Mon poste à l’institue de magie m'a été utile : j'ai pût avoir accès à quelques légendes et autres rumeurs écrites concernant les stryges originels. D'après ces écrits, leur créateur se serait endormi quelque part dans la banquise et serait à l'origine du climat. Après, ce ne sont que des légendes, mais chaque légende détient une part de vérité. Le plus dur est de trouver ou elle se situe.

Je suis donc parti en direction de la banquise. N'étant pas stupide, je me suis renseigné sur cette région et est donc pris un équipement en conséquence, même si je n'ai plus les mêmes besoins qu'avant. La nourriture m'est inutile du moment qu'une pauvre âme rencontre mon chemin, la chaleur du corps m'est indifférente lorsqu'elle ne dépasse pas un certain seuil et le sommeil ne fait que me rappeler un pacte passé.

Armé de quelques provisions de départ et de ma seule confidente, j'ai pénétré dans ce désert glacé. Les provisions se tarit au bout de quelques jours sans grande surprise. Mon voyage continua pendant un ou deux jours sans ressentir la fatigue ou la faim, grâce à elle. Même si elle assombrissait mes émotions, qu'elle me faisait perdre le contrôle, elle m'était bien utile.
Dans la banquise vivent d'étranges créatures d'après les dires et mon expérience. La vie d'une dizaine de rhinocéros recouverts d'une épaisse couche de laine me suffire à survivre durant mon investigation.

Cependant, même si je ne doutais pas que des créatures agressives pussent vivre dans ces lieux, je n'aurais pas cru rencontrer autant de démons. Essayant de m'attirer par de ridicule simulation de voix humaine, ils m'attaquèrent lorsque je voulus éteindre la lueur de vie provenant de ces voix.
Des êtres reptiliens, faits de glace en apparence. Plus rapide que moi, je ne pus que riposter. Ils ne me laissèrent pas le temps de respirer. Plusieurs tombèrent au combat, mais je n'en tuais pas assez pour régénérer mes blessures. Je dus fuir et m'en remettre aux étoiles.

Les Terres désolées du Sud. Ce qui a été un refuge avant que je ne quitte ce continent sans prévenir. Je ne doute pas que l'Ombre m'accueillera sans vergogne, mais je soupçonne qu'elle aura une pensée cachée, comme toujours.
Mon séjour dans la banquise m'a laissé de graves blessures, des gelures. Même si je marche, je sens mes jambes faiblir de plus en plus. Je n'ai qu'une pensé à l'esprit, trouver un être en bonne santé et le broyer !

Je reprendrais mes recherches dans le Nord, j'annihilerais chaque être sur mon passage et trouverait Meruyk !

Saigo était sorti, tôt dans la matinée. Il avait passé les derniers jours à Lédéhi, le QG de la Congrégation de l'Ombre, afin de se reposer de ses dernières aventures. Mais très vite, il avait ressenti un sentiment qu'il abhorrait: l'ennui. Alors ce matin là, il avait prit ses dagues, enfilé son armure, et était sorti en ballade dans les Terres Désolées du Sud. Corbac volait doucement au-dessus de sa tête, tandis que l'Exécuteur cherchait quelque proies à faire saigner. Il tomba rapidement sur une horde de zombie. Immédiatement, l'assassin sortit les griffes, et se lança dans la mêlée, perforant les trachées de ses ennemis morts-vivants. Cependant, il choisit d'en laisser un en vie. Après l'avoir assommé, il l'avait rapatrié dans ses quartiers au sous-sol, à l'aide d'une corde. Puis il l'avait attaché dans son atelier de torture. Il comptait bien se divertir.

