Des feuilles mortes, le soir qui arrivait plus tôt et le soleil qui se levait plus tard, des Pumpkin Spice Latte, et l’éveil du Hameau qu’il avait jadis érigé avec l’aide de Shakti.  L’Équiverge était sa saison favorite, sans hésitation. À dire vrai, qu’importe quelle identité il avait adoptée, Styx s’était toujours beaucoup intéressé à l’événement, car l’Équiverge octroyait au monde réel une intangibilité latente, un court battement dans les tissus qui séparaient les mondes.

Comme il se préparait, habillé et coiffé par des servants qui s’agitaient -jamais assez vite à son goût- dans une chambre qu’il avait loué à proximité du Hameau dans l’auberge de « La Chauve-Souris goulue », il parlait à Alphonse Galhaad déguisé en tueur masqué, une machette à la ceinture. Jazon Wanderwood.

- Tu sais Styx, je ne pense pas que les gens vont comprendre ton déguisement… le bras musculeux d’Alphonse revêtu d’une combinaison bleue tachée de sang et de boue, désigna la tunique en jute et le pantalon assorti de Sobek.
- Je ne suis qu’un pauvre paysan. Appelle moi Théo ou Henry, un prénom de monsieur tout le monde. Il faut rester dans la peau du personnage! Le but c’est d’être effrayant non ??? Eh bien mes passions dans la vie, en tant que paysan de ce Monde, sont de faire caca le matin, de manger un bon petit plat le vendredi soir, et de boire beaucoup d’eau en soirée pour ne pas avoir la gueule de bois. Enfin si on m’invitait aux soirées, parce que depuis l’Academie de magie je n’ai plus beaucoup d’amis. Même là-bas, moi Théo-Henry n’en ait jamais eu beaucoup… Aussi, j’ai une passion dissimulée pour les figurines rares, j’aime bien les bougies parfumées et faire des arrangements floraux pour garnir mon intérieur. Oh, et quand une fille me parle, pour me dire bonjour ou me demander je sais pas, l’heure, je lui envois milles missives enflammées car je suis borderline sociopathe et dénué d’intelligence sociale ! Tout à fait horripilant non ?!!! Rétorquait Sobek en prenant une expression de sourire placide et en se dessinant des cernes sous les yeux. Il ressemblait à n’importe quel individu rongé par la solitude et la normalité de l’existence.

Jazon éclatait de rire, prenait Théo-Henry par le bras et l’entraînait dans la cohue du Hameau. Sur place, ils dilapidèrent l’argent des contribuables en jeux, car les gens comme Theo-Henry aimaient à penser qu’ils pourraient déjouer l’astuce des forains sur les épreuves du tir à l’arbalète, les sacs surprises ou les machines à pièce d’or. Bon pas la pêche aux canards parce que même un légume gagnerait là-bas. Quelle belle soirée !
Sur les airs des virtuoses qui jouaient ça et là des balades de Kamille Sein-Séant, Henry-Théo hasarda même quelques pas de danse gênés et gauches, car Henry-Théo ne dansait que rarement et avait la sensualité d’une herbe de la pampa. Hihihi. Styx s’amusait comme un petit fou !

Tandis qu'elle errait dans les rues d'Ishtar, Kaïna fut abordée par un petit bonhomme étrange. Il lui arrivait à la taille et se déplaçait en sautillant et en agitant les bras dans tous les sens. Il avait un grand nez crochu et le teint grisâtre. Ses globes oculaires étaient vide et il y avait deux cavités noires à la place. Quant au reste de son corps, il était vraiment très mince et on devinait son squelette. Ses doigts étaient si longs et fins qu'on aurait dit des brindilles. Agacée qu'il lui tourne ainsi autour, la jeune pirate le figea en appuyant sa main sur la tête de l'énergumène. Elle lui dit alors:

"Bon, la fiente de mouette, tu vas me dire ce que tu veux à la fin?

-Spike pas fiente de mouette! Spike serviteur du maître Sleepy Holeau!

-Bon ok et il me veut quoi machin Holeau?

-Pas machin Holeau, Sleepy Holeau!

-Je m'en cogne! Il me veut quoi?

-Toi pas polie!

-Et alors? Tu en viens aux faits ou je te dérouille! J'ai pas que ça à faire de taper la discute avec une bestiole moche qui est l'esclave d'un type que je connais même pas! Ton Sleepy Holeau là, il a de l'alcool?

-Méchante bonne femme! Oui, il y aura tout plein d'alcool! Le maître organise grande fête, tout le monde invité. Même méchante bonne femme! Toi devoir aller au Hameau, en Perracie.

-Bah voilà, quand tu veux tu peux! Fallait commencer par là l'affreux!"

Pour l'avoir traitée de méchante bonne femme, Kaïna lui mit un coup de poing sur la tête puis, elle partit en le saluant. Elle lui aurait bien flanqué un coup de pied mais, puisqu'il lui avait indiqué une grande beuverie, elle décida de l'épargner. Toutefois, tandis qu'elle rejoignait son bateau, Spike lui hurla une dernière chose.

"Attention à ne pas mourir de peur! Et habille toi pour faire peur!"

Une soirée déguisée sur le thème de l'épouvante? Bien! Bon, elle allait bien voir ce qu'elle trouverait sur le bateau. Dans ses affaires, il n'y auraient rien mais Dahlia ou Frey aurait bien un truc à lui prêter. En effet, la stryge blanche lui proposa sa tenue de mage. Mage, sorcière pas de grande différence après tout. Elle enfila donc la tenue et demanda aux membres de l'équipage si l'un d'eux voulait venir. Bien que Moustique se serait laissé tenté, il n'osa pas et prétexta avoir des travaux à faire sur le bateau. Dahlia n'était pas intéressée, pas plus que les autres hommes. Frey quant à elle trouva l'idée amusante et décida d'accompagner Kaïna, jusqu'à ce qu'elle se fasse attraper par Dahlia qui lui rappela qu'elle lui avait promis de l'aide. Tant pis, Kaïna irait seule. Elle rencontrerait du monde sur place.

