« A l’aide ! De l’aide ! Des soins, par pitié ! »

La voix vient pourfendre le brouhaha ambiant. Les quelques mots sont prononcés par un jeune homme d'une vingtaine d'années que la vie ne semble pas avoir épargné. Tout essoufflé, il vient relever son visage de poupon au bon milieu de la foule. S’orientant tantôt sur la droite, tantôt sur la gauche, il cherche un semblant d’aide, une main tendue et même un peu de réconfort alors que ses vêtements sont souillés par le sang ce qui n’augure rien de bon. Légèrement en rentrait de la foule, baluchon rattaché dans son dos, Nina-Lou observe l’inconnu. En ces lieux pour commercer, troquer, elle tient dans son sac d'infortune quelques herbes, quelques fioles et quelques gourdes. La douce jauge l'inconnu afin de savoir s'il s'agit d'un piège ou non. Elle note premièrement son regard pris de panique, ses gestes désespérés. Elle note dans un second temps son souffle court alors qu’il hèle les passants. Elle note ses cheveux en pagaille, l’adrénaline qui émane de sa personne. Elle note troisièmement son désespoir : il s'adresse à tout le monde, sans faire preuve d'une méfiance naturelle quelconque.

Avant qu’il puisse quémander de l’aide une nouvelle fois, Nina franchit la distance qui les sépare en quelques enjambées. La demoiselle lui fait un vague signe de la main lui intimant de se taire. Attirer l’attention en cette zone de neutralité présumée n’est pas acceptable. Pire encore, cela peut-être dangereux ! Est-il l'un des siens ? Assurément ! Il dégage quelque chose de familier et Nina en prend aussitôt conscience ce qui l'encourage à l'aider. La jeune louve se met en marche lui demandant :
« Humain ? Loup ? Vampire ? »

L’inconnu ne répond pas à la question bien trop pris dans son élan. Ses enjambées sont grandes, rapides et Nina-Lou ne tarde pas à s’éloigner de la zone commerçante. Le souffle court, l’angoisse de l’inconnu commence à dangereusement atteindre Nina. Sans qu’elle n’explique encore le pourquoi du comment l’atmosphère s’alourdit, son cœur et son souffle s’emballent. La peur qui accable l’inconnu se diffuse en son sein avec la crainte supplémentaire de devoir soigner un humain ou un vampire et non l'un des siens... 

L'homme presse le pas. A sa suite, Nina se met à trottiner. Le souffle court, elle l'interroge une nouvelle fois, une pointe de panique naissant dans sa voix face au silence dont témoigne l’inconnu :
« Humain ? Loup ? Vampire ? »

Pour toute réponse, un hurlement se fait entendre non-loin. L’homme guidant se fige durant un très bref instant. Il déglutit et vient frotter l’arrière de son crâne avec une gêne toute nouvelle. Daignant enfin de donner quelques explications à Nina-Lou, il marmonne :
« Nous détenons une femme pour… La juger. »

Le grand gaillard marque une pause sous le regard inquisiteur de Nina-Lou. Interloquée, cette dernière ne l’assène pas immédiatement de questions. Elle attend avec sagesse qu’il reprenne le fil de son récit bien que sa mâchoire se crispe légèrement, se demandant dans quel foutu pétrin elle s’est encore embarquée. Les justifications qu’elle attend ne tardent pas à retentir :  
« Elle a meurtri quelqu’un je… Venez. Nous y sommes presque. »

