Marania glisse gracieusement à travers les ruelles animées d'Ishtar, sa queue de murène dessinant des arabesques sur le pavé usé. Les habitants de la ville portuaire la regardent avec une curiosité mêlée de méfiance, certains murmurant sur son passage. Vêtue d'une longue robe émeraude qui scintille sous les rayons du soleil couchant, la diva ne passe pas inaperçue. La robe, confectionnée à partir de soie des mers profondes, est parsemée de perles iridescentes qui rappellent les trésors enfouis sous les vagues. Sa peau bleue d’écailles étincelle légèrement, accentuée par les reflets de ses bijoux en argent et en corail blanc.

Son visage est orné d'un masque délicat, ciselé en forme de coquillage, laissant entrevoir ses yeux perçants d'un rouge profond. Ses cheveux, longs et d'un noir d'encre, sont tressés avec des fils d'or et de petites perles marines, tombant en cascade jusqu'à la base de son dos. À ses poignets, des bracelets en argent tintent à chaque mouvement, et elle porte autour du cou un collier de corail rouge, orné d'un pendentif en forme de sirène, symbole de sa fierté abyssale.

En main, Marania tient le Carillon Sitlantéen, un bâton élégant fait de bois pétrifié et d'orichalque, surmonté d'une sphère de cristal d'eau enchantée. À chaque glissement, le carillon émet une douce mélodie, un son éthéré rappelant le murmure des profondeurs océaniques. C’est avec cette arme, qu’elle manie comme un maestro dirige une symphonie, qu’elle canalise sa magie aquatique, capable de manipuler l'eau et d'enchanter par sa voix.

Arrivée devant "La Digue du Fût", la célèbre taverne d'Ishtar, la chanteuse inspire profondément, savourant l'air salin chargé de l'odeur de la mer et des épices. Elle jette un regard à ses suivants abyssaux, trois figures imposantes habillées de tenues de cérémonie, portant les cadeaux diplomatiques, des coffres d'or et de perles, soigneusement enveloppés de tissus luxueux. Ils s'inclinent respectueusement, et Marania pénètre dans l'établissement, l’atmosphère intérieure se chargeant instantanément de l’aura de sa présence.

L'intérieur de la taverne est chaleureux et bruyant, rempli de pirates et de marins discutant, buvant et riant. La cantatrice se dirige d'une mouvance assurée vers une table au centre de la salle, réservée pour elle. Elle s'installe, ses suivants prenant place derrière elle, et le barde présent dans la taverne cesse de jouer, observant la scène avec une curiosité admirative.

D'une voix douce mais autoritaire, elle s'adresse au tenancier : "Faites savoir à Jack le Jolicoeur que Marania de Sitlantà est ici pour le rencontrer. Qu’il vienne donc à moi, car j'ai des paroles et des cadeaux à échanger, ainsi que des souvenirs à évoquer." Ses paroles, bien que calmes, portent une note de commandement indéniable, et la rumeur se répand rapidement parmi les clients.

Alors qu'elle attend, l’Abyssale se penche légèrement en arrière, observant la foule. Elle sourit, amusée par les regards intrigués. Sa suite, en guise de divertissement et de démonstration de leur art, commence à jouer une mélodie aquatique, une chanson des Abyssaux, remplie de mélancolie et de beauté. Les notes fluides se répandent dans l'air, captivant l'auditoire. Marania ferme les yeux, se laissant bercer par la musique, un sourire satisfait aux lèvres. Elle sait que l'attente de Jack ne sera pas longue ; après tout, qui pourrait résister à l'appel de la mer personnifiée, vêtue de soie et d’écailles, apportant des trésors et des promesses d'alliances ?

Marania observe la taverne plongée dans un silence inhabituel après que ses musiciens aient cessé de jouer sur son ordre. Elle aime sentir l’impact de sa volonté sur l’atmosphère, la façon dont chaque être dans la salle semble suspendu à son moindre geste. Le Carillon de Sitlantà, qu’elle tient fermement dans sa main, capte la faible lumière des chandelles, projetant des reflets mystiques sur les murs de bois usé. Elle sourit, un sourire qui mélange amusement et anticipation, savourant ce moment de tension avant l’entrée de Jack.

Lorsque la porte s’ouvre brusquement, révélant la silhouette charismatique de Jack le Jolicoeur, la cantatrice ne peut réprimer un éclat de rire. Elle apprécie la vivacité de l’homme, cette manière qu’il a de transformer chaque entrée en scène en un acte théâtral. En riant, elle fait tinter son Carillon, un son cristallin qui résonne dans la pièce, coupant le silence comme une lame. Un simple signe de sa main délicatement manucurée, et sa suite reprend le concerto, une musique fluide et envoûtante qui semble répondre à l’appel de l’océan.

Marania observe Jack avec un regard pétillant alors qu’il se dirige vers le comptoir. Sa démarche est assurée, celle d’un homme qui connaît son territoire, mais l’aquamancienne sait que même les plus confiants peuvent être surpris. Elle l’écoute commander ses habituels fruits de mer et une bouteille de rhum, se délectant déjà du jeu de mots et de sous-entendus qui vont bientôt s’engager entre eux.

