Ce fut donc un trio plutôt connu qui entrait dans une petite maisonnée dans un état pas spécialement bon, mais qui annonçait de futurs travaux pour en faire ce qui sera sans doute un bureau de recrutement. Une petite maisonnée donc, quelque peu poussiéreuse et ou un bureau se tenait fièrement. Seulement légèrement chargés de paperasses administratives, chose étonnante pour un bureau, le trio pouvait y voir l'être assis derrière celui-ci. Tassant sa pipe avant de les inviter à s'asseoir sur les trois chaises prévues à cet effet, le petit être à la peau verte n'était autre que Grabuge, le chef même d'Egide. Ce fut donc après avoir saluer le petit groupe en leur serrant la main et après avoir allumé et tirer sur sa pipe, dont l'odeur n'était toujours pas familière à Arthur, que le vieux Gobelin s'adressa au groupe puis plus précisément au vieil humain.

Grabuge : Je n'avais pas encore eu pleinement le loisir de vous souhaiter la bienvenue, avec tous ses serrages de main, alors je le fais maintenant : bienvenue à Fort-Justice, camarades. J'espère que vous trouverez votre place au sein de cette compagnie naissante, et ne doute pas que vous ferez vos preuves dans nos rangs. Alors, Greil, vous vouliez me voir ?

Greil : Oui, à n'en point douter. J'avoue que la lettre que nous avons reçue était une belle surprise et je voulais voir ce que la cérémonie indiquant la renaissance d'Égide allait montrer. C'est vraiment prometteur même si le plus dur reste à venir. Aussi, je voulais vous proposer de vous aider en vous laissant accéder aux ressources matérielles et militaires de Weissaupt, en attendant que je puisse de nouveau relancer le Stolenmark. Nous pouvons également nous mettre à ton service en tant que soldats d'Égide.

Il est vrai que, sans Achroma ou un remplaçant pour son rôle, Greil ne peut pas réellement dire qu'un Triumvirat est à la tête de son groupe. Les ressources de Weissaupt sont assez limitées maintenant que le Fort est reconstruit, à une exception prêt. C'est essentiellement des ressources commerciales et tout ce qui peut sortir d'un atelier de sculpture et de travail du bois, bateau inclut. Les forges, elles, sont désespérément closes sans Oghren à leur tête. Il y a bien quelques hommes servant au fonctionnement du fort, mais ce n'est pas réellement ce qu'on pourrait appeler une grande puissance militaire actuellement. Tout ceci devrait s'améliorer avec le retour d'Achroma qui n'a pas son pareil pour la politique et le commerce. La présence de Venta et d'Earwen risque de fortement aider à trouver des renseignements et une fois ces deux la mit en place et Oghren de retour, Greil pourra développer sa puissance militaire brute.

Ceci était donc une promesse que peu avantageuse pour Egide, actuellement, mais elle deviendra hautement qualitative dans le futur, au fur et à mesure que les choses avanceront de leur coté également.

La réponse du gobelin à l'ancien général fut, comme l'ancien général s'en doutait, entamée par des remerciements. Greil ne doutait pas une seconde de la sincérité de ceux-ci, mais le maître d'arme ne put s'empêcher de noter les quelques secondes d'absences du chef d'Égide lorsqu'il en fut rendu à s'adresser directement à Arthur. Elincia et Greil avaient hoché du couvre-chef en signe de remerciements partagé envers le vieux gobelin et l'ancien général allait presque glisser le nom de son protégé quand Grabuge vint à lui parler, mais le Gobelin avait retrouvé la mémoire juste avant que Greil ne parle. Ainsi, le vieux gobelin ne se cache pas de son âge et accepte volontiers une certaine mutualisation des ressources du Stolenmark. Cependant, Grabuge marque un point sur la nécessité de rester discret, chose à laquelle Greil approuvait, mais aussi chose sur laquelle Elincia n'hésita pas à partager ses dernières découvertes, inquiète et quelque peu surprise. De plus, le gobelin rappelait volontiers que la recherche de Venta pouvait débuter quand ils le souhaitaient.

Elincia : Justement, il se passe des choses étranges. Il semblerait que la Congrégation de l'Ombre soit pour le moins occupé à se faire la guerre avec les Pirates, actuellement. Il semblerait qu'ils en soient affaiblis. De plus, le commanditaire des actes immondes contre nous ne fait plus parler de lui. Soit il se prépare pour mieux frapper, soit il a disparu en nous pensant mort. Dans tous les cas, je vous rejoins là-dessus. Nous devons être discrets et continuer d'espionner les actes de la Congrégation, de notre côté. Mais des convois anonymes prenant des routes indirectes pourraient tout à fait vous ravitailler.

La question pour aller suivre les pistes évoquées lors de leurs échanges épistolaires codés sera évoquée sans doute plus tard, car pour le moment, il était surtout question de recrutement et de paperasses administratives. Cependant, ce fut lorsque Grabuge posa son œil unique et perçant dans les yeux d'Arthur qu'on put voir le jeune garçon pâlir un peu, intimidé par le vétéran Gobelin. Il semblerait que Grabuge veuille en savoir un peu plus sur Arthur et le jeune homme répondit à ses questions, tout doucement en premier lieu, avant de forcer nettement plus sur sa voix. Il fallait que le jeune homme se détende, il ne risque rien et est entouré de personnes de confiance.

