Il était grand temps de se réapprovisionner en Strygium. Pas question d'aller miner. Comme à son habitude, elle s'était procuré les itinéraires spatiaux des cargos de transports. Elle avait commencé par les trier du plus rempli au moins rempli puis, du mieux protégé au plus vulnérable. A partir de là, elle estima ceux qui étaient susceptibles de transporter des cargaisons illégales. Quelle surprise, un cargo appartenant à Savant! Nakaï ne s'y serait pas attendu. Bon en fait si. Par contre, étrangement, cette fois, son vaisseau semblait en règle. Etait ce vraiment possible? Curieuse de voir cela, elle choisit celui-ci. Il n'était pas bien protégé et ne contenait pas grand chose. Il parcourait une courte distance et la mise en soute était rapide. Il y avait peu de chances qu'il ait eut le temps de rajouter de la marchandise en douce. Ce serait une première, une cargaison en règle pour ce Rabclaw.

L'assaut était lancé. Seuls quelques gardes se trouvaient sur le vaisseau. Tous rendirent les armes immédiatement. Nakaï fouilla alors la cargaison. Il n'y avait pas grand chose mais, il y avait effectivement un léger surplus. Bah, elle se contenta de cela et regagna son vaisseau. Elle avait toutefois laissé un message pour Savant où il était écrit: "Il y a le beau geste là! Je prends que ce qui dépasse cette fois."

Un ouvrage de recherche, laissé ainsi sans surveillance… Il s’agirait presque d’une faute impardonnable de la part d’un scientifique chevronné. La tentation est immense de l’ouvrir, feuilleter les pages, et tenter de mémoriser quelques annotations personnelles qui pourraient m’aider dans mes propres études sur les mines de strygium. Est-ce ma conscience qui me retient, ou plutôt le bruit que j’entends de l’autre côté de la cloison ? Faisant comme si de rien n’était, j’attends de voir qui va surgir par la porte. Un air innocent sur le visage, j’accueille avec un grand plaisir non dissimulé un personnage que je connais bien, le docteur en chimie, Menas Sabots-d’Airain, un élaphaure renne que j’ai côtoyé à plusieurs reprises dans des colloques et autres conférences. Il semble également heureux de me voir là.

- Eh bien, Dame Kuntara, il faut croire que la Déesse vous mène à moi en cette période trouble. Heureux de vous revoir, mais que faites vous par ici ma chère amie ?

Une belle surprise en effet, même si je dois admettre que je n’ai aucune idée de ce qu’il veut dire par “cette période trouble”. Dans quoi me suis-je fourrée ?

Haaaa, la voix puissante et vieillotte de Marania, cette vieille demi-murène de Sitlantà… Shelara se vantait à qui voulait bien l’entendre que c’était son ancêtre de quelques générations seulement puisque les abyssaux vivent tous très vieux. Non, elle n’a pas eu la chance de la connaître, mais ceci étant dit, le caractère acariâtre de la diva faisait d’elle, selon la légende, une femme difficile à vivre et capricieuse. Le genre de personnalité que l’on adore voir sur scène et entendre en fond sonore, mais que l’on apprécie moins de côtoyer dans la vie personnelle.

Néanmoins, il était temps d’entrer dans le vaste sous-marin qui était affrété pour rejoindre la mine aquatique. Le voyage allait être rapide puisque la machinerie était un véritable bijou de modernité technologique et scientifique. Une fois sur place, il allait falloir s’aventurer dans les alentours de la mine afin de vérifier qu’il n’y avait rien de dangereux dans ces abysses profonds.

Vide. Cet astéroïde n’était constitué que de glace. C’était le quatrième en une heure. Visiblement, elle n’avait pas de chance. Le vaisseau s’élança avec ses pattes vers un autre astre, profitant de l’inertie données par l’impulsion. De temps en temps, Sholma utilisait les rétro-fusées pour se réorienter dans la bonne direction. Grâce à cette technique, elle utilisait très peu d’énergie. Elle était limitée en carburant et au vu du nombre d’astéroïdes dépourvus de ressource intéressante, mieux valait ne pas revenir les mains vides pour faire le plein. Cette fois-ci, les scanners indiquèrent une quantité plutôt abondante de cobalt. C’était un minerai recherché, mais elle n’était pas venue pour cela. Malheureusement, il n’y avait qu’une seule raffinerie et il ne fallait pas la polluer avec un autre matériau. Elle changea à nouveau de destination et finalement, ses efforts furent récompensés : Le saint strygium abondait sur un autre caillou et elle put commencer son extraction.