Lorsqu’il s’approche enfin de sa table, Marania incline légèrement la tête, ses yeux rouge brillant d’un éclat malicieux. Sa robe émeraude épouse parfaitement les courbes de son corps serpentiforme, et les perles incrustées dans le tissu captent chaque mouvement, scintillant dans la lumière tamisée de la taverne. Elle croise les mains sur le Carillon, le tenant comme un sceptre, prête à recevoir Jack avec une dignité royale.

« Ah, Jack, vous avez toujours le mot juste pour me flatter, » commence-t-elle, sa voix douce et envoûtante, teintée d’une légère moquerie. « Une divinité des océans, dites-vous ? Si je le suis, alors vous êtes bien audacieux de me revoir sur ces rivages humains. » Elle laisse échapper un petit rire, avant de reprendre avec un ton plus sérieux, mais tout aussi charmant. « Oui, je désirais vous rencontrer, mais avant tout, je voulais vous féliciter. Quelle belle prise… Je veux dire, quelle magnifique opération vous avez menée ici à Ishtar. Vos talents de stratège sont à la hauteur de votre réputation, et il semblerait que cette ville soit entre de bonnes mains. »

Elle marque une pause, savourant chaque mot qu’elle prononce. « Quant à moi, je me porte à merveille, bien que Sitlantà soit encore enveloppée dans les affres de la guerre. Mais chaque tempête a une fin, n’est-ce pas ? » la diva laisse échapper un soupir dramatique, ses doigts effleurant doucement le cristal du Carillon. « Parlons de vous, cher Jack. Que va devenir votre commerce maintenant que vous êtes à la tête de cette cité ? Les affaires doivent prospérer, j’imagine. Et… » Elle incline légèrement la tête, comme si elle se plongeait dans ses pensées. « Dites-moi, votre cœur est-il toujours tourné vers cette fameuse Holy ? Les rumeurs circulent, vous savez. Il se murmure qu’elle est devenue reine… Un titre prestigieux, mais le temps nous dira s’il est fait pour durer. »

Au moment où le tavernier arrive avec le plateau de fruits de mer et le rhum, Marania ne peut s’empêcher de sourire en voyant la sélection. « Ah, ils n’ont rien oublié, semble-t-il, » murmure-t-elle, ravie de voir que les coquillages et crustacés sont les mêmes que ceux qu’ils avaient partagés lors de leur première soirée ensemble.

D’un geste élégant, elle se tourne vers l’un de ses suivants et fait un signe discret. L’homme s’approche rapidement, portant un paquet bleu soigneusement emballé. La demi-murène prend le petit paquet dans ses mains et le tend à Jack avec un sourire énigmatique. « Pour vous, Jack. Un modeste cadeau pour célébrer votre nouvelle position. Je suis certaine qu’il vous sera des plus utiles dans vos nouvelles fonctions de Bourgmestre. » Elle incline légèrement la tête, ses yeux brillants d’un éclat mystérieux, attendant de voir la réaction de Jack en découvrant ce qu’elle lui a réservé.

Marania observe avec une satisfaction évidente l’émerveillement de Jack lorsqu’il ouvre le paquet bleu pour découvrir l’encrier en forme de perle. Le joyau est une merveille d’artisanat abyssal, brillant de mille feux sous la lumière des chandelles. Chaque détail a été minutieusement pensé, de la surface lisse et nacrée de la perle aux pierres précieuses océaniques qui l’ornent. Mais ce n’est pas seulement un objet de beauté ; c’est un artefact pratique, chargé de magie ancienne, conçu pour durer éternellement.

« Un encrier éternel, » explique l’Abyssale en s’inclinant légèrement vers Jack, ses yeux brillants d’un mélange de fierté et de malice. « Un cadeau parfait pour un Bourgmestre, vous ne trouvez pas ? » Elle appuie doucement sur une pierre incrustée, et la perle s’ouvre en un mouvement fluide, révélant une plume délicatement imprégnée d’encre noire. « Cette encre, voyez-vous, ne s’épuise jamais. Elle est résistante à l’eau, au feu, et peut même traverser le temps sans perdre de sa vigueur. C’est une technique calligraphique ancienne que nous, Abyssaux, avons perfectionné au fil des siècles. Je tenais absolument à vous l’offrir en main propre. Après tout, chaque grande entreprise commence par une signature. »

Marania recule légèrement, savourant l’impact de ses paroles et le regard de Jack sur l’objet précieux. Mais alors qu’il commence à parler de la manière brutale et directe dont il a pris le contrôle d’Ishtar, elle ne peut s’empêcher de réagir, ses lèvres se courbant en un sourire appréciateur.

« Oh, mais c’est justement là toute la beauté de votre stratégie, Jack, » dit-elle d’un ton doux, presque caressant, tout en faisant tinter doucement son Carillon. « Ce que d’autres appelleraient de l’impulsivité, moi, j’y vois une audace rare. Vous avez su lire la situation, évaluer les forces en présence et agir avec une précision chirurgicale. N’est-ce pas là le signe d’un stratège accompli ? » Elle laisse ses mots flotter un moment, laissant entendre que même dans la violence, il y a une forme de génie.

