Le sol chuintait sous le pas mesuré d'Ese. La pluie avait cette faculté magique d'absorber les sons, et de rendre toute une forêt silencieuse... Le museau en l'air, elle se guidait à l'odorat et la vue vers les montagnes : elle avait fini de récolter ce qu'elle était venue chercher et le temps de reprendre la route était donc venu.
Toutefois, la louve ne se pressait pas. On pouvait encore voir sur son pelage blanc les vestiges d'un violent combat lui ayant laissé deux plaies au flanc, couverte par un bandage de fortune. Cela expliquait d'ailleurs son pas quelque peu boiteux. Elle avait dans sa gueule sa petite besace et sa lame, et ses fioles autour du cou. Un regard agacé aussi, pour celui ou celle qui arriverait à lire dans ses yeux : sa victoire avait eu le goût amer de la défaite car elle devait sa vie à autrui... Cela lui pesait sur le conscience. La gratitude, ce n'était pas un sentiment qu'un loup devait éprouver.

Elle grogna. Pour peu elle se serait sentie obligée d'accompagner ce nain jusqu'à ce que sa dette soit payée. Ah mais quelle horreur. Un loup apprivoisé... Une honte. Ese grogna plus fort.
Et comme la pluie s'était décidée à en rajouter une couche, ce fut d'une humeur massacrante qu'elle alla s'abriter sous un refuge délaissé par quelque aventurier de passage. Décidément, la vie était des plus chiantes ces derniers jours !
Et en plus, elle empestait le sanglier.

Voilà quelques jours que Jack descendait tranquillement vers le Sud, en direction d'Ishtar. Il avait fait un détour vers le nord mais le voyage était trop long depuis quelques temps, surtout après ces sinistres montagnes ou la chaleur y est insupportable. Mais depuis quelques heures, la pluie s'était mise à tomber. Un bonheur après les hautes températures des sombres montagnes de Kanaan. Mais quoi qu'il en soit, Jack avait faim. Et pas question de manger sous la pluie. Il fallait trouver un abri ou se reposer un peu et écrire quelques notes sur sa dernière rencontre avec cet orc.


La chansonnette de Jack avait été interrompu par quelque chose qui se trouvait devant lui. Une toute petite maison était au milieu des sapins, seule. Un refuge ? Ou alors un entrepôt de bûcherons ? Quoi qu'il en soit, il était bien décider à se reposer la dedans. Peut être enfin quelque chose à étudier ou à disséquer ?
Jack arriva devant la porte en bois abîmé et frappa à la porte, dans l'attente d'une réponse..

Elle éternua. Saleté de pluie !
La raison lui commandait d'emprunter sa forme humaine afin de ne pas attraper froid, puisque les poils prenaient plus de temps pour sécher. Mais non. Son moral était déjà foutrement bas, pour qu'elle consente EN PLUS à s'affaiblir. Non de non, hors de question. Tant pis si sa fierté aurait raison de sa santé.
Elle s'était allongée dans le coin le moins humide et le moins sujet aux courants d'air, le museau sur ses pattes croisées. Son regard papillonnait tandis que les pensées s'agitaient dans sa tête : elle songeait à ses derniers jours et ce qu'il lui restait à faire dans les environs. Elle avait pu récolter les herbes ne poussant que dans la région, toutefois le reste de son stock avait été sérieusement entamé à cause de ses récentes mésaventures.

Elle éternua de nouveau.
Son nez était foutu en tous cas... Et cette pluie couvrait de sa chape humide tout son des alentours. C'est pourquoi elle sursauta en entendant quelque chose frapper les murs du refuge. Cela provenait... de la porte ? Le coup retentit à nouveau. C'était bien de là-bas qu'ils venaient. Mais l'esprit embrumé par un début de fièvre, elle ne put faire plus que grogner... Et la porte s'ouvrit, laissant se découper dans l'entrée la silhouette sombre d'un... oiseau ?
Elle délirait sans doute. Mais grogna plus fort, dévoilant ses crocs...

Toc toc toc

J'espère qu'il n'y a personne..

Toc toc toc

Bon, pas de réponse.

Jack ouvrit la porte. Personne. Il allait enfin pouvoir se reposer tranquillement. Mais.. quelque chose glaça son sang. Il n'était pas vraiment du genre peureux mais.. La masse de poils blanche au crocs brillants dans le coin de la pièce n'était pas du genre amical. Jack mit ses mains devant lui, prêt à repousser le loup s'il attaquait soudainement.

