Jack et Rosy furent tous deux soulagés d’apprendre que la bibliothèque était pourvue d’un système de recherches magiques. Et le regard de Jack se fit plus pétillant lorsqu’Holy évoquait sa promesse. Mais avant cela, Rosy allait découvrir ses appartements pour la nuit. Elle acquiesçait donc sans un léger sourire.

« La chambre Rubis. Ça tombe bien j’aime les pierres précieuses! »

Dit elle avec un petit ton ironique. Puisqu’un Pirate qui n’aimait pas tout ce qui brille n’aurait pas été un pirate. Alors Jack et Rosy suivaient leur hôte dans les méandres des couloirs d’Astre Lune, tournant à gauche, à droite, grimpants des escaliers pour finalement arriver dans le couloir qui les intéressait. S’arrêtant devant la porte, elle laissait Holy l’ouvrir de façon théâtrale, puis entrait dans la chambre les yeux pleins d’étoiles.

« Wow! Cette chambre est magnifique! Y’a même de quoi se pomponner! »

Car Rosy bien qu’elle ne montrait pas trop était plutôt coquette. Jack lui s’appuyant contre le mur près de la porte, bras croisés, arquait un sourcil.

« Oui enfin t’habitues pas trop non plus Rosy. Et puis franchement, comme si t’avais l’habitude de te pomponner… »

Rosy se retournait vers son Capitaine avec un regard assassin. Jack la regarda un instant avant de regarder Holy l’air de dire: qu’est ce que j’ai dit? Mais il n’allait pas tarder à recevoir sa réponse.

« J’ai beau être une pirate au milieu d’un équipage masculin, j’en reste pas moins une femme! J’aime prendre soin de moi quand même! »

Il allait voir! Demain il aurait une surprise! Elle allait l’utiliser cette fameuse sonnette et il verrait que sa seconde peut être plus qu’une pirate, si elle portait une belle robe féminine et qu’elle prenait le temps de prendre soin d’elle! Jack lui, haussait les épaules.

« Ça va pas besoin de t’énerver pour si peu… je disais pas ça méchamment… »

Ahh les femmes et leur caractère… alors pendant que Rosy prenait possession de ses appartements, elle se laissait tomber sur le lit, profitant de la douceur de son matelas, après avoir dévoilé sa belle chevelure de feu une fois son tricorne posé sur une des tables.

« Ahhh ce lit est extrêmement confortable! Viens voir ça Minerva! On dirait qu’on va dormir sur un nuage! »

La petite fée quitta l’épaule de Jack pour aller s’asseoir sur le lit, puis sautilla, puis alla s’étaler sur l’oreiller moelleux en étoile de mer dans un soupire d’aise tout en commençant à parler à Rosy. Elle s’entendaient plutôt bien toutes les deux de manière générale. Même si elles aimaient bien s’envoyer de petites piques constamment, au final elle s’adoraient.

Alors Jack en profitant pour prendre la main d’Holy et avec un petit sourire, lui fit un petit signe de tête pour lui faire signe qu’ils pouvaient s’éclipser jusqu’aux bassins. Il lui avait promis quelque chose et il allait tenir sa promesse. Alors il se laissa guider jusqu’aux bains plutôt que l’inverse car même si au début il faisait mine de le connaître par cœur, Holy verrait vite qu’il faisait totalement semblant. Il lui indiquait un couloir qui ne menait absolument pas là où ils devaient aller avec un aplomb digne des meilleurs acteurs mais si elle le laissait faire, ils se seraient forcément retrouvés à l’opposé de l’endroit où ils se rendaient.

Alors une fois aux bassins, près à aller explorer le fond de ces fameux bains, Jack se tournait dos à Holy en lui disant sur un ton taquin.

« Si son Altesse des Loups veut bien prendre place sur mon dos… ne t’inquiètes pas, je t’ai pas laissé contre les frères loups, je ne te laisserai pas te noyer. Tu ne risque rien… »

Puis Jack la menait alors au bout du bassin, pour y découvrir enfin ce dont elle avait parlé. Un endroit qu’elle connaissait mais n’avait vraisemblablement jamais vu encore et qu’ils découvraient ensembles. Jack s’asseyait donc pour observer le ciel, prêt à récupérer son aimée au creux de ses bras, tant pour la réchauffer que pour profiter de sa présence à nouveau.

