Après la frayeur qu'elle avait eue, Lariela était restée au chevet de Ludwig. Elle ne cessait de marmonner que d'accord, elle appréciait grandement son dévouement, mais qu'il n'aurait jamais dû aller aussi loin. Oui il pouvait se donner à fond pour elle, non il ne pouvait pas ne pas se soucier de sa propre vie. Elle avait besoin d'un ami en bonne santé, pas juste d'un soutien.

Elle en était là de ses sombres pensées lorsqu'il ouvrit enfin les yeux.

- Oh, vous êtes là ? Vous n'avez pas quelque chose de plus important à...

Par réflexe, elle lui asséna une gifle. Avant de s'en vouloir immédiatement.

- Oh, euh désolée...

Loin de s'en offusquer, le thériantrope en rit :

- C'est bon, j'ai compris. Ma petite blague ne vous a pas plu. Je vous promets de ne pas recommencer... Sauf si c'est nécessaire.

- Une blague ? Une BLAGUE ???!! Je vous ai cru mort ! Plus JAMAIS, compris ?! Je vous accepte à mes côtés uniquement si vous faites attention à vous, non mais !

C'est avec un rire que le chat accepta. Puis ils se rendirent ensemble à une auberge proche où Lariela avait rendez-vous avec le propriétaire. En effet, elle lui avait demandé la veille de lui apprendre à faire le fameux fourré qui avait donné son nom à l'auberge. Le nain, très occupé, lui avait annoncé ne pas pouvoir donner de cours dans l'immédiat et l'avait invitée à revenir le lendemain. Ce qu'elle fit.

En les voyant arriver en duo, le propriétaire décréta que Ludwig serait le juge. Il fut installé dans la salle comme n'importe quel client, et le résultat de l'expérience de l'elfe lui serait servi. Puis elle disparut en cuisine.

Elle vit passer une commande pour une autre spécialité. Visiblement, ça ne l'était pas pour rien, il semblait qu'il ait du succès... Elle avait intérêt à bien se débrouiller.


Une fois terminé, elle alla elle-même servir son nouvel ami. Elle eut également le droit de s'asseoir à table pour partager... Mais n'y resta pas longtemps. Elle avait remarqué une connaissance à une table voisine. Dans un élan de spontanéité, elle alla le saluer.

- Bonjour ! Vous vous souvenez de moi ? L'arène ? Qu'est-ce qui vous amène ici ?

Elle nota le petit temps de latence, mais ne s'en formalisa pas. Après tout, si on croisait plus de personnes qu'elle, il était probable qu'on ne se souvienne pas de toutes... Elle ne lui en aurait même pas voulu de ne pas se souvenir d'elle du tout. Mais l'assurance qui se dégageait des mots qu'il lui adressa la firent rire. Eh bien ! En voilà un qui ne se démontait pas pour si peu !

Lorsqu'il lui offrit un siège, elle hésita. Après tout, elle était venue accompagnée, il serait malpoli d'abandonner Ludwig pour aller s'asseoir avec quelqu'un qui pour lui était un parfait inconnu.

Ce fut son ancien adversaire qui lui offrit le moyen de s'extirper de cette situation en lui demandant ce qu'elle venait faire ici.

- En effet, l'arène, c'est terminé pour l'instant. Quant à savoir pourquoi je suis ici... C'est également lié à cette fin de saison.

Elle fit signe à Ludwig, qui s'approcha, sans pour autant laisser le reste de fourré sur la table. Visiblement, il l'appréciait. Bien. Voilà qui faisait plaisir à Lariela.

- Je vous présente Ludwig, un frère d'armes que j'ai pu recruter après la fermeture de l'arène. Nous apprenons encore à nous connaître, donc, en guise de première étape, je lui fais goûter ma cuisine. Et j'en profite pour tester une recette que je viens d'apprendre.

L'homme-chat exécuta un salut lorsqu'il fut présenté. Puis, lorsque Lariela eut terminé de parler, il prit la relève :

- Je suis à présent là pour veiller sur les arrières de Dame Lariela. Si je comprends bien, vous avez gagné votre dernier affrontement ? Voudriez-vous tester un nouveau combat contre nous deux, cette fois ?

- Eh, du calme !

Elle eut un rire gêné.

- Je, hum... Je voulais juste dire bonjour, donc voilà, c'est fait, on repart, Ludwig ? Tu dois encore me donner ton avis sur cette recette...

Il était évident que cette proposition impromptue l'avait mise dans l'embarras.