- Houla.. Doucement.. Je ne te veux aucun mal.

Mais quelque chose attira son attention. Ce loup était bien étrange. Le pelage blanc et les yeux similaires à deux émeraudes.. Il n'était pas naturel. De plus, une lame et une sacoche étaient posés à côté de lui.

- Un thérianthrope hein ? Désolé, je ne voulais pas vous déranger, mais j'ai moi aussi besoin de m'abriter.

A force d'observation, Jack voyait quelque chose d'étrange. Ce loup était bandé. Il avait du être blessé lors d'un combat. De plus pas question d'essayer de disséquer un thérianthrope, leur race est chassée depuis la nuit des temps et des tas de bouquins existent déjà sur eux, pas besoin de risquer sa vie pour une pauvre information déjà présente dans un livre dans n'importe quelle bibliothèque.

- Vous êtes blessé ?

Mais Jack entendit quelque chose d'autre derrière lui. Des bruits de pas se rapprochant de la maison. Voilà une situation bien inconfortable. Un loup prêt à vous sauter à la gorge et un inconnu s'approchant dans le dos. Avec un peu de chance, ce n'est pas un piège..

La louve se fendit d'un rire félin en entendant la question du nouveau venu. Si elle était blessée ? Cela n'était-il pas évident ? Elle était bandée au flanc et s'était contentée de grogner dans son coin plutôt que de l'accueillir avec ses crocs... Enfin toute amusée qu'elle fut, sa migraine calma ses ardeurs. Sa tête l'élançait. Si ce inconnu l'attaquait, elle ne pourrait pas se défendre. Il ne lui restait plus que pour seule arme la parole. C'est pourquoi elle quitta progressivement sa forme lycanthrope pour revêtir celle plus humaine d'une jeune femme aux cheveux blancs, plus vulnérable aussi.
Elle attrapa sa tunique dans sa besace et l'enfila en grimaçant de douleur, en veillant à desserrer son bandage. Sa main était allée s'emparer de sa petite épée au passage. Puis ses vertes prunelles fixèrent sans ciller ce potentiel danger d'un air peu avenant, dévoilant une rangée de dents.

"Si vous voulez vous abriter, tenez-vous loin de moi. Approchez de trop et je vous étripe."

Elle savait ses paroles insensées. Mais que pouvait-elle faire d'autre que menacer ? Elle avait ainsi appris à survire, sans compter sur personne. Mais doucement elle sentait son esprit dériver. S'enfoncer dans les méandres de l'inconscience.

Le loup, ou plutôt la louve prit sa forme humaine. Une belle femme aux cheveux d'un blanc nacré et aux yeux vert était devant lui, dans le coin de la pièce.

"Si vous voulez vous abriter, tenez-vous loin de moi. Approchez de trop et je vous étripe."

Au moins ça a la mérite d'être clair..

Jack hocha la tête sans dire un mot, mais quelques secondes après, l’humaine s'évanouissait sur le sol.

Bordel, c'est bien ma veine tiens..

Malgré le conseil de la femme, Jack s'approcha d'elle et s'agenouilla. Il enleva son gant en cuir, dévoilant une main blanchâtre et l'approcha du cou de la femme. Il posa deux doigts à un endroit bien précis. Son cœur battait toujours et elle respirait toujours. Elle devait sûrement être complètement épuisée. Délicatement, Jack souleva la jeune femme et la déposa sur un lit de fortune fait de paille et recouvert d'un tissu épais. Heureusement, l'homme en noir avait suffisamment à manger pour presque deux jours. Il pourrait toujours partager un des trois lapins qu'il possède.

Puis le stryge repensa à quelque chose. Les bruits de pas qu'il avait entendu derrière lui avait disparus. Une fois la thérianthrope installée, il se releva et se mit sur le pas de la porte. Il scruta les arbres et le sentier mais ne voyait rien du tout. Il avait pourtant entendu distinctement des bruits de pas. Cette situation était déplaisante. Sans réellement réfléchir, il demanda.

- Ami ou ennemi ?

Une question stupide, mais si quelqu'un avait réellement besoin d'un abri, il n'hésiterait pas à répondre favorablement. Même si c'est un terrible assassin qui pourrait totalement mentir. Mais du coup, cela permettrait au moins de faire venir cette personne.

