Baalumeth avait voyagé, elle avait survécu sous la forêt de sapins. C’était un peu difficile, elle était loin de ses plaines d’Aràn adorées et le climat plus humide et moins lumineux lui minait un peu le moral. La biquette s’ennuyait de la solitude qui régnait là, alors elle chercha à se rapprocher des hommes.
Elle trouva un village, au bord d’une rivière, les maisons étaient bien différentes de celles qu’elle avait déjà vues dans les plaines d’Aràn, elles étaient plus petites, plus trapues et en bois. Une douce chaleur s’échappait de ses humbles habitations, et Baalumeth de sa forme de biquette approcha à pas de loup.
Elle observa curieusement les alentours, et les habitants la regardèrent curieusement également. Que venait faire une chèvre ici ? Tous se regardaient, se demandant qui aurait pu perdre l’une de ses précieuses bêtes. Et elle bêlait joyeusement en faisant cliqueter ses petits pieds sur les rues au pavage fatigué. Un petit attroupement de gamins se fit bien vite autour de la chèvre au pelage sombre. Les enfants se rapprochèrent d’elle pour lui tendre des morceaux de carottes ou des poignets de grains.
Lorsqu’une petite voix qui se rapprochait demandait si les lieux étaient habités.
« Béééh ! » S’exclama la chèvre face à la nouvelle venue. Elle n’avait rien à voir avec les curieux habitants du village, elle sentait le prédateur, comme Baalumeth. Son apparence était loin d’être ce qu’elle avait l’air d’être. Mais la petite démone n’avait pas peur, elle était plutôt heureuse de rencontrer de nouveaux bipèdes.
Et un homme se leva, jusqu’à présent assis près de la rivière, un long fil se perdait dans l’eau vive. « Chuuut, vous allez faire fuir les poissons ! » Chuchota-t-il d’un air presque comique.