Une rencontre officielle... Voilà qui lui semblait déjà bien plus raisonnable. Elle était consciente que Ludwig voulaient certainement faire ses preuves, mais depuis sa blague de mauvais goût le jour de l'entretien, elle se méfiait. Il était du genre à mourir "pour la blague"... À elle de s'assurer que cela ne devienne jamais une réalité.

Néanmoins, avant qu'elle ne puisse répondre, une nouvelle proposition fusa. Une autre arène... Elle laissa les deu hommes deviser alors qu'elle prenait finalement place, puisqu'ils étaient finalement tous les deux les bienvenus. Son compagnon lui emboîta le pas, s'installant au côtés de l'homme avec qui il se mit à discuter avec enthousiasme :

- Une arène par ici ? C'est parfait, je vais pouvoir faire mes preuves en situation réelle ! Mais ce nom, le dépotoir... Honnêtement, il ne m'inspire rien de bon. Cette arène est-elle vraiment si meutrière ?

Il marqua une pause, prit le temps de savourer une nouvelle bouchée (faisant semblant de ne pas le remarquer lorsque Lariela lui piqua un morceau de pâtisserie), puis reprit :

- Comment nous nous sommes rencontrés ? C'était très classique, vraiment. J'ai vu une annonce comme quoi une guérisseuse sédentaire cherchait quelqu'un pour l'accompagner lors de ses déplacements. Comme je suis du genre aventurier, j'ai immédiatement postulé, puis entretien d'embauche, épreuve pratique... Et quelques jours plus tard, j'ai eu la joie d'apprendre que j'étais pris !

- Je ne sais même pas pourquoi, honnêtement. Monsieur a cru bon de se faire passer pour mort à la fin de cette fameuse épreuve...

Un rire taquin lui répondit. Lariela se renfrogna, ne lui ayant toujours pas pardonné cette frayeur. Mais sa mauvaise humeur fut de courte durée. Evidemment, elle ne pouvait pas rester stoïque lorsqu'il était question de cuisine !

- C'est toujours la cuisine qui m'anène dans ce genre d'endroits ! La plupart des gens y recherchent un repas ou une chambre, moi, je recherche un professeur prêt à m'enseigner de nouvelles recettes ! La cuisine est ma passion, je n'en saurai jamais assez à son sujet. Oh d'ailleurs... Connaîtriez-vous quelqu'un qui cuisine quelque chose de très spécial, de méconnu ? Quelqu'un qui accepterait de l'enseigner à quelqu'un d'autre ? Ou quelqu'un qui connaîtrait une telle personne ? Je suis toujours prête à apprendre !

Et la voilà partie sans fin dans sa quête de nouvelles saveurs.

Une arène illégale ? Pour une fois sur la même longueur d'onde, les deux complices échangèrent un regard dubitatif. Finalement, Monsieur le chat n'était plus aussi motivé... La mention du sang les dérangeait moins, en tant que guérisseurs, que celle de l'illégalité.

- Hum... Finalement, nous allons passer notre tour. Je vais aller découvrir Baldor Heim, alors, et ça suffira.

Puis ce fut au tour de Lariela de donner son avis. Il y avait un côté négatif et un côté positif dans les affirmations qui lui furent adressées...

- "Ordonner" ? Non mais attendez, sérieusement... Vous êtes peut-être son chef, je n'en sais rien, mais ce n'est pas mon cas. Et de toutes façons je ne donne jamais d'ordre, juste des conseils. Donc si vous me le permettez... J'irai moi-même négocier. Sachez qu'un refus ne me dérangerait pas. J'aimerais simplement avoir la possibilité de discuter avec cette personne.

Puis elle reprit son attitude chaleureuse lorsqu'il fut question de paiement :

- Vous cuisiner quelque chose ? Avec plaisir ! Qu'est-ce que vous aimez particulièrement ?

La voilà prête à payer immédiatement. Oui, même avant d'avoir bénéficié du service promis. Après tout, jamais elle ne verrait la cuisine comme une obligation.

« Oh vous pouvez y aller en tant que simples spectateurs.

Sourit Jack.

« Cela vous permettra de vous faire une idée de ce qu’est le dépotoir sans prendre de risques. »

Ajoute t’il avant de reprendre une bouchée de ce succulent plat des nains. Puis il se mit à rire légèrement aux mots de Lariela.

« Disons qu’en tant que Gouverneur d’Ishtar j’ai ce pouvoir oui. Mais si vous voulez essayer de lui soutirer une recette par la voix diplomatique vous le pouvez aussi bien entendu. »

Et c’est un éclat de rire plus franc qui perçait ses lèvres ensuite.

