Ayant grandi dans une famille xénophobe, il a eu du mal à se faire à l’idée que les “autres races” puissent être autre choses que des animaux ne pensant que par instinct ou des elfes péteux qui ne mangent que de la salade. Maintenant, même si quelques pensées traversent quelquefois son esprit, sa xénophobie a quasiment disparue … en tout cas pour les elfes.
Ayant vécu dans l’ombre de sa soeur et de ses parents, il a cultivé pendant longtemps une certaine impuissance acquise, le contraignant à une estime de soi absolument ridicule. Ainsi, il ne se considère pas foncièrement capable et remet souvent en cause les compliments d’autrui. Certains y voit une humilité quelques fois ridicule mais il met un point d’honneur à affirmer que c’est la vérité.
Justement en parlant de vérité, sa brève expérience de la vie lui a souvent prouvé que mentir n’offre un bénéfice qu’à court terme. De ce fait, il dit très souvent la vérité. Problème étant que si il se retrouve dans un coup fourré, cette naïveté risque d’entrer en contradiction avec son sens aigu de l’honneur, le mettant d’instinct dans un état de stress qui peut facilement le mener à faire n’importe quoi. Cet honneur, il l’a hérité de ses parents.
C’est d’ailleurs la seule chose dont ils se targuent de lui avoir appris. Pour tout le reste, il se demandent juste pourquoi c’est leur fils. Ils le comparent souvent à sa petite soeur Agathe, qui, même arrivée 1 ans après, arrivent à tout faire mieux que lui.
La dernière chose qui exaspère la famille Rausal, c’est la tendance naturelle de Jasper à se retrouver dans les ennuis jusqu’au cou à cause de sa malchance. Son meilleur ami, Simon, le ramène d’ailleurs souvent à moitié assommé à la maison suite à une dispute qui aurait dégénéré. Simon… où le gendre parfait d’après les parents Rausal. Plus petit que Jasper certes mais plus intelligent et aussi plus fort. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si Agathe est tombé dans les bras de Simon. Malgré son amitié envers son meilleur ami, Jasper lui envie souvent ses facultés. Pouvoir provoquer un regard de fierté chez les membres de sa famille, c’est tout ce qu’il demanderait. Malgré ça son père lui rit bien plus souvent au nez qu’il n’est permis et sa mère a souvent l’air déçue de ses tentatives désespérées à rattraper ses erreurs. Sa soeur, quant à elle, lui rappelle souvent de grandir un peu et que, de ce fait, la pitié qu’on peut avoir en le regardant n’est clairement pas anormale.
Malgré tout ça, et paradoxalement, Jasper n’a jamais cessé d’aimer ses parents et sa soeur. Cela dit, il ne suffit que d’un pas pour que cet amour se transforme en haine. Comme dira son mentor plus tard, il a un coeur que les autres ne peuvent que lui envier, malgré sa fragilité.
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Il faut que tu mange maintenant” ordonna Risryn en tendant une ration à Jasper, recroquevillé contre une rocher.
Le silence de cette nuit fraîche dans le désert central venait d’être rompu par un ordre doux empreint d’une attention particulièrement prononcée. Malgré son masque de bois, on devinait aisément l’attente d’une réponse de la part du garçon, en vain.
Aucune réponse ne s’échappa ni de la bouche ni des yeux du gamin. Ses yeux avaient perdus toute leur vie depuis ce matin. Des bandits les avaient attaqués dans un canyon quand ils étaient encore en train de lever le camp. Une nuée de flèches avait noirci le ciel avant d’éteindre la majeure partie des vies qui peuplait le groupe d’explorateurs, comme des bougies soufflées par un ouragan. L’oncle de Jasper avait eu à peine le temps de sommer Risryn de protéger son neveu qu’il se prit deux flèches, l’une dans le genou et l’autre en plein poitrail, avant de s'effondrer par terre. Jasper n’eut même pas le temps de pleurer sa mort.
Avec un silence pour seul réponse, Risryn posa la ration devant le garçon et attrapa quelque chose dans son sac pour le poser juste à côté de son écuelle.