Quand Kaïna arriva sur les lieux, la fête avait déjà commencé. Il y avait de la musique mais, il n'y avait pas grand monde. Elle se rendit donc au bar et commanda une bière. Après tout, elle était là pour faire la fête.

- Oulala... Je ne me sens pas très bien... Quel drôle d'endroit...

Elizabeth avait l'estomac tout retourné depuis qu'elle avait mit les pieds en Perracie. Les sombres arcanes du territoire de Motch'Hollow influençaient grandement la santé de l'homoncule sans qu'elle ne puisse en deviné la cause. Elle ressentait néanmoins la malveillance générale qui s'émanait d'ici et se demandait si elle faisait vraiment bien d'assister à ces drôles de festivités.

- Ah, c'est ici! Fit elle en repérant un homme déguisé. Merci chauve-souris goulue!

Atterrissant sur la terre ferme, la sorcière décrocha son chaudron de son balai et, d'un claquement de doigts, fit apparaître un foyer devant elle. Elle trifouilla alors à l'intérieur du dit chaudron, en sortant moult ingrédients et une cuillère en bois visiblement trop grande que pour pouvoir avoir été contenue là dedans. Là, elle commença alors sa préparation au milieu des fêtards.

- Egaillons un peu tout ça! Beaucoup de sirop! Du lait de licorne! De la poussière de fée! Et... Un soupçon de malice! Hihihi!

Il fallut cinq bonnes minutes pour que le mélange prenne. Tout doucement, le chaudron commença à bouillir, faisant s'émulser une étrange mousse verdâtres aux odeurs de barbe à papa. Elle goutta ensuite du bout de sa cuillère mais tira une grimace.

- Mh... J'imagine qu'un cheveux de sorcière pourra retirer ce côté amer...

Joignant le geste à la parole, elle s'arracha l'un de ses cheveux et le mit dans sa concoction qui se remit à bouillir de plus belle. Une tête de mort souriante, avec des yeux en formes de coeur, finit par s'achapée de la potion dans un fumet presque intangible. Elle regoutta alors, c'était parfait!

- MMMMH! Ca fait du bien! Je me sens déjà mieux! Oh, j'ai une idée!

Comme il y'avait des cucurbitacées de toute sortes dans les environs, son idée était de les trempée dans le chaudron et d'en faire des "citrouilles d'amour". Mais! Alors qu'elle entamait sa récolte magique, petit à petit, son visage et ses traits commencèrent à se transformé à son insu.


Chantante et faisant danser les cucurbitacées de ses mains telle une cheffe d'orchestre, Elizabeth commençait doucement à se rider et à se vouter.


Lorsqu'elle eut terminer sa chansonnette, une vingtaine de petites citrouilles étaient à ses pieds, toutes déjà piquées sur quelques branches qui s'étaient jointes à la danse. Elizabeth, elle, s'était retrouvée le nez crochue, la peau verdâtre et l'air d'une vieille sorcière effrayante. Alors qu'elle plongeait la première citrouille d'amour dans le chaudron, elle interpelait les passants de la sorte :

- Citrouille d'amour! C'est bon et sucré! Plus d'mal de ventre avec ça! Héhéhé!

Un inconscient se laissa tenté, sans doutes pousser par ses camarades et lui en prit une. Elizabeth qui n'était là que pour égailler les esprits, refusa toute sorte de payement. Le jeune homme croqua alors dans la friandise, rejoignant ses camarades, fier de son courage, et ils s'en retournèrent à la fête. La sorcière quant à elle, remarqua un étrange changement chez l'individu une fois au loin. Tout doucement, des cornes lui étaient poussée sur la tête et une queue de diablotin dans le bas du dos!

- Hein? Je crois bien que j'ai encore fait une bêtise...

Elle regarda dans son chaudron et y aperçue son reflet méconnaissable!

- AH! Ahahah! Très bien, changement de plan... Costumes magiques! Qui veut un costume magique?

Un bal ? Un mot que les Géants utilisent bien peu. Pourtant d’après ce que Svetlana en a entendu, cette chose est vraiment une pépite chez le petit peuple. Non pas pour les danses qui sont peu… distrayantes pour un géant agrothoa, mais pour la mise en valeur des vêtements et apparat des participants. Cela vaut bien de se faire insulter de géant berserks. La géante cesse de bouder.

« Il faut dire ça d’abord ! »

Une occasion d’utiliser quelques choses dont elle ne voyait pas l’utilité. La peinture de visage de sa mère. La Jötunn est une grande adepte de ce matériel, notamment pour se camoufler ou s’amuser. Apparemment, cela servait dans sa tribu d’origine, Svetlana n’a jamais vraiment compris. En tout cas, elle va pouvoir le tester sans subir les moqueries des autres jeunes de la tribu car, seul, le petit peuple la vera. Elle tient à sa réputation tout de même.

« J’reviens. »

La géante a malmené la patience de l’humain car ce n’est qu’une trentaine de minutes plus tard que l’agrothoa se présente sous un jour nouveau. Un visage plus malsain s’est dessinée. Elle voulait un beau et grand sourire, et son œuvre est plutôt réussi. Le thème est respecté, elle est horrible. Parfait pour effrayer ceux qui parlent mal des Géants.

« Voilahh! Je te suis ! »

-L'Equi-verge ? Pfi ! hi ! hi ! Qui a bien pu inventé un mot pareil ? Se demandait le djöllfulin en arrivant aux festivités de la Perracie.

