MOTH
CHRONIQUES ET PÉRIPLES
Identité
Nom ─ «
Moth » ; comme les papillons de nuit qui s'attardent souvent bien trop près des lanternes. C'est ainsi qu'elle se présente, tant est si bien que rares sont ceux qui la connaissent par une autre appellation que son pseudonyme d'artiste. Son vrai prénom est en réalité
Siona. Quant à son nom de famille, il vous faudra montrer un peu plus d'insistance -et payer bien plus de chopines que vous ne seriez prêt à le faire pour cette information.
Âge ─ Une vingtaine d'années physiquement. Un peu plus en réalité.
Sexe ─ Féminin.
Race ─ Vampire mordue.
Classe envisagée ─ Arlequin.
Métier envisagé ─ Conteuse, devineresse, charlatan quand les temps se font durs. De façon plus pragmatique, sculptrice.
Capacité magique ─ Cartomancie. Moth est capable de discerner l'un des innombrables futurs qui concerne son interlocuteur -ou elle-même- en lui tirant les cartes et en les interprétant. La justesse du résultat dépendra de son interprétation. Dans les périodes magiques les plus fertiles, il lui arrive également d'entrapercevoir des visions étranges, de lieux et d'êtres qu'elle ne connait pas. Elle a cependant appris depuis bien longtemps que se perdre dans le gouffre de la contemplation de son propre pouvoir ne mènerait à rien d'autre qu'à sa propre perte.
Mode hardcore ─ Diantre, non.
Description physique
Blancheur immaculée relevée seulement par des vêtements lestes et colorés, frappants d'une élégance calculée et d'une indiscrétion notable, Moth semble toute d'ivoire faite. Porcelaine délicate, de sa peau pâle -quoique ses plus fervents détracteurs parleront de maladive et blafarde- à sa longue chevelure laiteuse irréaliste, on lui prête à n'en pas douter quelques origines non-humaines. On est d'ailleurs souvent bien trop proche de la vérité, pour le plus grand malheur de la concernée. Les gestes agiles et graciles, Moth semble se mouvoir en partenaire de danse expérimentée, attentive, anticipant chacun de vos propres gestes pour les mimer ou au contraire s'y soustraire sans heurts. Le pas léger et la présence silencieuse malgré son apparat flamboyant, Moth murmure et se faufile, chaque mot longuement soupesé pour ne pas perturber le silence plus que nécessaire. Ses yeux d'un bleu clair presque translucide pétillent d’une espièglerie complice lorsqu'on prend la peine de s'y intéresser, bien qu'il n'est pas rare d'y entrapercevoir le temps d'un battement de cils une ombre plus mélancolique frappante d'humanité.
Son apparence pour le moins éthérée est amplifiée par sa carrure longiligne, frêle et fragile, un peu plus haute que la moyenne. Moth essaye tant bien que mal de couvrir le côté décharné de son corps par des vêtements amples et flottants dans le sillage de ses mouvements, d'une couleur contrastant sa peau décolorée et son physique monochrome. On pourrait presque s'y laisser prendre, si on ne regardait pas de trop près...
Description mentale
Moth dégage ce quelque chose d'unique qu'on retrouve chez les prêtres et les assassins, cette culture du secret et du silence presque mystique qui semble se dégager d'elle par volutes vaporeuses là où elle passe. Énigmatique est sans doute l'un des adjectifs les plus prisés pour décrire la jeune -tout du moins à première vue- femme. Sans doute son apparence pour le moins fascinante y contribue d'ailleurs. Mais lorsqu'on ne s'arrête pas à la première impression, on peut se rendre compte que Moth, c'est aussi des petits sourires malicieux au coin des lèvres, une voix chaude aux intonations riches et à la diction délicate. Des coups d’œil entendus au pétillement espiègle. Des rires cristallins comme des carillons sous le souffle d'une brise. Moth est charismatique, en effet, et l'observer et l'écouter est une expérience intéressante. Lorsque vous vous rendrez compte que c'est souvent pour mieux vous soutirer des informations ou pour vous détrousser en toute discrétion de votre argent, elle sera sans doute déjà bien loin, malheureusement pour vous...
Étonnamment pragmatique, Moth ne voit pas le monde en blanc ou noir : plutôt en nuances de gris. Il faut ce qu'il faut pour survivre, et malheureusement pour elle, les grands idéaux ne l'ont jamais nourri. Elle est loin d'être dénouée de croyances ou de respect : elle considère juste que c'est à elle de décider quand cela s'applique, c'est tout. Elle n'est cependant pas quelqu'un de foncièrement hostile -et tant que la situation n'est pas désespérée, elle pourra même devenir une compagne de voyage plutôt fiable, tant que vous ne comptez pas foncer tête baissée dans tous les ennuis qui pourraient se profiler. La fuite n'a rien de déshonorant lorsque c'est pour sauver sa propre vie, a-t-elle après tout décidé il y a de cela bien longtemps. Mieux vaut être un lâche vivant qu'un idiot mort, et c'est tout.
