Laissez venir à moi les petits enfants [Libre]

Ceinwynn n’était pas jugée comme de très agréable compagnie par les autres elfes. Son apparence, son humeur maussade, ses gouts vestimentaires et son humour caustique, tout cela faisait qu’elle se retrouvait souvent seule.

Il y’a pourtant un public envers lequel elle se montrait chaleureuse : les enfants.

Etait ce parce qu’elle n’avait plus de souvenirs de sa propre jeunesse, volés par cette blessure à la tête ? ou simplement appréciant la compagnie d’être innocent encore préservés de la brutalité du monde des adultes auquel l’éducation de la plupart des elfes prépare si mal ? En tous cas, elle se montrait plus amicale, voire même franchement chaleureuse. On ne l’aurait pas reconnue.
Un groupe d’enfants s’était rassemblé autour d’un grand chêne multi séculaire.

Ils discutaient joyeusement, lancés dans une partie d’un mystérieux jeu comme le jeu du caillou, dont seul un enfant peut comprendre les règles, et l’intérêt.

La guerrière s’approcha doucement d’eux sans toutefois les aborder directement.
Les gamins tout à leur occupation ne remarquèrent même pas Ceinwyn qui savait être discrète à l’occasion. Elle se « cacha » derrière une des colossales racines de l’arbre majestueux, tirant sa flute de son sac.

Elle commença alors à jouer un air discret, à un volume si faible que la conversation des gamins et leurs cris aigus le couvrait presque, un air exotique, oriental qui ne ferait pas tâche sur un marché d’Ishtar, un rien envoutant et inquiétant.

Elle tendit alors la main doucement, joignant les doigts en jouant des ombres pour que l’ombre de sa main apparaisse comme quelque gueule de monstre inquiétant tendant de s’emparer du caillou-fétiche.
Une petite fille aux longs cheveux d’or poussa un petit cri aigu, sursauta en reculant en remarquant le « monstre » faisant sourire la guerrière, qui joua plus fort son air de charmeuse de serpent.

Son but n’était pas d’effrayer les enfants, mais de capter leur attention, stimuler leur imagination.
« Je suis le monstre des racines, misérables… j’exige un tribut . » dit elle d’une voix grave, en agitant les doigts comme si le « monstre » claquait des mâchoires.
La surprise et un peu de frayeur passée, les enfants se prirent au jeu, discutant entre eux sur la meilleure manière de rouler le monstre pour garder leurs trésors.

Dans l'atmosphère mouvementée de la cité elfique d'Endorial, Melhyndil observe avec attention la jeune guide qui leur a été envoyée. Il ne sait rien sur elle, et il s'en méfie donc un peu. Ce n'est pas qu'il en peur, ou qu'il redoute une quelconque trahison, juste qu'il aime à connaître les gens avec qui il va passer un temps assez long. C'est la raison qui le pousse à l'observer quand il en a le temps. Ce jour, elle se tenait près d'un grand chêne multiséculaire ou des enfants jouent. Melhyndil constate que la guerrière s'approche sans attirer l'attention avant de sortir une flûte avec laquelle elle commence à jouer un air. C'est un instrument que l'archer utilise régulièrement aussi, ce qui l'amène à écouter attentivement, apprenant le rythme qu'elle joue. N'ayant pas que la flûte comme corde à son arc, il dispose aussi d'une mandoline, et il se dit qu'un jour, peut-être ils joueront ensemble un air qu'ils connaissent tous les deux, un duo à la flûte ou un accompagnement avec sa mandoline.

Tout en continuant d'une seule main, la seconde s'avance, utilisant des mouvements habiles, créant des formes mystérieuses avec la lumière du soleil qui filtre à travers les feuilles. Un monstre se dessine dans les ombres, une créature fantastique qui semble dévorer le caillou qui sert au jeu des enfants.

Après un premier cri de surprise de l'une des enfants, la curiosité prenant le pas, ils s'approchent pour regarder avec émerveillement. Les rires joyeux des enfants résonnent, emplissant l'air de joie. Melhyndil observe avec une fascination tranquille, savourant chaque instant de cette scène enchanteresse. Puis, comme s'il avait été inspiré par la magie de Ceinwynn, il lève ses mains pour former une silhouette familière dans les ombres : un renard agile, ses contours définis par la lumière et l'obscurité. Il accompagne ainsi l'histoire que Ceinwynn tisse avec ses ombres, ajoutant sa propre touche à ce spectacle captivant.

