Tandis que les membres du groupe reçurent chacun un présent de la part du mystérieux ancien, Elijah obtint une chose qu’il considéra rapidement comme bien plus précieuse et fut d’autant plus reconnaissant envers le Vénérable ancien d’avoir réparé les runes de son anneau. À la suite de cela, le quatuor décida de quitter le vieil homme afin de retourner sur leurs pas maintenant qu’ils avaient obtenu ce qu’ils désiraient de ce dernier.  

Concernant l’enfant du Nord, il décida de rester un moment dans les alentours de la grotte au sein même de la forêt. Une vieille cabane qui tenait à peine debout était présente dans les traces écrites d’Elrund, un endroit qui était loin d’être accueillant pour de nombreuses raisons, mais son isolement par rapport au reste de l’île tout en étant à une distance acceptable du principal village de Wystéria le rendait parfait pour le guerrier.  

En effet, ce dernier avait reçu de la part d’un fragment d’âme d’Elrund logé au sein de l’anneau : la sagesse. Plus précisément, un amalgame de toute la connaissance importante acquise par l’homme jusqu’à l’insufflation du morceau dans la bague. Le jeune brunet qui n’avait jusqu’alors qu'une conception purement pratique de sa magie avec des tests par-ci, par-là possédait désormais la connaissance théorique pour comprendre l’origine de sa magie, mais aussi la faculté de lecture des différents sigles, cercles, dialectes et autres incompréhensions présentes dans son journal.  

Ainsi, l’épéiste décida d’y séjourner pendant un temps afin de se recentrer sur lui-même et travaillait ses compétences et sa compréhension de son aptitude magique à l’aide des connaissances nouvellement acquises. Après tout, bien qu’il fût désormais en possession du savoir concernant sa magie, ce n’était pas pour autant qu’il en avait une compréhension parfaite.  

Pendant un temps, la routine d’Elijah consistait en un réveil à l’aube afin d’étirer son corps pour commencer un entraînement physique à base d’exercices musculaires et cardiovasculaires pour enchaîner directement avec une pratique des arts du combat à mains nues ainsi qu’à l’épée. L’objectif était simple : renforcer son physique et aiguiser ses compétences martiales, la fondation de l’épéiste. À la suite de cela, il profitait du cours d’eau pour se laver et récupérer de l’eau avant de visiter les différents collets et pièges qu’il avait éparpillés soigneusement pour obtenir ses prochains repas. Elyna, sa mère, était ce qu’on pourrait nommer une “enfant de la forêt” et avait évidemment partagé toute son expérience au travers de l’éducation qu’elle avait offerte à ses enfants. Si un Arturson se retrouvait au fin fond d’une forêt, il s’y sentirait aisément comme chez lui et pourrait y vivre sans aucune forme de difficulté. En tout cas, s'il s'agissait d'une forêt habituelle, mais ici il était question de Wystéria. Les créatures étaient bien différentes et Elijah se retrouva à plusieurs reprises avec un surplus de viande fraîche.  

Après avoir vérifié ses pièges et récupéré de quoi se sustenter, l’ermite rentrait afin de préparer son repas et sécher le reste de viande avant de se nourrir d’une bonne portion de viande accompagnée de légumes achetés au village. L’après-midi se concentrait sur la lecture des textes magiques et autres gribouillages runiques inscrits dans le journal du demi-elfe avant de mettre en pratique ce qu’il en comprenait que ce soit par le combat ou par l’écriture. Dans ses différents essais, le corrompu acheta une dague et y inscrivit quelques runes à l’aide de son sang avant d’y insuffler sa magie et de s’en servir en la jetant sur un animal lors d’une chasse, l’effet ? Cela permettait à l’enfant du Nord d’appliquer une marque sur la bête afin de lui extraire sa vitalité par simple désir. Il tenta aussi de manipuler l’énergie dévorante de différentes manières en lui attribuant différentes formes et tailles, une petite note concernant l’énergie fortement condensée qui transperça un arbre et le siphonna tellement qu’il finit par se briser et s’effondra sur une partie de la cabane...  

Lorsque le guerrier se sentit bien plus à l’aise avec les connaissances qu’il avait acquis, il décida qu’il était temps de reprendre son périple et se rendit à Guillaëd afin d’obtenir tout ce dont il avait besoin comme matériel et vivre pour son trajet retour... ainsi que des informations pour le chemin retour. En effet, l’aller fût entrepris avec le bateau d’une amie à lui, mais ils ne s’étaient pas entretenus sur une date précise de retour. Elijah acheta des vivres pour plusieurs jours ainsi qu'une pelle, une carte approximative du coin, une boussole, quelques couteaux de lancer qui accompagneraient sa nouvelle dague et des informations concernant un port de fortune présent au nord-est de l’île.  

