Suite de ce rp.



Comme prévu, le lendemain de l'attaque qu'il avait subi, Baldwin et Athear arrivèrent à Kastalinn. Il n'avait que très peu, voir pas du tout, dormis cette nuit-là, et dès l'aube, il avait été réveiller son amie, entièrement équipé, afin de partir aussitôt. Toute cette histoire le tourmentait. Il fallait qu'il apprenne quelque chose de concret, qu'il découvre ce qui se passait réellement. Ce fut à peu prêt lorsque le soleil était au plus haut dans le ciel qu'ils purent apercevoir la ville et ses fameux remparts de pierre. Rien qu'à l'apercevoir, le stryge se sentait légèrement mieux. Il aimait ce paysage, cette agglomération, l'ambiance et la culture qui y vivaient. Elle lui avait manqué, depuis tous ces mois...

Ils avaient atterri non loin des portes d'entrées, afin de ne pas débarquer en pleine ville, et de s'attirer les foudres des soldats locaux. La route était aussi vivante que dans ses souvenirs, avec ses voyageurs, paysans, et charrettes, qui avançaient tranquillement. Mais il pouvait tout de même voir que l'ambiance était légèrement différente. Elle avait aussi subi, comme toutes les grandes villes, une attaque de la part des skarniens, et la Milice avait augmenté la sécurité en conséquence, se préparant eux aussi aux futurs combats. Le maître d'armes tourna la tête vers le chemin qu'il avait emprunté, l'année dernière, pour vadrouiller à l'extérieur, et se changer les idées. C'était là-bas qu'il avait rencontré, totalement par hasard, Dilon et Thorek, et également pour la première fois les hommes-rats. Cela avait tout de même été une journée qu'il n'oublierait pas, puisque c'était grâce à elle qu'il en était là aujourd'hui.

Son père était-il encore là lorsque l'attaque skarnienne eut lieu ? Si oui, avait-il participé ?  Cela semblait peu probable qui lui soit arrivé malheur lors de ce combat, à moins que les assassins voulaient juste finir le travail qui leur avait été mâché, en s'en prenant à son fils... Restant sur le dos de sa monture, la foule se séparait pour le laisser passer, les observants avec curiosité, mais également inquiétude. Il se retrouvait de ce fait légèrement mal à l'aise à être ainsi le centre d'attention, et sentait Athear, qui avait encore quelques progrès à faire, se crisper légèrement. Il lui tapota gentiment l'épaule, lui murmurant des mots rassurants, et la conduisit, faisant fit de tout ceci, car il avait un objectif précis en tête, droit vers la maison de San.

San Betlay, milicien vétéran dans la soixantaine, aujourd'hui à la retraite. C'était encore un redoutable maître d'armes, et c'était lui qui lui avait enseigné sa technique si spécifique, après avoir vaincu le stryge sans aucune difficulté, avant que ce dernier parte pour Stellaraë. Il possédait une grande propriété, avec un terrain tout aussi grand, équipé d'une salles d'arme, où il entraînait ceux qui le souhaitaient, et qu'il acceptait. Il s'était fait une bonne réputation, et était à l'aise. De ce fait, Baldwin ne doutait pas qu'il dût également posséder beaucoup de contacts en ville. C'était donc tout naturellement sa première destination. Si un purificateur avait séjourné aux alentours quelque temps, ce n'était pas sans raison, sans rien faire, et cet homme en aura certainement entendu parlé, ou aura moyen de le connaître.



Un bon quart d'heure, au moins, s'était écoulé pendant son trajet en ville, lorsqu'il pénétra la barrière ornée de deux loups rampants, délimitant le terrain du maître. Arrivant dans le champ de vision des individus ici présent, ils stoppèrent momentanément leur entraînement pour observer les nouveaux arrivants si atypiques. Le Gardien reconnu San, les cheveux légèrement plus blancs que dans ses souvenirs, qui lui tira un grand sourire de joie en le voyant et en s'approchant. Certains des élèves présents était des connaissances de son dernier séjour, mais d'autres étaient totalement inconnus. Il était de toute façon normal, qu'au fil des mois, certains apprentis soient parti, et d'autre soient arrivés. Le stryge mit pied à terre, et s'avança à son tour vers son ami, souriant également, bien que difficilement.

« Alors, tu pars en chemise, et tu reviens entièrement en armure Gardienne, et avec ce genre de monture en prime ! »

Ils rirent ensemble, tout en se faisant l'accolade.

« Je suis content de te revoir, mon ami, depuis le temps ! Mes félicitations d'ailleurs, tu n'as pas l'air d'avoir chômé !

- Merci beaucoup, San. Je suis content aussi, et m'excuse de ne pas être revenu plus tôt. Je te présente Athear, mon amie.

- Enchanté ! Et tu n'as pas d'excuses à avoir, je sais très bien ce que c'est que de faire partie d'une faction ! J'espère juste que tu n'as pas oublié ce que je t'ai enseigné, au moins !

- Ahah, oh que non, bien au contraire ! Et je te le prouverais, à l'occasion.

- J'y compte bien ! »

San était toujours lui-même, n'ayant plus rien à prouvé à personne, menant la vie qu'il souhaitait, ayant réalisé ses objectifs. Il était naturel. Il l'invita à le suivre, tandis que les autres avaient repris leur entraînement normalement. Baldwin fit un signe de tête à Athear, lui signifiant qu'ils ne risquaient rien, et qu'elle pouvait se reposer de son voyage. Elle le regarda s'éloigner, hésitant à le suivre, puis finit par aller se coucher, pour une bonne sieste, après s'être rincé le bec avec l'eau qui lui avait été apporté.

Le chemin vers la maison avait été calme. Le stryge était légèrement perdu dans ses pensées, hésitant à parler de ce qui le tracassait, restant silencieux. Le vieux milicien le voyait bien, et l'enjoint à s'asseoir sur un siège, dans son salon, chose qu'il fit.

