discussion avec plusieurs hommes en armes. Elle mis fin à leur échange en souriant puis vint à la rencontre du minotaure qui s'immobilisa enfin.
- Bienvenue à Skaldmöheim, minotaure, l'accueillit la Jarl en inclinant doucement la tête.
Plusieurs mèches blanches glissèrent sur sa joue qu'elle replaça négligemment derrière son oreille pointue en se redressant. Dans son dos, les nordiques dévisageaient l'étranger sans prononcer un mot. Les mains posées sur la garde de leurs épées n'échappa pas à l'hybride lorsqu'il leva la sienne.
- Hvo, déclara-t-il en plongeant son regard gris dans les yeux vairons de Selsya. Jarl de Kastalinn. Je voudrais m'entretenir avec vous quelques instants. Mon nom est Doebroksh. De la tribu Moj'Hauk.
Volant à sa gauche, le regard de la fée alla de l'elfe au minotaure. Finalement, elle se redressa en levant elle-aussi la main droite en imitant son compagnon.
- Hvo ! Déclara-t-elle également de sa voix fluette. Nyssa Folkar ! Crépuscule des vallées, Seigneure des hannetons, Tisseuse de la rosée, Fille de la bruine, Gardienne du bos…
Elle s'interrompit en constatant le regard en coin que Doebroksh lui décochait, sourcils froncé. Portant sa petite main devant sa bouche, elle simula une toux puis revint à la maître des lieux en croisant les doigts dans son dos. Selsya réprima un sourire devant cette scène pour le moins cocasse. Toutefois, retrouvant rapidement son sérieux, elle joignit ses mains devant elle puis répondit d'une voix douce :
- Nyssa. Doebroksh. Je suis Selsya Asa, Jarl de cette ville. Que puis-je pour vous ?
Décroisant les mains, elle les invita à se diriger d'un côté de la pièce où se trouvaient plusieurs chaises, dont une de dimensions largement plus importante, nota l'hybride. Il s'interrompit en cherchant ses mots, l'elfe l'étudiant en silence. Pendant ce temps, Nyssa alla s'asseoir dans l'énorme fauteuil, étendant ses jambes à la peau blafarde sans en atteindre le rebord.
- Comme vous le savez, commença-t-il enfin, de nombreuses tribus minotaures sont établies à travers les plaines. Sur des terres revendiquées par la Milice. Ma tribu, à l'Est de Kastalinn, est l'une d'elles.
Attentive, Selsya plissa le regard en s'asseyant mais s'abstint de répondre, laissant le minotaure s'exprimer. Sans un regard à la fée occupant le seul séant où il aurait pu de mettre à l'aise, il resta debout à toiser la Jarl.
- Mon peuple saigne chaque jour pour le Nord. Que se soit à de la frontière de la Perracie, des barbares descendant de la toundra ou plus récemment face aux rats du dessous… - Les Skarniens, acquiesça-t-elle.
Ce à quoi il hocha la tête.
- J'ai mémoire d'un minotaure ayant lutté aux côtés de mes miliciens et contribué à la bataille de la Toundra, poursuivit-elle. Un minotaure que j'aurais par mégarde… atteint… avec l'un de mes sorts. Il s'agissait de vous n'est-ce pas ?
Ce qu'il confirma d'un second hochement de la tête. De son trône, Nyssa ouvrait de grand yeux incrédule. Cette elfe était si petite en comparaison avec Doebroksh ! Comment aurait-elle put lui faire le moindre mal ? Cependant, à peine se fit-elle cette réflexion qu'elle se souvint qu'elle-même l'avait douloureusement mutilé à leur première rencontre…
- Vous étiez également présent lors de l'incident des poules, continua-t-elle en souriant. - Pas vous, l'interrompit froidement l'hybride.
L'expression de Selsya se figea. A quelques mètres de là, plusieurs miliciens suivant l'échange d'une oreille indiscrète se crispèrent. Doebroksh perçu même le lent glissement d'une lame hors de son fourreau. Pour autant, l'hybride s'abstint de porter la main à l'une de ses armes en évidence, accrochées dans son dos ou pendant à ses hanches. Gardant le silence, l'elfe le laissa poursuivre.
- Malgré vos dons vous n'avez pas défendu votre peuple, l'accusa-t-il sans détour. Vos miliciens l'ont fait pour vous.
Il se tourna vers les intéressés et leur porta un regard placide. Grimaçant, plusieurs firent mine d'approcher suite à cet affront. Mais d'une main levée sans cesser d'observer le mastodonte, Selsya les en dissuada. Lui reprit, autant à l'adresse des nordiques que de leur dirigeante :
- Minotaures et Miliciens partagent les mêmes luttes. Se battent pour défendre les mêmes idéaux et les mêmes terres. Nous n'avons jamais été ennemis. Au contraire. Nous combattons cotes à cotes depuis la création de votre ordre.
Doebroksh revint à l'elfe qui inclinait la tête de côté, commençant à deviner où il voulait en venir.
- Mon peuple est menacé. Tout comme les autres peuples pacifiques du Nord. Or je ne peux pas toujours être là pour protéger les miens. Vous ne pouvez pas toujours être là pour protéger les vôtres, continua-t-il en faisant référence aux créatures à plume de Tungstène. Mais ensemble, nous pouvons nous protéger mutuellement. Nous l'avons déjà fait.
Inspirant à plein poumons, il plongea profondément dans le regard bleu et vert de Selsya, portant le poing sur son cœur.
- Je voudrais renforcer ces liens entre nos cultures. Pour le bien commun. Avec votre bénédiction, je souhaiterais intégrer les rangs des miliciens.
La Jarl ne regrettait pas de s'être approchée du Minotaure pour entendre la raison de sa venue. Elle avait senti l'appréhension et la tension de ses hommes lorsqu'il était entré. Les humains de Kastalinn, quand bien même la ville abritait plusieurs races, étaient toujours surpris lorsqu'ils croisaient des races plus atypiques, elle avait elle-même mis bien longtemps à ce qu'on s'habitue à sa présence.
Elle avait le regard plongé dans celui du Minotaure, affichant un air sérieux, presque sévère. Elle ne mit pas longtemps avant de prendre la parole à son tour.
- Doebroksh. Merci pour votre honnêteté. Beaucoup me parlent ici en prenant des gants, d'autant plus depuis la bataille de la Toundra. J'apprécie que les choses soient dites, et vous l'avez fait sans détour. Je ne peux pas m'excuser concernant mon absence lors de l'incident de la Poule, j'avais été appelée ailleurs, afin d'établir une alliance entre nous et un autre peuple vivant dans les Sombres Montagnes, ayant eux aussi besoin d'un rempart de la faction. La région était sous protection de mes hommes, en qui j'ai toute confiance.
L'elfe s'approcha un peu plus du Minotaure, lui tendant la main.
- Ensemble, Milicien, nous protégerons chaque peuple du Nord.
Doebroksh lorgna cette main tendue à la peau blafarde. Si petite entre ses doigts lorsqu'il échangea une poignée avec la Jarl de Kastalinn.
- Ensembles, répéta-t-il d'un ton plus solennel qu'il le l'aurait lui-même souhaité. - Ensembles ! s'écria la fée en bondissant de son siège pour venir voler autour d'eux en battant furieusement des ailes.
La suivant du regard d'un air désapprobateur, le minotaure garda le silence avant de remarquer que ce n'était plus un groupe de nordiens qui les observait à présent : tout les miliciens présents dans la grande salle scrutait le Moj'Hauk et la Jarl.
- Qu'est-ce qu'on attends pour mettre un tonneau en perce ? s'écria soudainement une voix dans les derniers rangs. Nous accueillons un nouveau frère ! Amenez vos godets !
Prit de cours, le minotaure mit quelques instants à réaliser qu'il n'avait pas encore relâché la main de Selsya. Ce qu'il s'empressa de faire. L'après-midi promettait d'être bien long pour l'hybride taciturne.
emplettes 3:
Le minotaure pénétra dans ce magasin qu'il avait maintenant visité à de multiples reprises ces derniers mois. Il retint un sourire en voyant le marchand se pencher sur son tabouret dans l'arrière-boutique, puis manquer en tomber en reconnaissant l'hybride.
- Doebokch ! s'écria-t-il, heureux de retrouver un client fidèle. J'ignorais que vous étiez de passage à Kastalinn ! Comment va le monde extérieur ? - Bien, répondit l'intéressé sans relever son nom malencontreusement écorché par l'humain. Comment vont les affaires ? - On ne peut mieux ! Avec le redoux de l'été de plus en plus d'étrangers viennent à Kastalinn. Et tous ont besoin de renouveler ou réparer leur armement ! - Je vois, répondit-il simplement.
Tirant l'une des armes pendues à sa hanche, il leva sa hache au-dessus du comptoir.
- En parlant de réparer. Le fil de lame de mon Tomahawk est ébréché. Vous pourriez voir cela ?
Se penchant en avant pour étudier l'arme de près, le forgeron eut une mine pensive.
- Elle a déjà beaucoup servi, jugea-t-il. Je ne doute pas qu'elle soit réparable, mais m'est avis qu'une nouvelle arme vous éviterait des désagréments... - J'y suis attaché. - En ce cas gardez la, conseilla l'humain d'un ton critique. Cela vous évitera de la briser définitivement...
Grimaçant, le minotaure fit mine de reculer d'un pas, mais le marchand poursuivit :
- ... cela dit, j'ai peut-être quelque chose qui pourrait vous intéresser. Donnez moi juste un instant.
Perplexe, Doebroksh le vit disparaître dans la pièce attenante sans qu'il n'ai pu répondre. La minute suivante, il revenait en portant un objet enroulé dans une pièce de cuir. Sa curiosité piquée, l'hybride s'approcha comme l'homme lui révélait son trésor.
- Des aventuriers revenus du Vulkar l'ont trouvé dans une tombe, déclara-t-il en reculant pour laisser Doebroksh examiner la hache qu'il lui présentait. J'ignore dans quel alliage elle a été forgée ou ce que signifient les runes que vous voyez là, mais de toute évidence elle est d'une grande valeur. Et...
Il s'interrompit comme Doebroksh la soulevait à bout de bras. Cette arme était plus volumineuse que la sienne. Plus lourde aussi.
- Elle est un peu grosse pour être lancée, jugea-t-il en l'inclinant de côté pour l'examiner. - Peut-être pourrais-je rétrécir la crosse, estima le forgeron en se frottant le menton. Cela ne devrait pas altérer ses propriétés, même si j'ignore dans quel bois ce manche a été taillé...
Réfléchissant, Doebroksh fini par la lui rendre. Mais avant même qu'il ne prenne la parole, le marchant aguerrit capta l'éclat de convoitise qui pétillait dans le regard du minotaure.
- Faites cela et je vous la prends.
A mes amis pirates:
A mes amis pirates quand vous RElirez les deux RPs suivants validés et donc canons à ce lien et àce lien, petite musique d'ambiance pour le fun :
petite musique d'ambiance:
Un rêve sous-marin:
Tombé d'un navire et coulant au grès des courants, le minotaure sentait le froid et la pression s'accentuer contre son cuir. Rêvait-il ? Avait-il été balancé à l'eau par un nain ? Il n'était sûr de rien... Si ce n'est que, par réflexe, il avait mordu dans son "respirateur aquatique" avant de boire la tasse. Il ne parvenait plus à sentir quoi que se soit. Ses oreilles étaient douloureuses en raison de la pression. Les ténèbres des profondeurs l'avalaient inexorablement...
...jusqu'à ce qu'il sente une prise se refermer sur son bras. Instinctivement, il chercha à s'emparer de ses griffes de combat de sa main libre. En vain. Le froid omniprésent avait rendu son corps trop engourdit pour qu'il ne parvienne à lutter. Tout juste parvenait-il à garder les yeux ouverts malgré la brûlure du sel. Cependant, il remarqua vite que, si une mâchoire ou une pince c'était refermée sur son poing, elle ne cherchait nullement à le blesser. Et il sentait, à travers le courant, qu'il était entraîné dans une direction précise. Hagard, l'hybride bien loin de sa surface native se laissa porter.
Progressivement, la lumière revint. Avec elle, il put discerner son "agresseur". A peine plus imposante que lui mais vraisemblablement plus lourde avec une telle carapace, la bête reptilienne témoignait d'une force effarante en le tirant vers les hauts-fonds. De nouveau il pouvait apercevoir l'étendue de sable, bien plus rassurante que les abysses d'où il revenait. Cependant, une étendue de sables à plusieurs mètres sous la surface.
Après quelques mètres de plus, la tortue marine le relâcha. Sans surprise, le minotaure ne sachant pas nager coula comme une enclume. Jusqu'à poser les sabots à terre en soulevant un nuage de poussière qui se flotta sur plusieurs mètres autour de lui. Lentement, il se redressa et échangea un regard avec l'animal providentiel venu nager juste face à lui. Lentement, le rôdeur leva le bras, ses yeux gris et injectés de sang par la brûlure du sel plongé dans les iris orangés du reptile. A son propre étonnement, la tortue se laissa flotter à sa rencontre, posant son museau aux allures de bec contre sa paume.
Rêve ou réalité, il ne mourrait pas seul au fond des océans. Toutefois... où l'avait-elle amené, s'interrogea-t-il en remarquant seulement les récits alentours ne lui semblant pas si naturels que cela ?
Retour sur le plancher des vaches:
A l'instant où se terminèrent les réjouissances sous-marine, une onde de choc balaya l'onde et vrilla les tympans du minotaure. Secouant la tête en dérapant du dos de sa monture, tombant comme au ralentit, enveloppé d'eau, il remarque ne pas être le seul affecté. Quelque chose se produisait et il n'en comprenait pas le sens.
Lui qui n'avait disparu sous les vagues que peu de temps auparavant. S'était fait engloutir par les abysses. Secourir par un reptile salvateur. Entrainer dans une sorte de course aquatique dont le sens lui avait échappé. Il avait manqué se noyer à plusieurs reprises au fil des obstacles et, a peine avait-il eut le temps de se remettre de ses émotions, son infatigable monture l'avait de nouveau baladé à travers les bas-fonds pour une escapade folle.
Pour le placide hybride, c'était bien assez d'émotions pour une noyade. Il n'était pas nécessaire d'en rajouter avec quelques assaut sous-marin... Comme ayant deviné son état de fatigue, la tortue ayant été sa camarade d'aventure le rattrapa sur sa carapace avant qu'il ne touche le fond. Elle l'entraina à travers les courants, l'éloignant des profondeurs et du chaos ambiant. Le ramenant au rivage, sa place de créature terrestre. S'arrêtant, l'animal effectua un lent roulis, le laissant choir alors que l'eau n'était plus profonde que d'une demi-dizaine de mètres tout au plus. Les vagues se faisaient sentir aussi près de la surface, les entrainant en avant puis en arrière en soulevant des nuages de poussière.
Ses sabots creusèrent le sable en s'enfonçant légèrement. Aussi près de la terre ferme, il pourrait marcher et retrouver son monde par lui-même.
Évoluant avec grâce autour de lui, la tortue s'approcha de nouveau et vint poser son bec contre son bras. Sans comprendre, le minotaure finit par lever la main comme celle-ci s'entêtait. Main dans laquelle elle vint déposer un objet inconnu et qu'elle tira d'il n'aurait sût dire où. Clignant des yeux avec stupéfaction, il l'observa se reculer, reprenant son ballet au grès des vagues.
Doebroksh leva le poing pour examiner ce "cadeau". Et reconnu ce qu'il portait sur le mufle en ce moment même. Ou du moins une version largement plus sophistiquée, dotée de filtres de largement meilleure qualité, de lunettes pour isoler les yeux de l'eau, de multiples pistons complexes... le tout empreint de bave de tortue. Levant un regard plus confus que jamais en direction du reptile, il le suivit du regard. Celle-ci se maintenait dans une position stationnaire, l'observant.
Tendant l'autre main, le rôdeur vint affectueusement poser les doigts sur les écailles de cette merveilleuse créature. De toute évidence, il ne s'agissait nullement d'un rêve comme il l'avait d'abord songé. Il était bien tombé à l'eau. Elle l'avait sauvé avant de lui faire découvrir les fonds marins au travers de cette aventure insensée. Et à présent elle lui faisait don de cet objet d'une valeur qu'il était bien incapable d'estimer.
Il ne s'agissait pas d'une tortue normale. Aucun animal n'agissait de la sorte. Un esprit salvateur l'avait-il prit sous son aile au moment où les ténèbres insondables auraient dû l'avaler ? ... à moins qu'il ne s'agisse d'une sorte de divinité abyssale ?
"Merci. Du fond du cœur, créature des Océans" songea-t-il avec gratitude en lui caressant le bec.
Comme ayant perçu sa pensée, celle si se détourna après un instant. Elle se tourna vers le large, battant de ses puissantes nageoires. Elle s'éloigna, remontant le courant des vagues avec aisance.
Solidement ancré à sa position, Doebroksh l'observa s'éloigner lentement. Ce n'est qu'une fois qu'elle eut disparut dans les ombres qu'il s'autorisa à bouger. Il était de nouveau seul sous l'eau. Mais la terre ferme était toute proche. Se laissant guider par les remous, le don de la tortue au poing, il marcha. Jusqu'au rivage d'où il émergea un quart d'heure plus tard.
Il se trouvait sur une vaste plage, balayée d'un horizon à l'autre par les vagues. La fourrure dégoulinante d'iode, il s'autorisa enfin à retirer son respirateur aquatique, inspirant à plein poumons l'air empreint d'humidité venue de l'océan. Il était de retour sur le continent. Bien vivant et bien éveillé.
Helcaraxë:
Doebroksh referma la porte de l'atelier derrière lui, étudiant l'endroit avec attention et curiosité.
Ce lieu lui inspirait une multitude de pensées controversées, assez pour qu'il reste quelques seconde immobile à s'efforcer de les ordonner.
Il faisait terriblement chaud ici. Autant que lors de son séjour étouffant à Wystéria, voire peut-être même plus. Comment quelqu'un pouvait-il supporter vivre dans un pareil environnement ?
Quelqu'un en la personne de l'elfe des glaces. Celle-ci dirigeait la Milice. La faction dominant tout une partie du continent et donc dotée de moyens conséquents. La faction qu'il avait lui-même intégré et découvert être bien plus vaste qu'il ne l'avait d'abord crû. Pourquoi alors tenait-elle une échoppe de forgeron en parallèle de ses activités ? Assurément, ce n'était pas pour gagner sa vie. Était-ce alors une sorte de loisir pour elle comme la pêche pour lui ? Plus vraisemblablement. Toujours est-il, il voulait constater lui-même ses talents que plusieurs miliciens lui avaient vantés. Il ne s'attarda toutefois pas sur l'ironie qu'une elfe des glaces passe sa journée dans cette fournaise…
Sa boutique et son atelier étaient magnifique. Les armures, armes et éléments multiples étaient alignés sur les étals et mannequins. Même le brasier à l'autre bout de la pièce avait quelque chose de particulier. Des arabesques ou runes étaient siglées tout autour du fourneau. Simples décorations ou avaient-elles une utilité réelle ? Quelque soit la réponse, elle soulevait une autre interrogation : comment un endroit aussi particulier et enchanteur pouvait-il être le lieu où menaient tant de sévices de la terre nourricière ? C'était ici qu'était travaillé le minerai. Coulé le métal. Forgé l'acier. Or la matière première provenait de galeries souterraines, saignant le monde toujours plus profondément. Venir ici était soutenir ce blasphème qu'il arborait de tout son être. Néanmoins, il avait conscience que le métal était infiniment plus robuste que l'os, le bois ou la pierre. Ce mal était nécessaire pour permettre aux combattants et artisans de profiter des meilleures armes, armures et outils possibles… une fois de plus et comme beaucoup d'autres minotaures avant lui, il se retrouvait confronté à ce douloureux paradoxe… autant en terminer rapidement.
Comme il avançait, il réalisa que le plafond, étonnamment, était assez haut pour qu'il puisse se redresser de toute sa taille sans que ses cornes ou sa bosse ne l'effleure. Comment ce bâtiment si modeste de l'extérieur pouvait-il se révéler si spacieux ? Un enchantement le rendait-il plus grand une fois à l'intérieur ?
Peu importait les réponses en fait. Il était là et Selsya se redressait face à son fourneau, dévisageant le minotaure un peu perdu. Il était venu pour une raison précise après tout.
- Jarl, commença-t-il d'un ton à la fois grave et formel.
Il ferma les yeux et soupira. Après tout, ils n'étaient que deux et il s'apprêtait à réclamer à la dirigeante de Kastalinn de lui confectionner une armure et un casque de la meilleure qualité possible. A la sorcière du Nord. A une artisane ayant fait ses preuves. Avaient-ils vraiment besoin d'appliquer un protocole tacite alors qu'il avait désormais trinqué, saigné, picolé et combattu aux côtés de la plupart des hucarls, eux même ses supérieurs ? De son point de vue, ne pas accorder à la mage la même familiarité qu'avec les autres miliciens aurait été la considérer différente. A part. La rejeter.
- Selsya, reprit-il d'une voix moins rocailleuse et légèrement plus douce. J'aurais besoin de… vos talents. L'armure que j'ai généreusement reçue suite à l'incident des skarniens a souffert depuis ce jour. Et j'aurais aussi besoin d'un casque adapté à ma mophilo… morpholu… à mon corps.
Il secoua la tête, s'agaçant de ne pas trouver ce mot qu'il avait pourtant déjà entendu.
- La plupart des casques ne sont pas adaptés aux minotaures. Ils nous écrasent le museau. N'ont pas de fentes par lesquelles glisser nos cornes lorsqu'on les enfile. D'ailleurs, nos cornes ne sont jamais protégées. Et nos cous sont toujours exposés, trop gros pour être couverts par le casque ou l'armure… Aussi, pouvez-vous inclure dans vos travaux aussi peu de métal que possible ? Je n'apprécie pas trop en arborer de grandes quantités.
Fronçant les sourcils, il leva le pouce et désigna la porte d'entrée.
- J'ignore ce dont vous aurez vraiment besoin pour faire… ça… si vous acceptez cette requête. J'ai apporté ce qu'on m'a dit pertinent, dans la charrette devant. Et aussi ceci.
Doebroksh tendit le bras, laissant tomber sur le comptoir une bourse épaisse dont le tintement trahit la quantité d'or qu'elle contenait.
- Est-ce que cela suffirait pour couvrir vos services… ma Jarl ?
Fimbulvetr 1:
Doebroksh s'immobilisa au coin de la ruelle, plissant le regard. Son odorat ne l'avait pas trompé. Ces givrés de nordiques détenaient un énorme yéti entre deux bâtiments, bien que lourdement enchaîné. En plein cœur de leur cité. Un instant le rôdeur resta debout dans la rue principale, immobile et silencieux, laissant la neige s'accumuler sur ses épaule et son museau. Son regard désabusé n'échappa pas à sa camarade.
- Nous attardons pas plus que nécessaire, déclara la fée volant à proximité. Je veux pas que tu finisses comme lui.
Il ne répondit pas, retroussant légèrement le mufle. Une main posée à sa hanche, sur le manche de son énorme Tomahawk, indiquait clairement la couleur. Qu'ils essaient de lui passer un collier d'acier. Ils en auraient pour leur argent.
Presque à regret, le minotaure se détourna de la bête brisée qui n'avait pas daigné grogner ou lui jeter un regard mauvais, bien que deux fois plus imposante que lui.
Deux énormes bâtiments plus loin, il pénétrait dans une échoppe tout en longueur. Interloqués, Nyssa et lui parcoururent les murs du regard. Ils étaient recouverts d'armes, de fourrures et de trophées de chasse. Deux crânes de minotaures blanchis par les années trônaient près d'une gueule de félin assez imposante pour gober la fée d'une bouchée.
Huilant le fer d'une hallebarde, le tenancier du magasin les observa sans rien dire. Doebroksh, s'avançant vers lui, tâcha de se souvenir de la liste d'armes qui lui avait été réclamée, d'un acier soit-disant vendues uniquement ici. Il avait hâte de quitter le Poing de l'Hiver, sa présence étant de toute évidence à peine tolérée.
Fimbulvetr 2:
Pourquoi cet énorme hybride était revenu dans son échoppe, cela le tenancier aurait bien voulu le savoir. Certes, il tenait la boutique principale de marchandises générales et armurerie, mais depuis le temps, cette vache avait forcément comprit qu'elle n'était pas la bienvenue à Fimbulvetr ! Pourtant, toujours accompagnée de la fée à robe diaphane, il continuait à passer de temps à autre acheter des bricoles. D'un côté, l'autochtone aurait bien voulu lui tomber sur le museau avec quelques autres afin d'ajouter son crâne au montant de la bâtisse. Ou l’enchaîner à l'extérieur comme bête de foire comme le faisait le voisin avec son yéti. D'un autre côté... cet idiot semblait bénéficier de revenus inépuisables, bien qu'il lui vende ses produits plus chers qu'à n'importe quel autre nordiens. Se priver d'une telle source de revenu aurait été crétin. Ne pas s'assurer qu'il continue à venir lui acheter ses produits, à lui seul, l'aurait été tout autant. Ce pourquoi il lui proposa pour une fois un prix légèrement moins exorbitant en "gage d'amitié"...
en musique:
- Un instant, réclama le marchand en entendant carillonner la porte d'entrée de sa boutique, je suis à vous dans une mesure !
Avec précaution, il reposa son archer en crin et le violoncelle qui était en train d'essayer. Puis, sans perdre un instant, l'elfe accourut à l'entrée de l'échoppe... pour s'arrêter net, stupéfait.
- Je... je peux vous aider ?
Un peu égaré, l'hybride massif se tenant au beau milieu de la pièce se tourna vers lui. Armurerie ambulante, il était si grand que le sommet de sa bosse dorsale faisait la poussière du plafond. Et rien que par son aspect, il paraissait évident à l'elfe au regard orangé qu'il n'était pas mélomane. Cependant, les apparences pouvaient être trompeuses...
- Bonjour. Je... cherche quelque chose à offrir... bredouilla Doebroksh en restant bien à distance de tous les instruments exposés, terriblement frêles à côté de lui. Je n'y connais absolument rien en musique... je souhaitais m'adresser à un connaisseur. - Vous avez frappé à la bonne porte en ce cas ! se réjouit le vendeur pour qui toutes ses questions venaient de trouver une réponse.
Allant se poster derrière son comptoir, il posa les coudes sur le buffet. Puis, constatant qu'il devait lever la tête et se tordre le cou pour converser, il se redressa en abandonnant son habituelle posture de négoce.