Lorsque Jack mentionne qu’il met en place la véritable stratégie en ce moment-même, la diva hoche la tête avec une appréciation sincère. « J’espère bien que vous avez besoin de forger des alliances, Jack, » répond-elle, sa voix prenant une teinte plus sérieuse, « car c’est exactement la raison de ma venue ici. Sitlantà pourrait se révéler un allié précieux pour Ishtar. Imaginez ce que nos deux cités pourraient accomplir ensemble, unissant la terre et la mer. »

Elle poursuit, ses pensées se tournant brièvement vers les troubles de Sitlantà. « Quant à cette tempête… » murmure-t-elle, son regard se perdant dans les reflets de son encrier. « Je suppose que ce n’est pas tant sa puissance qui nous retient, mais sa durée. Elle gronde depuis trop longtemps, érodant nos forces. Mais comme vous l’avez dit, chaque tempête doit être traversée ou contournée. Nous finirons par en voir la fin, et ce jour-là, je veux être prête à en tirer le meilleur parti. »

En entendant Jack parler de son commerce prospère, Marania sourit à nouveau, cette fois avec un air légèrement conspirateur. « J’espère que vous avez trouvé de la main-d’œuvre digne de confiance pour ces nouvelles responsabilités. Vous ne pouvez pas tout faire seul, aussi brillant que vous soyez. »

Puis, lorsque Jack évoque Holy, la cantatrice cache habilement sa surprise, préférant feindre l’indifférence. « Ah, les songes, » dit-elle, un sourire fin sur les lèvres. « Ils ont une manière particulière de conserver les souvenirs que nous chérissons le plus. Mais revenons à des choses plus concrètes. »

En entendant Jack exprimer son amour pour les fruits de mer, Marania rit doucement, un son mélodieux qui semble faire vibrer l’air autour d’eux. « Si vous souhaitez déguster les meilleurs fruits de mer, vous devrez alors recourir aux services d’une Abyssale de Sitlantà, et pas d’ailleurs. » Elle se penche légèrement en avant, son regard perçant rencontrant celui de Jack. « Mais pour cette fois, je vais personnellement préparer ce festin en votre honneur. Après tout, qu’est-ce qu’un Bourgmestre sans ses plaisirs culinaires ? »

Elle commence alors à ouvrir les coquillages, ses mains expertes maniant les couteaux et les herbes avec une précision étonnante. Elle les agrémente d’algues fraîches, d’herbes parfumées et d’agrumes rares, chaque geste empreint de la grâce d’une artiste à l’œuvre. Les arômes marins emplissent rapidement l’air, attirant les regards admiratifs des autres clients de la taverne.

Tout en travaillant, la diva lève les yeux vers sa suite et fait un signe discret. Un des Abyssaux s’avance, portant une bulle bioluminescente recouverte d’un tissu émeraude. Marania sourit en voyant l’objet, ses yeux scintillants d’une anticipation joyeuse. « Jack, » dit-elle en terminant son plat, « j’ai ici un autre présent pour vous. » Elle tend la bulle recouverte, son regard empreint de mystère et de promesse. « J’espère que ces petites attentions sauront vous convaincre qu’une alliance avec Sitlantà pourrait être des plus… enrichissantes. »

Marania accueille les paroles de Jack avec un sourire doux, calculateur. Elle sait que les enjeux sont élevés, que cette alliance pourrait transformer le paysage politique de tout l’archipel. Son esprit, vif comme un courant marin, analyse rapidement les implications de ses propos.

« Une alliance redoutable et profitable, dites-vous ? » commence-t-elle en ajustant une mèche de ses cheveux d’un bleu profond, laissant ses doigts effleurer les écailles iridescentes de sa peau. « Je partage votre avis, Jack. Nos forces combinées pourraient écraser toute opposition, qu’elle vienne des profondeurs ou de la surface. Nos cités, l’une sur la terre et l’autre sous la mer, pourraient se compléter de manière unique. » Elle incline légèrement la tête, ses yeux brillants d’une intelligence vive. « Toutefois, je me dois de réfléchir à ce que vous proposez concernant les alliances mutuelles. Une telle clause pourrait entraîner des complexités inattendues, voire des conflits d’intérêts. Ne serait-ce pas plus prudent de d’abord examiner ensemble les alliances existantes avant de sceller un tel accord ? Une alliance se fonde sur la confiance mutuelle, mais elle doit aussi respecter l’autonomie de chaque partie. Après tout, une alliance imposée est-elle encore une alliance… ou plutôt une fédération ? »

Elle marque une pause, laissant ses paroles se déposer comme des gouttes de rosée sur l’esprit de Jack, avant de reprendre, avec un léger sourire. « Mais je reconnais que vous avez raison, la tempête doit cesser avant toute chose. Peut-être qu’un soutien militaire serait en effet le premier pas vers cette entente. » Elle le regarde, son regard perçant, cherchant à capter chaque nuance de ses réactions.