Toute cette bonne ambiance qui devait égayer un endroit bien glauque à l'accoutumé lui donnait bonne humeur. Par ailleurs, une chose était sûre : on n'invitait pas le haut du gratin pour festoyer sans lui, même si c'était dans une région aussi sale que celle-ci. Le voleur avait néanmoins prit un plaisir peu innocent à s'inventer des costumes illusoires. La perspective de se présenter avec ses cornes de diable à découvert et d'attendre les réactions du type "Oh mais...ce sont des vraies ?!" le faisait doucement jubiler. Cependant monter une telle supercherie et dévoiler son identité au grand jour pouvait lui amener quelques ennuis. On ne savait jamais...

L'illusionniste se drapa alors d'un voile fictif qui le transformait visuellement en une espèce de monstre étrange tout droit sorti de son imagination farfelue : une créature verte, massive et poilue, entre le légume et le yéti, qui prétendait au nom de "Chou-baka". Il s'amusait à faire peur aux invités en créant des illusions sonores de grognements inquiétants.

Ce voyage est long mais exaltant. Cela fait plusieurs semaines que nous arpentons les routes et que nous traversons des paysages aussi différents que somptueux. Quittant le festival de l’oasis, nous avons traversé le désert pour atteindre le marécage et enfin arriver à notre objectif qu’était la forêt elfique. Une fois le petit singe volant capturé en bonne et dûe forme, nous avons fait le chemin du retour en passant par les plaines d’Aràn. Nous voulions surtout éviter les grandes routes et les axes un peu trop fréquentés. D’ailleurs, afin de ne pas voyager sur le chemin menant à BaldorHeim, nous avons choisi la route du nord, plus dangereuse, certes, passant par la Perracie. Nous ne savions pas encore ce qui nous attendait en passant par un Hameau qui semblait fêter quelque chose de bien spécifique.

- WOUAAAAH, trop fort le déguisement !

Je me retourne, agacée, car j’ai l’impression que la remarque était pour nous. La réalité était bien autre, un enfant avait les yeux ébahis face à un fêtard arborant un maquillage spectrale très réussie ainsi qu’un long déguisement imitant une apparition fantomatique. Ce costume est d’autant plus réussi que la nuit est tombée et que les sources de lumières proviennent de bougies posées dans des citrouilles creusées pour cet effet. Cela semblait être une drôle de fête, je n’avais encore jamais vu un tel rassemblement. L’ambiance avait l’air pourtant excellente, un groupe de virtuoses jouant des airs bien balancés pour une ambiance toute aussi enjouée.

- C’est la fête des morts, je crois. C’est une façon de repousser la peur absurde de mourir. Rendre le tout encore plus absurde.
- Ils se déguisent et font la fête pour oublier la peur de mourir…. Intéressant.
- Oui, et sans déguisement, nous n’allons pas être les bienvenues longtemps.

Krakha semble très certaine de son sujet en m’expliquant le pourquoi de cette petite fête aux allures démoniaques. Il faut donc nous trouver des costumes ou des déguisements sur le thème de l’effroi. Pas forcément la chose la plus simple à faire aux sabots levés. Mais je commence à avoir ma petite idée sur la question.

- Tu as toujours nos robes en tissu ?
- Les toutes noires ? Oui, bien sûr, nous avons commencé le voyage avec, alors !
- On va aller préparer notre déguisement, vite ! J’ai encore du maquillage dans ma calebasse.

Ni une ni deux, nous voici dans des bosquets aux alentours pour nous changer et porter les robes noires servant à démontrer notre dévotion à Magnésie durant les périodes de jeûne que nous pratiquons les soirs de la fin de l’été et du début de l’automne. Peignant de grandes formes blanches sur Krakha avec notre maquillage tribal, jouant avec les ombres, je la regarde avec enthousiasme.

- C’est certain, tu vas effrayer tout le monde comme ça !
- C’est mal ce que nous faisons Ara, mais tant pis ! C’est ton tour de passer à la peinture fantomatique.

Elle vide complètement le maquillage poudré sur moi, je ne sais pas à quoi je dois ressembler comme ça, mais ça m’a l’air tout à fait amusant. Nous repartons vers le hameau, toutes les deux prêtes à bien nous amuser et à danser toute la nuit avant de reprendre notre paisible voyage.

- Oh mais c’est une dame blanche éléphante ! C’est trop bizarre maman, elle me fait peur !

L’Orque sourit, observant le crâne squelettique dessiner sur sa peau verte. Ses yeux verts semblent encore plus ressortir sur cette peau cadavérique. Son épaisse chevelure sombre avait été remontée en un chignon relâché et des roses fanées avaient été placé pour décorer. La vieille femme sourit joyeusement, terminant de glisser des boucles d’oreilles anciennes aux oreilles de la demoiselle. Elle lisse ensuite la vieille robe pourpre aux épaules dénudées et au rebord du bas déchirer. Elle termine l’apparence défunte de l’Orque en lui offrant un vieux collier de bille de bois. Certaines des billes sont délavées par le temps et d’autre son brisée.

« Merci beaucoup de votre aide… » Souffle Mowgl’ia.
« Ah, mais ça me fait plaisir ma jeune fille et puis je suis rendu beaucoup trop vieille pour toute cette activité. De plus, ça me fait plaisir de voir mes vieux reprendre un peu de souffle pour un autre bal d’Halloween. »
« J’espère leurs faire honneur… Quel est le nom du personnage que je représente ? »
« Une Catrina, dans ma culture, il s’agit d’un squelette féminin vêtu de riches habits et elle porte généralement un large chapeau. Elle est la guide qui mène les morts vers la paix éternelle. »
« La Catrina ? C’est joli… »
« Aller, va rejoindre ton ami, il bougonne dans son coin. » Souffle la vieille femme en pointant Mas’ru.
« Encore merci madame. Je vous ramènerais le costume ce soir. »
« Pas la peine, garde-le, ça me fait plaisir. » Souffle la femme.