Foncièrement pudique, Moth ne dévoile jamais son corps, même de façon partielle. Lorsque cela arrive par inadvertance -une manche qui se relève, un gant qui tombe, son réflexe premier avant tout autre sera de rectifier la situation de façon paniquée et presque hystérique -et ce quelque soit le contexte. Ne pas réagir de la sorte lui demandera énormément de contrôle et de concentration, et si parfois elle est bien obligée de feindre la décontraction, cela lui est une véritable torture. Plus encore si elle est forcée d'entrer en contact avec quelqu'un, peau contre peau, la plongeant dans un état d'angoisse pur, proche d'une transe. Par conséquent, elle prend soin d'anticiper ce genre de situations pour que jamais elles ne se produisent. Lui faire une remarque sur le sujet ne mènera d'ailleurs à rien d'autre qu'un long silence contemplatif.
Contes d'une vie ou deux
I. Arcane du Jour ─ la Naissance, l'éveilDe son pays natal, Siona ne se rappelle que les étendues immaculées à perte de vue, interrompues ici et là par les gigantesques conifères qui semblaient chercher à percer le ciel de leur hauteur. Elle ne se rappelle que de la valse légère des flocons d'ivoire au gré du vent mordant et glacial. Elle ne se rappelle enfin que de la chaleur du feu et de la lourde tresse blonde que sa mère passait derrière son épaule lorsqu'elle la saisissait avec tendresse. Ne reste de ce temps là que quelques brides de souvenirs sans début ni fin, des images dispersées ici et là, resurgissant parfois lorsque la mélancolie l'emporte.
La mémoire est cependant une chose terriblement injuste, car jamais elle n'oubliera le fracas des armes, les hurlements de terreur, l'angoisse ambiante, les yeux frénétiques de leurs agresseurs excités par le pillage à venir, ni même le vermeil flamboyant qui tâche la neige pâle. Elle n'était pas bien âgée pourtant. Cela s'était déroulé à une autre ère, une autre époque, lointaine et désormais inaccessible. Les souvenirs d'histoires au coin du feu, des bras aimants de sa mère et des grands conifères s'arrêtent tous ici, disparaissant dans les méandres de ses souvenirs labyrinthiques. Elle ne garde de ce temps que ces frêles visions sans doute bien plus fantasmées qu'elle ne pourrait se l'avouer, ainsi que les cartes à jouer de sa mère frappées du symbole de Magnésie, que leur maigre clan semblait vénérer à l'ombre des grandes montagnes du Nord.
Siona fut emportée avec d'autres enfants et les ressources de son clan natal comme butin de guerre dérisoire. Le reste fut laissé derrière, à l'abandon. Mort. Elle préfère aujourd'hui ne pas trop penser à ce qu'aurait pu être sa vie si cette attaque n'avait jamais eu lieu, si elle était restée dans cette heureuse petite tribu. Comment tout aurait pu être différent.
II. Arcane de l'Air ─ l'Enfance, le VoyageLe Nord était bien loin, désormais. On l'avait parqué en compagnie d'une demi-douzaine d'autres enfants aux origines diverses, en grande majorité des filles, dans une petite pièce en bois. A ce moment là, Siona n'avait à l'esprit que l'appréhension et l'angoisse des épreuves à venir, elle n'avait vraiment pu s'attarder sur les grands paysages irréalistes qui s'étaient au fur et à mesure étirés autour d'eux. Les grands sapins de sa contrée natale faisaient pâle figure comparés aux bâtiments gigantesques construits de mains humaines. Si ses yeux n'étaient pas déjà agrandis par la peur, peut-être auraient-ils pu l'être par la curiosité et l'incrédulité tant tout ceci était différent de ce qu'elle avait jusqu'alors connu.
Les adultes qui avaient attaqué son camp et qui les avait traîné à travers la neige avaient laissé place à d'autres adultes, au teint plus hâlé et aux accents étranges. Ils avaient circulé parmi les enfants enlevés, en avait choisi certains, s'en étaient détournés d'autres. Siona avait baissé les yeux lorsque l'un d'eux s'était approché d'elle, se perdant dans la contemplation de ses propres mains pâles et amaigris par la faim. L'homme avait fait claquer sa langue et n'avait prononcé qu'un mot. Elle avait été choisie, elle aussi. Elle eut bien du mal à s'en sentir rassurée : elle n'avait aucune idée de l'endroit vers lequel on l'emmenait. Son seul réconfort, elle le puisait dans le petit jeu de cartes qu'ont avait consenti à lui laisser, mais surtout dans le regard de ses pairs, dans les yeux effrayés mais braves de ses aînés pourtant guère âgés qu'elle. Très vite, une solidarité primale s'était installée entre les enfants, les empêchant de sombrer dans le désespoir des nuits glacées qui s'étaient au fur et à mesure réchauffées alors qu'ils progressaient en direction du Sud. Devoir se séparer de la plupart d'entre eux lors de cette sélection fut comme vivre une petite mort, un arrachement brutal et cruel.