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C’était la boussole de ton oncle, dit-elle en tendant l’objet à Jasper,
de tous ses biens, sa boussole était celui qu’il gardait toujours près de lui. Elle est dans sa famille depuis maintenant deux générations d’explorateur,... il aurait voulu que tu sois la troisième.Serrant la boussole qu’il venait de prendre dans les mains, Jasper demanda, les larmes aux yeux:
“Vous qui avez longtemps voyagé avec lui… pourquoi fondait-il autant d’espoir en moi,... je ne sais même pas me défendre correctement. Je ne suis bon qu’à prendre des coups. Il a toujours été très gentil avec moi malgré le fait que je n’ai jamais rien fait pour lui. Pourquoi m’aimait-il, Madame?Après un léger moment de réflexion, Risryn s’avança pour se tenir face au garçon. Se remettant sur ses genoux elle avait maintenant sa tête en face de la sienne. Dans un mouvement simple et doux, elle retira son masque et dévoila un visage défiguré par une cicatrice parcourant l’ensemble dans une déchirante diagonale. Au-delà du physique atypique de son interlocutrice, ce qui le frappa c’était l’expression de son regard. Un sentiment de tristesse intense et d’impuissance traçait des plis sur son visage.
“
Ton oncle voyait en toi l’enfant qu’il n’a jamais pu avoir. Il savait voir dans les gens le meilleur d’eux-mêmes. Mais pour lui, tu étais un enfant qui n’avait pas grandi dans la bonne famille. Non pas qu’il considérait tes parents comme de mauvaises personnes mais il aurait tellement voulu que tu sois son fils qu’il en devenait malade de les voir te traiter comme un incapable.Sur ces derniers mots, elle prit la main droite de Jasper et la referma sur la boussole de son oncle avec un calme contrastant avec son visage, crispé par la tristesse.
“
Il était intimement convaincu que tu était capable de grande chose, il suffisait qu’au moins une personne croit en toi en ce bas monde.-Merci, répondit le garçon s’affaissant dans les bras de Risryn sous le poids de sa tristesse partagé avec elle.
Les pleurs de Jasper poussèrent Risryn à augmenter la force de son étreinte et à le consoler comme son propre enfant . Avec ses dernières larmes, elle chuchota :
“
Tu n’es plus seul, mon garçon, je suis là maintenant”.
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Quelque part dans le désert de harenaSur un rocher plat érodé par le vent sableux venant du nord, deux combattants s’affrontent, à l’ombre d’une petite oasis. Dans une danse rythmée par les froissements de leurs vêtements et par leur échange de poings, l’un enseignait tandis que l’autre apprenait.
“
De sûrs appuis seront toujours plus fort qu’un …, précisa Risryn avant de bloquer le poing de son élève qui venait de l’interrompre,
assaut déséquilibré”
Dans la dernière syllabe, elle colla son dos tout en attrapant la tête de son cancre d’élève avant de le faire passer par dessus son épaule. Ce mouvement arracha un hoquet de douleur à Jasper qui venait de percuter le solL’échange prit fin quand l’étreinte de son maître se desserra autour de son cou. Jasper venait de manger une vilaine chute et son maître lui laissa le soin de s’ébrouer et de se relever. Avant de descendre de la scène, il se salua, poing contre la paume, et descendirent chacun de leur côté.
“
Tu aurais du te détendre au lieu de t’énerver, précisa le maître en appuyant chacune des syllabes de sa rectification,
dans ce mouvement, tu as eu la mauvaise idée de te crisper quand tu as été saisi, ce qui a causé un défaut dans tes appuis. rappelle-toi de toujours être souple sur tes appuis et dans tes coups.”
-Souplesse, Souplesse, facile à dire pour une elfe, répondit l’élève en se malaxant l’épaule, le visage légèrement crispé par la douleur.
-Pardon? grogna Risryn en déportant son attention sur son élève, est-ce une remarque raciste?