« Veux-tu boire quelque chose ? J'ai du jus de fruits, et même de l'hypocras, que je sais que tu apprécies !

- C'est fort aimable, mais non merci, je n'ai pas soif. »

Le Garde d'élite avait eu juste un léger sourire, presque timide, en lui répondant, ce qui n'était pas habituel non plus. L'homme s'assit en face de lui, prenant un air plus sérieux.

« Tu n'es pas comme le Baldwin que j'ai vu partir. Quelque chose te tracasse, mon ami, ça se voit aussi bien qu'une guivre géante au milieu des plaines ! Et j'ai l'impression que ta visite est en lien. Que se passe-t-il ? »

L’inquiétude pu se lire sur le visage du Dragonnier, une inquiétude qu'il peinait à maîtriser.

« En effet... Mon retour à Kastalinn n'est pas étranger avec ce qui me pèse, malheureusement. Je suis venu te voir aussitôt, car j'ai espoir que tu puisses m'aider.

- Si c'est en mon pouvoir, tu sais que tu peux compter sur mon soutien. »

Le stryge sourit légèrement à nouveau.

« Je le sais bien, et je t'en remercie énormément, c'est pour cela que je n'ai pas hésité à débarquer. Sais-tu si un purificateur stryge blanc était en ville, ou aux alentours, ces derniers mois ? »

San prit un air pensif, tentant de se souvenir s'il en avait entendu parler.

« Un purificateur ? Hmmm... Ça ne me dit rien du tout. Je n'en ai pas connaissance. »

Baldwin fut légèrement déçu, il avait malgré tout eu un léger espoir d'avoir aussitôt une réponse positive.

« J'ai un doute qui me torture à son sujet, et c'est très important pour moi de savoir ce qu'il en est, s'il va bien...

- Il s'agit d'un de tes amis ?

- C'est mon père. »

L'expression du visage de l'ancien milicien changea à son tour, alors qu'il comprenait l'ampleur de l'inquiétude.

« Ah ! »

Ne pouvant pas rester assis à ne rien faire, le maître d'armes se leva, et marcha dans la salle, avant de se positionner devant une fenêtre. Ce n'était pas facile de se contenir, il sentait comme une pression à l'intérieur de lui, qui tentait d'exploser. L'humain se leva à son tour, et vint à ses côtés, tentant de le calmer, et de le rassurer.

« Détends-toi, Baldwin. Ton état ne mènera nul part, et fausse ton jugement. Il faut que tu restes maître de toi, malgré la situation. Que sais-tu ? »

Il avait bien sûr totalement raison, et parlait en tant que maître à ce moment. L'intéressé tenta de contrôler sa respiration, de se détendre.

« Juste qu'il ne donne plus de nouvelles depuis quelque temps, et ce qu'un groupe d'assassin m'a dit hier, que j'allais le rejoindre. Ils le connaissaient, et ils me connaissaient, moi. J'étais leur cible.

- Mais ils ont peut-être juste dit ça pour te blesser, pour te déstabiliser, et t'affaiblir. »

Le Gardien sourit d'un coup, lâchant un rire, plus calme.

« Eh ! Pour le coup, ça ne leur a pas vraiment réussi.

- Mais sur le long terme, si. Il suffit de voir comment tu es, là ! Ton père est peut-être sain et sauf, à continuer sa mission là où il ne peut pas garder le contacte.

- C'est ce que je me suis dit, mais ça reste étrange, et j'ai ce mauvais pressentiment qui ne me lâche pas... »

Il n'alla pas jusqu'à lui parler de son cauchemar, de peur de tout simplement perdre en crédibilité. San lui attrapa le bras, et l'attira à nouveau vers les fauteuils, où ils se rassirent.

« Écoute, mon ami. Je comprends parfaitement la situation, et je veux t'aider de mon mieux. Je vais me renseigner, et faire jouer mes contacts, pour te trouver cette information, si information il y a.

- Merci infiniment. Je te fais entièrement confiance à ce niveau, et suis vraiment heureux de pouvoir te compter parmi mes alliés. »

L'homme lui tapota amicalement l'épaule, comme pour finir de faire passer un ''ça va s'arranger'', puis continua.

« Par contre, ça risque de prendre du temps. Je vais tenter de faire au plus vite, mais il te faudra mettre ton mal en patience. »

Son interlocuteur lâcha un léger soupir. Comment pouvait-il ne rien faire ? Un rire amical fut sa réponse.

« Si tu veux t'occuper en attendant, tu peux toujours tenter de t'informer dans les auberges de la ville, même si j'ai peur que tu n'y trouves pas les informations que tu cherches, car je pense qu'un purificateur en ville aurait fait parler plus que ça !

- Je vais tenter le coup, sait-on jamais. Je ne dis pas non au moindre petit ragot. Je veux le retrouver. »

San hocha la tête.

« Ça ne m'étonne pas ! Malheureusement, j'ai peur qu'en l'état actuelle, tu ne puisses pas faire grand chose de plus, si tu n'obtiens rien. Pour ma part, je tenterais de te contacter dès que j'aurais des nouvelles, voir même si je n'ai rien. Tu devrais en profiter pour régler d'autres affaires, si tu en as. Et surtout, garder patience.

- Ça ne va vraiment pas être facile, sachant qu'il est peut-être en danger.

- Mais à l'inverse, il ne l'est peut-être pas ! Alors essaye de rester tel que tu l'as toujours été, ne rentre pas dans leur jeu.

- Je vais faire de mon mieux...

- Et c'est déjà une bonne chose !

- Comment pourrais-je te remercier ? »

Le maître ne prit même pas la peine de réfléchir.

« En m'offrant un combat, quelle question ! Je veux voir de quel bois tu te chauffes, maintenant ! »

Baldwin éclat d'un rire franc. Il n'avait vraiment pas changé.



