Le festival semblait attirer Elijah autant que Kaïna. De plus, l'idée qu'Ara soit là l'emballait également mais, il ne rechigna pas à boire un coup avant. En même temps, il était vrai que la probotyre avait tendance à materner le jeune homme. En y repensant, Kaïna se retint de rire. Tandis qu'ils arrivèrent au bar, elle commanda deux bières et les régla discrètement tout en disant au serveur que ce serait son ami qui allait payer. Le serveur joua le jeu et fit comme s'il n'avait pas reçu le paiement. Toutefois, Kaïna le fixa d'un regard noir, s'assurant qu'il n'en profite pas pour empocher deux fois les consommations. Elle dit alors à son camarade:

"Oui, c'est une sacrée fête, on s'amuse bien! J'ai croisé quelques visages familiers. Pour Ara, je ne suis pas tout à fait sûre. J'ai vu deux probotyres toutes peinturlurées et l'une d'elle ressemblait à Ara. Mais bon, de loin et avec le déguisement, j'ai pu me tromper. En tout cas, si c'est bien elle, ce serait drôle qu'on tombe aussi sur Charlotte. Enfin bon, elle prend sûrement son rôle de capitaine plus au sérieux que moi. Sur ce, trinquons! Aux festivités!"

Kaïna trinqua avec son ami et but à grosses goulées quand soudain, elle vit un drôle de groupe s'agiter avec un cerceau et une torche. Elle se demandait ce qu'ils pouvaient bien faire. Toutefois, même si elle n'en était pas sûre, cela ressemblait à la préparation d'un numéro de cirque. Génial! Il fallait vite trouver Ara. Après tout, si ceux qui préparaient le numéro appartenaient au fameux cirque dont la jeune pirate avait entendu parler, cela promettait d'être cool. Elle s'écria alors à Elijah:

"Allez, dépêche-toi, cul sec! Il faut qu'on trouve Ara avant que le numéro de cirque ne commence! Tout à l'heure, elle et la personne qui l'accompagnait étaient par là-bas, un peu plus loin que la bestiole verte poilue. Tiens, d'ailleurs, ça semble s'agiter autour de lui. Est-ce qu'il m'aurait écoutée ou est-ce que c'est quelqu'un d'autre? Bref, pas de temps à perdre, suis moi!"

Kaïna laissa Elijah siffler sa bière et, dès qu'il l'eut terminée et posée, elle lui montra la direction à prendre pour retrouver leur amie. Ils se lancèrent alors, cherchant de si et de là où pouvait se trouver les deux probotyres. Kaïna se souvenant de leur déguisement n'eut aucun mal à les repérer. Elle s'élança alors ne s'arrêtant que pour saluer un cavalier inconnu à l'épée enflammée:

"Salut, dis moi, t'es au courant que c'est toi qui es sensé être déguisé, pas ta monture? Remarque, c'est original et puis, tant que tu t'amuses, c'est le principal!"

Après cela, elle arriva vers les deux probotyres qui se trouvaient dos à elle. Elle s'écria alors:

"Ara! Enfin on te trouve! Je t'avais aperçue tout à l'heure mais, j'ai tellement couru dans tous les sens que je t'ai perdue. Mais, regarde qui j'ai trouvé entre temps! À ce moment, elle désigna Elijah, potentiellement à la traine s'il n'avait pas voulu courir. Tu vas bien? Est-ce que tu as trouvé des stands intéressants? Pour l'instant, je n'ai été qu'au bar. Mais, de là bas, j'ai aperçu un truc génial, il va y avoir un numéro de cirque. Tu voudras venir le voir avec nous?"

Kaïna était tout sourire, contente d'avoir enfin trouvé son amie. En espérant qu'elle ne s'était pas trompée. Mais bon, il fallait bien l'admettre, un probotyre ça trompe énormément.

Spoiler:

Je crois que nous avons vraiment fait peur à cette petite fille, Krakha et moi. Notre déguisement est loin d’être le plus original, ou le plus grandiloquent, un simple maquillage blanc tribal pour rappeler les spectres. Mais forcément, un spectre ressemblant à un éléphant de deux cent cinquante centimètres, sur deux pattes, reste un spectacle effrayant. Surtout pour les enfants, qui sont ici autant pour la peur sincère que pour le plaisir de se faire peur et de braver cette même peur.