Quand Jack évoque le manque de maîtres forgerons à Ishtar, la diva hoche la tête, compréhensive. « Les maîtres forgerons sont une denrée précieuse, surtout dans ces temps troublés. Cependant, former quelqu’un demande du temps, et le temps est parfois plus précieux que l’or. » Elle sourit légèrement, sa voix se faisant plus douce, presque cajoleuse. « Peut-être qu’une collaboration avec nos artisans de Sitlantà pourrait accélérer ce processus ? Nous avons des techniques millénaires qui pourraient faire des merveilles ici, si vous le souhaitez. »

Lorsque Jack complimente de manière charmante son art de préparer les fruits de mer, Marania ne peut s’empêcher de rire, un son cristallin qui résonne dans la taverne. « Vous êtes incorrigible, Jack ! » s’exclame-t-elle en ajustant un coquillage sur le plateau avec une grâce naturelle. « Si je savais que mes talents culinaires avaient un tel effet, je vous aurais invité à Sitlantà depuis bien longtemps. Mais n’ayez crainte, je veillerai à ce que vos mets soient toujours aussi exquis, même si je ne suis pas là pour les préparer moi-même. »

Alors qu’elle dévoile la bulle aquatique contenant l’octopode, la cantatrice observe la réaction de Jack avec une satisfaction silencieuse. « Voici un compagnon unique, » commence-t-elle en caressant doucement la surface de la bulle, ses doigts glissant sur le tissu émeraude avant de le retirer complètement. « Cet octopode est bien plus qu’un simple animal de compagnie. Il est à la fois gardien et compagnon, flottant toujours près de vous, prêt à vous protéger ou à vous distraire. Pensez à lui comme à un reflet de l’océan, un lien vivant avec les profondeurs. Il est un symbole de notre alliance, Jack. Ce lien entre la terre et la mer. »

Marania termine de préparer les fruits de mer avec une élégance naturelle, disposant les coquillages et les crustacés de manière artistique sur le plateau. Elle s’attarde un instant sur une araignée de mer, son plat favori, avant de la saisir délicatement. Avec une maîtrise assurée, elle la dévore, les pinces croquantes sous ses dents, savourant chaque bouchée.

Puis, essuyant gracieusement ses lèvres avec un linge en soie, elle reprend la conversation, son ton redevenant plus sérieux. « En parlant d’alliance, j’aimerais proposer une clause diplomatique. Sitlantà enverra des diplomates ici, à Ishtar, pour enseigner les langues de Dùralas à vos agents. C’est un avantage inestimable pour vous. Pensez-y, Jack. Vos agents, parlant ces langues, pourraient ouvrir des portes fermées depuis longtemps, créer des liens que même les armes ne pourraient forger. »

Elle termine sa phrase, les yeux rivés sur Jack, attendant de voir si sa proposition fait écho dans son esprit stratégique, tout en savourant la richesse des saveurs marines.

Jack écoutait avec attention les paroles de Marania, laissant doucement tourner le liquide ambré dans sa chope. Son regard noisette ne quittait pas le sien, alors qu’un fin sourire ornait son visage. L’abyssale savait faire preuve autant de diplomatie que d’intelligence. C’était un fait. Et elle serait sans nul doute une dirigeante redoutable. Parce que bien qu’elle ne l’avait pas clairement exprimé, c’était bien de cela dont il était question. Alors le Lycan pesait à la fois le pour et le contre tout en l’écoutant. Et ce n’est que lorsqu’elle marqua une pause, qu’il jugea que c’était à son tour de s’exprimer, qu’il reposait doucement sa chope sur la table après en avoir savouré une lampée sans jamais cesser de la regarder, ni même se départir de son sourire. Puis il se penchait légèrement en avant, réajustant son assise sur sa chaise, tout en croisant ses doigts.

« J’entends ce que vous dites ma chère Marania… et comprends vos inquiétudes. Mais permettez moi si vous le voulez bien de vous présenter un exemple qui peut être sera plus concret… imaginons que j’ai une alliance avec les massifs de Spelunca. Pourquoi Spelunca? Et bien parce que nous avons une voie maritime commune tout simplement. Une alliance avec Sitlantà représente toute une ligne protectrice infranchissable par la mer. »

Explique t’il calmement en traçant une ligne verticale imaginaire sur la table, avant de reprendre.

« Imaginons à présent que Sitlantà et les massifs entrent en guerre. Voilà qui me mettrait dans une position des plus inconfortable… Spelunca me demandera une aide militaire au minimum maritime, et Sitlantà en fera de même… comment devrais je me positionner? De façon neutre? Ce serait le plus intelligent à faire bien sûr… néanmoins… une fois cette guerre terminée, quelque soit le vainqueur si tant est qu’il y’en ait un, on viendra me demander des comptes. Ou bien même pendant cette guerre j’aurais une pression des deux parties pour que je les aide, ou bien d’un seul…c’est en cela, que les alliances tacites entre les parties déjà alliées me paraissait plus sûres diplomatiquement. Cependant je ne pensait nullement à imposer des alliances. Et il est vrai que peut être la création d’un « conseil » des alliances serait une bonne idée… ainsi il faudrait l’aval des deux parties afin de rejoindre l’alliance Sitlantà Ishtar… qu’en pensez vous? »

Une fois sa longue explication et tirade terminée, il reportait sa chope à ses lèvres avant de reprendre.