Affichant une moue dubitative, Nina se remet en marche non sans glisser une main le long de son bras s’assurant d’être armée pour les affronter au besoin. Espérant ne pas tomber la tête la première dans un piège à ciel ouvert, elle presse le pas une nouvelle fois. Protéger les siens, protéger tous ces bâtards qu’ils fassent partis ou non de sa meute n’entend surement pas de participer à une vindicte populaire. Sa gorge se noue légèrement sous l’appréhension. Nina se demande quelles vont être les atrocités qui vont se dessiner sous son regard. Nina se demande quelles vont être encore une fois les atrocités qui vont marquer son esprit disloqué. Ses mains se font légèrement plus moites, l’appréhension ne cesse de croître. Les heures de marche se succèdent et seul le bruit de leurs pas vient rompre le silence qu’ils s’imposent. Nina suit un inconnu dont elle ne connaît ni le nom, ni le prénom. Nina sait juste qu’ici, en cette zone, œuvrent loup-garous et autres thérianthropes et non suceurs de sang ce qui apaise très légèrement son esprit tordu par la réflexion.

Accueilli tel un messie, le dénommé Koha embarque à sa suite Nina d’une main fermement posée sur son poignet. Un grognement s’extirpe des lèvres de la jeune femme, vague avertissement au contact de sa main contre sa peau. Relâchant aussitôt la Mère-Veilleuse, il l’amène au chevet de sa sœur. Dans une des nombreuses cavités, éclairée à la lumière de bougies se tient le corps frêle et immobile d’une jeune femme. Nina s’approche non sans jeter un coup œil derrière elle. Ils sont trois, peut-être quatre ou cinq à être acculés derrière elle. S’agenouillant devant le corps balafré de la jeune femme, Nina se saisit avec prudence de sa main. Entre les siennes, elle semble prendre son pouls. Ses gestes sont minutieux, bienveillants. Autour d’elle les murmures ne cessent de croître et jetant un nouveau regard par-dessus son épaule c’est un regard noir qu’elle leur jette leur intimant de se taire et de rebrousser chemin.

Attirant bon gré malgré la curiosité du petit peuple, Nina relâche la main glacée de la jeune femme et ordonne : « Qu’on m’allume un feu. Il faut la réchauffer. Toi, au lieu de me regarder avec ton air béat, ramène-moi des vêtements. Toi, de l’eau. Et toi, des étoffes propres. On va bander mieux ses plaies. » Face à leur inaction, Nina claque de sa langue contre son palais, ordonnant un peu plus sèchement : « On se bouge le cul ! Aller ! Bon sang ! »

Reportant son attention sur la jeune femme, elle constate que celle-ci est à demi-consciente mais aucunement entre la vie et la mort. Le choc émotionnel prend probablement le pas sur les blessures physiques et avec une douceur quasi-maternelle, Nina vient doucement relever la jeune femme par le dessous des bras. Elle lui fait prendre appui contre les roches les plus proches et couvre rapidement son corps des étoffes qu’on lui amène. Une plaie béante marque son épaule et attire tout particulièrement l’attention de Nina. Avec grand soin, elle vient tremper un bout de tissu dans de l’eau et tapotant la plaie, souffle : « Que s’est-il passé ? Dis-moi ? » Avec attention, la Mère-Veilleuse écoute le récit horrifiant de la blessée...

A l’extérieur, l’ambiance s’échauffe dangereusement. Ils sont peut-être une dizaine à se presser autour de Jack et Holy, ne leur laissant aucun échappatoire possible. Nina sent la situation s’envenimer dangereusement. Son instinct de louve lui indique qu’un danger est proche, quasi-imminent et décide, une fois la plaie désinfectée, protégée et le récit écouté de délaisser la jeune femme entre les mains de ses confrères. Sortant à la rencontre des deux protagonistes, la jeune femme sent quelques regards accusateurs se braquer en sa direction. La soigneuse décide de désamorcer la situation, lançant le menton légèrement levé en leur direction pleine d'aplomb :
« Elle va bien, cessez d’agir comme des bêtes. Ils sont des nôtres. Notre ennemi n'est pas ici. Pas aujourd'hui. »

La colère désemplit partiellement. Nina vient pourfendre la foule se doutant que l’effet de groupe y est pour quelque chose et qu’ils aboient plus qu’ils ne mordent. Son regard vairon vient se porter tantôt sur Holy tantôt sur Jack constatant que l'une porte un manteau ensanglanté tandis que l'autre est prêt à en découdre sous sa forme bestiale. Soufflant un ordre plus qu’une suggestion, elle intime :
« Venez avec moi. »