Krakha ne semble pas vraiment à l’aise au milieu de cet environnement jouant sur la mort et sur l’au-delà. Il faut dire que notre Matriarche n’aimerait vraiment pas du tout nous voir traîner dans ce genre d'endroit. Le trépas est quelque chose de bien trop respectable dans notre culture pour le tourner en dérision comme nous le faisons. Mais j’ai bien envie de m’amuser, et je sais qu’après quelques bières, elle en aura bien envie, elle aussi. En plus, le groupe de musiciens est vraiment excellent, ça me donne envie de danser jusqu’au lever du soleil !

- Prudence, Ara. Certains déguisements n’en sont pas ce soir.
- Qu’est-ce que tu insinues par là ? Je ne suis pas une gamine née de la dernière pluie tout de même….
- Le naga qui tente de se dissimuler là-bas. Ce n’est pas un costume. Alors, s’il te plait. restons sur nos….
- OH BONJOUR KAÏNA !

La vision de la pirate me coupe complètement de ma discussion avec Krakha. J’oublie rapidement ses mises en garde pour accueillir avec plaisir la présence des deux compères humains. Mon petit Elijah est également là ! Décidément, il ne manque plus que la Capitaine Roseline pour faire l’équipe au complet. Kaïna semble complètement surexcitée par cette ambiance grisante. Elle me montre le bar, un peu plus loin et me demande si j’ai vu d’autres choses. Bref, elle me parle si vite que j’en oublierai presque de présenter Krakha.

-  Elijah, Kaïna, je vous présente mon amie, la Dame Krakha. Krakha, voici, le reste de l’équipe qui a défait le Hadesaga, tu connais le dernier membre, la Capitaine Roseline.

Elle hoche la tête à destination des deux humains. Elle semble sur sa réserve car elle garde le Naga dans son champ de vision.

- Nous n’avons encore rien vu. Déjà, il a fallu nous déguiser, je n’avais que du maquillage tribal blanc, je crois que ça fait l’affaire. Vous avez l’air bien de vous amuser. Allons voir ce truc intéressant alors ! Et ensuite nous irons boire des bières et danser ! Mais pas trop d’alcool pour toi mon petit Elijah.

Je réprime mon envie de lui serrer la joue entre mes doigts comme on peut le faire pour les enfants. Il ne le prendrait probablement pas mal, mais ça mettrait probablement à mal son image de jeune homme adulte. Suivant mes amis vers le fameux spectacle à venir, je propose à Krakha d’aller nous chercher des bières, chose qu’elle accepte immédiatement. Je pensais déjà que la soirée serait bonne, mais maintenant, elle risque d’être même parfaite !

Le lion refuse sèchement l’humble demande de la géante. Elle a l’habitude des refus de la part du petit peuple. Cela commence d’ailleurs à l’énerver. Svetlana n’aime pas les contraintes, surtout de la part des petits. Ils devraient déjà être contents qu’elle demande la permission. L’analogie de la verte fait réfléchir la géante.

« Donc toucher le costume d’un Ru est comme coiffer une géante… »

Il faut qu’il lui appartienne pour pouvoir le tripoter. Evoluer parmi les petits est peut-être moins contraignant qu’elle le pense. L’agrothoa s’apprête à demander un duel au lion comme l’usage de sa tribu, cependant Morti’ détourne son attention vers autre chose. Ses gouts en matière de décoration sont toujours aussi médiocres. L’individu que son ami lui montre est loin d’avoir la moindre chance de se reproduire avec un géant. Il est vrai que ses accessoires sont, néanmoins, intéressants. En tout cas, toujours plus que de manger des légumes ou d’être bousculé par des moches. Svetlana s’éloigne du groupe qui est attiré par l’agitation centrale.

Croisant finalement le chemin de l’homme-serpent, elle s’assoie brutalement en travers de sa route. Fixant les décorations rouges de part et d’autre de son corps difforme. La géante réfléchit un instant aux formules de politesse à employer dans ce genre de situation.