Se retrouvant une nouvelle fois dans les rues de Kastalinn, Athear à ses côtés, le stryge et elle se dirigeaient vers un bâtiment bien connu. Ce dernier se massait encore l'épaule, résultat de son affrontement avec le vieux maître. Il avait pu lui montrer à quel point il avait progressé dans la maîtrise de sa technique, mais bien que le combat fut bien plus serré que par le passé, il finit bien évidemment par perdre. Il le quittait peu de temps après en lui serrant chaleureusement la main, se promettant de repasser souvent pour rattraper son retard, et pour venir aux nouvelles.

Le Milicien lui avait donné d'autres informations avant son départ. Notamment l'adresse du Logis du Chasseur. C'était là l'endroit le plus propice aux ''on dit'' et rumeurs, et pourrait être un bon point de départ pour sa recherche. C'était aussi là-bas qu'il pourrait peut-être trouver un certain Thrynn, le frappé glacé, portant bien son nom. Un nordien, faisant régulièrement le tour du continent, et étant apparemment la clé pour pouvoir voyager dans le Grand Nord, ce qui l'intéressait ! Peut-être qu'il sera chanceux, cette fois.

Ils s'arrêtèrent quelques secondes, afin d'observer la taille et l'architecture du fameux bâtiment, typique du coin. Puis, après avoir briefé l'hippogriffe, pour quelle reste tranquillement dans la zone où se reposait les montures le temps qu'il ressorte, il entra à l'intérieur. Une fois qu'il en aurait fini ici, il retournerait à La légende d'Aràn, cette auberge qu'il aimait beaucoup, et dont la cuisine lui manquait.

Une fois le pas de la porte franchie, il fut comme assaillit par l'esprit du nord, tant le lieu le représentait parfaitement. La salle était immense, mais chaleureuse, avec plusieurs grandes cheminées  parsemées par-ci par-là. Les moindres recoins des murs de pierre étaient décorés de trophées de bêtes plus ou moins immenses, provenant très certainement de tout Dùralas, prouvant les mérites des Nordiens. Le Logis du chasseur était déjà très animé à cette heure de la journée, hommes et femmes discutant et rigolant autour des tables présentes, ripaillant et buvant avec joie, contant leurs exploits et leurs prouesses, ou tout simplement leur journée ou une histoire inventée. Les serveurs et serveuses passaient çà et là, déposant des plats alléchants, dont les senteurs venaient titiller les narines et faire réagir l'estomac de Baldwin, et des boissons plus ou moins alcoolisés. En résumé, c'était tout à fait un endroit où il faisait bon vivre, et cela lui faisait du bien.

Son entrée, ainsi que son équipement, ne laissait pas indifférents les clients, qui tournèrent la tête pour observer le nouveau venu. Certains reconnaissaient certainement là l'armure des Gardiens, et se demandaient ce qu'un de leurs membres venait faire dans le coin, loin de Stellaraë, mais la plupart du monde était juste curieux, et une fois l'individu observé, comme quiconque franchirait cette porte, ils l'oublieraient vite pour repartit dans leurs assiettes, leurs chopes, ou leurs récits. Faisant fit de cela, et gardant ses ailes bien repliées sous sa cape, afin de ne pas gêner qui que ce soit, et ne pas attirer l'attention plus qu'il ne le fallait, le stryge repéra le comptoir, ou se tenait certainement le gérant de l'établissement, et alla droit vers lui.

Pour ne pas l'assaillir aussitôt, il préféra simplement venir s'asseoir sur un haut tabouret, posant ses coudes sur le bois, et commander un hypocras, après l'avoir salué aimablement. Plusieurs humains, et même des hommes du nord, bien plus grand, faisaient la même chose, profitant de cette pause bienvenue. Le maître d'armes commença alors à discuter aimablement avec le gérant de choses banales, sirotant sa boisson, qu'il ne regrettait pas d'avoir choisi. Puis, le temps passant doucement, il se prit à écouter une aventure compter par un chasseur, qui s'était levé afin de donner plus de porter à sa voix, pour qui voulait bien l'écouter. Il se laissait aller à l'ambiance, oubliant un peu ses tracas. Le jeune amplifiait beaucoup son récit, certaines choses étant même impossible en réalité, mais il savait tellement bien raconter, que les habitués, comme les autres, se laissaient prendre, et le relançaient, faisant sourire le Dragonnier. L'aubergiste revint alors vers lui, curieux, essuyant ses couverts.

« Vous n'êtes pas du coin, ça, c'est sûr. Un peu d'repos après un rude voyage ? »

Cela sautait effectivement aux yeux, au vu de son allure, mais c'était une façon polie d'entamer la discussion.

« En effet. Je suis arrivé dans la journée, et je dois bien avouer que cette pause me fait du bien. Votre établissement est des plus accueillant.

- Ahah, merci, mon garçon ! C'est c'que nous nous efforçons d'faire ! Quel bon vent amène-donc un Gardien à Kastalinn ? »

Ce n'était pas non plus étonnant qu'il reconnaisse le blason qu'il portait, il devait certainement en voir de temps à autre, lorsqu'ils étaient en mission et venaient se restaurer, ou prendre une chambre.

« Rien de bien spécial, seulement une affaire personnelle, rien qui concerne les factions.

- Et bien, j'vous souhaite de réussir à la mener à bien, alors ! »

Baldwin sourit à nouveau, et en profita, avant que son interlocuteur reparte dans ses activités, pour avancer enfin le sujet de sa visite.

« Merci beaucoup. Dites-moi, est-ce que vous auriez vu un purificateur stryge blanc dans le coin, ces derniers mois ? Ou entendu parler ? Ça m'aiderait beaucoup. »

L'aubergiste prit alors quelques secondes de réflexions, se remémorant rapidement ce qu'il avait vu de notable, et fit une légère mimique de la bouche, tout en faisant un signe de la tête que non.

