Les montagnes du Baldor se dressaient majestueusement devant nous, leurs sommets enneigés perçant les cieux comme des sentinelles immortelles. Le vent soufflait fort, mais il était chaleureux, portant avec lui l’odeur familière des pins et des herbes sauvages qui tapissaient le sol. C’était le territoire que je connaissais le mieux, mon chez-moi. Pourtant, cette fois-ci, quelque chose était différent. Une énergie nouvelle vibrait dans l’air, une promesse de découvertes et d’aventures.

Moradund marchait à mes côtés, sa silhouette massive tranchant nettement avec les pics rocheux qui nous entouraient. Il était un roc parmi les montagnes, son regard scrutant l’horizon avec une détermination inébranlable. J’avais une confiance absolue en lui, en sa sagesse et en sa force. Il était l'Imperator des Kazhars, un homme qui portait sur ses épaules le poids de tout un peuple. Je savais qu’il était prêt à affronter n’importe quel défi pour le bien de Dùralas.

Derrière nous, Ayontudé, la centauresse-zèbre, se mouvait avec grâce, sa robe zébrée se fondant presque parfaitement avec les nuances de la montagne. Sa présence apportait une harmonie à ce groupe hétéroclite. Elle était l’apprentie chamane, avide de connaissances et avide de découvrir les mystères de la magie chamanique. Mon cœur se gonflait de fierté à l’idée de pouvoir l’accompagner dans ce chemin difficile.

Nous marchions en silence, chacun perdu dans ses pensées. Les montagnes étaient mon domaine, ma source de force et d’inspiration. Pourtant, j’étais consciente que cette expédition était une aventure nouvelle, un pas en dehors de ma zone de confort habituelle.

Le passage du Baldor à la savane de Tzengah était un rituel en soi. Descendre de ces pics majestueux vers les plaines infinies, c’était comme quitter un monde pour en découvrir un autre. Le paysage changeait progressivement. Les pics acérés cédaient la place à des collines douces, puis à des plaines ondoyantes. Les pins laissaient la place à des arbustes épineux et des herbes dorées par le soleil. L’air devenant plus sec, imprégné de l’odeur de la terre chauffée par les rayons ardents.

Nous atteignîmes enfin les premières limites de la savane. A l’horizon s’étendait un tableau vivant, un océan de végétation ondulant au gré du vent. Les points d’eau étincelaient comme des joyaux dispersés dans la brousse. C’était la terre de Tzengah, un refuge pour la vie sauvage, un hommage à un roi tribal oublié.

Je me tournai vers Ayotundé et Moradund, leurs visages éclairés par l’émerveillement (ou certainement par le soleil dans le cas de l’Imperator). Je savais que nous étions arrivés dans un endroit spécial, chargé d’histoire et de magie. C’était là qu’Ayotundé allait retrouver son clan après de longs mois sans avoir pu les voir. Enfin, nous avions des choses à faire avant cela.

- Nous devrions nous diriger directement vers Kothemba. Qu’en pensez-vous mon cher Moradund ? Nous pourrons ainsi questionner cette Neïwa. Je doute qu’ils aient pu faire face aux pillards Swen’jah. Nous pourrons aussi manger un morceau. Avec un peu de chance, je vais retrouver ces délicieuses herbes que je vous avais fait découvrir lors de notre première rencontre !

Le petit groupe venait de sortir de Baldorheim, après un regroupement au baraquements de la garde pour une préparation de voyage.
Suite à son introduction au reste de la garde lors d'un léger incident dans une taverne, la probotyre partait désormais confirmer son engagement auprès de l'Impérator.

Alors qu'ils atteignaient les premières rangées de hautes herbes jaunit par le rude climat de la savane, Moradund se rappela leur première rencontre en ces lieux alors que la nature avait décidé de partir dans un affrontement des plus curieux aux abords d'une oasis. Il passa songeusement la main dans les longues feuilles tandis qu'Ara prenait la parole.

Un demi-sourire trancha la barbe tressée à la mention du met exotique:
-Vous pourrez faire un festin de reine, je m'en voudrais de vous couper de ce plaisir. Je m'inquiète fort peu des risques pour le village au vu des gardes qui le surveille fort heureusement, je ne sais cependant si elle acceptera de nous parler de ses soucis à nous qui sommes des étrangers à leur peuple. Je n'ai malheureusement pas eu le temps la dernière fois d'engager la moindre discussion amicale comme diplomatique.