« Bonj… »

Finalement, elle abandonne. La géante n’a jamais eu ce qu’elle voulait avec les techniques du petit peuple. Autant les ignoré. De son index, elle pointe les objets rouges, autour de la taille de l'homme-serpent, dont elle ne connait le nom.

« J’aime ça. Je le veux. Comment on les fait ? »

[ HRP: @Razja ]

Au final, les choses avaient plutôt bien tourné. Corbeau avait rapporté de la nourriture et la géante s'en était allé à embêter des Nagas. Une peu d'air que j'avais amplement mérité. Je soupirais alors entre deux bouchées de la brochette de viande que m'avait donné l'humain alors qu'il pointait du doigt un regroupement inquiétant. La place s'était faite autour de nous car presque tous les passants étaient partis voir le spectacle et intérieurement je savais que Mowgl'ia irait aussi le voir.

En vitesse j'avalais ma nourriture avant de planter aux côtés de Mowgl'ia et surveiller que personne ne profite de cette foule dense pour faire les poches de l'orque. Mes oreilles se tournaient au son des cris de la foule. Les gens semblaient émerveillés par le spectacle de flamme qui moi, m'indifférait plus qu'autre chose. Seulement, vient le tour des lions et la foule se mit alors à acclamer un lowen. Nous n'étions pas de la même meute, je le sentais à son odeur. Pourtant, le voir ainsi amené devant ce cercle de feu et acclamé comme un animal de cirque. Je ressentais la rage monter en moi. Les gens ne changent pas, tous nous considèrent comme des animaux ici.

Les complaintes de la foule fasse à l'indécision ou l'incompréhension du lion me fit dresser les babines. Je serais les poings avant de glisser à ma partenaire :

- "C'est stupide, je vais me chercher à manger plutôt."

Stupide, oui cela l'était. Que ce soit les gens, ou le lowen s'il venait à craquer sous la pression de la foule. Tout était stupide.

Mowgl’ia remercie avec un hochement de tête l’humain qui semble comprendre un peu son problème. Sans plus attendre, elle vient l’aider, offrant de l’or elle aussi et des bras pour ramener le plus gros de la nourriture acheter. Quand le Löwen semble finir l’un de ses repas, l’Orque s’assure qu’il a déjà autre chose en main, le tenant ainsi l’esprit occuper à manger la viande. Elle suit de proche l’humain qui les guide habilement au travers la foule d'humanoïde aux costumes extraordinaires.

«La nourriture est à ton goût ?» Demande-t-elle a Mas'ru.

Beaucoup des costumes étaient effrayants, essayant d’attiser la peur chez les êtres de toute race. Complètement fascinée par les spectacles qui se passent tout autour d’eux, l’Orque se laisse envoûté par la fantaisie onirique d’offre le festival. Tandis qu’un côté un chant aux danseurs fantomatiques s’élève dans l’air festif, de l’autre une gigantesque bête sortie tout droit de l’horreur s’élance docilement dans un cerceau en flamme, écoutant son dresseur. Son regard lumineux glisse sur le corps serpentin qui circule habilement au travers de la foule et elle se demande qu'elles aient la texture de ses écailles, sûrement froide et lisses comme celle des serpents de tailles plus modestes.

« Il y a tellement de choses à voir ! Et si peu de temps… En plus, j’ai l’impression que nous manquons tellement de chose… Si seulement nous pouvions arrêter le temps et marcher librement… » Souffle l’Orque d’une voix complètement fascinée.

Si quelqu’un lui avait dit qu’un jour, elle assisterait à une telle fête, elle ne l’aurait pas cru, elle en aurait même ri ! Mais maintenant qu'elle le vivait, elle était sans mot face à autant de fantaisie.

D’excellente humeur après avoir retrouvé mes amis Elijah et Kaïna, je me déplace à travers la foule. Kaïna étant très agile, elle passe d’un petit groupe à un autre avec une folle dextérité. Elijah semble légèrement jouer des coudes pour frayer son chemin et atteindre l’objectif visé par Kaïna. Pour ma part, j’évite au maximum et avec beaucoup de précaution de ne pas écraser les pieds de quelqu’un. Je pourrais évidemment faire comme Krakha : pousser les gens et prendre un air imposant s' ils osent se retourner pour rouspéter. Je dois dire que le pire, ce sont les enfants humains, ils sont si minuscules que j’ai du mal à les voir quand ils courent entre les jambes de tout le monde.