« Du tout ! Vous vous doutez qu'si un stryge blanc, encore plus un purificateur, aurait été dans l'coin, on aurait certainement parlé d'lui, c'qui n'est malheureusement pas l'cas ! Vous êtes le premier des leurs que l'on voit depuis un moment ! J'suis désolé de n'pas pouvoir vous aider plus. »

Le sourire du stryge devint amusé, bien qu'il soit déçu de la réponse négative. Ne voulant pas replonger dans l'état où il était il y a encore peu, il préféra plutôt enchaîner sur le deuxième sujet de sa visite, buvant une nouvelle gorgée de sa boisson.

« Ce n'est pas grave, merci quand même ! Peut-être pourriez-vous également me renseigner, cette fois-ci, sur un dénommé Thrynn, le frappé glacé ? Je souhaiterais pouvoir découvrir la culture et explorer les merveilles du Grand Nord, et on m'a dit qu'il serait apparemment la clé, mais aussi qu'il voyageait régulièrement entre les grandes villes. Savez-vous où je pourrais le trouver, s'il vous plaît ? »

Baldwin s'attendait à ce que le gérant, bien que très sympathique jusqu'à maintenant, en viendrait à négocier ses informations, un peu comme ça se passait souvent dans ces conditions, mais pourtant, ce ne fut pas le cas. Le stryge devait être apparu assez amical et agréable, ce qu'il était naturellement, et lui avait fait une bonne impression. L'aubergiste lui donna quelques renseignements sans soucis.

« Thrynn passe de temps en temps ici pour boire mon fameux frappé à la framboise, qu'il aime beaucoup. De toute évidence, il s'agit du plus grand amateur de cette boisson. Il n'usurpe pas son nom après tout... »

Le maître d'armes était donc sur la bonne voie dans cette recherche-ci, puisque c'était le bon établissement, que le nordien fréquentait. En vérité, il était même bien plus chanceux qu'il ne l'aurait cru, puisqu'au même moment, un homme, grand, blond, et barbu, s'avança à leur niveau et salua le tavernier, attirant son regard. Le gérant ne semblait plus trop savoir quoi faire pendant un cours moment, et finit par les présenter l'un à l'autre, car c'était l'homme recherché.

« Quand on parle de l'ours... Voici donc Thrynn. Cher Frappé glacé, je te présente... Euh...

- Oh, toutes mes excuses. Je suis Baldwin, stryge maître d'armes, et Gardien de Stellaraë. Je suis enchanté de faire votre connaissance, Thrynn. »

Ils étaient tous les deux d'un physique proche, prenant le temps de s'analyser mutuellement. Le Frappé Glacé semblait être un bon combattant, confiant en ses capacités, qui devait être agile et précis dans ses coups. Cela attisait la curiosité de Baldwin, qui se demandait ce qu'il valait réellement, ce qui serait aussi une bonne idée de départ pour connaître les capacités martiales du peuple du Grand Nord.

« Pardonnez-moi de vous aborder de la sorte. Un ami du coin m'a dit d'entrer en contact avec vous, car je souhaiterais avoir le privilège d'en apprendre plus sur le Grand Nord, de découvrir ses contrées et votre peuple, dans ma quête de connaissances. Mais l'accès y serait difficile, ce que je comprends tout à fait. Pourriez-vous m'aider ? »

Pour le coup, avec son état actuel, et sa forte curiosité naturelle, il avait aussitôt entré dans le vif du sujet, car plus il en parlait, plus l'envie d'exploration se faisait présente.

Le nordien à ses côtés semblait heureux d'être de retour dans le coin, et semblait également tout juste d'arriver. Il le salua de la tête, avant de se plonger dans la sélection de boisson, tandis que le styge présentait sa demande. Il s'en voulut soudainement, se rendant compte qu'il s'était réellement laissé aller à la curiosité, comme il faisait lorsqu'il était plus jeune encore, venant l'accoster dès son arrivée, sans lui laisser le temps de souffler, mais c'était de toute façon trop tard.

Le privilège ? Vous pensez qu'il y a un privilège à geler sur place et à vous faire déchiqueter par les pires créatures sauvages qui soient ? Curieux.

Certes, il marquait un point, ce qui fit sourire Baldwin. Ce n'était pas de ce genre de privilège qu'il parlait, et Thrynn s'en doutait certainement. Une fois bien équipé, la température ne devrait pas être un souci, même s'il devait faire plus froid que dans sa région d'origine, où il avait l'habitude. Du côté des créatures, il avait été élevé et entraîné par les purificateurs. Par définition, il était préparé à combattre les pires créatures sauvages qui soient, et le ferait sans peur si cela devait arriver. Son interlocuteur fit un signe de main pour attirer le tenancier, qui viendra prochainement prendre sa commande. Le maître d'armes décida donc d'en profiter pour le laisser respirer, discuter tranquillement. Il en profitera pour commander un deuxième verre d'hypocras, qui lui faisait vraiment du bien. Le nouveau venu semblait néanmoins intéressé, et après avoir rapidement laissé partir un éclat de rire, reprit son sérieux, et le questionna.

Que savez-vous du Grand Nord ? Mis à part l'affreuse description que j'ai tenue à l'instant ?

Baldwin n'avait pas besoin de réfléchir très longtemps, ce qu'il n'avait pas apprit à la Tour Blanche il y a quelques années, qui se résume à beaucoup, comme c'était encore un territoire très fermé à cette époque, il l'avait apprit pendant ses séjours à Kastalinn, et à la Bibliothèque de Stellaraë. Il finit son verre, et répondit d'un ton aimable.

« Que c'est la terre natale des nordiens. Une terre où la vie est difficile, mais où ils survivent, et se développent, au sein de différents clans, plus ou moins pacifiques, et de Fimbulvetr, la deuxième place-forte du Nord. Une terre où, malgré cela, la vie déborde, et où les paysages sont aussi variés que magnifiques, souvent glacés. »

Il fit une légère pause pour reprendre sa respiration, et continua, revenant au passage à l'une des raisons même pour laquelle il était parti voyager à travers Dùralas.