Siona pleura, pour la première fois depuis le commencement de ce voyage. Elle pleura, rattrapée par la compréhension des événements, la destruction de ses repères et de son foyer désormais disparu. Elle pleura pour la femme aimante à la tresse blonde, pour les enfants qu'elle voyait déjà partir au coin de son regard. L'homme hâlé avait brusquement haussé la voix, et s'il ne parlait pas la même langue qu'elle, son ton débordant de menaces ne laissait guère de place à l'incompréhension. Alors les pleurs de Siona se transformèrent en sanglots silencieux, hoquettement pitoyable, repris en écho par la plupart de ses petits compagnons.
─ Qu'avez-vous donc fait subir à cette enfant ? Elle est maigre comme un clou !La voix féminine avait claqué, sans que Siona n'en comprenne le sens. Revenant au présent, elle se contenta de se recroqueviller un peu plus alors que d'un grand geste, la matrone tout juste arrivée la désignait avec colère. Elle était belle. Ce fut la première remarque que se fit l'enfant avait de baisser précipitamment les yeux. La voix de l'homme hâlé raisonna à son tour, décontractée, légèrement agacée. S'en suivit une longue discussion. Une petite fille aux longs cheveux noirs et au regard d'un brun riche se serra contre Siona, qui passa un bras atour d'elle pour la rassurer, sans trop y croire elle-même. Était-ce là la fin de leur voyage ? Lorsque son regard croisa celui de la matrone, elle y lut quelque chose qu'elle ne comprit pas. Avec quelques années de plus, sans doute aurait-elle compris que c'était de la pitié.
III. Arcane du Feu ─ le Cœur, la SouffranceSiona était populaire, avec ses longs cheveux d'or pâle et ses yeux cristallins. Elle était exotique, prisée et convoitée. C'était en soi une bonne chose : elle avait une dette conséquente à verser à la maison de passe qui l'avait accueilli, il y a de cela plusieurs années. Les prostituées s'étaient attachées à elle et à ses consœurs fraîchement arrivées, les considérant comme des petites sœurs à couver et éduquer. Siona avait remarqué que le même phénomène s'était déjà produit lorsqu'elle s'était retrouvée sur la route avec tous les autres enfants. On l'avait nourri, remise sur pied. On lui avait appris avec force de patience et d'humour la langue locale, les us et coutumes de ce peuple qu'elle ne connaissait pas. Parfois, elle leur parlait des grands conifères, des feux de bois qui faisaient onduler des ombres contre les parois des montagnes gigantesques de sa contrée d'origine. Dans ces moments là, toutes prêtaient une oreille attentive, écoutant ses histoires, le regard rivé vers un extérieur inconnu qu'elles ne pouvaient atteindre.
Ici, toutes étaient prisonnières de leur propre mode de vie. Rêver était nécessaire. Siona avait toujours été douée pour faire rêvée les autres. Alors elle inventait des récits, brodaient des personnages et des péripéties autour de ce qu'elle connaissait, parfois même autour des racontars que les clients amenaient avec eux. Ces derniers ne venaient que rarement pour son talent certain à conter des mondes au delà du sien, malheureusement. Aucun ne venait pour son esprit retord et ses répartis affables non plus, soit dit en passant. Tant pis pour eux.
Mais parmi tous ceci, un seul et unique s'intéressait discrètement à l'étrange don que Siona insufflait à ses cartes : le Seigneur Rhysander. Les plaisirs de la chair semblaient l'indifférer, et s'il aimait converser avec la jeune nordique, il s'intéressait davantage à ses interprétations tâtonnantes sur son futur. C'était un homme énigmatique, à la présence sombre et noble tout à la fois. Si les sœurs affectives de Siona fantasmaient quelques histoires invraisemblable sur ce mystérieux client, cette dernière penchait plutôt sur l'hypothèse d'un riche bourgeois au quotidien ennuyeux. Les cartes parlaient de rivalités, d'alliances et de richesses. De pouvoir.
Si Siona ne savait trop comment interpréter ses silences attentifs et la lueur d'amusement qui dansait parfois dans son regard malgré un visage de marbre, elle se rendit vite compte qu'elle attendait souvent avec impatience sa venue. Cela augurait une nuit paisible, versée dans la pratique d'un art qu'elle ne pouvait que trop peu exploiter -et, surtout, le versement d'un large pourboire tout à fait hors de propos mais toujours bienvenu.
IV. Arcane Nocturne ─ la Lune, Magnésie« Ma pauvre muse, hélas ! qu’as-tu donc ce matin ?
Tes yeux creux sont peuplés de visions nocturnes,
Et je vois tour à tour réfléchis sur ton teint
La folie et l’horreur, froides et taciturnes. »
─ Beau de l'Air, Le Mal des Fleurs
V. Arcane de la Pierre ─ le Temps, la Solitude(oui c'est déjà découpé) (non je ne suis pas maniaque, c'est juste pour m'y retrouver, ok ? :c) (j'essayerai de finir le plus vite possible, je compte m'y remettre activement dès demain !)