Comme on pouvait s'y attendre, ce tournoi temporaire a fait venir des personnages de divers horizons. Après tout, puisque Stellaraë est le centre des voies commerciales principales, pour une large majorité d'entre eux, c'est plus aisé d'accéder au cœur de la capitale plutôt que de monter jusqu'à l'antique cité des nains des Baldors, hormis pour ces derniers, inexorablement. De même pour les géants et les peuplades des montagnes de l'est. D'un autre côté, les tribus du désert peuvent profiter de ces joutes, ce qui n'est pas plus mal pour rassembler la population.
Le nombre de participants est plus élevé que certains pronostics, en dépit d'un temps d'inscription relativement court. Néanmoins, ceci reste une quantité largement suffisante pour un événement ni trop court ni trop long ; dans les deux cas, le public en aurait été frustré et nul doute que les commerçants, bien que ravis d'un tel essor touristique, auraient eu du mal à écouler leurs stocks dans un cas ou à se ravitailler dans l'autre. Cette occasion reste tout à fait parfaite pour demander quelques pièces supplémentaires pour un godet de Stellaroïse. Bien entendu, quel tavernier n'aurait pas sauté sur une telle poule aux œufs de Dhaure d'or ? Il ne serait pas étonnant que l'association de la Stellaroïse se soit réunie plusieurs fois pour décider d'un prix fixe à appliquer partout autour des aménagements temporaires.
Certains tentent de se remplir les bourses avec quelques paris illicites, mais gare à eux s'ils se font prendre par la Garde qui n'aura aucun scrupule à démanteler les micro-réseaux qui se reformeront dans la foulée, voire aux yeux et à la barbe du gardien de l'ordre pour attiser l'arrogance de ces félons. Au moins, une certaine personne aura la chance d'arrondir un peu ses fins de semaine, même si certains ne refuseraient pas à jouer une poignée de piécettes. Tant qu'ils misent sur le Capitaine Nuussian ou sur le Gardien-en-Chef Deraborne, on peut dire que c'est une bonne cause. Non, en fait, ce serait un crime que leur mise ne soient pas sur eux deux !
Les combats ne se font pas attendre, malgré une très courte intervention de Sa Majesté Brendan III pour annoncer le début du tournoi, accompagné par sa magnifique et ravissante fille, la princesse royale Evanlyn. Cette présence royale au complet est un message fort vis-à-vis du festival de la Perle qui s'était tenu il y a plusieurs mois déjà et qui avait semblé s'être orchestré pour faire préjudice à la royauté humaine. Les détracteurs devront se trouver un autre sujet de discussion pour jouer les "combattants de la justice sociale", cette bande de crétins arriérés...
Les jeux s'ouvrent donc sur une poignée de combats en simultané, provoquant alors quelques déplacements de foules pour ceux souhaitant apercevoir leur·s favori·s de plus près, mais sans pour autant être entièrement synchronisés : dès qu'un combat se termine, il s'enchaîne avec le suivant, à moins que les principaux intéressés ne soient déjà occupés.
Dans le cas où une attente serait inévitable, quelques interludes ont été prévus, mais il ne semble pas que le Cirque de l'Éclipse soit à l'honneur, pour une fois, à moins qu'une surprise ne se prépare ? Les Gardiens devraient alors garder les yeux bien ouverts sur ce qui se passe autour d'eux...
Et pas ce qui se trame dans les mains de ton voisin, Padain ! Tes gains viendront intégralement remplir le coffre de la Tour, n'est-ce pas ?
C'est ça... Prends donc la poudre d'escampette, tu es maintenant dans mon collimateur et tu peux être sûr que notre cher intendant en entendra parler au plus vite. Quelques expiations dans les latrines te remettront les idées en place à gratter ce que tes estimés collègues laissent derrière eux.
L'un des combats qui m'intéresse commence dès à présent. Il n'est pas tombé sur un adversaire facile, mais ça lui fera les pieds de se mettre en situation extrême. Oh, je ne pense pas que la victoire lui soit attribuée, mais la joute promet peut-être des passages intéressants. Au moins, son comportement ne ternira ni son blason, ni son rang, ni son titre, bien que certains nobles ne sont certainement pas de cet avis. Ils ne valent pas mieux qui la foutue brigade sociale. Après tout, certains de ses membres siègent confortablement dans les grands manoirs du quartier nord.