« Mais tout ce que je sais, je l'ai appris principalement dans les livres. Je souhaite voyager de moi-même dans ses contrées, découvrir et me rendre compte de tout ça de mes propres yeux. Je souhaite apprendre tout ce qui serait possible pour moi d'apprendre : la culture et la façon de vivre des nordiens, les histoires et les légendes du Grand Nord, et j'en passe... »

Le Gardien semblait devenir pensif, tout comme motivé, en parlant de cette façon. Imaginant tous les savoirs qu'il pourrait engranger, et ce qui l'attendait là-bas, à découvrir. Il ne savait pas s'il pourrait se permettre d'y aller pendant son séjour actuel, mais c'était un sentiment qui lui avait manqué, depuis quelques mois, et ça lui faisait du bien de le ressentir. Il fut coupé par l'aubergiste venant les voir, prenant aussitôt leurs commandes, avant de s'en occuper. Baldwin continua, cette fois-ci en faisant écho aux premières paroles de Thrynn, honnête.

« La température n'est pas ce qui me freinera lors de mes voyages. De plus, l'équipement que je possède n'est pas là pour la parade. Je saurais faire face à ce qui pourrait me menacer, et si je peux donner un coup de main au passage, ça serait avec plaisir. D'ailleurs, je suis également désireux de connaître les techniques de combat des nordiens, qui sont très réputées dans le coin, et de croiser le fer avec eux, ou même les poings dans le Glima. Ça serait des leçons très enrichissantes. »

Le tenancier revint alors pour les servir, et malgré sa curiosité, dû aller s'occuper d'autres clients. Le Dragonnier prit sont verre, et le leva vers son interlocuteur, avant d'en boire une gorgée, se demandant ce que ce dernier était en train de penser suite à tout ce monologue.

« À la vôtre ! »

Vous savez, Baldwin ? Vous tous, Dùralassiens, n'êtes jamais assez préparés pour mon pays. Déjà, vos fourrures de seconde main ne vous protégeront jamais assez du froid glacial de nos contrées. Mais... Vous méritez peut-être de faire vos preuves !

Le stryge ne put pas répondre de suite, comme le tenancier amenait les boissons : son hypocras, et sans surprise, un frappé glacé pour Thrynn, qui méritait bien son titre. Une fois payé, et sa gorgée but, tandis que le nordien se délectait visiblement de sa propre commande, il continua la conversation.

« C'est possible, en effet. Même certain. Malgré ce que j'ai listé, dont beaucoup de choses que j'ai appris ici même, votre pays est méconnu de nous autres, et on ne peut qu'imaginer, et se renseigner auprès du peuple même qui l'habite, comme je le fais. Il faut le visiter directement pour s'en rendre réellement compte, et tenter de mieux se prémunir par la suite, si l'on survit. Toutefois, je vous remercie de me laisser une chance. »

Après s'être désaltéré, l'attitude de son interlocuteur sembla changer, rendant le stryge plus sur le qui-vive. Avait-il dit quelque chose qu'il ne fallait pas ? Il ne voulait pas le fâcher, ce n'était pas son intention. Mais c'était plus de la fierté qu'il semblait ressentir, et un agacement, une mauvaise humeur. Était-ce son vrai visage ? D'un autre côté, ça ne devait pas être le seul Dùralassien qui l'abordait de la sorte, avec le souhait de visiter le Grand Nord. C'était sûr que ça pouvait devenir vite lassant.

Vous parlez de vos projets et de vos connaissances à tous les nordiens que vous croisez ?

Le maître d'armes lâcha un léger rire, souriant de la remarque. Il but quelques gorgées de son verre, calme. Certes, sa situation actuelle faisait qu'il lui était difficile d'être parfaitement serein, mais le petit entraînement qu'il avait eut avant de venir lui avait fait du bien, ainsi que d'être posé ici, à l'auberge.

« Ahah, bien sûr que non, même si je n'ai de toute façon rien à cacher. Je souhaite juste ne pas paraître malpoli, irrespectueux, et prouver ma bonne foi à vos yeux. »

La Gardien finit d'une dernière traite son verre, sentant l'alcool le réchauffer de l'intérieur.

« Je vous ai exposé ma requête et mes raisons, comment dois-je faire mes preuves, désormais, s'il m'est possible ? »

Thrynn commence les hostilités.

Thrynn, dit le « Frappé glacé » : 1370
Vitesse : 1305
Dégâts : 590
Capacités spéciales : Célérité nordique : Si la vitesse de Thrynn est 4x supérieure à celle de son adversaire, il peut lancer 3 dés. Même fonctionnement pour le x5 (qui fait lancer 4 dés). Lance le dé « Humain ».



Baldwin Nuussian : 2623
Vitesse : 627
Dégâts : 1708 (+132/tour)
Aura : 2000

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'Attaque - Humain' :

Le nordien haussa un sourcil à sa réponse, voyant que le stryge ne se faisait pas déstabiliser pas ses paroles et son ton. Le silence s'installa légèrement, tandis que l'humain finissait son propre verre. Baldwin patienta, il attendait ce qu'il allait dire d'autre, si c'était bon, et ne voulait pas le brusquer non plus. Il n'était pas pressé. Soudainement, son interlocuteur soupira, et laissa tomber sa chope, heureusement sans qu'elle ne se brise, sur le comptoir.

Vous m'avez l'air bien bâti mais ça ne suffira peut-être pas à survivre dans le Grand Nord. Ou peut-être que si. Je vous aurais bien défié tout de suite pour m'en rendre compte, mais j'ai un peu mal au crâne à cause d'une mauvaise vache...