- Quel niveau a cette personne ? commença-t-il. S'agit-il également d'un ou une minotaure ? J'ai des instruments pour toutes les tailles dans la réserve. Des cordes, des cuivres, des percussions... même un cazou adapté à un géant ! - Je...
Cherchant ses mots, l'hybride resta silencieux quelques instants. Le musicien l'avait littéralement perdu dans son jargon technique. Remarquant son inconfort, l'elfe se tût à son tour et attendit en s'efforçant d'être patient.
- J'avais dans l'idée... un cor, fini enfin par répondre Doebroksh. C'est pour un humain, costaud mais plus de votre taille que moi. - Du cuivre donc, pensa l'elfe en se frottant le menton. - Non. De la corne. Les cors de guerre sont en corne.
Perplexe, son interlocuteur cligna des yeux. Un cor de guerre ? En corne ? Chez un musicien ? Etait-il sûr de s'adresser à la bonne échoppe ?
- Heu... oui... effectivement... c'est... inattendu et inhabituel comme instrument... mais pourquoi pas, cela doit rentrer dans mes cordes... - Vous mettez des cordes sur un cor en corne ? s'étonna l'hybride de plus en plus confus. - Quoi ? Non, ce... non pas de cordes excusez moi. Un cor donc.
Sortant un calepin, il commença à noter ses idées au fil de l'eau.
- Vous... recherchez un timbre particulier ? Une résonance ? Un...
Devant la mine totalement perdue de l'hybride, il se reprit toutefois :
- Je... vais me charger de ces détails. Pour la finition, l'aspect, vous avez des préférences ? - Oui... je crois... je voudrais si possible qu'il soit sculpté. Des gravures. A l'effigie de plusieurs personnages typiques du Nord. Mimir et la fille du houx, ainsi que des Manegarms. Ah et un drake blanc. Et du cerclage d'or et d'argent se serait possible ?
Lorgnant sur les instruments en cuivre doré, cette idée lui venait soudainement. Étudiant ses notes pour le moins originales, l'elfe marmonna tout seul avant de répondre.
- Gmlrb... oui, cela devrait être faisable... je trouverais. Faites moi confiance.
A vrai dire, aussi complexe que lui paraissait cette commande... c'était le genre de défit qu'il aimait relever. Et clairement, cela serait l'occasion d'essayer quelque chose de nouveau.
- Autre chose ?
Réfléchissant à son tour, Doebroksh regarda les notes griffonnées. Puis les instruments tout autour. Puis l'elfe dont le regard pétillait d'excitation.
- Si je vous en demande un second dans la foulée, ça pose problème ?
Bovin cherche forgeron:
Poussant la porte, l'hybride dû se pencher pour entrer à l'intérieur de l'édifice. Puis il balaya l'endroit du regard, plissant les paupières sous la vague de chaleur qui l'atteignit. Droit devant lui se trouvait un fourneau rappelant celui vu à Helcaraxë, tout en étant d'une manufacture différente. Près de cela il remarqua une enclume, un bac à minerais et toute une multitude d'outils aux usages obscurs. En revanche, sur les râteliers et le seau à l'entrée, la présence d'armes et pièces métalliques d'usage plus quotidien rassurèrent le minotaure quant au lieu où il se trouvait.
Avec un bref regard à l'escalier menant à l'étage, Doebroksh s'avança dans la pièce principale. Jamais les marches ne supporteraient son poids, signifiant qu'il ne pourrait découvrir ce qu'il se trouvait au-dessus de lui. D'un autre côté, il n'était pas vraiment là pour faire du tourisme.
- Il y a quelqu'un ? appela-t-il d'une voix grave avant de justifier sa présence sans attendre, mettant les sabots dans le plat. J'ai besoin des talents d'un forgeron.
Le minotaure désirait ardemment voir sa récente découverte restaurée, obtenue lors d'une expédition. Le métal la constituant était différent de tout ce qu'il lui avait été donné de voir. De plus, il devinait chez elle des propriétés encore insoupçonnées. Cependant, le passage du temps ne l'avait pas épargné et, si son tranchant était toujours aussi acéré, la poignée, le pommeau et la pointe eux justifiaient sa présence. L'artisan avait-il déjà vu pareille arme ? Il n'aurait su le dire. Juste que le tenancier de la taverne avait chaudement recommandé ce "Deraborne".
Les minotaures, comme la plupart des hybrides, n'appréciaient que moyennement le travail de la forge ou la mine : extraire le minerai des entrailles de la terre mère ou le modeler était contraire à leur orientation spirituelle. Aussi sa tribu natale ne possédait personne ayant la capacité de restaurer son arme. Et lors de son dernier passage à Kastalinn, il n'avait pas eut le temps de quêter un forgeron ou demander à nouveau les services de sa Jarl.
A dire vrai, Doebroksh se sentait mal à l'aise en un tel lieu. Même s'il n'avait pas l'intention lui-même de travailler le métal. Mais, pragmatique, il savait pertinemment qu'une arme entretenue valait de l'or. Et que des outils en fer utilisés par les siens rendait le quotidien plus simple. Les hybrides avaient besoin des travailleurs du métal. Juste... des travailleurs qui exercent leur "art" et extraient leurs matières première de terres lointaines.
Levant l'épée, le rôdeur la posa sur le plan de travail le plus proche. Puis y ajouta son tomahawk, que son dernier combat avait laissé ébréché. Le restaurer ne lui ferait pas de mal non plus.
- Salutations ? interpela-t-il finalement en remarquant un mouvement.
[sort quatre Os Dorés de sa bourse ainsi que l'or que réclamera l'artisan pour sa tâche à savoir améliorer la Hache Lagmarù et la Pourfendeuse Dentelée]
GCBD II:
Installé dans un coin du logis, Doebroksh observait d'un œil dubitatif les festivités en cours. Boire pour fêter, se désaltérer, se rafraîchir, être heureux... cela il pouvait le comprendre. Mais boire pour boire ou boire pour être ivre ? Comment pouvait-on s'abaisser avec le sourire à ce genre de comportement, si puéril et irresponsable ? Sirotant sa choppe d'hydromel, il se gardait néanmoins bien de manifester son incompréhension et regardait en silence. Jusqu'à ce qu'un serveur empressé ne dépose une brochettes de godets à sa table et, avant qu'il n'ai pu signaler ne rien avoir commandé, s'en retourne aussi vite qu'il était venu.
Perplexe, le minotaure baissa les yeux sur les différents breuvages que l'on venait de lui servir. Puis haussa les épaules. Après tout, maintenant qu'ils étaient versés...
Boutique de Freyja Dharitri:
Doebroksh posa enfin les sabots dans la cité cachée au cœur de la jungle dont lui avaient tant parlé les pêcheurs du bord de mer et la tribu des Dharitris l'ayant déjà mis sur la piste des wyvernes. Wyvernes dont il avait finalement croisé le chemin, objectif initial de son long voyage à travers le continent et l'océan.
Il ne mit pas longtemps à trouver la boutique de gris-gris qu'il recherchait. Au détour d'une conversation inattendue avec les changeurs de peaux, reconnaissants de l'aide qu'il leur avait apporté, il avait apprit l'existence d'artefacts dont les wystériens préféraient habituellement ne pas parler. Et pour cause. Une simple pierre enchantée, capable de transporter instantanément son porteur à travers le monde, pour le ramener au cœur de l'île. Ici même à Guillaëd. Sans avoir à solliciter de mage pour invoquer quelque complexe, dangereux et onéreux portail.
- L'on m'a parrrrlé de toi et ton exzploit, lui indiqua la tenancière d'une voix étonnamment grave et roccailleuse. Ze n'est pas zouvent que des étrrranzers me zont recommandés, avec qui ze doit partazer nos zecrets.
L'observant calmement, la changeuse de peau à le fourrure tigrée mais au ventre immaculé se passa la langue sur les babines. Elle cligna plusieurs fois de ces longs sourcils en attendant que le minotaure ne prenne la parole.
- Venir en aide aux villageois était pas mon objectif, répondit le chasseur avec honnêteté. J'étais là pour traquer de grandes proies.
Détournant les yeux, il parcourut du regard les pendentifs et colifichets suspendus là.
- Néanmoins. Si je peux vous aider pour des raisons moins égoïstes, reprit-il. Je le ferais.
La changeuse de peau tigrée esquissa un lent sourire, révélant ses canines pointues.
- Ze n'en attends pas mweoin de toi. Mais ze ne zera pas grrratuit.
Sans un mot, le minotaure porta la paluche à une sacoche à sa hanche, pesante. Lorsque le contenu d'or, pierres précieuses et écailles de wyvernes fut révélé, la vendeuse hocha la tête d'approbation.
- Nous zallons nous zentendrrre, miaula-t-elle.
Dernière édition par Doebroksh le Ven 24 Fév 2023 - 6:17, édité 12 fois
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Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Lun 26 Aoû 2019 - 18:48
RP Métier IV
Le béhémoth 1:
- Tu avais déjà vu des traces pareilles ? interrogea le minotaure en examinant à son tour l'empreinte.
Son ami à peau verte secoua la tête. Profonde de plus de cinq centimètres dans la glaise, l'empreinte était de dimensions impressionnantes. Plus encore que les sabots de l'hybride, eux-même aussi volumineux que des pattes de rhinocéros. Témoignant de trois doigts comme ces derniers, la trace se distinguait toutefois par la forme plus pointue des ongles que ce qu'avait déjà pu voir le minotaure.
- Y faut qu'on retrouve cette... chose, déclara Cerby.
Bras croisés, le Gronarah contemplait la carcasse d'une expression mitigée.
- Un ver des sables. Et pas un petit... ça a dû batailler dur ici.
L'énorme lombric gisait dans une mare de sang. Sa mâchoire avait été déchirée, son corps percé à plusieurs endroits par une pointe de dimensions impressionnantes. Mais surtout, il avait de toute évidences été piétiné un long moment par une masse conséquente.
- De toute évidence, confirma le minotaure en se redressant à ses côtés. - Regardez ! s'écria la fée en battant des ailes près de la gueule de la créature.
Pointant du doigt, elle mettait en évidence le fluide écarlate qui en maculait les crocs, longs d'un peu moins d'une dizaine de centimètre. Rouge alors que le sang du ver était plus sombre, tirant sur le violet.
- Bien vu petite, la gratifia Cerby en se penchant pour examiner ceux-ci. Quoi que se soit, c'est blessé. - D'autant plus agressif donc.
Le sourire que commençait à esquisser l'orc se dissipa à cette réflexion du Moj'Hauk. Celle-ci était très juste. Un animal blessé n'en devenait que plus redoutable.
- On peut pas s'permettre que des nomades tombent dessus. Il faut retrouver cette chose.
Le minotaure hocha la tête, une main posée sur la poignée de ses griffes de combat et l'autre sur le manche de sa hache.
Le béhémoth 2:
- Qu'est-ce que c'est que ce machin, murmura l'orc accroupit dans les hautes herbes.
A quelques mètres de là, les coudes à terre pour ne pas trahir leur présence, le minotaure n'avait pas de réponse à lui apporter. Devant eux, à portée de jet de pierre, le mystérieux animal se frottait le mufle contre un tronc d'arbre. A chaque coup de tête, ses deux cornes arrachaient des lambeaux entiers d'écorce. Cornes bien plus imposantes que celles des rhinocéros habituels. En fait, tout son corps était plus imposant. Le mastodonte avait littéralement le garrot à deux mètres du sol !
- Qu'il est impressionnant ! s'écria la fée au-dessus du rôdeur.
Levant les yeux, celui-ci retint un juron : elle se tenait debout sur sa bosse dorsale, poings sur les hanches et dépassant allègrement au-dessus des hautes-herbes. Se tordant le cou, le minotaure s'empressa de l'attraper dans sa main. Elle piailla de surprise mais s'abstint de protester en le voyant poser un index sur son museau pour lui intimer de garder le silence.
- Ma parole petite ! Tu veux nous faire tuer ? murmura l'orc qui s'était empressé de s'allonger de tout son long.
Un mélange de peur et de colère luisait dans son regard. Mais au soulagement de la fée, il se détourna bien vite pour se reconcentrer sur la créature qu'ils avaient traqués, attentif. Elle avait cessé de se frotter contre le tronc. Elle ne faisait plus le moindre bruit à vrai dire. Avait-elle perçu leur présence ?
- Ce gros rhino' est vraiment si dangereux ? murmura-t-elle d'une toute petite voix sous l'oreille de Doebroksh qui hocha la tête d'approbation. - On ne sait pas ce que c'est, expliqua-t-il du bout des lèvres. Cette chose est plus grande et beaucoup plus forte qu'un rhinocéros.
Il jeta un regard insistant à la fée en ajoutant :
- Que nous.
Puis il écarta quelques tiges d'herbe, essayant de se dégager la vue. Attentif, il cherchait à capter la respiration du béhémoth.
- De plus il pourrait posséder des dons dont on ne sait rien. - Mais vous allez la boucler ! murmura Cerby avec un nouveau regard noir. Il va vous entendre !
Plissant le regard, Doebroksh n'en était pas si sûr. Finalement il ferma les yeux, s'en remettant à ses autres sens. Oreilles relevée, il écouta attentivement les sons produits par l'animal. Il fit abstraction des mouvements de Nyssa contre sa fourrure, du vent dans les herbes, de l'orc dont le cœur battant la chamade semblait faire plus de bruit que sa respiration, des craquements de l'écorce. Il écouta.
Un renâclement lui parvint. Un souffle long. Concentré. Fronçant les sourcils sans ouvrir les yeux, il renâcla et huma l'air. Il pouvait sentir la poussière sous sa mâchoire et les effluves dégagées par la bête, mélange singulier entre l'odeur des rhinocéros plus quelque chose d'autre. Quelque chose qu'il n'avait sentit que chez les reptiles. Nouveau souffle. Inspirant. Brusquement ce fut le déclic. Le minotaure ouvrit les yeux, interdit.
- Il nous sent, murmura-t-il en s'efforçant de rester calme. Il nous sent. - Quoi ? répéta Cerby sans comprendre.
Puis il écarquilla les yeux, portant le poignet à ses narines pour se renifler lui-même, rongé par le doute. Mais pour le minotaure, cela ne faisait aucun doute. Cette chose flairait leur présence aussi surement que lui la sienne. Rester cachés ne servirait à rien, si ce n'est passer pour des prédateurs.
Repoussant la fée de côté, il se redressa lentement sur ses genoux, dépassant des herbes hautes.
- Doe ! grinça l'orc. Qu'est-ce que tu fous ?
L'intéressé se contenta de lui montrer sa paume, couturée de cicatrices, pour lui intimer de garder le silence. Les yeux rivés sur la bête cornue, il constata avec effroi avoir vu juste. A une quinzaine de mètres tout au plus, elle était tournée vers eux, tête redressée.
S'efforçant de ne pas effectuer le moindre mouvement brusque, le minotaure se releva. Lentement. Bien en vue.
- Relève toi doucement, intima-t-il. Et recule avec moi. - Mais t'es malade ! On va se faire piétiner ! Même toi tu... - Il sait qu'on est là, contra Doebroksh en levant les bras à l'horizontale légèrement au-dessus des herbes. Montrons lui que nous ne sommes pas des ennemis. - T'es malade, répéta l'orc en secouant la tête.
Il s'exécuta toutefois, son crâne vert venant timidement dépasser. Mains en évidence, Doebroksh souhaitait montrer qu'il ne dissimulait pas dans ses mains d'armes ou de serres. Quand bien même sa lance et son arc dépassaient d'entre ses épaules.
Renâclant, l'animal semblait hésiter quant à la démarche à suivre, laissant le temps aux deux chasseurs débusqués de l'étudier plus en détail...
Le béhémoth 3:
La bête était énorme. Même du point de vue d'un minotaure. Sa gueule oscillant à un bon mètre au-dessus du sol, ses épaules elles culminaient à plus de trois... Sa peau grise tirait vers le noir sur le dos mais s'éclaircissait en un jaune-vert rappelant les hautes herbes, brulées par le soleil. D'ailleurs, à y regarder de plus près, la-dite peau ne ressemblait pas au cuir que l'hybride avait pu voir chez les rhinocéros mais plutôt à des écailles reptiliennes. Dans son dos, une longue queue balayait nerveusement la poussière. Cela aussi, ce n'était pas typique des pacifiques mastodontes à cornes.
- Qu'est-ce que tu es... murmura Doebroksh en effectuant un pas prudent en avant. - Doe ! grinça l'orque à son attention. Recule ! - Je sais ce que je fais, répliqua-t-il en serrant les dents. Je crois...
L'animal de plusieurs tonne tourna sa tête vers lui. Son regard écarlate scrutant ce massif intrus osant pénétrer son espace de confort. Il entrouvrit la gueule en inclinant la tête, le désignant de son impressionnante corne nasale. D'une patte avant, il gratta le sol, projetant de la poussière derrière lui.
- Allons. Pas à moi, murmura le minotaure d'une voix calme. Cet avertissement apeurerait un taurillon. Ou un orc. Mais tu ne me la feras pas à moi.
Effectuant de lents pas en avant sous le regard éberlué du chasseur Gronarah, Doebroksh s'extirpa des hautes herbes à quelques mètres seulement de la bête. Renâclant, celle-ci poussa un barrissement sourd en secouant la tête de façon menaçante. Pourtant le minotaure se contentait de rester debout, bien en vue et bras légèrement écartés.
- Un gros plein de soupe comme toi, reprit-il d'une voix plus forte mais au ton toujours aussi régulier. Tu ne vas pas me faire avaler que je t'impressionne. Je suis un avorton en comparaison... - Mais vas-tu... - Laisse-moi lui parler et tais toi, intima Doebroksh à son camarade sans changer de ton. N'écoute pas cet idiot toi. Il n'a pas élevé d'Auroch. Il ne peut pas comprendre. - Idiot ? Mais qu'est-ce qu'il a sous le crâne ? - Je sais pas...
N'osant intervenir, la fée avait volé aux côtés du peau-verte, observant la manœuvre du rôdeur avec tout autant de confusion.
- Aller mon gros, reprit encore le minotaure. Montre moi que tu n'est pas une bique.
Dodelinant de la tête, sa corne traversant l'air à hauteur de la tête de l'hybride, la béhémoth fit un pas de côté. Poussant un nouveau barrissement, plus aigu celui-ci.
- C'est ça mon gros, l'encouragea-t-il calmement. Approche. Viens me voir. Je ne dois pas sentir particulièrement bon. Mais je ne sent pas le ver des sables...
Un pas après l'autre, déplaçant son énorme carcasse, la créature s'approcha. Timidement. Sa corne vint dangereusement tanguer sous le museau de Doebroksh qui tourna la tête de côté pour ne pas qu'elle se prenne dans le siennes.
- Allons ne fait pas l'enfant, le sermonna-t-il. Vu ta taille, tu as passé l'âge.
Levant lentement la main, il tendit le bras en direction du museau, l'effleurant du bout des doigts. Ce n'est qu'enfin qu'il remarqua la plaie sous son œil gauche. Celle-ci suintait un liquide épais lui coulant jusque dans la gueule. En arrière, les deux témoins retenaient leur souffle, n'osant plus prononcer le moindre mot. Avec une infinie lenteur, Doebroksh tourna autour de sa tête. Lui flattant le museau de la main gauche, il sentait ses inspirations profonde alors qu'elle s’imprégnait de son odeur. Avant qu'il n'ai pu examiner sa blessure de plus près, il eut la surprise de sentir la langue humide et rapide sur le dos de sa main.
- Et tu voulais te faire passer pour un gros dur, le qualifia le minotaure s'efforçant de ne pas sourire. Tu vas encore avoir des progrès à faire. En attendant... cet asticot ne t'a pas raté. Remarque, vu l'état dans lequel tu l'as laissé...
Penché au-dessus de la plaie, il voyait clairement une pointe fichée dans sa chair, ayant déchiré les écailles fragiles sous sa paupière. Main bien en évidence sous son œil, il vint palper la chair boursouflée. Aussitôt le béhémoth échappa un grondement de douleur, secouant la tête.
- Sa fait mal, le calma-t-il en lui caressant de nouveau le museau. J'ai compris. Cependant mon gaillard ce n'est pas un crocs ça. J'ignore qui a été assez bête pour te blesser avec une lance, mais j'espère que tu le lui as amèrement faire regretter.
Pinçant la pointe entre deux doigts, il arracha celle-ci d'un coup sec. Aussitôt la créature fit un bas de côté avec un nouveau barrissement sourd. Mais l'hybride resta immobile, la pointe de métal levée à hauteur d’œil. Pivotant, le mastodonte vint renifler celle-ci quelques instants. Puis, finalement, inclina la tête de côté et darda sa langue, léchant de nouveaux les doigts du minotaure.
- Ça c'est un bon gros plein de soupe, le félicita-t-il en lui flattant l'encolure.
Le béhémoth 4:
- C'était quoi cette bête ? - Excellente question, lui répondit Cerby avec ironie. Merci de l'avoir posée.
Marchant à travers les hautes herbes, l'orc et le minotaure revenaient sur leur pas en direction de la caravane des Gronarahs.
- Assurément ce n'est pas un rhino', poursuivit le peau-verte. J'en ai assez vu depuis mon enfance pour pouvoir vous le certifier. J'me demande d'où peut bien sortir un béhémoth pareil... - Va savoir. Il y a tellement de choses qu'on ne connaît pas dans ce monde...
Pensif, le rôdeur gardait un regard vague tout en avançant. Cet animal ne ressemblait à rien de ce qu'il avait vu auparavant. Aussi proche du rhinocéros que du reptile. Avec le caractère faussement agressif d'un bovin.
- Il faut lui trouver un nom, déclara-t-il. - Un nom ? s'interrogea Nyssa, juchée sur sa bosse dorsale. - J'avoue que l'appeler "le monstre" ou "le mastodonte" quand nous en parlerons aux autres... approuva l'autre chasseur. Après, cela m'ennuie de ne pas l'avoir abattu. Je sais pas pourquoi il est venu de faire des papouilles, mais cette... chose n'est pas un simple chaton. Elle est dangereuse. Il suffit de voir dans quel état elle a laissé le ver des sables... Si des nomades tombent dessus se sera l'hécatombe...
Doebroksh garda le silence quelques instants. Puis déclara :
- Tééhooltsodii. - A tes souhaits. - Cela veut dire mastodonte en Ayani, expliqua-t-il en ignorant la pique de son camarade. Ma langue natale. - Ah d'accord. - Tésolhodi ? répéta Nyssa en s'efforçant de reproduire les sonorités du minotaure. - Hmm. Pourquoi pas Tsodii en ce cas ? - Tu lui donne déjà un p'tit nom ? s'amusa l'orc. Parce que tu l'as câliné vous êtes amis ? Tu le ramèneras dans le Nord ? Cela épargnerait bien des tracas à mes confrères cela dit...
N'ayant pas songé à cette idée, Doebroksh resta silencieux à nouveau. Ce qui n'échappa pas à son ami.
- Attends, t'es sérieux là ? Tu ambitionnes vraiment de dompter ce machin ? - Va savoir. Et c'est Tsodii.
Disparu !:
L’oisillon donnait du chant à loisir. A l’abri dans son nid, il clamait haut son plaisir vis à vis du jour naissant. Mais l'abruti indiqua sa position tant il provoqua du chahut. Il s'attira un trop gros pillard pour son nichoir. Surplombant un soudain craintif, un bovin approcha arc au poing. Tout brutal qu'il fut, il passa au bords du tronc, puis toisa la maison sous frondaison.
Un croa distinct sonna soudain dans son dos. Un animal approchait à son tour, aidant l'idiot bruyant. D'instinct, son papa accourait dans un grand cri, visant l'imposant intrus. Un aspirant aurait pu fuir au son. Mais pas un Moj'Hauk.
- A l'assaut, gronda-t-il d'un air obscur.
Fausse alerte:
Affalé à l'ombre d'un arbre, le minotaure surveillait l'étendue d'eau d'un œil distrait. Sa ligne, à quelques mètres, ne semblait pas vouloir plonger aujourd'hui mais qu'importe. Cela lui laissait le temps de profiter de l'après-midi ensoleillé et de somnoler à sa guise. Petit luxe qui se faisait de plus en plus rare ces derniers temps. Dans les branches basses de son parasol improvisé, la fée prenait également un peu de repos. Elle était allongée la joue collée à l'écorce, bras, jambes et ailes tombantes de part et d'autre. Et, petit fait amusant, elle poussait un petit soupir à chaque respiration. Qui eut crû qu'une fée puisse ronfler ?
Un détail à la surface de l'eau attira l'attention du rôdeur. Se redressant sur les coudes, il plissa le regard. Ce n'était pas son bouchon, flottant calmement. Non on aurait plutôt dit...
- Un rondin, murmura-t-il en se rallongeant.
Pourquoi avait-il aussitôt pensé à un crocodile ? Ils se trouvaient loin dans le Nord. Le climat n'aurait pas convenu à l'un de ces reptiles. Laissant ses pensées errer de plus belle, il reposa un œil vague sur sa ligne, laissant la journée passer.
epidemie 1:
Il caressa le mufle du pauvre animal. Le malheureux semblait exténué et respirait faiblement. Grimaçant, le rôdeur leva la main à hauteur de regard. Ce spécimen suintait par les naseaux.
- Que leur serait-il arrivé si vous n'aviez pas été là... murmura-t-il sombrement. - Que leur serait-il arrivé, reprit son voisin, si tu ne les avais pas trouvé dans cet état.
Levant une mine fatiguée mais satisfaite, le minotaure au crin uniformément noir se voulait rassurant. De ses mains posées sur le flancs du rhinocéros laineux émanait une lueur vert émeraude, teintée de lucioles dorées. Sa magie curative soignait le mal de l'imposante créature en ce moment même. Mal que lui-même ne pouvait que constater.
- Ne minimise pas ton rôle Doe', insista Eretor. - Ouais enfin c'est quand même nous deux, intervint le troisième larron. Nous deux qui avons à nous farcir la véritable tâche.
Le guérisseur garda le silence, se contentant de lui décocher un regard noir. S'essuyant le front, ce dernier était le seul minotaure du trio à arborer une fourrure brune, colorée.
A sa droite se relevait l'un des colosses recouvert de fourrure, exhalant une buée chaude qui se dispersa dans l'air frais du petit matin. Celui-ci s'approcha de son sauveur, le reniflant calmement. Il semblait calme, bien que désorienté. Fait logique en soit : moins de dix minutes auparavant il gisait dans l'herbe, ne tenant plus sur ses membres.