Scalpels, lames en tout genre, chaînes... le stryge solitaire avait tout l'attirail nécessaire pour arracher des cris de douleurs à n'importe qui. Il ne se priva pas. Attendant patiemment que son cobaye zombis revienne à lui, il entreprit de lui arracher minutieusement chaque centimètre carré de peau qui lui restait. La chair mise à nue, il la perfora par petits points, dessinant un visage triste sur le buste du mort-vivant. Il planta plusieurs lames dans les membres de sa victime, brisa quelques os, avant de finalement l'achever, en lui tranchant la jugulaire. Puis il nettoya la mare de sang, et entreprit de sortir les poubelles. Il constata alors que la nuit allait tomber sous peu. Il n'avait pas vu le temps passer, tant il s'était amusé avec le cadavre qu'il traînait derrière lui. Mais alors qu'il s'était éloigné de la Demeure Isolée, il remarqua au crépuscule une forme remarquable. Déchirant l'horizon, de haute stature, Saigo observait un homme avancer dans sa direction. Il remarqua bien vite qu'il s'agissait d'un stryge noir. Toutefois, les ailes de cet inconnu n'avait rien de similaire à celle de l'Exécuteur. Les siennes étaient dépourvues de plumes, c'en était dérangeant. Laissant là le cadavre de zombi qu'il se trimballait, le stryge solitaire se tourna vers son homologue, qui s'avançait.

Lorsque l'homme arriva à sa hauteur, Saigo eu un meilleur aperçu de ce à quoi il avait à faire. Le stryge inconnu était de toute évidence salement amoché, et commençait à manquer de forces. Il semblait concentré sur un objectif, tant et si bien qu'il ne semblait rien voir d'autre. Avait-il seulement remarqué qu'il n'était plus seul? L'Exécuteur n'en était même pas sûr. Toutefois, lui avait d'autres observations. Si ce stryge continuait dans la direction qu'il empruntait, il trouverait Lédéhi. Ce serait un réel problème, si un simple passant venait à découvrir les quartiers de la Congrégation. Tout congénère qu'il était, Saigo ne pouvait le laisser faire, aussi saisit-il sans ménagement l'inconnu par l'épaule, tout en déclarant d'un ton menaçant: Je te déconseille fortement cette direction...

Au vu de ma défaite, il va falloir que je m'améliore beaucoup. Une fois revigoré, je rendrais la direction du sud, vers une île nommée Wystéria. Les rumeurs indiquent que de puissants artefacts résident sur cette île. J'utiliserais le système d'informateur de la congrégation pour avoir plus de détails. Mais en attendant... "Je te déconseille fortement cette direction...".

Ton menaçant, forte poigne, ombre ailée, un stryge. Cet individu veut en découdre, mais sait-il au moins qui je suis ? Je pense que non, ça pourrait être drôl... Ma jambe droite céda sous mon poids, puis je me mis à cracher du sang. J'ai vraiment trop forcé là-haut.

Cependant, je ne peux pas le laisser tranquille, ça nuirait à ma réputation : mes ombres commencèrent à sortir de mon corps sous forme de petites volutes, doucement, comme une mise en garde. L'atmosphère s'assombrit, s'alourdit autour de moi, comme à chaque fois.

Le fait que je sois aussi faible physiquement n’influe pas sur mes ténèbres, mais ça pourrait le mettre en confiance : Oh je vois. Et, c'est toi qui m'en empêcheras ? dis-je d'un ton provocateur. Car même si ma faiblesse apparente n'était pas intentionnelle, cela me fera un bon piège. Viens petit être, viens te brûler les ailes.

L'autre stryge noir ne s'était pas dégagé de la poigne de Saigo. Au lieu de ça, il avait mis un genou à terre, et craché quelques globules rouges sur le sol. Au vu de ses blessures, cet inconnu aurait grandement besoin d'un lit. Mais les paroles qui émanèrent de sa bouche ensanglantée eurent le don d'achaler l'Exécuteur. À peine l'homme à moitié mort avait-il fini sa phrase, que l'assassin fut prit d'une inexorable envie de la foutre dans un cercueil six pieds sous terre, un pot de fleur desséchés sur la glabelle, et un liteau pour supporter le peu qu'il resterait de son cadavre. C'est qu'il est drôlatique, ce congénère. Pensa le stryge solitaire avec amusement, tout en renforçant sa poigne sur l'épaule de son interlocuteur. Mais dans ton état... tu n'es qu'un pauvre cénobite, quand je suis le kraken!