"Je n'ai pas peur de toi, vilain monstre, et si tu me voles mon caillou magique, je te le ferais regretter."

Dans cet instant, tout semble être en parfaite harmonie, comme si le temps lui-même avait suspendu son vol pour permettre cette belle évasion dans le royaume de l'imaginaire. Les enfants se tournent alors vers Melhyndil, surpris de ce nouveau protagoniste, mais apparemment, heureux de ce retournement. Il reste à savoir si Ceinwynn va entrer dans le jeu, l'archer espérant ne pas avoir franchi une limite qu'elle n'apprécierait pas.

Dernière édition par Eyara Kilab le Sam 16 Mar 2024 - 22:53, édité 2 fois

Laissez venir à moi les enfants

De passage à Sylfaën pour récupérer quelques devoirs et exercices de l’Institut de magie, la renarde s'était également arrêtée à Endorial avec sa petite famille afin de refaire le plein de vivres et de matériel pour son voyage vers les sombres montagnes de Kanaan. Les jumelles, bien accrochées à leur mère par son ingénieux système de foulard, commençaient à bien peser, preuve que, malgré leur huit mois, elles étaient bien nourries. Il lui faudrait bientôt trouver une autre façon de garder Jamila et Loona à ses côtés, mais ce n’était pas encore la question du jour. Petit Tambour la suivait également, tenant les longes de Vroska, la griffonne au plumage de feu, et Shakab, son hyppogriffe noir et blanc. À bien le regarder, le protégé d’Holy grandissait à vue d'œil, il lui faudrait bientôt de nouveaux vêtements. Eyara pensa donc ajouter du tissu à sa liste de matériel, histoire d’habiller l’enfant plus adéquatement. Mais alors que ses achats étaient terminés et que la maman s’apprêtait à quitter les lieux, l’enfant remarqua le petit groupe qui jouait au pied d’un arbre séculaire.

- Dites, mam’zelle Eyara, je peux aller jouer un peu avant de partir ?

- Ma foi, pourquoi pas, aide moi juste à attacher les montures sur une grande racine avant.

Ce qui ne prit qu’un instant, bien sûr. Laissant le petit humain d’une douzaine d'années aller se mêler au groupe d’enfant, tout en l’ayant encore à portée de vue, la maman sortit une grande couverture des bagages et y installa ses deux poupons. Voilà qui ferait du bien à ses épaules avant le voyage. Battant l’air de sa queue par plaisir, l’arlequine suivait les échanges entre les enfants de ses oreilles bien dressées sur son crâne, attentive au moindre problème. Petit Tambour et elle n’avait pas l’habitude encore de la langue elfique, mais les petits avec qui il jouait se débrouillent assez bien avec le dùralasien pour que tous puissent jouer en harmonie.

Au final, ce ne fut que le son d’une flûte qui attira son attention. Pensant d’abord que c’était l’enfant qui avait sortit la sienne pour la montrer à ses nouveaux amis, Eyara fut plutôt surprise de le voir chercher lui aussi l’origine du son. Et pourtant, l’instrument n’avait pas été soufflé si fort que cela, mais en t’en que thérianthrope, la maman avait l’ouïe plus fine. Petit Tambour, lui, avait juste l’habitude d’écouter les sons de sa propre flûte pour ne pas reconnaître un son similaire. Mais des cris de surprise ramenèrent l’attention de tout le monde vers un “monstre”. L’harenienne pouffa. Finalement, ce n’était qu’une adulte qui jouait avec les plus jeunes. Et voilà qu’un adulte s’avançait pour les défendre. Lorsque le protégé d’Holy sortit sa propre flûte pour contrer musicalement l’envahisseur, Eyara fut bien contente de remarquer qu’il n’avait pas pris sa flûte magique mais bien sa flûte normale. Ce n’était pas le moment de courir le risque de créer un accident. Curieuse, la renarde suivit du regard Petit Tambour jouer un air harenien exécuter à la perfection afin d’attirer le “monstre” à lui pour protéger ses nouveaux camarades.