- Ha, comme c'est plaisant !

Déboulant dans le hangar de l'imposant bâtiment, l'humain en chemise à fleurs écarta les bras de bien-être en avançant vers les caisses prêtes à être embarquées.

- J'aime l'odeur de l'argent, se réjouit-il en venant enlacer le chargement.

La caisse contenait le minerai fraichement remonté des entrailles de la planète. De précisément huit kilomètre, tout juste sous la croûte terrestre. Là où la roche dure commençait à monter en température. Pour de la pierre, cela ne changeait strictement rien. Pour du strygium en revanche, cela changeait tout : cette légère variation de température due à la pression et la proximité du manteau rendait le métal légèrement plus mous. Assez pour ne plus briser deux têtes foreuses par jour et faire exploser les coûts d'exploitation. Source de des bénéfices qu'il engrangeait, supérieurs à ceux de la concurrence.

Levant les yeux de son précieux bien, il remarqua toutefois que tout les employés s'était arrêtés. Ils avaient le regard rivé non pas sur lui comme à l'accoutumée, mais sur la créature entrée dans son sillage.

- Qu'est-ce que vous regardez ? aboya-t-il pour détourner leur attention du cyborg bavant derrière lui. Mon strygium ne va pas se récolter tout seul ! Au travail tas de fainéants !

Le strygium était potentiellement la ressource la plus convoitée de toute la galaxie, tellement ce minerai était utile pour tout et son alliage efficace. Malheureusement, qui disait cela, disait également bons nombres d'Impies qui tentaient par tous les moyens de se faire des crédits, souvent illégalement et au détriment d'innocents, en se moquant des victimes et des conséquences. Une partie avait déjà fait la rencontre de Coltis, et subi par la même le Jugement qui se devait, mais il en restait encore bon nombre.

Sa proie actuelle se situait en orbite autour d'un astéroïde contenant le métal si souhaité, en assez grande quantité pour enrichir n'importe qui, et partagé entre plusieurs entreprises minières. Les Impies avaient prit d'assaut cette position, réussi à détruire et pirater les défenses que les équipes sur place possédaient, et avait fait main basse sur le gisement entier, commençant à l'extraire pour leur propre intérêt et abattant sans pitié les vaisseaux arrivant à leur portée.

Autant dire que ça ne s'était pas passé de la même façon avec '' Le Capitaine Flamboyant '' lorsqu'il arriva à pleine vitesse. Les surpassant en défense comme en armement, il ne fallut pas longtemps avant de les réduire au silence, puis d'immobiliser leur bâtiment, avant de les aborder et de les Purifier jusqu'aux derniers, vengeant par la même leurs victimes.

« Que les flammes du Dragon Noir vous purifient, Impies... »

L'Objecteur se tourna vers son second d'équipage.

« Emmenez sans attendre les blessés à l'infirmerie, puis contactez les entreprises pour les informer qu'ils pourront reprendre leur exploitation sans danger. Comme convenu, embarquez le strygium que ceux-là on pu extraire jusqu'à maintenant pour les ranger dans notre réserve. Ils ont été plus efficaces que prévu, nous sommes gagnant sur toute la ligne.

- À vos ordres, Capitaine Purificateur ! »

Suite à ces bonnes nouvelles, Coltis et son équipage partaient vers une autre proie, la réserve remplie et les Impies réduits en cendres.

- Je viens pour compléter mes recherches sur le Strygium. Rien de très passionnant, mais que voulez-vous dire par cette période trouble ? Vous m'inquiétez !
- Ce n’est plus une information confidentielle de toute façon… Le gisement de Strygium est infecté par une étrange maladie qui affecte les mineurs. Cette “fièvre du Strygium” provoque des symptômes graves et perturbe évidemment les opérations minières. De nombreux mineurs sont malades et incapables de travailler efficacement. Le moindre problème étant les retards et les problèmes pour la mine.