"Les quatre chambres dans cette partie de l'aile Est du château portent le nom d'une pierre précieuse, la rubis, la saphir, l'émeraude et la diamant. C'est les plus grandes et les plus luxueuses. Avais-je répondu, amusée par la remarque de la pirate. Mes appartements sont un étage au-dessus, si tu prends cet escalier-là, tu tomberas directement sur la porte de ma chambre, au cas où !" Expliquais-je autant à Rosy qu'à Jack, même si je me doutais qu'il n'imprimerait rien, et qu'il se perdrait bien vite dans le château. À dire vrai, je le trouvais beaucoup trop grands aussi, parfois. Mais à force de me perdre, j'avais fini par comprendre la logique implacable de l'architecture des lieux.

Voir les yeux de la jeune femme pétiller en découvrant la pièce chaleureuse et confortable, me ravit davantage, car je m'étais demandé si une femme de l'océan se sentirait à l'aise, si loin de la mer, dans une chambre aussi grande. J'ai foudroyé Jack du regard, de la même manière que Rosy. "Enfin... Ça se dit pas ça, Jack !" Avais-je répondu en levant les yeux au ciel, la pauvre devait vraiment se coltiner pareil entourage ?
Et puis j'ai souri à Rosy, qui ne se laissa pas démonter pour autant. Une penderie remplie d'étoffes à sa taille trônait fièrement sur un mur de la pièce, elle était accompagnée par un miroir à pied et un paravent pourpre joliment ornementé d'arabesque et de bois gravée.

Tout était prêt afin d'accueillir une gente dame et au signe de tête de Jack, je me suis radouci, m'éclipsant main dans la sienne, laissant Rosy et Minerva discuter entre elles.

Si en premier lieu, j'ai suivi un Jack sûr de lui quant à la direction à prendre, je l'ai rapidement tiré par la main en pouffant, me rendant compte qu'on allait dans la direction opposée des bains. "C'est par là !" Je m'étais simplement exclamée, prenant la tête de la marche. Le chemin m'est apparu beaucoup trop long, de même que le temps qu'il m'a fallu pour retirer les nœuds serrés de mon corsage complexe, puis les rubans qui fermaient ma robe de soie. Mais une fois dans l'eau agréablement chaude du bain creusé dans la roche, j'ai hésité...

Vraiment ? Holy Lorca, la Reine des lycans, l'enfant de la Lune, l'héritière du puissant mage Spelunca, la virtuose... Avait peur de s'avancer dans un bassin dans lequel elle n'avait pas pied ? J'ai jeté un sourire pâle à mon amant, j'avais confiance en lui.

"Les frères loups me terrifient moins que... Ça..." Oui, il était vrai que j'aurais préféré me retrouver face à une armée de frères loups, à cet instant précis, plutôt qu'à devoir affronter les peurs absurdes de mon esprit. J'ai soufflé un bon coup, avant de me cramponner férocement à Jack. Lui répétant malgré moi. "Je vais couler comme une pierre de lune..." Et une créature des profondeurs va essayer de me dévorer... Pensais-je sans le dire, car ce serait alors une idée beaucoup trop absurde à révéler. J'avais fermé les yeux, ne les rouvrant que lorsqu'il me dit qu'on était arrivé.
J'étais époustouflée par la vue, le ciel... Les étoiles... La lune... Brillaient à travers un puits creusé naturellement dans la roche. Jack me déposa sur une berge, au fond de la grotte, baignée par la lumière de la nuit. Sur les murs, étaient dessinées de nouvelles fresques.

"Oooh regarde ! Ici aussi, il y a des fresques..." Il était dessiné des personnages venus d'un autre temps, se réunissant sous les rayons de lune et les brillances des étoiles. Puis, sentant le froid de la nuit sur ma peau, je me suis blotti dans les bras que m'offraient le lycan, contemplant simplement un moment la vue incroyable, en silence. J'aurais observé le ciel des heures durant, sans jamais me lasser. Mais une pensée finit par me traverser l'esprit.