Mowgl’ia se tourne vers Mas’ru, commence à s’avancer vers lui quand elle réalise quelque chose. Elle se retourne rapidement, cherchant la vieille femme du regard, mais étrangement ne la voit plus. Avait-elle déjà disparu dans la foule au loin ? Elle baisse la tête, quelque peu déçue de ne pas avoir eu le temps de lui demander son nom… Elle rejoint finalement Mas’ru, l’observant à son tour avant de l’inviter vers les festivités.

« Ton costume est plutôt… »

- "... Ridicule." Gromelais-je.

D'un main, je saisissais la combinaison violette et crème dont on m'avait recouvert. Je baissais les yeux en écartant quelque peu ce tissu acre des poils soyeux qui recouvraient mon corps en me demande comment, une fois de plus, je pouvais me retrouver dans une fête. Mowgl'ia, les yeux doux, encore et toujours surement. Depuis mon départ de la meute, on pouvait dire qu'elle m'en faisait voir de toutes les couleurs.

Je grognais alors en réajustant sur ma tête la capuche ornée de petites oreilles de chat et d'un visage représentant l'animal souriant. Il était clair que le plus amusant dans ce costume était la différence entre ce qu'il représentait et l'air renfrogné que j'affichais. Au moins Mowgl'ia était belle dans son costume. Les robes lui allaient plutôt bien.

- " Tu es très jolie." Murmurais-je à demi-mots.

La franchise était une de mes qualités mais l'orque n'avait pas besoin de tout entendre. Redressant la tête, détournant le regard pour ne pas croiser ses yeux surement pétillants à la pensée des festivités, je scrutait les alentours. La fou était dense et mon odorat était mis à rude épreuve. Si beaucoup de senteur m'était inconnu, je reconnaissais bien celle de l'angoisse. Que ce soit de ceux se pensant ridicule, ou des vantards attendant impatiemment l'approbation de leur proche sur leur tenu, ce genre de festivité entrainait autant de joie que de crainte. Au milieu de ces effluves désagréables, j'en reconnu dès qui me fit instinctivement froncer le museau. La géant et son ami humain. Sur l'instant, je n'avais qu'une envie : les éviter autant que faire se peut. Mais il me semblait plus logique des les rejoindre. Mowgl'ia pourra trainer avec eux pendant la festivité et cela m'éviterai de réaliser toutes les activités agaçantes qui m'attendraient si jamais nous ne restions qu'à deux.

Saisissant la main de l'orque, je la menais alors au duo, bousculant quelques passants en cherchant à traverser la foule. Une fois non loin d'eux, je constatais avec désarrois qu'ils s'étaient eux aussi prêté au jeu des costumes. Certain avec plus d'effort que l'autre.

- "Que font une géant et un humain dans le Hameau ?"

« Ouiiiii ! On y est enfin, Poupouille ! Le bal d'Halloween du Hameau ! Hihihi ! »

J'ouvre grand mes bras en direction de la charmante bourgade s'ouvrant devant nous, excité comme jamais ! Oui, je sais, le Hameau est en Perracie, et oui, je n'étais plus censé y remettre les pieds pendant longtemps... Ces rabats-joie... J'ai toujours une peur bleue de repasser sous le contrôle du vieil édenté, et je n'y retournerais certainement pas avant au moins l'année prochaine... CEEEEPAAAANDAAAAANT !! Hihi, pardon, ça m'amuse. En cette occasion, c'est différent ! Le bal d'Halloweeeeen ! Très connu dans ce coin, même pas nous autres perracks, les énergies qui se déversent à l'occasion de l'équiverge, sans parler de la Convergence, me protège en quelque sorte de l'influence néfaste de mon ancien et maudit maître, même si je peux le sentir malgré cela. Equiverge, hihi ! Je me demande encore qui a donner ce nom ! Bon, et puis, au cas où, si jamais ça pouvait m'aider, j'avais préparé plusieurs concoctions réunissant l'intégralité des champignons mortels et moisissures du coin, que j'ai tout ingéré juste avant de traverser la frontière. Hihi hic ! Oups...

Il était hors de question que je rate cette fête ! Je préférerais mourir une nouvelle fois que ça ! C'est vraiment bien trop marrant, les gens se déguisent en croyant faire peur, jusqu’à ce qu'ils me voient et s'enfuie de terreur à toutes jambes. J'en ris encore en repensant à la dernière fois ! En même temps, avec mon charme naturel, je n'ai pour ma part pas besoin de m'accoutrer de la sorte, ou de me faire passer pour un monstre, pour effrayer ! Hihi ! Rhoo, et les décorations, l'ambiance, les cris, tout ça... Qu'est-ce que l'on passe un bon moment ! Tant qu'un démon millénaire ne débarque pas pour y mettre le chaos, évidemment... Si je trouve celui qui l'avait invoqué... !

Ne ressassons pas le passé, et profitons plutôt du moment présent, ouiii ! Je déborde littéralement d'énergie, je suis comme un petit enfant humain, mais l'intelligence, la maturité, et les champignons en plus ! Bien que j'ai dansé de joie presque sur tout le trajet, je bats encore mes records, c'est plus fort que moi, même si tout à fait naturel, hihi. Je dois avoir plein de petites étoiles dans les yeux, tellement ça m'avait manqué ! Une foule déguisée en plein de... Trucs différents profitent déjà de la musique un peu partout et des gourmandises à disposition, je n'ai même pas besoin de me cacher !