« Dame Lariela. Si je ne vous rend aucun service ce marché ne tient donc plus, et vous ne me devez rien. Mais je peux quand même répondre à votre question toutefois. J’aime les plats en sauce à base de viande. »

Dit il amusé par l’engouement de l’elfe à cuisiner.

Mouais, non. Ils ne se rendraient pas à une arène illégale, même en tant que simples spectateurs. C'était contraire à leurs valeurs, tout simplement.

Mais ce qui suivi la laissa bouche bée.

- Gouverneur de... Eh bien, je ne savais pas qui m'a vaincue ! Dans ce cas, excusez-moi d'être partie du principe que... Bon, je vais me taire et arrêter de m'enfoncer.

Néanmoins, il finit par faire preuve de sagesse. Certes, si l'une des parties d'un contrat était annulée, l'autre n'était en rien tenue de respecter ses engagements. Mais elle n'avait pas besoin d'une contrepartie pour faire plaisir à autrui avec sa cuisine ! Et il semblait l'avoir compris, puisqu'il répondit, visiblement de bon coeur, à sa question.

La viande en sauce, hein ? Voilà qui serait intéressant, cela faisait un moment qu'elle n'avait pas chassé. Ce serait l'occasion de vérifier qu'elle n'avait pas perdu la main. Quant à la sauce, elle lui permettrait d'infuser des herbes aux effets parfaitement maîtrisés. Par exemple, si elle cuisinait quelque chose de consistant, les herbes aidaient à digérer, elle pouvait ajouter quelques plantes médicinales si le destinataire du plat lui semblait malade, ou un tonique s'il était fatigué... Ses plats n'étaient jamais de simples plats, elle y ajoutait une touche végétale bénéfique, en bonne elfe guérisseuse. Mais ça, elle ne le disait jamais.

- Quelles viandes en particulier ? Et vous avez une cuisson préférée ? Même si les plats en sauce sont souvent mijotés longtemps.

Décidemment, elle ne savait plus comment le traiter. Un citoyen comme les autres ? D'un autre côté, c'était vrai que ce serait plus facile. Elle n'était pas douée pour traiter avec les grands de ce monde... Même si elle ambitionnait de les servir. Mais cela resterait une question pour plus tard. Il serait déjà compliqué de se faire remarquer de leur part.

Puis il lui indiqua ses viandes préférées. Le gibier, hein ? Voilà qui tombait parfaitment bien... À moins qu'il soit télépathe ? Elle ne l'espérait pas. Donc elle considérerait que ce n'était pas le cas.

Puis vint le moment qui fit de nouveau ressortir sa passion :

- En effet ! Je dis souvent que le seul paiement que j'accepte sont les sourires de mes convives ! Et c'est vrai ! La cuisine n'a aucun intérêt si elle ne sert pas le bonheur d'autrui. Je ne cuisine jamais sans penser à la personne à qui le plat est destiné, pour lui plaire autant que possible. C'est non négociable.

Puis ce fut au tour de Ludwig d'être sollicité. Il rit.

- Il ne me reste qu'à la convaincre d'explorer le monde. Elle a trouvé sa voie dans la cuisine, pour moi c'est l'aventure, le voyage. Vous entendez, Dame Lariela ? J'ai besoin de bouger, je risque de ne pas rester si vous refusez le voyage.

Elle se contenta d'un sourire. C'était le genre de débat qu'ils auraient lorsqu'ils seraient seuls, car elle savait qu'il risquait de durer, leurs positions sur le sujet étant parfaitement opposées. D'un autre côté, si elle l'avait recruté, c'était bien pour pouvoir voyager sans s'inquiéter pour sa sécurité. Mais... Il y avait Elaran. Pourrait-il les accompagner ? Elle le savait, si elle avait le malheur de formuler ces doutes à voix haute, Ludwig lui dirait qu'elle se cherchait simplement des excuses. À deux, ils pourraient parfaitement assurer sa sécurité en le laissant les accompagner. Mais elle ne pouvait s'empêcher de s'inquiéter.

Ils échangèrent un regard. Oui, après tout, son idée n'était pas mauvaise... De plus, les compétences culinaires de Lariela leur permettraient de pouvoir voyager longtemps sans se soucier de la faim et les compétences aventurières et la vocation de Ludwig leur permettraient de rester en sécurité. Alors...

- Il nous faudra juste une direction, dans ce cas. Pour savoir vers où...