S'il se remettait d'un choc, c'était bien compréhensible, bien que le maître d'armes s'interrogeait sur ce qui avait bien pu se passer. Une vache ? Bizarre. Sans pouvoir dire quelque chose, il vit Thrynn faire signe à des connaissances qui venait d'entrer dans le bâtiment, et partir dans leur direction tranquillement après avoir pris commande. Le Gardien était légèrement déçu de cette conclusion, mais il n'allait pas le harceler. Il le retrouverait certainement dans cet établissement à l'occasion, il lui suffisait d'attendre qu'il se rétablisse complètement. L'observant passer entre les tabourets, les tables, et les clients, la surprise prit place lorsque le frappé glacé se retourna soudainement en lui jetant une choppe.

J'ai changé d'avis !

Par pur réflexe, Baldwin se baissa in extremis pour esquiver le projectile, qui était très bien visé, se faisant arrosé au passage par ce qui restait d'alcool dedans. Une attaque surprise, quoi de mieux pour tester les capacités et les réactions des combattants ? Le stryge sourit en se levant rapidement, tandis que son nouvel adversaire le chargeait et criait, prenant appui sur un tabouret pour bondir sur lui. Prenant sa garde rapidement, la première idée qui vint à l'esprit du Dragonnier était de profiter de l'élan du nordien pour lui faire une prise et le balancer par-dessus lui, avant de finir de le plaquer au sol. La question était désormais, est-ce que ça marcherait ?

Le membre 'Baldwin Nuussian' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Stryge B' :

L'action soudaine que le stryge avait réussie, et tout le bruit que ce petit affrontement avait inévitablement causé, attirait tous les regards du Logis du Chasseur. Thrynn se retrouvait au sol, maîtrisé, et le monde lâchait un éclat de rire général, se moquant allégrement de ce dernier. Très mal à l'aise face à la situation, en grande partie de sa faute, le maître d'armes aida le nordien à se relevé, craignant qu'une colère éclate, bien qu'il soit le premier à avoir attaqué.

« Toutes mes excuses, ce fut un réflexe... »

Mais heureusement, tout se finit bien, alors que son interlocuteur répondait à ses attentes, en lui donnant les informations qu'il souhaitait.

C'était quelque chose. Je pense que mon pays natal peut s'attendre à la visite d'un très bon individu. Un conseil avant ; il y a un marchand nordien dans Kastalinn qui vend des paquetages complets pour bien appréhender le Grand Nord. Je pense que cette histoire va rapidement faire le tour de la ville et il saura assurément à qui il aura à faire.

Un grand sourire de joie envahit le visage du dragonnier à ses dires, tandis que l'homme partait vers une table, rangeant son arme, et chipant une bière au passage.

« Merci beaucoup pour ce conseil, et votre acceptation. Je passerais le voir ! »

Le frappé glacé s'était installé tranquillement, très serein malgré le sujet d'attention qu'il avait été, et lui fit un signe de la tête, auquel il répondit, avant qu'il ne s'absorbe dans ses pensées et sa boisson, profitant, à raison, du lieu. Reprenant conscience avec ce qui l'entourait, Baldwin rangea ses ailes, qui s'étaient naturellement déployées il y a quelques minutes, sans plus tarder, et revint vers le comptoir, crispé. Le tenancier revint alors vers lui.

« Z'avez pas d'inquiétude à vous faire, c'n'est rien d'grave. J'dirais même plus, c'est habituel ! Malgré la température glaciale de s'coin, les nordiens ont l'sang chaud ! »

Le petit rire qu'il lança ensuite détendit le jeune stryge, qui posa un coude sur le bar.

« Vous r'voudrez une boisson ? 

- Non merci, je m'arrête là. Toutefois, je souhaiterais payer une bière pour les deux personnes qui n'ont pas pu en profiter, ou au moins pleinement. C'est principalement ma faute si ceci est arrivé, après tout ! »

Sous la surprise de l'aubergiste, le maître d'armes lui donna les pièces d'or nécessaire, plus ce qu'il fallait pour une certaine boisson.

« Ah, et s'il le souhaite, voici également de quoi offrir un frappé glacé à Thrynn, comme remerciement, et pour la gêne occasionnée ! S'il ne la veut pas aujourd'hui, il n'aura qu'à en profiter un autre jour, ou sinon, tant pis. »

Il avait haussé les épaules à la fin de la dernière phrase, signifiant bien par-là que si le nordien n'en voulait pas, il n'avait qu'à garder la monnaie, ça ne le gênait pas. L'humain prit les pièces en hochant la tête.

« Ça s'ra fait, vous pouvez compter sur moi.

- J'aurais une dernière demande à vous soumettre. Est-ce qu'il me serait possible d'avoir un tissu, pour essuyer la bière que j'ai reçue, s'il vous plaît ? »

Cela fut accepté sans problème, et une fois qu'il eut finis de se nettoyer du mieux qu'il pouvait, il salua le gérant chaleureusement, et sortit de l'établissement retrouver Athear, avant de prendre la direction de La légende d'Aràn. Tout cela lui avait ouvert l'appétit, et un bon bain lui fera le plus grand bien, tout en éliminant cette odeur de houblon !

Enfin ! Après plusieurs semaines d'attentes, pendant lesquelles Baldwin était parti à Sitlantà pour disputer des courses aquatiques, avait affronté le chasseur nocturne lors de la convergence, avait participé au banquet de Cernunnos et affronté un fragment d'une calamité aux côtés des Gardiens, et également vaincu une chimère très puissante dans la forêt Sylfaën, enfin le moment était venu ! Le voici donc, assis confortablement dans un siège du salon de San, ce dernier posé en face de lui, s'observant fixement l'un l'autre. L'impatience que le stryge arrivait à maîtriser jusqu'à maintenant bouillait. Il allait enfin savoir, peut-être, ce qu'il était advenu de son père.

