Égide. La guilde dont Grabuge rêvait avait finalement réussi à renaître de ses cendres au sein de Fort-Justice. En tant qu'ami, partenaire Dragonnier et Greil l'espérait, futur allié, notre maître d'armes s'était empressé de venir se faire recruter par l'ami Gobelin. Fort-Justice était encore en reconstruction, mais les recrues d'Égide avaient tout de même droit à leurs quartiers et Greil et Elincia n'y faisaient pas exception.

Ce fut donc une chambre avec une salle principale lumineuse, mais de nombreuses alcôves à l'abri du soleil qui leur fut attribuée. Un planché en bois usé était masqué par divers tapis et plusieurs meubles de vieux bois meublaient la pièce. La pièce était meublée intelligemment même si les meubles n'étaient pas de première jeunesse. Outre les nécessités indispensables au sommeil comme à l'hygiène, la chambre disposait de râteliers d'armes assez grand pour accueillir le barda d'un maître d'arme, mais aussi d'un bureau avec le matériel nécessaire pour toutes paperasseries malheureusement inévitables.

Dans un coin se trouvait une sortie vers un balcon, indiquant la hauteur de la chambre et permettant de souffler et de profiter du silence et de la beauté calme de la nuit. Il ne s'agit donc pas d'une chambre de garde du rez-de-chaussée, mais bien une chambre en hauteur, isolée sans doute pour éviter que la nature de la vampire n'effraie le petit personnel. Cependant, celle-ci et son compagnon humain seraient accueillants et répondront toujours amicalement si quelqu'un venait à leur rendre visite. De même, le bureau ne laisserait pas une lettre y étant déposée sans réponse.

Greil était tranquillement installé dans l'un des deux fauteuils acquis récemment et positionnés prêt de l'âtre de la pièce. Oh, ils n'étaient pas de prime jeunesse non plus et leur revêtement en tissu était désormais d'une couleur rouge quelque peu rongée et ternie par les années, mais ceci ne rendait pas les deux éléments de mobilier moins confortables pour autant. En tout cas, le général du Stolenmark semblait apprécier leur confort tandis qu'il savourait un verre de son précieux rhum et lisait une lettre leur étant adresser à la faveur de la lumière des flammes dansantes de l'âtre. Oh rien de bien extravagant dans ce que la lettre contient. Il ne s'agit là que d'un rapport d'activité des environs de Weissaupt. La faune locale et les diverses tribus semblent se tenir à carreau et ne témoignent aucun intérêt pour le fort gelé du nord. Une bonne nouvelle en soit.

Tandis que la concentration du général allait doucement de la lettre désormais lut au spectacle dansant des flammes de son âtre de pierre, notre ancien général se renforçait dans son fauteuil, appréciant la douce chaleur émise par les vieilles pierres nourries de quelques bûches séchées et près à être calcinées pour libérer leur pouvoir calorifère. Celui-ci n'était curieusement pas posé au centre de la pièce, mais dans un coin de mur, laissant ainsi le Général y déposer ses deux fauteuils contre chacun des murs faisant l'angle. L'un, celui du général, était posé contre le mur de gauche ou était fixé son râtelier d'armes. Un maître d'arme digne de ce nom ne s'éloigne jamais de son matériel après tout. Le second, celui de droite était à portée de main du bureau et de tous les documents que celui-ci devait soutenir. Une sieste serait de mise dans cet environnement calme, inéclairé à l'exception de quelques bougies tamisées et de son âtre brûlant. Les lieux étaient silencieux si l'on omettait le crépitement du bois se consumant en cette belle fin de journée.

Elincia, pendant ce temps, se tenait dans les coursives de la chambre allouée au général. À côté de la sortie donnant sur le balcon, la maîtresse des corbeaux se tenait dans l'ombre de la pièce, ravissant ses yeux du spectacle des paysages autour de Fort-Justice lors de ce crépuscule naissant. La Nyctalopie de la reine des ombres lui permettait de voir dans la nuit un spectacle unique et pour le moins mélancoliquement magnifique. Observant par la fenêtre et au-delà du balcon, Elincia regardait la nature autour du fort. Un cerf qui cour se mettre à l'abri avant l'arrivée de la nuit et les animaux nocturnes des forêts sortant enfin de leurs tanières pour trouver de quoi subtenter.