"Rosy n'a pas beaucoup d'opportunités de s'épanouir, au milieu d'un équipage de gros durs puants, tu sais, elle a besoin de pouvoir vivre comme une vraie fille de temps, sinon elle va se transformer en baril de rhum !" Soupirais-je pensive, me remémorant les événements précédant. J'avais beaucoup d'empathie pour la jeune pirate, et la savoir si seule parfois, m'attristait un peu.

Je voyais bien qu’il s’amusait de la situation, mais je n’aimais pas me sentir si faible, si fragile. Lune sur ma tête avait regardé l’eau d’un air triste. Sirène des océans, elle n’aurait pas hésité à sauter dedans, autrefois. Mais ça, c’était avant. Elle avait sauté sur la berge en prenant la forme d’une petite loutre noire, sautillante sous le clair de lune. Si j’avais un instant observé son cirque, elle fini par se calmer, apaisée par l’énergie que nous communiquait Jack.

« Non… J’ai pas coulé. » Avais-je marmonné d’un air bougon, avant de me laisser bercer par les douces caresses venues réchauffer ma peau, parcourut de ces arabesques lunaires éveillées par la nuit, ainsi que mon cœur gonflé d’amour. J’ai même ris, amusée par son indignation. « Je ne parlais pas forcément de toi ! Mais avoue quand même que l’hygiène sur un rafiot reste plutôt précaire et… Secondaire, à croire que l’air marin serait doté de propriétés autonettoyantes ? » M’amusais-je avant d’écouter la suite.

Je perdis de mon sourire, Rosy était une vraie gamine des rues… La vie ne lui avait pas beaucoup sourit jusque-là.

« Elle a eu de la chance de te trouver, Jack ! Et tu pensais ne jamais pouvoir faire le bien, sans moi ? » Répondis-je simplement d’un petit ton taquin, en me blottissant un peu plus contre lui.
« J’aimerais qu’elle sache qu’elle sera toujours la bienvenue à Astre-Lune, que la chambre Rubis l’attendra toujours. J’aimerais faire plus pour elle. Repris-je, afin qu’il comprenne où je voulais en venir. Tu sais, quand je suis arrivée au cirque, il n’y avait qu’Azriel et moi, et c’était très bien mais... Quand Eléonore est arrivée, je me suis rendu compte qu’il y a des choses que seule une présence féminine peut nous apporter. Je veux être une Eléonore pour Rosy. Un peu sa marraine la bonne fée, en quelques sortes ! » Souriais-je un peu émue. J’aimais beaucoup Rosy. Il était difficile de savoir si c’était parce qu’elle était la mordue de Jack, et qu’instinctivement, mon loup voulait la materner. Ou si c’était juste parce qu’elle m’avait fait une bonne impression, dès la première fois que je l’avais vue. Ou peut-être était-ce parce que j’avais vécu expérience similaire à elle, bien que différemment… Peut-être même que c’était tout ça en même temps.

Je me suis tu, observant la lune à travers le puits qui ouvrait la grotte sur le ciel. Le plafond était plutôt haut, et le puits suffisamment grand pour nous dégageait une belle vue, mais pas trop, pour garder cette ambiance de cocon, qui nous enveloppait chaleureusement. Et doucement alors que j’observais ce spectacle, me délectant de chaque seconde, je me souvins du conseil… Et ma peau s’empourpra bien malgré moi.

« Au fait… Pour tout à l’heure pendant le conseil… Heu… Désolé, je n’aurais pas dû dire ça, c’était idiot ! » Si j’avais tenté de me dérober à son étreinte, il ne m’en laisserait certainement pas l’occasion.

« Tu es trop dur avec toi-même, Jack. Avais-je conclu, moi je trouve ça bien ! Tu aurais pu juste passer ton chemin, et décider de ne pas t'encombrer d'une gamine des rues. Mais tu as décidé de la prendre sous ton aile et d'en faire ta seconde. C'est bien. » Une logique implacable, signée Holy, je suivis la suite de ses réponses.