Les paroles de Moradund résonnèrent dans l’air, empreintes de sagesse et de préoccupation. Je hochai la tête en signe d’approbation, reconnaissant la justesse de ses propos.

- Vous avez raison, Moradund. Nous devons respecter les coutumes et la prudence de ce peuple. Nous serons leurs invités, et il est de notre devoir de les traiter avec respect et considération.

Nous poursuivîmes notre chemin à travers la savane, les hautes herbes caressant nos jambes. L’horizon s’étendait à perte de vue, une mer d’or et de vert qui ondulait au rythme du vent. Au fur et à mesure que nous approchions du village de Kothemba, l’excitation grandissait en moi. Revoir Neïwa, la cheffe de ce peuple, était un honneur que je prenais à cœur.

Lorsque nous franchîmes les premières palissades du village, une atmosphère vivante et chaleureuse nous enveloppa. Les habitants vaquaient à leurs occupations, échangeant des sourires et des salutations. C’était une communauté qui semblait unie, malgré les menaces qui pesaient sur eux.

Arrivés devant la case de Neïwa, nous fûmes accueillis par des gardes qui nous laissèrent entrer avec respect. Neïwa était assise sur une natte, entourée de conseillers et d’aides. Ses yeux s’illuminèrent à notre arrivée, et elle se leva pour nous saluer.

- Bienvenue, voyageurs. Je suis Neïwa, cheffe de Kothemba. J’étais au courant de votre arrivée. Une grande femme-éléphante, une centauresse-zèbre, et un habitant de la montagne. Nos éclaireurs ne s’étaient pas trompés.

Sa voix était empreinte de dignité. Je m’inclinai respectueusement.

- Je suis la Dame Ara, du clan Kelah. Et voici mes amis Moradund, et Ayotundé. Nous venons en paix, et nous sommes honorés de pouvoir partager un moment avec vous.

Neïwa inclina légèrement la tête en signe d’approbation.

- Vous êtes les bienvenus dans notre village. Je vais ordonner de préparer un repas, nous pourrons discuter de ce qui vous amène ici.

Mon estomac émit un grognement assourdissant, signe que mon appétit ne demandait qu’à être satisfait.

- Je vous remercie, cheffe Neïwa. Nous serons ravis de déguster vos mets délicieux.

Le repas qui suivit fut un festival de saveurs exotiques. Chaque plat était une symphonie de goûts, une célébration de la diversité culinaire de la savane. Je me régalai, savourant chaque préparation avec délectation. Entre deux bouchées, je partageais des éclats de rire avec Moradund et Ayotundé.

Une fois le festin terminé, Neïwa se tourna vers nous avec un regard sérieux.

- Maintenant que nous avons partagé ce moment, permettez-moi de vous parler de notre situation. Les pillards Swen’jah menacent notre paix et notre survie. Nous avons besoin de votre aide pour les affronter.

Sans hésiter, je répondis d’une voix empreinte de détermination.

- Nous sommes à votre service, Cheffe Neïwa. Nous ferons tout en notre pouvoir pour protéger votre peuple et mettre fin à ces pillages.

J’étais prête à affronter les défis qui se dressaient devant nous, unis par notre volonté de justice et de paix. Je savais que cette quête serait une épreuve, mais j’étais confiante dans la force de notre groupe. Nous étions prêts à faire face aux pillards Swen’jah et à tenter de ramener la paix dans la savane de Tzengah.

Leur traversée du village souleva une petite agitation, les enfants particulièrement s'amusèrent de l'étrange cortège contenant animaux inconnus et un être à leur taille mais à la barbe digne de leurs anciens.

Pour le plus grand bonheur du nain, Ara s'occupa des présentations et discussions qui s'ensuivirent. Les échanges sociaux de haut vol étaient ceux pour lesquels il était heureux de disposer du loup blanc -et maintenant de la probotyre. Une simple inclinaison de politesse à ma présentation, puis un repas bienvenue après plusieurs jours à travers la savane. Facile. Ensuite les blablas de repas, avec l'alcool en joker des mauvais mots. Ça il maitrisait.