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Dernièrement, Lariela le laissait aller en ville plus souvent. Leurs négociations avaient donc porté leurs fruits, pour le plus grand plaisir d'Elaran, qui s'était empressé de rejoindre une bande d'amis qu'il s'était faits au cours de ses dernières pérégrinations à Endorial. Au passage, il avait semé Lariela, mais il se trouvait actuellement à mille lieues de s'en soucier. Tout ce qui l'intéressait, c'était de jouer avec ces enfants. Et puis, ils en avaient déjà parlé quelques jours avant : l'un d'eux avait fanfaronné, disant qu'il avait trouvé le plus beau des cailloux, c'était certainement un cadeau divin ! Ce à quoi, à l'unanimité, le groupe lui avait demandé de le ramener, ou ils ne le croiraient pas. Evidemment, c'était la pire menace qu'on puisse lui faire.

Alors, ce jour-là, c'était le grand jour. Ils allaient enfin savoir si ce caillou était réel, et si c'était vraiment un trésor. Et Elaran ne voulait surtout pas arriver en retard !

Cependant... Malgré tous ses efforts, il arriva en retard. Le caillou avait déjà été sorti, et ça débattait fortement au sein du groupe. Visiblement, tout le monde n'était pas d'accord sur sa valeur...

C'est à ce moment qu'un monstre surgit ! Immédiatement, Elaran eut le réflexe de vouloir protéger les siens, saisissant un bâton trouvé là.

- Tremble, vil dragon, moi, le chevalier Elaran, vais te pourfendre de... Hein ? Quoi ?

Un intrus s'était invité dans leur petite réunion. Un intrus... Qu'il connaissait ! Mais inutile de troubler les jeux du groupe. Autant l'inclure avec eux ! Brandissant de nouveau son bâton, il vint se placer aux côtés du "renard".

- Oh, voici donc le gardien du caillou divin. Tremblez, créatures de l'ombre, notre lumière vaincra !

Il ne faisait absolument pas attention au fait que tout comme le dragon, le renard était fait d'ombre...

« Vous osez me résister, misérables ! Tu n’es rien petit renard, rien, le caillou magique est à moi, à MOI » dit elle, à la fois concentrée et amusée par son propre numéro et les réactions des enfants, ravie d’improviser sur les interventions de Melhyndil alors que d’autres enfants rejoignaient le groupe, ponctuant sa tirade d’un rire de méchant de conte.

Le « Monstre » se dressa tandis qu’elle relevait les mains, avant de glisser vers Elaran, non sans traverser le groupe d’enfant dont certains s’écartaient à son passage, frôlant une petite fille s’arrêtant un court instant sur lui pour la regarder en sifflant, avant de rejoindre Elaran.
Les mains habiles de la guerrière mimèrent une étreinte, comme si le monstre s’entourait autour de lui comme quelque reptile constricteur.

« Un sshhevalier ? vraiment ? tu serais capable de protéger le caillou magique, toi ? » dit elle en se fendant d’un nouveau rire sarcastique très démoniaque.

« Si je dévorais l’un d’entre vous pour vous apprendre le respect, hmm ? » fit elle en tournant subitement la tête du « monstre » vers PetitTambour dans un chuintement menaçant.
La guerrière de 420 ans s’amusait comme une petite folle en tous cas.

Les rires enjoués des enfants résonnent dans la clairière alors qu'Elaran, le petit elfe avec qui Melhyndil a partagé un cour culinaire il y a peu, se lance courageusement dans une quête inattendue. Armé d'un simple bâton, il défend vaillamment le caillou, déguisé en chevalier intrépide. Son imagination débordante le pousse à affronter le dragon fictif avec une détermination forçant l'admiration même si ce ne sont que des ombres. Un sourire amusé étire les lèvres de Melhyndil alors qu'Elaran se tient aux côtés du renard qu'il a fabriqué. Sa spontanéité et sa capacité à se laisser emporter par le jeu ajoutent une dimension charmante à cette scène déjà magique.

Pendant ce temps, un autre enfant se joint à la fête, brandissant une flûte pour rivaliser avec la mélodie envoûtante de Ceiwynn. Les notes s'entremêlent dans l'air, créant une symphonie improvisée qui donne encore plus de vie à notre spectacle d'ombres et de musique. Connaisseur en la matière, jouant lui aussi de la flûte, Melhyndil est impressionné par la virtuosité du nouveau venu. Emerveillé par l'ingéniosité et la créativité de ces jeunes esprits, qui transforment cette simple journée en un véritable festin pour les sens, leur énergie contagieuse ravive en lui un sentiment d'émerveillement et de joie pure.