- Mine de rien, reprit Sydaer, c'est surprenant qu'ils aient tous été touchés. Un ou deux malades je peux comprendre. Mais tous frappés d'un coup, ça c'est de l'épidémie ! - Il a beaucoup plu la semaine passée, déclara le rôdeur. Il suffit d'une mare d'eau croupie. Ou un parasite infectieux. Cela pourrait être n'importe quoi...
Se redressant, Eretor n'approuva pas ses théories. Ni ne les contesta. Devant eux, les derniers rhinocéros nordique étaient étendus au sol, entourés de leurs congénères déjà soignés.
- Il va falloir trouver ce qui leur est arrivé, ou bien cela se reproduira.
Doebroksh opina alors que son compagnon soupirait d'avance du temps qu'il faudrait dédier à cette tâche.
épidemie 2:
- De l'eau stagnante, confirma Doebroksh en croisant les bras.
Nul doute possible, c'est d'ici qu'était parti la maladie : la dépouille froide d'un rhinocéros laineux gisait à quelques mètres. L'animal, commençant à sentir, commençait déjà à sentir. Face à eux se trouvait une mare d'une quinzaine de mètres de large, jouxtant la plaine comme un bois s'étendant vers l'Est.
Penchés au-dessus de l'eau, les deux autres minotaure sondaient celle-ci à la recherche de ce qui aurait pu la contaminer. Levant une pincée à hauteur de museau, Eretor renâcla.
- Elle empeste. Des vermines doivent avoir uriné dedans. Et pas qu'à une reprise. - Des ragondins peut-être ? proposa Sydaer en désignant la berge opposée, ravagée par quelque rongeur.
Ce qu'approuva le rôdeur d'un signe de la tête.
- Ragondins. Aucun doute. Mais juste en pissant dans l'eau ils les auraient rendus aussi malade ? - Ils doivent porter une maladie, jugea Eretor. Et l'ont transmit aux rhinos. - Mais... pourquoi on ne voit pas de corps de ragondin en ce cas ? Ils devraient aussi être... - Une même maladie peut très bien affecter une espèce, tout en épargnant une seconde. Cela veut pas pour autant dire que cette dernière est résistante au mal. Elle peut être contaminée et contagieuse. Juste qu'elle n'est pas affectée. - Se sont les elfes qui t'ont appris cela ? interrogea Doebroksh avec curiosité. - Oui. Une triste histoire qu'il m'ont raconté. Des satyres, plein de bonne volonté, n'étaient pas affecté par un mal. Ils aidaient à soigner les malades. Mais sans le savoir, en cotoyant ensuite des elfes sains, ils répandaient le mal. Le temps de réaliser ça il y a eu plusieurs morts. Enfin...
Le minotaure se tût, légèrement amer en repensant à l'origine de cette découverte. Toutefois, Sydaer ne laissa pas le silence s'installer :
- Les ragondins sont tes Satyres et les rhinos laineux tes elfes, posa-t-il.
Ce à quoi Eretor hocha lentement la tête d'approbation.
- Qu'est-ce qu'on fait alors ? Purifier cette mare et les autres du coin de sert à rien s'ils reviennent pisser demain. On soigne tout les rongeurs de la région ? rétorqua-t-il avec ironie.
Puis, face au silence de ses camarades, il poursuivit en coulant un regard au trappeur :
- Sinon nous pourrions les éliminer. Plus de rongeurs, plus de maladie.
Doebroksh considéra l'idée en grimaçant. Attraper un rongeur était une chose. Massacrer toute une population en était une autre. Seul il n'y parviendrait pas. Et l'entreprise prendrait du temps...
- Ces animaux supportent mal les hivers très froids, commença le rôdeur. J'ai déjà vu des spécimens à la queue gelée. Sa avait viré à la gangrène. Ils fuiront hiberner en groupes aux premier flocons, migreront ou mourront dans quelques mois. - Je ne suis pas certains que les rhinos aient quelques mois.
Croisant les bras, Doebroksh se redressa. Il réfléchissait. Mais quelque soit son approche, il savait qu'ils ne pourraient pas gérer seuls ces animaux proliférant dans la région. Des animaux ayant trop peu de prédateurs pour les réguler.
- Minute, songea-t-il à voix haute. Des prédateurs !
Se tournant vers ses amis, il poursuivit :
- Il nous faut un prédateur du ragondin. Un animal qui les tiendra à distance du territoire des rhinos jusqu'à l'hiver. Un puma ou un lynx par exemple. Mais... mais nous n'en avons pas de domestiqué au camp. Ni dans les villages nordiens que j'ai pu visiter...
Il s'interrompit en voyant la mine des deux autres minotaures s'éclairer.
- Qui a besoin d'un animal dressé, déclara Eretor avec amusement.
*
Doebroksh avait prit un peu de recul. Les deux autres minotaures, accroupis face à face, avaient les yeux clos. Mais, pour ce qu'il en savait, ils n'étaient "pas là" à proprement parler. Ce n'était que leurs corps, leurs esprits errant à travers les plaines. Aussi restait-il particulièrement attentif : dans cet état, ses amis doué de facultés incroyables, étaient particulièrement vulnérables. Toutefois ils ne le restèrent pas très longtemps. En moins d'une demi-heure, Sydaer rouvrit les yeux, triomphant :
- J'ai trouvé un élu !
Approximativement deux heures plus tard, les trois minotaures avaient entreprit de récupérer ce qui pouvait l'être sur la carcasse et de brûler le reste. De concert, les deux guérisseurs pivotèrent dans la même direction. Glissant des fougères sans un bruit, un félin énorme approcha. Prudemment, il leur tourna autour, évitant les flammes mourantes du bûcher improvisé. Faisant quelques pas en sa direction, Sydaer s'accroupit face à lui. Face à un prédateur d'un peu moins d'une centaine de kilos qui, après une longue hésitation, approcha lentement.
- Un enfant de Nashdóitsoh, déclara-t-il en tendant la main au robuste félin. L'esprit Puma. Il accepte de nous aider. Enfin, d'aider les rhinos. Il va intégrer leur territoire au sien et tenir les rongeurs à l'écart.
Le rôdeur hocha la tête d'approbation. Les dons de ses deux compères étaient véritablement des cadeaux de Magnésie.
Sous ses yeux, le féroce prédateur vint frotter sa tête contre les doigts du guérisseur avec un discret ronronnement.
Tsodii 1:
- Ton Tsoodi est effectivement un animal remarquable. Je n'en ai jamais vu de similaire. - Tout pareil, approuva Sydaer en contournant celui-ci.
D'un pas de côté, il passa à l'écart de la queue recouverte d'écailles.
- Et tu dis l'avoir trouvé dans la savane Nord du désert ? interrogea Eretor. La différence de climat ne lui pose pas de souci ? Ici les rhinocéros sont laineux et les bêtes à sang froid plutôt rare... - Vois par toi même, répondit Doebroksh.
Une main de côté, il s'assurait qu'Ahab - également présent - ne s'approche pas trop du mastodonte. Après tout, aussi pacifique qu'il ai été avec les adultes, mieux valait prendre des précautions avec les enfants.
- Il est en bonne santé pour ce que je peux en juger. Les premiers flocons ne l'ont pas dérangé du tout. Et malgré ses écailles et son allure reptilienne, il n'est pas un lézard. Il a le sang chaud comme les rhinocéros. - Vraiment curieux...
Se redressant, Eretor revint près du rôdeur. C'est avec difficulté qu'il s'arracha à la contemplation de l'imposant animal.
- Cela m'ennuie que l'on reparte bientôt. La saison des neiges approche. Les vers vont manquer de proies et se rapprocher du camp. Tu es là certes, mais tu voyage beaucoup toi aussi...
En effet, avec le retour du froid il était courant que les guivres se hasardent en dehors de leurs territoires habituels, poussées par la faim. Ces énormes lombrics n’hibernaient pas, ce qui pourtant aurait bien rendu service aux peuples nordiques.
- Guivres... le camp...
Le regard du minotaure alla du placide béhémoth à ses compagnons. Lentement, un sourire de dessina sur ses traits. Lorsqu'il avait trouvé la créature, celle-ci avait seule réduit en charpie un énorme spécimen des sables...
- Je pense que cette année nous n'aurons pas de problèmes.
Chasse sauvage 1:
Le minotaure s'avançait dans la brume, progressant aussi discrètement que possible. Pupilles dilatées et mufle palpitant, il sentait son sang littéralement bouillir dans ses veines et sa fourrure frémir d'excitation. Nu à l'exception de sa ceinture et du carquois passé en bandoulière, l'hybride avait néanmoins délaissé son arc. Ce dernier ne lui aurait pas permit de pleinement ressentir le frisson de la chasse. Le plaisir d’enfoncer de perforer le cuir de sa cible. D'ôter la vie de sa prise.
Tout autour de lui, Doebroksh percevait les piaillements des oiseaux apeurés et les cris des rapaces. Le brame des cerfs et le cri des loups. Le hululement des chouettes et le glapissement des rongeurs. Le bêlement des chèvres et le rugissement des ours... tout autour du traqueur, la chasse régnait. Prédateur et proie jouant un scénario aussi ancien que le monde lui-même, répété des milliers de fois par jour et voué à se poursuivre jusqu'à la fin des temps.
S'accroupissant, le chasseur étudia l'objet de sa propre traque. La bête était là. Il l'avait débusqué. Elle n'avait plus aucun recoin où se cacher.
Ses doigts se resserrèrent sur le manche de sa lance. Expirant un air chaud qui se dissipa en volute de buée dans l'air frais de la nuit, l'imposant minotaure arma son tir en silence. Et d'un coup de rein projeta son arme. Déjà il prenait son élan en meuglant à plein poumon lorsque son jet fit mouche avec un bruit mat. L'animal poussa un barrissement de stupeur mêlé de douleur, découvrant la menace imminente. Il fit quelques pas de côté, la souffrance et la panique l'incitant à fuir plutôt qu'affronter l'hybride. Lequel plongea en avant avec un beuglement d'hystérie.
Du sang venant se mêlée à la sueur imprégnant sa fourrure, Doebroksh plongea profondément sa hache dans le ventre de la bête. A ses oreilles rugissait la cacophonie sauvage, les cris assourdissants engendrés par ses semblables mettant à mort. Et il hurla lui aussi d'euphorie en frappant, encore et encore cette créature qui rapidement s'effondra sous ses coups.
Sans attendre, il laissa tomber son arme poisseuse d'humeur et plongea les deux mains dans l'abdomen éventré de la bête massive. Il écarta les côtes de l'animal, se frayant un chemin à travers ses organes encore palpitants, ignorant les mugissements d'agonie. Enfin ses doigts se refermèrent sur son objectif qu'il arracha avec excitation.
Beuglant de plus belle, Doebroksh se releva en brandissant le cœur du rhinocéros en direction du ciel étoilé et de la lune pleine cette nuit là, maculé de sang. Il hurla jusqu'à avoir le souffle court. Et, reprenant sa respiration, se fut l'éveil.
En un instant, la brume avait disparue. La clameur des bacchanales c'était tue. L'adrénaline qu'il éprouvait l'instant précédent c'était dissipée dans ses veines, le laissant éreinté, trempé de sang et de sueur. Cherchant à retrouver sa respiration, le minotaure tituba, la plaine vacillant autour de lui. Que faisait-il là au beau milieu de la nuit ? Où était-il ? Que venait-il de faire ?
Que tenait-il dans sa main ?
L'ampleur de ce qu'il venait de vivre le frappa avec la force d'une avalanche. Il chuta sur son arrière-train, contemplant la dépouille de l'animal qu'il venait abattre sauvagement, sans raison et en le faisant atrocement souffrir.
Par Magnésie... Que venait-il de lui arriver ?
Chasse sauvage 2:
- … c'est la seconde fois, soupira le minotaure accablé. Je crains de revivre le même cauchemar à la prochaine pleine lune.
Ce n'est qu'après un long silence qu'Orekary échappa un long soupir. Il comprenait le désarroi du rôdeur. Toutefois même lui, chasseur ayant arpenté la plaine plus d'années que Doebroksh avait vécu, n'avait la moindre réponse à lui apporter. Aussi, sans prendre la parole, il se tourna vers le guide de leur tribu. Finissant de broyer plusieurs plantes à l'aide d'un pilon, c'était la troisième fois qu'elle entendait ce récit. Et n'avait pas plus d'information quant au mal qui semblait s'emparer de Doebroksh à chaque pleine lune, le plongeant dans une transe meurtrière ne s'achevant que par la mise à mort d'un animal.
Humant sa décoction, elle hocha la tête d'approbation. Meela n'avait pas autant de d'affinité avec le monde spirituel que Sydaer ou Eretor, qu'elle aurait souhaité présent pour effectuer cette tâche. Mais Magnésie seule savait où tout deux se trouvaient et la situation sortait bien assez de l'ordinaire pour qu'elle dirige elle-même le rite.
Elle confia ses travaux au vieux chasseur avant de fermer les yeux, assise confortablement face aux deux minotaures. Le tipi de la matriarche était clos. Et lorsqu'Orekary déversa de l'eau sur les braises, l'atmosphère devint vite suffocante. Néanmoins, tout trois conservèrent leur calme. Après quelques instants, se sont quelques poignées d'herbes écrasées qui vinrent rejoindre les charbons ardents. Très rapidement, les yeux de Doebroksh le démangèrent. Une odeur entêtante vint emplir ses naseaux et un goût amer lui envahir le palais. Mais malgré ces désagréments, il resta stoïque, observant Meela avec intensité.
Voilà trente-deux jours qu'il avait tué un rhinocéros laineux dans son sommeil. La veille, c'est un grand cerf des tourbières qu'il avait égorgé en dormant, un animal rare qu'ils évitaient désormais d'abattre. Précisément un cycle lunaire plus tard. Il n'était pas question que ce malheur se reproduise dans trente jours.
Lentement, les épaules de Meela s'affaissèrent dans la semi-pénombre amplifiée par la vapeur d'eau, confinée dans la tente de peaux. Sa mâchoire se détendit et ses paupières s'entrouvrirent. Il faisait sombre, mais les deux autres minotaures purent clairement voir que ses yeux étaient révulsés. Elle se trouvait sur le seuil de l'autre monde, interrogeant leurs ancêtres et les esprits de la nature. Quêtant des réponses à l'énigme que constituait les transe du rôdeur. Sans un mot, Orekary rajouta quelques pincées d'herbe.
Quelques minutes passèrent, le silence troublé uniquement par les crépitements des braises. Tout trois étaient immobiles. Lentement, Doebroksh remarqua un filet de bave à la commissure de la matriarche, plissant le regard sans savoir si l'absence prolongée de Meela était ou non une bonne chose.
Brusquement, elle agita les épaules et se redressa, comme parcourue par un électrochoc, faisant sursauter les deux minotaures.
- Que… Meela… articula Doebroksh avec une voix cassée. - Par Magnésie…
Sans quitter sa posture assise, Meela c'était redressée. Bien que plus chétif en comparaison avec les deux mâles, elle semblait soudain les toiser dans la proximité de la tente. Son expression s'était fait dure, bien plus que celle attentionnée et habituelle de la matriarche. Négligemment, elle s'essuya les babines et les dévisagea d'un regard vert clair et étincelant, luisant à travers la vapeur. Un regard qui n'était clairement pas de ce monde. Un regard ancien. Mais aussi dénué d'agressivité.
- Lequel de vous deux est Jeeshoo ? déclara-t-elle après un moment.
Sa voix était lente et posée. Grave également, bien plus que celle de Meela. Presque rocailleuse. Mais indéniablement d'origine Ayani.
- C'est moi, répondit Doebroksh après une inspiration. Je suis Jeeshoo.
Leur interlocuteur, quel qu'il soit, le nommait d'après son animal-totem : le Griffon-Pygargue dans leur langage.
- Jeeshoo, répéta l'entité par le biais de Meela. Tu as été choisi. Tu as été reconnu comme Naalzheehi de grande valeur.
Doebroksh renâcla. Reconnu comme chasseur de valeur ? Mais par qui ? Et pourquoi ?
- Qui m'a choisit, respectable ain… - Mon nom est Tsoh naa'nil, l'interrompit l'esprit en coupant court à la marque de respect qu'il entamait. J'étais - je suis - tout comme toi un Ayani. Je suis un Sq'awee de la tribu des Sq'alchinis.
Grand-Marcheur, un Enfant des Etoiles. Les mâchoires des deux minotaures s'affaissèrent simultanément. La tribu des Sq'alchinis, les Héritiers des Etoiles, était l'une des toutes premières de leur peuple. Une de celles ayant côtoyé Magnésie elle-même avant qu'elle retrouve sa place au firmament. Plus de dix millénaires auparavant ! Il avait déjà rejoint les siens parmi les astres bien avant la naissance du premier Moj'Hauk !
- Tu as été choisi Jeeshoo, répéta-t-il d'un ton différent et presque bienveillant. Choisis par la Njiljeeh même. Par la chasse elle-même.
Se renfrognant, Doebroksh le laissa poursuivre. Choisis par… la chasse ? Qu'est-ce que cela signifiait ? En quoi "la chasse" le poussait à sortir à la pleine lune traquer des animaux et réduire leurs corps en charpie ?
- Khircunos t'a trouvé, énonça Tsoh naa'nil. Tu es l'un de ses rares élus. Il reconnaît tes talents de Naalzheehi. Tu es choisit par la… - Par la Njiljeeh oui, le devança Doebroksh qui appréciait de moins en moins ce qu'il entendait. En quoi la chasse me fait-elle commettre ces atrocités dénuées de sens ? Et qui est ce Khircunos ? Jamais je n'ai entendu ce nom auparavant !
Meela plissa son regard lumineux en réponse, mais demeura impassible. Si Tsoh naa'nil avait prit ombrage de s'être fait interrompre, il n'en montrait rien. L'air de rien, Orekary reversa une légère louchée sur la braise, élevant une nouvelle colonne de vapeur et comblant le silence tombé.
- Tu éprouves la Chasse Archéenne, expliqua l'esprit après quelques instants. La chasse dans son état le plus primitif, le plus pur. Elle prend ses racines dans une ère si ancienne que la plupart des dieux eux-mêmes n'existaient pas encore. Mais Khircunos, lui, foulait déjà ce monde. Il le foulait avant le premier âge. Bien avant que Magnésie ne façonne nos premiers ancêtres. Avant que les peaux-vertes ne naissent parmi les dunes, que les nains n'apprennent à creuser ou que les elfes ne s'éveillent sous la canopée.
Son regard alla d'un minotaure à l'autre. Tout deux buvaient ses paroles. Il reprit :
- La chasse est un concept aussi vieux que le monde, pratiqué par les premiers élémentaires entre eux. Avant même que la vie telle que nous la connaissons n'apparaisse, proie et prédateur s'adonnaient à la danse éternelle qu'est la traque. Et Khircunos en est l'incarnation. Éternel et immuable, au même titre que le temps ou la marée.
Tsoh naa'nil se tourna vers Doebroksh et le scruta quelques secondes, donnant au rôdeur l'impression qu'il pouvait voir à travers lui.
- C'est un immense privilège d'avoir été choisi, insista l'esprit. Khircunos… - N'est pas un dieu, une incarnation de la chasse ou je ne sais quoi, l'interrompit le Moj'Hauk en grondant de colère.
Cette fois, la surprise était perceptible sur les traits de Meela. Hébété, Orekary n'en crut pas ses oreilles comme il continua :
- Ce Khircunos et sa Chasse Macharéenne ne sont qu'une vulgaire entité destructrice. Une de plus ! Khircunos ne vaut pas mieux que les calamités ! Je refuse d'être l'élu d'une honte pareille !
Haletant, le rôdeur avait peine à croire ce qu'il osait dire à l'esprit ancestral. Pourtant, il poursuivit, croyant fermement chacun de ses mots :
- Ce qu'il me fait faire à chaque pleine lune, sa Chasse Marchanéenne ou je ne sais quoi, ce n'est pas de la chasse ! Si c'est ainsi que Khircunos veut être honoré, c'est un assassin destructeur et idiot ! Tuer pour le plaisir, sans réflexion, besoin ou modération conduit à l'épuisement des hardes ! Si l'on applique ses doctrines, lorsqu'on aura consommé les proies d'ici, nous partirons consommer celles d'une autre région. Puis nous recommencerons ! Jusqu'à ce qu'il n'y en ai plus ! Ce sont les essaims d'insectes qui agissent ainsi dans le sud. Avec les résultats que l'on connaît. Harena n'est qu'un désert en grande partie grâce à eux.
Marquant une pose pour retrouver son souffle, Doebroksh réalisa qu'il toisait la matriarche. Sans pouvoir dire à quel moment, il s'était levé, exposant son avis avec véhémence. Tsoh naa'nil, impassible, levait son regard lumineux vers lui. Attentif.
- Je… pardonnez moi, s'excusa maladroitement le Moj'Hauk en se rasseyant. Je me suis laissé emporter…
Un long moment, l'enfant des étoiles se contenta de l'observer en silence. Étudiant ce chasseur qui osait ouvertement remettre en cause un des piliers éternel même de la nature.
- Je comprends ton avis, déclara-t-il finalement. Je ne l'approuve pas, mais je le comprends.
Tsoh naa'nil détourna la tête, plongeant le regard lumineux de Meela dans les braises. Une forme de lassitude était perceptible sur son visage et dans sa voix lorsqu'il reprit :
- Un autre avant toi a rejeté le cadeau de Khircunos. Un seul autre a fait le choix de le repousser. De le défier.
Il replongea son regard froid dans celui de Doebroksh, soudain beaucoup plus dur. Chargé de plusieurs millénaires de sagesse.
- Parmi les rares élus, un elfe a osé se rebeller. Khircunos n'en a pas pris outrage. Tout l'inverse en réalité. Il y prit plaisir. Au lieu de guider son bras, Khircunos a lâché ses chiens sur lui. De Prédateur, il devint Proie. Njiljeeh se poursuivit quel que soit l'avis de l'élu. Des bêtes, toutes plus terribles les unes que les autres, le traquèrent à travers le monde, ne cessant de le poursuivre, jour comme nuit. Peu importe le nombre qu'il tua, elles continuèrent d'affluer. Au final, il tomba. Consommé par les chasseurs à ses trousses.
C'est d'une voix où la tristesse sincère de l'esprit était perceptible qu'il conclut :
- Rejette le, Jeeshoo, et ton avenir sera funeste. Ta fin atroce. Est-ce vraiment ce que tu souhaites ?
Déglutissant à ce discours, Doebroksh hésita l'espace d'un instant. Un seul. Avant de sombrement approuver d'un hochement de la tête.
- Je ne serais pas le pantin d'une pareille entité. Dis moi Tsoh naa'nil Sq'awee, saurais-tu par quel biais je peux lui transmettre que je rejette sa chasse marchanéenne ?
C'est avec un rire triste que l'esprit répondit :
- Khircunos n'est pas un seigneur mortel auquel l'on peut réclamer une audience. Mais si ta détermination à le défier est assez forte, il la percevra. Il te déchoira de la Chasse Archéenne. De Prédateur tu deviendras Proie… est-ce vraiment ce que tu souhaites ? - Nous verrons qui est le Naalzheehi, lui affirma Doebroksh face à cette question répétée avec des allures de supplique. Qui est le Chasseur.
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Doebroksh s'exprime en #ff9999 Nyssa s'exprime en #62fff1
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Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Ven 8 Nov 2019 - 10:42
RP Metier V
Mots etranges:
- Cela ne me dit pas pourquoi tu as été te fourrer dans un pétrin pareil, insista l'orque en secouant la tête. Sérieusement, quelle idée de rejoindre la Milice. C'est un coup à attirer des ennuis sur ta tribu à mon avis. Des ennuis genre une p'tite escarmouche de la Congrégation... - Je ne suis pas d'accord, opposa Doebroksh en continuant d'avancer. La Milice apporte autant de solution aux Moj'Hauks que de problèmes que tu sembles t'imaginer. Commerce, alliance militaire, protection des bovins, commença à énumérer l'hybride. - Bhaa...
Lui faisant signe de ne pas en dire plus, Cerberius n'insista pas. Le minotaure allait mettre sur la table autant d'arguments qu'il lui viendrait en tête. Quoi qu'il dise, il ne parviendrait pas à le convaincre.
- ...la Congreg' aux fesses que tu vas gagner, bougonna-t-il malgré tout.
Toutefois Doebroksh fit mine de ne pas l'avoir entendu, continuant d'avancer dans les hautes-herbes de la savane. Ils discutaient depuis le début de leur chasse, mais avec tout ça ils n'avaient pas aperçu l'ombre d'une proie. A ce rythme ils rentreraient bredouille...
- Et pourquoi t'as pas plutôt rejoins l'ordre de l'ancien ? osa toutefois l'orque en s'étirant, son arc effectuant un grand arc de cercle dans le vide. Tu sais, ce machin que Tungstène a monté pas si loin de...
Il s'interrompit toutefois comme Doebroksh s'était brusquement arrêté. Alerte, l'orque balaya aussitôt les alentours du regard, cherchant ce qu'avait remarqué l'hybride.
- Ne prononce pas ce nom, gronda le minotaure en faisant un pas raide pour reprendre leur marche. Il me donne de l'urticaire. Quand à songer que les Dragonnier ont leur camp principal à deux jours de marches des miens...
Le grondement du rôdeur en disait long. Aussi Cerberius jugea sage de ne pas insister.
- Et toi ? reprit Doebroksh après un moment. C'est par crainte de représailles d'un groupuscule que tu ne t'engages pas dans un organisme autre que ton clan ? - Les Gronarah sont auto-suffisants, répondit-il avec fierté. Tout au plus nous échangeons avec les autres clans orques, mais nous n'avons pas besoin des gardiens ou je ne sais quoi pour prospérer. Et puis au sein même de ma famille, nous avons pour tradition d'être des mercenaires. Je ne rejoins pas une faction. Je lui vends mes services. - Auto-suffisant, ricanna Doebroksh. C'est pour cela que vous échangez avec toutes les caravanes du coin qui font le trajet Kastalinn-Baldorheim-Ishtar-Stellarae ? - Va bouffer des fraises, grogna Cerberius d'un ton boudeur.
Tandis que Doebroksh riait de son éclat sourd si particulier, le chasseur Gronarah fit la grimace, cherchant un argument à lui répondre.