« Concernant la reprise de Sitlantà, et ce afin de ne pas mettre la charrue avant les bœufs, je peux d’ors et déjà vous assurer de mon soutien. Mais! »

Et il lève alors un index avec un sourire malicieux.

« J’espère que vous aurez déjà préparé un récital pour fêter ce jour… »

Elle lui avait tellement vendu cela qu’après tout, ce genre de paiement en guise de scellement d’alliance ne lui paraissait pas excessif. Et tout en écoutant la suite, il se fit plus perplexe. Parce que forcément un détail anodin lui vint à l’esprit. Sitlantà était une cité sous marine… comment porter une forge à température dans l’eau? Voilà qui méritait bien un éclaircissement quitte à passer pour le dernier des sots…

« Pardonnez moi, je ne doute absolument pas de la qualité des forgerons Sitlantiens mais… un détail me turlupine… comment diable faites vous pour porter le feu d’une forge à température dans un espace sous marin? Ou plutôt comment faites vous pour allumer vos forges tout simplement? »

Il restait perplexe tout en se reculant sur le dossier de sa chaise vivement intéressé par l’explication qu’elle allait pouvoir lui fournir. Parce que le procédé devait être réellement prodigieux. Et puis bien sûr comme il aimait la taquiner sur la préparation des fruits de mer, il n’allait guère se priver de continuer.

« Que voilà de dangereuses paroles… soyez assurée que je viendrai personnellement me plaindre auprès de vous si les fruits de mer n’ont pas exactement le même goût! »

Riant de bon cœur, il se concentrait ensuite sur le drap émeraude. Écarquillant légèrement les yeux en voyant ce…truc? Puis finalement il se mit à sourire.

« A nouveau c’est un bien beau cadeau Marania. Je vous en remercie. »

Dit il en inclinant légèrement la tête. Et pour finir il haussait les épaules à la proposition de clause diplomatique.

« Je sais que cela n’en donne pas vraiment l’impression actuellement, mais tout le monde est le bienvenue à Ishtar tant que leurs intentions ne sont pas belliqueuses…mais peut être parliez vous d’une… ambassade Sitlantienne ici à Ishtar? »

Demanda t’il calmement en se servant d’un coquillage pour le savourer non sans s’en délecter.

« Humm… vraiment Marania, ils sont toujours aussi exquis! »

Marania écoute attentivement les réflexions de Jack, son visage une toile de sérénité, bien que son esprit bouillonne d’activité. Chaque mot prononcé, chaque nuance détectée, elle les pèse soigneusement, les examinant à la lumière de son propre savoir. Jack est un homme stratégique, c’est indéniable, et la diva reconnaît en lui un partenaire de taille, mais aussi un adversaire potentiel si leurs intérêts venaient à diverger.

Quand Jack évoque Spelunca, une terre divisée, mais récemment unifiée sous la couronne de la reine Holy, Marania reste impassible, masquant sa surprise et ses préoccupations derrière un sourire poli. L’idée que Jack pourrait envisager une alliance avec Spelunca, en particulier avec Holy, laisse son esprit en proie à des pensées complexes. Elle sait que cette région a été secouée par des conflits internes pendant des générations, et même sous la gouvernance d’une reine unificatrice, les cicatrices restent fraîches. Une telle alliance pourrait bien se révéler une épée à double tranchant.

Plongée dans ses pensées, elle répond enfin, sa voix empreinte d'une certaine gravité. « Vous soulevez un point crucial, Jack, et je comprends mieux votre perspective. Spelunca, bien que récemment unifiée, reste un territoire instable, et c’est une réalité que nous ne pouvons ignorer. Je crains que leur situation actuelle ne soit pas propice à une alliance solide, mais plutôt à des engagements fluctuants. Une telle clause comme vous la proposez, garantissant que les alliances entre Ishtar et d’autres entités soient étendues à Sitlantà, mériterait une réflexion approfondie. Une alliance militaire avec Spelunca pourrait se révéler hasardeuse… Mais il est vrai que si toutes les parties sont d’accord, un pacte de non-agression pourrait suffire, du moins pour commencer. »

Elle marque une pause, observant Jack pour détecter la moindre réaction à ses paroles. « Mais, » reprend-elle, son ton se faisant plus réfléchi, « il est évident que cette éventuelle clause de non-agression entre les parties alliées serait un compromis tout à fait acceptable, voire même sage. En effet, cela pourrait éviter les conflits internes à l’alliance et garantir une paix durable. Cela étant dit, je crains que Spelunca ne soit pas en mesure d’offrir la même générosité que Sitlantà. C’est là où réside mon doute. Mais je pourrais envisager cela, à condition que nous mettions en place des garanties solides pour protéger nos intérêts. »