Voulant valoriser les enfants, et pour l'instant Elaran puisque c'est lui qui a pris l'initiative, Melhyndil se conforme au caractère du renard, craintif et rusé. Il fait donc reculer l'ombre pour se tenir derrière l'enfant, poussant de son museau dans le dos du petit elfe.

"Brave chevalier, vas y, montre à ce monstre que nous défendrons nos biens coûte que coûte ! Je te soutiens et t'encourage, te donnant tout le courage qui est en moi."

Puis, s'adressant aux autres enfants

"Venez l'aider, plus nous serons nombreux, et plus nous serons forts pour repousser le monstre qui veut vous manger."

Enfin, il finit avec celui qui joue de la flûte

"Joue plus fort, donne nous l'entrain grâce à ta musique, nous devons utiliser tout ce qui est à notre portée pour le vaincre"

Dernière édition par Eyara Kilab le Sam 16 Mar 2024 - 22:54, édité 1 fois

Laissez venir à moi les enfants

Bien que concentrée sur les jumelles, la renarde suivait les échanges entre le groupe d’enfants et le “monstre” qu’ils combattaient, s’assurant que cela ne dérape pas trop loin. Un autre enfant Elfe s’était joint au groupe, s’annonçant comme un chevalier prêt à défendre le groupe. Bien, l’arlequine appréciait que l’enfant puisse créer des liens avec les autres, mais surtout qu’il s’ouvre sur le monde. C’est alors que Loona, sa petite blanche, tenta de s’évader de sa supervision en marchant à quatre pattes. Bien sûr, sa mère la rattrapa bien vite, habituée à la manie de sa fille de vouloir explorer le monde. Viendrait bien l’instant où l’harenienne ne pourrait plus le faire, mais pour l’instant, ce n’était qu’un bébé.

***

Mélodie de Petit Tambour:

- Tremble, vil dragon, moi, le chevalier Elaran, vais te pourfendre de... Hein ? Quoi ?

Petit Tambour apprécia l'arrivée de ce “chevalier” au côté du “renard”. L’aide pour protéger le caillou magique était la bienvenue.

- Oh, voici donc le gardien du caillou divin. Tremblez, créatures de l'ombre, notre lumière vaincra !

C’est alors que le “monstre” répliqua.

« Un sshhevalier ? vraiment ? tu serais capable de protéger le caillou magique, toi ? »

Puis le monstre se tourna vers lui.

« Si je dévorais l’un d’entre vous pour vous apprendre le respect, hmm ? »

Le chuintement du monstre se voulait menaçant, mais Petit Tambour exprimait un visage à la fois enjoué et combatif, prêt à défendre ses amis du jour. Ce fut le renard qui motiva les enfants à prendre leur courage à deux mains afin d’affronter le monstre des racines, offrant son courage au chevalier et invitant les autres enfants à faire de même. Puis, il lança dans la direction du petit humain :

- Joue plus fort, donne nous l'entrain grâce à ta musique, nous devons utiliser tout ce qui est à notre portée pour le vaincre

- Très bien, alors moi, le virtuose de la flûte Petit Tambour, vais vous jouer ma meilleure mélodie ! Venez avec moi, jeunes Elfes, aidons le chevalier

Il porta aussitôt son instrument à ses lèvres et commença. Un air rapide, mais doux sortit de l’instrument, prenant de plus en plus d’ampleur. Concentré sur sa mélodie, l’enfant ne remarquait pas la curiosité qu’il suscitait parmi la foule de passants sur la place, mais vit que les enfants du groupe semblaient plus motivés que jamais à défendre le caillou magique.

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Lui ? Seul, défendre le caillou ? Elaran partit d'un rire qu'il voulait beaucoup plus impressionnant que ce qu'il parvint à obtenir en réalité.

- Bien sûr, les méchants ne comprendront jamais notre force ! Je ne suis pas seul, jamais. C'est tous ensemble que nous y arriverons ! Allez, venez !

Poussé par la musique et le renard, il invita les autres garçons du groupe à le rejoindre dans un combat qui avait tout d'une danse moitié improvisée moitié définie à l'avance. Le but n'était de toutes façons pas de faire un spectacle digne de ce nom, malgré ce qu'il semblerait. Elaran profitait simplement de ce moment en compagnie d'amis qui, il le savait, étaient prêts à le suivre dans ses délires.

