Contre

Le ciel gris, le froid environnant, la foule silencieuse, le championnat pouvait désormais reprendre. L’hiver se faisait sentir pour le plus grand plaisir des guerriers de l’arène. Le froid motive, il stimule les combattants, les obligeants à toujours rester en mouvement, ce qui n’était pas plus mal pour garder un peu l’effet de surprise. J’avais remarqué la présence de nombreux spectateurs venu d’Ishtar, le fait que j’affrontais la maîtresse d’arme Lexshia y était sûrement pour quelque chose. Sa réputation n’était plus à faire et la mienne ne faisait que grandir depuis mes premiers faits d’arme. Mais je m’attaquais là à un gros morceau, je risquais d’y perdre beaucoup, mais la récompense en valait la chandelle !

Je m’assurais d’être parfaitement équipé pour ce combat, ma faux, ma dague, mes bottes biens serrées. Nous nous étions rapprochés et salués pour débuter le combat. La guerrière, peu vêtu, sorti deux lames rappelant vaguement les courbes elfiques données à leur arme. Leur légèreté donnait un sens au mot meurtrier. Mais elle faisait face à un Stryge Noir, probablement pas encore aguerris, mais en devenir tout du moins. J’allais faire de mon mieux pour ce combat !

Le combat débuta, je ne perdis pas de temps et me rapprochai de ma cible à une vitesse fulgurante. L’effet de surprise est l’arme la plus meurtrière d’un assassin, ma vitesse me permettait de surprendre mon adversaire sans lui laisser le temps d’anticiper une attaque et de préparer sa parade. Elle réussit tout de même à dévier une partie de l’attaque grâce à ses protèges-poignets en argent, mais la faux vint se faufiler à travers sa garde et parvint à lui retirer un peu de sa chair qui s’étendit sur le sol. La blessure n’était pas mortelle, mais profonde, laissant s’échapper plusieurs filets de sang. Il valait mieux que je reste concentré, le combat n’était pas terminé et une seule attaque pouvait être meurtrière, ma profession me l’avait bien enseigné ces dernières années.

Contre

La guerrière ne broncha pas, restant aussi droite que sa lame. Son arrogance démontrait parfaitement le gouffre qui nous séparait. Son regard s’assombrit et ses yeux s’injectèrent de sang. J’avais en face de moi une véritable bête féroce. La maîtresse d’arme fonça en un éclair, comme si sa blessure n’était rien d’autre qu’une égratignure. En un seul coup, elle déchargea toute sa fureur dans son poing, me mettant au tapis sans que je ne me souvienne de ce qui s’est passé par la suite.

A peine remis sur pied, que je décidais à nouveau de m’inscrire en tant que combattant contre cette fameuse Therianthrope. Je savais à quoi m’attendre et je n’aurai qu’à apprendre sur le tas, au fur et à mesure de nos combats. Un apprentissage long, mais efficace qui me permettrait de montrer à tous ma domination ! Attendez … quelle domination ?

L’on m’avait informé de mon prochain combat, la titanesque chevaucheuse de lion géant arrivait à faire mugir l’armée de spectateur qui était venu la voir triompher de ses adversaires, remplissant leur poche de quelques pièces d’or sur les paris lancés en sa défaveur. Il y en avait encore qui espérait voir cette combattante allongée au sol, peut-être qu’aujourd’hui, j’arriverai à changer les choses et à faire profiter tous ces pitoyables humains de sa défaite. Pour ma part, seule la victoire m’intéressait et je ne comptais pas laisser cette chance me filer à nouveau entre les doigts !

Encore et toujours cette arrogance naturelle, elle ne se souvenait déjà plus de moi et de ma petite frimousse. Je tâcherai de lui rappeler rapidement en face de qui elle se tenait. Même si elle devait m’humilier encore une fois, je reviendrai, plus fort, avec plus de rage. Je me laissais aller dans ma furie sanguinaire et déchaînais mes lames sur la prédatrice. Elle s’était préparée à recevoir le coup et à contre-attaque, c’est ce moment-là qui sera décisif. Cela me permettra, si j’échoue à nouveau, de savoir de combien de temps j’ai besoin pour la terrasser juste avant sa riposte.

Elle para sans difficulté mon attaque, mais nous fumes désarmés, chacun ayant une lame pour se battre dorénavant. Mais sans ma faux, le combat tournerait peut-être à mon avantage, je manquais peut-être d’un peu de rapidité ? Je me rapprochai rapidement de mon adversaire et, plutôt que de lui entailler le corps, bloquai son épée avec ma dague afin de me laisser une ouverture de l’autre côté de sa garde. D’un mouvement en pivot sur les talons, je lui envoyai la semelle de ma botte en plein visage, projetant la prédatrice à bonne distance. C’est maintenant que nous allons pouvoir voir si j’ai encore des progrès à faire !

Contre

Malgré une détermination sans faille, la tournure de chaque combat contre cette tigresse se résumaient par une contre attaque fulgurante et dévastatrice. Sa force reposait sur une seule attaque, mais elle devait pour cela encaisser la première. Impossible de garder une quelconque distance entre elle et moi après l’assaut , sa réactivité et son intuition comblaient aisément son manque de rapidité. Une fois de plus, je me retrouvais devant elle, toujours aussi impassible. Cette fois-ci, la peur m’avait accompagné sur ces terres battues. Je ne pouvais qu’accepter mon infériorité devant pareil monstruosité. Mon premier assaut fut paré sans difficulté, repoussant ma faux au loin. Je manquais de confiance en mes capacité, mais impossible de nier la force surhumaine de cette femme. Ion se rapprochait bien plus de la femme fatal que de la femme idéale, n’est-ce pas ?

Contre

Après mes échecs répétés dans l’Arène face à cette therian, mes entraînements et leur difficulté ont doublé durant les jours qui ont suivis. Voilà 15 jours que je me suis entraîné comme un forcené afin d’atteindre un tout nouveau niveau, la seule quête de puissance qui me poussait à aller de l’avant. Aujourd’hui, il étai temps de rendre des comptes, sur ce sable teinté de sang, au milieu de ces spectateurs. La plupart allait certainement parier sur ma défaite, cela allait être ma quatrième défaite d’affilé, certains trouvaient mêmes que mes réinscriptions intempestives devrait être refusé pour ne pas déranger les vrais combats. Cela ne semblait pas préoccuper le moins du monde la lionne que j’avais devant moi, toujours aussi confiante et sereine.

Le combat avait commencé depuis quelques minutes déjà, une baston de regard intense. La tension était électrique, mais d’aucun ne bougeait, le premier à se lancer serait le plus en danger, mais aussi le plus sûr de lui. Elle avait conscience que je n’avais plus du tout les mêmes capacités et c’était pour cette raison qu’elle restait immobile, attendant de voir de quoi j’étais capable dorénavant. La suite du combat ne dura pas aussi longtemps que cette première lutte sans merci. Quelques secondes me suffirent pour plier les genoux et me propulser d’un bond volant jusqu’à ma proie. Les rôles s’étaient inversés, la lionne n’était plus la prédatrice, mais bien la proie dans ce combat. Elle n’avait pas su me suivre des yeux, le temps pour moi de m’armer dans son dos et la mettre Ko d’un seul coup de manche. Le combat était terminé … La foule restait silencieuse, ne comprenant pas ce qui venait de se passer. Dans cette démarche nonchalante qui me ressemblait bien, je quittais l’arène, les mains dans les poches.