Dans une semi-conscience, Ese percevait cette amorce de discussion s'établir entre l'homme et un inconnu au-dehors. Elle ne percevait de ce dernier qu'un vague chuchotis toutefois. Une migraine battait l'enclume de son cerveau, réduisant son esprit à l'état de bouillie : elle ne pouvait bouger ni même remuer une paupière mais arrivait à percevoir... Ça restait flou, vague, approximatif.
Puis... Elle avait envie de... manger. Une bonne entrecôte juteuse ou encore un poitrail de veau. Ou un porcelet. Au romarin. Et il fallait dire qu'avec cette pluie, elle risquait d'ajouter un rhume à sa fièvre ! Elle n'avait jamais aimé la pluie sous sa forme de loup. Y avait de quoi vous ruiner le nez. Il n'empêche que le bougre avait les mains vachement délicate. Mais d'où s'était-il permis de la toucher ?! Devait-elle passer à Baldorheim faire le plein d'herbes courantes ? Bien évidemment. Puis après tout, il suffisait que son épée soit à proximité et BAAAAM ! Plus de carottes. Elle avait la conviction de tenir le bon bout cette fois ! Car rien n'équivalait la force d'un hippopotame. L'éléphant gagne toujours de toute façon.

Peu après avoir posé sa question, le stryge entendit une réponse timide et incertaine, presque couverte par le bruit incessant de la pluie.

- Amie... Je crois. Je ne cherche pas les ennuis du moins, je cherchais juste un abri le temps que la pluie cesse en attendant de pouvoir reprendre la route.

Jack avait peut être effrayé cette personne avec son apparence étrange. C'était le but, l'une de ses stratégies. On attaque plus facilement un homme lambda vêtu d'un habit en cuir et d'une cape en tissu qu'un homme en robe noir portant un masque d'oiseau sinistre et un grand chapeau noir. Personne n'aiment voir les médecins lorsqu'on est en bonne santé.. Ils sont signe de peste et de mort.

Quoiqu'il en soit, Jack invita l'inconnue.

- Dans ce cas, venez ! N'allez pas attraper froid en restant dehors ! Et ne faites pas trop de bruit en rentrant.

Jack se retourna vers la louve et voyait que sa torpeur était pour le moins étrange. Elle semblait perturbé et presque en colère. Puis, un bruit étrange lui remettait les idées en place.

Grouiiiiiik

Jack avait terriblement faim. Et il n'osait pas imaginer ce que devait ressentir la louve qui devait sûrement être fatiguée et blessée en plus de ça. Le stryge fouilla dans la pièce sans faire trop de bruit sans même faire attention à l'inconnue qui venait de pénétrer dans la pièce.

- C'est quoi cette cabane qui ne possède même pas de poêle à bois..

L'homme en noir avait trop vite parlé. Après avoir poussé deux planches de bois, un poêle en fonte apparu dans un autre coin de la pièce. Derrière son masque, un grand sourire se dessina. Ils allaient enfin pouvoir manger. Pendant que Jack prépara le bois pour un bon feu, il se retourna et se présenta à voix basse à l'inconnue.

- Au fait je m'appelle Ja..

L'apparence de la femme coupa le stryge dans sa présentation. Une Rakshasa. C'était la première fois qu'il en voyait une. L'idée de l'"étudier" de plus près traversa son esprit mais fut directement rejetée. Les Rakshasa sont aussi dangereux que les Loups Garous, si ce n'est plus. Un sinistre corbeau n'avait aucune chance contre un loup ou un tigre.

- Jack. Désolé, Je ne m'attendais pas à voir une Rakshasa aussi loin de ...Gui ..Guillaëd c'est ça ?

L'homme en noir lâcha en petit rire nerveux. S'il faisait une action de travers, il était mal barré. Il ne voulait pas terminer son aventure dans un pauvre cabane, dévoré par une louve et une tigresse.. En espérant qu'un lapin leur ferait peut être plaisir..

"Une mauvaise rencontre et cette foutue pluie."

Ese n'avait pas pris la peine d'ouvrir les yeux, bien que son visage laissait indubitablement transparaître l'agacement. Ses sourcils froncés lui donneraient un air presque effrayant, si elle n'était pas en ce moment allongée, le visage en sueur et légèrement tremblotante.
La fièvre lui avait accordé un bref instant de lucidité. Autant en profiter pour établir les choses et pour le reste... Elle ne pouvait plus que s'en remettre à la Providence. Pour changer, en rit-elle mentalement.

"Corbeau. Je vous éviscérerais si vous vous permettez de faire quoique ce soit d'indécent ou de dégradant pendant mon inconscience, fit-elle avant d'ajouter à l'adresse de la femme nouvellement venue. Il en est de même pour vous."