- Les filles, je compte sur vous pour garder un oeil sur le caillou pendant qu'on s'occupe de ce monstre !

Evidemment, le combat, ce n'était pas pour les filles. Mais elles pouvaient toujours monter la garde et prévenir les combattants si une nouvelle menace se profilait à l'horizon.

Le monstre ouvrit sa « gueule » pour happer Petit Tambour et son ami « chevalier » arrêtant son geste alors les mâchoires d’ombres allaient se refermer sur leurs têtes, arrachant un petit cri à une des fillettes, bien vite noyé dans la double mélodie de la flute et des danses qui commençaient à s’improviser autour du caillou, les enfants entrainés un à un dans une farondole.

« Ahh, c’est inssssuportable ! Cesssez ce vacarme » siffla t elle
depuis sa cachette.
La guerrière tordait le monstre d’ombre de ses doigts habiles comme sous le coup de la douleur devant toute cette bonne humeur qui s’amplifiait et contractant les doigts, elle le fit rapetisser peu à peu comme si les mélodies sapaient sa puissance en même temps qu’il reculait devant les assauts conjugués.

« Non non….le maaaitre ne sera pas content ! » couina le monstre alors qu’en effet de sa seconde main bien positionnée par rapport à la lumière, la guerrière fit naitre une énorme main qui s’empara du monstre pour l’entrainer dans l’ombre des racines, monstre qui se tordait pour échapper à son sort, en vain alors qu’elle agitait ses doigts.

Alors l’énorme main se dressa, son ombre recouvrant une bonne partie des enfants alors que par un heureux hasard, un vent froid balayait la place.
Son index se baissa, se déploya pour pointer un doigt accusateur vers l’objet de leur convoitise.

« Le caillou magique est à MOI ! » gronda le Maitre d’une voix caverneuse, maitre qui semblait autrement plus dangereux que le gardien.
Le soleil couchant et la bise de la fin d’hiver aidait grandement la guerrière en rendant les ombres démesurées, inquiétantes.
La main du « maitre » se tendait pour s’emparer du caillou sans être forme de procès, faisant fi des airs de flutes, forçant les enfants à être imaginatifs pour l’arrêter !

Tout se passe à merveille, les enfants entrant dans ce nouveau jeu comme si tout avait été orchestré depuis le début comme un spectacle prévu de longues dates avec moult représentations. Et pourtant, c'est bien de l'improvisation qui se déroule en cet instant, preuve que les enfants ont une imagination débordante, et qu'ils sont toujours prompts à s'amuser, intégrant les règles, même nouvelles, avec célérité pour s'intégrer.

Melhyndil est un peu surpris d'entendre Elaran, son partenaire de cuisine, reléguer les filles à la surveillance. Les elfes ne sont pas machos, le sexe ne compte pas, il faudra qu'il en discute avec lui si l'occasion se présente. Le garçon ayant une présence féminine, et aucune masculine, pour l'élever, c'est d'autant plus étonnant et préjudiciable s'il se fait cette image de la gente féminine.

L'autre enfant qui a rejoint la "bataille" joue avec excellence, ce qui est à relever vu son jeune âge. Virtuose ou maître de génie, Melhyndil n'en sait rien, mais il constate le talent en écoutant cet air rapide assez compliqué.

Pour sa part, étant donné que les enfants se mettent en avant, il laisse l'ombre de son renard en retrait, à mi-distance entre les filles et les deux vaillants garçons qui appellent les autres à la rescousse, histoire de pouvoir se mêler aux deux groupes.

Ceinwynn change alors les règles, retirant son monstre pour en sortir un encore plus gros, le "maître" du monstre sifflant. L'atmosphère glaçante aidant à mettre l'ambiance, la forme est menaçante à souhait, et si ce n'était pas une ombre, nul doute que la terreur aurait rempli les enfants. Alors Melhyndil fait se tourner la tête du renard vers le groupe des filles.

"Chantez afin d'aider la musique à venir à bout de cet imposteur, le caillou est à nous, et je suis certain que vos voix parviendront à l'affaiblir.

Les garçons, tenez bon et soyez prêts à combattre ce vil personnage lorsqu'il sera plus faible, je compte sur vous."

