Voilà maintenant plusieurs jours qu'Araëllyn avait fuit le château pour suivre son propre destin. Elle se demandait si son père allait prendre cet affront au sérieux cette fois et allait envoyer des hommes pour la ramener à Maenor. Il est possible que dans l'immédiat, il pense qu'elle se soit réfugié quelque part dans la cité elfe, alors qu'en fait elle a bel et bien en passe de quitter le territoire. Elle a pris soin de ne pas passer devant les gardes qui surveillent les portes de la cité, histoire de ne pas alerter le roi trop vite. Quant à son cher frère qui a eu la bonté d'âme de l'aider à s'échapper, nul doute qu'il ne la trahira jamais. Elle dispose donc d'un peu de temps pour s'éloigner de la forêt le plus vite possible.

Elle avait donc traversé une bonne partie de la forêt jusqu'à se trouver à la limite. Du moins, c'est ce qu'elle pensait, mais ne connaissant pas la réalité du terrain, il se peut qu'elle se trompe sur ses estimations. Mais cela l'importe peu si elle venait à se tromper, elle a tout le temps devant elle contrairement aux mortels. Elle voulait prendre le temps pour connaître chaque sentiers, chaque lieu qu'elle rencontrera lors de son voyage. Il y a tant de choses à voir, impossible de toutes les répertorier dans les livres. De plus, elle avait prit le temps d'arpenter cette forêt qui l'a vu naître, car elle n'était jamais aller plus loin que les portes de la cité d'Endorial.

Quelle sensation apaisante que de se retrouver parmi les arbres, les sommets verdoyants veillant sur la basse population. Araëllyn effleure les hautes herbes qui sifflent au chant du vent. Chaque plante, chaque animal, tout chose en ces lieux semblaient chanter, c'est donc naturellement que la princesse chantonne légèrement pour accompagner le doux murmure des environs. Comment ne pas aimer cette forêt ? La jeune elfe aurait bien voulu rester dans le coin encore un peu, mais mieux vaut ne pas s'attarder ici. Mais elle reviendra un jour, elle n'en doutera pas. Peut-être même que le roi sera plus apaisé, qui sait.

Elle poursuit donc sa route plus à l'Est et remarque qu'elle approche de plus en plus de l'orée des bois. La végétation est moins dense, moins ancienne... Preuve qu'elle semble s'étendre pour offrir au peuple de la forêt et aux elfes plus de terrain pour croître eux-mêmes. Il serait temps de prendre une pause pour reprendre des forces, qui sait ce qui va attendre l'elfe au-delà de la forêt de Sylfaën. L'idée de plonger en terre inconnue, sans savoir ce qui l'attendait faisait battre son cœur aussi vite que celui d'un chat. Loin, derrière ses arbres devait s'étendre ce qu'on appelle « les terres désolées ». Ce qui laisse penser que la traversée ne sera pas facile. Donc oui, la princesse décide de se poser.

Pourquoi pas même trouver de quoi manger dans cette forêt où le gibier et les fruits abondent ? Faire un feu ne lui posera pas de problème non plus histoire de profiter d'un peu de chaleur. Araëllyn choisit un coin plutôt dégagé proche d'un court d'eau. Elle avait marché pendant des heures pour atteindre cette zone, elle ne fut pas mécontente de s’asseoir sur une souche couchée sur le sol tapi de feuille et de mousse. Elle en profite pour prendre une grande inspiration, levant le nez au ciel tout en fermant les yeux. Cet instant ne dure pas très longtemps aussi elle profite d'être assise pour vérifier son arc, si la corde est bien tendue. Ça serait bête qu'un manque d'entretien puisse porter préjudice à ces futurs tirs !

Concentrée sur sa tâche, une mèche de cheveux pâle glisse le long de sa joue pour ternir sa vision couleur turquoise. Elle replace sa mèche derrière ses longues oreilles avant de reprendre son affaire. Elle est simplement vêtue d'une tunique verte, avec par-dessous un haut gris à manches longues histoire de porter quelque chose de chaud et confortable. Le col du haut dépasse légèrement de la tunique, dissimulant la chaîne que porte l'elfe. Elle porte également un pantalon blanc cassé et des bottes montantes en cuir, pas question de laisser un grain de peau sorti si c'est pour attraper froid ! Ce genre de tenue change des robes qu'elle pouvait mettre quand elle vivait encore au château, mais elle se sentait mieux ainsi. Et puis bon, ça serait un peu bizarre de se promener dans la forêt avec une tenue soignée hein ?

Alors qu'elle finissait d'entretenir son arc, elle entend quelque chose approcher. Une créature de la forêt qui l'a repéré ? Peut-être. Elle n'a croisé personne jusqu'à présent, il peut s'agir aussi d'un rôdeur, elle doit faire attention. Elle finit par apercevoir une silhouette approcher vers elle et concentre son attention vers elle, tout en restant bien droite et attentive. Elle reste assise sur sa souche, ne lâchant son arc pour rien au monde.