Quelle nouvelle ! C’est pour ça que je n’ai croisé personne dans les ailes scientifiques de ce vaisseau avant ce cher Menas, tout le monde est certainement sur le pied de guerre afin de lutter contre cette épidémie du Strygium. Je réfléchis quelques instants à la situation et à ce que le Renne a bien voulu me dire de la situation. Une épidémie dans un tel environnement clos est un problème majeur à régler.

- Quel est le plan d’action qui a été mis en œuvre jusqu’à présent ? Quitte à être ici, dites moi comment mes compétences peuvent vous être utiles !
- Oh, je vous reconnais bien là Dame Kuntara. Toujours prête à soutenir votre prochain. Nous avons divisé nos efforts en plusieurs points importants : analyser les échantillons de Strygium, rechercher l’origine de l’infection, fabriquer un système de filtration de l’air et de l’eau, modéliser la propagation de la maladie et enfin communiquer et sensibiliser les mineurs.

J’approuve ce plan d’un signe de tête positif. Tout cela semble très prometteur pour mettre un terme à l’épidémie. Néanmoins, cela ne répond pas à comment je peux l’aider. Heureusement, Menas doit deviner à mon air interrogateur que je me demande encore comment je peux lui venir en aide.

- J’allais justement dans notre laboratoire, “le Centre de Recherche et d’Analyse du Strygium” afin d’analyser quelques échantillons. Je vous invite à m’accompagner, votre regard extérieur sera sans doute très intéressant.

Les abyssaux et les mineurs avaient tous revêtu des combinaisons leur permettant de nager dans la mine sous-marine sans craindre ni les températures abyssales, ni le manque d’oxygène. Le vaisseau sous-marin se stabilisant à l’entrée du vaste tunnel, il libérera les participants qui nagent avec curiosité vers la cavité minière. Après avoir évolué au milieu de plusieurs couloirs illuminés par des rochers luminescents, ils arrivent dans un endroit semi inondé, dans lequel ils peuvent retirer leur casque de respiration et communiquer les uns avec les autres.  

- Comme vous avez pu le constater, il y a de nombreux filons de Strygium tout au long du parcours que nous venons de faire. C’est une véritable aubaine pour nous tous !

Shelara regardait avec curiosité ce drôle d’endroit. Elle n’avait aucune idée de comment les mineurs pouvaient mettre en place une mine performante dans un tel environnement aquatique, mais des spécialistes étaient présents afin de répondre à ce genre d’interrogations. Le groupe se disperse tout autour de cette cavité pour regarder plus en détails les failles de Strygium et les quelques curiosités à étudier. De son côté, Shelara ondule vers une drôle de lumière. En s’approchant, cette lumière se multiplie en plusieurs autres petites lumières sous l’eau.

- Qu’est-ce que ceci ?  
- Je… Euh… Nous n’avions pas vu ça lors de notre dernière visite….

Circë avait beaucoup changer mentalement depuis quelques années. Disont le même clairement, elle était devenue amorphe pendant plusieurs décennie, s'enferment dans le travail pour se donner un but, la raison de se revirement est inconnue, surtout que la majorité ne la connaisse que de surface. On peut juste supposer que malgré ses dires, elle n'a rien perdu de ses 4000 ans de vie. 4000 ans, beaucoup de temps et beaucoup de vie différente. Mais un élément reste toujours présent, l'argent. Circë en a toujours cruellement besoin, c'est pour cela que quand elle ne trouve pas de contrat, elle extrait du Strygium à partir d'astéroïdes. Elle travailles dans le vaisseau en maniant le gros laser d'extraction tout en jouant avec une vielle pièce d'or datant d'un autre temps. Cette pièce aurait sa place dans un musée, si Circë ne la gardait pas pour elle. Elle extrait le minerais au maximum, épuisant l'astéroïde de taille moyenne. Le capitaine hurle : "Allez, on se grouille, surtout la rouquine, on fait vite et on passe au prochain."

Circë bouge affirmativement la tête et continue sa tâche, avant de passer à l'autre astéroïde.