Elle ne semblait alors ne pas avoir remarqué qu'il l'avait déplacée, toute occupée sur l'effort de formuler ses intentions. Elle glissa une main dans la poche de sa tunique, bien que sommaire, et en tira une fiole au contenu jaunâtre. Ese en avala le contenu d'une traite, avant de se laisser aller au sommeil, avec un dernier regard menaçant à l'adresse de l'homme corbeau.

Une fois les présentations faites, Jack continua à s'occuper du feu. Une fois que les flammes était suffisamment grandes pour réchauffer tout le monde, Jack s'occupa du lapin qu'il avait gardé sur lui pour la route.

- Est-elle avec vous? Que lui est-il arrivé?

La gaffe. Jack avait complètement oublié la femme aux cheveux blancs. Au moment ou il ouvrit la bouche pour s'expliquer, une voix sortit du corps inerte couché sur le lit.

"Une mauvaise rencontre et cette foutue pluie."

Elle semblait de plus en plus mal à l'aise. On pouvait voir à son visage qu'elle était fiévreuse.

"Corbeau. Je vous éviscérerais si vous vous permettez de faire quoique ce soit d'indécent ou de dégradant pendant mon inconscience. Il en est de même pour vous."

- Comme si j'avais envie de risquer ma vie pour si peu.

La louve prit une potion au contenu d'un jaune étrange et retourna dans un lourd sommeil, laissant le corbeau et la tigresse dans un silence assez pesant.

- Je l'ai trouvé ici quand je suis rentré, juste avant que vous arriviez. Elle s'est évanouie et je l'ai posé sur ce lit. Je n'en sait pas plus.

Une fois le lapin dépecé, Jack coupa quelques morceaux pour les cuire plus facilement.

- Je peux vous demander ce qui vous amène dans ce coin de la région ? Vous aimez le lapin au fait ?

En proie à une forte migraine mais surtout, à un froid à s'en damner, Ese marmonnait quelques mots intelligibles dans son inconscience. Son esprit n'accrochait aucune idée en particulier et se contentait de vagabonder de l'une à une autre. Elle pestait contre sa faiblesse, maugréait parce qu'on la grondait, pleurait sous la douleur d'un coup, hurlait à la lune...
Humaine et Louve se confondaient en une personnalité aussi complexe qu'incompréhensible.
Tantôt le monde de ses souvenirs lui apparaissaient avec mille nuances de couleurs, tantôt il se couvrait de lumières et d'ombres pour ne plus devenir qu'un paysage bicolore. Un monde d'argent et d'obsidienne...

Elle s'agitait sur sa couche de fortune, le corps en sueur et les lèvres laissant parfois échapper un râle. Pas son dernier toutefois. Les effets de sa potion -un mélange de sureau, de gingembre et de calendula- faisait doucement son effet, si bien qu'au bout d'une heure, Ese semblait simplement dormir. Un sommeil encore un peu inconfortable mais déjà plus calme.

- D'accord. C'est aimable de votre part de l'avoir bien installée. La pauvre, elle ne doit pas être rassurée. Je suis à la recherche d'une personne et je me dirige vers Baldorheim. J'avoue connaître assez mal le continent, il s'agit de mon premier voyage sur ces terres. Et vous? Un habitué de la région?

- Habitué, c'est un bien grand mot. Je suis né à Baldoreim, mais je ne suis quasiment jamais sorti, ou alors pas au delà des montagnes et de cette forêt. J'ai toujours aimé me sentir protégé derrière les murs de cette ville. Mais retrouver un homme la dedans.. Vous allez devoir enquêter efficacement.

Jack prit une de ses aiguilles de rechange pour seringues et transperça la viande pour les faire cuir avec soin dans le poêle. Le lapin grillé était succulent avec des herbes ou des patates, mais ils allaient devoir faire sans. La bonne odeur de grillé remplissait la cabane en bois.

- Ça devrait être prêt d'ici dix, voire quinze minutes.

Le stryge noir se retourna, laissant les cuisse de lapin continuer leur lente cuisson et s'assis en tailleur sur le parquet abîmé.

- A mon avis, si vous cherchez quelqu'un, je pense que vous pouvez commencer par les mines de fer et d'argent. C'est là ou les gens s'y concentre pour travailler. Ou alors les auberges et tavernes, mais BaldorHeim en est rempli, alors bonne chance !

Jack se retourna un peu pour faire tourner les aiguilles pour que la viande ne soit pas brûlée.