Saigo ne remarqua pas immédiatement les ombres qui émanaient du corps de son homologue. Toutefois, lorsque les volutes sombres arrivèrent dans le champ de vision de l'Exécuteur, cela lui rappela ce qu'il avait jadis lu dans un livre, quand à une certaine forme de magie. Finalement, ce stryge saurait peut-être l'ébaudir. Malgré tout, il restait cette attitude qui dérangeait l'assassin. Même blessé, tu veux jouer au moujingue avec moi? Petite palustre va... je t'enfermerais dans mon atelier jusqu'à ce que tu deviennes kénophobe.

Tout de même, cette idée germais réellement dans son esprit dérangé. Dans son état, ce stryge ne poserait sans doute aucune résistance, et il serait aisé de le capturer pour quelques expérimentations. Ou mieux! Il pourrait le ramener à l'Ombre, et regarder cette succube faire hurler son malheureux invité jusqu'à l'épectase! Cela lui semblait être un excellent plan, par exemple pour se faire pardonner son comportement inexcusable au Vulkar. Une partie de lui hurlait que ce n'était qu'une néfaste foucade, une pulsion sans intérêt, mais cette partie était loin, très loin à l'instant présent. Aussi, Saigo saisit son confrère ailés par la peau du cou, et lui dit avec acrimonie, tout en parlant très près de son visage pour une stimulation binaurale. Non... je ne vais pas t'en empêcher... j'ai une meilleure idée.

Profitant de la faiblesse physique de son prisonnier, l'assassin le jeta à terre, alors qu'un sourire carnassier se dessinait sur son visage.

HRP:

Il me prit à la gorge et tenta de me jeter au sol. Je suis peut-être faible, mais je reste fier. Puisant je ne sais ou je reste debout difficilement, mais je reste.

Ma petite provocation à eu raison de lui, un être compulsif ? Et sûr de lui en plus, un sourire carnassier illumine son visage. Ça fait chaud au cœur de voir des gens aussi sûrs d'eux. J'ai hâte de voir de quoi sera fait son visage plus tard.

Mes jambes sont faibles, ma gorge ensanglantée et mon corps tailladé. Je ne survivrais pas longtemps contre des assauts physiques. Une proie plus faible serait sans doute plus judicieuse, cependant je ne peux me résoudre à ne pas jouer un peu. Je me revigorerais sur sa dépouille.

Je calme ma corruption, j'ai la tête baissée. "Une meilleur idée ?", un léger rire s'échappe de ma gorge. Je relève la tête, le regarde droit dans les yeux, toujours avec cet air provocateur. Il a l'air de vouloir jouer, alors jouons jeune stryge.

HRP:

Saigo débute le combat.

Saigo : 865
Vitesse: 644
Dégâts: 524

-----VERSUS------

Rekhan: 2471
Vitesse: 559
Dégâts: 47% (1162)
Bonus : Corrompu : Rekhan tape et se régénère 47% de vitalité (1162)

Le sourire dangereux de Saigo s'élargit un peu plus. Malgré son état lamentable, son congénère stryge noir avait tout de même l'envie de danser avec lui. D'ordinaire, l'Exécuteur était plutôt tolérant avec les siens. Il n'essayait pas de les tuer sans chercher à comprendre. Mais celui-là posait problème, car il se dirigeait vers un lieu qu'il n'était pas censé visiter. En fin de compte, en le tuant ici et maintenant, l'assassin offrait une fin plus rapide et surtout bien moins douloureuse que celle qui l'attendait à Lédéhi. Enfin... rapide et indolore... cela restait à voir.