Lorsque Jack mentionne la possibilité d’un conseil des alliances, l’Abyssale sourit doucement. L’idée est intrigante, voire séduisante, mais elle sait que la réalité des alliances est bien plus complexe qu’une simple discussion autour d’une table. « Un conseil des alliances… Voilà une idée fascinante, Jack. Cela pourrait en effet permettre de s’assurer que chaque décision est prise avec l’accord de toutes les parties concernées, évitant ainsi les malentendus et les conflits. Cependant, ce conseil devra être bâti sur une confiance absolue entre ses membres, ce qui n’est pas une mince affaire. Mais, peut-être est-ce une direction que nous devrions explorer plus en profondeur, une fois que les bases de notre alliance auront été solidement établies. »

L’évocation de la reprise de Sitlantà fait briller un éclat particulier dans les yeux de Marania. Elle rit avec une sincérité rare, touchée par la plaisanterie de Jack. « Oh, Jack, soyez assuré que Sitlantà célébrera ce jour avec toute la splendeur qu’elle peut offrir ! Un récital, dites-vous ? Ce serait un honneur de chanter pour vous et pour marquer ce jour historique. Vous me connaissez, je ne manque jamais une occasion de faire briller l’art abyssal sous les feux de la rampe. Et croyez-moi, lorsque ce jour viendra, la musique résonnera non seulement sous les vagues, mais jusqu’aux cieux ! »

Lorsqu’il aborde la question des forges, la demi-murène adopte un ton légèrement didactique, mais toujours empreint de cette douceur musicale qui la caractérise. « Ah, la forge abyssale… Un art millénaire qui intrigue tant ceux de la surface. Vous voyez, Jack, tout sous l’océan n’est pas immergé. La sagesse abyssale a permis de créer des enclaves où l’air et le feu peuvent prospérer. Nos architectes et ingénieurs ont bâti des systèmes d’une complexité magnifique, des enclaves protégées de l’eau, où le feu brûle aussi vivement que dans vos forges terrestres. Et bien sûr, la magie joue un rôle crucial. Avec ces techniques combinées, nous avons pu développer des forges capables de rivaliser avec les meilleures de la surface. Il est toujours fascinant de voir comment la nécessité a engendré de telles merveilles sous-marines. »

Marania laisse échapper un rire cristallin à la nouvelle plaisanterie de Jack, secouant légèrement la tête avec amusement. « Oh, Jack, vous savez comment flatter une abyssale ! Soyez certain que je veillerai personnellement à ce que vos fruits de mer soient toujours à la hauteur de vos attentes. Et si jamais vous trouvez quelque chose à redire, vous savez où me trouver pour me présenter vos doléances ! Mais attention, je pourrais bien vous surprendre avec de nouvelles créations chaque fois que vous viendrez me voir. »

En recevant les remerciements de Jack pour l’octopode, la chanteuse incline légèrement la tête, ses yeux brillants d’une douce satisfaction. « C’est un plaisir de pouvoir vous offrir quelque chose d’aussi unique, Jack. Cet octopode vous accompagnera partout où vous irez, comme un lien constant entre vous et les profondeurs de Sitlantà. Il est un symbole de notre entente naissante, et j’espère qu’il vous portera chance et protection. »

Quand Jack évoque la possibilité d’une ambassade sitlantéenne à Ishtar, Marania prend un instant pour réfléchir, appréciant l’idée avant de répondre. « Une ambassade… C’est une proposition des plus intéressantes, Jack. Mais ce n’est pas ce que j’avais en tête. Non, ce que je propose est plus subtil, mais tout aussi puissant. Nous avons à Sitlantà un savoir millénaire, une richesse de connaissances qui pourrait être mise à profit ici à Ishtar. L’apprentissage des langues parlées sur le continent, ainsi que celles de nos abysses, pourrait donner à vos diplomates un avantage décisif. Parler la langue de son interlocuteur, c’est déjà prendre une longueur d’avance dans toute négociation. Imaginez vos agents maîtrisant ces langues, capables de déstabiliser un adversaire simplement en parlant dans son propre idiome. Les sages de Sitlantà pourraient enseigner dans vos bibliothèques, qu’il me semble nécessaire de développer davantage. Une ville comme Ishtar mérite une bibliothèque digne de ce nom, et nous pourrions vous aider à atteindre cet objectif. »

Elle conclut, son ton empreint d’une gravité douce. « Sitlantà est prête à partager son savoir, à condition que nous trouvions un terrain d’entente solide. C’est un avantage que peu d’autres alliances pourraient offrir. »

Satisfaite de ses propositions et de l’issue de leur conversation, Marania lève la main pour attirer l’attention du tavernier. « Une nouvelle bouteille de rhum, je vous prie, et apportez-nous davantage de fruits de mer. Nous devons célébrer en l’honneur du Bourgmestre Jack. Ce soir, nous festoyons, et je veux que rien ne manque pour rendre hommage à notre hôte ! »

Elle se tourne ensuite vers Jack, un sourire radieux sur les lèvres, prête à poursuivre cette soirée où les mots et les idées valsent avec la même élégance que ses chants envoûtants.

