Le Monde de Dùralas
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Bonjour Invité, et bonne visite sur Dùralas ! Nous sommes actuellement en l'An 811 du Ve Âge. Bienvenue à notre dernier membre : ibrahim Le Monde de Dùralas a précisément 4040 jours ! Contribuez en aidant et en faisant part de vos idées pour le forum ici Dùralas, le Jeu 21 Nov 2024 - 11:57 La Spécialisation de classe s'obtient à Wystéria. Pour être à l’affût des dernières nouveautés, c'est ici qu'il faut aller ! |
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RedakaNouvel(le) habitant(e)
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| Sujet: Le narcisse d'Urgaal'Mar Lun 19 Fév 2024 - 11:21 | | | Au village Djöllfulin d'où était originaire Redaka, celui-qui-aime, baignait dans la chaleur. Niché dans le creux d'un volcan endormi et érigé autour d'un fleuve qui passait par là, on avait nommé la localisation "Origine des lotus" en raison du nombre important des fleurs aquatiques qui poussait en ces lieux.
Les saisons y étaient agréables, exquises même, et la paix relative ; assez tranquille pour que Redaka ne puisse s'adonner à sa pleine formation en tant que disciple d'Urgaal'Mar en tout cas sans être inquiet du spectre de la guerre. Il haïssait la violence, pour une raison qu'il ne saurait pas même aujourd'hui identifier car rien dans son passé n'avait été brutal ou marquant. Sans réel traumatisme, il savait simplement, dès qu'on lui avait présenté les possibilités s'ouvrant à lui, qu'il désirait étudier les arts de la stratégie plutôt que les entraînements militaires. La simple imagination de se servir d'une lance -l'arme de prédilection du maître d'armes local- pour planter un ennemi lui rappelait les sangliers qu'on brochait sur place publique pour le festin collectif du dimanche.
Ayant pris part au Grand Exil à un âge considéré adolescent par les Djöllfulins, Redaka avait passé son existence à lire les recueils sacrés de la sainte trinité et s'était en particulier épris d'une folle passion pour les "Intrigues d'Urgaal'Mar". Cette épopée antique narrait le voyage initiatique du Dieu et son utilisation de la ruse face à des ennemis bien plus forts que lui. Redaka ne s'identifiait pas à Urgaal'Mar, car il n'était ni vif d'esprit, ni malin, mais il appréciait grandement les visions épiques qu'offrait ce conte en particulier et prenait note des enseignements véhiculés dans le texte avec l'application d'un étudiant.
Au moment de partir pour Duralas, on envisageait d'attribuer Redaka aux ateliers de scribes dont les fonctions étaient à la fois de coucher sur papier les leçons des Gujis et de recopier des textes primordiaux à l'éducation. On parlait peu de Redaka en mal, car il était un exemple de constance et de tranquillité ; jamais il ne fut impliqué dans les chamailleries des garçons de son âge, et à l'âge adulte s'il avait un jour été ivre aux festivités personne ne s'en était jamais aperçu. Beaucoup de femmes chantaient sa beauté, entre elles, dans les temps secrets que seules elles s'avent s'attribuer, à l'ombre d'arbres et au bord d'un cours d'eau. Il était vrai que Redaka était d'une beauté magnétique ; différent par sa peau bleutée des autres Djöllfulins, d'un caractère discret, et fort courtois, Redaka attirait à la fois l'œil, l'esprit et le cœur parfois.
Sur la route qui menait aux sombres montagnes de Kanaan, la tribu de la colline des Lotus manqua de périr. Ayant perdu un convoi de nourriture important aux griffes d'Ours polaires dans le Grand Nord, et quelques tentes, ils durent effectuer un arrêt d'urgence au milieu de l'impitoyable toundra. Battus par les vents, grignotés par la faim, piégés au sein des blizzards, privés de sommeil, chacun se fit courage pour partir se perdre dans les neiges et ramener gibier.
Redaka accepta naturellement d'accompagner ses camarades d'enfance, au nombre de trois, ayant peine de voir ses aînés si maigres et craignant que sans manger ils ne soient tous retrouvés changés en statues de glace lors de l'été.