Pour commencer, l'assassin dégaina une première dague, et joua avec, la faisait danser entre ses doigts. Il analysa calmement le corps meurtri de l'inconnu. Les blessures et points faibles potentiels étaient légions, et le stryge solitaire n'avait que l'embarras du choix pour donner son premier coup. Vu l'état de son ennemi, il semblait improbable que ce dernier pare ou esquive. Malgré tout, il s'était redressé, et une lueur de défi brillait dans ses yeux. Était-il inconscient au point de ne pas voir l'inévitable conclusion de leur affrontement?

Une meilleure idée, répétait-il. Oh, que ça oui, il avait une meilleure idée. S'avançant rapidement vers son adversaire, Saigo planta sa dague dans la clavicule du stryge blessé. Un filet de sang s'en échappa, tandis que l'Exécuteur faisait pivoter sa lame dans la chair, tout en murmurant d'un air sadique: Une excellente idée, n'est-ce pas?

Le membre 'Saigo' a effectué l'action suivante : Actions

'Attaque - Stryge N' :

Mon air provocant ne semble pas le mettre en garde. Pourquoi un être à l'agonie viendrait narguer ce qui semblerait une menace ? La question ne lui vient donc pas en tête ?

Mes jambes se lassent, mon corps se fait de plus en plus lourd et froid. Mais la providence m'aurait donné un coup de main ?
Le stryge s'avance vers moi, rapidement. Et d'un mouvement sec vint me planter une dague dans l'épaule. Il l'a tourna dans le but de me faire souffrir. Je sens sa lame, je ressens la douleur, mais un rire narquois s'échappe de mes entrailles. Le fou qu'il est ne s'est pas méfié et il en payera le prix.

J'agrippe son bras et le tir vers moi du peu de force qu'il me reste. Les ténèbres jaillissent de mon corps dans un maelstrom à en faire trembler la terre. Je ne peux pas réellement contrôler ma corruption, faible comme je suis. Sa seule chance de survie est de fuir à présent : "As-tu peur de la mort stryge ?"

Pauvre chose.

Le membre 'Rekhan' a effectué l'action suivante : Actions

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'Attaque - Corrompu' :

Rekhan l'emporte.
Il gagne 22PO et 17xp

L'autre pauvre chose gagne 32PO et 24XP

Il pensait avoir la situation bien en main. Il pensait pouvoir jouer avec ce stryge noir sans nom le temps qu'il voudrait. Il s'était bien trompé! La dague qu'il avait planté dans l'épaule ennemi avait signé son arrêt de mort. Plus vif que prévu, l'autre l'avait tiré vers lui, un rire arrogant émanant du plus profond de ses entrailles. La suite, c'était assez sombre, mais surtout très douloureux.

"As-tu peur de la mort stryge?"

Ces mots résonnaient dans le crâne de Saigo, tandis qu'il fixait son ennemi droit dans les yeux, une lueur de défi dans le regard. Toutefois, cette lueur s'amenuisait au fil des secondes, remplacée par un voile vitreux. Il n'avait pas peur de la mort, il s'y était lié de lui-même, et ce des années auparavant. Il l'avait esquivé de nombreuses fois. Il avait subi des blessures mortelles, mais d'une manière ou d'une autre, il s'en était toujours sorti. Malheureusement, il allait avoir besoin d'un nouveau miracle pour survivre à ça.

La douleur était... différente. Aucune blessure physique, aucune plaie apparaissant subitement sur le corps de l'Exécuteur. Au lieu de ça, il avait la sensation que son corps brûlait de l'intérieur, qu'on lui arrachait les entrailles en déchirant sa chair, que des insectes dévoraient ses organes. Ses forces se réduisaient à peau de chagrin, tandis que son corps était enveloppé dans un tourbillon de fumée noire. Il voulut cracher au visage de son ennemi, mais n'en eut même pas la force. Quelques secondes plus tard, le visage trempé de sueur, blanc comme un linge, le regard vide et vitreux, il tomba dans la poussière, son corps secoué de convulsions. Bordel, qu'est-ce que c'était que ça?

