Ce n’était pas un homme, c’était une bête. Il avait perdu toute l’humanité qu’il aurait pu lui rester. Contrôlé par Le Veilleur, il brisa ses chaînes et bondit dans l’arène de la Place de la Guillotine. Grondant, grognant, il ne perdit pas une seconde avant de me sauter dessus, tous crocs dehors.

Mon précédent combat ne m’avait pas laissé en très bonne forme, mais j’avais eu largement le temps de récupérer avant ce nouvel affrontement. Un simple bâton de combat me parut être une arme bien dérisoire face à ce loup-garou en furie.

La vie que je menais autrefois à la ferme m’avait appris à me méfier des loups. Ils n’aimaient pas beaucoup les chiens en général et ils avaient tendance à attaquer les moutons au début de l’hiver. Celui-là confirmait en tous points mes craintes. Je compris toutefois qu’il n’était pas maître de lui-même. Abatant le bâton sur sa tête, je me préparais déjà à devoir changer de stratégie.

Esquiver le loup-garou s’avérait être plus compliqué que prévu dans ce petit espace. Je sentais le bout de mes doigts fourmiller et mes crocs me démanger au fur et à mesure que la menace pesait sur moi. Pis encore lorsque mon bâton se brisa sur la tête de la bête. Alors je n’eus plus vraiment le choix. Mon corps se modifia sous les yeux ébahis de la foule. En quelques secondes seulement une fourrure épaisse avait poussé sur tout mon corps, mon squelette avait changé pour ne faire plus qu’un avec mon côté animal.

Je grogne, menaçante, les babines retroussées laissant voir des crocs étincelants. Le poil hérissé et la fourrure gonflée pour paraître encore plus imposante. Debout, je dois probablement faire la taille de la bête bipède. Je bondis sur elle, tentant d’attraper son cou mais n’attrape que son bras aux pattes griffues. J’ai le temps d’atteindre la chair avant qu’il ne me projette sur la rambarde de la petite arène. La terre se confond avec le sol alors que j’atterris dans un couinement, mes poumons expulses violemment l’air qu’ils ont stocké. Je me relève, me campant sur mes quatre pattes en reprenant mon souffle.