Nakaï s'ennuyait lorsqu'elle remarqua un vaisseau escorté sur son radar. probablement du Strygium. Pas une seconde à perdre, elle donna l'ordre de le prendre en chasse. Très vite, ils furent amené à combattre l'escorte. Il n'y avait que deux vaisseau. Probablement un petit convoi mais, ce serait mieux que rien. Et puis, ça l'occuperait. La Corsaire adorait les batailles spatiales. Très vite, elle dézingua les deux vaisseaux et atterrit sur le pont du cargo. Les gardes avaient déjà déposé les armes. Ils ne voulaient pas risquer leurs vies pour si peu de matière. Des employés avaient même apporté la cargaison. Nakaï était surprise. C'était la première fois que cela arrivait. Elle la saisit et la chargea sur son vaisseau en les remerciant puis, elle s'en alla. C'était bien parfois de ne pas avoir à flinguer qui que ce soit.

- Imaginez, commença doucement Twarr en rampant doucement sur l'estrade où il se trouvait. Imaginez un monde. Un monde où la civilisation serait restée à l'âge du cuivre et du nickel. Un âge où des matériaux plus prometteurs comme le krypton, le radian, le strygium ou le pluton n'auraient pas été étudié. Se serait un monde archaïque. Un monde sombre. Un monde où la-dite civilisation serait restée cloitrée sur sa misérable planète.

Étudiant son auditoire du regard, allant doucement d'une personne à l'autre en les sondant intensément, il marqua un temps. Après tout, bien qu'il se prêta volontiers à l'exercice, il n'avait pas tout les jours l'opportunité de façonner de futurs talents. Il n'était jamais trop tôt pour donner goût à la science. Pour construire l'univers de demain.

- Ce monde aurait trouvé des alternatives, reprit-il. Des alternatives à ce qu'il a été incapable de trouver. Il subsisterait des sources d'énergie primitives à sa disposition. Le vent. La marée. La combustion. La pression. Peut-être la lumière, mais il aurait déjà fait de belles avancées. Ces énergies, il faudrait les stocker. Or sans néo-chimie ni la transmogrification atomique, tout stockage aurait tant de déperdition qu'il serait adéquat de déclarer que l'on ne stocke rien. De l'énergie éphémère, auto-destructrice, limitée, source de chaos, d'inégalités, de maladies et de conflits.

Faisant demi-tour, il revint sur sa reptation, cherchant de nouvelles cibles du regard.

- Ce monde, nous y avons échappé de justesse il y a quelques âges. Et pourtant. Pourtant ici et là, dans notre précieux système solaire, émergent des minorités qui, que se soit ou non à dessein, œuvre activement à le répandre. A revenir en arrière. Il s'agit là de menaces à la civilisation, la véritable, celle de demain. Vivre dans le passé est une erreur. C'est vers l'avenir que vous devez penser. Concevoir. Imaginer. A présent que j'ai j'espère capté votre attention, abordons le sujet principal de cette conférence. Les applications possibles et impossible de l'essence de strygium au sein de la membrane moléculaire des spécimens non-cybernétique standards...

Fahima était de retour à la mine de strygium, toujours curieuse d’en savoir plus sur le minerais. Mais cette fois, elle voulait étudier plus en profondeur la planète également. La lycanthrope fit d’abord un saut à la mine. Pourquoi ne pas aider à la récolte également, un coup partit ? La Professeure s’équipa donc des outils nécessaires et passa plusieurs heures dans les couloirs, à miner, certes, mais également à prendre des notes vocales pour ses recherches. Fahima éditerais et metterais par écrit le tout plus tard.

La suite du plan consistait à exploiter une ligne de code découverte dans Sphère. Décidément, ces artefacts issue des Temps Immémoriaux contenaient des facultés encore inexploitées et l'Architecte étaient toujours étonnées de ce qu'elle apprenait jour après jour.

La méthode consistait à utiliser la forme Sphère comme un champs gravitationnelle quantique dans le but d'attirer à elle certains éléments précis. Tel un trou noir, ou la masse gravitationnelle d'une planète, par exemple. Utilisé sur les éléments de type [Minerai de Strygium], cette méthode pourrait permettre de rassembler des quantités importantes de ressources en peu de temps. La technique pourrait bien entendu avoir de nombreuses autres applications, puisqu'elle peut-être codé sur à peu près n'importe quoi.

Néanmoins, brandissant la Sphère, l'Architecte la fit léviter dans un mouvement mystique. Elle baptisa ensuite sa nouvelle technique en prononçant pour la première fois son nom :

- Sphère. Méthode 6.1 : Attraction de strygium.