Le jeune homme quitta ainsi le village afin de se rendre dans un coin bien précis de la forêt à l’aide de carte et vérifia à plusieurs reprises l’emplacement en le comparant avec la carte et le croquis du journal d’Elrund. Lorsqu’il fut sûr de lui, il déposa tout son matériel non loin et commença à creuser. Le demi-elfe était très motivé concernant son envie que personne ne le trouve par hasard, car l’enfant du Nord a dû creuser pendant plus d’une heure et demie avant d’atteindre son objectif. Une vieille boîte en bois avec pour contenant des morceaux de pierre noire et un second journal. Comme indiqué dans le premier, il déposa le second sur celui-ci et... ce second se dissout sous ses yeux, ce qui lui fit dire :    

“C’est vraiment fou la magie n’empêche ?” en regardant dans le vide. Un comportement qu’il avait reproduit à plusieurs reprises ces derniers temps sans véritablement trouver d’autres justifications qu’une certaine solitude.  

Le second journal n’avait pas disparu, mais avait fusionné avec le premier permettant à l’épéiste de découvrir de nouveaux textes d’Elrund avec de nouveaux symboles et autres textes magiques qui s’accompagnaient d’un récit du voyage du premier porteur d’anneau. Il reboucha le trou qu’il avait fait – une activité bien plus rapide que l’inverse - avant d’entendre une voix... cette voix semblait le nommer sans qu’il reconnaisse cette dernière du fait de la distance et du vent fort.

L’humidité de Guillaëd m'enveloppe alors que je traverse les rues pavées de la ville. Les bruits d'une vie animée s'estompent derrière moi à mesure que je m’éloigne, m'apprêtant à entrer dans la Mazonie. Mon armure lourde, quoique pesante, est devenue comme une seconde peau au fil des ans. Elle brille sous le soleil impitoyable de Wystéria, ornée des symboles de mon clan, la fierté des Probotyres. À ma ceinture, mes fidèles marteaux de guerre pendouillent, prêts à être utilisés si la situation l’exige.

L’air est épais et saturé d’une chaleur étouffante. Pourtant, je n’éprouve aucune crainte. Au contraire, une douce excitation me traverse, comme avant chaque nouvelle rencontre. Je sais que cette forêt renferme des merveilles aussi anciennes que le monde lui-même, et c’est précisément ce qui m’a attirée ici aujourd’hui. Le souvenir de mon premier golem, un protecteur vigilant que j’ai laissé surveiller mon village, me donne de l’espoir. « Oh, si je pouvais en apprivoiser un autre ici, ce serait une bénédiction pour notre clan. »

Mes pensées se tournent vers ces étranges Golems Asstèks dont on parle dans les légendes locales. Des géants de pierre et de tissus, qui dansent au rythme d’une musique perdue depuis des millénaires. Leur élégance contraste si fortement avec leur nature imposante que je ne peux m’empêcher de sourire. « Dansez, chers Golems, dansez pour moi. Si vous acceptez ma compagnie, je vous montrerai un nouveau foyer, loin de cette forêt. Vous serez appréciés et protégés. »

La route vers la Mazonie est bordée d'herbes hautes et de plantes tropicales luxuriantes. Une femme que je croise me salue poliment, peut-être surprise de voir une Probotyre en armure lourde se diriger vers cette jungle dangereuse. Je lui rends son salut avec un large sourire bienveillant, ma trompe se balançant légèrement. Les Probotyres ne sont pas nombreux à s’aventurer aussi loin de nos montagnes, mais je suis Dame Ara, après tout, et mon devoir m’appelle au-delà des frontières.

L’hôpital a été une expérience enrichissante. Les gestes médicaux précis, la découverte des plantes locales aux vertus miraculeuses... Je me sens plus prête que jamais à affronter la Mazonie. « Un jour, peut-être, j'introduirai ces savoirs dans notre village. Qui sait ? Mais pour l'heure, la forêt m'attend. »

En approchant de l’entrée de la jungle, l’air change subtilement. Il devient plus lourd, plus mystérieux. Un vent léger, chargé d’humidité, me caresse la peau. Je ressens les battements de la nature tout autour de moi, un battement qui résonne avec ma propre pulsation. « Je sens vos présences, habitants de la Mazonie. Je viens en amie. Je cherche un protecteur, un danseur de pierre. »

Un grondement lointain résonne, peut-être un orage, peut-être un signe. Je resserre les lanières de mon armure et avance avec précaution, posant mes pieds avec une lenteur calculée. Ici, tout est carnivore, tout peut être prédateur. Je me dois d’être aussi vigilante qu’ouverte à la beauté sauvage.

« Allez, Dame Ara. Il est temps de montrer que même dans la jungle la plus impitoyable, la bienveillance peut triompher. »

Et avec cette pensée réconfortante, je fais mes premiers pas dans l’enfer vert de la Mazonie, prête à affronter l’inconnu.