- Habitué, c'est un bien grand mot. Je suis né à Baldoreim, mais je ne suis quasiment jamais sorti, ou alors pas au delà des montagnes et de cette forêt. J'ai toujours aimé me sentir protégé derrière les murs de cette ville. Mais retrouver un homme la dedans.. Vous allez devoir enquêter efficacement.

Mohana l'écoutait, elle était comme hypnotisée par ce masque peu singulier. Elle le trouva d'autant étrange lorsqu'il sortit des aiguilles pour piquer la viande et la cuire.
Il annonça à la suite que le repas serait prêt dans quelques minutes, Mohana se ressaisit, en espérant que l'homme-oiseau n'avait pas vu comme elle l'observait. Elle trouvait sa voix apaisante et douce bien que son timbre de voix était très masculin, contrastant totalement avec son apparence inquiétante et morbide. Elle se demandait pourquoi il portait ce masque.

- A mon avis, si vous cherchez quelqu'un, je pense que vous pouvez commencer par les mines de fer et d'argent. C'est là ou les gens s'y concentre pour travailler. Ou alors les auberges et tavernes, mais BaldorHeim en est rempli, alors bonne chance !

- Vous n'avez pas l'âme d'un aventurier alors, dit-elle en souriant légèrement. Merci pour vos suggestions. Les mines de fer et d'argent seraient une perte de temps, il ne sera pas là-bas. Je pense d'abord vérifier auprès des auberges et de brigadiers Kazhariens. S'il est passé par Baldorheim quelqu'un l'aura forcément vu. Comme vous l'avez dit, les Rakshasa ne courent pas les rues par ici.

Mohana accrocha sa cape sur un clou qui dépassait d'une planche, pas trop loin de la cheminée, afin qu'elle sèche puis retira ses chaussures qu'elle plaça aussi près du feu. Elle déposa son sac et s'assit au sol, face à Jack mais en gardant un peu de distance. Elle appréciait énormément la chaleur se dégageant du feu.
Elle qui venait d'une contrée où il faisait chaud et souvent lourd, elle avait un peu de mal à se faire à ce nouveau climat bien qu'elle trouvait les paysages magnifiques et qu'elle était impatiente à l'idée de bientôt découvrir la neige. En attendant il faudrait un peu de patience pour que le froid et la sensation d'être mouillée jusqu'aux os la quitte, sans parler de sa chevelure complètement trempée. Elle rassembla ses cheveux sur son épaule et sorti un morceau de tissu de son sac pour en éponger les goûtes qui tombaient des pointes.

- Vous êtes médecin?

Ese écoutait d'une oreille distraite la conversation de ces bonnes gens. Intérieurement, elle bouillait de pouvoir reprendre la route et avec cela, recouvrer une totale solitude sinon avec la nature. Comment deux étrangers si méfiants en étaient-ils venus à discuter si... tranquillement ? Peut-être son état était-il en cause, mais quoiqu'il en soit, cela lui échappait.
Elle se retourna sur sa couche. Puis finalement ouvrit les yeux. Cette foutue bonne odeur l'empêchait de dormir, elle dont le dernier repas remontait à la veille... Un bon sanglier, accompagné d'une tisane parfumée. Son estomac gargouilla.

Alors sans se gêner de la présence des deux inconnus, elle se retransforma en une bête au long poil blanc et se redressa avant de les rejoindre, sa besace en gueule. Ese prit place à coté du corbeau ce qui incluait évidemment une proximité avec leur repas. Stratégique. Puis elle lui donna les quelques morceaux de fenaisons gardés de coté, ainsi que deux fioles remplie de thym pour l'une et de romarin pour l'autre. Cela devrait rendre leur repas plus goûteux.
Son regard ne quittait pas l'animal grésillant sur la poêle.

- Vous êtes médecin ?

- Je l'étais. J'ai quitté mon travail pour des recherches sur le comportement des différentes races face à certaines situations. Mais pour l'instant, je n'ai pas eu le temps de m'y mettre sérieusement. Certains éléments ne me permettent plus de continuer vers ce but.

Jack mentait, bien évidemment. Mais annoncer de manière directe que c'était un tueur en série, doublé d'un chasseur de prime avec des tendances narcoleptique en plein combat pour laisser sortir une autre personnalité sanguinaire n'était peut être pas la meilleur chose à faire.

Au même moment, un étrange bruit s'était produit juste derrière eux. La femme aux cheveux blanc s'était transformé en loup. Elle attrapa sa besace dans sa gueule et la posa à côté de Jack puis elle lui donna deux fioles et quelques morceaux de viande. Jack prit les deux fioles et regarda le contenu

- Thym et romarin ? Bonne idée. Je te remercie.

