- Capitaine, la flotte est en position. La mine Oméga de Dùralas V est prête à nous recevoir.

- Parfait, James, pose le vaisseau, on débarque. Profitons que cette mine soit abandonnée ou presque et sans protection pour se remplir les poches.

Le vent toxique de Dùralas V soufflait sur la carlingue du bâtiment alors que le vaisseau descendait lentement vers la surface poussiéreuse de la planète. À travers les vitres épaisses de la cabine, la Terreur Écarlate observait les structures vieillissantes de la mine Oméga, leurs silhouettes métalliques rongées par des années d’exploitation et d'exposition à l'atmosphère toxique. Avant de sortir, la créature nocturne enfila une combinaison qui lui permettrait de survivre dans l’environnement hostile de la zone, sans oublier d’enfiler par-dessus son manteau écarlate, sa signature.

Lorsque le vaisseau se posa avec un léger choc, la rampe descendit et l'équipage d’Isobel débarqua. Une vingtaine d'hommes lourdement équipés, tous vêtus de combinaisons hermétiques similaires à la sienne, les visières de leurs casques reflétant l’éclat pâle du soleil filtré par l’atmosphère toxique. La capitaine ne craignait aucunement les mineurs de la zone, mais elle restait tout de même prudente. La planète, inhospitalière et déserte de vie animale, offrait un paysage désertique parsemé de formations minérales étranges et de quelques végétaux mutants adaptés à ce milieu hostile.

La mine Oméga n'était pas totalement abandonnée. Quelques vieux extracteurs de minerai tournaient encore, crachant des bruits métalliques dans l’air pollué. À leur surprise, des ouvriers étaient encore à l'œuvre, usant de leurs machines pour extraire les derniers fragments de strygium, ce métal rare et prisé pour sa solidité. Que pouvaient-ils bien faire dans le coin ?

- Capitaine, il y a des mineurs en bas. Je croyais que l’endroit était déserté.

- Je n’étais pas sûr s’il y avait encore des gens par ici ou pas, mais peu importe. Ils ne poseront pas de problèmes. Avançons, et prenez ce qu’on est venus chercher.

L’équipage s’avança vers l’entrée principale de la mine, s’engouffrant pour certains dans les tunnels, alors que d’autres ramassaient les quelques caisses déjà fermées, mais rapidement, l’un des mineurs les aperçut. Un homme aux traits marqués par les années passées dans cette atmosphère corrosive, avec une combinaison usée, s’approcha prudemment. Ses yeux, visibles à travers la visière, étaient méfiants.

- Hé, qu’est-ce que vous faites ici ? Cette mine est encore sous exploitation. Vous n’avez rien à y faire ! lança-t-il, sa voix résonnant dans le silence sinistre du paysage.

La pirate de l’espace s'arrêta, un sourire mauvais sur les lèvres. Elle jeta un coup d'œil à ses hommes, puis reporta son attention sur le mineur. C’était à prévoir que l’un d’eux tenterait de les arrêter, mais, bien sûr, elle avait prévu le coup. Quelques-uns de ses hommes dégainèrent leur arme en direction de celui qui avait pris la parole, près à défendre leur cheffe.

- On est ici pour récupérer ce qu'il reste de strygium. Je te conseille de ne pas t’interposer, ou ça va barder, le vieux.

Sa voix était froide, autoritaire. Les mineurs, quelques autres hommes approchant désormais derrière le premier, échangèrent des regards nerveux. Ils n’étaient pas armés pour faire face à des pirates lourdement équipés, mais ils semblaient déterminés à défendre leur gagne-pain.

- Écoutez, on sait que la mine est presque à sec, mais c’est tout ce qu’il nous reste. Si vous prenez ce qu’on est en train d’extraire, c’est fini pour nous, insista le mineur, la voix tremblante mais ferme.

James fit un pas en avant, son arme bien visible à son côté.

- Capitaine, ces types ne valent pas la peine. Ils vont se barrer dès qu’on commencera à extraire le minerai. Laissez-les creuser un peu plus longtemps, ils sont déjà sur les nerfs.

La Terreur Écarlate observa un instant les mineurs, jaugeant leur état et le peu de résistance qu'ils pourraient offrir. Elle savait que le strygium était rare ici, mais la dame n’avait aucune pitié à offrir. Mais James avait également raison. Ces ouvriers savaient où creuser, ou du moins pouvaient trouver les filons plus aisément. Et si cela leur permettait de repartir plus vite ? La vampire dégaina son sabre laser à son tour, allumant la lame et la posant presque sur la gorge du vieillard, suffisamment proche pour lui faire comprendre le sérieux de la situation.

- Écoutez bien. Vous avez deux options : soit vous dégagez maintenant, soit vous continuez à creuser pour nous.

Un silence lourd tomba sur le groupe. Les mineurs se regardèrent, visiblement tiraillés entre la peur et l’instinct de survie. L’un des ouvriers, plus jeune, fit un pas en avant, visiblement en colère.

- Vous croyez que vous pouvez débarquer et nous forcer à travailler pour vous ? C’est notre mine !

D’un geste rapide, James pointa son arme sur le jeune homme.

- Un seul mot de plus, et c’est toi qui finiras sous les gravats. Capitaine, on les force à dégager ?

La Terreur Écarlate toisa les mineurs, l’air amusé par la scène.

- Non, je crois bien qu’ils ont compris le message. Continuez l’extraction. S’ils nous attaquent, on riposte. Et ce sera notre règle habituelle : pas de quartier, pas de prisonnier.

L’atmosphère déjà tendue devint encore plus oppressante. Les mineurs retournèrent malgré eux au boulot, sous le regard avide de l’équipage.