À ces mots, des milliers de petites poussières de strygium entrèrent en résonance avec la formule et s'agglutinèrent à l'artefact, magnétisées par cette force gravitationnelle. Technologie ou magie, là n'était plus la question et seul le but comptait.

Les lasers découpaient la roche tandis qu’un long tuyau aspirait strygium, glace, fer, cobalt, silice et tout autre matériau constituant l’astéroïde. Les matières étaient ensuite acheminées vers un petit centre de tri situé à l’arrière du vaisseau qui s’occupait d’isoler le strygium des autres composants indésirables. Ceux-ci étaient alors directement rejetés dans l’espace. Le minerai qui intéressait Sholma, quant à lui, était raffiné et prêt à être refondu pour créer toutes sortes d’objets de haute technologie, des parois blindées ou même des composants de carburant pour l’hyperespace. Les stocks étaient encore loin d’être pleins. Encore peut être quelques semaines à ce rythme et les soutes seraient remplies du précieux minéral.

« Capitaine Purificateur ! Nous avons réceptionné un message, vraisemblablement un appel de secours !

- Activez la lecture. »

Assis dans son siège de la salle de contrôle du '' Capitaine Flamboyant '', situé en orbite basse de Dùralas V, Coltis se leva aussitôt pour s'approcher du panorama offert vers la planète de leur position, alors que l'enregistrement se lançait.

« Krrrr... Ceci est un appel à l'aide... Krrrr... Sommes attaquez par... Krrrr... Kourchires... Krrrr... Plusieurs pertes... Krrrr... Nous ne sommes pas préparés... Krrrr... Défendre efficacement... Krrrr... Si vous recevez ce message... Krrrr... Faites vite, je vous en pris !...

- Quand a-t-il été émis ?

- À l'instant, Capitaine Purificateur ! »

Aussitôt, l'Objecteur se retourna et se mit en route vers le hangar, ajustant son chapeau.

« Réunis sur-le-champs nos meilleurs soldats et transmets-moi les coordonnées de l'appel. Dans cinq minutes, nous partons en renforts.

- À vos ordres, Capitaine Purificateur ! »

Telle une machine bien huilée et entretenue, la navettes strygienne s'élança à pleine vitesse dans le vide spatiale, droit en direction d'une excavation minière, à peine quelques minutes plus tard. Il ne fallait pas plaisanter avec les kourchires, il s'agissait d'une espèce plutôt dangereuse, qui arrivait en plus à survivre et à prospérer dans l'air de cette planète. Vu la situation, il semblerait que l'équipe ait dérangé un nid de ces vermines, et ils n'avaient alors effectivement pas les moyens de les repousser efficacement. Leur survie dépendait donc de l'efficacité de leurs sauveteurs...

Alors que nous marchons ensemble en direction du fameux CRAS (Centre de Recherche et d’Analyse du Strygium), Menas m’apprend que le laboratoire est équipé de systèmes sophistiqués de confinement et de filtration de l’air pour empêcher la propagation de particules ou de gaz potentiellement dangereux et présents dans le Strygium. Ces filtres haute performance et des systèmes de ventilation spéciaux assurent un environnement contrôlé. Voilà qui me rassure sur le niveau d’équipement, mais surtout sur notre sécurité.

- Dame Kuntara est avec moi, veuillez l’inscrire sur le registre, s’il vous plaît.
- Inscription de… Dame Kuntara… Bienvenue à vous Menas Sabots-d’Airain.

La voix robotique de l’intelligence artificielle résonne dans le sas d’entrée. L’accès au laboratoire est restreint et nécessite un protocole de sécurité. Ainsi, Menas doit passer par un contrôle biométrique, puis par une carte d’identification, et enfin un code d’accès. Des gardes de sécurité sont également présents pour assurer une certaine surveillance des lieux.

- Ne soyez pas inquiète, nous devrions avoir un équipement à votre taille. Comme d’habitude, j’ai du demander la confection d’un équipement sur mesure lorsque je suis arrivé ici !
- Oh, je comprends parfaitement. Je vais bien trouver quelque chose, même l’équipement d’un ou d’une géante devrait faire l’affaire.

