C'était une belle journée à Endorial, le temps était clément, la température douce et l'humeur globalement joyeuse. Certains événements étaient survenus et s'étaient terminés tout aussi vite, toujours dans le bon sens pour Dùralas, Elenar en avait prit connaissance grâce aux colporteurs et aux annonces. De ce fait, le monde était en liesse, mais ce n'était pas le cas du jeune elfe. Non seulement, il n'était pas capable d'y participer à l'heure actuelle, alors que le désir y était, lui offrant une certaine frustration, mais en plus, il n'avait pas encore pu mettre la main sur les dernières pièces qui lui manquaient. Il était pourtant si près du but !
Il avait dépêché tous les commerçants passant par l'Est de Dùralas, passant par BaldorHeim, afin d'accélérer l'obtention de ce qu'il avait besoin. Il les avait même mis en concurrence, leur indiquant qu'il les achèterait au premier venu, et tant pis pour les autres, ce qui avait le don de leur donner un élan de motivation supplémentaire. Mais cela traînait quand même en longueur. Il était vraiment à croire que les marchands humains n'étaient pas très fiables. Pour tenter de vendre leur camelote et être tout mielleux, c'étaient les premiers, mais quand il fallait faire plus d'efforts, visiblement, c'était difficile...
« Regarde comme ces fruits ont l'air juteux, Elenar ! »
L'intervention de sa sœur l'extirpa de ses pensées, et le fit sourire. Ils étaient retournés sur la Grand-Place pour y faire un tour, et pour le jeune Dahicë, voir si l'un de ses marchands était présent. C'était une sortie que sa sœur appréciait tout particulièrement, où ils profitaient simplement de la vie sans prise de tête quelconque, malgré leur rang. Une sortie toujours interdite par leur père, d'ailleurs, ne souhaitant pas plus qu'avant qu'ils se mélangent au « bas peuple », mais cela les amusaient plus encore qu'autre chose de la braver.
« Nous en prendrons deux, je vous prie.
- À votre service, noble cliente ! »
Le marchand ne tarda pas à leur offrir ses deux plus beaux fruits, souhaitant sans doute se faire bien voir. En effet, il n'y avait aucun doute quant à la richesse ou la puissance de leur famille rien qu'à voir leurs habits, mais c'était un avantage, car peu se risquaient ainsi à les contrarier. Toute contente, Fanya se retourna vers lui, un grand sourire parant son doux visage, et lui tendit l'un de ses achats.
« Tiens, prends en un, ça te fera du bien pour ce que tu as !
- Et qu'ai-je donc ?
- Une crise de pensées trop encombrantes dans ta tête pour faire attention à ce qui t'entoure. »
Amusé, il accepta le cadeau volontiers en riant légèrement. Elle avait raison, comme très souvent, et avait toujours l’œil. Un petit casse-croûte comme cela allait lui faire du bien.
« Je suppose qu'il n'y a, encore une fois, pas ce que tu recherches ? »
Elenar soupira.
« Non, en effet, ces marchands humains se font vraiment demander. À ce train, ils seront morts de vieillesse avant de revenir à Endorial.
- Ce n'est que partie remise, j'en suis sûre. Même s'ils se font demander, ils t'avaient prévenu que ta pièce serait très difficile à obtenir.
- C'est vrai, mais il m'est de plus en plus dur d'attendre sans pouvoir rien faire de plus.
- Te connaissant, tu ne passeras jamais une seule minute sans rien faire ! »
Les plaisanteries qui s’échangeaient lui faisaient du bien, et elle n'avait pas tort. Ils allaient traîner encore un peu au marché, profitant de l'ambiance et se changeant les idées, avant de rentrer finalement chez eux.