Je ne devrais plus penser à ces fâcheux sujets, je vais me gâcher le combat pour des broutilles. C'est, de toute manière, ce qu'ils attendent de nous en se positionnant pour ces groupuscules de décérébrés. Je pense que je préférai l'époque des empoisonnements à tout va...
Ravi de faire votre connaissance, je suis Lord Harvey Rooster, valet de Sa Majesté.
À première vue, il pourrait en faire trop en se présentant ainsi. J'admets que ce cher Lord Rooster n'utilise des formes trop... "tape-à-l'œil", mais il en va de sa personnalité un peu loufoque.
Une lente et ample révérence, en avançant sa jambe droite et croisant les jambes puis en les fléchissant avec la courbette, un signe qu'il se met à disposition de son adversaire pour lui offrir un combat dans les règles de l'art.
En même temps, il tient sa cape avec sa main gauche pour la tendre derrière lui. C'est un mouvement typique des jeunes coqs de la Noblesse ou des trouvères et connaissant le personnage ce n'est pas rien de le dire. Non seulement il montre qu'il sera entièrement dévoué à cet affrontement, mais surtout il affiche son statut noble et attire les regards du public à lui. C'est son choix et ce n'est pas pour rien que l'intérieur de sa cape est d'un bleu naphte, presque canard aux motifs de losange et l'extérieur irisé d'un orange carotte grâce à une multitude de fils de soie alignés dans le sens de la hauteur.
Normalement, il aurait dû de sa main droite ôter son couvre-chef et se présenter tête nue en signe d'une vertu honnête et morale, mais sa coiffe à l'effigie de la tête d'un coq a forgé ce personnage. Il ne peut s'en débarrasser, même dans la défaite, à moins qu'on ne lui arrache ses plumes.
Lord Harvey Rooster est le sens le plus propre de la dénomination "coq de la Noblesse". C'est ce qui fait le charme de sa maison.
Je vois que vous avez un merveilleux compagnon, un peu comme mon cher Bantam, mais il n'est pas aussi preux chevalier que votre ami Mouss'Queterre.
Oui, parce que Lord Rooster est toujours accompagné de son coq nain qu'il a appelé "Bantam". Même s'il ne prend pas part aux combats, je crois avoir déjà entendu qu'il avait quelques rares exploits à son plumage, notamment en émettant un cri strident au bon moment pour déstabiliser l'adversaire.
Bantam n'est pour ce tournoi qu'une mascotte servant à attirer les regards sur l'un des valets du Roi, un des rares qui se soit montré en public d'ailleurs.
Remarquez, j'ai toujours voulu croiser le fer avec ces incroyables personnages, combattants justes et fidèles à ce que j'ai lu.
Je me reconnais un peu là, dès que le début du combat est annoncé il s'élance telle une furie sur son adversaire pour tenter de le prendre de court. Face à ce féroce zéphyrien, c'est une décision sage. Mais attention à ne pas vous faire tirer les plumes, Lord Rooster. Au moins elles ne brûleront pas comme elles auraient pu l'être face aux deux célèbres combattants gardiens qui prennent part aux festivités.
La rapière étincelante de Lord Rooster s'abat avec fracas sur l'ami d'Urua dont les réflexes sont d'une qualité peu commune. J'avais entendu certaines histoires sur les Mouss'Queterre et je suis persuadé que celui-ci ne donne que plus de grain à moudre. En un sens, ceci fera plaisir au duo de gallinacés que j'ai sous les yeux, même si Lord Rooster a quelques fois tendance à s'exaspérer sur le fait qu'il « [...] mange pas que des graines ! ».
Leurs échanges sont un plaisir à regarder et j'aime particulièrement le fait que Lord Rooster sautille en rond pour garder Urua à distance. Il veut d'abord s'occuper du rongeur avant d'attaquer le félin. J'aurais peut-être fait de même, mais encore faudrait-il qu'il touche. Ses talents d'escrimeur ne sont pas mauvais, mais seront-ils suffisants face à ces féroces adversaires ?
Oh ! Il y a une brèche là et Lord Rooster l'a peut-être vue. Il pare, feinte et...
...frappe !
Touché ?