- Je loue mes services à ces caravanes, finit-il par avancer. C'est pas pareil. - Ben voyons. A au fait, j'ai réussit ! s'écria-t-il soudain avec entrain. - Réussit à quoi ? - Tsoodi ! Je suis parvenu à le monter ! - Sérieusement ? Et tu ne t'es pas fait mordre ? - Pourquoi me mordrait-il ? Cet animal est intelligent et, contrairement à ce que tu penses de lui, pas violent pour un sous. Preuve en est, mon chat roux dors régulièrement sur son dos... - Attends, tu as un chat toi ? Depuis quand ? - Un peu plus d'un an, lui indiqua-t-il. Mais je le laisse avec les Moj'Hauks. Il leur est plus utile qu'à moi. - Pour sur... Au fait, ta fée n'est pas là ? Je ne l'ai pas vu à ton arrivée. Tu l'as perdue ? - Nous je l'ai laissé à Kastalinn. Elle apprends à faire des pâtisseries avec un esprit du logis. - Sérieusement ? répondit l'orque en plissant les yeux, cherchant à deviner si le minotaure se payait sa tête. Enfin. J'aurais entendu des trucs plus bizarres venant de toi... sinon j'ai l'impression que l'on va rentrer bredouille. Tu as une idée du repas si cela arrive ? - Une petite purification ? - Une quoi ? toqua l'orque avec étonnement.
Doebroksh cligna des yeux, lui même confus. Pourquoi avait-il prononcé cela ?
*
Et hop, une petite liste de mot d'effectuée. Quitte à valider de la quête m'sieurs le marchand, vous pouvez me valider celle des aigles ? Elle ne l'a pas été quand j'ai effectué mon rp-shamanique (bon certe j'ai pas vraiment chassé dans ce rp, mais dieu ancien de la chasse toussa toussa...)
Naalzheehi:
D'un pas pesant le minotaure rattrapa le cochon sauvage. De belle taille, il avait seulement été éraflé par la flèche. Cependant, celles de l'hybride n'étaient pas conventionnelles mais bien plus imposantes : l'animal tremblait sur ses appuis lorsqu'il posait l'un de ses pattes gauche au sol. Aussi Doebroksh ne perdit pas de temps en fioriture, levant un imposant couteau de chasse. Il n'aimait pas faire souffrir plus que nécessaire et l'acheva rapidement, soucieux de ne pas prolonger son agonie. Il retourna le corps du sanglier encore chaud avec l'intention de le dépecer sans attendre… quand un bruit suspect dans son dos le fit se retourner.
Il évita le trait par pure chance, un projectile similaire au sien se plantant profondément dans un tronc derrière lui en soufflant la fourrure de son épaule. Stupéfait, le minotaure mit une bonne seconde à réaliser qu'on l'agressait avant de se relever. Il dégrafa sa lance de son carquois, sondant le sous-bois où un silence dérangeant venant de s'installer. Plus un chant d'oiseau ou frémissement de broussaille par quelques petit rongeur ne lui parvenait. Doebroksh inspira à plein poumon, attentif, cherchant à percevoir l'odeur de son ennemi. Mais aucun bouquet suspect ne lui parvint.
Un léger sifflement fut le seul avertissement de la flèche suivante, le manquant à nouveau comme il roulait pesamment de côté. Silencieux, il parcourut les fougères et buissons du regard, incapable de repérer le tueur embusqué. Celui-ci avait changé de position sans qu'il ne voit, entende ou sente son déplacement. Il était bon. Et il… beugla un cri sauvage en déboulant dans le dos du minotaure accroupis. Pris au dépourvu, le rôdeur pointa sa lance sur l'assaillant et lui entailla de côté de l'abdomen dans un filet de sang. Sans que cela ne le ralentisse.
Deux poings durs comme l'acier s'écrasèrent sur le museau et le flanc droit de l'hybride, lui faisant échapper la hampe de son arme. Sonné et le regard flou, Doebroksh s'empara de la hache à sa hanche par réflexe. Ou du moins en avait l'intention : deux poignes fermes se refermèrent sur le coude et le poignet de son bras droit, l'empêchant de saisir son arme. Abasourdis, le minotaure loucha presque pour identifier son agresseur malgré les étoiles brillantes dans son champ de vision après le premier crochet en plein mufle qu'il avait subi. Un centaure le toisait, son visage à moitié plongé dans l'ombre avec le contre-jour d'un trou dans la canopée. Un centaure dont les épaules étaient couronnées de piquants et dont le crâne était orné d'une crête osseuse partant vers sa nuque. Un centaure dont les deux poings gauches vinrent à nouveau attendrir le cuir du rôdeur comme il s'efforçait de se relever complètement.
Mâchoire crispée, Doebroksh réalisa sa méprise. Il n'affrontait pas un centaure. Son adversaire avait effectivement un tronc humanoïde juché sur un corps ressemblant à celui d'un cheval. Mais la similitude s'arrêtait là. Le monstre avait quatre bras, immobilisant le minotaure de deux et le martelant des deux autres. Des excroissances d'ivoire jaillissaient de ses épaules et ses coudes. Ses quatre pattes ne se terminaient pas par des sabots mais des griffes, labourant le sol en repoussant le minotaure. En travers de son torse-nu était passée la sangle d'un carquois. Les longs doigts de ses mains étaient glissés dans des renforts métalliques, expliquant la violence des coups qu'il subissait. Le visage de cette chose en revanche… Doebroksh n'avait jamais rien vu de tel. La bête était dotée d'yeux reptiliens et globuleux, encadrant deux fines narines, comme celles de serpents… et surplombant une paire de mandibules.
Le minotaure bénéficia brusquement d'un répit, ses côtes maltraitées enfin épargnées par le déluge qu'il subissait sans riposter. D'une voix étrangement râpeuse, dont les intonations rappelaient deux pierres que l'on frotte l'une contre l'autre, la créature se pencha vers lui et déclara :
Et sans prévenir, la chose referma ses longs doit sur la gorge du rôdeur tandis que la quatrième venait lui agripper le flanc en entaillant sa chair. Et lui maintenant toujours l'autre bras immobilité. Alors ce qui n'était jamais arrivé se produisit : le minotaure sentit le sol s'effacer sous ses sabots, soulevé par cette créature à la force effarante !
Cherchant de l'air, Doebroksh palpa son autre hanche en quête de sa griffe de combat. Mais il ne put l'atteindre bloqué par le bras mettant ses côtes à rude épreuve. De son membre libre il lutta en vain, s'efforçant de frapper les deux coudes de l'être. De dégager son autre bras. D'infliger un coup de sabot. De faire quelque chose. N'importe quoi plutôt qu'étouffer comme un taurillon. Mais il était tout bonnement surpassé par cette créature qui le tira à elle, plongeant ses yeux immenses dans ceux de l'hybride perdant connaissance. Hybride qui avisa les piquants sur ses épaules.
Son sang ne fit qu'un tour. Il s'empressa d'en agripper un de sa main libre. À bout de souffle, il parvint d'un effort herculéen à lentement le tordre. À faire plier le bras de son ennemi qui tourna la tête pour étudier la pression qu'exerçait l'hybride. La surprise qu'il puisse encore faire preuve d'une telle ténacité était perceptible dans ces yeux étranges. Et brusquement, l'excroissance céda. L'instant suivant, le minotaure enfonçait cette arme improvisée dans la gorge de son bourreau. Ses pupilles agrandies par l'étonnement s'étrécirent aussitôt pour ne plus être que deux traits sombres et verticaux. Il échappa le minotaure qui retrouva maladroitement le plancher des vaches.
Mais l'hybride ne lui laissa pas l'opportunité de prendre du recul. Le regard fou, il gratifia cette chose d'un uppercut rageur. Droit dans la blessure. Il enfonça totalement le piquant dont la pointe rejaillit au-dessus de l'épaule opposée avec une giclée de sang.
- Salut Khircunos pour moi, articula Doebroksh d'une voix éraillée avant de lui enfoncer les trois lames de sa griffe entre les mandibules.
chasse escortée:
D'un pas nerveux, le chasseur arpentait le sous-bois. Indisposé, il balaya les fougères du regard, ne discernant nul signe d'une proie et n'en flairant pas davantage. De pars et d'autre, il entendit les craquement de branches et feuilles mortes piétinées. S'efforçant de rester calme, le minotaure ferma les yeux et expira lentement.
Plusieurs semaines avaient passées depuis son retour d'une simple traque au sanglier. Une traque dont il était revenu couvert de sang et sérieusement blessé. Sa première rencontre avec un Chasseur Archéen avait également faillit être la dernière. Mais grâce aux soins de Nyssa, Meela et son ami Eretor, il était de nouveau sur sabots. Cependant, chasser était depuis... différent.
- Vous n'avez pas à tous m'accompagner vous savez, grinça-t-il après un moment. Je suis un grand... - Un grand taurillon blah blah blah... ouais on sait, l'interrompit le guerrier Moj'Hauk sur le qui-vive. Et pourtant t'es revenu à moitié mort de ta dernière chasse.
Décochant un regard noir à Sydaer, Doebroksh ne répondit pas.
- Si un autre de ces Naalzheehi mes couilles te tombe dessus, il n'est pas question qu'on rate la bagarre ! On laissera pas ces conneries de chasseurs de je ne sais quel monde s'en prendre à toi ! - Parfaitement ! surenchérit vigoureusement la fée, embusquée au-dessus d'eux sur une branche basse.
De plus en plus désespéré, le rôdeur chercha à capter le regard du dernier membre de son escorte. Mais celui-ci restait silencieux, parcourant le sous-bois du regard. Et le milicien savait pertinemment qu'Eretor, l'autre minotaure avec lequel il avait grandit, était du même avis qu'eux. Seulement voilà, leurs talents de traqueurs étaient très loin d'être suffisant pour approcher discrètement une proie. Leur présence ici rendaient leur activité bien plus proche d'une balade entre guerriers qu'une chasse au cochon. Jamais ils ne ramèneraient le moindre gibier au camp dans ces conditions...
Décompresser au bord de l'eau:
- Cela fait du bien de se prélasser de temps en temps, déclara le vieux minotaure en machouillant une tige de blé. - A qui le dis tu.
Allongés dans l'herbe, les deux hybrides profitaient de l'après-midi au bord de l'eau. Depuis plusieurs heures déjà, leurs bouchons erraient à la surface. Ils ne plongeaient plus depuis un bon moment déjà, mais l'un comme l'autre ne s'en préoccupaient pas. Ce n'était pas la pêche le réel intérêt de leur activité. Elle n'était qu'une excuse pour profiter du beau temps à l'ombre d'un arbre.
- Il était si terrible que cela, cet "envoyé de la chasse" ? l'interrogea Bulrug.
Mentor de Doebroksh depuis des années, l'ayant initié à la chasse et lui ayant offert Greywol, il était peu de choses que son ainé ignorait. En particulier concernant ses mésaventures et la chasse archéenne.
- Oui. Une créature comme jamais je n'en avais vu. Une... chose... avec quatre bras et quatre pattes comme un crocodile mais avec des griffes... plus longue.
Doebroksh grimaça en repensant à cette rencontre singulière. Et, comme il prenait son temps pour poursuivre, Bulrug ne le bouscula pas.
- Ça avait des piques d'os sur le dos et les épaules. Une tête d'insecte, avec des mandibules comme les grosses fourmis. Et ça... ça parlait... - Ca parlait ? répéta le vieux chasseur, étonné. - "Shagrath", déclara le rôdeur. C'est le nom que ça c'est attribué. - Shagrath... ce nom ne me dit rien. Peut-être n'est-ce même pas de notre monde. - Probablement...
Un instant passa en silence, comme tout deux se contentaient d'observer les bouchons flotter. Ce n'est qu'après plusieurs minutes que Doebroksh demanda :
- Tu pourras dire à Eretor et Sydaer de me laisser quand je vais chasser le sanglier ? Avec eux il n'y a... - Non.
L'interruption était catégorique. Elle n'admettait aucune contestation. Aussi n'insista-t-il pas.
Naalzheehi II:
Le chasseur restait immobile dans les ombres, tous les sens en éveil. A chaque expiration, son souffle produisait une légère brume dans l'air frais du couchant.Sur le côté, il perçut un mouvement peu discret, mais ne tourna pas le regard dans cette direction.
- Il prends son temps, glissa son frère Moj'Hauk d'une voix où sa nervosité était perceptible.
Doebroksh se contenta d'approuver d'un hochement de la tête. Même si son camarade trahissait certainement leur position à chaque pas, il était content de l'avoir à ses côtés. Eretor et lui se relayaient pour l'accompagner à chacune de ses escapades depuis des semaines, l'empêchant de ramener la moindre proie de valeur.
- L'avait quatre bras et une tête d'insecte le dernier c'est bien ça ?
Le chasseur ferma les yeux, s'efforçant de garder son calme. Sydaer connaissait parfaitement le récit de sa première rencontre avec un émissaire de la chasse archéenne. Mais l'attente précédent la confrontation mettait ses nerfs à l'épreuve et parler l'aidait à évacuer la pression.
Un peu avant l'heure où ils avaient prévus de dîner, le hurlement sauvage leur était parvenu. Un cri de défi beuglé au coeur de la forêt. Il n'était pas rare en soit de croiser d'autres chasseurs ou belligérants en pleine nature. Cela l'était beaucoup plus qu'ils hurlent le nom totémique du minotaure. Les deux hybrides n'avaient pas eut besoin de se concerter pour comprendre de quoi il s'agissait. Laissant leur traîneau et le béhémoth à la lisière des bois, ils s'étaient engagé en direction de leur ennemi, bien déterminés à l'affronter selon leurs propres termes : une embuscade dans un environnement dense où la créature ne pourrait utiliser d'arme de tir comme l'avait fait la précédente. Néanmoins, les ombres s'étirant et Sydaer trépignant de plus en plus, le milicien commençait à douter de la première partie de leur plan.
Lorsque toutefois le sous-bois se fit brusquement silencieux, cela n'échappa pas au druide qui enfin se tint immobile. Insectes, oiseaux, rongeurs... tous se terraient à présent dans leurs refuges respectif, s'efforçant de passer inaperçu. L'instinct même de Doebroksh lui hurlait de tourner les sabots et prendre ses jambes à son cou. Ce qu'il n'avait pas éprouvé lors de sa première confrontation.Quoi qu'il soit, leur ennemi était différent du premier. Sydaer aussi l'avait perçu, sondant la pénombre en pivotant sur lui-même. Sans un bruit. Comme quoi, il était capable de se mouvoir discrètement lorsqu'il en faisait l'effort.
- Jeeeeeeshooooooo....
Le murmure porté par la brise fit sursauter les deux hybrides, pointant bâton et arc derrière eux. Confus, ils gardèrent le silence. Patientant. Où que soit leur ennemi, leurs sens percevraient son approche, que se soit au flair ou à l'ouïe.
- Jeeeeeeshoooooooo... murmura la voix insidieuse dans une autre direction. - Jeeeeeeeshooooooo... - Giiiiiniiiii... - Jeeeeeeshoooooo... - C'est quoi ça ? interrogea Sydaer, piétinant l'humus à force de tourner sur lui-même pour suivre les voix. Et d'où il connait mon nom à moi ? - J'en sais...
La poigne du druide sur sa nuque le plaqua brusquement au sol, le coupant au milieu de sa phrase. Dans la seconde, les troncs d'arbres autour d'eux furent pulvérisés dans une pluie de sève, d'écorce et de feuilles déchiquetées.
- Que... - Bouge ! beugla Sydaer en roulant sur le flanc.
L'imitant du côté opposé, Doebroksh évita la pluie de projectiles qui laboura le sol là où ils s'étaient trouvés auparavant.Sans attendre davantage, Doebroksh se redressa, une flèche encochée et pointant vers les ténèbres. Mais rien n'était visible.
- Bordel ! jura Sydaer en se relevant.
La fourrure de son épaule était poisseuse, ayant été touché par les projectiles.
- Y faisait de la téléqu, téquisie, télési... merde ! Le précédent, il... - Il pouvait pas déplacer les objets sans les toucher, opposa Doebroksh. Et j'ai pu le flairer. S'enfoncer dans la forêt était une erreur ici...
Un uppercut en pleine poitrine coupa le souffle au minotaure de plus d'une tonne qui vola en arrière et fracassa plusieurs troncs mince.
- Bordel ! répéta Sydaer en se tournant dans la direction opposée à son ami d'enfance.
Il leva son bâton de son bras valide, le pointant vers leur adversaire supposé.
- Jeeeeeshooooooo... - Aller, je sais que vous avez peur, mais j'ai besoin, grinça-t-il en gardant sa pose. - Giiiiiiniiiiii...
Il resta immobile malgré la provocation évidente de leur ennemi, restant exposé à une grêle de pierres et d'écorce supplémentaire. Après quelques instants, un insecte vint se poser sur sa main. Puis un sur son museau. En quelques seconde, une multitude de minuscules coléoptères l'entourèrent, commençant à vrombir tel un essaim.
- Dadii, murmura-t-il en Ayani avec un sourire, noldiin ! *
A ce moment seulement, le sous-bois ravagé s'illumina d'une multitude de lumières volant dans toutes les directions. Des lucioles, répondant à l'appel de Sydaer, l'éclairent comme autant d'étoiles féeriques. Gardant le bâton levé, il désigna cet agresseur qu'ils ne parvenaient pas à repérer.A son propre étonnement, l'essaim ne se dirigea pas en avant mais sur sa gauche, éclairant troncs et fougères. Ainsi que la silhouette élancée aux allures simiesque, surprise d'être éclairée.
- Je te tiens, grogna-t-il en s'élançant dans cette direction, laissant son bâton derrière lui.
Il courut en direction de leur agresseur, déboulant sur lui à toute vitesse. Toutefois s'il semblait surprit d'être à présent illuminé par une myriade d'insectes, l'assaillant ne se laissa nullement impressionner par la charge de l'hybride colossal. D'un mouvement vif il leva un bras mince et pointa vers Sydaer la paume d'une main à trois doigts. Sans ralentir sa course, le druide devina qu'il s'apprêtait à user à nouveau de ses pouvoirs. Ce qu'il aurait fait si la pointe d'une flèche ne s'était pas brusquement fichée dans son épaule. La chose fut projetée en arrière par le tir du rôdeur, s'affaissant contre une souche, la moitié du projectile dépassant de son omoplate. C'est avec un cri de victoire que le Moj'Hauk bondit en avant, levant ses mains s'étant nimbées d'ombres acérées.
- Roh ! poussa brusquement le chasseur archéen en relevant la tête pour faire face au coup mortel.
Un frisson remonta brusquement l'échine de Doebroksh qui accourait à son tour, remisant son arc au carquois. Le regard écarquillé de stupeur, il contempla son ami - encore plus massif que lui ! - rester suspendu dans les airs. Figé dans en plein élan, bras levés, il lévitait à un demi-mètre du sol, tremblant sous l'effort de sa lutte contre le sortilège entravant.
Devant lui, gauchement, le télékinésiste se releva. La flèche incrusté dans sa chair le diminuait visiblement comme il restait vouté en avant. L'espace d'un instant, il posa ses yeux laiteux sur l'aura sombre entourant les poings du minotaure. Celle-ci formait des griffes énormes et reflétait la lumière des lucioles, comme s'il s'agissait d'un filet d'eau courante. Puis sans prévenir, l'humanoïde projeta Sydaer de côté d'un mouvement sec de la tête. Pesamment l'hybride s'effondra, en proie à une vive douleur.Avec un beuglement de rage, Doebroksh bondit à son tour en avant, brandissant sa hache pour trancher cet adversaire lui tournant le dos. Mais l'impact sourd d'une masse considérable vint le cueillir au vol, lui coupant le souffle et l'envoyant rouler à terre à son tour. Il ne savait pas de quoi il s'agissait et il n'en avait cure. La douleur lui vrilla les flancs comme il se roulait en boule comme un animal blessé, les bras enroulés autour de ses côtes brisées.
- Jeeeeeshooooo, murmura à nouveau la voix quelque par au-dessus de lui. Jeeeeesh...
La terre trembla brusquement avec un barissement assourdissant. Avec une plainte d'agonie, Doebroksh roula de côté, submergé par la douleur avant de perdre conscience.
*
- Doe !
Des étoiles dansaient dans le champ de vision du minotaure. Péniblement, il inspira une goulée d'air avant de réprimer une quinte de toux.
- Doucement mon vieux, déclara la voix de Sydaer, doucement.
Nauséeux, il tourna la tête vers son ami. Le minotaure brun était penché au-dessus de lui, le regard brillant d'inquiétude. Tout autour de lui, les astres continuaient leur ballet fou, tourbillonnant à tout va.
"Pas des étoiles", se rappela le rôdeur. "Des lucioles..."
Avec un gémissement, il essaya de se redresser. Aussitôt, la poigne solide du druide vint le soutenir.- Doucement, répéta-t-il. Tu t'es mangé un putain de chêne et...
- Le chasseur, l'interrompit Doebroksh dans un souffle. Il... - En bouillie.
Luttant pour garder les yeux ouverts, le rôdeur dévisagea l'autre hybride qui lui indiqua sa gauche du menton. Entouré d'insectes lumineux volants en paix, son béhémoth de monture était allongé dans un tapis de feuilles mortes maculées de boue.
"Non", réalisa-t-il en inspirant lentement une nouvelle bouffée d'air. "Pas de la boue".
Le parfum chaud et entêtant du fer planait dans l'air. Ainsi que celui des entrailles éventrées, généralement synonyme d'un gibier gaté.
- Ton Tsodii est sorti de nulle part, ironisa Sydaer comme un vertige s'emparait du blessé. Je sais pas pourquoi, l'a pas eut le temps de le repousser. C'était pas beau à voir et...
Il continua à parler un moment, narrant ce qu'il c'était passé. Toutefois Doebroksh n'écoutait plus, retombant dans l'inconscience plus sereinement. Ce n'est qu'après quelques minutes supplémentaire à raconter son récit, écouté seulement par une sorte de rhinocéros couvert de sang, qu'il réalisa parler tout seul.
- ...m'en faut un aussi de bestiau pareil, affirma-t-il finalement.
*que votre lumière brille
décompresser à la pêche:
Paisiblement installé dans l'herbe grasse, le minotaure prit le temps de passer un énorme asticot à son hameçon. Tranquillement. Et ce malgré ses énormes doigts, en comparaison de celle de son appât et du morceau de métal.
Un instant, il s'attarda sur les-dits doigts et sa main, affichant un regard neutre. Celle-ci portait toujours les stigmates de son combat mené dans le sous-sol de Stellaraë. Et les porterait jusqu'à sa mort.
Par réflexe, il serra le poing, le souvenir de la douleur encore bien présent malgré le temps écoulé. Il avait recouvré pratiquement sa poigne. Pratiquement. L'hybride en était certain, avant d'avoir le membre percé par les crocs de ce reptile, il possédait plus de force qu'aujourd'hui. Désormais, il n'avait que cette énorme cicatrice, rappel évident qu'il aurait dû en perdre l'usage. Voire perdre la main tout court.
S'efforçant de chasser ces souvenirs peu agréables, il arma son bras. D'un mouvement sec, il projeta le pauvre asticot à travers le ciel, qui alla plonger dans l'onde avec une légère éclaboussure. Puis son petit bouchon de liège, décoré d'une plume, s'immobilisa. A présent, il n'y avait plus qu'à attendre. En silence. Au calme.
Le minotaure appréciait ces moments de repos. Simples et agréables. Il pouvait en profiter pour faire le point sur ses pensées et récentes aventures. Sur l'évolution de son monde et sa place dans celui-ci. Ce qui tombait à pic puisque, récemment blessé au service de la Milice, il n'était pas au mieux de sa forme pour chasser le cochon sauvage. Cet après-midi au bords de l'eau ne pourrait que lui être profitable, en plus d'apporter de la variété à l'assiette des Kastalinnois à qui il destinait ses prises.
Il se surprit à penser à la dernier fois qu'il avait pêché avec Ahab, l'un des jeunes taurillons de sa tribu. Son loup capricieux l'accompagnait alors et, malgré sa présence, un groupe de sangliers c'était justement invité dans l'étang où ils étaient installés.
Doebroksh esquissa un léger sourire à cet amusant souvenir, retroussant une babine. Puis tira d'un coup sec du poignet sur sa canne, ayant remarqué les tressautements soudain de son bouchon à plume.
Le rhinocéros laineux blanc:
Penché en avant pour se fondre dans les ombres, l'imposant hybride s'attarda un instant depuis le haut de sa colline, restant proche d'un arbuste défiant les hauteurs. Plissant le regard, il s'efforça de distinguer sa proie dans la pénombre du soir naissant. La vue du minotaure, particulièrement au couchant, n'était pas particulièrement bonne. Néanmoins, il distinguait bien la forme massive, blanche, se détacher dans le fond vert sombre de l'herbe épaisse. Cependant, il se retint d'approcher. La fourrure dans son dos frémissait sous la brise de cette fin de journée. S'il approchait sa proie avec le vent dans le dos, celle-ci le flairerait très vite.
A pas lents et avec une discrétion étonnante pour sa carrure, le minotaure entreprit de contourner le rhinocéros laineux. Celui-ci, mâchant paisiblement l'herbe grasse des plaines, ne paraissait pas avoir remarqué la menace.
Les minutes s'écoulèrent comme Doebroksh décrivait un large arc-de-cercle, ne perdant sa cible du regard que pour s'assurer être le seul à la convoiter. Qu'aucun oiseau ne s'envolerait en panique s'il passait sous son perchoir, aussi. Ce n'est qu'une fois qu'il sentit le courant d'air sur son mufle, l'assurant être face au vent, qu'il commença à approcher.
A pas très lents, sa respiration à peine audible, le chasseur s'approcha, réduisant la distance le séparant du rhinocéros.
Ses yeux avaient commencé à s'accoutumer aux ombres, le ciel encore vaguement violacé. Aussi, à moins d'une dizaine de mètres de l'animal, il perçut son changement de comportement. La tête redressée, la bête se tourna dans sa direction, hésitante, cessant de mâcher.
En un éclair Doebroksh porta la paluche à la besace à son flanc. Avant que la bête imposante ne comprenne ce à quoi elle faisait face, le rôdeur lança une fiole qui alla se fracasser sur sa corne. Aussitôt, l'animal eut un mouvement de recul et poussa un barrissement de surprise. Secouant la tête, il gratta le sol un instant, arrachant des touffes d'herbe. Puis il fit quelques pas lourd vers Doebroksh. Avant d'effectuer un pas de travers et s'effondrer de tout son poids.
Calmement, le rôdeur s'approcha de l'animal étourdi par la mixture soporifique. Le narcotique était puissant, assez pour assommer un mammouth. Il était aussi volatile et se dissipait rapidement, aussi ne s'attarda-t-il pas.