« Regarde Poupouille ! Il y a tout plein de calebasses démoniaques, comme toi, partout ! Hehehihi... J'adore leur petit sourire adorable et leurs yeux brillants de malice... Mais tu restes la meilleure de toute, je te l'assure ! Hihi ! »

Je serais bien tenté d'en adopter quelques-une en plus, ça serait une décoration géniale pour ma grotte, en plus d'y apporter un peu plus de vie ! Mais je sais que mon amie va me bouder, après... C'est qu'elle a quand même du caractère, hein, Poupouille ? Je continue de danser comme si ma non-vie en dépendait, oubliant cette distraction... Oh ! Je sais ce qu'il manque au tableau ! Un bon orage, des éclairs qui traversent le ciel, le gros son du tonnerre prenant le pas sur tout le reste. Oooh ouiiiii ! Dans mes pas de danse, je m'arrête soudain en pointant le ciel de la main, et là, boom ! La foudre verdâtre tombe pile sur une échoppe de toute sa beauté, illuminant les alentours et mettant le feu au bois. Je vois aussitôt l'individu qui le tenait courir partout en hurlant. Je rentre la tête dans mes épaules, oups ! Hihi !

« Non, c'n'est pas moi ! Haaa, lala, quel farceur ce Slippy Holeau ! Hihihi, c'était drôle tien ! »

Je repars doucement dans la direction opposée, sifflotant l'air de rien, les mains dans les manches et regardant le ciel. Boarf, il joue juste à la torche humaine, franchement, il lui en faut peu pour paniquer ainsi... Je me prends une petite lampée d'une nouvelle potion, pour la peine, histoire de me faire passer ce spectacle. Bah quoi ? Je n'ai jamais dit que je n'en avais pas plus ! Juste que celles-ci sont plus générales, pour toute occasion ! Comment je vais faire le chemin du retour si je deviens sobre, moi !?

Alooors, voyons un peu, quel déguisement y a-t-il... Mouais, facile... Bof, même pas effrayant... Ah, tien, un gueux ! Pardon, un paysan, hihi ! Il me dit quelque chose, mais impossible de savoir quoi, il est trop bien dans son rôle, j’adore ! Une sorcière, classique. Oooh ? Oh ! Oh ! Oh ! Je veux savoir comment il a fait ça, celui-là ! Plus que de se barbouiller avec du maquillage, il s'est changé en une grosse créature verte plus vraie que nature, sans parler de ses cris ! S'il était vrai, je l'adopterais sans hésiter ! J'imagine déjà le petit nid que je lui ferais dans ma grotte... Pff, je diverge, ça ne reste qu'une personne normale en dessous... Encore du maquillage... Des os... Du maquillage... Une grosse citrouille horrible... Ah ? Pas mal la grande cousine et la grande corneille ! Il y a de l'idée, cette année, ça me plaît !

« Pff... PfffAhahah !!!! Hihihaha ! Hoooo... Hooo... »

Pardon, mais là, c'était réellement plus fort que moi, hihihi, j'ai du mal à me remettre de ce fou rire !! J'en aurais les larmes aux yeux, si je pouvais ! Non mais franchement, voir une grosse bête poilue à l'allure patibulaire recouverte de cette chose ridicule... Hihihi ! Fiou, je m'amuse encore plus que prévu !

« Ooooh !? Qu'est-ce que c'est que ça ? »

Je repère un chaudron fumant, non sans me rappeler le mien. On y fait des mixtures, des potions ? J'y cours soudainement, comme une mouche verte sur un beau morceau de viande. Miam ! Une sorcière aussi belle que moi, vraiment charmante, a l'air de s'en occuper. En plus, elle aussi est accompagnée de plein de citrouilles ! ...Des costumes magiques ? En buvant ça ? Hihi, en quoi donc ? C'est aléatoire, ou selon l'individu ? Je veux ! Je veux tester ! Si ça pouvait se marier à mes champignons, ça serait parfait ! Petite cerise sur le gâteau, c'est totalement gratuit ! Sinon je ne m'y serais même pas intéressé, vous l'imaginez. Je m'approche gaiement du spectacle, et voilà que je reçois une belle citrouille à croquer... Ça a l'air booon !

« Ooooh, ne me regarde pas avec ses yeux-là, Poupouille ! Tu sais bien que je ne te mangerais pas ! Enfin sauf peut-être si tu te retrouves avec des champignons... Mais ce n'est pas encore prêt d'arriver ! Hihi ! »

Ça va, j'ai évité l'épisode de bouderie, c'est que je ne veux pas subir ce genre de distraction cette nuit, je suis là pour m'éclater et en profiter ! J’engloutis alors sans pitié ma sucrerie, et réagit comme un maître goûteur dans une auberge. Mmmh, c'est bon, mais un peu d'Ortinarice d'Hukutav... Oh, même mieux ! Un soupçon de Chapeau du Dément ! Ça serait parfaiiiit ! Mais ce n'était pas le but premier de la manœuvre... Je ne ressens absolument rien, enfin comme très souvent d'ailleurs, vu ma condition, mais des changements ont bien lieu, alors que je m’observe dans une flaque d'eau.

Mon sourire s’élargit tandis que je me transforme, puis je finis par sauter de joie ! Un gros champignon ! Je suis devenu moi-même un champignon ! Avec des bras et des jambes ! Même si je suis un peu moins mignon, je peux encore faire une petite bouille qui en ferait craquer plus d'un ! Hohohihi, je vais pouvoir faire plein de blagues et de coup-bas ! Je me mets à courir et à rire de joie dans tous les sens, vous ne pouvez pas imaginer à quel point il n'y a rien de mieux qui puisse m'arriver avec tout ça ! Il ne faudra juste pas que j'essaie de me croquer pour voir quels effets j'ai sur moi-même... Résiste !