Marania écoute avec une attention feinte, ses yeux rubis fixés sur Jack. Derrière son sourire diplomatique, la cantatrice est déjà en train de mesurer les implications des propos du Bourgmestre d'Ishtar. Spelunca. Une simple hypothèse, certes, mais Jack a raison sur un point : la position géographique de Spelunca forme effectivement ce triangle stratégique avec Sitlantà et Ishtar. Un triangle aux contours menaçants, mais également porteur de promesses, si tant est que chaque sommet y trouve son intérêt. Cependant, la cantatrice sait aussi que les alliances ne se forgent pas seulement sur des considérations géographiques et militaires. Elles nécessitent des fondations plus subtiles, des échanges tangibles qui profitent à chaque camp.

Lorsqu'il évoque la force commerciale de Spelunca, Marania incline légèrement la tête, ses longs cheveux marins glissant avec élégance sur ses épaules. Il est vrai que les massifs ne sont pas à négliger. Mais elle garde ses doutes bien cachés derrière son masque de femme du monde. Jack n'a pas tort en mentionnant leur potentiel économique, mais la diva se demande si les massifs, avec leurs ambitions de grandeur, pourraient vraiment être de confiance dans une alliance durable. Elle conserve ces pensées dans les profondeurs de son esprit, comme des récifs cachés sous des eaux apparemment tranquilles.

Elle se redresse lentement sur son siège, sa posture redevenant celle de la grande dame qu'elle est. Ses doigts, ornés de bagues scintillantes, se croisent avec grâce, et son regard se fait plus perçant alors qu'elle décide de répondre.

« Vous soulevez là des points tout à fait intéressants, mon cher Jack. Vous savez, l'intendance est une discipline que les Abyssaux maîtrisent depuis des millénaires. Nous ne nous contentons pas de produire, mais nous mesurons chaque ressource, chaque artisanat avec une précision que les mers profondes nous ont apprise. À Sitlantà, nos échanges se basent sur une organisation minutieuse, que ce soit au niveau commercial, militaire ou même diplomatique. C’est en cela que réside notre force. Non pas dans la quantité de ce que nous possédons, mais dans notre capacité à optimiser chaque opportunité. »

Elle marque une pause, prenant le temps de laisser ses mots pénétrer l’esprit de Jack, avant de continuer d’un ton plus pensif.

« Néanmoins, vous avez raison. Spelunca, avec ses ressources et sa position stratégique, pourrait offrir des avantages à ne pas négliger. Mais comme vous l'avez dit, une telle alliance n’est pas encore à l’ordre du jour. Ce qui m'intéresse davantage à ce stade, c'est l'idée que nous pourrions… composer. Créer cette symbiose dont vous parlez, non seulement entre nos peuples, mais aussi au-delà de nos frontières immédiates. Une alliance fondée non sur la force, mais sur une synergie des talents et des ressources. Je pense que vous comprenez à quoi je fais allusion. »

Marania s'incline légèrement en avant, son regard se faisant plus intense, presque conspirateur. Elle sait que le moment est venu d’introduire son propre enjeu dans cette négociation.

« Vous me demandez, cher Jack, ce que Sitlantà attendrait d’Ishtar en échange de notre sagesse et de notre érudition… » Elle sourit doucement, ses lèvres formant une moue pensive. « Ishtar a un talent particulier, une qualité rare que nos Abyssaux, pour toutes leurs grandes vertus, ne maîtrisent guère. À Sitlantà, nous avons cultivé l'art de la pensée noble, l'amour des connaissances et de l'harmonie. Mais parfois, cette érudition peut s’avérer trop... pure. Trop idéaliste. Ce que Sitlantà gagnerait à apprendre d’Ishtar, c’est cet art si raffiné, si insidieux même, que l’on appelle l’intrigue. »

Elle laisse ses mots planer un instant, savourant l’impact qu’ils pourraient avoir. « Oui, l’intrigue, la manipulation subtile des circonstances, la manière de tisser des fils invisibles derrière les rideaux de la scène politique. Les Abyssaux, voyez-vous, sont peut-être excellents dans l'art de la guerre et des sciences, mais lorsqu’il s'agit de naviguer dans les méandres des ambitions humaines, là nous manquons parfois de... subtilité. »

Elle se redresse, et ses yeux rouges pétillent d’une lueur malicieuse. « C’est pourquoi, cher Jack, je pense qu’Ishtar a beaucoup à offrir à Sitlantà. Vous maîtrisez cet art comme personne. La diplomatie des ombres, la maîtrise des intrigues... Voilà ce qui pourrait réellement nous permettre de mettre fin à la guerre qui ronge ma cité. Sitlantà a besoin de cela pour triompher, non seulement par la force de ses armées, mais aussi par la finesse de ses esprits. Vous voyez, c’est un échange équilibré. Nous vous offrons notre sagesse ancienne, et en retour, vous nous enseignez l'art de l'intrigue. »

La chanteuse observe attentivement Jack, cherchant dans ses traits la moindre réaction à cette proposition. Elle sait que ses mots peuvent changer la donne. Puis, avec un sourire mutin, elle ajoute d’un ton plus léger :