- Tu es magnifique, qualifia-t-il l'animal en posant la main sur son flanc. Qu'un parvenu n'ayant jamais passé les portes de sa ville souhaite ta mort, pour ta fourrure et ta corne, me rends malade.
Souriant, Doebroksh vint s’accroupir près de la tête de l'animal. Sa respiration était profonde mais calme, la prunelle de ses yeux perdus dans le vide. Le minotaure lui flatta l'encolure quelques instants, comme pour calmer la bête endormie. Puis, portant à nouveau la main à sa besace, il en tira un large collier de perles. D'un geste assuré, il passa celui-ci autour de la corne majestueuse du rhinocéros.
Puis il se releva, tirant un couteau de sa ceinture, avant de s'entailler la paume de la main. Il serra le poing en retenant une grimace, sentant ses doigts et son poignet s'humidifier. Enfin, solennellement, il pausa la paume sur l'épaule du rhinocéros laineux, laissant une empreinte écarlate dans sa fourrure blanche.
- Gini, murmura-t-il d'une voix grave, appelant son frère Moj'Hauk.
Une brise parcourut soudain le coin de plaine, faisant onduler l'herbe autour d'eux. Suivant le phénomène du regard, Doebroksh hocha la tête avec satisfaction. Puis s'autorisa un pas de retrait, s'empressant de bander son poing. Prudemment, il recula pas à pas, s'éloignant de la créature avant qu'elle ne retrouve ses sens.
Le charme réalisé par le druide faisait effet. Nul doute possible avec cette manifestation soudaine ne devant rien aux éléments. A son réveil, cet animal serait attiré vers cet autre minotaure par quel qu’instinct. Il rejoindrait Sydaer, allant jusqu'au territoire des Moj'Hauks où il serait en sécurité, à l’abri des braconniers cherchant sa mort pour des raisons peu louables.
Leiglo Delnich avait bien fait de le contacter à Stellaraë pour se procurer une fourrure de rhinocéros laineux. Sans cela, les minotaures n'auraient pas entrepris de rassembler ces animaux pacifiques sur leurs terres.
Satisfait, Doebroksh disparut dans la nuit, à la recherche d'un nouveau spécimen à sauver de la cupidité et la stupidité des races de ce monde dites civilisées.
Tsoodi en vadrouille:
- Doebroksh ? Je crois que... tu es demandé.
Perplexe, le rôdeur ayant tout juste rendu son matériel de pêche emprunté suivit la minotaure de sa tribu jusqu'à la lisière du camp où plusieurs autres Moj'Hauks étaient rassemblés. Malgré les carrures imposantes des hybrides, le chasseur identifia en un clin d'œil qui l'avait fait venir, "caché" derrière eux.
- Tsoodi, qu'est-ce que tu viens faire là ? interrogea le minotaure à fourrure noir et blanc en se frayant un chemin jusqu'au mastodonte.
Celui-ci, reconnaissant son ami plus que maître, poussa un barrissement de contentement avant de frotter son museau contre le flanc du minotaure quelque peu gêné.
- Depuis longtemps est-il là ? interrogea-t-il, sachant que sa présence aussi près des habitations n'était pas vraiment appréciée.
Et pour cause, l'animal était si massif et puissant qu'il aurait piétiné huttes et tentes sans efforts, ainsi que quiconque aurait put s'y trouver...
- Quelques minutes tout au plus, répondit Orekary avec les bras croisés sur son torse-nu. Je te savais non loin avec ma canne à pêche. Une chance que tu ne sois pas retourné te perdre dans ton bosquet. - Une chance en effet, répéta le chasseur qui aurait presque pu percevoir le piaillement d'un certain rapace dans le lointain. Aller mon gros, reprit-il en s'adressant à l'animal, viens par là, ta place n'est pas entre nos tipis.
rhinos et aurochs:
Assis dans l'herbe, le minotaure appréciait la fin de journée du haut de la colline. Plus bas, le troupeau d'imposants mammifères paissait paisiblement. Fort d'une trentaine de spécimens, la majorité rapportée par le rôdeur sur les terres des Moj'Hauks, à l'abri de la convoitise des braconniers, utilisant des charmes confectionnés par les deux druides Eretor et Sydaer. Les-dit charmes qui ornaient encore les cornes de ces majestueux animaux, colliers de perles de bois, pierre et os, mêlés de plumes, tout simplement passés autour de leurs cornes.
- Ils ne risquent pas de se battre avec les aurochs ? interrogea un jeune taurillon en approchant, talonné par son loup dressé.
Se tournant vers l'arrivant, Doebroksh secoua négativement la tête.
- Rhinocéros laineux et aurochs sont des herbivores pacifiques, répondit-il. Excepté lors de la saison des amours, ils n'ont aucune raison d'être aggressifs. Sauf si provoqués. Et encore, leur libido n'est pas très dévelopée... - Je vois.
S'asseyant dans l'herbe à côté de lui, Ahab lui arrivait à l'épaule. Il avait considérablement grandi et pris du poids au cours de la dernière saison. De frêle taurillon, il avait pris de la carrure et mesurait à présent la taille d'un homme adulte. Et il n'était pas au terme de sa croissance, le promettant à devenir un robuste représentant de leur espèce.
- M'accompagneras-tu lors de mon prochain trajet à Kastalinn ?
Surpris de sa proposition, Ahab se tourna vers lui, ouvrant la bouche sans répondre. S'il avait déjà quitté leurs terres natales, jamais encore il n'avait été aussi loin ou visité de cité aussi grande.
- Je... les loups peuvent aller en ville ? - Généralement ils ne posent pas de problème. Et Kyle est beaucoup moins frénétique qu'il le fut par le passé.
Tendant le bras, Doebroksh caressa l'animal entre les oreilles, lequel tourna la tête vers lui pour en réclamer davantage. Il continua, un sourire triste sur le museau en se souvenant de son propre compagnon canidé disparut trois ans auparavant.
rhino égaré:
- Alors mon grand, déclara le minotaure. Perdu ?
Tendant la main, il laissa l'imposant animal renifler ses doigts. Placide, il agita doucement les oreilles et agita la queue, chassant quelques mouches. Sans mouvement brusque, Doebroksh passa la main sur le cuir épais du crâne de la créature. Celle-ci ne protesta pas. Au contraire, elle donna un léger a-coup de réclamation quand il s'arrêta.
- Tu as fait du chemin, poursuivit-il en tournant les sabots. Il y a une journée de trotte. D'ici à la réserve.
Main posée entre les cornes du rhino, il le guida tranquillement, l'animal massif le suivant instinctivement.
- Ça fait un moment que je n'ai pas trouvé des tiens, déclara-t-il l'air de rien en posant le regard sur le collier de perles passé à la première corne. Je dois aller de plus en plus loin. Vous êtes de plus en plus nombreux sur mes terres.
Il poussa un soupir, grattant le cuir au-dessus de l'oeil tout en avançant.
- Je n'ai pas le temps de cavaler à la poursuite d'aventuriers comme toi. Reste à la réserve. Avec les tiens. En sécurité.
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Soldat de la Milice (Faction)
Adaptation (Spécialisation)
Chasseur invétéré (Artefact)
Voyageur de la Caverne Mystérieuse (Quête)
Votre rôdeur préféré (Event 10 ans)
Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Mar 3 Mar 2020 - 5:11
RP Métier VI
La rascasse:
Le rôdeur se trouvait au bord d'un fjord au Nord des plaines, à la limite des terres sous la protection de Kastalinn. Venu se confronter à l'un des poissons qu'il avait récemment découvert lors d'un repas à la Tour de Guet, il s'était armé de sa canne à pêche et scrutait la surface avec intensité.
Sa voisine échappa un bâillement en s'étirant, sa queue recouverte de fourrure ondulant derrière elle.
- Je n'aurais pas pensé les parages aussi calmes, commenta-t-elle. Il m'a tellement été décrit les conflits avec les tribus nordiques que je m'imaginais presque des barbares derrière chaque rocher. Non pas que cela me déçoive. Un peu de calme est toujours le bienvenu.
Se rasseyant derrière sa propre ligne, la thérianthrope plissa le regard lorsque la lumière du soleil se refléta sur l'onde. Nouvellement revenue à Kastalinn après un long voyage initiatique - entamé durant son adolescence - elle s'était empressée de laisser Niflheim derrière elle pour retrouver le minotaure parti pêcher seul un peu plus au Sud. Ravi d'avoir de la compagnie, Doebroksh commençait à cerner leur nouvelle recrue. Celle-ci faisait preuve d'autant de curiosité et de verbiage que Neivin. Toutefois elle pouvait rester presque une heure en silence à simplement scruter l'horizon. Ou le bouchon de sa ligne. Pour le plus grand soulagement du rôdeur. Mägnar Kattdottir était par conséquent une personne dont il appréciait la simple compagnie.
Après un long moment de silence, troublé seulement par le froissement des herbes hautes sous la brise, elle se détourna de l'eau. Tournant la tête ici et là, elle cherchait quelque chose du regard, quelque chose qu'elle ne voyait nulle part.
- J'ai entendu dire au pavillon que tu étais accompagné d'une fée. Toutefois, je ne la vois nulle part. T'en es-tu séparé ? - Nyssa est resté en ville, se contenta-t-il de répondre. Elle fait des pâtisseries avec un lutin du ménage.
Clignant plusieurs fois des yeux, la femme-panthère se tourna vers lui et sonda son expression, cherchant à déterminer s'il était sérieux ou s'il se payait sa tête. Mais Doebroksh restait concentré sur la surface de l'eau, ne trahissant nulle plaisanterie. Ce n'est qu'après un moment qu'il remarqua être observé. Sans un mot, il se permit à son tour d'étudier la milicienne. Son pelage était plus clair que celui de tous les changeurs de peaux qu'il avait croisé auparavant, tirant sur le blanc et moucheté de noir comme celui d'une panthère des neiges. Les articulations de ses poignets et chevilles étaient bandées, maintenant de discrètes protections en cuir, différentes des vêtements fins dont elle était vêtue. Tout comme le minotaure, elle ne semblait pas souffrir du climat froid du Nord du pays. Et tout comme lui, elle était armée jusqu'aux dents. L'arc qu'elle avait porté en bandoulière durant le trajet était posé à côté d'elle. Mais pas les deux épées à lame fine dont les fourreaux étaient passés à l'épaisse corde lui tenant lieu de ceinture.
- Se sont d'étranges épées, commenta le minotaure. Je n'en ai jamais vu comme ça. Elles ne ressemblent pas aux lames imposantes des nordiques.
Esquissant un léger sourire, Mägnar porta la main à l'un des pommeaux noir à son flanc. Sans un bruit, l'arme glissa hors de son fourreau. Elle la leva à hauteur du regard, tenant sa poignée à l'envers de sorte que la lame soit à hauteur de son coude.
- C'est bien une lame Nordique, expliqua-t-elle. Mais pas forgée par les hommes.
Faisant rouler celle-ci entre ses doigts enveloppés de bandages, elle la présenta à l'hybride.
- C'est un katana, forgé par les Djollfulins dans les montagnes de Kannan. Le tranchant, le montant et le cœur sont fait de différents alliages dans le but de trancher, encaisser ou réparer au mieux. La fabrique de celle-ci par un artisan local lui à nécessité une demi-année de travail. - Une demi-année ! hoqueta le minotaure.
Pissant le regard, il étudia les motifs dessinés dans l'acier. Et il dû rapidement se rendre à l'évidence : ce katana était autant une arme qu'une œuvre d'orfèvre. Sa lance et sa griffe en comparaison n'étaient que de grossiers morceaux de métal. Et il...
- Magnésie ! s'écria-t-il lorsque sa canne manqua partir à l'eau en l'interrompant dans ses pensées.
Se levant et tenant fermement le bois entre ses doigts épais, le minotaure fit quelques pas en retrait. Sa prise quelle qu'elle soit avait du jus à revendre, mais ne faisait pas le poids contre l'imposant hybride. La canne en revanche...
Observant le duel en silence, Mägnar se leva à son tour et rengaina son katana. Aussi lorsque le poisson écarlate vint finalement rebondir dans l'herbe grasse, elle esquissa un large sourire.
- Félicitation camarade, tu as attrapé ta première rascasse polaire !
Mägnar & Rascasse:
*
Fichue promesse:
Tranquillement, le minotaure se présenta dans le hall de commerce principal des guildes Stellaroises. La plupart des marchands, grossistes et hommes d'affaire commençaient à connaître l'hybride et plus particulièrement son petit manège. Il y a plus d'un an, un richissime commercial avait promit devant une bonne cinquantaine de témoins qu'il rachèterait tout cuir de crocodile que lui apporterait le minotaure. À un prix supérieur à celui du marché. Depuis celui-ci ne se faisait pas prier pour venir collecter régulièrement son dû...
- Encore ? soupira l'un des sous-fifres de l'accueil. C'est déjà la troisième fois ce mois-ci... - Oui. Une promesse est une promesse. Et j'ai besoin de liquidités. - Certes... mais est-il vraiment nécessaire d'apporter une fois sur deux vos... articles... jusqu'à mon guichet ?
Clignant des yeux, l'hybride se tourna vers la carcasse qu'il portait d'une main. Son acheteur refusait de le voir en personne désormais, bien qu'il continue à acheter les cuirs de crocos. Si son employé ne l'encaissait pas ici, où voulait-il qu'il...
- Nous avons un marché-arrière, le devanca le réceptionniste, adossé à l'établissement. Vous pourriez peut-être les consulter à l'avenir ?
Une véritable lueur d'espoir s'était allumée dans son regard en réalisant que le minotaure n'était pas au courant.
- J'y réfléchirais, finit-il par répondre en posant la carcasse sanguinolente sur le comptoir. La prochaine fois.
Le minotaure avançait d'un pas lent sur la plage. Presque mécanique. Il s'était plus ou moins échoué sur cette plage après plusieurs jours passés sous l'eau, sans manger boire ni dormir. Après pareil traitement, même sa constitution particulièrement endurante de minotaure atteignait ses limites. Fort heureusement, il avait facilement pu se sustenter.
A une centaine de mètres des vagues une foret dense comme il n'en avait jamais vu ailleurs lui avait offert suffisamment de fruits exotiques pour se sustenter. Qu'il s'agisse de sortes d’œufs écarlate et granuleux et contenant un cœur tendre sucré ou des noix de bois poussant au sommet des palmiers. Ces dernières l'avaient par ailleurs laissé perplexes en plus de donner du fil à retordre au naufragé : comment accéder au liquide qu'il entendait s'agiter à l'intérieur ? Il n'était pas question d'émousser son tomahawk à couper du bois ! Au final le plus simple qu'il avait trouvé était d'un planter la pointe de sa lance en pesant sur celle-ci de tout son poids. A l'intérieur il pouvait y boire une sorte de lait végétal, particulièrement déshydratant.
S'il était trop affaiblit pour se hasarder à chasser la faune locale, il ne s'était malgré tout pas contenté d'un régime végétarien. Son carquois était presque vide de flèches et contenait le Renarc. Mais également sa canne à pêche télescopique. Assis dans le sable en grignotant les fruits locaux dont il ignorait les noms, il avait patiemment attendu que des poissons ne viennent mordre la chair de ces mêmes fruits. Et s'offrir à ses hameçons.
Ces quelques jours passés seul face à l'océan lui donnèrent amplement le temps de méditer la suite d'événement l'ayant conduit là. Et ruminer son éventuelle vengeance.
Sa quête de venir à Wystéria se frotter aux Wyvernes dont lui avait parlé Cerberius, l'orque chasseur du clan Gronarah. L’agression d'un stryge neutralisé par Nyssa sur la route pour Ishtar. L'embarquement à bord d'un navire gobelin. Les assauts de monstres marins. La trahison du gnome à barbe. Sa fuite suicidaire et son sauvetage par une tortue marine. Sa participation hasardeuse à ce qui avait semblé être des événements organisés par le peuple de Zayn. Son arrivée sur cette plage et l'ultime cadeau de sa tortue ange-gardien.
Pourtant, retrouverait-il la fée qu'il avait fait s'enfuir pour ne pas hériter des conséquences de ses choix ? Se trouvait-il seulement sur Wystéria ou bien sur un ilot désert où il pourrirait le reste de ses jours ? Il n'en avait aucune idée. Juste que cet environnement n'était pas le sien. Il ne connaissait pas ces arbres, ces poissons, ce qui était comestible et ce qui ne le connaissait pas, le clapotis incessant des vagues, la chaleur et la moiteur omniprésente et l'étouffant.
Cet endroit n'était pas adapté au physique des hybrides. Ou tout du moins des minotaures, en particulier lui, acclimaté au temps glacés du Nord de Duralas. Trainant sa cuirasse de côté, marchant en simple pagne, il souffrait de cette chaleur. Longeant le bord de l'eau en espérant finir par atteindre quelque port ou village côtier. Au lendemain de son débarquement, il avait remarqué un navire à l'horizon, ce dirigeant vers le soleil levant. Direction qu'il avait également emprunté sans changer de cap : ce lieu était tout bonnement immense.
Il marcha un jour de plus, s'arrêtant pour se sustenter ou dormir. Trop peu a son propre avis, sans cesse réveillé par ces fichues vagues. Il aurait pu se hasarder à l'intérieur des terres. Mais en ce lieu inconnu, il préférait garder ses distances bien que sachant qu'il retrouverait son chemin. De plus, cette végétation dense l'aurait largement ralenti.
Ce n'est qu'au soir où il aperçus au loin une colonne de fumée, trahissant un feu. Et de belle taille, se réjouit-il en approchant. Colonne qui en réalité naissait d'une multitude de feux modestes. Ceux d'un village pourvu d'un ponton disparaissant vers l'océan. Mais ce n'est pas sur ce détail qu'il s'attarda en arrivant de nuit, sans quoi il aurait remarqué le rafiot ayant à moitié sombré se trouvant à l'extrémité.
Laissant tomber sa cuirasse, il esquissa un grand sourire en voyant une petite silhouette voler vers lui à toute vitesse après avoir bondi d'un toit en feuilles de palmes. Nyssa vint à sa rencontre et le percuta presque dans cette semi-pénombre.
- Doe, murmura-t-elle avec un soulagement évident.
Elle était venue plaquer contre la fourrure rêche de son cou en écartant grand les bras et les jambes. Ne sachant trop quoi répondre, il se contenta de rester debout en silence, posant affectueusement une grosse paluche sur le dos de la fée sans lui écraser les ailes.
Son calvaire était terminé. Et dès qu'il aurait recouvré ses forces, un défi de taille l'attendrait. Les fameux lézards volant wystériens qu'il était venu chasser.
Les Dharitris:
Franchissant l'enceinte du village, le minotaure sentait sa quête toucher à sa fin. Après avoir traversé le désert d'Harena, s'être fait agresser par un tueur d'hybrides, avoir navigué sur une coque de noix avec toute une ménagerie et vidé ses tripes, botté le derrière de squales géants et de pirates, franchit la jungle entourant l'île… enfin il était arrivé à Wystéria. La terre où les reptiles géants semaient le chaos. Les wyvernes.
Le climat était tout bonnement horrible. L'humidité étouffante de la forêt tropicale cumulée à la température trop élevée de cette latitude épuisait le minotaure plus que de raison. Mufle ouvert, il cherchait comme il pouvait de l'air frais pour refroidir sa carcasse. Il tenait sa cuirasse à la main, ayant roulé sa tunique de cuir et de bois en boule dans celle-ci. Torse et cuisses apparents, il ne portait plus que son carquois en bandoulière auquel était fixé sa lance et sa ceinture robuste où pendaient son pagne et ses autres armes. Malgré cela, l'hybride était trempé sous sa fourrure. C'était d'ailleurs une chance que, comme les humains plutôt que les bovins, il puisse transpirer. Son escapade aurait vite tourné cours le cas échéant...
Calmement, il chercha du regard parmi les autochtones quelqu'un auprès de qui il pourrait se renseigner sans l'interrompre dans une tâche du quotidien. Très vite, le minotaure pratiquement nu eut la surprise de constater que la majorité des personnes présentes étaient tout comme lui très légèrement vêtues, hommes comme femme. Mais pas que. Quatre personnes sur cinq présentaient un faciès félin, trahissant leur nature de changeur de peau : tigre à la peau rayée, panthère tachetée ou lowen dont les mâles arboraient d'impressionnantes crinières. Finalement, Urua n'était pas un spécimen isolé, réalisait le rôdeur encore surpris par cette découverte.
- Vous semblez purrrdu mweon garrrçon, déclara une voix aigue et râpeuse à sa droite.
Clignant des yeux, Doebroksh se tourna de côté, puis baissa la tête pour découvrir une femelle à la fourrure jaune mouchetée de noir l'observant avec curiosité. Pivotant sur ses sabots pour lui faire face, il mit quelques secondes à comprendre ce qu'elle venait de lui dire. "Vous semblez perdu mon garçon". Avachie sur son épaule, la fée bien loin de chez elle se redressa pour la dévisager. La fourrure de ses joues tirait sur le jaune pâle et des touffes de fourrure manquaient aux articulations de ses coudes, poignets et genoux. De plus, campée sur sa canne, la thérianthrope était de toute évidence bien plus âgée que lui. Néanmoins, son regard posé sur lui était perçant, encadré de deux taches de couleur sombre coulant des yeux à la truffe.
- Je viens d'arriver sur l'île, déclara-t-il après un instant de flottement de sa voix bourrue. - Cela se voit, commenta-t-elle en jetant un œil à la cuirasse qu'il portait à bout de bras et au lourd sac de provision qu'il trimbalait avec lui. Et que venez vous fairrre ici, à la trrrribu des Dharitri ?
Sa voix était légèrement chantante. De plus, il nota qu'elle ne roulait pas les sonorités 'R' en prononçant le nom de sa tribu.
- Je suis venu… en quête de défi, répondit-il après un instant.
Après tout, nier la raison de sa venue aurait été stupide…
- Tiens donc. - J'ai entendu dire que des créatures posaient problème dans cette région. Des "Wyvernes". Je suis un chasseur. - Un chasseur, répéta-t-elle avec un phrasé parfait. Voyez-vous cela. Et aurrriez vous un nom ? - Mon nom est Doebroksh, se présenta-t-il en inclinant légèrement la tête. De la tribu Moj'Hauk, loin au Nord sur le continent. - Tu as purrrcourrru un long trajet jusqu'ici mweon garrrrçon. - Oui, je...
Un rugissement résonna soudain à travers toute la vallée. Instinctivement, le rôdeur porta la main à ses armes tandis que la fée venait se réfugier contre sa fourrure. Il leva la tête, cherchant la créature du regard. Son interlocutrice n'avait pas bronché, contrairement aux enfants derrière elle qui brusquement éclatèrent en pleurs et coururent à leurs parents. Plusieurs poules et cochons domestiques déguerpirent également à l'intérieur des cahutes du village, vite suivis par les jurons des propriétaires.
- Qu'est-ce que c'était ça, interrogea l'hybride sans quitter le ciel des yeux et s'attendant à voir surgir un dragon à tout moment. - Ca étrrranger, reprit la vieille féline de sa voix chantante, c'est ce purrr quoi vous êtes venu.
Hébété, Doebroksh se tourna vers elle. C'était une wyverne qui avait produit un vacarme pareil ? Et l'île en était infestée ? Ce n'était pas de chasseurs dont ils avaient besoin, mais d'une armée !
- Bienvenue à Wystéria, s'amusa la femme-panthère.
L'antre du lézard volant:
- Dans cette grotte, indiqua le jeune thérianthrope. Un couple a élu domicile il y a quelques semaines et commencé à épuiser les hardes locales. Puis notre gibier. - Je vois, répondit simplement Doebroksh en étudiant l'endroit.
Sa fourrure était d'un noir immaculé. A l'exception d'une tâche blanche autour de l'œil gauche. Choisit par les Dharitri pour le guider, il semblait moyennement convaincu par les capacités du minotaure et ses chances de les débarrasser de ces lézards volants.
- Comment z'allez faire ? Interrogea-t-il après un moment. - Je sais pas encore. J'ai besoin de les observer. Leur apparence. Leurs capacités. Leurs routine. Je veux savoir ce que je chasse.
Dubitatif, le félin renifla à son adresse.
- Les autres chasseurs n'étaient pas aussi timorés, commenta-t-il dédaigneusement. - Prudent, rectifia Doebroksh en lui coulant un regard calme. Et la panthère du village m'a parlé d'eux.
Fronçant les sourcils, le jeune inclina la tête de côté. Il croisa les bras pour faire bonne mesure.
- Plusieurs individus se sont succédé, résuma le minotaure à ce jeune sachant exactement de quoi il parlait. Ils viennent parfois, tuent quelques wyvernes puis s'en vont, sans réellement résoudre votre problème. Davantage encore viennent les traquer par appât du gain ou par défi. Comme moi. Généralement ils ne reviennent pas au village. Ils intègrent le menu des portées.
Le jeune eu un rictus à cette mention.
- Je n'ai pas l'intention de me faire dévorer, commenta-t-il. Et…
Il s'interrompit comme un brassement d'air faisait brusquement vibrer les fougères alentour. Le minotaure pivota sur ses sabots, cherchant l'origine de ce chahut en levant le museau. Il écarquilla les yeux de surprise en avisant l'imposante forme descendant du ciel, repoussant les branches les plus hautes à chaque battement d'aile.
Le sang du rôdeur ne fit qu'un tour. Dans l'instant il s'accroupit aussi bas que possible, sa carrure massive passant tout juste sous grandes fougères.
- Baisse toi ! Grinça-t-il en tirant son guide par le bras.
Tétanisé par l'arrivée de l'immense reptile, il était resté droit debout, bouche ouverte, à observer le prédateur approcher. L'intervention du minotaure le fit rouler à terre. Avant qu'il n'eut put protester Doebroksh lui posa son énorme paluche sur le museau, l'obligeant à rester silencieux.
Reniflant, il scruta le nouvel arrivé qui finalement se laissa tomber dans un espace ouvert face à l'entrée de la grotte, les arbres auparavant là couchés par ses précédents atterrissages. Magnésie soit louée, la wyverne à portée de jet de pierre ne les avait pas remarqué et se contenta d'avancer jusqu'à l'entrée de son repaire d'une démarche pataude. Ses membres antérieurs fusionnés avec ses ailes, elle paraissait bien plus à son aise dans les airs qu'une fois au sol. Sans pourtant perdre de son apparence massive, trahissant une puissance prodigieuse. Le moindre coup d'aile ou de mâchoire d'un béhémoth pareil serait suffisant pour venir à bout du chasseur en un instant. Il n'aurait pas le droit à l'erreur. De plus, dans son dos ondulait une longue queue terminée par une masse de pointes. Une autre arme à ne pas négliger donc. Encore heureux, les Dharitri lui avaient expliqué que cette bête ne crachait pas du feu comme les dragons !