« C'est vrai qu'un lien assez fort peut se former entre un mordu et la personne qui l'a transformé... C'est aussi un travail à faire avec un jeune loup, l'habituer à la distance... Parce qu'en fait, Rosy est un peu en phase de louveteau, tu vois ? Oui c'est un peu bizarre dit comme ça, mais, ça marche comme ça la morsure. D'où le fait que les lycans fraîchement transformés sont imprévisibles et difficilement contrôlables. Mais je ne lui demanderais pas de vivre ici, enfin ! Seulement… Si elle en a marre de devoir supporter... Ça... Dis-je en riant tout en pointant Jack, elle pourra venir passer un petit séjour ici, quand elle veut et on fera des trucs de filles. » Minaudais-je en gloussant, imaginant déjà toutes les robes que je pourrais confectionner pour la jeune femme, voyant de fabuleuses teintes se mariant parfaitement avec sa chevelure de feu...

« Eh bien... Je ne peux pas venir et elle reste ta seconde, c'est plutôt normal qu'elle t'accompagne. C'est comme si je partais au combat sans Lune ! La loutre leva une tête à moitié endormie vers moi, avant de bâiller aux corneilles pour finalement se recoucher, en phase avec l'apaisement qui engourdissait nos corps. Rosy manque encore d'entraînement, et de discipline pour réussir à gérer son énergie, et sa louve, mais je l'ai vue aujourd'hui, c'est une féroce guerrière. Je ne m'inquiète pas trop pour elle, sur ce point, elle est comme toi. Les chats ne font pas des chiens, après tout ! » Riais-je à nouveau, amusée par mon propre trait d'humour.

Et puis alors que nous observions le ciel, les étoiles et la lune, et que mon cœur battait au rythme de ses douces caresses sur ma peau. Il ne me laissa pas m'échapper de son étreinte et, capitulant, j'ai frissonné de plaisir au contact de ses lèvres dans mon cou.

« Alors... Dis-moi à quoi tu penses... Lui répondis-je d'un air taquin en posant mon menton sur son épaule pour lui souffler dans l'oreille. Et peut-être que je le ferais pas ! »

Mais en réalité, l'idée ne m'avait même pas traversé l'esprit. Je n'avais jamais volontairement usé de prescience sur Jack, je m'y suis toujours refusé, car alors j'aurais eu l'impression de briser cette confiance qui nageait entre nous... Et je n'ai jamais ressenti le besoin de le faire. Notre relation était si particulière... Si limpide... J'acceptais les teintes de prune que prit ma peau, les frissons qui me parcouraient sous ses révélations, ainsi que sur la justesse de ses mots, qui traduisaient parfaitement mes propres pensées.

« On n’a pas besoin de magie pour se comprendre de toutes façons, Jack… »

Ses yeux plongés dans les miens, je l'ai regardé un moment sans rien dire, savourant simplement toutes ses émotions qui me réchauffait le cœur. Puis lorsqu'il brisa la faible distance qui nous séparait encore, que ses lèvres, doucement, vinrent effleurer les miennes, j'ai soupiré d'aise, comme si depuis tout ce temps, j'avais été en apnée. J'ai laissé les étincelles rouler sur ma peau de lune avant qu'elles ne partent s'évaporer sur la roche. Formant par-dessus les arabesques lunaires de petits éclats plus sombres qui disparaissaient au bout de quelques secondes.

Je lui ai rendu son baiser, faisant à présent courir mes doigts sur sa peau halée par les longues heures passées sur le pont de son navire. L'instant était si parfait qu'il sembla s'étendre jusqu'au cœur de la nuit. Comme un accord silencieusement signé. Puis je me suis un peu reculée, mes prunelles toujours fixées dans ses yeux noisette. J’ai pris ses mains dans les miennes.