- Ne sous-estimez pas les capacités des chats à pouvoir aller absolument n'importe où. Tout comme mes frères, je suis capable d'atteindre n'importe quelle destination... Cependant, n'attendez pas de moi que je n'emprunte que des itinéraires conventionnels. Mais je vous promets de vous garder en sécurité... Tous les deux. Vous savez que rien ne m'empêchera d'atteindre ce but.

Tous les deux... Il voulait donc qu'elle emmène Elaran. Autrement dit, qu'ils quittent sa maison de Sylfaën ? Qu'ils... Déménagent ? En serait-elle seulement capable ?

Elle sursauta quand, en relevant les yeux, elle croisa ceux de son compagnon, attentifs, attendant certainement une réponse.

- Hum... On verra plus tard, d'accord ? Pour l'instant, j'ai un Gouverneur à satisfaire ! Je vais voir si l'aubergiste accepterait de me prêter sa cuisine une fois de plus !

Et elle se hâta de disparaître dans la cuisine, sous le regard moqueur de l'homme-chat. Elle fuyait ? Mais nooon, pas du tooouuut...

Il ne put retenir un rire. Décidemment, tout cela était trop drôle. On n'était pas en train de le piéger pour écrire un sketch, hein ? Parce que ça ne se serait probablement pas passé autrement !

- Aucune idée ! Mais du peu que j'ai pu voir d'elle depuis que je suis là... M'est avis que même si elle le savait, ça n'aurait rien changé. Vous savez ce que c'est, j'imagine, une passion... Mais si vous ne voulez pas de ce plat, je serais ravi de vous aider !

Lui non plus ne laissait pas passer une opportunité. Et puis, sa vie passée d'aventures lui avait bien appris qu'être opportuniste, cela pouvait parfois vous sauver la vie. Evidemment, pas dans le contexte actuel, mais il n'y pouvait rien s'il aimait taquiner son monde.

Il acquiesca à la remarque suivante :

- En effet, j'ai peut-être fait une bêtise... Mais je n'en avais pas l'impression en le disant, pourtant... J'imagine que j'ai encore du chemin à faire avant de la connaître. Quant à la forcer à m'écouter... Non. Même si elle ne le veut pas, je la vois quand même comme ma patronne. Il est hors de question que je la force à quoi que ce soit.

Il rit. Décidemment, il faisait des rencontres intéressantes... Bon, d'accord, cet homme n'était que la deuxième personne, sans compter Lariela, qu'il rencontrait depuis qu'il la connaissait. Mais aussi bien le petit elfe que cet humain lui plaisaient.

- Vous savez, je pense qu'un refus ne lui ferait pas de mal, pour une fois. Malgré son expérience, je ne sais pas si elle en a déjà eu, ce serait sûrement formateur... Dans tous les cas, ce serait une expérience. Enfin, vous faites comme vous voulez.

Puis il réfléchit. Hum... Choisir un moment où elle n'aurait pas d'excuses pour s'enfuir, cela ne reviendrait-il pas à la forcer à l'écouter ? Quant à l'aider à cuisiner...

- Je ne pense pas avoir le droit de l'aider. Oh, elle, elle n'aurait rien contre, j'en suis sûr. Mais elle a déjà un commis, qui tient à rester le seul.

Et les crises de jalousie du petit Elaran pouvaient vite devenir agaçantes et difficiles à gérer. S'il pouvait s'en passer, il le ferait avec joie.

- Des... Partenaires ? C'est ce qu'elle veut, oui, mais... Comment je pourrais considérer celle qui me paie comme mon égale ? Je... Je peux essayer, mais je ne vous promets pas de réussir...

Ce qu'il décrivait était une véritable amitié, une complicité dont il ne savait pas s'il en était capable. Certes, il était capable de tout pour la protéger, mais la voir comme une amie... Voilà qui était compliqué. La première étape serait certainement de faire plus ample connaissance, pour commencer.

Tout en l'écoutant, il observait d'un oeil circonspect le breuvage que cet humain s'était permis de lui commander sans lui demander son avis. Il ne connaissait pas... Dans tous les cas, ça sentait l'alcool. Hum... Devait-il goûter ? D'un autre côté... C'était visiblement un cadeau. Et un cadeau, ça ne se refusait pas. Alors, il prit le temps de goûter... Et grimaça. Trop fort pour lui. Mais il ne ferait pas de commentaire, par correction. Mis à part un seul :

- Il faudra que vous me disiez combien ça vous a coûté. Je tiens à vous rembourser.