Finalement, alors que les quatre étaient absents depuis quelques jours, une éclaircie se présenta, levant momentanément la folle tempête qui jusqu'ici avait empêché la tribu d'avancer. Unanimement, on vit l'occasion de s'extirper d'une mort certaine et décida de continuer la route, pleurant le destin de ces jeunes qui s'étaient portés volontaires et connaîtraient le repos des braves une fois jugés par les Dieux. Lors des temps les plus difficiles, il n'y a jamais de bonnes solutions. Une maxime qui fit écho à une version plus cynique que se répétait alors Redaka, seul survivant de son expédition, quant à lui toujours perdu dans un manteau de neige éternel, sans fin ni dimensions.
Un de ses camarades, le plus malchanceux, avait été emporté par une bourrasque et dégringolé une pente jusqu'à ce que le blizzard l'avale complètement. Dans la panique, le deuxième avait tenté de l'attraper, forçant sur la corde par laquelle tous s'étaient relié et embarquant Redaka et le quatrième membre avec lui. Le Djöllfulin aux rêves de scribe s'était éveillé presque immédiatement malgré la commotion et une jambe en angle droit. Aux pieds de ce qu'il découvrait désormais être une falaise gelée, dans une crevasse qui les isolait du blizzard en les piégeant un peu plus au sein du grand nord, Redaka pensait à comment aucun cauchemar n'égalait celui que d'être perdu dans le froid.
Autour de lui, il n'y avait aucun bruit excepté le vent et ses railleries colériques incessantes, et ses camarades ; tous morts, disposés en d'hideuses postures que la gravité avait rendues insupportables. Côtes apparentes, crânes en miettes, bras retournés et cous tordus. Une mare de sang et de givre où à jamais ne reposerait Redaka, celui-qui-aimait.
Le vent balaya une mèche de ses cheveux, et il sentit à ce moment là, comme il fermait les yeux, que le bas de son corps ne répondait pas aux ordres de son esprit. La suite se résumait à une attente moribonde et sans honneur, dans laquelle il gloussait parfois, végétatif et noyé au milieu des cadavres de ses amis et leur sang qui, si au départ l'avait réchauffé un peu, se glaçait à son tour et devait probablement avoir engelé les quelques membres valides qu'il possédait encore.
Il pouvait bouger le bras droit. Il avait tendu la main vers son camarade le plus proche, dos à lui, pour le retourner et faire conversation à son visage fracassé. Sans tenir compte de l'absence de front, ou des dents qui décoraient ses joues, il avait remémoré à Anoïki, plus jeune que lui de six mois, la fois où Redaka lui avait évité de se faire réprimander par un prêtre auquel il avait dérobé l'obole pour se procurer un bâton de combat.
Au bout de quelques heures, ou peut-être quelques jours, où plus aucune réminiscence d'enfance ou envie de parler ne le traversait, Redaka ferma les yeux. Cela faisait déjà un certain temps qu'il n'avait plus aucune sensation. Mais cette fois-ci le repos lui sembla doux. Chaud.
Il ne se réveilla que pour planter ses crocs dans le visage d'Anoïki, poussé par une famine animale et la folie, en pleurant tandis qu'il avalait la chair de son ami. Lorsque des mois plus tard, Redaka se présenta aux portes du village Djöllfulin en Duralas nombreux furent les superstitieux dont les cœurs furent pris d'effroi. Si ses traits n'avaient pas été aussi doux, et sa présence plus irrésistible que jamais, on aurait écouté cette voix qui portée par les vents n'avait de cesse que de murmurer aux âmes averties. Une brise ténue, discrète, affamée,
venue du Grand Nord.
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| | | RedakaNouvel(le) habitant(e)
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| Sujet: Re: Le narcisse d'Urgaal'Mar Sam 6 Avr 2024 - 11:21 | | | Redaka était Djöllfulin, un être de feu parvenu jusqu’aux volcans de Duralas après le grand exil de son peuple. Sa nature comportait ainsi une appétence innée pour les embrasements. Autrefois scribe discipliné, il n’avait jamais su réprimer l’éclat qui le transperçait parfois, au contraire, les incendies qui se déclaraient en ses entrailles le ravissaient.
Bien avant de devenir démon, et d’errer en tant que danseur, Redaka avait vu le monde et s’était immolé de sa morne lueur. Lentement, au fil du temps, comme des gouttes de savoir arrosaient son esprit grandissant des étincelles de rébellion s’étaient greffées à sa peau. Il avait vu le silence qu’on opposait aux mendiants, le dégoût face aux malades, et, plus sinueusement, les atrocités qu’on dispensait au sein des foyers aussi bien qu’en champ de guerre. De la même manière, s’il n’avait jamais répondu aux appels amoureux de ses paires, soient-ils femmes ou hommes de son vivant c’était car il redoutait le moment où ses lèvres frôleraient celles d’autrui.