« Mais dites-moi, Jack... cet art de l'intrigue, comment l’enseigne-t-on, ici à Ishtar ? Est-ce un savoir que l’on acquiert sur le terrain, ou bien existe-t-il des maîtres, des érudits, qui guident les jeunes esprits dans cette discipline si… délicate ? »

Marania reste silencieuse un moment après les paroles de Jack, ses doigts effleurant distraitement la soie nacrée de sa robe. Ses yeux, vastes et insondables comme les profondeurs des océans, observent l'homme devant elle avec une intensité visible. Derrière ses sourires et ses politesses mondaines, il y a toujours eu cette vivacité d'esprit, cette capacité à comprendre les dynamiques du pouvoir. Mais cette fois-ci, elle est décidée à pousser la conversation vers une direction plus ambitieuse.

Elle se redresse, sa posture royale accentuée par les perles qui ornent son cou et les gemmes scintillantes à ses poignets. Sa voix, douce mais implacable, emplit la pièce alors qu'elle commence à répondre à Jack, balayant d’un geste délicat l'idée d'une simple dague dans le dos.

« Non, mon cher Jack, vous vous méprenez sur mes intentions. L’intrigue, voyez-vous, n’est pas uniquement l’art de la traîtrise ou du poignard planté dans l’obscurité. Non, ce serait bien trop simpliste. Ce que je recherche pour Sitlantà, c’est la maîtrise de l’art plus subtil, celui qui consiste à manipuler les esprits, à comprendre les désirs cachés des hommes et des femmes, à diriger les événements sans même que les acteurs ne s’en rendent compte. » Elle incline légèrement la tête, ses boucles marines se mouvant avec élégance. « Nous ne parlons pas ici de meurtre ou de trahison à la hâte. Nous parlons de l’art des complots bien tissés, des manigances ingénieuses qui mènent à de grands accomplissements. »

La diva se lève alors, son regard balayant la pièce avec une sorte de gravité, presque théâtrale. Chaque mouvement est soigneusement calculé, ses gestes excentriques reflétant son statut de cantatrice, de femme de spectacle. Elle s'approche d'une des fenêtres, observant un instant l'horizon au-delà. Puis, elle continue, sa voix teintée d’une certaine chaleur alors qu’elle expose sa vision.

« Voyez-vous, il y a trois actes, comme dans un opéra, dans ce que j’appellerais l’apprentissage de l’intrigue. Le premier acte, c’est celui du comploteur. Celui qui vit non pour lui-même, mais pour les autres, pour comprendre leurs faiblesses, leurs peurs, leurs ambitions. Il s’agit de déceler les désirs les plus enfouis, et de savoir les manipuler à son avantage. Le comploteur, mon cher Jack, est un maître des illusions, celui qui contrôle les fils invisibles des événements. »

Elle pivote sur elle-même avec une grâce aérienne, revenant vers Jack, ses yeux pétillants d’une lumière étrange. « Le second acte, c’est celui du séducteur. Désirer est simple, mais être désiré ? Cela demande une subtilité infinie. Savoir attirer, manipuler les cœurs et les esprits, voilà ce qui est difficile. Le séducteur se doit de maîtriser l’art de l’adoration mortelle, celle qui enchaîne les âmes sans qu’elles ne s’en rendent compte. »

Elle fait une pause, laissant ses mots s’enrouler autour de Jack comme les vagues silencieuses d’une mer profonde, avant d’ajouter d’une voix plus grave : « Et enfin, le troisième acte… le plus délicat. Celui du tortionnaire. Non pas dans l’acte de pure violence, bien sûr, mais dans la capacité à comprendre que le véritable pouvoir réside dans la peur que l’on inspire. Il ne s’agit pas simplement de briser des os, mais de tenir une vie entre ses mains, d’infliger la souffrance d’une manière qui laisse une empreinte indélébile sur l’âme. »

Elle s'arrête, une lueur dangereuse dans ses yeux. « Ces trois actes peuvent s'apprendre, Jack. Comme dans un opéra, chaque scène se joue avec soin, chaque rôle est étudié, répété. Ce sont des arts. Des arts que Sitlantà ne maîtrise pas encore pleinement, mais que nous sommes prêts à apprendre. En échange, nous vous offrons ce que nous avons de plus précieux : notre sagesse millénaire, notre érudition, cette culture ancienne et raffinée que seuls les Abyssaux possèdent. »

Marania se rassoit gracieusement, le dos droit, et croise à nouveau ses mains devant elle. Sa voix devient plus douce, mais conserve un certain éclat d’autorité. « Vous comprenez, Jack, que cet échange ne menace pas l'équilibre des forces. Ishtar restera toujours le maître des intrigues, comme Sitlantà restera maître des sciences et des arts. Mais n’est-ce pas justement la beauté de cette alliance ? Un partage de savoirs, un enrichissement mutuel, sans que l’un ne dépasse jamais l’autre dans son propre domaine. »

Elle incline légèrement la tête, son sourire mystérieux de retour. « Alors, Jack… quelles seraient, selon vous, les conditions pour sceller un tel accord entre nos deux cités ? »