Un type de magie qui lui était inconnu, mais qui de toute évidence, était diablement puissant. L'assassin gisait, face contre terre, aux portes de l'inconscience, incapable de se mouvoir. Ses pensées allaient vers l'Exécuteur-en-Chef Onze, et vers l'Ombre de la Congrégation. Ces deux entités auxquelles il vouait une admiration et une loyauté obsessionnelle. Il les laissait tomber, s'il mourrait maintenant. Saigo le savait, il n'avait pas - encore - l'étoffe d'un bras droit ou d'un général, mais il voulait croire que sa loyauté et ses capacités faisaient de lui un homme de confiance. Il n'avait même pas la force de jurer, de serrer les dents, tant il était impuissant face à sa propre situation. Ainsi donc, il ne rencontrerait jamais la Mort en personne. Sa seule entrevue avec l'Ombre se sera achevée par un trou dans l'estomac. Et ce serait tout. Il serait remplacé dans la minute qui suivra l'annonce de sa perte. Il n'aura pas le droit à une sépulture. Personne ne pleurera sa disparition. Il allait mourir ici et maintenant, et sa chair sera donné en pâture aux zombis.

Non...

Il ne pouvait s'y résoudre. Ce stryge sans nom ne serait pas son bourreau. Il mourrait pour l'Ombre ou pour Onze, que ce soit pour leur compte ou de leur main. Mais d'ici là, il s'était promis de rester en vie. Deux personnes seulement avaient le droit légitime de décider de son sort, et cet inconnu n'en faisait pas partie. Alors l'Exécuteur émit un long râle, qui se voulait rageur, mais qui ressemblait surtout à une longue plainte. Puis il tendit un bras, retint un cri de douleur, et tracta sa carcasse brisée. Il avait gagné quoi? Un centimètre? Deux? Il avait à peine avancé, mais il s'était tout de même senti bouger. Il devait regagner Lédéhi, sans quoi il ne tiendrait pas longtemps.

Le stryge était encore en vie. Enfin, ses mouvements relevaient plutôt de réflexes post mortem. Il réussit tout de même à avancer un peu.
L'arrogance de cet être me valut une remise en forme accélérée. J'ai aspiré son essence vitale et je dois dire que je me trouve bien énergique à présent. Mes blessures ne sont pas totalement guéries, mais les soins de la corruption me permettent de me tenir debout, sans trembler.

Je regarde de nouveau mon remède sur patte, m'accroupis en face de lui et l'observe, amusé. Une fourmi essayant d'échapper aux rayons destructeurs du soleil.
Mes ténèbres nous entourent, prêtes à porter le coup final, prêt à abréger ses souffrances. Dois-je mettre fin à son malheur ? À vrai dire, j'hésite. J'aime bien regarder ce genre de personne ramper, ces gens qui se croient tout permis, arrogant, puissant. Moi en somme.

Une ombre vient interrompre ma réflexion : les ailes noires d'un corbeau viennent survoler le corps du stryge pendant un court instant. L'oiseau se pose ensuite près de ma proie, une fleur dans le bec. Il l'a dépose sur le stryge. Le corbeau croasse par deux fois avant de s'envoler vers une destination bien familière.

Cet individu est une nouvelle recrue ? C'est vrai que je suis parti depuis longtemps. Pour m'en assurer, je lui pose la question : "La congrégation de l'ombre, ça te dit quelque chose ?"

Les secondes lui semblent des heures. Chaque mouvement est une torture pire encore que tout ce qu'il a connu des cachots de la Tour Noire. La poussière qu'il inspire malgré lui brûle ses poumons. Pourtant, le stryge noir continue d'avancer. Centimètres après centimètres, il se rapproche de Lédéhi. C'est sa seule chance de s'en sortir, il le sait. Il refuse de mourir aujourd'hui, malgré la perte de toutes ses forces, par le biais d'un sortilège exceptionnel, qu'il s'agisse de sa forme ou de ses conséquences.