- Pardon….
- Excusez-moi….
- Je n’avais pas l’intention de vous pousser, mais vous restiez là sans bouger…
- Non, je n’ai pas le temps de vous expliquer mon déguisement, mes amis sont plus loin. Veuillez vous écarter.

Je m’excuse tous les trois pas. Distancée par mes camarades qui se faufilent bien plus facilement, j’essaie de ne pas les perdre de vue. Ma grandeur m’aide sur ce point, mais les déguisements sont trompeurs, alors j’accélère le pas. Arrivant enfin à proximité d’un attroupement de gens qui sifflent et qui applaudissent, je tente de comprendre la scène. Un cerceau de feu est présenté au public. Un peu plus loin, un hybride à crinière imposante semble faire comme si de rien n’était. Pour autant, c’est bien lui que la foule semble vouloir acclamer. Je dois attendre quelques instants avant de comprendre la situation : l’hybride à chevelure développée doit sauter dans le cercle de feu. Je trouve ça très dangereux. Me retournant vers Elijah, je lui souffle.

- Il va prendre feu à se jeter là-dedans. Tu ne crois pas ?

Inquiète, je reste à regarder la scène, espérant une fin heureuse à tout cela.

Ara présenta son amie à Elijah et Kaïna. La jeune pirate s'empressa de la saluer. Bien qu'elle n'ait aucun désir de lui manquer de respect, elle parla avec sa familiarité habituelle et lança: "Salut Krakha, je suis enchantée de faire ta connaissance! Tu es donc une amie de Ara?" Toutefois, il était peu probable qu'elle en prenne ombrage puisqu'elle semblait d'avantage captivée par un Naga au loin. Bof, tant pis, elles discuteraient peut-être plus tard.

Tandis que le petit groupe rejoignait le spectacle, chacun à son rythme, de l'agitation s'était formée tout autour. Kaïna observait la scène et comprit très vite que ce qu'elle avait pris pour un spectacle était organisé à l'insu de l'acteur principal. Le lowen à qui elle avait payé une bière, il semblait être celui qui était convié à sauter. Toutefois, il semblait en avoir autant envie que la jeune pirate souhaitait boire de l'eau. D'ailleurs, en parlant de boire, elle retourna se chercher une bière au bar. Se trouvant alors à côté de la vedette du moment, elle entendit les gens le qualifier de lion. Elle se souvint alors de cette fois où quelqu'un avait qualifier Arfang de tigre. Le rakshasa, pourtant de nature relativement calme avait piqué une colère noire. Déjà qu'il ne semblait pas décider à sauter, mieux valait éviter que les gens en rajoutent une couche si on ne voulait pas que les choses dégénèrent. Kaïna hurla alors à tout le monde:

"C'est un lowen, pas un lion! Putain de bordel de merde, c'est pas si compliqué! Un lion est un animal, lui c'est une personne! Et oui, les lowens ont une tête de lion mais, ça n'en fait pas des bêtes de foire! Dites, cela semble vous amuser l'idée qu'il saute dans ce cerceau mais, éprouveriez vous le moindre intérêt si c'était un humain? Je ne sais pas, moi par exemple!"

Et merde, Kaïna était là pour s'amuser mais voilà qu'elle pétait un plomb. Il fallait dire qu'elle commençait à avoir bien bu et elle ne supportait pas qu'on s'en prenne aux gens à cause de leur race. Par contre, maintenant, une chose était sûr, tout le monde l'avait remarquée. Elle jeta un coup d'oeil furtif à Ara et Elijah. Allaient-ils venir l'aider? Peut-être devrait-elle s'éclipser tant qu'il en était encore temps? Après tout ce lowen semblait être capable de se défendre tout seul. Que faire?

Se frayant un chemin entre les autres convive, la gnome s'orientait comme elle pouvait jusqu'à la table des mets. Un instant elle resta immobile, tête levée vers les épaules de l'hybride démesurée passant littéralement au-dessus d'elle sans l'avoir vu. Comment pouvait-on être aussi grand ? Y avait-il quelque magie justifiant une taille pareil ?