-Non, non, non, relança Jasper, devenu rouge à cause de la stupidité de sa remarque,
c’est juste qu’en 250 ans, tu as eu le temps … de perfectionner ta technique.Cette réponse gênée eut au moins l’effet d’un petit rire étouffé de la part de son maître qui s’approcha de l’oasis pour souffler un petit moment.
“Dis-moi Risryn, …-Maître Risryn, interrompit-elle laconiquement,
tu as le droit de me tutoyer mais tu m’appelles Maître Risryn quand tu veux t’adresser à moi… on verra si tu aura le droit de m’appeler par mon prénom à la fin de ta formation.-Maître Risryn, reprit le rouquin,
pourquoi portez-vous…
-Tutoiement, rétorqua le maître attendant la correction de la part de son élève.
Après un instant de ravalement de fierté et d’agacement pour ces soucis d’étiquette, Jasper réfléchit à sa phrase et reprit donc par :
“Maître Risryn, pourquoi portes-tu ce masque à longueur de journée?”Après un hochement de tête approbateur, le maître répondit:
“Faisons un pacte,... à chaque fois que je réponds à une de tes questions à visée personnelle, considère que tu devras me retourner la faveur en répondant à la mienne”-Très bien, répondit aussitôt Jasper.
Après un silence mettant en évidence sa recherche de mots précis, la réponse ne se fit pas plus attendre :
“Un jour que je pensais pouvoir protéger l’un des miens d’une altercation avec des malfrats peu scrupuleux, je jaugea mal l’un des leurs qui avait fini par me terrasser et par me briser un bras, avoua Risryn sans broncher dans la prononciation de ses mots, ils tuèrent mon ami et me firent une balafre sur le visage, symbole de leur force sur leur adversaire.”Après une bref instant de répit, elle continua :
“Depuis ce jour, je me refuse à exhiber cette partie de ma vie à tous ceux qui veulent me regarder dans les yeux. Cela m’a appris que mal jauger un adversaire peut s’avérer fatal. J’aurais juste voulu que cette apprentissage ne se fasse pas au détriment de mon ami.”Digérant cette histoire avec difficulté, Jasper ressentit de la peine ainsi qu’une certaine culpabilité à lui avoir fait avouer une partie de sa vie.
Quelques secondes passèrent avant que Risryn se ressaisit et demanda :
“A ton tour, il y a presque un mois, tu m’as demandé que je te forme malgré le fait qu’on était plus qu’à une demi-journée de marche de chez toi,... Maintenant, avant de continuer ta formation, tu me dois des explications. Pourquoi n’es-tu pas rentrer chez toi?Réfléchissant à sa réponse sous l’oeil attentif de son maître, Jasper prit un moment avant de répondre en sondant la surface de l’eau comme si la réponse flottait devant lui.
“Onyx et Agathe Rausal sont de piètres parents. Plus pour moi que pour ma soeur, d’ailleurs. Jade a su trouver sa place assez rapidement. Au début, ça me rendait malade mais au fur et à mesure, leur déception à mon égard avait atteint de tels sommets que j’en venais à penser au suicide… je me sentais tout bonnement inutile quoique je fasse. Et puis j’ai rencontré Oncle Darrell et il a cru en moi aux bon moments. Le jour où il m’a demandé de venir avec lui, je me suis quand même dit que j’abandonnais une partie de ma famille mais au final que je sois ici ou à la maison, ça ne fait pas grande différence. Mon seul repère émotionnel jusqu’à présent, c’était mon oncle mais j’ai senti à travers tes réactions et ta façon de me parler que je suis bien plus tranquille en ta compagnie qu’avec ma famille. Avec toi maître, j’ai l’impression d’avoir trouver ma voie ainsi qu’un véritable parent.”-Ses paroles sincères me vont droit au coeur, Jasper. La voie des arts martiaux accueille des gens à raisons diverses et variées. Je suis heureuse que ce soit pour ces raisons-là que tu ais décidé de l’emprunter.Cette dernière phrase fut accompagnée d’une tape amicale sur l’épaule non endolorie et d’un sourire compatissant que Jasper pouvait deviner derrière le masque de son maître.
