La saison d’arène était terminée et, surprenamment, Eyara avait terminé quatrième, ce qui, en soit, était loin d’être mauvais pour une première fois. Lorsqu’elle s’était présentée pour son prix, on lui avait laissé plusieurs choix, dont un qui l’intriguait : un compagnon. Une personne donc utilisant le même style de combat qu’elle pour l’épauler. Hormis Azriel et Linea, la rouquine ne connaissait cependant aucun autre arlequin. Mais il était évident qu’il y en avait forcément d’autres. "Et puis, un allié de plus n’est pas à prendre à la légère, c’est même une excellente idée."

Ce que l’harenienne n’avait pas prévu, c’était de devoir l’affronter. Et voilà pourquoi ses pas foulaient à nouveau le sable de l’arène, malgré la chaleur d’été et la pause estivale. Petit Tambour attendait sagement derrière la grille avec les jumelles, et personne ne se trouvait dans les gradins. Après un moment d’attente, se furent des bruits de chaînes qui captèrent l’attention de la jeune femme. Par la porte du côté adverse, on poussa une satyre dans l’aire de combat, après lui avoir libéré les chevilles et les poignets de lourds liens métalliques. Seul restait un imposant collier de cuir, comme ceux que l'on met parfois aux chiens, à son cou. Visiblement, son adversaire était une esclave.

Le maître s’avança alors.

- Gagnez le duel et l’esclave est à vous.

- C’était mentionné nul part qu’il s’agirait d’un esclave.

- Ouais bah, les arlequins, ça court pas les rues. Vous f’rez bien ce que vous voulez d’elle ensuite.

Eyara songea à l’instant que la satyre serait libre. Il n’était pas question pour la renarde d’avoir une esclave. Ce mettant en position de combat, la renarde commença par piocher sa Lame, puis invoqua tour à tour un premier renard sournois, son Arbre Vert ainsi que son Valet des Lames. En face, l’hybride appela un végétal et un mouton … ou une chèvre ? Bref, un animal dans le style. Voilà qui était à la fois problématique et prometteur, si son adversaire utilisait les mêmes decks. D’un sifflement, Eyara ordonna à ses invocations de foncer sur la femme cornue, tandis qu’elle se transformait entièrement afin de mieux encaisser celle de sa cible. Ne lui restait plus ensuite qu’à frapper à son tour et, connaissant sa magie, Eyara savait qu’il suffisait de taper l’invocateur pour que tout le reste ne disparaisse.

L’hybride semblait bien affaibli suite à son attaque, sans compter celles des deux invocations. La défense serait donc un point à travailler avec elle. L’harenienne fit tout de même un pas en arrière, invoquant au passage deux nouveaux renards sournois. Son adversaire, sans surprise, fit de même avec son propre deck d’invocation. Mais la jeune femme et son équipe était plus rapide, et c’est donc avec une évidence que le combat se termina aussitôt, avec la victoire de la thérianthrope.

En attendant les guérisseurs de l’arène, Eyara s’approcha de la satyre, prenant un peu plus le temps de la détailler. Maigre et chétive, celle-ci avait une chevelure et un pelage dans des tons auburn et des yeux noisettes. Un peu plus grande que la rouquine, sans doute dans le mètre soixante-dix, ses cornes étaient relativement longues et torsadées. Son teint semblait clair … sous la couche de crasse qui couvrait sa peau. Définitivement, il lui faudrait un bain aussi, vu l’odeur en prime.

La maman détacha alors le lourd collier de la satyre. Elle avait gagné l’hybride, et donc, il était temps de la libérer. La satyre était sur le bord de l'inconscience avec ses blessures, mais tenait bon. Celle-ci la regardait avec des yeux à demi-clos, sans doute dû à la fatigue du bref combat, comme si elle n’était pas encore sûre de sa nouvelle situation.

- Désolé si j’ai dû te faire mal, mais c’était ce que le maître des lieux désirait. Tu es libre maintenant. J’étais venu pour un compagnon de route, mais il n’est pas question que je possède un esclave, encore moins une création de Magnésie. Je ne t’oblige pas à me suivre, je préfère renoncer à mon gain plutôt que te forcer à faire quelque chose que tu ne veux pas.

L’hybride la regardait maintenant avec des yeux ronds, comprenant enfin sa nouvelle situation. Un guérisseur arriva enfin, et la renarde s’écarta pour le laisser faire son boulot, tandis que le maître des lieux arrivait aussi, un papier à la main.

- V’là son acte de propriété. Félicitations pour ce duel.

L’arlequine déchira aussitôt le parchemin.

- Cette hybride est une créature libre. Aucun être ne devrait être sous le joug d’un autre.

- Pff, les zéphyriens, j’vous jure.

La satyre remise sur patte, la renarde la conduisit vers la sortie, après avoir récupéré sa marmaille. Alors que Petit Tambour et la jeune femme scellaient les monture pour le départ, celle-ci remarqua que la satyre les avaient suivit.

- Tu as décidé de me suivre, c’est ça ?

- Je … je ne sais pas quoi faire de ma liberté, donc oui. Et en plus, vous semblez douée avec la magie des cartes … alors que moi, je ne la comprends que très peu. Je … je peux être votre apprentie ?

La renarde lui fit son plus joli sourire.

- Sans soucis ! Et sinon, je m’appelle Eyara. Je te présente mes filles, Jamila et Loona, ainsi que Petit Tambour, mon protégé. Et toi, comment t’appelles-tu ?

- Mivian. Je m’appelle Mivian.

La renarde la fit grimper avec Petit Tambour, sa propre monture ayant déjà son propre poids ainsi que celui des jumelles, inutile d’en rajouter. Une fois rentrée, elle prépara un bain et une chambre pour sa nouvelle amie, lui laissant ensuite du temps pour s’habituer à sa nouvelle vie avant de lui donner la moindre leçon.