La question ne hanta pas très longtemps l'esprit de la patrouilleuse. Elle avait accompagné quelque personnage important de Baldorheim - sans en retenir le nom - qui avait réclamé à ses escortes de se fondre parmi les convives et profiter des réjouissances plutôt que lui coller au train. Si bien qu'elle était là, la bouille bariolée de maquillage orange lui donnant des airs de cucurbitacée sur courtes pattes, à chercher de quoi se rassasier. Ce qu'elle parvint finalement à réaliser, emportant avec elle toute une assiette de friandises sucrées. Puis en renversa la moitié de côté lorsqu'un convive légèrement trop alcoolisé la bouscula.

Elle parvint néanmoins à conserver une bonne moitié de son butin avant de remarquer que les mots "Lion", "Cerceau" et "Saute" revenaient dans beaucoup de conversations. Il se trouvait justement un individu à crinière à côté d'elle - un chat-chat comme elle l'aurait joyeusement surnommé - en discussion avec une peau-verte. Sans doute s'agissait-il de lui ?

Mowgl’ia est vaguement soulagé du refus du lion. Malgré elle, elle s’inquiétait qu’il soit blessé dû aux flammes du cerveau. Tout en mangeant une brochette de viande et de légumes de saison d’épouvante, l’Orque laisse ses yeux vagabonder sur la foule qui les entoure. Sa curiosité face à autant de choses différentes était insatiable. Chaque ombre, chaque reflet de lumière ou encore flash de couleurs avait une touche de peur et de fascination. C’était son tout premier événement lié à l’Halloween et elle n’avait jamais vu quelque chose d’autant… En fait, elle n’avait pas de mot pour décrire complètement les sentiments qu’elle ressentait en ce moment.

Corbeau est le premier à lui répondre, lui apportant encore une fois une sagesse qu’elle n’aurait jamais cru retrouver chez lui. Merveilleusement intriguée par les propos de l’humain, elle penche un peu la tête sur le côté et elle laisse un rit joyeux éclater. Son regard s’illumine de joie et elle hoche finalement la tête.

« Tu as complètement raison Corbeau ! J’espère que nous pourrons revenir la saison prochaine pour en découvrir plus sur cette fascinante culture ! »

Quand Corbeau attrape sa main, Mowgl’ia se laisse entraîner. Son rire joyeux éclate à nouveau, invitant Mas’ru et Lana à les suivre avec le restant de nourriture qu’ils tenaient entre leurs mains. Une partie d’elle, espérait que les paroles de l’humain étaient vraies, il devait être fascinant de voir les morts revenir à la vie pour danser avec les vivants. Est-ce que les fantômes se joindraient aussi, elle aimerait bien danser avec l’un deux aussi ?

« Lana, Mas’ru ! Allez viennent, sinon vous perdrez toute la nourriture ! » Laisse-t-elle échapper dans un éclat de rire.

Ils n’étaient pas obligés de se rendre jusqu’à la danse, mais elle ne voulait pas non plus se retrouver séparer de Mas’ru…

Urua se laissait désirer. Ah, ces artistes... Mais le vampire ne se dégonfla pas, et avança d'un pas décidé vers le Löwen, les bras ouverts.

- Urua, mon bon ! Je ne pensais pas que vous seriez ici. Décidément, cette vieille terre est bien petite. Dites moi... ajouta-t-il avec un regard malicieux et une pointe de mystère dans la voix, vous vous souvenez de cette vieille histoire dont nous avions parlé il y a longtemps ? Un cerceau, une petite flamme de rien du tout...

Ils n'en avaient jamais vraiment discuté ensemble, c'était surtout une lubie du vampire, qui trouvait l'idée particulièrement cocasse.

- Et bien vous allez rire, mais j'ai justement un cerceau avec moi. Est-ce que par hasard, cela vous dirait d'essayer ?

Autour d'eux, une petite troupe s'était formée, visiblement aussi enjouée qu'Azriel à l'idée de voir un Löwen jouer les artistes de Cirque. Cela renfrogna un peu le vampire, même si rien ne transparaissait sous son masque. Ce genre de décision doit se prendre sans la pression du public, laquelle viendra bien assez tôt.