Rester ici, à cet instant précis, reviendrait à s’attirer les foudres de ces lycans. Ils veulent obtenir justice, veulent faire couler le sang par le sang et relancer le conflit reviendrait à causer des dégâts bien plus importants qu’une simple blessure à l’épaule. Nina en est consciente et dicte simplement avant de se mettre en marche :
« Du chaud, du bouillon et un pansement tous les jours. Je vous ai laissé, gracieusement, de quoi soigner sa plaie. »

Discussion close sèchement évitant ainsi toute discussion vaine, Nina se met en marche espérant sincèrement que les deux amoureux s’élancent à sa suite et n’entrent pas dans le jeu dangereux des protestataires autour d’eux...

« Nina-Lou Knywett, nous avons un petit campement sur le massif non loin de la zone neutre et par ailleurs, ce n’est pas ma meute, je ne les connais pas ces bâtards » souffla-t-elle du bout des lèvres en regardant tour à tour Holy puis Jack, ralentissant le pas une fois la zone neutre franchie.

Le comportement de ses frères de sang lui fait parfois honte. Une part enfouie au fin fond d’elle-même demeure intrinsèquement humaine qu’elle veuille ou non se l’avouer et ces comportements bestiaux lui échappent parfois. Nina se plaît  à veiller, à soigner, à chouchouter les âmes meurtries et méritantes. L’essence même de sa vie constitue à créer un cocon de bien-être et de douceur pour les loups en transition, âmes en perdition. Une alliée au cœur pur qui, Mère-Veilleuse dans l’âme, ne peut s’empêcher de scruter Holy des pieds à la tête. Ce qui aurait pu être pris comme du dédain ou du mépris est en réalité un regard emplit de bienveillance à son attention. Nina-Lou s’assure que la jeune femme n’est pas blessée, pas mise à mal et porte un regard vers le loup à ses côtés en esquissant un sourire amusé :
« Zone neutre, pas de conflit mais si tu te mets à poil je suis persuadée qu’il risque de s’en déclencher un de conflit... »

Cherchant à détendre l’atmosphère après la petite mésaventure de Holy, Nina inspire une bonne goulée d’air et affiche un sourire qui se veut avenant, sincère. Désignant d’un index tendu tour à tour les environs, lançant d’une voix audible que pour ses nouveaux compagnons de route, elle explique :
« Certains commercent. Le troc, la vente, tout est faisable en zone neutre mais méfiez-vous tout de même de ce que vous achetez. »

La douce esquisse quelques pas, ne tenant pas réellement en place poursuivant ses explications :
« Parfois, vous sentirez votre poil s’hérisser un peu plus qu’à l’accoutumé. Le principe même de la zone neutre est de laisser ici s’effleurer et se renifler gentiment le cul loup-garous et autres thérianthropes, vampires et autres créatures. » La louve marque une pause, observe leurs réactions avant de hausser légèrement ses frêles épaules :« Ainsi va la vie ! Néanmoins, pardonnez ma curiosité mais à qui ai-je l'honneur ? Et que faites-vous par ici surtout ? »

Un nouveau sourire vient doucement se dessiner sur ses lèvres. Avenante, elle farfouille dans ses poches et en extirpe quelques pièces. Avec délicatesse, prudence, elle se saisit de la main de Holy et lui dépose au centre de la paume son argent de poche murmurant :
« Si d’aventure vous passez plusieurs jours par ici, je pense que tu peux probablement lui trouver quelques étoffes en contre-bas. Vers là-bas. Je vous accompagne ? »

Son menton se tend en la direction de quelques toiles tirées à même le sol en contre-bas.