C'est une jeune femme qui à l'air bien jeune, plus que l'elfe en tout cas. La coiffure ébouriffée de la jeune femme laisse à supposer qu'elle a dû se hâter d'atteindre cette zone, à moins que ça soit le résultat d'un coup de vent. La noble porte ensuite son attention sur les yeux de son interlocutrice. Ça alors ! C'est la première fois qu'elle constate des yeux vairons, c'est vraiment joli et si peu commun. Elle a l'air soucieuse, son avertissement n'est pas à prendre à la légère.

La jeune elfe fut à son tour préoccupée, fronçant légèrement les sourcils pour deux raisons. La première et qu'elle venait de croiser la route d'un membre de la garde Zéphyr, elle devait faire attention à ne pas trahir sa véritable identité. Elle doit sûrement connaître Vartëlas non ? Non, elle ne compte pas le lui demander, trop risqué. L'autre raison n'est autre que cette menace qui semble se trouver aux alentours. Allaient-elles se faire prendre en embuscade ? Mieux vaut éviter un scénario comme celui-là si possible. Elle finit par se lever en époussetant les pans de sa tunique pour enlever quelques déchets végétaux qui se sont accrochés à elle. Tenant son arc de la main droite, elle lève l'autre main pour la porter à son sternum, penchant légèrement la tête :

« Je vous remercie infiniment d'avoir pris la peine de me prévenir, je n'avais pas pressenti cette menace. »

La jeune soldate a même la bonté de lui indiquer où se terminait la possible position de ce qu'elle avait ressenti. Étant donné que ça se trouve pile sur le chemin que compte prendre l'elfe, il vaudrait mieux prendre un détour, ça serait plus prudent. Elle a écouté ses indications avec attention et une fois qu'elle a fini de s'exprimer, elle prit ensuite la parole :

« Savez-vous de quoi il s'agit ? Et avez vous une idée de l'effectif de cette... Menace ma dame ? »

Les jeunes femmes ont donc une menace sur les bras, même si pour l'instant elle ne s'est pas encore manifestée. Attentive, la princesse elfe note toutes ses infos dans un coin de son esprit. Quoi qu'il puisse arriver, elle se prépare mentalement à un possible affrontement. Son arc est prêt, son carquois est plein et chaque pointe de ses flèches est affûtée. Même si son arme de prédilection est qualité standard, il fera le taf le temps qu'elle mette la main sur un autre arc digne d'elle, une arme qui soit l'égal de son rang. Elle a tout le temps d'en trouver un nouveau et pendant ce laps de temps elle compte bien prendre soin de celui qu'elle possède déjà.

Mais pour le moment, elle doit se concentrer sur le présent et non se projeter sur un futur encore lointain. Sa jeune interlocutrice parle de « fumet » en parlant de cette potentielle menace. Elle doit avoir un odorat vraiment excellent pour pouvoir déterminer une donnée numérique même si cette dernière n'est pas confirmée de façon exacte. Est-elle réellement humaine au moins ? Dame Araëlynn a bien conscience qu'il existe bien d'autres types d'individus, mais elle manque d'informations et d'expériences pour pouvoir toutes les distinguer du premier coup d’œil. Il n'est donc pas impossible que la jeune femme qui a prêté allégeance à la garde Zephyr face parti d'une de ces tribus. Cela intéresse beaucoup la jeune elfe à en juger par son regard pétillant d’intérêt. Mais sa conscience lui souffle qu'il est malpoli d'ainsi interroger la jeune inconnue nommé Holy. Ho comme c'est dommage.

Elle reporte son attention sur la chose, ou plutôt la créature qui accompagne l'humaine supposée. L'elfe n'en a jamais vu de tel. On dirait un loup à première vue, mais c'est étrange... C'est comme si son existence même était différente du canidé cité dans les comptes pour enfants. On dirait une créature magique, réagit-elle comme un animal ? Intriguée, La princesse tend la main vers l'animal sans s'avancer pour ne pas lui faire peur ou se montrer trop invasif.

« Holy, c'est un très joli prénom ma dame. Je me nomme Dalœndra Ymdriil, de la cité d'Endorial. J'apprécie votre sollicitude, c'est prévenant de votre part. La garde Zephyr peut se montrer fier de compter parmi leur membre un soldat aussi prévenant que vous. »

Un compliment qui sort naturellement de la bouche de la jeune elfe qui lui sourit doucement. L'idée de faire route temporairement avec quelqu'un n'est pas déplaisante en soit, mais elle espère qu'il ne s’agit pas là d'un moyen détourné de garder un œil sur elle ou de signaler sa présence à d'autres soldats par la suite. Ça serait étonnant vu le sourire que lui lance Holy.