Razja s'était mis dans un coin, espérant se faire le plus discret possible. Si tant est qu'une créature comme lui puisse être discrète. Et c'est une personne au moins aussi peu discrète, dans la personne d'une géante, qui vint se placer pile devant lui, le faisant presque sursauter. Il était tellement perdu dans ses pensées qu'il ne l'avait même pas vu venir (ce qui relevait de l'exploit).

- Bonj… »

Elle avait dit ça après l'avoir fixé, et avec une visible hésitation. Ce qui interrogea Razja, c'est qu'elle ne semblait pas gênée le moins du monde par son apparence, ce qui était suffisamment rare pour être souligné. Néanmoins, il espéra qu'elle pouvait faire mieux que des demi-mots, auquel cas la discussion allait vite être limitée.

N'ayant jamais rencontré de géant, une interrogation germa dans l'esprit du psychémancien. Le pouvoir d'une âme pouvait-il être lié à sa taille ? Une âme de géant moyen était-elle naturellement plus forte que celle d'un humain ? Faisant glisser sa barbichette entre ses doigts crochus, il nota mentalement de travailler à ces questions plus tard.

Quand il sortit de sa réflexion, la géante pointait son doigt vers lui.

- J’aime ça. Je le veux. Comment on les fait ?

Les yeux sur la coiffe se plissèrent d'incompréhension, pendant que ceux sur sa tête clignèrent, incertain de la nature de la requête. Elle semblait désigner du doigt les ornements religieux que Razja portait à la taille.

- Cccce ssssont des zzzzinssssignes religieux. Ils ssssont fait avec des perles de mon pays d'origine. Dans les marais., expliqua-t-il en parlant lentement. Il avait entendu parlé des différences d'intelligence chez les géants, aussi voulait-il être sûr d'être compris.

Que c'est agréaaable de pouvoir se balader tranquillement sans être agressé, sans faire fuir, ou que sais-je ! Bon, c'était déjà le cas avant lors de cette fête, mais maintenant que je suis un champignon sur patte tout mignon, c'est encore mieux ! Je cours partout en riant et en dansant, je ne me suis jamais senti aussi heureux ! Je mange tout ce que je peux sans payer dans l'espoir de découvrir une combinaison parfaite avec l'une de mes mixtures, je chipe des pièces d'or par-ci par-là, je me moque des passants aux déguisements ridicules, c'est la belle viiie ! Surtout que, comparé au mien, ils le sont tous ! Pour tout ça, il me suffit de faire ma bouille d'amour aux yeux doux, et hop, c'est dans la poche, hihihi !

Il y a vraiment de la population qui est arrivée par ici, ça fait vraiment plaisir. Il y en a des grands, des gros, des moches même sans déguisements, et même des plus petits que moi, vous imaginez ? Il y aurait l'autre idiot de Motch' que ça ne me surprendrait presque pas ! Et là, soudainement, alors que je profite de ma joie naturelle, voilà que tout se bonifie encore plus... Ça doit être une réaction de la potion qui m'a temporairement transformé avec les miennes, mais est-ce qu'il y a encore mieux que le paradis ? Ah oui ! Celui des champignons ! Tout ce qui est autour de moi c'est transformé en l'un d'eux, ou en pièce d'oooor ! Je ne vois plus que ça partout, je marche sur de l'or brut, les maisons sont en or avec les toits en champignons à croquer, tout n'est que ça, reflétant mes désirs les plus fous ! J'en oublierais presque que j'en suis un moi-même, et pour de vrai !

J'ai certainement des étoiles pleins les yeux... Et la bave aux lèvres, mais il ne faut pas la dire... J'ai envie que ce soit comme ça pour toujours, tout le temps, même si je sais bien que ça finira par partir... Il me faut réellement cette fichue recette ! Je vois plein de petits champignons multicolores courir et s'activer partout, et je ne peux m'empêcher de les suivre les bras tendus et affamés. Mince, en disant cela, j'ai l'impression de n'être devenu qu'un bête zombi... Boarf, je m'en moque pour le moment, hihi ! Un rassemblement a l'air d'avoir lieu entre délicieux champignons et or massif, regroupé autour... PAR LES CHAUSSES DE MON ANCÊTRE !!! S'il existait un dieu pour les perracks, il serait à l'instant avec moi ! Je pars dans un énorme fou rire totalement contrôlé à cette vision de toute beauté. En face de moi, la manne céleste, un don divin, le trésor le plus prestigieux de Dùralas... Une pièce d'or, une ÉNORME pièce d'or ! Plus grande que moi, plus épaisse aussi, et entouré de flamme, comme une invitation à la prendre qui m'est offert !