La jeune louve accompagne les deux tourtereaux sur les étals. Lorsque Jack s’absente, Nina esquisse un petit sourire en continuant à marcher en la compagnie de Holy. Bienveillante, Mère-Veilleuse comme à son habitude, elle décide de meubler un peu la conversation pour ne pas laisser la culpabilité d’un souvenir manquant effleurer l’esprit de Holy :
« C’est ton estomac qui grogne ainsi ? Il va falloir penser à manger quelque chose je pense. »

Ses yeux se lèvent au ciel tandis qu’un sourire vient border ses lèvres, amusée par sa propre petite remarque. Elle tente, encore et encore de détendre l’atmosphère pour que la jeune femme puisse se défaire l’espace d’un bref instant de ses vieux démons. Tandis qu’elles progressent côte à côte, Nina pèse le pour et le contre : les accueillir pour la nuit permettrait à Spelunca de connaître un semblant de sommeil correct. Pas d’histoire, pas de grabuge, pas de conflit. Les deux inconnus pourraient également se reposer au sein d’un campement stable, avec des rondes régulières leur offrant suffisamment de stabilité pour une nuit. Feu de camp, viande grillée, l'accueil serait à l'image de Nina-Lou : chaleureux à l'encontre ses siens. A contrario, Nina exposerait et rendrait vulnérable les siens. Après tout, sous ses airs bienveillants et doux cette dénommée Holy a tout de même blessé une inconnue ! Il faudrait redoubler d’ardeur, redoubler de vigilance pour un couple qui de toute évidence n’a rien à lui offrir en retour. Tiraillée entre ses pensées raisonnables et ses pensées permissives, le cri qui résonne en arrière-plan fait froncer les sourcils à Nina-Lou.

Sur le qui-vive, elle se tourne pour observer la scène. Instinctivement sa main se glisse devant Holy. Protectrice envers la louve sans qu’elle n’en explique la provenance, elle lui murmure :
« C'est quoi ce bordel ? »

Sa main reste suspendue dans les airs durant un très bref instant. Son regard vairon scrute la jeune femme qui s’extirpe de derrière le rocher en hurlant. Lui a-t-il touché les fesses ? A-t-il attenté quelque chose à son encontre ? Nina s’agace et grogne à mi-voix, accusant Jack sans en attendre les justifications :
« Holy, s’il se comporte comme un goujat je ne pourrais pas vous accueillir chez nous. Comment faites-vous pour attirer autant l’attention à vous ?! »

Sa main retombe. Ses lèvres se pincent alors qu’elle se met en marche pour revenir sur ses pas. Son pas est agacé, lourd. Elle pourfend le sol avec assurance bien que l'agacement se retranscrit sur son faciès. Nina n’est plus qu’à quelques pas à peine du rocher et de l’attroupement qui s’est formé tout autour...

Nombre aléatoire (1,6) :

4

1 : la situation dépasse Nina. Elle se tient en retrait et s’apprête à abandonner les tourtereaux à leur triste sort.
2 : la femme de derrière le rocher accuse Jack de lui avoir montré sa zigoune,
3 : les loups de tantôt reconnaissent Holy et se remettent à la pointer du doigt,
4 : situation 2 et 3 en même temps,
5 : situation 1, 2 et 3 en même temps,
6 : situation 1 et 2 en même temps,

Soudainement tout le brouhaha cesse, tout se suspend. Holy parvient à faire page blanche face aux vociférations et contestations en cette zone pourtant neutre initialement. Nina se laisse porter par le sentiment inconnu qui vient se loger au fin fond de ses entrailles berçant doucereusement son âme meurtrie. Tout s’apaise, tout cesse, tout s’adoucit et tout s’enveloppe d’une chaleur maternelle dans les cavernes de Spelunca.

Ramenée pieds sur terre, Nina observe la thérianthrope se raccrocher à son bras. Comme elle le ferait avec une vieille dame dans le besoin, la jeune louve vient soutenir avec prudence le bras de Holy afin de la maintenir sur ses deux jambettes. Son regard inquiet vient se poser dans celui de Jack face à l’état physique de sa chère et tendre qui semble être à bout de forces.