La soirée était calme et reposante, la nuit s'annonçait magnifique et silencieuse. Ce fut cependant un imprévu au pas de leur porte qui vint troubler la quiétude des lieux et l'endormissement lent du général au coin du feu. Quelqu'un frappait à la porte en bois des appartements de Greil et Elincia, visiblement désireux de s'entretenir avec eux. Ce fut après quelques coups sur la lourde porte de bois que l'identité de l'invité imprévu fut révélé. Visiblement, il s'agissait de Cylicia et celle-ci avait quelques besoins de s'entretenir avec le Général du Stolenmark.

Elincia n'avait pas quitté son lieu surélevé ni l'ombre de la pièce, mais la seconde du général ne regardait plus la nuit en dehors de Fort-Justice. Les yeux rouges de la reine des ombres étaient braqués sur la porte, lui assurant un point d'observation parfait de la scène à venir, et cela, sans être vue. Greil, de son coté, se contenta de s'étirer pour se réveiller avant de répondre amicalement à la requête de la Stryge.

Greil : C'est ouvert. Entre Cylicia.

Laissant la Stryge ouvrir la porte et pénétrer dans la pièce, Greil lui désigna le second fauteuil devant l'âtre. Fauteuil habituellement occupé par Elincia, certes, mais qui allait servir à la Stryge à s'installer afin de pouvoir révéler à Greil ce qui semblait la préoccuper.

Greil : Donc, tu voulais me parler ?

Le Général regardait calmement la Purificatrice prendre place sur le fauteuil désigné. Toujours debout et invisible, dissimulée dans l'ombre des coursives, la Main Gauche regardait la scène avec attention, se demandant ce que la Stryge Blanche pouvait bien vouloir à une heure aussi avancée de la journée. Pas spécialement en bon terme avec Greil et en mauvais terme avec Elincia, il fallait que la raison de la venue de Cylicia soit importante. Du moins, il fallait que celle-ci le soit suffisamment pour que Cylicia vienne leur parler. Peut-être, est-ce au sujet de leur dernier duel en arène, duel dont Greil porte encore quelques vestiges de sa blessure à la main. Vestige de blessure quasiment effacé grâce à l'Eau de Jouvence, un objet qui aurait été pour le moins salvateur lors de l'assaut du Stolenmark par la Congrégation de l'ombre, il y a quelques années. Notre homme aurait peut-être pu conserver sa mémoire grâce à cet objet.

Il semblerait que la Purificatrice ait conscience de cet état de fait et cela transpirait dans son discours, dès ses premiers mots. Cependant l'air inquiet de la Stryge ne semblait pas uniquement lié à la tension qui régnait dans la pièce, mais également par la nature de la requête qu'elle avait a apporter. Se saisissant du dossier de plusieurs feuilles que la Purificatrice lui tendit après un instant d'hésitation, Greil commença a feuilleter rapidement celui-ci. Il s'agissait d'une liste de noms et d'une carte des Baldors indiquant ou se trouvaient chacun des noms sur cette liste. Ceci aurait pu être une liste de personne à assassiner ou à sauver, une liste de personne à espionner ou à protéger. Ceci aurait pu être mille et une chose, mais la première chose que notre homme regarda fut de voir si Weissaupt y était indiqué ou représenté d'une quelconque manière. Par chance, ce ne fut pas le cas et Greil pouvait avoir l'explication de ce qu'il regardait par la Stryge.

Cylicia : Ceci, Greil, est une liste de noms, ainsi qu'une carte des Baldors indiquant grossièrement la position de chacune de ces personnes. Celles-ci souffrent toutes d'un mal incurable aux yeux des guérisseurs, il y ait cependant certaines observations qui ont put être fait sur la capacité de l'Eau de Jouvence d'avoir des effets inattendus sur la santé de certains de ses consommateurs. Soeur Phoenicia, une amie guérisseuse de mon Ordre Religieux, m'a fait part de ces observations regroupant les cas effectifs de guérison ainsi que les échecs. Ainsi, toutes les personnes que j'ai mentionnées sur cette carte sont de potentiels malades en voie de guérison selon votre bon vouloir... Rien n'est cependant certain et il s'agit là d'une expédition plutôt longue, mais, moi qui aie vue de mes yeux leur souffrance, je puis vous assurez que le jeu en vaut la chandelle.