« Ooooooooh !! »

Je reste ébahi devant cette beauté, bouche-bée, hypnotisé, pendant quelques instants. Je finis par en sortir, me secouer la tête, refermer ma mâchoire et essuyer la bave, ma décision prise. Il n'y avait qu'une seul à prendre, les autres n'étaient pas possibles, inconcevables. Il me FAUT cette pièce ! À tout prix ! Je ne peux pas résister. Ma nouvelle précieuuuuuse ! Je sors de la foule, et me jette presque sauvagement sur le petit champignon qui la tenait. J'aurais bien eu envie de le croquer un peu au passage, mais il y a pour le moment plus important. J'arrive à attraper ce Don et à l'arracher des mains de son possesseur, mais des plaintes et mécontentements se font entendre. Je m'en moque ! JE L'AI !!! À MOIII ! Elle est étonnement légère, mais je n'y réfléchis pas pour le moment, comme je commence à courir, à fuir, plus vite encore que je n'ai jamais courus ! Mes mélanges doivent m'aider pour ça, je suis sûr que tout ces gêneurs n'ont vu qu'une flèche passée, incapable de me retenir ou de me rattraper !

« OUIIIIIIIIIIIIIIIIIIII, HIHIHIHIHIHIHI ! »

Puis plus rien, le noir, je me réveille sur les plaines d'Aràn. Il est certainement le lendemain, et un cerceau noirci traîne à côté de moi. Je suis déçu, j'aurais tellement aimé qu'il reste une pièce d'or gigantesque... La fête est finie, mais qu'est-ce qu'elle était bien ! Hihihi ! Vivement la prochaine !

L’homme-serpent semble assez troublé… ou alors est-ce une technique de communication courante ? Difficile pour la géante de comprendre ses expressions, ou même sa gestuelle, à travers sa difformité hideuse. Finalement, des réponses chassent un malaise qui aurait pu s’installait facilement. Svetlana répète les mots de l’individu afin de traduire son accent vraiment prononcé.

« Des zinsignes religieuh… »

La géante n’est absolument pas habituée à ces termes. Chez elle, ces mots n’existent pas… comme beaucoup d’autres utiliser par le petit peuple. Mais, ici, elle n’a vraiment aucune idée de ce que ces termes peuvent définir. Elle en déduit qu’ils désignent simplement le nom de ces décorations. Sa pensée se concentre sur les perles et les marais. Le matériau et le lieu de cette ressource offrent des éléments suffisants pour l’agrothoa. Telle une matrone voulant s’accaparer toutes les belles choses, la géante retient ces éléments et, toujours poussé par sa curiosité, continue la discussion.

« Cela s’échange, se cueille ou se prend ? »

Elle a remarqué dans son voyage les grandes différences entre les multiples types de petit peuple. Svetlana n’a ni la volonté, ni la capacité de toutes les retenir. Seulement, l’échange et l’accaparement – si le premier est impossible - l’intéresse. Pour l’instant, elle est plutôt sage comme lui a conseillé Morti’. Cependant, après avoir repérer tout ce que le monde des petits a à lui offrir, il faudra bien en devenir propriétaire.

Après cette question, Corbeau et Mow l’enlèvent sans qu’elle ne puisse entendre la réponse du serpent. Pour danser qui plus est. Ils sont bien gentils mais, la dernière fois qu’elle a dansé, on lui a reproché d’être trop maladroite et de mettre en danger les petits. Et puis, voir tous ces moches échouent étrangement à mettre en joie la géante. Celle-ci trouve un bon compromis dans la nourriture que l’orque apporte. Elle se jette dessus pour faire passer le temps, repensant aux marais dans lesquels des perles pourraient embellir encore plus sa coiffe… ou son pagne, ou bien ses bras ! Tant de possibilités.