Evidemment, le personnel travaillant au sein du laboratoire doit porter des équipements de protection individuelle, tels que des combinaisons intégrales, des gants, des masques respiratoires et des lunettes de protection. Tout cela pour garantir la sécurité et réduire les risques de contamination.

Shelara observe les créatures se répandre sous l’eau avant qu’elles n’en sortent afin de flotter gracieusement autour d’elle et des autres Abyssaux. La lueur douce et colorée qui éclaire les ténèbres de la mine est remarquable. Ces lumières semblent émaner de leurs corps translucides, créant une ambiance apaisante dans ce lieu pourtant si peu accueillant.

- Ce sont des Lumières Abyssales ! Comme dans les anciens contes de Sitlantà ! C’est incroyable d’en voir si loin de chez nous !

Comme le nom l’indique, les Lumières Abyssales sont des créatures habitant les abysses, vivant dans les profondeurs mystérieuses des océans. Leur présence ici, dans cette future mine de Strygium, est un excellent rappel que les mystères des profondeurs sont nombreux et qu’il existe encore beaucoup à découvrir sous la surface de cette planète.

La façon dont elles éclairent l’environnement rappelle les lucioles qui illuminent les nuits des pieds-secs, mais pour les Abyssaux et les Lumières Abyssales, c’est dans un décor sous-marin sombre. C’est un spectacle de toute beauté et de magie de la lumière dans les profondeurs qui illumine les yeux de Shelara et de ses homologues Abyssaux. Évidemment, les mineurs Nains, sont quant à eux, beaucoup moins enthousiastes face à cette découverte.

La navette strygienne, traversant l'atmosphère telle une étoile filante, ne tarda pas à arriver sur les coordonnées indiquées. Cela aurait pu être également un piège, mais dans ce cas, ils s'en seraient sortis. Des vies Innocentes étaient peut-être menacées, il ne fallait donc pas plaisanter et en avoir le cœur net. Ce qu'ils virent alors confirma l'appel de détresse. Survolant le champ de bataille, ils pouvaient observer une horde de kourchires courir à pleine vitesse sur des défenseurs qui tentaient de les repousser avec l'énergie du désespoir.

« En avant, faisons s’abattre la fureur des cieux sur ces créatures Impies. »

Coltis ajusta alors son chapeau et activa son armure, déployant ses prolongements d'ailes et l'infusant de sa Lumière, tandis que les autres membres de l'équipe faisaient de même. Sans plus attendre, le sas de la navette s'ouvrit dans le vide, où ils se jetèrent sans hésiter. Ouvrant les ailes en grand pour amortir et contrôler leur descente, les stryges blancs commencèrent à canarder avec précisions les créatures les plus dangereuses, s'ouvrant par la même une voie sur laquelle atterrir, entre les défenseurs et les kourchires. Une onde de choc lumineuse de l'Objecteur termina de faire place nette, et tous se mirent en position de combat, armes aux claires.

Il restait une dizaine de survivants, mais malheureusement, bien plus gisaient au sol autour d'eux. Un énorme trou sanguinolent se dévoilait au sommet de chaque tête, ne laissant aucun doute quant à leurs bourreaux. C'était une façon horrible de mourir. Ces immondices pouvaient traverser le casque de protection ainsi que le crâne lui-même pour arracher et se nourrir du cerveau de leur victime. Les défenseurs avaient malgré tout réussi à créer un barrage de fortune avec leurs équipements, machines et strygium collecté, construisant un mur de fortune leur servant de refuge et leur permettant de tenir jusqu'à présent, plus ou moins.

« Feu à volonté !! »

Me voilà libre dans un monde que je ne connais pas. Ma légère hésitation à franchir définitivement le pas du laboratoire fut plus difficile à surpasser que je ne le pensais.
Surtout en devant faire profil bas, la Hiérarchie Institue voudra sûrement me remettre le grappin dessus, l'entreprise n'étant pas tout à fait démantelée. Ce laboratoire n'était que le premier d'une longue série de destruction après tout.

Non pour le moment, je devais survivre, me cacher et trouver de quoi subsister en étant discrète. Le strygium semblait être une préoccupation majeure dans le vrai monde. Heureusement, j'avais réussi à en voler un peu en m'enfuyant du labo. J'entrais dans la première boutique que je vis où l'enseigne affichait un minerai luisant comme j'avais dans les mains.