Sous les aiguilles inlassables de l’existence et ses habitudes, qui auraient dû mettre un terme à l’avancée des terres brûlées au cœur de Redaka, ce dernier s’était offert aux flammes. Sciemment. Avant même que son camarade ne s’enfonce dans le blizzard, noué à son escouade par la corde de sécurité sensée leur éviter égarement, un soleil rouge avait remplacé les pupilles du scribe poli. Dans l’ombre de lunes insomniaques le Djöllfulin s’était fermé aux Hommes, honteux de partager leur race, tandis que silencieusement il conjurait l’univers de l’irradier d’autre chose. N’importe quoi. Un volcan, un éclat, des lucioles. Lorsque ses yeux s’étaient ouverts de nouveau sur un voile blanc éternel, et que son corps disloqué avait miraculeusement survécu à la chute, Redaka sut que des astres s’étaient percutés et que de leur destruction il était né.
Ses foulées tout le long des fjords du Nord jusqu’aux volcans de Kanaan n’avaient été que vapeur et calcination. Pour la première fois depuis sa naissance, le scribe discipliné avait connu la joie terrifiante que seul un grand embrasement peut procurer. Il était démon, l’avait toujours été, et le serait dans milles autres galaxies. Une prophétie interne pour un messie de beauté, un phénix noir ayant offert son humanité aux flammes. Son arrivée trois semaines plus tard au village Djöllfulin fut pleine de méfiance, et comment ne pas en avoir à son encontre ? Le doux Redaka, toujours respectueux, jamais hors des places qu’on lui accordait était désormais une tornade de défiance. Au rythme effréné de percussions annonciatrices des phases lunaires, l'élancé Djöllfulin déchaînait des mouvements fauves, sans pudeur, pleins d'une rage sainte.
Sa masculinité s'entrechoquait à de douces manières de la même façon qu'elle s'éclipsait parfois au profit de l'expression d'une féminité puissante. La tribu qui avait élevé Redaka eut grande surprise à voir ses nouvelles mimiques, moins contenues, et son émancipation fut tout aussi saluée qu'on regrettait sa sagacité. On le disait vénal et cynique dans ses rapports aux membres les plus anciens du clan, libertin avec ceux et celles qui lui dévouaient le cœur, si bien que mères et frères intimaient à leurs proches de ne pas approcher celui qui brûlait aussi fort que les soleils d'été ; Redaka, l'Amant.
Ses rapports avec sa famille étaient quant à eux sacrés, et si le village Djöllfulin de Kanaan murmurait à son encontre de langoureuses rumeurs, les siens continuaient leur quotidien avec le même affect qu'auparavant la traversée. Leurs repas dominicaux avaient même gagné en joies, puisqu'on le pensa mort. En réalité, sa mère et son père, son frère et sa sœur, vivaient sous une règle tacite de ne jamais placer autrui avant leur sang. Peu importait ce qui se tramait dehors, en leur foyer, aussi modeste soit-il, la sécurité était garantie.
Son père lui appris le divin qui sommeillait en chacun, lui intimant de se méfier des dieux eux-mêmes. Que les religions ne devaient pas régir une vie, mais la complexifier. Sa mère l'instruit aux sciences des civilisations, et lui appris que des étrangers comme eux pouvait user des mystifications à leur encontre. Après tout l'exotique était une invitation à la découverte, un magnétisme inné. Son frère par son courage parfois naïf lui enseigna la beauté d'un cœur franc. De leurs bagarres il tira aussi la leçon de devoir chercher maître d'armes. Sa sœur possédait une âme équivalente à la sienne, et le duo qu'ils formaient était rusé, espiègle et toujours électrique. Ils détroussaient boulangers de leurs sourires et pattes de velours, délestaient les touristes de leurs bourses et problèmes de traits d'esprit charmants.
Redaka leur annonça un jour qu'il devait partir. Aucune question ne lui fut posée. Le jour de son départ, il avait à sa disposition le matériel nécessaire à lever le camp, chasser, et même une bourse pour son voyage. Une demande indicible lui fut adressée dans les yeux, fiers, tristes, inquiets, bienveillants de sa famille ; celle de donner des nouvelles, voire de revenir. Tous les samedis, il écrivait religieusement à chacun d'entre eux.
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