L'ennemi ne s'était pas détourné. Il ne l'avait pas laissé mourir ici, pas encore. Il s'était accroupi face à lui, sourire aux lèvres. L'arrogance du vainqueur... Saigo ne connaissait que trop bien ce sentiment. Cette sensation de toute puissance, cette certitude d'avoir la maîtrise du destin d'autrui. Il adorait cette sensation, mais aujourd'hui il était la victime. Et il allait mourir. Jamais il n'aurait la force de rentrer à La Demeure Isolée, quand bien même seul un demi-kilomètre le séparait de cet eldorado de circonstance. Même si par miracle il trouvait les ressources nécessaires, il serait probablement intercepté par une horde de zombis avant de toucher au but. Il allait mourir aujourd'hui, c'était une certitude. Il n'avait pas peur de la mort, mais il ne pensait pas qu'elle aurait cette tête.

Un croassement familier. Mais l'Exécuteur n'avait même pas la force de lever la tête. De toute manière, c'était inutile, il savait de qui il s'agissait. Corbac venait chercher son goûter. Il avait toujours été friand de sang, alors nul doute que malgré son statut de "simple" corbeau, il saurait ce comporter comme un vrai charognard. Toutefois, quelque chose était différent. L'animal tenait quelque chose dans son bec. Quelque chose qu'il déposa devant le visage de son maître. Une fleur. Le symbole de la Congrégation. D'où tu sors ça, toi? Interrogea mentalement l'assassin. Pour toute réponse, son camarade ailé s'envola sans demander son reste. Saigo sourit faiblement. Sacré Corbac...

Cette interruption impromptue avait toutefois jeté le doute dans l'esprit du stryge noir ennemi. Toujours accroupi au-dessus de la carcasse à moitié morte de l'Exécuteur, il demanda s'il connaissait la Congrégation de l'Ombre. Et merde... Si l'autre connaissait, ça voulait dire qu'il en faisait partie. Et au vu de sa puissance, il ne devait pas être un troufion de base. Saigo venait de s'en prendre à un allié, si tant est qu'une telle chose existait au sein de la Congrégation.

Il n'avait pas la force de parler. Il avait à peine la force de bouger. Mais ses dernières onces de vitalité, il les utilisa pour acquiescer, répondant par la positive à la question de son congénère. Épuisé par ce geste, alors qu'il avait effectué une action extrêmement simple, Saigo laissa tomber sa tête dans la poussière, luttant comme il pouvait pour ne pas perdre connaissance. En l'état, si il sombrait, il ne se réveillerait sûrement pas.

Bon, j'ai presque tué un imbécile qui fait partie du lot de sbire d'Alrun. Après tout, je n'ai fait que me défendre et il à été utile à l'un de ses collègues. Est-ce vraiment un de mes collègues ? Je ne pense que l'on puisse nous appeler ainsi dans ce milieu.

Quoi qu'il en soit, il est mourant et... Mourant. Je ne vais pas l'abandonner au milieu des morts, surtout que dans le coin ils reprennent vie. Je le soulève tant bien que mal grâce à ma force surstrygienne et le place sur mes épaules. La Lédéhi ne doit plus être très loin, je devrais pouvoir le porter jusqu'au bâtiment, sinon je le traînerais par les pieds.

Au bout de quinze minutes, je le reposai au sol, il est trop lourd, ou plutôt, je suis trop faible. Je me suis concentré principalement sur la puissance de ma corruption et n'est donc jamais travaillé mon corps. C'est alors que je commençai à le traîner sur quelques dizaines de mètres.