- J'en ai assez vu, déclara finalement le minotaure en relâchant le jeune secoué par cette rencontre. Rentrons. Je suis certain que Nyssa n'apprécie pas que je l'ai laissé seule avec les tiens le temps de venir ici.
La Wyverne:
S'épongeant le front d'un revers du poignet, le minotaure recula de quelques pas et contempla son œuvre. Compte tenu de la vitesse à laquelle il avait réalisé ce piège, seul, cela ne rendait pas si mal. Le concept était simple : une allée était dégagée à l'entrée de cette clairière, bordée d'arbres dont il avait sapé la base des troncs. L'idée serait d'attirer la bête dans ce goulot une fois qu'elle se serait posée puis de faire tomber les troncs sur celle-ci. Sa hache ou des traits du Renarc seraient amplement suffisants pour faire s'effondrer les arbres.
Doebroksh était parfaitement conscient que cela ne suffirait pas à venir à bout du reptile géant. Toutefois, l'objectif du traquenard n'était pas de terrasser la wyverne à lui seul. Juste de lui faire tomber un poids conséquent sur les épaules... et lui briser les ailes. Clouée au sol, la menace représentée par cette bête serait bien moins compliquée à gérer à défaut d'être facile.
- Avec ça nous n'en ferons qu'une bouchée ! commenta la fée en voletant près de l'hybride en pagne. - J'y compte bien.
Se détournant, il alla ramasser son outre qu'il termina à grandes gorgées. La chaleur étouffante mettait sa condition à rude épreuve et le travail de bûcheron qu'il venait d'effectuer n'arrangeait rien. Clouée au sol, la menace représentée par cette bête serait bien moins compliquée à gérer à défaut d'être facile.
Un rugissement bestial interrompit ses pensées. Levant la tête, il vit une ombre passer au-dessus de la canopée, survolant son piège et se dirigeant vers l'Ouest. Droit vers le village des thérianthropes.
- Non... murmura-t-il avec effroi.
Abandonnant son piège, le minotaure attrapa son carquois bandoulière d'une main et se précipita dans la même direction. Accrochée à sa fourrure, la fée s'efforça de ne pas partir dans le décor comme le minotaure s'élançait à travers la végétation dense.
Doebroksh ne prit pas la peine d'emprunter les chemins tortueux des autochtones. L'idée serait d'attirer la bête dans ce goulot une fois qu'elle se serait posée puis de faire tomber les troncs sur celle-ci. Quel idiot avait-il été de s'imaginer pouvoir constituer un appât intéressant pour la bête alors même que tout un village de proies idéales se trouvait tout proche.
Le minotaure déboula dans le village des Dharitris, haletant. Mais il ne pouvait pas s'accorder le loisir de retrouver son souffle. L'endroit était dévasté. Plusieurs huttes avaient été soufflées, littéralement, et les thérianthropes comme leur bétail courraient dans toutes les directions. Au centre du chaos, quelques guerriers tenaient le reptile en respect à l'aide de lances, l'empêchant de commettre un massacre. Pour le moment. En effet, d'un seul revers de son membre ailé, la bête arracha deux lances des mains de leur propriétaire et envoya voler un troisième.
Elle beugla à la face des deux lanciers armés restant, ses crocs impressionnants toisant les pointes des armes. Brusquement, son rugissement tourna en un cri aigu comme un choc sourd au niveau de son cou venait l'ébranler. Sifflant de colère, le reptile se tourna vers l'auteur de ce choc. Le minotaure abaissa son arc, son regard intense rivé sur le monstrueux animal. D'un geste lent, il porta la main à la lance fixée à son carquois comme la wyverne se détournait des guerriers locaux pour lui faire face.
Comme il l'avait constaté plus tôt, la bête n'était pas aussi à l'aise sur terre qu'on aurait pu le penser. C'est d'une démarche gauche qu'elle prenait appui sur l'articulation de ses coudes en pliant les ailes. Doebroksh fit un premier pas de côté, fixant intensément le monstre qui le suivit du regard en sifflant de courroux. Elle pivota sur ses appuis afin de le garder dans son champ de vision, renversant une cahute de plus d'un coup de queue.
Sans prévenir l'un des Dharitris planta sa lance dans le cou exposé. Avec un grondement de rage, la wyverne arqua l'échine en se retournant vers lui et arracha l'arme de ses mains. Prudemment, il effectua une roulade pour se mettre hors de portée de sa gueule. C'était plus qu'il n'en fallait au minotaure qui s'empara de cette diversion. Faisant plusieurs pas vers le flanc exposé, il projeta sa lance en avant d'un violent coup de reins qui manqua projeter la fée dans les airs. Avec une éclaboussure écarlate, la pointe de cristal perfora le cuir de l'aile et vint se planter dans le tronc du monstre, juste sous l'épaule.
Poussant un nouveau rugissement de douleur, la wyverne fit un bond en arrière - ce qui prit au dépourvu le rôdeur qui ne l'aurait pas imaginé aussi leste une fois au sol. Agitant son aile gauche blessée, le reptile poussa un nouveau hurlement comme la pointe fichée sous son articulation remuait dans la blessure, la hampe traversant son aile. Elle eut instinctivement un mouvement de recul, pliant le cou pour tenter de se saisir de ce pieu lui fouillant la chair. L'empêchant d'utiliser son membre. La clouant au sol.
Beuglant à plein poumons, le minotaure chargea en brandissant son tomahawk, droit vers le reptile à terre. C'était plus qu'il n'en fallait pas au minotaure qui s'empara de cette diversion. Lorsqu'il fut assez proche, elle tendit le cou et ouvrit une gueule béante, assez large pour happer le minotaure d'une bouchée à défaut de pouvoir l'avaler entier. Nyssa poussa un cri dans son dos et ferma les yeux, fermement accrochée à sa fourrure… et manqua être écrasée sous son poids lorsqu'au dernier instant il roula de côté. Effectuant une roulade maladroite et ignorant l'élan de douleur de son épaule ayant encaissée toute la charge de ses deux tonnes, il attrapa le manche de son arme à deux mains et assena un revers dévastateur à la mâchoire du reptile. Le choc sourd fut perceptible jusqu'à l'autre bout du village comme l'hybride repoussait la tête de la wyverne, lui arrachant plusieurs écailles au passage.
Il jura toutefois dans sa barbe. Il avait espéré lui briser la mâchoire et terminer ce combat au plus vite, mais celle-ci avait tenu bon. Reculant de quelques mètres et secouant la tête, la wyverne malmenée s'efforça de retrouver ses esprits. A nouveau elle agita les épaules en une vaine tentative de prendre son envol, hurlant lorsque la lance fichée sous son épaule l'empêcha de s'enfuir.
Bien décidé à ne pas lui laisser l'opportunité de se tirer de cette nasse, le minotaure enfila sa griffe, tenant toujours sa hache de l'autre. Grondant et vouté en avant, il poussa pas après pas en direction de la bête tout en restant conscient qu'une créature est toujours plus féroce une fois acculée.
- Doe ! Intima Nyssa dans son dos comme il revenait dangereusement à portée des mâchoires de la wyverne.
La pauvre fée ne pouvait tout simplement pas participer à la bataille. Dès leur arrivée sur l'île, la chaleur étouffante atténuait ses capacités, bien plus conséquente dans le Nord du continent. Le rôdeur avançait donc sans le soutien de sa petite camarade, impuissante, toisé par la bête qui cessa de reculer et se redressa.
L'assistance revint toutefois des thérianthropes qui, à nouveau et sans se laisser démonter, vinrent embrocher la seconde aile du reptile. Feulant et clamant des cris de guerre tribaux, les hommes-lions ou panthères percèrent son cuir, l'un d'eux parvenant même à imiter le minotaure et lui trouer l'épaule. La wyverne pivota aussitôt de côté en projetant en l'air l'un des autochtones. Ses mâchoires claquèrent dans le vide, les félins agiles esquivant lestement sa tentative de les happer dans sa gueule. Il n'en fallait pas plus à l'hybride qui sauta sans attendre sur l'ouverture.
Passant sous la gueule de la wyverne, il planta sa hache dans le cou serpentin de la créature et appuya sa frappe, continuant à enfoncer la lame jusqu'à ce que le manche vienne frotter sur ses écailles. Aussitôt la bête oublia les changeurs de peau, pressée de se défaire du chasseur lui entaillant la gorge. Avec un meuglement, l'hybride planta sa griffe de l'autre côté de la gorge. Accroché à ses armes aussi fort qu'il le pouvait, il ne réalisa qu'après un instant que ses sabots ne touchaient plus le sol : se redressant en hurlant, le reptile faisait preuve d'une force effarante en arrachant ses deux tonnes à la gravité. Le mufle plaqué contre les écailles, Doebroksh entendait la gueule claquer juste au-dessus de sa tête et les griffes creuser le sol. Sans prévenir, il retoucha le sol et manqua être écrasé par la masse considérable du reptile blessé.
Grondant et le corps tendu à l'extrême, Doebroksh entama péniblement de resserrer les bras, les lames de ses armes tranchant la chair dans des giclées écarlates qui dégoulinèrent le long de ses bras. De plus belle la wyverne tenta de se défaire de lui. En vain. Ses cornes à leur tour commençaient à se frayer un chemin entre les écailles lorsque ses poings se retrouvèrent. Puis avec un dernier rugissement qui se noya dans celui de la bête, il croisa les bras et acheva d'égorger la wyverne dans un torrent de sang. Le visage et le tronc aspergés d'humeur, il hoqueta avant de brusquement se retrouver écrasé par la masse du reptile s'écroulant de tout son poids…
Wyverne arctique:
Doebroksh avisa la colonne de fumée au loin. Grimaçant, il accéléra le pas, ses sabots s'enfonçant plus profondément dans la poudreuse. Remarquant son changement d'attitude, Nyssa voleta plus rapidement pour le rattraper et remarqua à son tour les cendres montant vers le ciel. Le vent du Nord ne soufflait pas ce jour là, ne dissipant pas les cendres. Et indiquant clairement le village de pêcheurs du fjord glacé.
Armes aux poings, il ne fallut pas longtemps à l'hybride pour rejoindre les huttes éventrées. Les corps des elfes et humains qui animaient cet endroit à son dernier passage gisaient ici et là. Si dans un premier temps le minotaure avait craint un raid de sauvageons, ses soupçons furent vites dissipés. Les barbares du grand Nord ne possédaient pas d'animaux capable d'arracher le toit de l'unique demeure bâtie en dur. Disloqué, il gisait ici et là, à l'opposé du mur éventré. Et là encore, des cadavres méconnaissable, à moitiés gelés. La neige avait commencé à recouvrir les corps, tapissant le charnier d'un linceul immaculé, dissimulant progressivement l'horreur du massacre. Et épargnant l'odorat de l'hybride par la même occasion.
- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? murmura Nyssa d'une voix désolée.
Restant près de la carrure rassurante de l'hybride, la fée volait en scrutant les dévastation, la mine horrifiée.
- Une créature volante, déclara Doebroksh d'un ton concentré.
Attentif, il s'attarda sur la longue traînée partant du hall principal, se prolongeant sur plusieurs mètres en longeant une tente de peau soufflée. Traînée qu'il disparaissait au-delà.
- Massive. Agressive.
Ajoutant ces affirmations, il s'agenouilla devant les restes d'un individu qu'il ne pouvait plus identifier. La partie supérieure de son tronc étant manquante, sectionnée par une puissance mâchoire. Tout comme la hampe d'une lance dont seul le manche gisait à côté.
- Un dragon ? proposa la fée.
Le trémolo qu'elle échappa en prononçant ce mot trahit l'angoisse que lui inspirait ces créatures. Toutefois, avant de répondre, le rôdeur se déplaça jusqu'à une hutte réduite en tas de cendre fumant. C'était cela qu'ils avaient perçut de loin. Nul restes brûlés ne se trouvaient là, pour ce qu'il put voir en soulevant une toile en grande partie consumée. Sur un côté gisait le manche noircit d'une torche.
- Ce n'est pas un dragon qui a fait ça, opposa-t-il calmement. Il n'y a pas eut de flammes crachées.
Se redressant après avoir étudié cet indice, il parcourut à nouveau les dévastations du regard.
- L’incendie est un accident, arrivé dans la panique. - Quoi alors ?
Soucieuse, elle se posa près d'un corps dont le bras gelé était tendu vers le ciel. La neige tout autour était rosie par le sang en-dessous. D'autres dépouilles se trouvaient ici et là, réduites en lambeau pour la plupart. Enfin, s'accroupissant, Doebroksh identifia des empreintes jouxtant une nouvelle traînée, comme près du hall.
- Très massive, confirma-t-il. Et dotée d'une queue de plusieurs mètres...
La description qui lui venait en tête ne le rassurait guère. Il avait déjà vu ce genres d'empreintes. Très loin de ces régions glacées. Nyssa ne les reconnaissait pas, mais elle aussi les avait déjà vues. Elles...
Une odeur soudaine fit se redresser le minotaure. La main sur ses armes, il parcourut les tentes brisées du regard, effrayant Nyssa. Un félin. Tout proche. Ils avaient été approchés sans un bruit. Il ne le voyait pas, mais s'agissait-il d'un charognard ou bien d'un prédateur ?
- Tes sens affûtés t'honorent, Ayani.
La voix était mi-étouffée mi-résonnante. Dans l'instant il arma son jet, près à pourfendre son propriétaire. Toutefois, mains levées en évidence, un inconnus s'écarta d'une yourte éventrée.
- Paix, déclara-t-il calmement. Je ne suis pas là pour me battre.
Sa voix étrange était due à un extravagant casque métallique lui couvrant la tête et le visage, tel un masque. Celui-ci était cerclé de dorure patinées, ici et là, comme tout le reste de son armure intégrale de plate. Ou du moins ce que pouvait en voir le rôdeur. Un capuchon, une cape, un tabard et les lambeaux d'un vêtement vert dissimulaient le reste de son corps. Doebroksh nota toutefois le bouclier rond accroché à son dos et l'épée bâtarde finement ouvragée à sa hanche.
- Curieuse approche, commenta le minotaure en baissant lentement le tomahawk qu'il était prêt à jeter. Pour quelqu'un qui ne veut pas se battre.
L'inconnu haussa les épaules en s'avançant à pas lents. Il baissa un bras, levant une paume vers l'hybride.
- Hwo, déclara-t-il simplement.
Stupéfait, Doebroksh capta un instant un regard clair dans l'interstice prévu pour les yeux. Cet étranger connaissait ses coutumes. Et probablement sa langue, pour l'avoir appelé par le vrai nom de sa race.
- Hwo, répéta-t-il nerveusement pour répondre au salut. Je suis Doebroksh, de la tribu des Moj'Hauks. Et voici Nyssa. - Dörtmund, s'introduisit-il à son tour en baissant la main. Et se sont Nya et Hyena.
Illustrant ses propos une panthère se révéla derrière lui, se glissant sans un bruit de la yourte l'ayant dissimulée. Sa fourrure était grise et mouchetée de noir. Etrangement, elle portait elle-aussi un capuchon qui - nota Doebroksh - n'était pas relevé par des oreilles pointues. Poussant un ronronnement sonore, un second félin signala sa présence à la gauche du rôdeur ne l'ayant pas remarqué. Puis alla rejoindre son maître en évoluant dans la neige sans laisser de traces.
- Qu'est-ce qui a causé cela ? interrogea le minotaure en désignant le reste du camp de la hache.
Il connaissait déjà la réponse. Mais n'osant le reconnaître.
- Un reptile volant, déclara simplement Dörtmund en s'approchant.
Relevant la pointe de son épée, il s'agenouilla devant la dépouille gelée, s'exposant par la même occasion au rôdeur.
- Pauvre gosse, murmura-t-il. Ces gens ne méritaient pas cela. - Je ne connais qu'un type de lézard volant de cette taille, opposa Doebroksh. Les wyvernes ne vivent pas dans le Nord mais à Wystéria.
Se tournant vers lui, à quelques mètres seulement, Dörtmund se releva en l'examinant. Ils se soutinrent mutuellement du regard comme les deux panthères leur tournaient autour, flairant un corps ou retournant une planche brisée. Peu rassurée, Nyssa vint se rapprocher encore du minotaure et se posa sur son épaule.
- Il y a des wyvernes dans le Nord du continent, Milicien. Albinos, des glaces ou arctiques, peu importe leur nom. Mais il y en a. Elles sont rares et vivent loin, dans des montagnes perdues dans la banquise.
Il soupira, secouant la tête.
- Leurs proies se font rares et elles se hasardent de plus en plus au Sud. Je crains que cette tragédie ne soit vouée à se reproduire.
Spoiler:
La moisson:
- Abchoum !!
Le vacarme tonitruant fit sursauter les hybrides alentours qui décochèrent vers le rôdeur des regards surpris. Avant d'éclater de rire. L’éternuement d'un minotaure était aussi rare qu'assourdissant.
Maugréant, Doebroksh secoua la tête et reprit sa tâche : trancher les épis de blé à la faucille et stocker ces derniers dans la hotte imposante arnachée à son dos. Ses voisins, d'autres membres de sa tribu, les Moj'Hauks, faisaient de même, fauchant les céréales de gestes presque mécaniques.
La moisson représentait une période spéciale pour eux. La plupart des combattants revenaient sur ces terres pour participer à la récolte. De nombreux champs cultivés à travers tout leur territoire devaient être fauchés en un laps de temps très court. Et en cas de mauvais temps, celui-ci se verrait encore réduit. Aussi le chasseur avait-il temporairement traqué son arc pour la faucille.
- Regarde moi ces sagouins, déclara un minotaure plus agés près de lui en tendant le doigt vers la limite du champ.
Doebroksh plissa le museau. Fuyant leur avancée, plusieurs cochons sauvage déguerpissaient en direction du bosquet à un jet de pierre de là.
- Ils vont aller au champ d'avoine de Lalum, ajouta l'ainé. Pas de chance pour eux. Une fois que l'on a fini ici, c'est notre destination.
Le rôdeur ne répondit pas, se contentant de regarder les goinfres disparaître sous les arbres. Peut-être emporterait-il quand même son arc avant de rejoindre le prochain champ.
wyverne arctique II:
- Elle est passée ici même il y a deux jours, déclara l'humain masqué. Elle volait droit passée par là.
Suivant la direction indiquée par la pointe d'épée, Doebroksh se renfrogna.
- Il y a un village par là. Des éleveurs de rennes d'un clan trop p... - Il y avait, rectifia le guetteur en secouant la tête. Aucun d'entre eux n'avait les compétences ou l'armement de mettre à terre une wyverne.
Coulant un regard sombre de côté, Doebroksh chercha à percer les fentes du masque lui cachant les yeux de l'humain.
- Je n'ai pas couru à leur secours, devança-t-il l'accusation muette du rôdeur. Je n'ai pas la prétention de pouvoir la rattraper à pied dans la poudreuse. Ni de pouvoir la forcer à atterrir.
Haussant les épaules, il mit en évidence l'équipement qu'il arborait. D'excellente facture. Mais prévu pour le corps-à-corps : une épée et un bouclier, plus quelques dagues. Il disait vrai de toute évidence : si la bête meurtrière refusait de l'affronter au sol, il n'avait aucun moyen de l'y forcer.
- Donc tu as envoyé ton chat à ma recherche, devina Doebroksh en se décrispant légèrement.
Dörtmund hocha lentement de la tête. Le guetteur devait se sentir impuissant de quêter son aide, de ne pouvoir s'occuper seul de ce problème. Néanmoins, il y avait de la sagesse dans ses choix. La lance et les flèches du minotaure étaient des armes fabriquées pour le gros gibier. Au sol comme dans les airs.
Il regrettait de ne pas avoir Nyssa à ses côtés, revenant justement de son bosquet où il l'avait escorté. La magie curative de la fée leur aurait été une assurance conséquente. Mais d'un autre côté, contre un monstre volant de cette taille, lui-même ne pouvait promettre qu'elle ne serait pas happée et blessée par une bourrasque. Son absence serait une chose en moins pour le distraire.
- Allons chasser ce lézard volant.
*
Descendant doucement au creux de la vallée, Dörtmund jeta un regard au minotaure embusqué bien qu'il ne vit pas ses yeux dans l'ombre de sa capuche. Par quelque magie, il l'avait assuré que la wyverne repasserait par ce goulet pour retourner dans le Nord se terrer dans quelques grottes inaccessibles. À moins que ce ne furent ces deux panthères familiers, absents depuis leurs retrouvailles et faisant preuve de bien plus d'intelligence qu'elles ne le devraient.
Portant ses mains en porte-voix, Dörtmund beugla à pleins poumons un cri de défi qui résonna probablement à plusieurs kilomètres à la ronde dans la nuit glacée. Il cria. Encore et encore. Pendant une bonne dizaine de minutes, s'arrachant les cordes vocales.
Comme Doebroksh s'apprêtait à lui faire signe de cesser ses efforts au risque d'en perdre la parole, un rugissement le devança. Un cri strident qui parcourut la vallée, bien plus puissant que celui de l'humain. Suivit d'une bourrasque dans les ténèbres au-dessus d'eux.
D'un geste mécanique, Doebroksh déboucha l'une des fioles de sa besace et en répandit le contenu sur la flèche posée sur la couche de neige. En temps normaux, il se serait contenté de l'y fracasser. Mais au vu de la virulence du poison qu'il venait d'appliquer, la moindre coupure de verre sur son cuir lui aurait engourdit le bras en quelques secondes et pour de longues minutes. Or, il n'avait pas encore sa cible en ligne de mire. Aussi se contenta-t-il d'attendre, dissimulé à l'ombre d'un rocher et scrutant le ciel.
Brandissant à présent son épée et son bouclier, Dörtmund hurla à nouveau son défi au prédateur céleste. Il avait du cran, était forcé de reconnaître le minotaure. De lui-même il s'était proposé de jouer le rôle d'appât, d'attirer le reptile à découvert pour offrir à Doebroksh un angle de tir.
- Approche gros ver ! persifla le guetteur en direction des étoiles. Je suis là ! Exposé ! À ta mercie ! Tu n'as pas hésité pour bien plus abrité que moi au village des pêcheurs ! Ni à celui des trappeurs de rennes, j'en suis sûr ! Approche !
Comme pour l'exaucer, une rafale de vent vint souffler de la poudreuses dans toutes les directions. Avec un cri de stupeur, il eut tout juste le temps de se jeter à terre comme une ombre massive tombait sur lui. Secouant la tête, Doebroksh encocha sa flèche empoisonnée, mais déjà l'ombre avait dans les airs avec un nouveau rugissement.
Dörtmund se releva en titubant, couvert de neige mais apparemment indemne. Il leva à nouveau son épée au ciel, beuglant de plus belle sans accorder un regard à son allié. L'assaut avait été bien trop rapide pour lui permettre de lâcher son projectile et l'humain semblait en être conscient.
- C'est tout ce que tu as gros ver ? Approche ! Montre-moi comment tu as réduit ces pauvres hères en charpies !
Doebroksh renâcla. Les paroles enragées du guetteur faisaient écho à sa propre soif de sang. Ce monstre ne faisait que suivre son instinct, chassant pour se nourrir. Mais il n'était pas ici sur son territoire. Nul prédateur ne devait être toléré dans ces conditions s'il mettait en danger des peuples n'ayant pas cherché à s'étendre sur son domaine. Aussi comme la bête descendit de la nuit, plus lentement cette fois, battant des ailes à quelques mètres du sol et rugissant à l'adresse de cet humain bien orgueilleux, Doebroksh n'hésita pas.
Sans prendre le temps d'étudier le corps d'albâtre de la wyverne nordique, il décocha une flèche de la taille d'un harpon de pêche. Avec une giclée écarlate qui vint souiller la neige comme ses écailles, l'aile gauche fut transpercée et son flanc percé. La bête eut un cri de surprise et, malgré l'évidente douleur atroce, tenta de reprendre de l'altitude. Déjà Dörtmund accourait. Mais elle restait hors de sa portée.
- Le poison ! s'écria-t-il. Tu avais dit qu'elle serait paralysée ! - Elle devrait l'être, grogna le minotaure entre ses dents comme il encochait une nouvelle flèche.
Il n'eut toutefois pas à tirer un second harpon. Foudroyé sur place, le reptile poussa un cri plaintif comme son aile blessée cessait de lui obéir, devenant un poids mort qui l'entraîna au sol une dizaine de mètres plus bas. Avec un choc qui fit trembler le sol sous les sabots du minotaure, la wyverne s'écrasa au sol, engendrant une pluie de poudreuse.
Sans attendre davantage, le chasseur jusque-là embusqué délaissa son arc pour se précipiter en avant, estramaçon et hache aux poings. Mais Dörtmund fut plus rapide, levant son épée pour frapper. Sauf que roulant au sol, le monstre à terre lui assena un revers du cou - à moins que ce ne fut de la patte ? - qui le projeta dans les airs. Doebroksh ne s'y attarda pas. Sur un animal aussi imposant, les effets du poison ne dureraient pas. Beuglant de rage, il chargea de tout son poids. Une tonne et demie de minotaure en colère. Ses armes mordirent profondément les écailles du reptile, l'aspergeant du mufle aux sabots de sang chaud et l'aveuglant. Brusquement, il se retrouva à agiter les bras dans le vide, le monstre volant ayant roulé hors de portée de ses lames. S'ébrouant, le rôdeur s'épongea le front pour tenter d'y voir clair. Juste à temps pour voir un gosier garnit de croc acérés s'ouvrir face à lui.
C'était sans compter sur le guetteur dont la lame perça brusquement le crâne du reptile. Entrainé par son élan, la wyverne emporta les deux belligérants avec elle, l'un prisonnier de sa gueule et l'autre accroché à la poignée de son arme, comme elle était agitée de spasmes incontrôlés.
- Pour toutes tes victimes ! s'écria Dörtmund.
Avec un cri de rage, il tourna la lame de son épée enfoncée dans la cervelle du reptile qui rendit enfin son dernier souffle. Haletant, Doebroksh repoussa les mâchoires devenues immobiles, les avant-bras écorché par ses crocs longs comme des dagues.
- L'ayani ? appela Dörtmund en dehors de son champ de vision. Toujours en vie ? - En un morceau, répondit le rôdeur en déglutissant, conscient d'être passé à un croc de la mort.
Pierre de trajet:
- C'est donc ainsi que tu es revenu si vite du bout du monde, s'amusa Eretor en examinant la pierre que lui avait tendu le rôdeur.