Après un court moment de repos où ils purent vaincre un brève instant la chaleur du désert par une gorgée bien fraîche de l’eau de l’oasis, elle reprit :
“Allez, mets-toi pieds nus et remonte sur la scène”-En plein soleil?!? tu veux que je me brûle les pieds, s’estomaqua Jasper, surpris de l’ordre de son maître.
-ça t’apprendra à ne pas être statique au moins, rétorqua ironiquement Risryn,
je vais t’apprendre une nouvelle façon de danser. Je vais t’enseigner la danse des esclaves. -Une dernière question, maître? interrompit le garçon,
combien de temps vais-je pouvoir rester avec toi?-1 année environ, après cela, tu partira en voyage seul pendant 5 mois entier, précisa Risryn accompagnée de son calme légendaire, au terme du dernier jour de ce voyage, je te retrouverais et nous ferons un point ensemble sur ce que tu auras appris et tu pourras continuer ta formation.
Sur ces mots, elle somma le salut sur la scène rocheuse chauffée par la lumière du jour et les deux reprirent l'entraînement.
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Quelque part perdu sous les toits de Faz“Comment ais-je fait pour survivre?”Vague question perdue au milieu du nuage de poussière que Jasper avait soulevé par sa chute incontrôlable. En faisant un diagnostic rapide de l’état de son corps, le garçon grimaçait de plus en plus au fur et à mesure qu’il se rendit compte que c’était un miracle que la vie ne l’ai pas quitté. Le trou béant au toit témoignait de la hauteur de sa chute.
“Probablement que des bleus mais 3 côtes cassées” nota-t-il en se malaxant lesdites côtes fracturées.
C’est en se levant, douloureusement, qu’il se rendit compte qu’il s’était fait une entorse à la cheville gauche l’obligeant à chercher ce qui pourrait lui servir d’appui. Tendant l’oreille dans le silence, il entendit un miaulement plaintif qui venait de l’autre côté de la pièce. S’approchant de la source du bruit, il remarqua un gros chat qui était coincé sous la poutre qui avait causé sa chute. Petit à petit, la raison, qui l’avait poussé à marcher sur cette vieille poutre, lui revint. Il avait été poursuivis par des malfrats comme il en existe partout dans cette ville tentaculaire. En essayant de leur échapper, il avait marché sur une vieille poutre dont il n’en avait pas bien jugé la solidité. Le chat vers lequel il se rapprochait montrait clairement sa peur en exhibant ses crocs dans un rictus menaçant et en fêlant avec toutes les forces qui lui restait. Certes, Jasper était responsable du malheur de ce pauvre animal mais il n’allait pas le laisser mourir ici. Qu’à cela ne tienne, se dit-il, il se pencha pour soulever ce qui affligeait ce pauvre félidé et sentit la bête le griffer et le mordre de toutes ses forces. Cela n’empêcha pas le garçon de le tirer hors des décombres. Tiré en lieu sûr, la féroce bête lâcha son emprise sur le garçon et tenta de s’enfuir, en vain. Jasper remarqua alors que ses deux pattes arrières étaient cassées. Se rappelant les principes de partage et de bienveillance à l’égard de tout être vivants prodigué par son maître, le garçon se résolut à aider cette moitié de félidé qui rendait ses dernières forces dans des efforts de menace inutiles.
“ça va aller, je suis là pour t’aider même si tu m’a sérieusement amoché le bras, sale bête, dit-il en approchant aussi doucement que faire se peut la bête qui continuait à montrer son désaccord,
tranquille je vais juste t’emmener pour te soigner.”Accompagnant ses gestes de chuchotement doux et avenant, le chat ne fit que quelques nouvelles griffures sur l’autre bras de Jasper avant de se faire soulever par le jeune homme qui l’emmena chez lui.
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A l’aube du 7ème crépuscule
Le soleil venait de percer le ciel de sa lumière matinal sur un Jasper qui n’avait pas dormi proprement depuis 2 jours. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il refaisait le même rêve après chaque endormissement. Celui d’un bête tapi dans l’ombre qui l’appelait dans l’obscurité. A chaque fois qu’il se détournait de ce terrifiant appel, il sentait qu’il devenait une proie pour un prédateur invisible mais présent. Avec ceci, rajoutez des douleurs parcourant tous les niveaux du corps du garçon et ainsi vous comprendrez son niveau de fatigue assez extrême.