Le bruissement à proximité fait réagir immédiatement la jeune elfe qui ne tarde pas à récupérer une flèche de son carquois pour ensuite braquer l'arc chargé vers la provenance de ce bruit. Le regard dur, verrouillé sur une drôle de créature. Mais quel est donc cette chose ? Elle n'a encore jamais rien vu de tel auparavant. Concentrée sur cette chose, elle ne prend pas le temps de regarder Holy. Elle a juste brièvement aperçu la jeune femme poser quelque chose sur le sol. Elle s'accorde un regard vers la chose déposée et constate avec surprise qu'il s'agit d'un étui pour instrument de musique. À en juger par sa dimension et sa forme, il s'agit d'un violon. Elle compte frapper la créature avec son violon ? Pauvre bête, pauvre violon.

La princesse se concentre de nouveau sur la créature quelle détaille davantage. En voilà un drôle de cerf... Des écailles, un pelage verdâtre... Une barbichette ressemblant à celle que portent des chèvres et cette unique corne. Cette chose ne doit pas les charger, ça peut faire mal. Depuis quand les cerfs ont une crinière rouquine ? Ce n'est pas un cerf. Mais qu'est-ce donc ? L'elfe est sur ses garde, son intuition lui dit de se méfier.

« Prenez garde Hol... »

L'éclair lancé de toute évidence par ce cervidé atterrit juste devant la jeune blonde, quel soulagement. Mais la surprise a gagné l'elfe qui, par inadvertance, lâche la corde. La flèche va s e planter dans un arbre voisin, oups... Dalo, tu ne gère pas là. Bon, personne n'a vu... Sauf peut-être Holy et le cerf. Elle recule d'un pas et bande à nouveau son arc, prête à tirer de nouveau :

« Je me demande si cette chose se mange... Soyez prête dame Holy ! »

Les deux demoiselles sont dans de beaux draps... Mais qui dit demoiselle en détresse... Bingo ! Il y a toujours un preux chevalier pour leur venir en aide !

Après avoir lamentablement loupé son tir, la jeune femme a vraisemblablement attiré les foudres du cervidé, sans mauvais jeu de mot... Mais au lieu de concentrer son agacement sur la haut-elfe, la bestiole unicorne décide plutôt de se rabattre sur Holy. Peut-être que l'animal a vu en elle comme une proie à abattre plus facilement ? Que cela ne tienne, Dame Araëlynn ne laissera pas une telle chose se produire.

La princesse se demande si ces créatures ne seraient tout simplement pas un peu territoriaux, ça peut expliquer leur présence ici. L'elfe ne connaît pas la faune des environs, alors peut-être... Non, dans ce cas la jeune Holy aurait tout de suite reconnu l'odeur de ces créatures. S'agirait-il donc de nuisibles de passage ? Sapristi si c'est le cas il vaut mieux éviter que cette espèce ne se propage ici pour éviter tout dérèglement dans l'écosystème de cette forêt.

La petite elfe a déjà chargé une flèche et constate que les ennemis ont commencé à bouger. L'un des cerfs fonce sur sa coéquipière et la seconde jette finalement son dévolu sur l'elfe. C'est en tentant une approche vers elle qu'Holy finit par être blessée. La princesse fronce les sourcils et s'est préparé à un assaut. Elle pivote sur ses chevilles pour se décaler rapidement sur le côté, esquivant ainsi l'attaque de la créature. De ce fait, elle se place derrière elle et décoche sa flèche qui ne manque pas sa cible cette fois-ci. Ça c'est bien fait sale bête !

« Nous sommes sans doute sur leur territoire ! Ils cherchent peut-être à le protéger ou à protéger d'éventuels petits ! Dame Holy, vous allez bien ? » S'enquiert la noble et préparant une nouvelle flèche.

Elle espère que cette blessure ne soit pas trop profonde et se rapproche d'elle tout en tenant en joug la créature qui l'a précédemment attaqué. Mais il ne faut pas oublié la première qui va sans doute tenter une attaque sur l'une d'elle!

C'est à ce moment là qu'elle repère une autre présence tapie dans les environs. Ha, nous sommes bien loin d'être face à un autre de ces cervidés, ça ne serait vraiment pas de bol das ce cas là. Non, c'est tout autre chose. Araëlynn jette un œil bref vers cette créature qui se dévoile à elles. C'est une sorte d’humanoïde ? C'est bien la première fois qu'elle peut en contempler un sous une telle forme. La crinière et ce museau ne fait aucun doute, c'est donc ça un Thérianthrope, voilà un spécimen des plus majestueux, cela va s'en dire ! Il a sûrement été attiré ici à cause de cette confrontation ou de l'odeur du sang de la jeune femme blessée ? Pourvu qu'il n'attaque pas les jeunes femmes, elles ont déjà fort à faire avec les Kirins. Elle reporte son attention sur ses opposants, mieux vaut ne pas contempler le nouvel arrivant trop longtemps. Qui va attaquer le premier ? Araëlynn se tient prête.