« Tu sais que ce n’est pas un geste anodin. Que c’est important pour moi. Même si c'est une vieille coutume, qui ne se fait presque plus aujourd'hui mais, je suis de la vieille école moi… J’apprécie que tu le comprennes… Et c’est sûrement pour ça que j’ai encore plus envie de partager ce moment avec toi. Il y a... Ces mots un peu nuls à prononcer...
Témoins de leur amour, au cœur de la nuit les as retrouvées…
Baignés par sa lumière argentée, les loups enlacés…
Liant sous la Mère-Lune, les amants pour l'éternité. »

Finalement, je me suis sentis un peu stupide de réciter de vieux ver venus d’anciennes croyances. Alors que ma peau de lune semblait luire de plus belle sous les lumières de l’astre argenté. Les mots ne servaient plus à rien à cet instant. J’ai abandonné ses mains, pour amener les miennes sur ses joues, ramenant son visage près du mien pour pouvoir déposer mes lèvres sur les siennes, je me fichais bien à présent du rituel et de la lune, c’est lui que je voulais, tout entier.
L’astre seul serait témoins des douces étreintes de nos corps en cette nuit claire, dans le cocon protecteur de la grotte des bains. Et si c’était dans les bras l’un de l’autre que tout aurait commencé, ce serait dans les bras l’un de l’autre que tout finirait.

« Je devrais venir avec vous... Avais-je répondu avec entêtement. S'il vous arrivez quelque chose à Rosy ou a toi... A cause de moi... Jamais je ne me le pardonnerais... »


Cette nuit-là était parfaite, la Lune couvait nos deux corps enlacés de sa douce bienveillance, et au-delà du voile entre le monde des dieux et celui des mortels, je pouvais sentir son approbation. Une sorte d’énergie mystique qui me réchauffait le cœur, tandis que je somnolais tendrement dans les bras de mon aimé.
Là, sous les étoiles visibles à travers le puits de lumière, nous offrant une vue époustouflante sur la voûte céleste. Nous nous sommes liés pour toujours.
J’ai pris sa main dans la mienne, jouant avec ses doigts et les crépitements sombres qui glissaient sur ma peau d’albâtre, pensive, heureuse.

« Tu crois que ce conte pour enfant peut être vrai ? Plus j’y repense et plus je me dis que ce serait chouette, après tout, c’est la Lune qui a provoqué notre rencontre, et maintenant, elle approuve notre union… J’aime bien cette idée… Mon champion. » Avais-je murmuré d’un ton endormi.

Et puis je me suis recalée confortablement contre lui, baillant aux corneilles la journée a été longue, et la nuit aussi. Les brillances colorées flottaient tranquillement dans la grotte, éclairant ses parois, et la surface de l’eau chaude qui ondulait doucement juste à côté.

Et j’ai souri, bien sûr que je lui faisais confiance. Il reviendrait et serait victorieux de cette quête qu’il devait mener seul.

Et j’ai ri. Il ne comprenait rien à ce conte dont il n’avait pas écouté la moitié. Je m’en fichais, car son incompréhension le rendait plutôt adorable. Mais il avait raison, je commençais à m’endormir, et mes couvertures de laines et de cotons me firent tout à coup grand envie.

« Bien sûr, allons-nous coucher… » Marmonnais-je en le laissant m’amener de l’autre côté du bassin. Nous nous sommes rhabillées et je l’ai mené un peu hébétée à travers les longs couloirs du château. Je les connaissais par cœur, et j’aurais pu retrouver ma tour les yeux fermés. Arrivés en haut des marches, la porte sculptée d’un croissant de lune bleuté ouverte. Ce fut un vrai petit paradis qui se trouvait tout devant nous.

La pièce ronde épousait la forme de la tour, le plafond haut représentait la voûte céleste et s’adaptait magiquement au ciel réel qui se trouvait dehors, les fenêtres étaient recouvertes de rideaux étoilés, le lit à baldaquin immense, était presque invisible sous toutes les couvertures et coussins qui le recouvraient. Une tanière fabuleuse et confortable. Les meubles étaient recouverts de livres ou d’instruments de musique, un petit salon fantastique entourait l’âtre d’une cheminée sculpté dans la roche.
Et le sommeil ne mit pas longtemps à m’emporter, alors que j’avais invité mon amant à se coucher tout près de moi, et que je me suis blottie dans ses bras.