« Il me FAUT votre recette, hihihi ! »

Le bal commençait à battre son plein. Les gens se présentaient avec des costumes ou des transformations tous plus originaux les uns que les autres. A côté d'eux, la tenue de Kaïna faisait pâle figure mais, elle s'en moquait. Elle était ici pour boire et s'amuser. Elle venait de terminer sa première bière et en commanda une autre. Ensuite, elle observa autour d'elle et vit une autre sorcière qui semblait s'amuser avec un chaudron. Bien qu'elle n'avait pas l'air toute jeune, elle semblait pleine d'énergie. Kaïna décida donc de se rendre vers elle et à ce moment, elle vit une sorte de gobelin se transformer en champignon. La jeune pirate sourit. Ainsi, cette potion servait à se transformer? Amusant mais, Kaïna préférait ne pas s'y risquer. Toutefois, elle aborda la sorcière et dit:

"Salut m'dame la sorcière! Il semblerait qu'on ne s'ennuie pas à tes côtés. Ta potion, elle est marrante! Par contre, pour ce qui est de la transformation, le thème de la soirée étant l'effroi, ce gobelin n'a pas eu de chance. Il s'est transformé en champignon tout mignon!"

Kaïna allait proposer une bière à la sorcière quand elle vit au loin une silhouette familière. Le maquillage la faisait douter mais, en se rapprochant, elle serait fixée. Elle salua donc la drôle de sorcière et se mit à courir en direction de la personne qu'elle pensait connaître. Toutefois, elle stoppa sa course lorsqu'elle entendit un grognement. Elle n'avait pas tellement été surprise mais, elle devait prévenir l'auteur que dans une soirée comme celle-ci, il en faudrait sans doute plus pour impressionner les gens. L'auteur des cris était déguisé en une sorte de bestiole poilue verte. Kaïna se rapprocha et dit alors en souriant:

"Bah ça alors! T'es encore plus poilu que tonton Marcel! En tout cas, vu l'ambiance de la soirée, si tu veux vraiment effrayer les gens, je pense qu'il faudra faire plus que grogner. Enfin je dis ça mais, ce n'est pas moi qui vais effrayer qui que ce soit. Chouette déguisement en tout cas! Amuse toi bien!"

Et sur ces mots, la jeune furie reprit sa course mais, elle se rendit compte qu'elle avait perdu sa cible de vue. Bah, vu sa taille imposante, elle finirait bien par la retrouver. Tandis qu'elle la cherchait, elle tomba sur un groupe de quatre personnes parmi lesquelles deux lui étaient familières. Le lowen ne lui disait rien par contre. Face de citrouille, elle n'était pas sûre. Dans le doute, elle commença par saluer l'orc et la géante.

"Hé salut vous deux, on se serait pas déjà vues? Avec le maquillage je peux me tromper mais, vos têtes me disent quelque chose. Quant à toi monsieur chat, je suis enchantée! Et toi, tête de citrouille, on se connaît ou pas?"

Kaïna écouta leurs réponses puis, comme sa bière était terminée, elle leur dit qu'ils pourraient la retrouver au bar s'ils le souhaitaient et elle partit en leur faisant signe de la main. Quand elle arriva vers le bar, elle tomba nez à nez... truffe? avec un autre lowen. Elle le fixa un instant et se gratta la tête. Elle était certaine de l'avoir déjà vu mais, pas moyen de se rappeler. Toutefois, comme il était vers le bar, elle commença par lui proposer une bière.

"Hé, ça te dit une bière? Dis moi, je suis presque sûre qu'on s'est déjà croisé mais, j'ai beau essayer de me souvenir, tout ce qui me revient, c'est un mal de crâne..."

N'attendant pas qu'il réponde, elle commanda deux bières. Elle s'empressa de boire dans la sienne, regardant son interlocuteur en se demandant s'il se souvenait mieux qu'elle.

Quelques instant plus tard, elle vit quelqu'un qu'elle connaissait très bien. Toutefois, il avait changé. Pas assez pour qu'elle ne le reconnaisse pas toutefois. Kaïna se mit alors à courir, renversant de la bière en route. Puis, lorsqu'elle arriva vers son ami, elle dit en sautillant sur place:

"Elijah! Toi aussi tu es venu! Trop bien! Allez, viens, on va boire un coup! Oh et je ne suis pas sûre mais, j'ai cru apercevoir Ara tout à l'heure. Une fois qu'on aura fait le plein de bière, tu voudras bien m'aider à la chercher? Mais au fait, c'est quoi ce look? Tu as bu la potion de la sorcière?"

Sur ces mots, elle entraîna son ami vers le bar en le tirant par le poignet.

Par un crochet au Hameau...

- Citrouille d'amour! C'est bon et sucré! Plus d'mal de ventre avec ça! Héhéhé!
- Oh oh ! Ça a l'air bon ça ! Fit Ehawee, vaguement déguisée en sorcière, un voile sombre sur la tête et du maquillage vert sur sa face. La vieille femme qui haranguait les passants, elle, ressemblait à une véritable sorcière à n'en point douter ! L'elfe pâlit en voyant ce visage si hideux et si réel à la fois, certains costumes et transformations étaient très réussies..Elle se laissa cependant portée par l'ambiance et ingéra goulûment l'étrange et délicieuse mixture du chaudron. Soudain...

Pouf ! Son corps disparu ! "Quoi ? Que m'arrive-t-il ?" Hé hé hé, pauvre petit personnage malmené par son narrateur. L'archère contempla ses bras invisibles. Cette faculté pouvait être fort pratique ! Mais...Mais...Ça n'allait pas durer, n'est-ce pas ? N'y avait-il aucuns remèdes contre ça ? En constatant que la surprise était conjointe, l'elfe se résigna et rejoignit les autres invités du bal ainsi...Espérant que l'effet s'estomperait bien au bout d'un temps.

Elle ricocha de participant à participant. "Aïe! Ouïe ! Mais enfin, vous ne me remarquez pas ? Mon habit n'est pourtant pas invisible lui !" Hé hé hé. Puis elle atterrit au devant du comptoir, seul refuge pour les épaves d'Halloween au déguisement raté ou incompréhensible. La mine songeuse, un peu dépitée, elle envisagea de continuer la soirée à boire dans son coin lorsqu'elle reconnut une forme...familière ?