« Non » se contenta de souffler Nina-Lou face à la question de Jack, ajoutant en un murmure à l’intention de Jack : « Il lui arrive souvent ces choses-là ? Vous avez vu un chaman pour peut-être l'aider ? »

Les sourcils de la Matriarche se froncent tandis qu’elle donne le pas, laissant Holy greffée à son bras ne cessant de lui jeter des regards inquiets. Prenant la relève sur le comportement protecteur de Jack, Nina vient soutenir Holy jusque à bon port. Arrivés au campement, elle fait tirer quelques toiles au sol pour ses nouveaux compagnons d’infortune et jette quelques branchages au sein du brasier. Par automatisme, habitude quelconque, elle fait les comptes et jette sur le feu la carcasse déjà préparée d’un sanglier. Dans une marmite bouillante quelques légumes viennent se battre en duel et Nina y jette vaguement un coup d’œil avant d’annoncer à l’attention des siens :
« Jack et Holy sont nos invités. Je vous prie de leur réserver le meilleur des accueils s’il vous plaît. Ils sont nos amis. »

Son regard se fait entendu bien que dur à l’encontre de ceux qui partagent son quotidien. Sur les épaules de Jack et de Holy viennent se porter des peaux de bêtes afin de leur tenir chaud dans l’environnement humide de Spelunca. Les Hommes aux environs font passer des godets et des assiettes creuses, servant le bouillon de la grosse marmite. Aux côtés des tourtereaux, sirotant sa soupe comme s’il s’agissait d’un grand cru, la jeune louve s’interroge :
« Vous les connaissiez ces loups ? »

Entre ses doigts Nina vient presser son godet recherchant assurément la chaleur de la soupe, se rapprochant du feu. Son regard se perd sur les flammes dansantes, folles et un sourire vient se dessiner sur son visage tandis qu’elle prend une seconde gorgée de la soupe :
« Je pense qu’il n’existe pas de rencontre hasardeuse. Chaque rencontre amène son lot d’aventures. Qui sait, peut-être allons-nous nous recroiser. Dùralas est grand, Dùralas est généreux. »

Posant son godet au sol, elle vient rapprocher le plat de ses mains face au feu cherchant encore et toujours la chaleur réconfortante du bois crépitant. La fumée vient embaumer l’air et un léger bâillement franchit les lèvres de Nina-Lou qui poursuit :
« Nous avons des tours de garde. Holy, tu peux dormir sur tes deux oreilles ici. »

Elle les observe à tour de rôle, opinant du chef, n’étant pas d’une grande contrainte face à eux. Le couple lui semble bienveillant, avenant. Il ne lui en faut guère plus pour endormir tout soupçon de méfiance.

D’un geste du menton, elle fait remplir les assiettes et godets une dernière fois avant de lever ses petits poings serrés au-dessus de sa tête. S’étirant et baillant une nouvelle fois, elle se relève avec prudence pour s’en aller quérir une peau de bête. Déposant la lourde peau sur ses propres épaules, se plaçant non loin du feu, Nina-Lou frotte ses mains entre elles, paume contre paume pour se réchauffer puis prend place sous les toiles tirées. Le campement est sommaire mais suffisant pour les loups qui ne semblent pas s’en plaindre. La plupart d’entre eux sont des rescapés des soirs de pleine lune. Des loups indomptables qui ont accepté la main tendue par Nina plutôt que de s’en prendre à autrui et de vivre avec des regrets éternels. Certains s’apparentent à des armes vivantes, d’autres à des esprits bienpensants mais tous en ces lieux veulent œuvrer pour le bien commun. Les tâches incombant le quotidien sont dispatchées aléatoirement entre l’ensemble des présents. Certains chassent d’autres cueillent, permettant au groupe de perdurer au fil des années, cinq désormais. Les plus solitaires veillent et certains s’occupent des rares enfants présents sur le campement.