Pas plus grande qu'un galet et tout aussi lisse, deux runes étaient gravées sur les faces opposées de l'objet arcanique.
- Dans la cité des changeurs de peaux, reprit le minotaure, il y avait une pierre levée avec ce même symbole. Comme me l'ont expliqué les Dharitris, en gardant ce galet levé en contact avec le glyphe, la stèle et ma pierre ont commencé à briller et chauffer. L'instant suivant, Nyssa et moi étions au beau milieu des dunes d'Harena. Devant une autre stèle portant l'autre glyphe. J'ai mit trois jours à retrouver une voie commerciale et une caravane où nous déshydrater... - Outch... je ne pense pas que c'est ce qu'imaginaient les Wystériens en te confiant cet artefact... - Non en effet. - C'est néanmoins intriguant. En retournant à cette stèle, tu pourrais te téléporter sur l'île. Aussi simplement.
Levant l'outre d'alcool à ses lèvres, le minotaure confirma le résumé du druide Moj'Hauk.
- J'ai déjà vu des stèles et pierres de traverse similaire, révéla finalement le minotaure à crin de jais. Pour voyager d'une extrémité d'Endorial à l'autre, ainsi que dans les marais. Mais j'ignorais qu'une stèle existait à Wystéria, où je n'ai jamais été.
Surprit d'apprendre que son compagnon d'enfance connaisse ce genre d'artefact, Doebroksh garda le silence comme le druide réfléchissait.
- Si je t'aide à ne plus atterrir dans le désert, m'emmèneras-tu sur l'île avec cette pierre de traverse ? - Je... elle permet de faire voyager plus d'une personne ? - Tu as bien fait ton premier saut avec ta fée non ?
La réalisation choqua le minotaure qui réalisa brusquement qu'Eretor disait vrai. A l'aide d'une seule pierre, ils avaient été deux à revenir sur le continent. Les Wystériens lui avaient littéralement offert de quoi envahir leur île s'il le souhaitait, ce qui le gonfla de fierté et de trouble au vu de la confiance que lui avaient fait les changeurs de peau.
- Viens avec moi, déclara le druide. J'ai une petite idée sur comment rendre tes trajets plus pratiques. Si j'ai raison, nous serons vite à cette ville des changeurs et tu pourras de nouveau traquer tes lézards volants.
Pêche et Griffon:
Confortablement allongé dans l'herbe, seul, Doebroksh profitait de l'après-midi ensoleillé. D'un œil, il restait attentif aux sursauts de son bouchon. Mais les prises ne se bousculaient pas ce jour là. Une truite et une carpe, la seconde ayant été remise à l'eau. Rien de bien probant donc. Il ne mangerait pas du poisson ce soir là.
Un cri aigu attira son attention. D'un battement d'aile, un rapace affublé d'une double collerette vint se poser à quelques pas de lui. Jouant de ses quatre serres, il piaffa quelques instants et gratta la terre. Puis se posa sur son arrière-train, sa longue queue terminée par un panache de plume s'enroulant autour de ses membres.
- Pas grand chose à manger, déclara-t-il au griffon pygargue sur le ton de la conversation. Ils ne veulent pas mordre.
L'animal garda le silence. Fixement, il scrutait la surface de l'eau. En particulier le petit bouchon doté d'une plume indiquant la position de l'hameçon. Quelques minutes passèrent, tout deux observant la ligne en silence, profitant des caresses du soleil comme du vent.
Sans crier gare, le griffon écarta les aile et poussa un piaillement sourd, comme s'il s'en prenait à la canne à pêche. Bec ouvert, il ne cillait pas. De nouvelles minutes passèrent. En silence. Immobiles.
- Le poisson ne veut pas mordre aujourd'hui, déclara simplement l'hybride.
Avec un soupir, il se redressa et tira sa ligne. L'hameçon était dénué d'asticot. Voila qui expliquait l'absence de touches. Quelque poisson plus malin que les autres l'avait boulotté sans se piquer.
Doebroksh secoua la tête. Une malheureuse truite. D'un geste désinvolte, il la jeta au rapace qui se jeta dessus avec appétit. Ce soir, lui ne mangerait que de la soupe.
La pêche d'abord:
Rentrés depuis quelques heures, les deux minotaures avaient rapporté une simple lapine d'Aran. Une juvénile, d'approximativement un mètre de haut. Ahab était aux anges, contrairement au vieux chasseur des Moj'Hauks qui décocha un regard noir à Doebroksh. Celui-ci se contenta de hausser les épaules et d'accepter la remontrance silencieuse.
Le jeune minotaure avait toutefois appris à approcher et capturer un lapin d'Aran sauvage. Seul. Certes, sous surveillance du chasseur dont l'arc n'était pas loin, les mâles reproducteurs pouvant se révéler particulièrement retords. Néanmoins l'expérience c'était bien déroulé et rien de fâcheux n'était à signaler.
- J'attends deux gigues pour demain, lui indiqua Orekary en emportant Ahab et la lapine dont son loup géant ne s'éloignait pas. Et du cochon, tant qu'à faire.
Ce que Doebroksh ne put qu'accepter en tournant les sabots.
Il s'éloigna du camp principal avec l'intention de rejoindre sa clairière cachée lorsqu'un mouvement attira son regard. Un rapace passa non loin, se laissant planer en direction de la rivière plus loin. Il reconnut un griffon-pygargue à la forme de ses ailes plus qu'à son plumage. Ce même animal représentant son totem gardien.
- La rivière hein, murmura le chasseur à mi-voix.
Finalement, sa clairière pourrait attendre. Orekary devait bien avoir une canne à pêche de trop dans son tipi...
Cuir de sakamain:
Ses cuirs écailleux sur le dos, le minotaure resta perplexe face à la boutique vide. Depuis plus d'un an maintenant il venait vendre ici les fruits de sa chasse aux reptiles aquatique. Après tout, le marchand avait publiquement juré de lui acheter ses peaux de crocodile au prix fort, suite à son sauvetage dans les égouts de Stellarae. Néanmoins, si Doebroksh avait un temps profité voire abusé de ces prix plus que lucratifs, il avait lui-même demandé à renégocier ceux-ci à la baisse pour les aligner au prix du marché. Ruiner le commerçant ou abuser de sa promesse trop longtemps n'aurait pas été correct.
Néanmoins, il avait semble-t-il mis la clé sous la porte sans qu'il n'en soit informé ni signe avant-coureur.
Maugréant, le chasseur tourna les sabots et remonta la ruelle. Cet acheteur était le seul auquel il ai jamais vendu les cuirs de crocodile, du premier tué dans les égouts à tous ceux ayant suivi dans les marais et bords du fleuve. Cela ne voulait pas dire qu'il était le seul à en acheter à la capitale commerciale. Assurément il trouverait à qui revendre ses marchandises. Pour cela s'orienta-t-il tout simplement à l'établissement des tanneurs de cuir où il vendait ses cuirs peaux et fourrures issues de chasses moins exotiques.
Un nid de wyvernes:
Arrivant au sommet du promontoire rocheux, Doebroksh huma l'air provenant de l'intérieur de la caverne avant de s'exposer. Le couple de reptiles qui avait élu là domicile avaient peut-être été terrassé, mais rien ne laissait penser que leur antre soit effectivement vide. Un autre spécimen adulte pouvait très bien hanter ce lieu. Ou des petits suffisamment robuste se jeter sur lui et le précipiter dans le vide. Toutefois, hormis l'air vicié de l'endroit, puant la charogne et le musc reptilien... il ne percevait rien. Ni présence, ni mouvement. Juste l'odeur habituelle d'une tanière animale et le sifflement du vent venant se perdre dans le creux de la roche.
Plus confiant, il termina sa fastidieuse ascension - plus d'une tonne et des sabots ne le prédisposaient pas vraiment à l'escalade - et pénétra dans l'antre. Après avoir laissé ses yeux s'acclimater, il réalisa que celui-ci n'était pas particulièrement profond, contrairement à ce qu'il avait redouté. Un chaos de bois, d'ossements, de fourrures régurgitées et de végétation récemment lachée pour le confort était tout ce qu'il trouva là. Pas d'autre spécimen près à se jeter sur lui, tout crocs dehors.
Avec un soupir, il ré-accrocha son tomahawk à sa ceinture. Il n'avait plus rien à faire ici, excepté compter le nombre de malheureux dont les Dharitris pourraient venir récolter les restes afin d'ériger des sépultures décentes.
Alors qu'il s'apprêtait déjà à tourner les sabots, un reflet lumineux attira son attention. Se penchant en avant, il identifia le reste d'une cage thoracique aux cotes brisées et rongées. Un objet métallique gisait en son sein. Un pendentif. Possession de la victime.
Tendant le doigt pour l'identifier, il perçut une légère vibration à son contact tandis qu'un picotement familier lui remontait le poignet. Ce colifichet était magique. A n'en pas douter. Quelle était sa nature en revanche...
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Doebroksh s'exprime en #ff9999 Nyssa s'exprime en #62fff1
Pourfendeur de Skarniens (Event)
Chasseur de poules (Event)
Jack'o'Piñata (Event)
Héros de l'Est (Event)
Hommage de FrörHeim (Event)
Rival des Acolytes de la Convergence (Event)
Sculpteur de citrouilles (Event)
Sculpteur fidèle (Event)
Soldat de la Milice (Faction)
Adaptation (Spécialisation)
Chasseur invétéré (Artefact)
Voyageur de la Caverne Mystérieuse (Quête)
Votre rôdeur préféré (Event 10 ans)
Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Ven 24 Fév 2023 - 6:19
Achats quêtes patrouilles divers (bis)
Après Frorheim:
Suite à la bataille contre l'avatar de la calamité, le haut-roi nain de Frorheim avait convié une seconde fois les défenseurs du continent ayant participé à la bataille. Ou du moins, les survivants. Un discours et une veillée solennelle avaient été effectués. Puis, en signe de gratitude particulière puisque son domaine avait été le premier menacé par le colosse de glace, il avait invité les participants à choisir eux-même une récompense parmi ce qu'il acceptait de céder de son trésor. En effet, vivant reclus dans un continent extrêmement cosmopolite, le roi avait vite compris qu'offrir une récompense commune les satisfaisant tous serait impossible - ou même en désignant individuellement des récompenses, ce qui aurait en plus le défaut d'être chronophage...
Dubitatif, ne nécessitant pas particulièrement d'or ou de biens proposés par les nains, Doebroksh resta les bras ballants à observer ce qu'il lui était proposé. De toute façon, venant de nains forant le ventre de mère nature toujours plus profondément, il ne souhaitait rien.
Finalement, afin de ne pas paraître insultant, il se força à réaliser un choix et se contenta d'emporter un colifichet, une breloque en apparence sans importance.
Le grand enchanteur:
Le regard mauvais, le minotaure scrutait la bicoque à un jet de pierre. Il demeurait silencieux, les poings serrés sur les manches de ses armes. Du sang encore tiède gouttait de son bouc, témoignage de la violence des combats menés pour arriver jusque là. Tout comme l'état de sa compagne bien moins imposante en témoignait.
- Allez avant, déclara le minotaure d'une voix où son flegme habituel était totalement absent. J'aurais à échanger avec l'enchanteur. Ça prendra du temps.
Avec un grognement, il se força à détourner le regard pour s'orienter vers l'étang attenant. S'arrêtant les sabots au bord de l'eau, il huma l'air, tous les sens en alerte. La dernière fois qu'il avait approché une étendue d'eau calme dans cette maudite grotte souterraine, il avait eu droit à l'assaut d'un reptile effroyable faisant passer un alligator pour un gros lézard. Toutefois, aussi près du repaire du mage, son instinct lui murmurait que cette expérience ne se reproduirait pas. Que quelque maléfice - ou plutôt, enchantement - tenait les prédateurs et autres animaux violents à l'écart. Lui-même éprouvait d'ailleurs une forme de malaise l'incitant à tourner les sabots. Sans doute la magie à l'œuvre ne se limitait pas à la faune locale. Néanmoins sa détermination était bien plus forte qu'un simple artifice en lisière de sa conscience.
Rageusement, l'hybride dégrafa les chaînes de ses deux armes principales avant de les enfoncer dans le sol spongieux. Mieux valait rester prudent. Puis, d'un mouvement infiniment plus délicat, il écarta l'une des poches ventrales de sa cuirasse dont seuls un bras et une petite tête dépassaient. Dans le creux de sa paume, il tint la fée meurtrie. Assommée peu de temps auparavant, elle n'avait pas encore reprit conscience. Ce qui n'était peut-être pas plus mal au vu de l'angle que décrivait l'une de ses ailes… Tout comme le minotaure, elle était maculée de sang de saurien des cheveux aux pointes de sa robe diaphane - si l'on pouvait considérer cette partie naturelle de son anatomie de vêtement. Tout en douceur, il immergea le petit corps dans l'eau tout en prenant garde à conserver sa tête hors de l'eau. L'agitant lentement de côté en laissant des trainées écarlates dans son sillage. Puis, la jugeant sommairement nettoyée, il se contenta de la déposer dans l'herbe. Ensuite seulement, il s'autorisa à retirer sa cuirasse, ne restant qu'en pagne de cuir avant de s'asperger le mufle et le crâne d'eau froide.
*
Il avait le regard dans le vague, assis dans l'herbe face à l'étendue d'eau, lorsqu'il sentit l'approche de l'inconnu avant de l'entendre. Il se renfrogna, ses poings se resserrant sur ses genoux. Il était pratiquement nu, mais sa hache et son estramaçon étaient plantés à portée de main.
- Salut grand bonhomme, déclara une voix parcheminée dans son dos. On joue les taciturnes ? Huhu.
Doebroksh ne répondit pas. Faisant mine d'ignorer le vieil homme, il ferma les yeux et compta mentalement quelques chiffres. Ensuite seulement il se tourna de côté sans faire mine de se lever. Le vieillard ne l'observait pas. Appuyé des deux mains sur un bâton noueux, il était légèrement penché en avant, étudiant le corps inconscient de Nyssa. Sa longue barbe tombait une longueur de doigt au-dessus d'elle.
- Qu'est-il arrivé à cette pauvre petite ? interrogea-t-il avec un étonnement non feint. Un pitiponk lui à sauté dessus ? - C'est…
Toutefois, avant que l'hybride ne prenne la parole, le vieux barbu posa un genou à terre en tendant les doigts vers le corps de la fée. Il prononça quelques mots, lesquels incitèrent le minotaure à ne pas l'interrompre. Une faible lueur émana de ses doigts avant de se déployer autour de la fée. En quelques secondes, les quelques coupures sur ses épaules et contusions sur son visage s'estompèrent. La pliure de son aile se redressa puis se lissa, comme si elle n'avait jamais existé.
- Voilà qui est mieux huhu. Elle devrait se réveiller dans l'heure.
Hébété, Doebroksh alla du mage se redressant à sa compagne remise de toutes ses blessures. Et ce en quelques instants seulement. Ses dons de guérisseur dépassaient largement tout ce qu'il avait connu auparavant, incluant les matriarches de son clan, le paladin à crinière ou la fée elle-même.
- Tu ne posséderais pas une pierre de trajet toi ? le questionna le mage sans prendre de gants. Elles dégagent une aura qui me démange dans les genoux. Ironique pour un artefact permettant de se déplacer sur de si grandes distances n'est-ce pas ?
Leurs regards se croisèrent enfin, à même hauteur comme Tungstène se redressait et que le rôdeur demeurait assis. Les prunelles cuivrées du demi-elfe pétillaient de curiosité, contrastant avec la colère se muant en confusion dans celles grises du bovin. Il plissa le regard, ne sachant trop que répondre. Cela faisait si longtemps et tant d'épreuves qu'il ne savait trop par où commencer.
- Allons bonhomme, un Dharitri a mangé ta langue ? - …
Il ne répondit… rien. Sans ciller, il plongea les doigts dans une de ses besaces et en tira la fameuse pierre de trajet. Sur l'une des deux faces était gravée le symbole menant à Wystéria, au refuge d'une tribu thérianthrope justement mentionnée par le mage. Était-ce une coïncidence ? Peu probable. Sur l'autre en revanche…
- Tiens, je ne connais pas cette destination, déclara Tungstène en étudiant la seconde rune. Elle mène dans le Nord j'imagine ? - … une pierre levée, répondit-il enfin d'un grommellement. Sur le territoire de ma tribu. - Je vois je vois…
Tout à son étude, le grand-père fit quelques pas en direction de l'eau, ignorant le rôdeur. Il se pencha, ramassa un galet parmi d'autres. D'un index, il dessina quelques arabesques, avant de tendre les deux pierres au minotaure.
- J'ignore comment tes compagnons ont l'intention de revenir à la surface, commença-t-il à expliquer. J'aurais peut-être dû leur demander, mais chaque chose en son temps. Voilà pour toi. A même pas deux cent mètres par là se trouve mon menhir personnel. J'ai apposé son symbole sur cette pierre de trajet. C'est cadeau. - Je…
De plus en plus confus, Doebroksh se retrouva avec deux pierres entre les doigts. Puis avant qu'il ne réponde, le mage s'était assis à côté de lui après avoir écarté quelques brins d'herbes.
- Tu sais, la Jarl de Kastalynn fait partie des rares personnes à m'avoir rendu visite jusqu'ici. A vrai dire, avant toi, c'était la seule représentante de votre faction… Dois-je m'attendre à d'autres visites du Nord ? Tu fumes ? - La Jarl Selsya ? Répondit Doebroksh avec étonnement avant de secouer négativement la tête.
Haussant les épaules, Tungstène piocha dans la bourse d'herbe qu'il lui tendait, bourra sa propre pipe qu'il alluma d'une étincelle magique avant d'inspirer une bonne bouffée. Aussitôt, la fumée parvint aux naseaux sensibles de l'hybride qui renâcla.
- C'est ce que je pense ? - Je te demande pardon ? Ca ? Ho oui, je crois que c'est ce que tu penses.
Paisiblement, il tira une nouvelle bouffée du narcotique, observant paisiblement la surface de l'eau. Entre deux bouffées, il interrogea :
- Tes camarades sont passés me rendre visite, chercher repos et récompenses suite à leur épopée. Rien ne t'intéresse toi ? - …
Il ne répondit pas, revenant lui-aussi à la surface de l'eau. Quelques instants passèrent, troublés uniquement par des cris sauvages dans le lointain ou les inspirations profondes du mage. Lorsque Doebroksh s'apprêta à reprendre la parole, il fut toutefois devancé.
- Je peux t'appeler Do ? C'est bien ainsi que l'on t'appelle ? - Doebroksh, rectifia l'intéressé avec aigreur. Et non. Tu ne peux pas. Seuls mes amis le peuvent. - Comme tu le souhaiterasn Jeesho.
En entendant le nom de son gardien-totem, son nom véritable au sein du peuple Ayani, la mâchoire lui en tomba. Comment ce vieil ermite, tout érudit qu'il soit, pouvait connaître ce nom ? Comment pouvait-il le connaître aussi intimement ? Que savait-il d'autre ? Et pourquoi lui révélait-il l'ampleur de ses connaissances ?
Un rictus d'agacement déforma le museau du minotaure, fusillant le mage du regard.
- Ne te trompe pas, vieil homme, explosa-t-il enfin froidement. Je ne suis pas ton ami. Ton admirateur. Ton apprenti. Je ne te rends pas une visite de courtoisie. Et je n'ai que faire des jouets entreposés dans ta demeure.
Nullement impressionné, Tungstène inspira une dernière bouffée de sa pipe. Puis la retourna pour la vider avant de répondre.
- Je vois, répondit-il en se tournant vers l'hybride sans trahir le moindre effet de l'opiacé. Pourquoi es-tu là en ce cas ? - Pour te faire transmettre un message, répliqua sombrement le rôdeur qui, sans ciller, se releva et toisa de toute sa hauteur l'homme assis par terre. - Ah.
Ce fut tout ce que répondit spontanément le magicien. Tranquillement, il se leva à son tour puis fit face à l'hybride, mains croisées devant lui.
- Un simple message, il aurait été plus simple de me contacter à l'institut de Sylfaen ? Ou même au campement des dragonniers, près de tes terres. Non ? - Non.
A gestes lents, le minotaure tira sa hache et son épée large de leur gangue de glaise. Tout dans son langage corporel trahissait son impatience d'en découdre.
- A Endorial ou dans les plaines, ce n'aurait pas été pareil, commença le minotaure en fulminant et effectuant quelques pas de côté sans quitter le demi-elfe du regard. Je voulais venir ici. Dans ton sanctuaire. A l'écart de tout indésirable. A l'écart de toute interruption. Car cela ne s'adresse qu'à toi et à nul autre. Car ici, je veux que ce soit un symbole. Que quelque soit ton refuge, tu sache qu'il ne sera jamais hors de ma portée et du message que j'ai pour toi. - Belle tirade, convint le demi-elfe d'une voix pour la première fois sérieuse, où nul amusement ne subsistait plus. Et quel est ton message, Jeesho de la tribu des Moj'Hauks.
Retroussant les naseaux, son anneau doré tremblant, Doebroksh pointa le tranchant de son tomahawk vers le magicien. Ses yeux tremblaient de colère, mais sa voix était ferme.
- Assume ton statut et tes responsabilités, archi-mage. Les habitants de ce continent attendent mieux de toi. Des actions concrètes pour leur venir en aide. Pas des futilités pour les accabler davantage.
Tungstène soupira de lassitude, visiblement peu incommodé par la lame imposante si proche de sa barbe.
- Les poules, je présume ? - Oui, confirma le rôdeur, stoïque. Entre autres. - Et qu'attends tu de moi, à ce sujet ? - J'attends de toi, répéta Doebroksh avec une lenteur consommée, rongeant son frein. J'attends de toi de faire amende honorable. Pour leurs dégâts. Pour les traumatismes des citoyens. Pour ta négligence et ton mépris vis-à-vis de leurs victimes. Mais également que tu agisses. Le roi-sorcier. La Perracie. Les Calamités. Les skarniens. Tu as prouvé par le passé pouvoir changer le cours des choses. Tu as prouvé récemment toujours le pouvoir. Mais tu ne fais rien. Tu te caches, ici ou derrière des murs. Tu dois faire mieux que cela, enchanteur. Tu dois faire mieux et tu dois des excuses à ces peuples qui… - Je suis désolé, l'interrompit toutefois Tungstène en inclinant la tête.
Doebroksh allait poursuivre son sermon, néanmoins, ce qu'il vit lui fit retenir sa langue. Le mage jovial et souriant, fumant la pipe comme un adolescent effronté, s'était effacé. Celui qu'il voyait à présent était une autre personne. Une personne ployant sous le poids des ans et des responsabilités.
- Je suis désolé, répéta-il dans un souffle avant de lentement redresser la tête.
Son regard cuivré était dur, mais emplit de tristesse. Dans celui-ci, le minotaure lut la sincérité de l'archimage. Son regret. Ses remords.
Lentement, il baissa le bras et écarta son tomahawk. Il recula d'un pas, accordant au vieil homme un peu d'air et cessant de le dominer agressivement.
- Je… ne m'attendais pas à ça, avoua Doebroksh, pris au dépourvu et son animosité fondant comme neige au soleil.
Tungstène esquissa un sourire triste avant de répondre, passant les mains dans son dos.
- Tu ne t'attendais pas à ce que je connaisse et reconnaisse mes propres travers ? Tu t'attendais à ce que je nie en bloc et réfute tes arguments ? Tu t'attendais à me confondre ?
Bras ballants le long de son abdomen nu, le minotaure hocha de la tête.
- … à devoir m'affronter ? poursuivit sombrement le magicien. - Je m'y étais préparé et résolu. Oui.
Tungstène acquiesça, ayant depuis longtemps deviné ses intentions.
- Et bien j'ai entendu ton message, Jeesho des Moj'Hauks. Je connais sa véracité et mes responsabilités. Toutefois. Dis moi…
Une lueur pétilla soudainement dans son regard lorsqu'il termina sa phrase :
- …souhaites tu toujours m'affronter ? - … oui.
Son sourire s'agrandissant, l'archimage fit quelques pas en retrait, écartant les bras et désignant l'équipement du minotaure à même le sol, aux côtés de la fée endormie. Doebroksh l'observa quelques instants, méfiant, avant de ramasser la bandoulière de son carquois. Il n'enfila pas son armure. Contre une magie comme celle que pouvait déployer Neivin, elle ne lui était d'aucune utilité. Donc face à l'archi-mage de l'institut en personne…
- Cela fait quelques années depuis mon dernier duel… quand tu veux, l'invita Tungstène en écartant les bras, paumes ouvertes dans sa direction.
Le minotaure le scruta. Silencieux. Les animaux de la grotte eux-mêmes semblaient se faire plus discrets. A moins que ce fut son imagination.
Sans prévenir, il s'élança en avant avec un meuglement de rage, arrachant des mottes de terre sous ses sabots et tirant son arc massif du carquois. Après deux pas toutefois, l'archi-mage leva une main paume vers le ciel et replia deux doigts, sans même prononcer un mot. En un instant, Doebroksh quitta le plancher des vaches. Il s'éleva dans les airs à toute allure, fusant très loin au-dessus des arbres. Une bourrasque toutefois souffla le magicien de côté, écartant sa barbe et sa robe ample. Surprit, il lorgna l'énorme projectile en forme de harpon ayant manqué son bras d'un pouce tout au plus. Puis, très loin au-delà de sa vision, un choc retentit.
Il esquissa un sourire amusé, puis effectua un nouveau geste beaucoup plus lent, paume vers le sol en tendant deux doigts. Maîtrisant calmement son sort, il fit redescendre des cieux le minotaure qu'il avait envoyé s'écraser contre la voûte de la caverne. Celui-ci était inerte, assommé sur le coup. Délicatement, il le reposa magiquement dans l'herbe avant de s'assurer ne pas l'avoir blessé. Puis il se tourna vers l'énorme flèche fichée dans le sol. Malgré le brusque sort de gravité inversé, le rôdeur était parvenu à encocher ce véritable missile et tirer, manquant de peu embrocher l'enchanteur… ou plutôt, ricocher sur ses protections arcaniques. Mais ça, l'hybride n'avait pas vraiment besoin de le savoir.
- Rentre bien, Jeesho des Moj'hauks, souhaita-t-il aimablement en posant la main sur la fourrure de l'hybride. J'ai entendu ton message et ta quête est achevée.
Puis, calmement, il reprit le chemin de sa bicoque, mains croisées dans le dos en sifflotant un air joyeux.