Après environs 5 minutes de préparation culinaire, Jack mit dans une assiette en fonte trouvé derrière le poêle les morceaux de lapin aromatisé aux herbes et les morceaux de viande cuit donné par la louve. L'odeur qui se dégageait donnait tellement faim à Jack qu'il pensait s'évanouir plusieurs fois de suite. Jack prit son chapeau, le mit devant son visage, enleva son masque à l'abri des regards, puis le posa sur le sol. Il remit ensuite son chapeau, laissant apparaître son mince visage blanc et ses yeux vert, légèrement recouvert par ses cheveux noirs et décoiffé.

- Manger avec un masque n'est pas très pratique.. Bon appétit !

Ese contemplait le corbeau, ou plutôt le lapin qu'il cuisinait. Ses yeux le suivirent lorsqu'il déposa l'animal sur une assiette de fortune. Mais peu importait le contenant : les jours froids et venteux avaient toujours eu cette remarquable capacité de rendre le moindre repas chaud digne d'un festin. Sans compter son actuelle faiblesse. La viande à peine dorée et fumante baignait dans un jus odorant où se mêlaient effluves florales, le tout relevé de lanières salées.
Après que le corbeau s'eut servi sa part et que la femme eut prit la sienne, Ese piqua un des morceaux de sa griffe, qu'elle ramena sous son museau. La peau craquait sous ses crocs et la chair tendre fondait dans sa gueule tandis que les fenaisons offraient un contraste en fermeté. Habituellement, elle appréciait une viande plus forte et plus dure, comme celle d'un cerf ou d'un sanglier : mais elle n'avait de raison de se plaindre.

Pour sa part, elle ne prononça un mot durant le repas. De toute façon, sa forme actuelle l'en empêchait. Alors que la nourriture s'engouffrait dans son gosier -peut-être trop rapidement- elle se sentit mieux déjà. "De la panse vient la danse, et quand faim règne, force exulte." Un grand homme avait dit cela un jour mais en cet instant, elle avait tout pour en songer le contraire. Enfin le mal de tête ténu, la fatigue ne tarderait pas à revenir.
Elle remercia le corbeau d'un coup de museau contre son épaule avant de se trainer vers son lit. La nuit ne tarderait et avec... de possibles ennuis.

Le repas se déroula dans le calme. La louve, la tigresse et le corbeau engloutirent le repas assez rapidement. Une fois le ventre plein, la fatigue commençait à s'installer. Une nuit de sommeil ne serait pas de refus. La louve donna un coup de museau sur l'épaule de Jack. Sur l'instant, il ne compris pas vraiment, mais il imagina que c'était un genre de remerciement pour ce repas. La lycanthrope repartit se coucher juste après.

- Bon j'imagine qu'un peu de repos s'impose avant de reprendre la route.

Jack s'installa sur le mur du fond près du poêle et remit son masque ainsi que son chapeau. Dormir avec ce genre accessoire n'est pas un problème pour lui. Au moment ou il se sentait partir dans le monde des songes, un grognement étrange non loin de la cabane retentit. Jack leva la tête et écouta pour voir si ce n'était pas son imagination. Des bruit de pas se faisaient entendre dans les feuilles mortes. C'était donc bien réel. Par "chance" la cabane était abîmé et parsemé de petit trous ou l'ont pouvait observer pour voir à l’extérieur. Le corbeau se précipita et regarda par l'un des trous. Une masse rougeâtre et informe s'avança vers la cabane. Il avait une démarche lente et automatisé, presque malsaine. Après une inspection plus minutieuse, on aurait dit un homme sur un cheval, ou plutôt dans un cheval.
Jack recula sa tête du mur et s'adressa aux deux thérianthropes derrière lui.

- Mesdames, nous allons devoir fuir.. ou combattre, si vous vous sentez d'attaque. Un Nuckelavee s'approche de notre cab..

Un choc retentit contre la cabane, faisant craquer le bois des murs. Jack s'empressa de récupérer sa scie et quelques seringues dans son sac et sortit dehors pour faire face à la créature.

Les joueurs ont l'initiative !

Vitesse joueurs : 403

Ese : 145
Vitesse: 118
Dégâts: 50

Mohana : 115
Vitesse: 100
Dégâts: 40

Jack : 370
Vitesse: 185
Dégâts: 25%

Vitesse ennemis : 120

Nuckelavee blessé : 300
Vitesse : 120
Dégâts : 65