Ayant mis au point une nouvelle stratégie incluant tous les enfants dans l'histoire, il débute un contournement du nouveau venu, essayant de se placer derrière pour le mordre, en bon renard qu'il est.

Laissez venir à moi les enfants

- Bien sûr, les méchants ne comprendront jamais notre force ! Je ne suis pas seul, jamais. C'est tous ensemble que nous y arriverons ! Allez, venez !

Elaran invita alors les autres garçons à combattre avec eux, enjoignant les filles à surveiller le caillou magique. Tiens donc, chez les Elfes aussi les filles ne se battaient pas ? C’est ce que l’enfant avait cru comprendre de la situation de sa protectrice renarde, mais bon, là n’était pas l’importance du moment. Un nouveau monstre, le “Maître” venait de faire son apparition, remplaçant la précédente créature. Il était peut-être temps d’améliorer sa stratégie dans ce cas. Profitant que l’attention d’Eyara soit porté sur ses filles, le garçon changea rapidement sa flûte actuelle pour sa flûte enchantée. Dès lors que les notes de sa nouvelle mélodie commencèrent à sortir de l’instrument, les runes sur celui-ci s’illuminèrent doucement et un petit chiot fait d’une brume couleur émeraude apparut non loin de Petit Tambour. Suivant le rythme de la musique, le petit animal attaque gentiment le “Maître” en aboyant joyeusement.

***

Distraite un instant par une Loona qui tentait de fuir sa mère pour explorer plus loin, Eyara ne remarqua pas de suite que Petit Tambour lui avait désobéit en utilisant sa flûte magique … jusqu’à ce que les jappements du chiot de brume attire de nouveau son attention sur les jeux des enfants près de l’arbre. Voulant d’abord lui ordonner de ranger son instrument, la maman se ravisa. Le petit semblait maîtriser l’animal … du moins pour l’instant. Et si elle voulait que son don magique soit plus fort lorsqu’il serait adulte, il valait mieux que Petit Tambour commence à l’utiliser en situation un peu plus réelle, bien que celle-ci restait un jeu. Après tout, elle même avait appris de cette façon, alors pourquoi pas lui ? La renarde garda par contre un œil encore plus attentif sur l’enfant.

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Ils avaient réussi ! Elaran était prêt à célébrer sa victoire... Mais visiblement, il s'était réjoui trop vite. En effet, le monstre n'avait battu en retraite que pour laisser la place à un autre, son Maître, bien plus impressionnant, celui-là. Cette fois, Elaran hésita. Que faire ? Son petit bâton semblait bien ridicule, maintenant...

Mais leur ami renard, lui, n'était pas à court d'idée. Si l'épée ne fonctionnait pas.. Il leur restait la musique. Et cela prouvait les dernières paroles de l'apprenti cuisinier : ils étaient une équipe. Etant le seul du groupe sans aucun talent musical, il comprit qu'il était à présent temps pour lui de laisser les autres briller. Bien. Alors que les filles et le musicien prenaient toute la place sur la scène improvisée, lui s'éloigna, fixant le sol, à la recherche de quelque chose de plus solide pour en faire sa nouvelle arme. Il trouva quelques cailloux, qu'il pensa ajouter à son bâton... Cependant, comment faire ? S'il voulait améliorer son arme, il lui faudrait un peu plus qu'une simple récolte. Il lui faudrait quelque chose pour tout faire tenir ensemble... Une sorte de... Colle, ou de lien. Il tenta avec un brin d'herbe trouvé non loin... Mais cela ne fut pas très concluant. En effet, alors qu'il brandissait sa hache nouvellement créée, l'herbe se brisa et les composants s'éparpillèrent au sol.

Rha, tant pis. Abandonnant son bâton, il se contenta de ramasser des cailloux, prêt à tenter de s'en servir si les musiciens n'arrivaient pas à vaincre ce nouveau monstre. Ces cailloux ne seraiet sûrement pas très utiles, mais il pourrait au moins distraire l'adversaire pour donner de nouvelles opportunités à ses alliés... S'ils en avaient besoin. Pour l'instant, il se contenterait d'observer et encourager les autres enfants :

- Allez, les musiciens ! On est bien partis, montrez-nous ce que vous savez faire !