-Par les esprits ! Oh oh ! Son rire lui fit oublier toute sensation de gêne lorsqu'elle vit Urua dans cette armure ridicule. Il avait l'air très fin. Elle s'approcha de lui, et lui feignit une phrase de courtoisie, totalement embarquée par la situation. Mon sire Urua, noble maître des citrouilles, hi hi, futur dirigeant de l'armée des cucurbitacées de l'Ouest, pfi hi ! Accepteriez-vous la présence de votre humble archère, au corps pour le moins inexistant, mais bien là quand même, pour boire de quoi ne pas trop se souvenir de cet épisode de gloire ?

Comme d’habitude, les regroupements de petits sont toujours si difficiles. Trop d’agitations, mais cela a le mérite de la divertir. Cependant, il y a bien peu de costumes attrayants. Elle a le mérite de se fondre bien dans le thème. Disons que ce n’est pas avec leurs accessoires et leurs apparences qu’elle trouvera la formule optimale pour son dessein. Sauf peut-être les costumes en squelette…

« Hum… »

Cela l’intrigue, même la dégoute un peu. Après le gros légume orange est tout aussi dégoutant. La géante commerce à appréhender une perte de temps. Elle reste au coté de celui qui la forcer à venir. Toujours rester proche de lui pour, d’une, ne pas se perdre, de deux, se venger si elle s’ennuie trop. Probablement en commençant une bataille générale. C’est ce que font les monstres, non ? S’entredévorer pour prouver sa supériorité sur le reste ? Par contre, tous n’ont pas l’air délicieux… même à vomir. Deux individus familiers les approchent. Mow et Ru, tout costumés. Elle ne les pensait attirer par ce genre de fête. Le déguisement du lion debout est un éclat dans l’ambiance générale trop sombre. Voilà quelque chose d’intéressant ! Elle regarde son tissu fixement, s’approchant petit à petit tandis que Morti’ parle beaucoup trop.

« J’peux toucher ? »

La mémoire de Razja chancellait. Comment était-il arrivé jusqu'ici ? Il ne s'en souvenait plus. Son passé immédiat n'était qu'une succession de souvenirs nébuleux, comme s'il sortait d'un long sommeil. Mais un bref examen lui avait permis de conclure qu'on ne lui avait rien volé, et il était lui-même en pleine possession de ses moyens. Ses pouvoirs étaient-ils à l'origine de ce trou de mémoire ? Il devrait se pencher sur la question plus tard.

Toujours est-il qu'il se trouvait dans un hameau inconnu, en plein dans ce qui semblait être une célébration étrange. Le naga ne connaissait rien aux us et coutumes des bipèdes, néanmoins, il était presque sûr que leur accoutrement n'avait rien de normal. Comme s'ils s'étaient déguisés... Mais pour quoi faire ? Perdu dans ses interrogations, Razja mit plusieurs secondes à remarquer la jeune humaine qui se tenait à côté de lui, l'air béate.

Quand il la repéra enfin, les deux se fixèrent pendant une poignée de secondes, dans un moment particulièrement gênant, avant que la jeune fille ne se décide à ouvrir la bouche.

- Comment avez-vous fait ? Devant le silence de son interlocuteur, elle précisa : pour votre déguisement, comment avez-vous fait ? Il est merveilleusement terrifiant !

Après une nouvelle poignée de secondes silencieuses, Razja se décida à parler :

- De quoi parlez-vous ?

- Mais regardez ça, les yeux bougent, comme s'ils étaient vrais ! Je suis abasourdie ! C'est de la magie n'est-ce pas ? J'en suis certaine, parce que voyez-vous, je suis moi-même...

Le naga s'éclipsa pendant que la pauvre créature soliloquait. Cet endroit était rempli d'excentriques, mais le naga y détectait aussi des gens de valeurs. Peut-être qu'il trouverait ici des âmes décentes ? Aussi décida-t-il de rester un peu, juste au cas où.

Une mauvais idée. C'était clairement une mauvaise idée. Cette fête, le bruit, les odeurs, tout était dans l'excès. Et les remarques crispantes de l'humain aussi.

- "Je ne suis pas un chien" grognais-je à nouveau.

Mes babines se redressaient, dévoilant mes crocs soutenus par un air agressif. Tout cela me mettait profondément mal à l'aise. Je n'aimais pas cette ambiance. Mowgl'ia devait le savoir mais elle, elle semblait heureuse. Voir son sourire m'aidait à me détendre. Relâchant mes muscles, desserrant les poings et laissant mes babines retomber sur mes crocs, je vis la main de la géante s'approcher doucement du haut de mon crâne. Une panique certain, un instinct primaire me fit reculer de quelques mètres et me voilà à nouveau sur les nerfs.

- "Non !" Répondis-je sèchement, "Tu ne peux pas toucher."

Une erreur. C'était une erreur de les avoir rejoint. Ou peut-être pas. Je me tournais vers Mowgl'ia en lui demandant :

- "Mowgl'ia, que veux-tu faire maintenant ?"

Après tout, c'était pour elle qu'il était là. Pour elle uniquement. Et si lui n'avait aucune idée de ce que l'on faisait à ce genre de cérémonie, elle qui avait insisté pour y participer devait savoir ce qu'elle voulait faire.

Mowgl’ia offre un sourit gêner malgré elle sous les compliments. Elle aurait voulu cacher le grand plaisir qu’elle ressent face à tout cet émerveillement, mais la joie se dessine sur son visage. Après la vague explication du félin sur leurs retrouvailles, l’Orque hoche la tête et souligne :

« De plus, le reste de votre corps est facilement reconnaissable. »

Presque au même moment, Kaïna, l’une des adversaire que l’Orque avait eu la chance (ou malchance) de croiser à l’arène les croise. Elle offre un petit hochement de tête. Malheureusement pour elle, elle se souvenait peu du combat, il avait été si rapide et humiliant que l’Orque n’avait pas cherché à en savoir plus.