Arthur : ... Ma sœur... Reprenant sa consistance, Arthur reprit un peu plus fort. Si je devais ne choisir qu'un but comme But Absolu, alors ce serait ma petite sœur, Aleynia. Je me dois de veiller à ce qu'elle ne manque de rien, mais aussi de la protéger. Il faut également que je trouve un remède à son mal, mais sans Achroma et Astriel, je n'ai aucun espoir. Après, j'ai reçu l'éducation d'un futur Gardien, feu mon père étant un Gardien protégeant la haute noblesse, il m'a également appris les valeurs que doivent défendre les Gardiens.

Ainsi, le jeune homme avait indiqué ses valeurs et la raison pour laquelle il prenait les armes, mais Greil craignait que le sujet de la maladie d'Aleynia n'attise la curiosité de Grabuge plus qu'elle ne le devrait. Ne sachant pas lui-même de quoi il en retourne, le général du Stolenmark préférait changer de sujet et parler de leurs échanges épistolaires tandis que Grabuge écrivait son compte-rendu.

Greil : D'ailleurs, tu nous disais avoir une piste pour Ghorloz ? Il n'était pas à l'arène de Baldorheim en tout cas. De notre côté, nous nous organisons pour suivre la piste de Venta et Earwën. Cette expédition devrait avoir lieu bientôt.

Le trio, entassé dans le petit bureau de fortune où se trouve Grabuge, regardait le chef d'Egide écrire des informations sur son compte-rendu tandis qu'il apportait ses réponses. En premier lieu, la réponse fut apportée sur la question de Greil et la remarque d'Elincia. Il s'agissait de Ghorloz après tout, leur chef d'escouade et sans doute un de leurs meilleurs instructeurs pour les recrues. Celui-ci aurait été vu du côté de Spelunca, dans le dédale de cavernes, avec ses deux jeunes filles, guère plus vieilles qu'Aleynia d'ailleurs. Ce fut d'ailleurs ce sujet qui fut ensuite abordé par le Gobelin. Appuyant sur le fait que ce sujet et la vocation d'Arthur étaient personnels mais juste malgré un certain manque d'Altruisme. Oh ! le jeune homme n'était pas en manque d'Altruisme mais s'il doit choisir entre sa soeur et une bande d'inconnus, la bande d'inconnus est déjà morte.

Quoi qu'il en soit, Grabuge portait à Arthur quelques mots rassurants. Le vieux Gobelin semblait comprendre et même approuver la dévotion d'Arthur pour celle qui partage son sang et ceci arracha un sourire au jeune homme. Le jeune paladin s'en retrouvait même flatté, apprenant que le vieux gobelin avait foi en lui. Cependant la dernière phrase, accompagnée du sourire de la peau-verte fit tomber le sourire d'Arthur qui affichait ainsi une mine nettement plus sombre. Grabuge venait de prétendre être sûr qu'Aleynia guérirait un jour, or Arthur savait, plus ou moins quel mal la rongeait et le jeune Paladin savait qu'on n'en guérissait pas, du moins pas vraiment. Ce fut donc avec cette mine sombre et dépitée que le jeune soldat répondit, malgré tous, quelques mots encourageant au Gobelin.

Arthur : Merci de votre confiance Sir Grabuge, je tacherais de ne pas la décevoir. Et merci de vous inquiéter pour Aleynia, j'espère aussi qu'on trouvera un remède pour... Ce qu'elle a.

Une autre personne dans la pièce savait que qu'Aleynia avait. Et par savoir, il s'agit là de savoir à la perfection, dans les moindres détails et les moindres virgules de toutes les conséquences et raisons liées à l'état actuel de la jeune fille. Cette personne n'était, bien sûr, personne d'autre que la Maitresse des Corbeaux, Elincia et la réaction de la vampire en direction du gobelin avait été pour le moins éloquente. Sans qu'un mot soit dit, le regard de la vampire avait été paniqué. Les bras, mis en évidence en forme de croix devant le torse de la vampire pendant que celle-ci faisait non de la tête d'un mouvement pour le moins ferme, indiquaient clairement que le sujet de la maladie et de la guérison de la jeune fille est clairement à éviter. Posée derrière Arthur, il était évident que la réaction d'Elincia était là pour épargner le jeune homme, mais le fait qu'elle ait reculé suffisamment pour ne pas être vue de Greil lorsqu'elle fit ses gestes au gobelin indiquait que le Général du Stolenmark n'était pas au courant des tenants et aboutissant de ce petit secret non plus, et qu'il valait mieux éviter que Greil ne soit au courant, du moins dans l'immédiat. La piste de la pseudo-maladie incurable est la meilleure option pour éviter une solution catastrophique pour ce petit groupe mais sans doute meilleure pour "le bien commun".

Quand Elincia aura une occasion d'être seule avec Grabuge, elle lui fera un petit résumé du mal qu'Aleynia doit endurer en elle.