Le soir tombant aidait grandement la guerrière reconvertie en marionnettiste de théâtre d’ombre.
Elle jouait habilement de ses doigts, les agitant, comme si autour du Maitre, s’agitaient une masse de serpents, lâchant quelques sifflements menaçants qui effrayèrent quelques petites filles, ces fragiles créatures, qui poussèrent quelques cris aigus alors que les serpents les frôlaient.
La guerrière veilla à ne pas trop faire peur aux enfants non plus, cela devait rester un jeu, aussi profitait elle de chien d’ombre crée par Petit Tambour.

Elle agita la main comme si le courageux chiot d’ombre tentait de la saisir, comme pour se débarrasser de ce gêneur en le décrochant, faisant rire quelques enfants. La main géante dont l’ombre s’étirait au crépuscule sur un bon quart de la place tenta en vain de gifler le chiot.
« Grrr sale cabot, arrière ! le caillou magique est à moi ! » gronda le Maitre qui semblait peu affecté par la musique, pour l’instant en tous cas.

Ceinwynn savait que dans quelques minutes, le spectacle prendrait fin avec la nuit qui la priverait de ses ombres et réfléchissait déjà à un final.
Les coups de bâtons et autre lancés de cailloux passaient à travers l’ombre de la main sans plus d’effet, la guerrière animant le Maitre d’un nouveau rire de méchant.

« Mouahaha, pathétiques petites créatures » rugit le Maitre, moqueur en avisant la chute de la « hache » du chevalier dont le fer tombait sur le sol, mais bricolé par l’apprenti chevalier.

Alors que la nuit tombait, quelques flambeaux furent allumés de ci de la. Les enfants y penseraient ils ? elle voulait mêler au spectacle une petite leçon de morale sur l’ombre et la lumière.

La surprise fut de taille lorsque, après que la musique ait cessé un bref instant, elle ne reprenne, accompagnée d'un renard brumeux. Il faut maintenant être vigilant, pense Melhyndil, cela reste des enfants, et il ne faut pas que le jeu dégénère. Tous semblent s'amuser à souhait maintenant que l'entièreté du groupe à trouvé une utilité, sans laisser personne derrière. Tous ? l'archer regarde Elaran qui semble désemparé devant la stature du "Maitre", tentant de bricoler une hache qui ne fonctionne pas. Melhyndil avise qu'il prend des cailloux par dépit, sans savoir bien quoi en faire.

Tout cela lui donne alors une idée, n'ayant pas connaissance de la suite des évènements prévus Ceinwynn, il décide d'improviser aussi de son côté, n'est-ce pas la ce qui fait tout le piquant de la situation. Le renard qui fait donc le tour de l'immense "Maitre" qui semble plus gros avec les ombres qui grandissent à la nuit tombante, décide de s'en prendre au mollet de l'ombre menaçante. Se faisant, il crie.

"Qui dit qu'il n'y a qu'un seul caillou magique dans cette forêt ? Chantez plus fort, et que la magie de Sylfaën imprègne tous les cailloux de la place pour lutter contre le vil "Maitre"

Il se tourne ensuite vers Elaran

"Vas-y chevalier, attaque et montre la puissance qui est celle de l'union, et que tous ensemble, vous soyez le glas qui va sonner pour ce sinistre personnage."

La balle est maintenant dans le camp des enfants. Melhyndil espère qu'ainsi, ils comprendront qu'ensemble, l'on est bien plus fort que seul. Tout cela lui rappelle cela à lui aussi, alors qu'il a été bien solitaire depuis tout ce temps, et que maintenant, il a deux personnes pour l'accompagner dans ses futurs périples. Il devra compter sur eux, et ne pas les ignorer.

Ceinwynn marmonna.
On ne pouvait même pas compter sur ce foutu renard…
Elle pensait qu’il guiderait subtilement les enfants vers l’idée la plus évidente, jouer des lumières pour affaiblir le Maitre.

Les paroles de son instructeur lui vinrent alors en mémoire. Ne jamais compter que sur une seule approche, et celle du renard était aussi une bonne idée. La guerrière réfléchit un instant tandis que le renard d’ombre mordait la main du Maitre et que l’archer remotivait le chevalier en pleine crise de doute.
Il lui fallait exploiter au mieux l’idée de Melhyndil qui pensait naïvement qu’elle avait prévu quel
que chose !
Elle improvisait tout, se laissant porter par l’instant.

Elle scruta les enfants depuis sa cachette, curieuse de leur réaction.

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