Pourquoi avoir rejoint la milice ?:
- Donc la sorcière des glaces a accepté ta requête de réguler la chasse et l'élevage d'aux aurochs et autres bovins du Nord, récapitula le minotaure au crin noir. Comme ça. Parce que le premier ayani à rejoindre la politique de la région l'a réclamé. - C'est ça, confirma Doebroksh à son ami d'enfance.
Tout deux marchaient tranquillement, suivant le long sentier tracé au fil des passages de voyageurs. Des voyageurs principalement dotés d'imposants sabots comme les deux hybrides.
- Ça fait longtemps, nuança toutefois le rôdeur sans quitter l'horizon du regard. Je trouvais ça... plus juste. Servir de la viande bovine à tout repas dans le Nord, alors que l'on saigne tout les jours pour défendre cette ville... - Je comprends ce que tu exprimes, opina Eretor. Après tout, à Stellarae l'on ne va pas manger du singe au restaurant, au cœur du marais du serpent ou à wysteria du félin.
Ce à quoi le milicien hocha la tête d'approbation. Paisiblement, ils poursuivirent leur patrouille. Lentement, ils faisaient le tour des terres revendiquées par leur tribu, les Moj'hauks. A intervalles régulier, toujours à portée de vue, des pierres levées rappelaient à quel moment l'on pénétrait ce territoire. Impossible donc de s'y introduire par mégarde. Certaine portaient des inscriptions à moitiés effacées par les années. D'autres représentaient des ayanis tout comme eux ou bien quelques totems-gardiens, leurs prédécesseurs ayant revendiqués ces terres plusieurs milliers d'années auparavant.
- Que tu fasses venir sur nos terres des troupeaux de bisons et d'aurochs pour mieux assurer leur protection est logique, convint Eretor après un moment en apercevant au détour d'une colline les silhouettes imposantes des ruminants. Néanmoins, les colliers que tu nous a fait ensorceler à Sydaer et moi ne leurs étaient pas destinés. La sorcière approuve que tu étendes cet "accord" aux rhinos laineux - voire aux rhinos tout cours, égarés au Nord des terres arides ? Et les deux mammouths qui ont piétiné les potagers de Lalum il y a un mois ?
A cette question, Doebroksh eut un rictus amusé. Il leva les mains en signe de reddition.
- Disons qu'une fois sur nos terres, nuls peux les abattre impunément juste pour leurs cornes, répondit Doebroksh. Ils bénéficient pas de cet accord avec la milice. Mais ici, ils peuvent vivre en paix.
Après un moment toutefois, il reprit :
- Je préférerais que tu nommes la jarl par son titre plutôt que qualifier de sorcière. Au vu des efforts consentis à notre égard, elle mérite. - Je m'en souviendrais.
Ne pas déranger le minotaure qui dort:
- Mais qu'est-ce qu'il fait ? Il est bête ou bien ?
Perplexe, l'humaine bien abritée sous son parapluie jeta un discret coup d’œil par dessus son épaule. Il pleuvait une bruine constante mais, contrairement à eux deux, l'hybride restait assis à découvert. L'eau ruisselait paresseusement de sa fourrure luisante et gouttait de la barbe à son menton.
Sans se retourner, son camarade à la capuche rabattue pour protéger son visage maugréa.
- C't'un fichu minotaure. Y' ont une relation bizarre avec la nature. Nul doute que c'lui là fait pas exception. Garder son territoire par un temps pareil... - Garder son territoire ? répéta-t-elle sans comprendre, se détournant pour jeter un œil au nain marchant à son niveau. - Ouaip. - En quoi il garde quoi que se soit ? Il est assis sous la flotte à s'imbiber !
Ce que le nain désapprouva en secouant la tête. Il grimaça avant de s'expliquer.
- Les bovins ont du flair. De vrais r'nifleurs. Y' peuvent te r'trouver à plus d'un kilomètre dans une galerie, c't'effrayant. - Ah bon ? Je l'ignorais.
Esquissant un regard suspicieux, elle jeta un nouveau regard par-dessus son épaule. L'hybride n'avait pas bougé d'un pouce, le regard toujours dans le vide. De loin, un observateur non averti aurait même pu le prendre pour l'une de ces statues taillées dans des pierres levées, tout autour du domaine qu'ils contournaient.
- Un odorat de clebs, déclara-t-elle. Dans les galeries. Mais qu'en est-il en surface ? - Hey. Si tu tiens à le découvrir, fais toi plaisir et va causer du tracas pas loin. Mais sans moi. J'ai pas envie de me farcir un golgor pareil.
Sculpter un totem:
- Incline ton burin plus bas, indiqua le vieux minotaure en guidant la main du taurillon. Ainsi. Tout en tournant la tête de côté. Comme ça. Tu vois là les éclats de pierre ne partent pas en direction de tes yeux. - Ah oui en effet ! s'écria Ahab en répétant le mouvement.
Un coup de marteau à la fois, il creusa la roche, donnant vie à la forme que la pierre était destinée à devenir. Ou du moins essayait.
Ayant de reculé d'un pas pour le laisser faire, l'expérimentation valant mille conseils, Orekary garda le silence lorsqu'il martela avec un peu trop d'entrain son burin. Cette sculpture de toute façon n'était pas destinée à intégrer le périmètre de leur territoire. Mais cela, le jeune n'en savait rien.
Se détournant, le vieux chasseur s'orienta vers son voisin. Plus minutieux et réfléchissant avant chaque coup de burin, Doebroksh s'efforçait d'imprimer une expression dans le menhir dressé devant lui. Toutefois, malgré ses efforts, l'Ayani représenté dans la pierre n'était qu'une pâle figure des modèles estompés par les années qu'ils devaient remplacer.
- Ici, insiste davantage, indiqua le chasseur. Et là regarde cette crevasse. La pierre est fragilisée, n'insiste donc pas trop ou bien se sera irrécupérable.
Doebroksh maugréa en réalisant qu'il avait raison. Ce détail lui avait échappé.
S'il avait progressé depuis sa dernière sculpture, le résultat était bien loin de celui attendu, ce qui le frustrait davantage et le poussait à réaliser d'autres erreurs. Son mentor le voyait bien d'ailleurs, mais se gardait bien de le lui faire remarquer. L'apprentissage se faisait à tout âge.
Et puis, il ne fallait pas l'oublier, les minotaures n'étaient pas vraiment réputés pour leur travail de la pierre...
(Orekary et Ahab font partie de la tribu de Doebroksh, voir son journal)
La première fleur à percer la poudreuse:
- Là ! J'en vois ! s'écria la fée en voletant dans la direction qu'elle indiquait.
Plus calmement, le minotaure suivit, ne pipant mot. Le manteau neigeux craquait sous ses sabots. Aussi s'abstint-il de trop s'approcher et mit un genoux à terre. Il tendit ses gros doigts et s'empara de la fleur en tirant délicatement sur sa tige. En tendant le bras de cette façon, il espérait ne pas écraser les éventuelles pousses à venir, encore cachée sous la poudreuse.
- Et une de plus !
Tenant elle aussi un perce-neige entre les bras, elle voleta l'apporter au minotaure qui lui présenta leur besace. La récolte était bonne. Du point de vue de la fée en tout cas. Pour le rôdeur, il lui semblait n'avoir rien récolté ou presque. Cependant, il relativisait au vu des explications que l'alchimiste de passage à Kastalinn lui avait fournit. Avec seulement quatre de ces fleurs, écrasées au pilon et mélangées à de l'huile, il affirmait pouvoir réaliser les meilleurs onguents de cicatrisation qui soit.
- Cela fait vingt-quatre fleurs, compta-t-il. Six cataplasmes.
Cela faisait bien trop peu. Même s'ils traquaient cette délicate fleur à clochette depuis la fin de matinée, il n'était pas question de rentrer tant qu'il n'en aurait pas au moins le double. Ou que l'obscurité en les forces à rebrousser chemin.
- Tu crois que l'on pourrait demander de l'aide à des Katwingas si l'on trouve un cercle des fées ? Ils doivent connaître les bons coins mieux que n'importe qui !
Doebroksh médita un instant cette idée. Faire appel aux facétieux esprits de la nature pourrait en effet leur faire gagner beaucoup de temps. Encore eut-il fallut qu'ils se montrent, comprennent l'objectif du milicien et acceptent de l'aider.
Néanmoins, il ouvrirait l’œil quant à la présence d'éventuel cercle de fées inoccupé dans la poudreuse - trahissant la présence des Katwingas - en plus de chercher les discrètes clochettes blanches suspendues au-dessus de la neige.
Un pêcheur sachant pêcher sans sa canne...:
- Bonjour, déclara Doebroksh en se présentant au petit vieux assis au bord de l'eau.
Posant son barda par terre, l'hybride s'attarda sur les trois cannes posées sur la rive et leurs bouchons respectifs. Après un temps, le pêcheur prit la parole :
- Je peux faire quelque chose pour toi mon grand ? - Votre commande, répondit le minotaure en revenant à l'homme. Je vous l'apporte.
Toutefois, peu intéressé, Doebroksh continuait à observer la surface calme de l'étang à côté duquel était installé le pêcheur.
- Tu taquines le poisson de temps en temps ? - Cela m'arrive. Ça ou d'autres animaux. - Tu m'en diras tant.
Pointant le carré d'herbe à côté de lui, il invita le rôdeur à s'asseoir.
- Surveille cette ligne et raconte moi donc ça. Si tu as un peu de temps bien sûr.
Après une brève hésitation, Doebroksh s'installa. Il avait toujours le temps pour paresser au bord de l'eau.
- Vous raconter, répéta-t-il. Je pourrais vous parler de l'asticot qui est venu menacer mes terres...
Jeux duralassiens : saut d'obstacles:
Au départ de la course, l'hybride massif s'élança. Chacun de ses pas pesants faisait trembler le sol tandis que ses sabots arrachaient des mottes de terre. Malgré sa force, il restait pataud. Lourdaud. Lent. Ses concurrents prirent quelques foulées d'avance jusqu'au premier obstacle... où il les rattrapa. Qu'est-ce qu'une malheureuse barrière de bois face à une tonne de minotaure chargeant à toute vitesse ? Projetant des échardes de bois dans toutes les directions, Doebroksh passa à travers les obstacles comme s'il ne s'agissait que de papier, prenant même un pas d'avance sur les autres athlètes. Jusqu'à la ligne droite finale où, privé de cet avantage improbable, il se vit perdre cette avance discutablement acquise, dépassé par ses adversaires plus agiles.
Duralathon:
Marcher et fouler le sable chaud des sabots n'était pas désagréable, en revanche pour marcher vite c'était une toute autre histoire. Courir ? Hors de question. Le minotaure n'allait pas cavaler durant une demi-journée pour s'épuiser à la tâche. Il s'agissait peut-être de l'objectif de l'épreuve, mais au vu de sa carrure il n'avait pas la moindre chance de triompher des elfes ou nagas participant également, bien plus à l'aise dans ce genre de conditions.
Jusqu'à ce qu'il ne remarque les acclamations dont on le gratifiait en approchant du village-arrivée. Comment ça se trouvait-il dans les tout premiers participants ? Il s'était laisser distancer dès le départ et n'avait fait qu'une poignée de kilomètres le long de la plage ! A moins que... non... impossible... même dans un environnement méconnu, un rôdeur ne s'égarait jamais !
Quoi qu'il en soit et quelque soit l'origine de son avance, il s'ébroua avant d'accélérer la cadence.
Triathlon olympique : marche:
Cela faisait un bon moment de le minotaure avait cessé de galoper. Courir le temps d'une charge était tout à fait dans ses compétences. Il était même redoutable au sprint et impossible à arrêter. Mais cavaler ainsi sur des distances aussi aberrantes... ce n'était pas une activité de bovins. Il y avait les chars à lapins pour cela, si l'on souhaitait traverser rapidement les plaines. Tant et si bien que la course s'était bien vite muée en simple marche, lente certes mais régulière et certaines d'atteindre l'objectif. Il ferait mieux aux épreuves suivantes. Au défi de l'endurance, ce n'était pas toujours la vitesse qui permettait de triompher. Or il se savait capable de marcher une semaine entière sans s'arrêter manger ou dormir.
Triathlon olympique : natation:
Doebroksh arrêta sa course au bord de l'eau, des vagues venant effleurer ses sabots. Courir avait sévèrement entamé ses réserves, lui qui préférait de loin marcher. Toutefois, là où cette épreuve était assurément catastrophique pour lui nageant aussi bien qu'une enclume, elle était également l'occasion de récupérer des forces. Car il avait anticipé cette épreuve et s'était équipé en conséquences.
Dégainant son respirateur aquatique, l'hybride s'avança dans l'eau jusqu'à la taille. Puis le museau. Il sentit sa fourrure onduler sur son corps au grès des vagues, l'eau salée lui piquant les yeux. Mais il respirait comme à l'air libre. Son appareil fonctionnait toujours. Aussi entama-t-il laborieusement l'épreuve : en marchant au fond de l'eau, le parcours n'étant pas assez profond pour le plonger dans l'obscurité. Aussi, levant le mufle vers la surface, il n'avait qu'à suivre les nageurs plus rapides que lui pour s'orienter.
L'objectif n'était pas de gagner mais de participer. Et puis, sait-on jamais, peut-être l'épreuve volante lui serait plus favorable. L'on avait le droit de rêver.
Triathlon olylmpique : vol:
Dégoulinant et en retard, Doebroksh sorti de l'eau et remisa son respirateur. Il venait de marcher au fond de l'eau et voir défiler tout les autres athlètes au-dessus de lieu, le distançant les uns après les autres.
- Une épreuve... volante ? articula-t-il.
Il ne devait pas avoir été attentif à la présentation du défi. Ce n'était pas possible. Jamais il ne se serait engagé dans pareille aventure.
Autour de lui, les autres retardataires étendaient leurs ailes lorsqu'ils en étaient dotés. Sifflaient leurs montures volantes s'ils en possédaient. Sautaient dans des engins douteux dont les propriétaires leur faisaient signe. Ici un sac à dos volant, là un genre de barque avec des ailes, ici un ballon-montgolfière où justement un gnome lui faisait signe.
- Non, répondit-il simplement avant de tourner les sabots. Les bovins volent pas.
Ce n'était pas pour rien qu'existait l'expression "plancher des vaches".
Surveiller les gnomes:
- Comment ça depuis un an personne a été contrôler les terriers gnomes ? s'étonna le minotaure. C'est une farce j'espère ?
Penaud, le milicien interrogé détourna le regard, préférant le silence à une réponse négative. Avec un maugrément, Doebroksh se détourna. S'il y avait eut négligence, autant se rendre lui-même sur place pour constater le problème et, si possible, le régler.
Peu de temps plus tard, en périphérie Ouest de Kastalinn, il se présenta devant la colline jouxtant la ville. Comme il s'y attendait, celle-ci était plus trouée qu'un gruyère des Baldors et déjà plusieurs tête grimaçante émergeaient pour l'accueillir. Un gnome plus téméraire qu'un autre accourut même, piaillant et agitant ses petits bras... avant de rebondir contre le sabot massif de l'hybride et tomber sur son arrière-train.
Passablement agacé, Doebroksh inspira profondément. Puis lâcha un beuglement de colère assourdissant. L'effet fut immédiat : toute une ribambelle de petit êtres prit ses jambes à son cou en direction des plaines. Les plus futés ou téméraires se replièrent dans les terriers. Pour ceux là, un mage manipulant l'eau pourrait les forcer à sortir. Néanmoins, pas question de les laisser proliférer ainsi et provoquer des effondrements aux abords de la ville. Il reviendrait.
Patrouiller ou jouer à la balle:
Le minotaure serra l'objet dans sa robuste paluche. Bien que couturée de cicatrices suite à sa blessure, il détenait toujours une force conséquente au creux de sa paume. Rond. Pesant. Et pourtant malléable. Un pouvoir unique détenu par cet objet...
Avec un rugissement venu du fond des tripes, l'hybride s'arc-bouta et jeta cet objet au loin. Il vola à travers la pleine, passant largement au-dessus des herbes hautes de la prairie et des quelques rochers gisant là, témoignages silencieux des guerres des géants. Puis, après un instant, retomba se perdre dans le pâturage.
Un grondement sourd fit alors trembler la plaine. Une série de secousses comme une masse furieuse fusait sur l'impact au sol, projetant des mottes de terres en toute directions. Puis l'instant suivant rebroussait chemin, revenant au minotaure attendant calmement, stoïque face au puissant béhémoth le chargeant. Béhémoth qui s'immobilisa à moins d'un pas de Doebroksh, l'élan de sa masse soufflant sa fourrure en arrière. Pourtant, il ne broncha pas, immobile.
La créature renifla devant lui quelques instants, un râle profond en guise de respiration. Puis l'hybride tendit un bras, calmement.
- Tsodi. Donne.
L'intéressé leva la gueule et, maladroitement, laissa tomber dans la paluche du minotaure la balle de cuir lestée, désormais dégoulinante de bave. Mais l'ayani n'en avait cure.
- C'est bien mon grand, déclara-t-il à sa monture avant de faire quelques pas de côté.
Prenant un peu d'élan, il jeta à nouveau la balle aussi loin qu'il put. Ce n'est qu'après l'impact que le béhémoth s'élança la chercher, doté d'une mauvaise vue qui justifia le pas de côté prudent du Moj'Hauk. Tout massif qu'il soit et Tsodi dénué de mauvaises intention, il valait mieux être prudent.
Quelle curieuse façon de tuer le temps avec un mastodonte pareil. Mieux valait que la Jarl n'apprenne pas qu'ils jouaient ainsi à la balle durant leurs patrouilles. Toutefois, voir crapahuter ainsi un créature haute de plus de trois mètres, bâtard improbable d'un rhinocéros et d'un reptile monstrueux, avait de quoi faire réfléchir à deux fois avant de causer du tracas dans la région.
Slots RP utilisés 1/4 Errances (pause) Slot initiatique dispo - Auberge nordique (mp ou discord)
Doebroksh s'exprime en #ff9999 Nyssa s'exprime en #62fff1
Pourfendeur de Skarniens (Event)
Chasseur de poules (Event)
Jack'o'Piñata (Event)
Héros de l'Est (Event)
Hommage de FrörHeim (Event)
Rival des Acolytes de la Convergence (Event)
Sculpteur de citrouilles (Event)
Sculpteur fidèle (Event)
Soldat de la Milice (Faction)
Adaptation (Spécialisation)
Chasseur invétéré (Artefact)
Voyageur de la Caverne Mystérieuse (Quête)
Votre rôdeur préféré (Event 10 ans)
Sujet: Re: Anecdotes de la vachette Lun 18 Nov 2024 - 17:33
RP Métier VII
Comment marche une pierre de saut:
- C'est donc ainsi que tu es revenu si vite du bout du monde, s'amusa Eretor en examinant la pierre que lui avait tendu le rôdeur.
Pas plus grande qu'un galet et tout aussi lisse, deux runes étaient gravées sur les faces opposées de l'objet arcanique.
- Dans la cité des changeurs de peaux, reprit le minotaure, il y avait une pierre levée avec ce même symbole. Comme me l'ont expliqué les Dharitris, en gardant ce galet levé en contact avec le glyphe, la stèle et ma pierre ont commencé à briller et chauffer. L'instant suivant, Nyssa et moi étions au beau milieu des dunes d'Harena. Devant une autre stèle portant l'autre glyphe. J'ai mit trois jours à retrouver une voie commerciale et une caravane où nous déshydrater... - Outch... je ne pense pas que c'est ce qu'imaginaient les Wystériens en te confiant cet artefact... - Non en effet. - C'est néanmoins intriguant. En retournant à cette stèle, tu pourrais te téléporter sur l'île. Aussi simplement.
Levant l'outre d'alcool à ses lèvres, le minotaure confirma le résumé du druide Moj'Hauk.
- J'ai déjà vu des stèles et pierres de traverse similaire, révéla finalement le minotaure à crin de jais. Pour voyager d'une extrémité d'Endorial à l'autre, ainsi que dans les marais. Mais j'ignorais qu'une stèle existait à Wystéria, où je n'ai jamais été.
Surprit d'apprendre que son compagnon d'enfance connaisse ce genre d'artefact, Doebroksh garda le silence comme le druide réfléchissait.
- Si je t'aide à ne plus atterrir dans le désert, m'emmèneras-tu sur l'île avec cette pierre de traverse ? - Je... elle permet de faire voyager plus d'une personne ? - Tu as bien fait ton premier saut avec ta fée non ?
La réalisation choqua le minotaure qui réalisa brusquement qu'Eretor disait vrai. A l'aide d'une seule pierre, ils avaient été deux à revenir sur le continent. Les Wystériens lui avaient littéralement offert de quoi envahir leur île s'il le souhaitait, ce qui le gonfla de fierté et de trouble au vu de la confiance que lui avaient fait les changeurs de peau.
- Viens avec moi, déclara le druide. J'ai une petite idée sur comment rendre tes trajets plus pratiques. Si j'ai raison, nous serons vite à cette ville des changeurs et tu pourras de nouveau traquer tes lézards volants.
Elever des wyvernes ?:
Doebroksh s'immobilisa, fermant les yeux et portant la main à son front. Se forçant à respirer doucement, il attendit que son vertige passe. C'était maintenant la quatrième fois qu'il se téléportait à travers le continent pour rejoindre l'île sauvage. Pourtant, la sensation était toujours aussi désagréable. Sans parler de la chaleur soudaine et l'humidité moite le prenant brusquement à la gorge.
Lorsqu'il rouvrit les yeux, se fut pour découvrir une demi-dizaine d'homme-félins en forme hybride, arborant une fourrure noire, tachetée ou tigrée, le dévisageant avec étonnement. Ce qui n'avait rien de surprenant. Après tout, les Dharitris n'avaient plus vu qui que se soit utiliser l'enchantement de la pierre levée de leur village pour bondir à travers les kilomètres en un instant.
- Vous allez bien ? interrogea une femelle en approchant, inquiète. - Qui es-tu ? le questionna un autre, portant la patte au cimeterre pendu à sa hanche. Je te connais pas. Commwent tu as fait pour... - Fishez lui la paix, intervint toutefois une autre thériantrope tigrée en approchant, sa voix rauque en faisant sursauter plus d'un. Ch'est un amwi des Dharitris. Retournez à vos affaires.
Main dans le dos et légèrement voutée en avant, la nouvelle venue leva le museau vers l'hybride, plissant ses yeux aux pupilles fendues. Machinalement, la queue velue dans son dos s'enroula autour de ses chevilles nue.
- Doebokssch. Que nous vaut le plaizsir de ta vizsite ? - Vénérable, salua-t-il en inclinant la tête.
Levant un doigt, il fit signe de patienter. Puis, son interlocutrice comme les témoins de la scène patientant, le minotaure s'escrima plusieurs minutes à défaire sa cuirasse. Lorsqu'enfin débarrassé, il soupira d'aise.
- Mieux. Il fait pas aussi chaud qu'ici là d'où j'arrive. - Meow.
S'étirant, plus vêtu de son seul pagne et sa fourrure gris et noire, Doebroksh reprit :
- Je viens récolter une plante, expliqua-t-il. Une fleur. Un alchimiste du continent m'a expliqué qu'elle est nécessaire à ses potions. Qu'il paierait un bon prix quiconque lui en rapporterait. - Je vois. C'est donc l'argent qui justifie ta venue. - Oui. Ça et si je le peux, retourner pister des lézards géants.
A cela, la thérianthrope tigrée eut un rictus.
- Tu rizsques d'avoir de la concurenzse, minotaure. Dans les mweois à venir en tout cas. - Comment ça ? - Mwearzin que tu vois là a trouvé un autre nid de wyverne. Zses occupants n'étaient pas là. Il en a profité pour szaparder un œuf qui a éclot le lendemweain.
Surpris, l'hybride se tourna vers l'intéressé. Toujours patte sur son cimeterre sans le quitter des yeux, il bomba le torse.
- Juzsqu'à prézsent le petit est dozscile. Est j'ezspère qu'il le rezstera.
Jetant un oeil lourd de sous-entendu, elle revint à l'hybride.
- Mais z'il parvient à l'élever correctemwent, zsela pourrait nous offrir une proteczsion originale contre les attaques de zses prédateurs. - En effet.
Encore fallait-il que l'animal atteigne l'age adulte sans ses faire tuer ou ne se rebelle contre son maître. Néanmoins, il garda ces pensées pour lui.
Controler les wyvernes:
Écartant une fougère géante retombant devant lui, l'hybride leva le museau, attentif à la hauteur des troncs. En raison de la chaleur ambiante à Wystéria, il ne portait que son pagne et ses armes, ce que beaucoup auraient qualifié de suicidaire. Y compris les autochtones. Mais traquer des traces de wyvernes sur l'écorce des arbres sans protections n'effrayait pas le minotaure. Pas dans cette vallée de l'île du moins. Des semaines de traques et d'errances lui avaient apprit qu'ici seuls des spécimens juvéniles se terraient. En grandissant, ils volaient revendiquer un nouveau territoire de chasse sur la côte, dans les hauteurs ou près des villages. Ici, il ne trouverait que des wyvernes adolescentes, à l'envergure assez limitée pour évoluer entre les arbres. Et à la puissance de morsure bien moins fatale.
Avisant un mouvement, Doebroksh se saisi de son arc, l'autre main déjà levée vers son carquois. Toutefois ce n'était qu'un simple lémurien sautant de branches en branches, s'imaginant discret. Pour cette fois. Se re-détendant mais restant alerte, le rôdeur reprit sa traque.
Des néophytes mal informés auraient put lui demander ce qu'il venait fiche là. Traquer des spécimens juvéniles, peu menaçant donc, avant même leur maturité sexuelle qui les conduirait à quitter cette vallée. Il aurait même put être qualifié de lâche, s'en prenant à des jeunes plutôt que des adultes, bien plus redoutables et aptes à se défendre. A cela il aurait simplement répondu qu'il était missionné par une tribu de changeurs de peau locale pour ce travail. Il aurait également répondu qu'il ne chassait pas pour la nourriture, par plaisir ou n'importe quelle wyverne. Il aurait répondu qu'il cherchait les femelles, identifiables par leur coloration violacée au niveau du cou à cet âge, afin de les abattre. Afin de limiter la capacité de reproduction de l'espèce. Afin de contrôler la population de ces prédateurs sur l'île. Afin de maintenir sa diversité. S'il avait répondu, pour être franc. Il est probable que le minotaure aurait simplement grogné et ignoré tout impertinent remettant sa tâche en question...
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Doebroksh s'exprime en #ff9999 Nyssa s'exprime en #62fff1