Ainsi, il s'agissait d'une série de personne à soigner avec l'Eau de Jouvence. Une série de noms qui sera rallongée de quelques noms par Greil lui-même, ainsi qu'Elincia et sans doute doublée le jour ou Astriel rejoindrait de nouveau leur rang. Silencieux et finissant son verre, le Général continuait de liste la liste et localiser les victimes dans les Baldors sans regarder Cylicia jusqu'à ce qu'elle ne lance la phrase de trop. Visiblement, du point de vue du général, la stryge n'avait toujours pas digéré sa défaite et pensait toujours qu'une force supérieure pouvait lui permettre d'agir comme bon lui semble, même si ces actions sont beaucoup trop extrêmes. Finissant son verre, Greil lui répondit, un ton d'énervement dans la voix et les yeux remontant de la liste de noms aux yeux de Cylicia.

Greil : Vous êtes beaucoup trop extrémiste dans votre comportement et vos actions pour toutes les qualifier de Bien, Purificatrice. Si votre but était d'utiliser cet Artefact pour aider les plus démunis, il aurait fallu m'en parler avant de parler de mort en pleine arène. Ainsi, peu importe le gagnant, ils auraient été soignés de toute façon. Vous connaissez les convictions du Stolenmark et celles-cis inclues de sauver et protéger les plus faibles. Ce que vous me demander de faire est litteralement mon travail habituel. Cette rixe exagérée au cœur de Baldorheim, et celle au campement des Dragonniers me font fortement penser qu'il s'agit d'abord de Vous puis des plus faibles.

Pas de tutoiement, pas de "Cylicia", un vouvoiement froid et un appel de la stryge blanche par son titre seulement. Greil n'était pas en désaccord avec Cylicia sur la nécessitée de porter secours aux plus faibles et encore moins d'utiliser l'Eau de Jouvence pour cet objectif. Non, le Général affichait clairement être en désaccord avec Cylicia sur ce qu'elle definissait comme bien et mal et sur son comportement extreme et les "sacrifices" qu'elle était prête à faire pour arriver à ses fins. Pendant ce petit intermède, la vampire était silencieusement descendue de son perchoir de ténèbres et avait doucement approcher le groupe, restant furtive envers la Stryge jusqu'à la dernière seconde. Cependant, soigner des maladies incurables avec l'Eau de Jouvence serait une bonne chose pour le bien commun et Greil comme Elincia étaient en accord avec ce point, aussi l'ancien général tandis la liste de noms et la carte des Baldors à la vampire, située derrière la Stryge.

Lorsqu'Elincia prit celle-ci et commença à parcourir des yeux le contenu et la localisation des noms, Greil reprit la parole envers Cylicia. Le Général allait accepter la requête de soigner ces pauvres gens. Ceci est, après tout, le rôle du Stolenmark.

Greil : Bien sûr que nous irons soigner ces pauvres gens. C'est notre travail. Nous avons déjà soigné les peuples des marais Hukutav d'une peste, il y a de ça des années. Ce n'est pas pour laisser mourir ceux des Baldors.

Elincia : Avant de soigner qui que ce soit, on va quand même vérifier les noms de la liste, histoire d'enlever certains doublons. Nous vivons dans les Baldors et avons déjà commencé à soigner les peuples s'y trouvant. Je ne vais pas organiser un voyage pour soigner quelqu'un de déjà guérit comme c'est le cas de celui-ci.

La vampire avait apposé son doigt sur un nom, le douzième de la liste, et le montrait à Cylicia. Ce nom était connu d'Elincia pour une raison simple, il avait déjà formulé son besoin de soin auprès du Stolenmark et la vampire avait déjà visiter sa Cahute, Eau de Jouvence en main. Ainsi, la vampire reprit son laïus envers la stryge blanche.

Elincia : Un vieil homme vivant à l'extrême nord des Baldors. Un vieux père, et même grand-père de famille. Il est soigné et en bonne santé depuis un petit moment.

Si Cylicia connaissait les noms sur la liste, alors la Stryge savait que la description du vieil homme délivré par la vampire était exacte. Une autre raison pour laquelle Elincia allait vérifier les noms était pour éviter de soigner certains individus, comme les assassins ou meurtriers en série qui exécutent femmes et enfants innocents, et cela, sans discernement, juste parce qu'ils ne sont pas nés de la bonne espèce. Mais cela, Elincia ne le dira pas à Cylicia. Cela pourrait inclure certains stryges blancs spécialisés dans le massacre sans discernement d'innocents stryges noirs, ou de certains vampires et la Main Gauche doute fortement que la Stryge considère leurs actions comme des méfaits.