Résigné à fermer une dernière fois les yeux, il sombra dans un sommeil abyssal qui le happa dans les plus obscures recoins de son esprit.
Ici rien d’autre que lui et ses démons.
“Tu n’es qu’une raclure inutile”
“Simon était un bien meilleur fils”
“C’est toi qui aurait dû mourir”
Jasper était entouré de sa famille. Les regards envers lui étaient empli de déception et de haine à la fois. Son regard, lui, ne pointait plus que vers le sol, essayant de ne pas tenir compte de ce qu’il entendait.
“Pourquoi ne l’as-tu pas rattrapé?”
“Je ne veux plus jamais t’appeler fils encore une fois”
“simon méritait notre nom bien plus que toi”
“Tu n’avais qu’à le garder ”Les voix se faisant plus forte et entêtante à mesure que les membres de sa famille se rapprochait, Jasper se recroquevilla sur lui-même en se tenant la tête.
“Non, je l’ai pas lâché, c’est…, argua Jasper les yeux embués par des larmes retenues avec fébrilité.
-MENTEUR!!!
-MEURTRIER!!!
-Il te sommait de ne pas le lâcher mais tu as préféré garder ta misérable vie plutôt que de sauver quelqu’un,... ÉGOÏSTE.
-Tu as encore manqué un moment pour être un héros, Jasper,...-C’était lui ou moi, pleura-t-il,
je n’ai pas été pas assez fort pour le retenir.L’esprit de Jasper commençait à s’effondrer sous le poids de sa culpabilité et du stress provoqué par sa famille. Au bord de l’implosion cérébrale, Jasper entendit une dernière phrase, prononcé à l’unisson par ces 3 voix fantomatiques :
“A ta naissance, nous savions, ta mère et moi, que nous avions fait une erreur en t’engendrant.”Quelques secondes.
Un cri inhumain.
Des crocs cassant le cou d’une sœur.
Des griffes lacérant les entrailles d’une mère.
Une force acharné écrasant un père.
Puis le silence.
Quelques secondes après le massacre, la respiration de Jasper était devenue forte et caverneuse, assez rauque pour qu’il regarde ses propres mains. Des mains pourvues de griffes, une bouche pourvue de canines acérées et des poils foncés le fondait dans les ténèbres environnantes.
Dans un dernier cri, il y expulsa toute la frustration accumulée depuis son enfance jouissant de cette nouvelle puissance qui lui retournait désormais l’esprit.
Ils ne faisaient désormais plus qu’un.
Quelque chose subsistait néanmoins. Comme d’un sixième sens, il sentit la présence de quelque chose de faible mais présent. Il se mit aussitôt en chasse de cette nouvelle proie, guidé par cette instinct de tueur nouvellement acquis. slalomant entre ce qui s’apparentaient à des arbres sans feuilles, Il courait, à deux puis à quatre, ses yeux brillants rivés dans la direction de sa proie. L’obscurité n’était plus ni son ennemi, ni un obstacle, mais son allié, son ami. Ayant senti, la proie se mit à courir de toutes ses forces. Même guidé par sa peur, elle ne pouvait échapper à lui. L’excitant par ce sursaut de débattement, il sprinta droit vers elle pour lui sauter dessus, la plaquant par terre de tout son poids. Les pieds et les mains entravé par cette nouvelle force, il scruta les traits du visage de cette proie et en fut choqué. C’était Jasper par terre. C’était lui par terre. Le poids de l’enivrement de la chasse et la vue de cette chose incapable de se libérer de son étreinte fit apparaître un rictus carnassier au prédateur qu’il était devenu.
Levant les poings au ciel, il les chargea de toute la rancœur qu’il éprouva pour la personne qu’il était et les fit s’écraser, une fois, deux fois puis une dernière et ultime fois, libérant toutes ces années d’impuissance infligé par sa famille.