« Excuse-moi une fois de plus pour le temps que cela m'a prit, mon ami. Mon contact a été... Disons, difficile à trouver. Heureusement, tu n'as pas manqué d'occupation ! »

Cette tentative de détendre l'atmosphère fit sourire le maître d'armes.

« En effet ! Cela m'a bien aidé à me changer les idées, et je te remercie à nouveau pour tout ce que tu fais pour moi, tu n'as pas à t'excuser. »

Le vétéran, détendu, bu une gorgée dans le verre de vin qu'il s'était servi, le dragonnier ayant refusé poliment lorsqu'il lui en avait proposé également.

« Ça me fait plaisir de te voir ainsi, je te reconnais beaucoup mieux que lorsque tu es revenu à Kastalinn ! »

Puis, il devint plus sérieux.

« J'ai obtenu les informations que tu souhaitais... »

Tout à son écoute, le Gardien avançait sans s'en rendre compte sur son siège, afin de cueillir ses paroles.

« Un stryge blanc a bel et bien été vu dans les environs. Apparemment, il devait s'être installé aux alentours de la ville, et vu la description qui m'a été tenue, il pourrait correspondre à ton père. Il avait également un contact ici même, et passait régulièrement le voir. Puis on a fini par ne plus le croiser, il a dû partir vers d'autres horizons. »

Dans tout son être, Baldwin avait l'impression que c'était plus qu'un simple départ. L'idée qu'il ait été capturé, voir tué, le tenaillait. Ceci devait être facilement perceptible pour son interlocuteur, qui tenta de le rassurer une fois de plus.

« Il était apparemment bel et bien là, mais le fait qu'il soit parti ne veut pas dire qu'il lui soit arrivé quelque chose de fâcheux. Il faut que tu te détendes. »

Il avait bien sûr raison, mais c'était plus fort que lui, et très difficile à lutter contre. Le jeune stryge prit une grande respiration, et tenta de se décrisper, de relâcher ses muscles.

« J'ai besoin d'être rassuré à ce sujet... Sais-tu qui était son contact ?

- Je n'ai pas de nom, mais j'ai bien mieux ! »

L'ancien milicien sortit alors d'un tiroir un morceau de parchemin, sur lequel quelque chose était écrit, avant de le tendre au maître d'armes.

« Je me doutais que tu souhaites aller plus loin ! Voici là où il habite.

- Merci, mon ami, je ne sais pas ce que je ferais si tu n'étais pas là.

- Je te rassure, je ne sais pas non plus ! »

Les deux hommes rirent légèrement, puis le jeunot attrapa le morceau avant de le lire.

« Fais gaffe à toi, surtout. Si des personnes ont vraiment réussi à s'en prendre à ton père, ils ont les moyens de s'en prendre aussi à toi. »

L'intéressé le regarda dans les yeux, déterminé.

« J'en suis conscient, et c'est ce qui m'est déjà arrivé, mais je compte bien retrouver mon père, qu'importent les épreuves que je devrais traverser. Je dois m'assurer que tout va bien. »

San ne pouvait plus répondre qu'en hochant la tête, souriant légèrement. Le petit avait son but en tête, et il le connaissait assez pour savoir qu'il irait jusqu'au bout.

« En tous cas, je t'en dois une !

- Tu ne me dois rien du tout, si ce n'est de revenir continuer ton entraînement dans le coin ! C'est que je n'ai pas encore fini de t'apprendre toutes mes techniques. Je n'arrêterais que lorsque tu me battras !

- Ahah, avec grand plaisir. Ça arrivera un jour ! »

C'était sur ce dernier échange qu'ils se quittèrent pour le moment. Baldwin se dirigeait vers sa cible, suivit de prêt par Athear.



La journée était déjà bien avancée lorsque le stryge était passé voir son ami, aussi, la nuit était déjà tombée lorsqu'il trouva enfin la maison qu'il cherchait. Située au fond d'une rue peu fréquentée, de ce fait encore plus calme à cette heure, elle était assez banale, identique à beaucoup d'autres. Seulement, il avait la désagréable sensation que quelque chose n'allait pas. Il se tourna vers Athear.

« Reste ici, mon amie, et sonne l'alerte s'il y a quoi que ce soit, je vais faire vite. »

Il rit gentiment lorsqu'elle lui donna quelques petits coups de crâne affectueux sur son plastron, et qu'elle alla se placer à son aise sur le côté. Il reprit ensuite son sérieux, et alla toquer à la porte. Aucune réponse. Il recommença.

« Il y a quelqu'un ? »

Toujours rien. Pourtant, il savait que son habitant, un homme dans la cinquantaine, ne sortait que très peu, et même, n'avait pas été vu depuis pas mal de temps. Il n'avait pas quitté la ville. Le maître d'armes commença à faire le tour de la maison pour trouver une fenêtre, et tenter de voir s'il y avait du mouvement à l'intérieur. Malheureusement, aucune flamme n'était présente, et l'obscurité ambiante l’empêchait de discerner grand chose. Il revint alors à la porte, et plaqua son oreille contre le vieux bois. Aucun son, tout était calme, mais grâce à cela, il put sentir une légère odeur désagréable, filtrant d'entre les planches pourtant bien serrée les unes contre les autres. Une odeur qui lui rappelait presque les proies d'Athear, lorsque ça faisait plusieurs jours qu'elle les possédait, mais en pire. Une odeur qui le décida à agir. Il recula, et dégaina sa lame, activant par la même occasion son emblème. Le but était surtout d'avoir une excellente source de lumière, grâce à l'aura qui entourait son arme. Ensuite, il enfonça l'entrée d'un violent coup de pied, brisant les morceaux de bois en copeaux sans grandes difficultés.