Puis il prit le temps de réfléchir. Refuser certaines demandes dans son intérêt ? Oui, ça devrait pouvoir se faire... Après tout, elle n'était pas le grand chef effrayant... Bien au contraire. Elle inspirait trop confiance, c'était pour cela qu'il voulait la protéger de mauvaises rencontres. Elle aussi avait trop confiance en tout le monde.

La dernière tirade lui fit ouvrir de grands yeux. C'était vrai... C'était même peut-être la véritable manière de prendre ce fait ! Et comme un idiot, il l'avait tout bonnement ignoré...

- Je crois que vous avez trouvé le sens exact de tout cela. Honnêtement, j'ai honte. Vous n'avez rien à voir là-dedans et j'ai besoin de vous pour m'ouvrir les yeux... Bien, je vais faire de mon mieux, je vous remercie une fois de plus.

Ce n'était pas possible qu'il aie besoin d'une tierce personne pour cela ! Il s'en détestait.

Payer la prochaine tournée ? Hum... Il espérait que ce n'était pas un moyen de se débarrasser de son offre.

- J'en conclus donc qu'on se reverra. Où et quand ?

C'était comme si c'était déjà prévu.

Puis il le questionna sur de prochaines destinations. Il hésita.

- Je pense qu'il va d'abord falloir retourner du côté d'Endorial. Elle y a... Des obligations.

Il ne savait pas s'il pouvait parler de son fils à n'importe qui. Il avait donc décidé de ne rien en faire, Lariela elle-même lui en parlerait si elle le voulait.

En parlant de Lariela, la voilà qui revenait, des assiettes à la main :

- Voilà, pardon pour l'attente ! J'ai pris la liberté de prévoir pour tout le monde, faites-vous plaisir !

En disant ces mots, elle déposa une assiette devant chacun, puis reprit sa place, observant la moindre de leurs réactions. L'aubergiste avait un peu râlé lorsqu'elle était revenue, mais elle avait fini par réussir à le convaincre de la laisser préparer autre chose... En autres, en lui promettant que ce serait la dernière fois qu'elle solliciterait sa cuisine.

Pas un habitué des tavernes ? C'était le moins qu'on puisse dire, oui ! Il avait beau être aventurier, les beuveries, très peu pour lui. Lorsqu'il était seul, il préférait largement emmener ses propres rations, chassant et cueillant si nécessaire, et dormir à la belle étoile, seul avec la nature sauvage. Il ne comprenait pas bien le principe de se saoüler. Quel intérêt ? Il ne l'avait jamais fait et ne commencerait certainement pas aujourd'hui.

- Je ne connais pas cette expression mais hors de question de boire plus d'une choppe. Je ne suis même pas certain de finir celle-là. Franchement, qu'est-ce que vous trouvez intéressant au fait de boire au point de ne plus être maître de vous-même ? Un peu de dignité, bon sang !

Il nota que Monsieur mettait l'accent sur les combats dans ses propositions de lieux à visiter. Mais après tout, pourquoi pas, si le but était de renforcer son équipe avec Lariela... Hum, la créer d'abord, la renforcer ensuite.

- Pourquoi pas... Je vais... Ah ben tiens, rebonjour Lariela ! Monsieur, vous pourrez lui propser vous-même !

Elle était revenue pile au bon moment, visiblement.

Ladite Lariela afficha une mine satisfaite à la réaction du pirate, qui la fit rire. Ludwig, ayant visiblement décidé qu'il n'était plus chargé de faire la conversation, s'était attaqué joyeusement à son plat également. Bien. Lariela était satisfaite.

- Si vous pensez avoir trop mangé, je connais des herbes et des sorts qui peuvent vous aider à digérer, n'hésitez pas à me solliciter. Ah, et...

Elle se tourna vers Ludwig :

- Patronne ? Qu'est-ce que vous lui avez raconté ?! Vous savez très bien ce que j'en pense.

- La réciproque est vraie aussi !

... Bien. La conversation ne menait nulle part. Aussi reporta-t-elle à nouveau son attention sur l'humain :

- La Digue du Fût... On dirait un nom d'auberge, je me trompe ? Si c'est bien le cas... Je refuse un contrat définitif. Je suis heureuse d'aider, mais la seule personne auprès de qui je veux un contrat long, c'est le roi des elfes ! Aucune autre entreprise ne m'intéresse autrement que ponctuellement.

Elle croisa le regard ahuri de Ludwig. Ah... C'était vrai. Elle ne lui avait pas encore parlé de ses ambitions... Eh bien maintenant, il le savait.