"Combien de crédit pour ces pierres de strygium ?" Demandais-je au culot, déposant trois pierre lisse luisant d'une faible lumière verte sur un comptoir sombre. Un homme un peu rond, au regard perçant, s'empara de l'une des pierres avec attention.

"Elles sont ridiculement petites, je vous en donne cent crédits pour les trois..." Baragouina l'homme en examinant les autres.

J'ignorais la valeur de cette somme, mais cent crédits de plus que rien du tout n'était forcément pas une mauvaise chose. J'acceptais sans négocier, à la surprise de l'acheteur. Il n'en revenait pas d'avoir fait une aussi bonne affaire.

- Satané engin !

Elle jeta sa clé à molette sur la carlingue. Elle rebondit et commença à se diriger vers l’espace. Elle la rattrapa in extremis avec sa queue. Sa haine n’était pas dirigée contre l’outil mais bien le vaisseau qui faisait des caprices. Mais lui aussi avait besoin de soins car c’était le seul moyen de transport et de survie qu’elle avait à sa disposition. Enfermée depuis près de deux heures dans sa combinaison, elle tenta de se calmer en inspirant l’oxygène. Ce ne fut pas une bonne idée : sa visions se troubla quelques instants et elle fut prise d’un vertige. La djöllfuline s’appuya sur son vaisseau, sans céder à la panique. Elle n’avait envie que d’une chose : c’était de fumer un de ses précieux cigares. Ca ne règlerait pas ses problèmes, encore que, elle réfléchissait mieux en se concentrant sur les arômes de la fumée prisonnière de sa bouche. Cela permettait de focaliser son esprit sur une seule chose et parfois, les solutions lui venaient toutes seules grâce à cette méthode.

Sholma tira sur la corde pour se hisser sur la carlingue du vaisseau et ouvrit le petit sas qui se dépressurisa. Elle le referma, attendit que l’air soit enfin respirable pour hotter son casque et entra dans la cabine. Là, elle farfouilla avec impatience dans un de ses sacs pour en sortir une petite boite en bois contenant un cigare à moitié entamé. Elle l’alluma, tira une longue bouffée et souffla de plaisir par ses naseaux. L’une des pattes du « criquet » ne voulait pas se replier. Elle empêchait le vaisseau de se mouvoir et elle ne voulait pas activer les moteurs au risque de l’arracher et de devoir payer les frais de réparation. Miner au pied de l’articulation était impossible, le laser d’extraction ne pouvait pas pivoter de cet angle. De plus, se dégager était une chose, mais faire en sorte que la patte fonctionne à nouveau était sa priorité. L’un des servo-moteurs devait être trop vieux et mal entretenu. Démonter entièrement la patte risquait de prendre beaucoup trop de temps mais elle n’avait pas le choix.

Finalement, les solutions avaient parfois peine à venir, même avec un cigare. Patience. Elle devait se reposer, penser à autre chose et continuer de miner malgré tout. Elle activa le laser d’extraction qu’elle avait programmé au préalable puis se laissa choir dans son fauteuil, cigare à la bouche. Elle entendit les minerais être aspirés, tandis que la raffinerie fonctionnait à plein régime. Ses oreillettes jouèrent l’une des musiques préférées de son groupe favori, les Djöllmachine, juste avant qu’elle s’assoupisse.

Pendant que je m’équipe, je peux voir les salles de confinement spécialisées, des pièces conçues pour manipuler le strygium en toute sécurité. Elles sont dotées de gants isolateurs permettant à mes collègues scientifiques de travailler avec le minerai sans entrer en contact direct avec lui. Très utile lorsque l’on veut étudier des réactions chimiques sans se faire cramer le cuir. Menas m’explique également qu’il existe des mesures d’évacuation d’urgence complexes en cas d’incident ou de fuite. Des alarmes, des sorties de secours sont clairement indiquées avec des plans d'évacuation détaillés affichés au mur. On ne peut pas qu’ils font les choses à moitié concernant la sécurité de l’endroit !

- Je suis impressionnée par les précautions prises ici pour la sécurité de l’équipe scientifique. Je suis impatiente de collaborer avec vous.
- Allons découvrir ce que ces échantillons nous réservent ma chère.