Tempérance soupira et se laissa aller en arrière. Fixant le plafond de la grande bibliothèque de Stellaraë, elle remit en ordre les informations qu’elle avait accumulées jusque là. Érudite depuis dix ans, jamais une recherche ne l’avait ainsi troublée… Ni bloquée. Il lui manquait des éléments, mais elle ne savait pas lesquels. Ni même où les trouver.

Elle se redressa et s’étira doucement. La lumière déclinait : elle était restée toute la journée devant de vieux manuscrits qui ne lui avaient apporté que peu de réponses à ses diverses interrogations. Son cahier de notes n’avait presque pas servi. Elle le rangea soigneusement dans sa sacoche de cuir, et se leva. Elle était seule dans la salle des archives. Les récits des grimoires qui y étaient entreposés n’intéressaient plus beaucoup de personnes… Mais l’histoire de Siegfried l’intriguait. Elle menait son enquête depuis presque quatre mois, mais depuis maintenant plusieurs semaines, elle piétinait. Frustrée, elle traversa la pièce d’un pas rapide, puis ralentit. Elle ne pouvait pas partir en ayant si peu avancé ! Tempérance soupira à nouveau. Elle posa rapidement son bagage sur une nouvelle table et monta sur une échelle pour consulter de nouveaux rayonnages. Elle choisit les derniers étages. Les livres qui y étaient placés étaient recouverts par une épaisse poussière : leur consultation devait remonter à plusieurs décennies… Amusée de jouer les fossoyeurs, elle parcourut attentivement les titres. Son coeur s’accéléra et son visage s’illumina à la vue d’un tome intitulé « Histoire des Siegfried ». Avec un enthousiasme non dissimulé, elle l’extirpa du rayonnage et sauta du haut de son échelle. En chemin vers sa table de travail, elle époussetait le livre, essayant de déchiffrer d’éventuels signes sur la couverture de cuir, usé par le temps. Elle ne put reconnaître que le nom de l’auteur : Altair Siegfried. Une cordelette scellait les pages brunies. Tempérance défit le noeud et entreprit une étude de l’ouvrage

La nuit était tombée depuis longtemps quand elle finit sa lecture des mémoires d’Altair Siegfried. Le manuscrit accusait le passage du temps : la plupart des pages étaient tachées, indifféremment de sang ou d’encre, déchirées ou cornées. Plusieurs d’entre elles manquaient, privant Tempérance d’informations relativement importantes. Néanmoins, ses recherches trouvaient quelques aboutissements : elle pouvait désormais confirmer par ce témoignage l’implication des Siegfried dans des conflits vieux de plusieurs décennies. Les vampires avaient eu un rôle clef dans le Pacte de Spelunca et dans la Guerre des Géants.

Information plus étonnante cette fois, et source de nombreuses interrogations, Altair avait eu une femme qui lui avait donné un enfant. Le vampire ne s’attardait guère sur ces individus, omettant même de les nommer.

Tempérance se mordit la lèvre : il allait être difficile de mener une recherche sur cette mystérieuse vampire et sur son enfant…

Tempérance désire terminer et être reconnue pour les recherches auxquelles elle d’adonne. Mais plus secrètement, au fond d’elle, elle aimerait que sa vie connaisse des tournures plus imprévues, qui lui permettraient de constater ce qu’est l’aventure qu’elle a tant lue dans les ouvrages de la bibliothèque de Stellaraë.