Vint ensuite le sujet pour lequel ils avaient traversés des kilomètres de forêts, de plaines et de hautes herbes. Les pillards. Profitant allègrement du prétexte de tester la bleu, il laissa à Ara tout le loisirs d'échanger avec la chef de Khotemba, ne venant qu'apporter ici et là des précisions quand aux khazariens ainsi qu'aux équipements que le petit groupe trimbalait en prévision de la tache à venir.
La nuit s'allongeant au fur et à mesure de la discussion, décision fut prise de partir au matin.


-Les traces sont un peu anciennes et partent vers le sud, difficile à dire avec un sol que je connais mal mais je dirais qu'ils sont passés il y a 2 à 3 jours, 4 au mieux. L'Impérator profitait que les herbes ne lui obstruait pas la vue du sol pour jouer les traqueurs. Vous voyez quelque chose?

Le repas avait apaisé la faim vorace qui gargouillait dans mon ventre, et mes pas résonnaient avec énergie sur le sol de la savane. Les paroles de Moradund, évoquant les traces des pillards Swen'jah, avaient éveillé en moi une nouvelle détermination. Nous étions ici pour agir, pour protéger cette communauté paisible de l'ombre menaçante des pillages.

Je scrutai le sol, cherchant les indices que Moradund avait détectés. Mon regard perçant balaya le paysage, mes yeux discernant chaque empreinte laissée par ces intrus. "Les traces sont fraîches, mais elles se perdent déjà dans la nature de cette savane. Moradund, je vous fait une confiance aveugle pour mener cette opération vers le succès. Ayotundé, as-tu des connaissances sur cette région qui pourraient nous être utiles ?"

Ayotundé hocha la tête avec assurance. "Oui, Dame Ara. Ces terres sont mon domaine. Je peux repérer des signes subtils dans la nature, des changements dans la végétation, des bruits dans le vent. Suivez-moi, nous trouverons leur trace."

Les pas s'accélérèrent, notre trio se mouvant en harmonie à travers la savane. Ma grande taille, d'ordinaire un défi à manœuvrer, se révélait être un avantage. Mon regard surplombait les herbes hautes, repérant des mouvements dans le lointain. Je m'assurais que Moradund et Ayotundé suivaient ma cadence, chaque enjambée guidant notre progression.

Ayotundé s'arrêta soudain, se penchant vers le sol. "Regardez ici, ces herbes guérisseuses peuvent être utiles. Elles soulageront nos maux et nous donneront la force nécessaire pour suivre les traces des Swen'jah."

Je m'agenouillai aux côtés d'Ayotundé, observant les plantes qu'elle pointait du doigt. "Que fait-on avec cela ?"

Ayotundé expliqua avec sagesse. "On les mâche, Dame Ara. Elles apaiseront la fatigue et nous donneront une résistance accrue. Moradund, je vous invite à en prendre aussi. La route sera longue."

Je fis confiance aux instructions d'Ayotundé, et bientôt, le goût amer des herbes se mêla à nos respirations haletantes. Nous repartîmes, revitalisés, poursuivant notre traque implacable.

La savane s'étendait devant nous, un vaste terrain de chasse où chaque brise portait le murmure des Swen'jah. J'étais consciente que nous nous approchions de notre cible. Les herbes guérisseuses, en plus de nous revitaliser, semblaient renforcer nos sens. Les bruits, les odeurs, tout prenait une nouvelle intensité.

Ayotundé brisa le silence. "Ils ne sont pas loin. Je sens la présence de leur campement."

La tension monta d'un cran, notre trio se préparant à affronter l'inconnu. La savane de Tzengah était devenue notre alliée, nous guidant vers notre destinée. Ayotundé était notre guide, Moradund notre chef incontesté et moi, Dame Ara, je me tenais prête à déferler comme une force irrésistible sur ceux qui menaçaient la paix de ces terres.

Au loin, le camp des Swen'jah se dessinait dans le crépuscule. Des tentes de fortune émergeaient du paysage, révélant une présence éphémère et errante. Les ombres dansaient autour des feux de camp, conférant au lieu une aura d'instabilité. Je scrutai la scène avec une lueur dans les yeux. "Moradund, ce camp semble fragile, comme le souffle éphémère d'une tempête. Nous pourrions les surprendre et mettre fin à leurs méfaits rapidement."