« Oui, à l’Arène, j’étais l’une de vos adversaires… » Termine-t-elle avec une vague hésitation sur le mot adversaire.

Elle salut finalement la voleuse qui retourne à ces moutons. Elle se crispe à son tour face aux comportements de Mas’ru face au rapprochement de Svetlana. Soudainement, elle s’en veut de l’avoir traîné presque de force le Félin géant dans cette ambiance. Avait-elle trop demandé ? Était-elle trop exigeante ? Malgré la crainte et le malaise, elle s’interpose entre le Löwen et la Géante. Elle offre un faible sourire en soulevant une main dans un signe de stop. Après avoir parlé quelques fois avec la géante, elle commençait à comprendre la pensée plutôt simple, voir primitive de la grande blonde.

« Mas’ru n’aime pas qu’on le touche, c’est comme quand j’ai essayé de toucher ta chevelure, tu n’as pas aimé, c’est la même chose avec lui. » Explique-t-elle simplement.

Elle voulait à tout prix éviter un combat, combat qui finirait très mal s’il éclatait ici. Elle observe la foule grouillante qui les entoure. Mas’ru semble se calmer un peu et détourne son attention sur un autre sujet. Qu’allaient-ils faire ?

« Plutôt simple Mas’ru, nous allons manger, récolter de l'information et quitter tôt pour ne pas trop t’éprouver. Il y a beaucoup de spécialités locales… Ça pourrait être utile pour quand je vais cuisiner, je ne connais pas trop la nourriture de l'endroit… Je crois aussi qu’ils ont prévu des activités avec des prix en or… » Souligne-t-elle vaguement.

L'apparence du chou-baka et les bruits modeler par magie effrayaient peu les passants. Au moins, ils se faisaient surprendre et cela suffisait à faire rire Rowtag qui se cachait sous le costume illusoire. Le vilain farceur continuait ainsi sa tournée en récoltant les différentes réactions qu'il provoquait sur son sillage.

-Bah ça alors! T'es encore plus poilu que tonton Marcel! En tout cas, vu l'ambiance de la soirée, si tu veux vraiment effrayer les gens, je pense qu'il faudra faire plus que grogner. Enfin je dis ça mais, ce n'est pas moi qui vais effrayer qui que ce soit. Chouette déguisement en tout cas! Amuse toi bien!

L'homme resta figé un moment lorsque la jeune fille, qui parlait visiblement beaucoup trop, déblatérait son discours, avant de repartir aussi vite qu'elle était venue ! *Mais...mais...Quelle petite impertinente !* grommela-t-il intérieurement, vexé. Elle avait vu juste néanmoins, et il était évident que personne n'aurait véritablement peur avec ce genre de stratagème. Les invités de l'équiverge étaient des invités costumés et donc aussi des invités avertis. Cette préparation à l'effroi le faisait forcément retomber à plat : comment faire peur dans ces circonstances ?

Bah ! Ce n'était pas bien grave s'il n'y parvenait pas, il n'allait pas se casser la tête à le faire : il n'était pas au Cirque, à ses heures de travail. Cependant, quelques idées émergeaient dans son esprit et il se dit que ce bal était le parfait endroit pour tester quelques tours...

Restant dans un coin, une liqueur de citrouille à portée de main, il puisa dans l'imaginaire commun pour son expérimentation. Il fit apparaître des fantômes à ses côtés et s'amusa à bidouiller leurs différents aspects tandis que quelques curieux regardaient la scène.

-Hmm..Alors pour toi : allure cadavérique, pas de cheveux ou alors très peu et des habits blancs déchirés. Ah oui, et la lévitation, bien sûr, et l'aura verte de rigueur. Hm...Oh non je sais ! Il s'emballa, fit disparaître les autres fantômes et concentra son pouvoir dans le premier auquel il ajouta des multiples bras crochus et ensanglantés, un cou allongé comme un serpent curieux qui ondulait tour à tour vers le visage des invités, une face avec deux yeux comme des trous de souris et un rire cinglant, à mi-chemin entre une porte qui grince et le râle d'un porcelet.

-Qu'est-ce que c'est ? se demanda-t-il en contemplant son image tridimensionnelle, comme si quelqu'un allait le savoir mieux que lui.

Azriel avait mis ses plus beaux atours, comme il était de convenance pour toute soirée mondaine. Masque, vêtements, bijoux, plumes, il avait sorti le grand jeu. Ce n'était pas les occasions qu'il avait de participer à ce genre de rassemblement, alors il en profitait, même si pour cela il avait dû se rendre dans un trou paumé de Dùralas. Il aurait préféré un château, il se serait même contenté d'un petit manoir, mais bon... Au moins, il y avait du monde, c'était déjà ça.

En vérité, l'assemblée était très hétéroclite. Cela surprit le vampire, positivement. Lui qui craignait de se retrouver au milieu des poivrots et des bouseux... Il reconnu même quelques têtes connues, malgré les déguisements, notamment Dilon Deraborne, dont l'épée enflammée ne pouvait que difficilement passer inaperçue. Il le salua de loin d'un bref mouvement de tête. De l'autre côté, il repéra un magnifique lion en armure qu'il connaissait très bien. Souriant derrière son masque, il claqua des doigts, faisant apparaître Mi, sur son épaule.

- Regarde, il est là, c'est parfait. Va chercher le cerceau.

- Mi mi ?

- Comment ça, quel cerceau ? Mais enfin le cerceau, le cerceau destiné à Urua, le cerceau spécialement choisi pour qu'Urua saute dedans, le cerceau de Urua !

La petite chose disparut dans une petit nuage de fumée violette, avant de réapparaitre accompagné de plusieurs de ses congénères, portant le dit accessoire.

- Très bien, vous restez près de l'entrée, avec une torche à portée de main, moi je m'occupe de le rabattre.