Le parcours alterna entre les moments où je le traînais et les autres ou je le portais après avoir rencontré quelques morts-vivants à la vie bien revigorante. Un mort qui donne sa vie à un démon, bien ironique cette histoire. Au long du trajet, j'essayais de ne pas abîmer plus son corps inerte qu'il ne l'était déjà. Sonner un membre de la congrégation ça va, mais en tuer un par simple caprice, je crains que ce soit mal perçu. Puis, un assassin de moins, ça fera que diminuer l’impact des actes de l'organisation sur le pays.

Ah, enfin le bâtiment. Je ne sais pas depuis combien de temps je marche, mais je me sens épuisé physiquement. Je devrais me remettre au sport, ça me ferait du bien. Nous voilà donc devant la Lédéhi, je n'ai aucune envie de continuer et de chercher quelqu'un. Je vais le laisser là, quelqu'un devrait vite le trouver. Si ce n'est pas le cas, temps pis pour lui. Dans sa prochaine vie, il sera moins impulsif.

Surtout, ne pas sombrer maintenant... Surtout, ne pas sombrer maintenant. Saigo se répétait incessamment ces mots. L'autre stryge semblait avoir décidé de le laisser vivre. Il ne savait pas si c'était par compassion ou par sadisme, mais une chose était sûre: il n'était pas au bout de ses souffrances. Surtout, ne pas sombrer maintenant. L'Exécuteur n'avait rien pour s'accrocher, seulement sa volonté de ne pas mourir aujourd'hui. Il devait tenir, il devait se battre. Ce stryge noir aux pouvoirs létaux ne devait pas être son bourreau. Onze ou l'Ombre. Seuls l'un des deux pouvait le tuer sans préavis.

Tout était flou autour de l'assassin. Tantôt il se sentait comme léviter au-dessus du sol, tantôt il sentait le sable et la poussière des Terres Désolées s'insinuer dans ses poumons, dans chaque pores de sa peau. Quelques petites éraflures se créaient çà et là. Ce n'était rien de grave, mais ce n'était pas la sensation la plus agréable.

À un moment, il s'arrêta. Était-ce la fin? Entrouvrant faiblement les yeux, le stryge solitaire devina celui qui l'avait vaincu, aux prises avec une bande de morts-vivants. Il n'en fit qu'une bouchée. Dans une démonstration de puissance grandiose, ce stryge aux ailes sans plumes avait, en l'espace d'un instant, renvoyé définitivement ses ennemis dans leurs tombes. Cette magie qu'il maniait avec aisance était pour le moins puissante. Bien sûr, Saigo n'en comprenait pas le fonctionnement, mais le pourquoi du comment ne l'avait jamais intéressé. Dans les faits, ce déferlement de noirceur faisait mal. Très mal. Il le ressentait bien assez actuellement.

Revigoré par ce combat, le stryge sans nom se saisit sans ménagement de l'Exécuteur, et recommença à le porter. Enfin, après de longues minutes durant lesquelles Saigo sentit son corps être bringuebalé dans tous les sens, et ce de manière plus ou moins naturelles, le voyage s'arrêta. L'assassin tomba lourdement au sol, soulevant autour de lui une gerbe de poussière, tandis qu'il percevait vaguement des pas s'éloigner. Difficilement, il ouvrit à nouveau les yeux.

Lédéhi.

Le stryge inconnu l'avait donc ramené au bercail. Il l'avait laissé là, agonisant la bouche ouverte dans le sable, en partant du principe que quelqu'un le trouverait bientôt. En espérant qu'il ne s'agisse pas de Styx. Qui sait ce que ce fou pourrait faire à mon corps... Pensa Saigo. Il était impuissant, contraint à subir la situation. Tout ce qu'il pouvait faire, c'était resté conscient. C'était sa seule chance de survie depuis le début. Tant que personne ne viendrait, il ne pourrait rien faire d'autre que de lutter pour garder les yeux ouverts.

Surtout ne pas sombrer maintenant.