Le petit attroupement autour du cerceau de feu applaudit encore pour motiver la créature à se lancer. Il est tout à fait visible qu’il n’en a pas envie, et malgré les sifflements insistants du public, il ne semble pas changer d’avis et reste de marbre. Face à cette attitude nonchalante, assumée, les gens se fatiguent et se laissent porter vers d’autres endroits avec leur déception. Certains allant faire leurs commandes au bar, d’autres s’amusant à des stands horrifiques, la petite fête pouvait continuer….

Mais c’était sans compter deux incidents surgissant au même moment. Alors que les gens commençaient à se disperser, un être aussi étrange qu'hallucinant est apparu. Courant avec une très grande rapidité et une certaine agilité, il se faufile jusqu’à attraper le cerceau enflammé. Regardant la foule durant un bref instant avec un large sourire, il admire ensuite le fruit de son larcin avec fierté et fuit la place à toute vitesse. Certaines personnes, certainement très alcoolisées, cherchent à le rattraper en hurlant des insanités et des menaces. Mais l’étrange voleur semble être bien trop rapide pour les poursuivants un peu trop imbibés. Prise dans l’autre situation, j’avoue que je ne me suis pas posée la question de savoir si je devais moi aussi poursuivre ce chenapan.

Non loin de ce premier incident, Kaïna semble s’irriter face à des inconnus. Un fêtard interpelle l’hybride par son nom d’animal, “un lion”. C’est une habitude détestable que beaucoup d’humains, et d’autres d’ailleurs, prennent facilement. Nous limiter à notre condition pseudo-animale. Je ne compte plus le nombre de fois où l’on m’a traitée d’éléphant. Outre ce manque évident de respect, c’est Kaïna qui se met elle-même dans une situation délicate. L'homme qu’elle interpelle ne semble pas vraiment apprécier sa prise de position agressive et se retourne vers elle avec véhémence. Je regarde la scène avec de grands yeux, nous sommes en pleine place public, je ne peux pas m’interposer juste en cognant l’homme avec mon marteau. Même durant une fête de l’horreur, cela serait très mal vu, en tout cas j’imagine.

- Elijah, je crois que Kaïna va avoir des problèmes.

Le pire dans tout cela, c’est que le défendu ne semble même pas prêter ne serait-ce qu’une oreille compatissante à Kaïna. Mon instinct me pousse à aller aider Kaïna. Mais je sais que c’est une femme fière, elle ne se laissera pas protéger ou défendre sans, peut-être, mal le prendre. Et puis, je ne suis pas la Capitaine Roseline, je ne suis pas une pirate émérite qui serait une image de référence pour Kaïna. La situation tournant au vinaigre, je ne peux pas non plus la laisser toute seule.

- Assez ! Calmons-nous tout de suite ! Ce n’est pas un lion ! Kaïna, prends toi une bière, ça ira mieux !

Je tente d’embarquer Kaïna à ma suite pour nous diriger vers Krakha qui revient avec un plateau plein de pichets de bière. Elle ne semble pas avoir fait les choses à moitié. En marchant, je sens une secousse dans mon dos. L’humain en conflit avec Kaïna cherche la marave. Il ne va pas la chercher plus longtemps, légèrement agacée à mon tour, je le pousse de la même façon qu’il vient de me le faire. La différence de force et de poids est notable. Il se retrouve propulsé au sol à sa grande surprise.

- Conseil d’une grande sagesse : ne jamais chercher le conflit avec une probotyre.

Nous éloignant définitivement de cet humain, je me sers un pichet de bière sur le plateau déposé par Krakha. Je dois admettre que j’en ai bien besoin après ces quelques émotions. Expédiant quelques pichets à grandes gorgées, mon ivresse grimpe en flêche. Heureusement que ma vieille amie Krakha était là pour me surveiller à mon tour. Car en dehors de danser toute la nuit sur les rythmes entraînant des musiciens, je ne me souviens plus de grand-chose de cette nuit blanche. Juste du réveil de la petite sieste du levé de soleil avant de reprendre notre route pour, enfin, rentrer au village.