Aussitôt, il se plaqua par réflexe la main gauche sur son nez, tant les flagrances étaient difficilement supportable. La pourriture. La décomposition. Un cadavre. Il entra à l'intérieur, et put observer à sa lueur le mobilier intact, mais recouvert d'une épaisse couche de poussière. Même le sol en était recouvert, signe d'aucun déplacement depuis longtemps, peut-être même son arrivée à Kastalinn. Il fit le tour de la pièce, et le repéra enfin. La source de cette odeur, mais aussi celle de son père. Du moins, de ce qu'il pouvait voir, car son état était bien avancé. Dans un coin, caché des fenêtres, il gisait là, appuyé contre le mur, une plaie béante dans le cou, égorgé...

Baldwin bouillonnait. Ceux qui s'en étaient prit à lui étaient certainement ceux qui avaient tué cet homme, et ceux qui s'en était pris, potentiellement, à son père. Seulement, sa seule chance d'en savoir plus était partis dans l'au-delà...

« Paix à votre âme... »

Détournant les yeux, il s’apprêtait à sortir de là, l'air à respirer devenant insoutenable, lorsqu'il sentit le plancher agir bizarrement sous son pied. La sensation d'appui n'était pas la même. Il n'aurait pas su l'expliquer à quelqu'un, mais il se mit alors à genoux devant la latte qui l'intriguait, et tenta de la manipuler. La surprise fut présente lorsqu'il réussit à la soulever sans résistance, et qu'il trouva dessous un petit trou, dans lequel se tenait un livre, une sorte de carnet de notes. Ainsi, l'habitant de cette maison avait une cachette secrète, et elle n'avait pas été repérée par ses agresseurs, une aubaine pour lui. Aussitôt, le Gardiens le feuilleta rapidement, découvrant que c'était un journal. La chance lui souriait à nouveau ! Il le rangea dans sa sacoche, et rengaina son épée en sortant rapidement de là, retrouvant Athear. Il allait prévenir les miliciens pour ce cadavre, puis irait lire ses écrits au calme, tranquillement.



Une fois les soldats prévenus, et qu'ils allaient faire le nécessaire, le jeune stryge était retourné à l'auberge de La légende d'aràn. Ce qu'avait subit son nez lui ayant légèrement coupé l'appétit, il était aussitôt monté dans sa chambre, et était désormais plongé dans la lecture, assis sur un bureau, plusieurs bougies l'éclairant. Il avait vu juste, c'était bien le journal de l'homme, et beaucoup d'informations intéressantes y étaient présentes. S'il était si bien caché, c'était parce qu'il contenait vraiment tout, des choses qu'il ne devait dire à personne, et qui pourrait servir à leurs ennemis.

Ainsi, la victime avait des contacts bien placés, et était bel et bien l'indicateur de Saniel Nuussian. Il tenait le père de Baldwin en très haute estime, et recevait régulièrement sa visite, l'aidant de son mieux. Grâce à son aide, il avait pu mettre bon nombre d'ennemis hors d'état de nuire. Seulement, le dragonnier s'attardait sur toutes les dernières entrées, celles qui concernaient son affaire actuelle. Son père était revenu, comme le lui avait également indiqué San, à Kastalinn il y a quelque temps, et passait le voir plus souvent. L'ennemi qu'il traquait alors était fort, rusé, sans pitié, et visiblement, cela tenait à cœur au purificateur...

L'humain voulait continuer de le soutenir, aussi, il faisait jouer tous ses contacts pour le retrouver, car visiblement, la cible était de passage dans le coin. Malheureusement, cette activité finie par attirer à lui la dite cible. L'indicateur était également un homme lâche, qui tenait à la vie, c'était la raison pour laquelle il était redevable à Saniel, mais aussi celle qui le fit le trahir. Une simple menace de torture lente et douloureuse, avant de mourir pendu à ses propres tripes, lui avait suffit pour retourner sa veste. Ce chef, et son groupe, étaient bien informés. Ils traquaient également son père, et le connaissaient lui aussi, Baldwin, son fils. Ainsi, ils purent mettre en place un piège dans la maison que le Gardien avait visité plus tôt, et avaient bel et bien capturé son père, comme il le redoutait tant.

Les émotions se succédaient à la lecture, passant de la colère à la peur, à l'inquiétude. Ils lui tenaillaient le ventre, mais il finit le journal, et savait désormais tout. Ainsi, le traître, malgré son acte, avait toujours l'impression qu'une ombre planait sur lui, au point qu'il en devenait paranoïaque et insomniaque. Il savait qu'ils reviendraient pour le tuer lui, et ça n'avait pas manqué. Seulement, il avait de ce fait tout raconté, et espérait que cet ouvrage ne serait pas trouvé. Du moins, par de mauvaises mains... Son père avait été capturé, mais ils ne voulaient pas le tuer, et il le voulait aussi, lui, son descendant. Ils savaient où il était, Gardien à Stellaraë, et feraient en sorte de l'attraper à son tour. Malheureusement, il n'en savait pas plus, surtout du lieu où le prisonnier était maintenu, et qui leur servait de cachette, ni du pourquoi, mais il avait le nom de l'ennemi de sa famille. Lark, un puissant exécuteur stryge noir.

Le dragonnier n'avait qu'une envie, sauver son paternel, et faire justice. Mais il tremblait de colère, car il n'en avait pas les moyens. C'était pire que de chercher une aiguille dans une motte de foin... Il devait retourner à Stellaraë, et attendre qu'un autre groupe l'attaque. Eux devaient être au courant de tout, et après un interrogatoire, pourraient lui donner le lieu exact. C'était bien sûr risqué, mais c'était sa seule solution, dans la situation présente. Il prit aussitôt une feuille, une plume et un encrier, et écrivit un courrier à la Tour Blanche, aux purificateurs, pour les informer de tout ça. Ils devaient être au courant, et leur soutien pourrait être salvateur. Peut-être même qu'ils avaient plus d'informations. Il prit ensuite un deuxième parchemin, et rédigea un petit mot pour San, pour qu'il sache aussi, et pour le remercier à nouveau. Il enverrait le tout dès que possible, à la première heure le lendemain, avant de retourner à la capitale humaine.