L’équilibre s’est construit au fil des années grâce à Nina. Les loups se sont identifiés à elle, ont trouvé en elle une figure maternelle et bienveillante pour prendre soin d’eux, pour prendre soin du groupe. Les défendant crocs sortis en toute circonstances, Nina s’est naturellement imposée comme la Mère-Veilleuse du clan. Défendant ses petits envers et contre tous mais surtout contre les Vampires, Nina a su faire de sa haine contre les Vampires le leitmotiv du groupe. Armés, prêts à en découdre avec les vampires, ses loups iraient-ils jusque à ôter la vie à ceux qu’ils estiment être leurs ennemis ? Rien n’est moins certains. A l’image de ces vieillards dans les campagnes qui pestent contre leurs voisins, à l’image de ces vieillards qui ne jurent que par leur dieu et ne veulent pas écouter les croyances d’autrui, à l’image de ceux qui jurent que par leurs origines… le clan aboie beaucoup mais sans mordre. Ils savent se tenir, savent se parquer à l’écart de la société construisant petit à petit des abris un peu plus luxueux que leurs toiles tirées. En bons marginaux, ils se contentent de vivre du troc et de la vente de quelques ressources rudement gagnées.

Les paupières tombent. L’ensemble du groupe se laisse aller à une nuit de quiétude après une journée riche en émotions. Quelques ronflements viennent pourfendre l’atmosphère paisible. Pour seule mélodie leur sera offerte le craquement du petit bois disparaissant au travers des flammes du feu de camp.

Au petit matin, les premiers loups s’activent. Laissant le silence baigner l’atmosphère quelques minutes durant, Nina ne vient pas rompre le doux silence. Elle laisse le soin à ses invités mais aussi à ses loups de se réveiller calmement, sans angoisse, sans questionnement. Le feu crépite toujours, entretenu durant la nuit et s’appliquant à l’éteindre sans piper le moindre mot, Nina laisse ses Hommes ranger les peaux de bêtes, ranger les godets et assiettes, faire un tour du campement, surveiller les alentours… En bref, la vie suit son cours.

Haussant un sourcil, Nina-Lou s’enquiert après un petit quart d'heure :  
« Passerez-vous une seconde journée parmi-nous ? Ou dois-je vous raccompagner vers… ? »

Sa question reste en suspens. Un petit sourire vient se dessiner sur son faciès. Ses yeux encore endormis se plissent légèrement face à la lumière qui filtre au travers des cavernes. Ses petits poings fermés viennent frotter ses yeux et d’une main assurée, elle vient se saisir d’un godet. Elle le remplit d’eau chaude, y jette quelques plantes dedans et le tend à Holy. La douce en fait de même pour Jack, s’apprêtant à papoter avec ses invités avant leur potentiel grand départ.

Si avec pareille hospitalité Nina n'a pas 10/10 sur TripADuralas je ne sais pas ce qu'il vous faut de plus gniii.

Et le temps passe, leur file entre les doigts. De discussion en discussion, de promesses en promesses vaines, Nina espère les recroiser dans un futur proche ne se doutant aucunement de la tournure que prendra sa vie future. Le hasard les a amené sur son chemin et le destin se charge désormais de les écarter de sa route. Une chance pour les deux aventuriers de ne pas rester au sein de cette meute maudite qui, sans le savoir, est déjà condamnée. Ils esquissent quelques pas ensemble, tous les trois puis se séparent au sein de la zone neutre, proche du marché comme convenu en la compagnie de Holy-Belle.

C'est avec un sourire greffé sur ses lèvres que la Mère-Veilleuse les laisse filer non sans un dernier :
"Au revoir", ne s'apparentant guère à des adieux mais bien à une promesse de les revoir. Laissant les tourtereaux voyageurs vaquer à leurs occupations, Nina retourne s'enfoncer au sein de Spelunca, retournant auprès des siens.

FIN DU RP.