Aeden. Il échappa de justesse à un destin funeste. Et il détesta cela. Alors il se promit que plus jamais il ne se retrouverait dans pareille fâcheuse situation. Méfiant, renfrogné, le mage s’enferma entre les murs protecteurs de sa demeure, et n’en ressortit que lorsqu’il trouva ce qu’il cherchait. Comme tous les elfes, comme tous les magiciens, Aeden avait déjà entendu le nom de Tungstène. Mais personne ne savait vraiment comment le rencontrer.
Il était le mage le plus vieux, et le plus puissant de ces terres hypocrites. Et le vampire était fatigué de courir après un pouvoir qui lui échappait sans cesse. En fait, si quelqu’un était capable de lui apprendre. De l’aider dans sa quête de pouvoir, c’était bien lui.
Il apprit que Tungstène fabriquait de puissants artefacts, des reliques, des armes aux pouvoirs incommensurables. Mais qu’il fallait les trouver. Les mériter. S’éloignant des froides terres du Nord et de la corruption, le vampire pénétra sur les terres de Spelunca. Il grimaça à l’idée de rencontrer d’autres vampires, il n’avait encore jamais cherché à s’en approcher. Mise à part pour obtenir des renseignements sur Mia… En vain… Il était trop tôt de toutes façons. Le temps de la vengeance était loin d’être encore venu et Aeden le savait pertinemment. Il n’était pas prêt, voilà tout.
Et Heishvaldd en était la preuve. S’il avait fait plus attention… S’il avait été plus méfiant… Mais son opportunisme avait bien fallu lui valoir la vie. Les mortels étaient visiblement plus fourbes qu’il ne le croyait. Et s’ils ne les appréciaient pas plus que ça auparavant… Il les haïssait clairement aujourd’hui.
Tout vêtu de noir, la capuche de son grand manteau sombre masquant en partie ses traits, le jeune mage, Dàinsleif à la ceinture et Aerin sur l’épaule, s’enfonçait dans l’obscurité des cavernes fraiches et humides. Si la lumière réussissait à percer entre de petits puits de lumière disséminés çà et là dans le plafond naturel des grottes, il serait bientôt trop profondément enfoncé dans les entrailles de la terre pour pouvoir bénéficier du moindre rayon de soleil.
Fort heureusement, Aeden avait tout prévu, et avait apporté dans une grosse besace de cuir qu’il portait en bandoulière, tout le nécessaire dont il aurait besoin pour survivre à ce périple. De quoi allumer des torches, des fioles de sang de synthèse, alchimiquement créées, de la nourriture solide à croquer de temps en temps et d’autres petites choses qui lui serait peut-être utile. Le fameux pourcentage de « au cas où… ». Persuadé d’être seul, il prit le risque d’allumer une torche afin d’éclairer le chemin rocailleux qui s’étendait devant lui. Galeries et galeries étaient de mise.
Il quittait souvent une galerie, pour entrer dans une autre. Tout se ressemblait et parfois il lui semblait frôler la surface de nouveau… La mousse tressautait par moment, le faisant sursauter. Et l’instant d’après un petit animal bondissait des rochers, le dos recouvert de végétaux. Le vampire ignorait le nom de ces créatures, mais elles semblaient grouiller en ces lieux. De petits rongeurs inoffensifs de prime à bord… Parfois il se maudissait de ne pas avoir cherché de carte des lieux. Mais il doutait de l’existence d’une carte des lieux. Qui aurait eu le courage de cartographier un labyrinthe pareil ? Le manque d’oxygène se fit rapidement sentir et Aeden dû bientôt se débarrasser de sa capuche, suffoquant dans l’estomac du monde.
Il n’était qu’au début de son périple, et il le regrettait déjà. Bien que voguant souvent seul, la solitude n’était pas une sensation appréciée du vampire. Seulement sa méfiance envers les hommes était bien plus grande que son besoin social… Enfin… Se disait-il.